LES ÉCOSSEUSES DE LA HALLE
AMBIGU-POISSARD, EN UN ACTE, EN VERS LIBRES
DÉDIÉ À MADAME POLICARPE, MARCHANDE DE MARÉE.

M. DCC. LXVII. Avec Approbation et permission,

PAR M. TACONET.

Approbation §

Lu par ordre de Monsieur le Lieutenant-Général de Police, et approuvé pour être représenté sur le Théâtre des Boulevards, et pour être imprimé.

A Paris, ce 26 Mai 1767.

MARIN.

Vu l’Approbation, permis de représenter et d’imprimer, ce 28 Mai 1767.

DE SARTINE.

À PARIS, Chez PHILIPPE-DENIS LANGLOIS, Libraire, rue du Petit-Pont , près le petit Châtelet, au Saint-Esprit couronné.

De l’imprimerie de MICHEL LAMBERT, rue des Cordeliers, au Collège de Bourgogne, 1767.

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EPÎTRE DÉDICATOIRE,

MADAME, §

Votre réputation est trop bien établie pour que cette Dédicace puisse lui donner un nouveau lustre. C’est au contraire sur moi seul que retombe tout l’avantage.

AIR : De tous les Capucins.

L’honneur de vous offrir cette ouvre,
N’est pas une mince manoeuvre,
Avec l’esprit que vous avez,
C’est s’exposer à la critique :
Protégez- moi. Car vous savez
Que je prends à votre boutique.

Oui, Madame, vous savez qu’autant de jours de Carême, c’est autant de harengs pour moi ; et que de tous les baquets de la Halle, c’est au vôtre à qui j’ai donné la préférence.

AIR : Le tout par nature.

Votre commerce me plaît,
Et le tout sans intérêt ;
Vous savez au Freluquet
Donner la tablature;
Votre poisson est mon fait,
Le tout par nature.

Il faut vous rendre justice, Madame, votre place est le rendez-vous des Maîtres-d’Hôtel les plus huppés ; et je serais trop heureux, si vous vouliez me procurer la connaissance de quelques-uns qui me mettent dans le cas de pouvoir me dire avec un peu plus d’embonpoint que je n’en ai,

MADAME,

Votre très humble et très maigre Serviteur,

TACONET.

ACTEURS §

  • LA FERMIÈRE des Places de la Halle.
  • MONSIEUR NOYAU, Marchand de Ratafia.
  • MARIE-JEANNE, Fruitière.
  • BABET, Fruitière.
  • FANCHON, Fruitière.
  • MARGOT, écosseuses.
  • GENEVIÈVE, écosseuses.
  • JÉRÔME, Fort de la Halle au Bled.
  • BELLE-ROSE, Dragon de la Générale.
  • MANON, Bouquetière.
  • UN PETIT-MAITRE.
  • UN GARÇON PERRUQUIER.
  • UNE MARCHANDE DE CITRONS.
  • UN AVEUGLE, jouant du Violon.
  • PERSONNAGES de tous métiers.
La Scène est à la Halle.

SCÈNE PREMIÈRE. Fanchon, Margot. §

FANCHON.

Dis donc ? Quelle heure est-il, Margot ?

MARGOT.

Je n’en sais rien : buvons l’coco,
2 3
Puis j’écosserons, l’on sait comme !
Mais, quien, v’la que je vois Jérôme.

SCÈNE II. Jérôme, Les Précédents. §

JÉRÔME.

5 Bonjour, Margot. Bonsoir, Fanchon,
Que j’vous embrasse sans façon.

FANCHON.

Volontiers. Ces grosses bourgeoises
Font des compliments longs d’cent toises.
Pour nous, j’vallons ben autant qu’eux,
10 Quoique j’ayons les doigts terreux,
Et que j’vendions du fruit d’z’oranges.

MARGOT.

Finis- tu, Mamselle Fontanges ?
Avec ton discours si choisi ,
Vas-tu nous t’nir jusqu’à midi ?

JÉRÔME.

Ils s’assoient.
15 Eh ben, quoi ! Voyons donc ste prise.

MARGOT.

Fanchon, veux-tu de la cerise ?

FANCHON.

Moi, j’prendrai ce que tu voudras.

MARGOT.

Mais vraiment, j’n’en aurais donc pas?
Tu n’es pas à moiquié maline.

FANCHON.

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20 Moi, j’veux du bon ; allons, chopine.
Air : Du Prévôt.
5
J’aimons mieux l’rogome tout pur,
Dans l’gosier ça nous paraît dur ;
Chacun a sa façon de mode,
On peut s’prendre où ça fait plaisir,
25 Et j’aimons quand queuqu’un commode
Veut ben servir notre désir.
Marchand, apportez nous du vôtre.

LE MARCHAND.

Du mêlé ?

FANCHON.

Eh ! Non , point d’ça,
De l’eau-de-vie en ratafia.
30 Du bon.

MARGOT.

Tu vas ben :

FANCHON.

Comme un autre.
Si j’buvons ben l’p’tit coup ici,
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Tu ne liches pas mal aussi.
Eh ben ! Marchand ?

LE MARCHAND.

Me v’là, ma Reine.

FANCHON.

T’nez, v’ià du poussier, rien n’est dû.

LE MARCHAND.

35 C’est bon.

JÉRÔME.

Fanchon, y penses-tu ?
Crois-tu qu’je n’pairons pas la mienne ?

FANCHON.

Qu’est-c’qui t’dis ça ? Hustuberlu,
J’avons du temPs. Crois-tu qu’on t’fraude ?
D’mande putôt au Marchand d’eau chaude ?
40 N’est-il pas vrai, Monsieur l’comptoir,
Qui n’est pas si tard ? Tu vas voir.

LE MARCHAND, regardant sa montre.

Non, il s’en manque un quart ici.

FANCHON.

L’quart de quoi, Monsieur l’ahuri ?

LE MARCHAND.

Quoi ! Monsieur Jérôme s’ennuie ?
45 Est-il meilleure compagnie
Qu’avec Fanchon et puis Margot ?

MARGOT.

Mais vraiment ! Monsieur Fouille-au-pot,
Comme il veut nous eN faire accroire ?

LE MARCHAND.

Mais, en me contant votre histoire,
50 Vous m’amusez.

MARGOT.

Qu’est-c’q’vous fait’ là ?
Allons, Jérôme, à propos d’ça ,
Chante, ou ben tu n’as pas à boire :
J’tiens la mesure ; et l’on verra...

FANCHON.

Y va chanter, laisse ça là.

JÉRÔME.

Air : R’li, r’lan.
55 Fillettes, z’acourez pour entendre
L’histoir’ d’un Amant courageux ;
Ses parents n’voulions pas l’y rendre
Réponse au sujet de ses vœux :
Comme ils étions à la campagne,
60 Il fut les trouver z’hardiment,
R’li, r’lan , r’lan tan plan, il vous les t’magne,
R’ian tan plan, tambour battant.
CHORUS, R’li, r’ian, etc.
Mon ch’pere , dit-il, j’vous accuse
Que j’suis t’aimé d’Mamlelle Fanchon ;
65 L’autre jour je y’ai pris, par ruse ,
Un bouquet qui sentait ben bon :
Y’ n’faut rien z’avoir à personne,
Vlà ma pipe à tuyau d’argent,
R’li, r’ian, r’ian tan plan, j’veux qu’on l’y donne,
70 R’ian , etc.
CHORUS, R’li, r’ian, etc.
Ce jour-là je goûtions ensemble
Tête à tête, étant rien qu’nous deux ;
Ne v’là t’y pas Fanchon qui tremble,
Et qui s’trouve mal on n’peut pas mieux :
75 Il faut me la donner, mon ch’pere ,
Je sais, pour son tempérament,
R’li, r’lan , r’lan tan plan, ce qu’il faut faire,
R’lan, etc.
CHORUS, R’li, r’ian, etc.
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Le Daron , instruit de l’affaire,
Embrassit son fils Cadichon ;
80 Puis il s’en fut cheux le Notaire,
Et lui présenta son garçon :
Disant, faisons une alliance,
C’est un mariage absolument,
R’li, r’lan , r’lan tan plan, de conscience ,
85 R’ian, etc.
CHORUS, R’li, r’ian, etc.

FANCHON.

Jérôme a z’une voix d’n’oblesse.

JÉRÔME.

Oh ! quand il s’agit de tendresse,
J’nous en tirons.

MARGOT.

À propos d’ça ,
Vous autres, savez-vous s’tellà ?
Air : Jusques dans la moindre chose.
90 Jusques dans la moindre vue
J’vois mon Amant z’en tableau,
Drés que j’mets l’pié dans la rue,
Je l’vois m’ôter son chapeau ;
Je le rencontre à toute heure,
95 Au couchant comme au lever,
Et, sans savoir ous qui d’meure,
Mon cœur va toujours l’trouver.
Si je fuis à not’ fenête,
Dans l’dessein d’voir le passant,
100 J’distingue toujours sa tête ,
Quand ail’ serait parmi cent ;
Si je lis quel jour nous sommes,
Dans l’Armonac d’cabinet,
Au lieu d’Saint, je n’vois qu’des hommes,
105 Rapport à s’tila qui m’plaît.
Que j’blanchisse à la rivière,
Mes amours sont savonnés,
Que j’ouvre ma tabaquière,
Mon amant me monte au nez ;
110 Lorsque j’endosse ma hotte ,
Y m’sembe que j’porte l’Amour,
Enfin, la tendre Javotte
Pense à Cadet nuit z’et jour.

SCÈNE III. Geneviève, Les Précédents. §

FANCHON.

Qu’ien v’là Geneviève ! Ais, ma commère,
115 Veux-tu boire un coup de s’t’affaire ?

GENEVIÈVE.

Plutôt deux. J’venions tout exprès :
Marchand, donnez d’misquié du frais.

MARGOT.

J’en avons. Quoi donc ! Qu’tu veux faire.

GENEVIÈVE.

Chopine à moiquié ? Qu’eux misère !

FANCHON.

120 Oh ! C’est assez; car moi j’m’en vas.

GENEVIÈVE.

Par ainsi je n’vous craignons pas ,
Mamselle Fanchon : est-c’que j’vous chasse ?
Comm’vous nous faites la grimace !

FANCHON.

Moi, la grimace ! À qu’eux surget ?

GENEVIÈVE.

125 Oh ! dam’ de c’a, n’y a qu’vous qui l’sait.

MARGOT, versant.

Allons, buvons, qu’in toi, Geneviève :
Dis donc, Fanchon , veux-tu qu’j’acheve ?
Mettai-je tout, y viendra-t-il l’tien ?

FANCHON.

Allons, verse, je l’voulons bien.

GENEVIÈVE.

130 All’ voulait s’en aller. S’tè charge !

FANCHON.

Je n’voulons pas vous être à charge,
Et j’comptons payer not’ écot.

GENEVIÈVE.

Marchand, chopine de coco,
Puisque Mam’selle Fanchon se pique :
135 Allez, vous aurez sa pratique ,
Elle est bonne, et vous s’rez content.

FANCHON.

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Allons, n’te goberge pas tant.

GENEVIÈVE.

Mais, vraiment, tu m’empêch’ras d’rire ?
Eh ben ! S’t’eau-de-vie ?

LE MARCHAND, dans la coulisse.

On en tire.

GENEVIÈVE.

140 Dépêchez donc. J’ai mal aux dents.

MARGOT.

Un moment, s’t’homme a ses chalands.
Crois-tu quignia qu’nous qui contente ?

GENEVIÈVE.

Ah ! Vous avez raison, la Plante.

JÉRÔME.

Oui, c’est du bon. Sur ce ton-là,
145 Fanchon, sais-tu ce couplet-là ?
Air : Vous avez raison, la Plante.
L’autre jour, avec sa hotte ,
Charlotte me rencontra,
Larira ;
Je l’emmena cheux not’ hôte,
150 Et puis je la régala
De cela ;
Après je lui dis, Charlotte,
C’est assez sur ce ton-là.

FANCHON.

Jérôme, toi qu’en sais des belles,
155 Chante z’en donc pour ces pucelles.

JÉRÔME.

Air : Manon Dubut.
Pour ces pucelles, mais oui dà, (bis)
Enseignez-nous ous qui y’en a ; (bis)
Je voudrions en faire emplette,
Et leur dire la chansonnette.
160 J’en ont cherché par tout Paris, (bis)
Mais je n’ont trouvé qu’du fouillis ; (bis)
C’est une terre ben trompeuse,
En vain le plus savant z’y’creuse.

LE MARCHAND.

Voilà votre affaire, Mesdames.

MARGOT.

165 Mesdames ! J’sommes ben des femmes.
Parlez-nous avec vérité,
J’n’aimons pas l’honneur frelatté :
Y vous vient queuques fois des dames,
Qu’avons bien plus de corps que d’âmes.

GENEVIÈVE, versant.

170 Allons, n’restons pas en défaut.

JÉRÔME.

En v’là tout autant qui m’en faut,
J’n’en boirais pu seul’ment deux gouttes.

FANCHON.

Quand ni en a plus, tu t’en dégoûtes :
Allons, fouinons, l’tems veut changer.

MARGOT.

175 L’dis-tu pour nous faire enrager ?
N’nous porte pas guignon d’avance.

FANCHON.

N’vas-tu pas tomber en fayance ?
S’il pleut, j’avons le parasol.

GENEVIÈVE.

Voyez, Mam’selle Croquignol !
180 Fait-y beau, quand il pleut z’à verse ?

JÉRÔME, se levant, brusquement.

Allons, faut toujours qu’ça converse ;
J’navons pu rien, allons-nous-en.

GENEVIÈVE, égoutant la mesure.

Que j’y voye, Monsieur Gourmand.

JÉRÔME.

Quand j’te l’dis, tu dois être sûre ;
185 Allons-nous-en payer s’te mesure. ,
Il prend Fanchon et Margot par dessous le bras. Geneviève prend Margot.
Air : Êtes-vous de Chantilly ?
R’venez-vous de Chantilly ?
Vraiment, mon compère, oui :
Y’avez-vous bu de s’taffaire ?
Vraiment, mon compère, voire,
190 Vraiment, mon compère, oui.
Ils sortent.

SCÈNE IV. Jérôme, Fanchon, Margot, Geneviève sont étalés d’un côté, Babet, Fruitière, étalée de l’autre ; et Marie-Jeanne, Babet. §

Le fond du Théâtre change, et représente le carreau de la Halle, où l’on voit plusieurs places d’écosseuses.

MARIE-JEANNE.

Dis donc, Babet ? Quoi donc qu’tu penses
De t’étaler là par avance ?
T’as la porte du Viterier,
Vas-t’en z’y faire ton métier.

BABET.

195 De quel droit, Madame J’ordonne,
Vlez-vous chasser une personne ?
J’venons là plus souvent que vous.

MARIE-JEANNE.

Allons, hu, aussi non des coups.
Crois-moi, n’jase pas, bonne bête,
200 La cervelle m’monte à la tête :
Et je pourrions ben te r’liché ,
Comm’j’ons déjà fait z’au marché.

BABET.

Ah ! Oui, voyons donc voir ? Que j’voye ?

MARIE-JEANNE.

Allons, tais ton bec, et dévoye,
205 J’te dis qu’tu n’esteras pas là.

BABET.

Et moi j’vous dis que l’on verra :
Si tu m’fais peur, tu n’m’en fais guère.

MARIE-JEANNE.

Décampe toujours, harangère ;
La place est à moi, d’mande à eux.
210 Ais, Fanchon, parle, si tu veux.
Pas vrai que j’ai l’accoutumance
De m’mettre ilà par préférence ?

FANCHON.

Sans doute, faut-il tant crier?

MARGOT.

Quoi! Tu n’sçaurois la renvoyer?
215 •Est ce qu’tu n’es pas assezgrande ?

BABET.

Voyez , c’est ben ça qu’on l’y d’mande !
Dites donc, marnsell’ Boute-feu,
N’faut-y pas q’vous parliez fur l’jeu ?

MARIE-JEANNE.

Allons, va-t’en dans ta bataque.

BABET.

220 N’pousse pas tant que je n’te claque,
J’m’en vas. Mais, tu t’souviendras d’moi :
En attendant, v’là qu’est pour toi.
Elle lui fait les cornes.
Adieu, Marchande d’amourette,
C’est chez vous qu’on va faire emplette :
225 J’vous envoyrons nos Amoureux,
Drès que j’n’aurons plus besoin d’eux;
Comptez-y, bouche à toute graine.

MARIE-JEANNE.

Eh ! vas, vas, pas tant qu’toi, vilaine !
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Ton père qu’est un portefaix,
230 Ne porte pas comme tu fais.

BABET.

Ah, qu’ça te va ben d’faire la grosse !
Souvent est gaussé qui nous gausse.
C’est un proverbe qu’est ben bon.

MARIE-JEANNE.

Passez, Madame Guenillon,
235 Qu’on n’vous déchire votre robe.

BABET.

Si j’m’en vas, c’est peur qu’on m’dérobe ;
On t’connaît pour ç’a dans l’quarquier.

MARIE-JEANNE.

Ah, comme j’men vas t’étrier !
T’attaque un honneur en personne ?
240 Il faut tout du long que j’t’en donne.
Qu’en v’là d’abord, qui t’apprendra ?
Elle lui arrache son bonnet.

BABET.

Ah, double chienne, on t’en donn’ra
Des bonnets pour qu’tu les déchires ?

MARIE-JEANNE.

Attends, c’n’est encor que pour rire :
245 J’vas t’en donner tout ton. Chien d’sou.
Elles se battent.

BABET.

À moi, ma mère, on me rompt l’cou.

SCÈNE V. La Fermière des Places, Les précédents. §

LA FERMIÈRE.

Eh bien ! c’est tous les jours de même !

MARIE-JEANNE , montrant Babet.

Voyez comme la v’là blasphème !
On n’lui fait pourtant rien.

BABET, pleurant.

Vraiment,
250 On me bat pas à tout moment ?
Vous m’avez frappée, on sait comme !
Madame, d’mandez à Jérôme,
Fanchon, Margot ?

TOUS TROIS.

J’navons rien vu !

BABET.

Du moins, vous lavez entendu :
255 Un soufflet s’fait toujours entendre.

LA FERMIÈRE, à Babet.

Allons, commencez par me prendre
De ce côté.

MARIE-JEANNE.

Oui, va t’coucher.

BABET.

Les plus forts n’doivent pas s’fâcher.
Tout l’monde m’en veut, z’on m’échigne ;
260 Va bonnet d’dentelles de Maligne,
Qu’on vient de me mettre en hachi ;
Pour de tout le reste j’men chi :
Mais j’vas toujours faire ma plainte,
Et dire que j’suis grosse enceinte.
Elle sort en pleurant.

SCÈNE VI. Les Précédents, excepté Babet. §

LA FERMIÈRE, d’un ton de Petite-Maîtresse.

Air : De tous les Capucins.
265 Ah, bon Dieu ! Qu’on voit de scandale
Parmi ces femmes de la Halle !
Faut-il qu’on n’en puisse entrevoir
Une seule bonne à la ronde ?
Tandis qu’ailleurs on peut avoir
270 Les meilleures femmes du monde.

FANCHON.

Madame la Fermière a raison
D’quereller ceux qui font carillon.

MARGOT, ironiquement.

Voyez-nous, si j’avons de la peine !

LA FERMIÈRE, sortant.

Oui, vous êtes de bonne graine.

SCÈNE VII. Jérôme, Fanchon, Margot, Géneviève, Marie-Jeanne. §

JÉRÔME.

275 Fanchon, tu ne gouailles pas mal.

MARGOT.

Eh moi, donc ? J ai suivi l’signal,
J’ai flatté Madam’ la Fermière.
Mais, si vous saviez, par derrière,
Ce que j’pensions ?

GENEVIÈVE.

Moi, je m’cachais ;
280 Mais c’était pour rire à ses frais.

SCÈNE VIII. Belle-Rose, Dragon ; Manon, la Bouquetière, Les Précédents. §

BELLE-ROSE.

Air : La rose et le bouton.
Allons, ma belle enfant,
Je suis content
De toi pendant toute l’année;
Mais il faut, dans ce jour,
285 De mon amour
Fixer la destinée :
Si tu veux que tes bouquets
Fixent mes voeux coquets,
Joins, ma poulette,
290 La rose et le bouton
D’amourette,
La rose et le bouton.

FANCHON.

Bonjour donc, la belle Manon.

JÉRÔME.

Te v’là, vivant !

BELLE-ROSE.

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Bonjour, luron.
295 Eh ben ! Comment vont l’s’écosseuses ?

JÉRÔME.

Elles vont ben, toujours joyeuses.

BELLE-ROSE.

Tant mieux, j’allons y prendre part.

FANCHON.

Avancez donc, Monsieur Gaillard ?

MARGOT.

11
Belle-Rose a l’air d’être en ribotte.

BELLE-ROSE.

300 Mais, vraiment, Mam’selle Margotte !
Ç’a vous arrive quelquefois.

MARGOT.

Allons, v’nez écosser des pois,
Ç’a vous reposera là tête.
Vlà z’un man’quin pour vot’conquête ;
305 Vous, prenez c’sac, mettez-vous d’ssus.

BELLE-ROSE.

M’y vlà.

SCÈNE IX. Une Marchande de citrons, Les Précédents. §

LA MARCHANDE.

Mes bons citrons à jus.

MARGOT.

C’est vous ! Comment va l’éventaire ?

LA MARCHANDE.

12
C’a va ben douc’ment, ma commère.

BELLE-ROSE.

310 Comben la couple, la Maman ?

LA MARCHANDE.

Dix sous.

BELLE-ROSE.

Dix sous ?

LA MARCHANDE.

Oui, tout autant :
Si vous criez, m’en faudra douze.

BELLE-ROSE.

13
Ah ben oui, comme je m’y blouze !

MANON.

Allons, qu’as-tu besoin de citron ?

BELLE-ROSE.

315 V’la le Barbier de l’Arche Marion !
Dites-lui qu’il en fasse emplette,
Ç’a lui servira d’savonnette.

SCÈNE X. Un Garçon perruquier Perruquier, Les Précédents. §

LA MARCHANDE.

14
Vous en faut, le beau blondin ?

LE PERRUQUIER, Gascon.

De quoi ?

LA MARCHANDE.

D’citron ?

LE PERRUQUIER.

Oui. Pour lé tein.

LA BOUQUETIÈRE.

320 C’est ça qu’il l’a si beau.

LE PERRUQUIER.

Les quatres,
Combien ?

LA MARCHANDE.

Vingt sous, sans rien rabattre.

LE PERRUQUIER.

Eh ! Combien, ne rabattant rien ,
Cela fait-il ?

LA MARCHANDE.

Vous l’savez bien.
325 Est-c’pour se moquer qu’on s’arrête ?
Avec votre étrille à la tête,
Si vous n’en v’lé pas, laissez-nous.

LE PERRUQUIER.

Vingt sous les quatre, c’est cinq sous :
Vous êtes dans le tort, la femme !

LA MARCHANDE.

330 Eh ! Tais-toi donc, vilain infâme ?
C’est ben putôt toi qu’il la tort.
N’jette pas not’citron si fort ?
Il n’avait qu’à choir dans la boue,
Quéque t’auroit payé ? La moue.

LE PERRUQUIER.

Air : À présent je ne dois plus feindre.
335 Capédébious, l’erreur est grande !
C’est faire uné sotté démande.
Qui, moi, cé qué jé payérois ?
Mé croyez-bous donc fans réssource ?
Un Gascon manqué-t-il jamais,
340 Surtout du côté dé la bourse ?

LA MARCHANDE.

Voyez donc comme il sent son bien ?

LE PERRUQUIER.

La bonne ? Vous né perdrez rien,
Si je vous fais quelque dommage.

LA MARCHANDE.

Oui, c’est marqué sur vot’ visage.
345 J’voyons ben, à tous vos boutons,
À peu près c’que je gagnerions.

LE PERRUQUIER.

Cadédis, qu’elle est insolente !

MARGOT.

Ma commère, t’es médisante.
Pourquoi donc dire des gros mots
350 À c’Monsieur qu’est homme en repos ?

LA MARCHANDE.

Mais aussi, c’est vrai, Dieu m’pardonne !
Quand j’voyons comm’ ça queuque personne,
Qui méprise c’que vous vendez...

LE PERRUQUIER.

C’est donc mal que vous entendez.
355 Jé né méprise en nulle sorte.
Mais jé dis que la somme est forte :
Eh donc ! Parlez au juste, là.

LA MARCHANDE.

Ah ben ! J’vous entendons comm’ ça.
Faut donc vous dire en conscience ?
360 Quatre sous, et vot’ connaissance.
Voilà notre dernier mot dit.

LE PERRUQUIER.

Donnez-m’en six, et plus dé bruit.

LA MARCHANDE.

Tenez, mon Roi, v’là qu’est tout sucre.

LE PERRUQUIER.

Jé vous souhaite bien du lucre.

MARGOT.

365 Et ben, est-ç’ qu’vous n’aidez pas
Pour écosser ?

LE PERRUQUIER.

J’ai mal aux bras.

FANCHON.

L’pauvre petit ! Faut de la rybarbe :
C’est fatiguant d’faire une barbe.

LE PERRUQUIER.

Sandis ! Plus qué vous né pensez.

MARGOT.

370 Fanchon, vois donc c’grand élancé ?

SCÈNE XI. Un Petit-Maître, Les Précédents. §

LA BOUQUETIÈRE.

Monsieur, achetez donc du nôtre,
Un petit bouquet pour la vôtre.

LE PETIT-MAÎTRE.

15
Pour qui, la mienne ? Expliquez-vous.

LA BOUQUETIÈRE.

Pardi, nous le demandez-vous ?
375 Votre Maîtresse.

LE PETIT-MAÎTRE.

Ah ! je m’en passe.

LA BOUQUETIÈRE.

C’est donc quand elle est en disgrâce ;
J’savons que vous en êtes fou.
Allons, prenez ça, mon bijou :
Elle aura l’air de la mariée,
380 Et je s’rai par vous étrennée.

LE PETIT-MAÎTRE.

Combien faut-il pour cette fleur ?

LA BOUQUETIÈRE.

Six sous pour vous; mon petit coeur.

LE PETIT-MAÎTRE.

En voilà quatre, et je la garde.

LA BOUQUETIÈRE.

Allez, c’nest pas à vous qu’on r’gardes

LE PETIT-MAÎTRE.

385 De plus, je veux une chanson.

LA BOUQUETIÈRE.

Oh ! Pour moi, j’ai la voix bâtarde.
D’mandez à eux ?

FANCHON.

V’nez ça, mignon.

LE PETIT-MAÎTRE.

16
Volontiers : soyez ma mignarde.

FANCHON.

Vous tri’avez Pair sur le bon ton.
390 Assisez-vous.

LE PETIT-MAÎTRE.

Je vous rends grâce.

FANCHON.

Rougissez-vous d’être à not’ place?,

MARGOT.

Laisses l’ai : c’est qui veut grandir.

FANCHON.

Ah ! Sans gêne, il peut ben agir.

LE PETIT-MAÎTRE.

Allons, chantez donc, ma mignonne.

FANCHON.

395 Je l’voulons bén, Monsieur J’ordonne.
Air : Chansons, chansons.
Y’Amour, comme tu nous empaume ;
Pourquoi faur-il z’aimer, Jérôme,
Comme j’faisons ?
Mon coeur sait ben qu’c’est un volage,
400 Mais j’ai beau vouloir qu’il soit sage ,
CHORUS.
Chansons, chansons.
Au cabaret, quand faut qu’j’attende,
À tout bout d’champ je le demande
À ces garçons :
405 Ils disont qu’il ne vient personne,
Et ça me rend l’humeur ben bonne,
CHORUS.
Chansons, chansons.
C’qui fait encor plus que j’endêve,
C’est qu’il faut seule que j’achéve
410 Tout s’té boisson :
Moi que jamais le vin ne presse,
Et qui ne suis point z’ivrognesse,
CHORUS.
Chansons, chansons.
J’ai souvent refusé du monde,
415 Qui prétendions que je réponde
À leux façons :
Mais je ne suis point de c’te pâte,
Et je leux réponds, si t’en tâte,
CHORUS.
Chansons, chansons.

JÉRÔME.

420 Chacun son tour, comme dit l’autre.

FANCHON.

Jérôme, attends. Monsieu, la vôtre.
Vous v’là pensif comme un rêveur !
Est-c’ que j’vous fesons déshonneur ?

LE PETIT-MAÎTRE.

Déshonneur, vous ! Non pas, ma belle :
425 Si je vous regardais pour telle ,
Je ne me serais pas mis là.

FANCHON.

Si j’voulons du galant, en v’là.
Eh ben ! Chantez donc queuque air tendre.

LE PETIT-MAÎTRE.

Non, j’aime beaucoup mieux entendre ;
430 Et Monsieur Jérôme a raison
De prendre son tour.

BELLE-ROSE.

Chantez donc ?
J’allons faire chorus en rond.

JÉRÔME.

Air : Je veux t’être un Chien, etc.
Un jour j’étions à Vaugirard,
Dont j’somm’ déboulés un peu tard ,’
435 Y’aisément cela se peut croire ;
À notre table, à tous moments,
Y venait des troupeaux d’Marchands :

Jarni, moi qui aime à être tranquille quand j’prends mes repas de nourriture, je leux dis, lé premier qui me fait parler la bouche pleine,

Je veux t’être un chien,
Y à coups d’pied, y à coups de poing,
440 J’l’y casserai la gueule et la mâchoire.
Ça finit, mais l’instant d’après,
V’la la marchande de croquets,
Y’aisément cela se peut croire ;
Monsieur, dit-elle, en voulez-vous ?
445 Tirez, on gagne à tous les coups :

Sandié, moi qui ne rate d’aucune loterie qu’à lacelle des Enfants trouvés, parce que je y’ai été élevé,

Je veux t’être, etc.
Il nous vient z’un autre animal,
Crier gâteaux à la Royal,
Y’aisément cela se peut croire ;
450 Moi qu’avait là z’un bon fricot,
Je vous pris mon homme au gavio,

Et lui dis : allons, patronet, va-t-en vendre ton gâteau plus loin, sinon j’te vas donner la fève sur l’oeil. Il voulait me faire sortir dans la rue du dehors ; mais moi tout de quite, pif, paf, z’on,

Je veux t’être, etc.
Le Marchand d’tisane en bonnet,
Vient nous montrer son robinet,
455 Y’aisément cela se peut croire ;
Nous qu’avions là du vin ben chenu,
J’vous lui disons d’abord, eh ! hu :

Allons, passe ton chemin, Marchand d’ratafia de grenouille, avec ta Saintmaritaine sur le dos ; comptes-tu nous faite peur parce que tas un bâton de réglisse dans ta poche, retire-toi, au signon,

Je veux t’être, etc.
Pour augmenter le carillon ,
460 Vlà z’un Joueur de timpanon,
Y’aisément cela se peut croire ;
Moi qu’ai la Musique en dégoût,
J’vous l’y riva bentôt son clou :

En lui disant, papa, allez jouer à s’tautre table, vous nous faites grincer les oreilles. Au lieur de s’en aller, ne v’là t’y pas le vieux chnapan qui m’accipe l’épingue de mon col, pour faire, sus son timpanon, zigue, zin, zigue, zin ; moi, pi, pan,

Je voux suis un, etc.
465 La Marchande aux coeurs, à son tour,
S’en vint pour nous faire sa cour,
Y’aisément cela se peut croire ;
À la parfin elle fit tant,
Que j’en pris un, en lui disant,

La maman, si la devise n’est pas chenâtre, je ne sis pas vif de promptitude, mais j’commence ; par vous le dire doucement,

470 Je veux t’être, etc.
J’en fus content, car c’était bon ,,
D’abord j’l’offrit à ma Fanchon,
Y’aisément cela se peut croire ;
Y’avait, je suis dans, vot’ lien,
475 Et pour longtemps mon cour en tient.

Oui, dis-je-t’y à ma parsonnière, j’t’aimerai toute la vie de mon existence; si queuqu’un venait pour contrarier le contraire,

Je veux t’être, etc.
Eh ben, Monsieu ! Qu’dites-vous d’ça ?
C’est il d’vot’ goût sur ce ton-là ?
Savons je y donner la tournure ?

LE PETIT-MAÎTRE.

480 On ne peut pas mieux, je vous jure :
Je vous en fais mon compliment.

JÉRÔME.

Vous êt’ courtois comme un galant,
J’vois ben que ça vous plaît z’à dire.

GENEVIÈVE.

Monsieur met-il dans la tir’-lire ?

LE PETIT-MAÎTRE.

485 Ma bonne amie, en vérité ,
Je suis fâché d’être arrêté
Pour aller faire une visite.
Sans cela...

MARGOT.

Quoi ! Monsieur nous quitte !

FANCHON.

Allez-vous loin, mon benjamin ?
490 Ces souyers-là n’f’ront pas l’chemin,
Changez-les de piés pour ben faire.
Il a l’encolure légère ;
Voyez donc qu’il est revenant
Avec son nez en catogant !
495 On dirait d’un enfant z’en chartre
Avec ses oreilles d’Montmartre.
Monsieu, voulez-vous un godant ?

LE PETIT-MAÎTRE.

Bonne chienne, on t’en livre autant.
Si nous n’avons pas l’air d’un Prince,
500 Le tien est encor bien plus mince.
À la blancheur de son minois,
17
C’est un signe du Gâtinais ;
Voyez sa petite menotte ,
Aussi large qu’un dos de hotte :
505 Rien qu’à voir, c’est un plaisir,
Elle est d’un laid à éblouir.

FANCHON.

Mon laid est moins laid qu’ton grouin.
Viens donc que j’te r’magne un p’tit brin ,
Avec ton menton de galoche,
510 Et tà jambe en façon d’bancroche :
Veux-tu te r’tirer, vilain plé ?

LE PETIT-MAÎTRE.

Adieu, femme à mari sanglé.
Ah, que je plains le pauvre diable
D’avoir une femme semblable !
515 Il fait son purgatoire ici.

FANCHON.

Eh ! Oui, beau mâle en racourci.
Va donc visage à verre à bière,
Jardinier de not’ cémetiere;
Quand tu s’ras grand, t’iras tout seul,
520 Avec ta face d’épagneul :
Dites donc, Monsieu la Flamberge,
N’allez pas tirer vot’ esperge.

LE PETIT-MAÎTRE.

Adieu, couturière en chaussons,
Maraine à tenir grands garçons,
525 Tourrière de Couvent sans ordre,
C’est pour toi que Samson fait tordre.
Ton père eut six chiens, comptant toi,
Il en noya cinq : et pourquoi ?
C’est qu’il voulait que tu fus feule,
530 Il n’a gardé que mille gueule.
Il sort.

SCÈNE XII. Tout le Monde, excepté le Petit-Maître. §

MARGOT.

Dis donc, Fanchon, s’tilà va ben.

FANCHON.

Y s’en va pas moins : c’est vilain.

JÉRÔME.

Enfants, j’entends l’pere Chantrelle.

BELLE-ROSE.

Allons ? Dansons, et point d’querelle.

SCÈNE XIII. Un Aveugle, Un Joueur de Violon, acteurs précédents, différents personnages. §

FANCHON.

535 Père Chantrelle, j’allons ben,
Continuez, d’nous mettre en train.

JÉRÔME.

Oui, un menuet pour, l’ouverture,
Allons, à nous deux, ma future.

LE VIOLON.

Quel menuet voulez-vous danser ?

JÉRÔME.

540 C’lui qui finit par s’embrasser.
Jérôme et Fanchon dansent.

JÉRÔME.

Allons, Bell’-Rose.

FANCHON.

A toi, Manon.

LA BOUQUETIÈRE.

18
Moi, j’aime mieux le rigodon.

BELLE-ROSE.

Eh ben ! Dansons une contre-danse ;
Allons, à huit violons d’chérence.
On danse.
545 Le violon va ben en dansant,
Voyons si c’est d’même en chantant.
VAUDEVILLE.
Air : Madame, en entrant chez vous.

MARIE-JEANNE.

Prenez d’nos pois écossés,
C’est les meilleurs fricassés ;
19
Je voyons ben des tendrons
550 Qui deviennent ronds, (bis)
Lorsque je les nourrissons
Des pois que nous écossons. (bis)
CHORUS.

BABET.

J’vendons des pois écossés
À des gens fort ben troussés ;
555 Mais les meilleures façons,
C’est ceux qui payons ; (bis)
Car j’navons pas de bien d’fonds,
Si ce n’est dans nos litrons. (bis)

LE PERRUQUIER.

Tous vos pois font écossés,
560 Allons, chantez et dansez ;
Filles, prenez ces garçons ,
Et cabriolons ; (bis)
Si vous gâtez vos chignons,
Jé vous les rétapérons. (bis)

LA BOUQUETIÈRE.

565 Si vos pois sont écossés,
Tous mes bouquets sont passés ;
J’avons toujours des lurons
Pour qui j’en faisons, (bis)
Et ma rose et mes boutons
570 Valent bien tous vos litrons. (bis)

GENEVIÈVE.

Pour crier, pois écossés,
J’ai déjà d’la voix assez ;
Étant petite, j’suivions
Les petits garçons ; (bis)
575 Mais d’puis que je grandissons,
Avec les grands j’écossons. (bis)

LA MARCHANDE DE CITRONS.

Souvent les pois écossés
Vous rendent les doigts poissés ;
Approchez, je vous vendrons
580 Du jus de citrons ; (bis)
Avec ça j’rafraîchissons,
Quand on s’échauffe aux litrons, (bis)

BELLE-ROSE.

Dans l’tems des pois écossés,
20
Les ennemis sont rossés ;
585 Lorsque je les rencontrons ,
Je les écossons ; (bis)
Quand ils voyent nos Dragons,
ils s’cachraient dans des litrons. (bis)

LE MARCHAND DE RATAFIA.

Vous vendez pois écossés,
590 Et vous vous divertissez ;
21
Je vois bien des Chambrillons
Qui vous en prenons, (bis)
Afin que les Marmitons
Fassent la fausse aux litrons. (bis)

JÉRÔME.

595 Fanchon, tes pois écossés
À mes yeux sont ben de fés ;
Tu sais comme je portons,
J’avons les reins bons, (bis)
Et puis de bonnes chansons,
600 Lorsque j’emplis tes litrons. (bis)

FANCHON.

Au temps des pois écossés,
Ben des Galants sont r’lancés ;
22
Quand y vient des fanfarons,
Je les rembarrons, (bis)
605 C’est Jérôme qu’est des bons
Pour toucher à mes litrons. (bis)

L’AVEUGLE.

Mes enfants, je ne vois rien,.
Mais je connais le chemin ;
Pour le peu que je touchions,
610 Je nous en tirons ; (bis)
Et je parie à tâtons,
Que je vous prends vos litrons. (bis)

MARGOT.

Parmi les pois écossés,
Tous les Marchands sont pressés ;
615 Le monde, quand j’étalons,
Est sur nos talons ; (bis).
On s’mettrait, si je voulions,
Jusques dedans nos litrons, (bis)
Au PUBLIC.
Si pour nos pois écossés,
620 Messieurs, vous applaudissez ;
Toujours, avec vos leçons,
Nous réussissons ; (bis)
De vos écus que j’aimons,
Venez emplir nos litrons. (bis)