LE BOUDOIR.
COMÉDIE.
TRENTE-NEUVIÈME PROVERBE.

M. DCC. LXXI. Avec Approbation et Privilège du Roi.

de CARMONTELLE.

À Paris, chez Sébastien JORRY, vis à vis le Comédie Française, chez Le JAY, rue Saint Jacques, près celle des Mathurins.
1

PERSONNAGES §

  • MONSIEUR DE BOURVAL.
  • MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.
  • LE CHEVALIER DE GORVILLE.
  • SOPHIE, femme de chambre de Mademoiselle de Saint-Edme.
  • MONSIEUR D’ORSANT, oncle du Chevalier de Gorville.
La Scène est chez M. de Bourval, dans un Boudoir neuf, orné de glaces, de peintures agréables, de meubles précieux et à la mode.

SCÈNE PREMIÈRE. Monsieur de Bourval, Monsieur d’Orsant. §

MONSIEUR DE BOURVAL, entrant le premier.

Entrez et fermez la porte à regardez un peu ceci. Que dites-vous de ce boudoir ?

MONSIEUR D’ORSANT.

Je le trouve délicieux , je n’ai rien vu comme cela.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je n’ai pas voulu qu’il y manquât la moindre chose.

MONSIEUR D’ORSANT.

Il y a une proportion, une élégance ! Un charme ! Et en même temps, malgré la richesse des ornements, ils sont si bien distribués, avec tant de goût, que l’oeil est aussi content qu’il est enchanté.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Vous en devinez bien l’Auteur ?

MONSIEUR D’ORSANT.

C’est notre ami ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Il n’y a que lui. Et les Peintures ?

MONSIEUR D’ORSANT.

Ah, parbleu, cela n’est pas difficile ; on reconnaît toujours le père des grâces et des amours. Tout est charmant !

MONSIEUR DE BOURVAL.

Il faut voir cela en détail.

MONSIEUR D’ORSANT.

Sans doute. Mais quelle folie pour un homme de votre âge, de faire faire un boudoir aussi voluptueux !

MONSIEUR DE BOURVAL.

Bien loin d’être une folie, quand vous saurez mon projet, vous ne manquerez sûrement pas de m’approuver.

MONSIEUR D’ORSANT.

Vous êtes riche, et vous avez raison de vous satisfaire, ainsi je puis avoir tort.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Ce n’est pas cela ; écoutez-moi.

MONSIEUR D’ORSANT.

Je le veux bien.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Vous savez que le père de Mademoiselle de Saint-Edme en mourant, mes chargea de marier sa fille, quand elle serait en âge. Il y a trois mois que je l’ai retirée du Couvent dans ce dessein, et qu’elle demeure-ici ?

MONSIEUR D’ORSANT.

Oui.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Elle a peu de bien ?

MONSIEUR D’ORSANT.

Je crois vous deviner.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Hé bien, oui, j’ai envie de l’épouser.

MONSIEUR D’ORSANT.

Elle est bien jeune pour vous.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je le sais ; mais ce n’est pas là ce qui me retient.

MONSIEUR D’ORSANT.

Quoi donc ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je crains qu’elle ne soit insensible ; à son âge on n’est pas aussi formée qu’elle l’est, sans avoir plus de vivacité ; enfin je veux la tirer de l’espèce d’indifférence où je la vois.

MONSIEUR D’ORSANT.

Et comment ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je veux émouvoir son coeur, y faire éclore l’amour, et profiter de ses premiers mouvements, pour la déterminer en ma faveur. Si j’étais plus jeune, je n’aurais pas recours à ces moyens ; mais, puisque tout ce que vous voyez ici, vous a charmé, il me semble qu’elle doit y perdre son insensibilité, et que dans ce trouble, voyant ce que j’ai fait pour elle, sa reconnaissance favorisera le désir que j’ai de l’épouser.

MONSIEUR D’ORSANT.

Mon ami, ce projet est plus adroit que délicat et sent l’homme, qui a un peu vécu.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je n’en disconviens pas ; mais ...

Ce n’est pas un crime en aimant
D’employer un peu d’art pour plaire.

MONSIEUR D’ORSANT.

Je vous comprends bien ; mais qui vous répondra que vous deviendrez l’objet de ses pensées, de ses désirs ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Il me semble que je dois l’espérer, par cet essai de bonheur que je lui prépare ; cette preuve des soins que saurai de prévenir tout ce qui pourra lui plaire.

MONSIEUR D’ORSANT.

Il fallait donc ne faire peindre ici que les amours de Jupiter au lieu de ceux d’Apollon, Adonis, d’Endimion, de Mars, cela aurait mieux dirigé ses pensées sur vous.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je n’aime point cette mauvaise plaisanterie-là, je vous en avertis.

MONSIEUR D’ORSANT.

Mais ne connaît-elle que vous d’hommes ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Elle en connaît peu du moins ; et jusqu’à présent n’ayant rien senti pour eux, elle ne les a vu qu’avec indifférence, comme ses compagnes du couvent.

MONSIEUR D’ORSANT.

Vous croyez que mon neveu le Chevalier, par exemple...

MONSIEUR DE BOURVAL.

Votre neveu est un polisson.

MONSIEUR D’ORSANT.

Enfin, je ne sais ce qui vous arrivera ; mais si rien ne réussit de tout ce dont vous vous flattez, n’en soyez pas surpris.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Nous verrons.

MONSIEUR D’ORSANT.

Je souhaite de tout mon coeur de me tromper, quand ferez-vous cette épreuve ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

À l’instant. Sophie est prévenue et doit amener ici Mademoiselle de Saint-Edme, pendant que j’irai finir une affaire chez mon notaire, et faire préparer le contrat.

MONSIEUR D’ORSANT.

Ce soir je pourrai donc vous féliciter ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je l’espère.

MONSIEUR D’ORSANT.

Allons, je viendrai vous revoir.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Vous me ferez grand plaisir.

MONSIEUR D’ORSANT.

Tenez , voilà Sophie, donnez-lui vos derniers ordres ; mais souvenez-vous...

MONSIEUR DE BOURVAL.

Oui, oui, à tantôt.

SCÈNE I.. Monsieur de Bourval, Sophie. §

MONSIEUR DE BOURVAL.

Ah, ça, ma chère Sophie, tu te souviendras de tout ce que je t’ai dit ?

SOPHIE.

Oui, Monsieur.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Lorsque Mademoiselle de Saint-Edme entrera ici, observe l’impression qu’elle recevra, si c’est de la joie ou de la langueur ; si elle sera touchée de mon attention, si...

SOPHIE.

Hé, Monsieur, vous m’avez déjà dit cela cent fois.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Il est vrai que je te l’ai répété un peu ; mais c’est le désir de la voir sortir de cet engourdissement où elle paraît être, qui fait...

SOPHIE.

Je saiS vos raisons, et je devine vos projets.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Je serais bien présent à cette épreuve ; mais il faut qu’elle sente librement , qu’elle réfléchisse seule à ce qu’elle éprouvera, pour lors, je me présenterai, et s’il arrive qu’elle... Tu me vois transporté de cette idée !... Je sens !... Allons, je ne finirais pas, et c’est d’autant reculer mon bonheur. Je vais terminer une affaire en attendant ; adieu, je reviendrai dès que je le pourrai ; mais je veux lui donner tout le temps de sentir, de penser, d’examiner...

SOPHIE.

Hé, Monsieur, allez-vous-en.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Tu as raison ; c’est que... Adieu.

SCÈNE III. Sophie, Le Chavalier. §

SOPHIE.

Le voilà parti. Quels moyens les hommes emploient pour nous séduire !... J’entends quelqu’un ; c’est Monsieur le Chevalier !

LE CHEVALIER.

Oui, c’est moi, ma chère Sophie....

SOPHIE.

Sortons d’ici, je vous prie.

LE CHEVALIER.

Pourquoi ? Je ne connaissais pas cette pièce-ci.

SOPHIE.

Oui, mais je n’y veux pas rester avec vous.

LE CHEVALIER.

Je n’ai qu’un mot à vous dire.

SOPHIE.

Hé bien, dépêchez-vous donc.

LE CHEVALIER.

Mon oncle vient de sortir d’ici ; vous savez à quel point il m’aime ; j’ai parlé hier de Mademoiselle de Saint-Edme, devant lui avec transport, avec tout l’amour que je ressens pour elle.

SOPHIE.

Vous l’aimez ?

LE CHEVALIER.

Ah sûrement ! Je l’adore, je mais laissez-moi donc achever. Mon oncle a paru rêver ; aujourd’hui sa première sortie a été pour venir ici, je l’y ai vu entrer de ma fenêtre ; s’il était venu proposer à Monsieur de Bourval, de m’accorder Mademoiselle de Saint-Edme, et s’il y avait consenti, je mourrais de joie ! C’est ce que je veux savoir ; ils ont été renfermés ici longtemps, à ce qu’on m’a dit ; j’ai vu sortir mon oncle en riant ; j’ai été prêt à lui sauter au col ; mais je me suis retenu ; je veux auparavant apprendre de vous si je ne me trompe pas.

SOPHIE.

Je ne sais pas de quoi ces Messieurs se sont entretenus ; mais je ne crois pas que le projet de Monsieur de Bourval soit conforme à vos désirs. Et Mademoiselle de Saint-Edme vous aime-t-elle ?

LE CHEVALIER.

Hélas ! Je l’ignore : je cherche en vain dans ses yeux quelque espoir, ils ne me disent rien.

SOPHIE.

Vous ne lui avez donc jamais parlé de votre amour ?

LE CHEVALIER.

J’en ai toujours eu le projet, et la crainte de ne pas réussir, m’a fait préférer l’incertitude au désir d’éclaircir mon sort.

SOPHIE.

J’entends du bruit.

LE CHEVALIER.

C’est peut-être elle.

SOPHIE.

Oui, vraiment. Je ne veux pas que vous soyez ici ensemble.

SCÈNE IV. Sophie, Mademoiselle de Saint-Edme, Le Chevalier. §

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME, avant d’entrer.

Sophie ?

SOPHIE.

Mademoiselle.

LE CHEVALIER.

Que je la voie, seulement.

SOPHIE.

Hé bien, entrez dans cette garde-robe, vous la verrez au travers des fleurs qui sont peintes sur la glace de la porte, et vous ne remuerez pas.

LE CHEVALIER.

J’y consens.

Il entre dans la garde-robe.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Sophie ?

SOPHIE.

Mademoiselle, par ici.

Elle va à la porte.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME, paraissant.

Je te cherche depuis...

Toute troublée.

Ah !...

Elle entre.

SOPHIE.

Qu’avez-vous donc ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Mais, Sophie ; c’est que... c’est... charmant !

SOPHIE.

Oui, c’est fort joli.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Fort joli ?

SOPHIE.

Oui, c’est beau, si vous voulez ; il y a bien de l’or.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

De l’or ? Ce n’est pas l’or qui me plaît ; ce font les fleurs, les odeurs, les peintures, les glaces ! Combien on se voit de fois !

SOPHIE.

Ce n’est pas là ce qui vous y paraît le moins joli, dites la vérité.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

J’y passerais ma vie.

SOPHIE.

Toute seule ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Toute seule ?... Mais je crois que oui.

SOPHIE.

Et qu’y feriez-vous?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

J’y penserais, et beaucoup.

SOPHIE.

Mais après avoir pensé ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

J’y dessinerais, j’y lirais, j’y chanterais, j’y écrirais.

SOPHIE.

Vous y écririez, et à qui ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Je ne sais pas ; mais peut-être que je le saurais.

SOPHIE.

Vous ne vous ennuieriez jamais !

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Non.

SOPHIE.

Mais je ne vois rien de gai dans tout cela que le premier coup d’oeil.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Tout y est ravissant.

SOPHIE.

Mais quoi ? Examinez.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Ces tableaux, par exemple ; la nature y est embellie, on voudrait toujours qu’elle fût comme cela, toujours aussi brillante. Ne trouves-tu pas que les figures ont quelque chose de divin ?

SOPHIE.

Quel est le sujet de ce tableau-ci ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

C’est Vénus qui trouve Adonis endormi, et qui en devient amoureuse.

SOPHIE, souriant.

Amoureuse ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Oui, amoureuse. Pourquoi ris-tu ?

SOPHIE.

Moi ? Je ris.... Ah, Mademoiselle ! Regardez Vénus, elle vous ressemble comme si c’était votre portrait ; ne trouvez-vous pas ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME, avec distraction.

Oui.

SOPHIE.

Mais vous ne la regardez pas. Hé bien, répondez donc ? Vous regardez Adonis ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

C’est vrai ; c’est que je trouve... Je n’oserai jamais te le dire.

SOPHIE.

Bon ! Allons, parlez, parlez.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Je trouve qu’il ressemble....

SOPHIE.

À qui ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Au Chevalier de Gorville.

SOPHIE.

Oui ; c’est vrai.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Je ne sais pourquoi ; mais je suis fâché qu’il dorme, si les yeux étaient ouverts...

SOPHIE.

Vous croyez qu’il vous regarderait ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Mais...

SOPHIE.

Vous le voudriez, achevez ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME, soupirant et se laissant aller sur une ottomane.

Ah !

LE CHEVALIER, sortant du Cabinet, se jetant aux genoux de Mademoiselle de Saint-Edme.

Vos voeux sont prévenus, Mademoiselle, je vous aime, je vous adore depuis que j’ai le bonheur de vous connaître et c’est pour toute ma vie. Approuvez-vous tout l’amour que vous m’inspirez ? Vous ne répondez point.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Ah, Sophie, je ne croyais pas ce boudoir si dangereux !

SOPHIE.

Ce n’est pas pour vous qu’il l’est le plus.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Chevalier, vous m’avez surpris.

LE CHEVALIER.

Il est vrai, mais me le pardonnez-vous ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

À quoi me servirait de vous aimer ?

LE CHEVALIER.

À faire mon bonheur, je n’ose dire le vôtre ; mais c’est tout ce que je peux jamais désirer de plus vif.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Je ne comprends pas pourquoi je vous vois aujourd’hui si différemment de ce que je vous avais vu jusqu’à présent.

LE CHEVALIER.

C’est que vous doutiez de mon coeur ; sans doute ; vous ne me rendiez pas justice, vous ne vous la rendiez pas à vous-même.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Levez-vous, Chevalier, je vous en prie.

LE CHEVALIER.

Consentez que je vous fasse demander par mon oncle à Monsieur de Bourval.

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Hé bien, je ne m’y oppose pas.

LE CHEVALIER.

Ah, je mourrai de joie de l’excès de mon bonheur, oui, je jure à vos pieds de vous adorer toute ma vie.

Il lui baise la main.

SCÈNE V. Mademoiselle de Saint-Edme, Monsieur de Bourval, Monsieur d’Orsant, Le Chevalier. §

MONSIEUR DE BOURVAL, bas à Monsieur d’Orsant.

Ne faites pas de bruit, elles sont encore ici.

Il avance et s’écrie.

Ah, Ciel, que vois-je ? Que faites-vous là , Mademoiselle ?

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

J’essaye votre boudoir, Monsieur, il est délicieux, et je vous ai la plus grande obligation.

MONSIEUR DE BOURVAL, interdit.

Comment ?...

MADEMOISELLE DE SAINT-EDME.

Oui, sans lui, je n’aurais peut-être jamais su que Monsieur le Chevalier m’aimait ; peut-être même n’y aurais-je pas été aussi sensible ; c’est à vous que je devrai tout mon bonheur.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Sophie ?...

SOPHIE.

Monsieur, elle est sensible, elle en convient ; n’est-ce pas ce que vous en vouliez savoir ?

MONSIEUR D’ORSANT, à Monsieur de Bourval.

Mon ami, ce polisson-là est plus dangereux que vous ne le croyiez.

LE CHEVALIER.

Ah, mon oncle, vous m’aimez !...

MONSIEUR D’ORSANT.

Je t’entends, et tu n’as pas besoin de t’expliquer.

À Monsieur de Bourval.

Allons, mon ami, imitez-moi, je donne tout mon bien à mon neveu ; accordez-lui Mademoiselle de Saint-Edme, vous remplirez entièrement les volontés de son père.

MONSIEUR DE BOURVAL, bas à Monsieur D’Orsant.

Mais vous savez...

MONSIEUR D’ORSANT.

C’était des désirs et non pas de l’amour que vous aviez, et vous retrouverez aisément avec une autre, ce que vous perdez avec elle.

MONSIEUR DE BOURVAL, bas.

Paix donc.

MONSIEUR D’ORSANT.

Cette épreuve était folle, je vous l’avais prédit.

MONSIEUR DE BOURVAL.

J’en conviens à présent.

MONSIEUR D’ORSANT.

Consentez de bonne grâce.

MONSIEUR DE BOURVAL.

Allons, soyez heureux, et j’en serai charmé.

LE CHEVALIER.

Ah, Monsieur ! Ah, mon oncle ! Ah, Mademoiselle !

Il les embrasse tous.

MONSIEUR D’ORSANT, souriant.

Nous faisons des heureux , mon ami, nous le devenons nous-mêmes, n’est-ce pas ?

MONSIEUR DE BOURVAL.

Oui , oui ; mais mon ami est un grand fripon.

Ils sortent tous.