**** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LHIVER *date_1733 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lhiver Des vrais plaisirs, unique asile ; Paris, c'est l'Hiver que tu vois : Las de régner au Nord, il vient, heureuse Ville, Dans tes murs enchanteurs, se délasser trois mois. Ne tremble point à voir mes neiges et mes glaces, Au rôle de Vieillard le fort m'a condamné, Mais le Printemps, malgré sa jeunesse et ses grâces, N'en est pas moins mon frère aîné. Bacchus, les Ris, les Jeux, sont toujours sur mes traces, Et sous cet attirail barbon, J'ai le coeur vert-galant, enjoué, vif, aimable ; J'ai toujours bon vin, bonne table, Et je n'ai pas toujours les mains dans mon manchon. Mais j'aperçois Comus, charmant Dieu de la joie. Le désir de revoir dans ce riant séjour, De toutes parts cent beautés réunies, Et tant de folâtres génies Qui parleurs traits badins égayeront ma Cour. Oui, Comus, ils seront sur le soir à Paris ; Mais pourras-tu les reconnaître ? Par l'air du Nord, ils sont plus engourdis, Qu'un épais Seigneur de finance. Mais... Oui ; car vivre, est boire en ces pays. Appelles-tu cela les mettre à la raison ? Mais m'as-tu fait une maison ? Peste la bonne école ! À merveille ! Voilà ma table assez bien établie ; Mais pour d'autre plaisirs du moins aussi piquants, Comus, de tes heureux talents, Que puis-je espérer je te prie ? Car avec toi je n'en sais pas le fin, Je viens ici mener une joyeuse vie. Du moins avec regret ils me quittent toujours. Condamnes-tu mon penchant amoureux ? Oui ma foi. Et l'Eté? Mais, pour l'Automne ? À propos d'ivrognes : Comus, M'as-tu bien retenu des suppôts de Musique. Mais j'aurai des comédiens ? Pour obliger ce Dieu, je les prends avec joie. À la bonne heure. Mais aurai-je une femme? Moi difficile ? non, Comus, Je veux de la beauté ; mais sans affetterie, Des grâces sans minauderie ; De la gaieté, mais sans coquetterie ; De l'esprit, mais sans précieux; De la vertu, mais sans rudesse. Mais on vient. C'est ton affaire ; Je le laisse avec toi : Je vais me délasser un instant du voyage, Tu peux le renvoyer ou bien le recevoir, Cher intendant ; mais songe à me pourvoir. Hé bien aurai-je une femme, Comus ? Est-elle jeune ? Est-elle belle ? De bonne humeur ? Me plaira-t-elle ? Va, mon cher intendant, ne te tourmente plus J'ai moi-même fait choix d'une aimable Déesse, En qui les grâces, la gaieté, L'esprit et la délicatesse, Brillent autant que la beauté. Fi donc, Comus, c'est une folle, Et qui contre un ruban troque un amant chéri. Oh ! non : de sa sincérité, J'étais cependant enchanté ; Mais de moi-même, en ma présence : Elle m'a dit du mal. Ne pense pas railler, j'aime ses entrechats, Et je lui donnerais ma foi la préférence ; Mais de sa part je crains trop les faux pas. Cher Comus, c'est la Volupté. Je l'aperçois, mon bonheur me l'adresse, Cours appeler l'Hymen, et que le Bal s'empresse À célébrer mes feux et sa beauté. Venez, belle Divinité, Par devant l'Hymen que j'appelle, Mon coeur va vous jurer une ardeur immortelle. D'un amant bel esprit, peut-être un mari sot. Appelons donc l'Amour. Oui, confiant, vif et tendre... Remplissez mes désirs, aimable Déité, Et mon ardeur pour vous sera toujours extrême. Vous êtes philosophe ? Non : vous êtes trop sérieuse : Pardonnez, je suis franc et peut-être brutal. Ni ne serons jamais : je hais le verbiage. Le Ciel garde toute maison, D'une femme qui n'est ni coquette, ni sage ; Cette Déesse est folle à force de raison. Pardon, mon cher Hymen, pardon. Puisqu'il le faut, je prends... Je prends... Un peu de patience. J'y consens, tout coup vaille. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_COMUS *date_1733 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_comus Dieu de l'Hiver, c'est vous ? Quoi déjà de retour ? Quel bon vent sitôt vous renvoyé ? Mais à propos de Cour, je n'y vois point paraître Mes enfants, les Jeux et les Ris : Ils vous suivent toujours, peut-être ? Comment ? Et pour avoir trop vu le bon Bacchus, je pense ? Ah les petits vilains ! Quoi malgré ma défense... Ah patience, patience, Je vous les rends ce soir plus vifs, plus étourdis ; Qu'un Petit Maître où de robe ou d'épée. Votre attente n'est point trompée ; J'ai déjà retenu quatre gros cuisiniers, Fiers, brillants d'embonpoint, plaignants peu les dépenses. Professeurs en leur art : ils ont pris leurs licences Chez de riches fermiers. Item quatre Officiers. Qui chez des Dévots mémo ont fait des confitures. Es-ce là prendre ses mesures ? Tubleu, je me connais en gens ! Vous êtes un vieux libertin, Et vous ne serez jamais sage : Aussi tous ces Guerriers vous aiment à la rage. C'est que vous les menez pleins d'honneurs et de joie, Dans de certains quartiers où les mains des Amours Filent pour eux des jours d'or et de joie. Moi ? Vous ne me connaissez guère. Livrez-vous aux plaisirs, l'Hiver est fait pour eux ; Vous valez mieux que pas un de vos frères. Le Printemps est fade, doucereux, Étalant partout les fleurettes ; Vous diriez d'un Abbé qui d'un air langoureux À son Agnès soupire des sornettes. C'est un grand flandrin, Plus endormi mille fois qu'un robin, Que le moindre travail, la plus petite peine, Met en sueur, ou hors d'haleine. Ah si ; son mérite est son vin ; Et s'il faut qu'à vous je m'explique, C'est un ivrogne, et des plus reconnus. Le concert a voulu se traîner jusqu'ici, Mais il était si faible et si transi, Qu'il est mort de froid sur la route. Si vous en aurez ? Oui sans doute ; Des Français, des Italiens ; Pour les Français, Phoebus même s'emploie. Pour les Italiens Momus vous parlera, Et Mercure pour l'Opéra. Enfin, Seigneur, c'est une rage Comme l'on montre des désirs De travailler à vos plaisirs ; Grands et petits briguent cet avantage, Usuriers, beautés de tout âge. Combien d'originaux je vous ai retenus ! Poètes, charlatans, danseuse blonde et brune, Plaideurs désoeuvrés et camus, Coquette surannée aboyant à la lune : Plus un peintre en grotesque ; il peint les parvenus. Il en est venu mille Mais vous êtes si difficile... Une femme de cette espèce, Est rare même dans les cieux ; J'espère encor pourtant, et dans ces lieux Il en est qui sauront vous plaire. C'est quelqu'un qui cherche de l'emploi Dans votre cour. Mais, que vois-je ? L'Hymen, le Dieu du mariage ? Oui, les vents, ses porteurs, l'ont mis sur ce rivage. Il arrive à l'instant. Oui, d'en tâter trois mois, il serait curieux ; Comme les gens de guerre il épouse en tous lieux. Mais, te voilà bien habillé ! On le voit bien, fripon, vous hantez les Notaires. Comment donc ? Bon ! C'est bien de cela dont il est question ! L'Amour aima toujours la bagatelle. La peste. Sans doute. Autre aveugle : ma foi, te voila bien lié ! Mais, notre cher Hymen, selon ce que j'augure Tu n'aimes pas les clairs-voyants. Ce n'est pas dans les coeurs qu'ils vont faire des brèches. Diantre ! Que fais tu donc de pis ? De sa mauvaise humeur l'Amour les dédommage, Et le plus souvent à tes frais. Ami, retire-toi, je vois une brunette Qui vient apparemment pour épouser l'Hiver. Non, il ne veut rien prendre en l'air. Comment donc, s'il vous plaît ? Vous avez l'abord tendre. Madame finissez, de grâce. Embrasse-t-on les gens sans les connaître ? Non, je ne vous vis de ma vie. Tout de bon. Quel vertigo vient la saisir ? Un manchon d'une main, un éventail de l'autre ? Elle a l'esprit troublé, je ne m'y méprends plus. Mais votre nom ? Oui, qu'il vous en souvienne, Divinité parisienne ; Fille de la folie et du premier venu. Qui diable vous eût devinée ? Plus extravagante cent fois. Ah croyez-moi, Quoique intendant je suis de bonne foi, Je ne vous vis jamais si folle, Vous charmerez l'Hiver sur ma parole. De grâce, tracez-m'en une légère image. Ils tutoient du coup d'oeil. Ces Charlatans sont gens sans conséquence. Ils en tiraient cent barbares syllabes Dont ils éblouissaient les gens. Et les guérirent-ils ? Qu'appeliez-vous rater ? Vous êtes trop plaisante, et l'Hiver en rira. Avez-vous des suivants avec ces travers-là ? Vous changez si souvent de goût, que quelque jour Pour le mérite enfin vous prendrez de l'amour. Vous en jouez comme d'une pagode. Déjà ? Quelle importante affaire... L'Hiver est arrivé, vous avez des appas, Il pourrait pour épouse... Soyez toujours bien sage... Mais que cherche ce forcené. Tout Dieu que je me sens, ce drôle me fait peur, C'est sans doute un voleur. Le Pharaon ! Quelle triste aventure, Vous a poursuivi jusqu'ici ? Le beau style, le beau langage ! Cet ennemi quel est-il ? Je plains l'état où vous voilà. Comment cela ? Eh de quelle manière ? Et garder assez mal le reste. Le tout irait souvent aux mains d'un misérable. Cet habit prouve mal votre rare science ; Pour faire croire vos exploits Vous êtes, notre ami, trop mal dans vos affaires. Qui ? Moi, non ne l'espérez pas. Si vous ne faisiez connaissance Qu'avec des gens d'usure ou de finance, L'Hiver vous verrait volontiers. Plumer jusques au vif ces vautours de la France. Mais il vient ici des guerriers Dont nous chérissons la présence ; Vous voudriez d'abord vous lier avec eux : De votre adresse infortunée, Et de votre commerce affreux, Ils mordraient les doigts le reste de l'année. Allez ailleurs chercher fortune. Non sans réplique et sans excuse, Sortez vite... Vous riez ? Qui, moi ? Je vous rappelle ? Le coquin ! Son sang-froid m'étonne. Ah le bel enfant que voilà ! Cette gaieté, ce beau visage, Et cette taille faite au tour, M'annoncent sans doute l'Amour ? Il est vrai de l'Amour, le Champs sont l'apanage. Mais qui donc êtes-vous ? Peste ! L'habile Précepteur ! Votre nom est ? Ah, je ne vous connais guère. Que vous devez avoir une gaillarde Cour ! Vous me surprenez, et comment ? En amour, vive un étourdi. Elle savoure à longs traits la fleurette. Non, l'étranger ne s'y trompe jamais : Mais comme nos Marquis cherchent la gloire aisée, Plus une belle est décriée, Et pour lui plus elle a d'attraits. Mais du visage de la Dame Si le masque tombait ; le beau charivari ! Qu'allez-vous faire, je vous prie ? Vous mariez l'Hiver ? Que voulez-vous qu'il fasse d'elle ? Oui ; mais pour un barbon, la danse me fait peu C'est, entre-nous, une étrange commère. Pour le front quelle sûreté, Qu'une femme qui change ainsi de caractère ! Elle jouerait cent rôles à la fois, Avec tous ces talents qu'en votre soeur j'admire, L'Hiver pourra l'aimer ; mais je dois vous instruire, Qu'il n'épouse que pour trois mois. Votre soeur est une aimable friponne ! Mais malgré tous ses agréments, Je doute que l'Hiver pour épouse la prenne. L'honnête soeur ! Et le bon frère ! Mais que veut cette douairière ? Prétend-elle à l'Hiver avec ses cheveux blancs ? Il faut écouter la friponne ; Mais d'avance, elle peut compter sur mes refus. Sans compliment, que voulez-vous, ma bonne ? Quoi ! Ce nom vous étonne ? Qui vous ? une Divinité ! Que Bacchus fit sans doute en son ivresse. Les honnêtes parents ! Votre nom ? Ah, je vous reconnais. Mais, chez les gens de Cour ? Bon : sous quel nom êtes-vous en ce jour ? Par ma foi, c'est l'entendre. Fort bien : et votre nom sera ? Qui diantre s'en serait douté ? Vous vous appellerez dans ces endroits chéris ? Les beaux noms que vous avez pris ! Mais, vous vous faites détester. Plus heureux qui de vous, ne fut connu jamais. As-tu bientôt noirci tous les mortels ? Sors d'ici cruelle furie, Retourne aux Enfers ta patrie ; Des fers éternels, Sont pour toi de trop doux supplices. Sors d'ici, Monstre affreux. Quoi, jusques sur moi-même clic exerce sa rage ? Mais que cherche ici ce visage ? Serait-ce encore un Dieu ? Je n'en vis jamais tant. Ni de plus sots. Écoutons-le pourtant. Oui, Monsieur. Oui, Monsieur ; vous suis-je nécessaire ? Il est vrai. Ce serait une fort bonne affaire, Car moins de gens, moins d'ennemis ; Mais dans quels climats pourrait être Un original d'un tel prix ? Ah de grâce, Monsieur, faites-le moi connaître. Je le lirai. Tant mieux. Il m'en sera plus précieux. Très volontiers. Le charmant placet ! Les beaux Vers ! Vous savez tous ces arts divers ? La peste soit du fanatique. Voyons : un placet en Musique ? Chantez celle qu'il vous plaira. Oui, mais de ce défaut on la corrigera. La voix que vous voudrez ; il ne m'importe guère. Non, non, il n'est pas nécessaire. Je suis enchanté de votre air. Et j'en ferai rire l'Hiver. Faut-il jamais pareille extravagance ! Non, je n'ai pas toutes votre science. Ah ! Voyons danser un placet. Je n'oublierai jamais ce trait. Vous êtes de talents un si rare assemblage, Que vous avez sans doute un équipage ? Mais tout Paris aime ces arts galants, Cela vous dit, que le corps a ses grâces, Comme l'esprit a ces talents ; Il faut les cultiver en homme de bons sens. De l'éducation, ils nous montrent les traces ; Mais le Français veut être universel, Et jamais, quoiqu'il se propose, Il ne sait à fond nulle chose ; Il n'est que superficiel. Bien plus, c'est de l'Art qu'il professe, Qu'il parle souvent le plus mal. Le Magistrat parle guerre sans cesse, L'Abbé parle toilette et bal, Le courtisan morale, et l'homme de Finance Parle bel esprit et science. Mais vous m'avez donné des passe-temps trop doux ; Venez revoir demain, et j'aurai soin de vous. Mais voici l'Hiver qui s'avance ? Jusques ici mes soins ont été superflus, Un galant de votre âge est de dure défaite S'il ne prend pas une coquette. C'est la mode, sur ma parole. Que ferait-ce d'un vieux mari ? Vous prenez donc la Médisance ? Voyez quelle insolence ! Ah ! Si vous étiez son époux, À cause de la connaissance, Elle parlerait mieux de vous. Enfin, vous choisissez la Danse ? Hé quelle est donc cette aimable Déesse, Dont votre coeur est enchanté ? Vous aimiez, disiez-vous, la Vertu sans rudesse ; Vous la trouvez en cette Déité. Seigneur, l'Hymen me fuit ; mais où fuit la Déesse. Déjà quelque amoureux dépit, A-t-il troublé votre tendresse ? Quoi si tôt vous querellez-vous ? Vous n'êtes pas encore époux. Trop tard, mignon, Il ne veut plus en courir l'aventure. Point de courroux. Je te conjure, Ami, reste à rire avec nous. Ce n'est que pour trois mois. Prenez la Danse ; Elle vient à propos vers nous. Ce n'est pas pour longtemps, tâchez d'être fidèle. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LHYMEN *date_1733 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lhymen Tu vois, Comus : l'Hiver est, dit-on, en ces lieux. Tant mieux ; Même on dit qu'il a pris : quelque goût pour la noce ? Ventrebleu, le joli négoce ! Ah ! C'est depuis que je me suis brouillé Avec l'amour, j'en fais mieux mes affaires. Avec lui je ne finissais rien ; Pendant un siècle il faisait des mystères ; Avant qu'il me permît d'unir dans mon lien Un amant avec sa maîtresse. Sont-ils égaux, disait-il, en noblesse, En âge, en bien, Et leur humeur se convient-elfe ? Sentent-ils l'un pour l'autre une ardeur mutuelle ? Quand il voulait sans moi faire quelque union ; Il ne lanternait point, il allait au fait, zeste ; Présentement je viens, je vois, j'unis. Quand il s'agit de matrimonion L'homme doit brusquer l'aventure. Avec Plutus je suis associé. Plutus a maintenant un carquois et des flèches, Et tous ses coups sont surprenants. Par ses ordres j'unis. Avec l'adolescent l'antique douairière ; À l'aimable tendron, l'époux sexagénaire ; Et le véritable Marquis, Avec la fille du commis. En vain la vertu toute nue, Mais de mille charmes pourvue, À son secours m'appelle nuit et jour ; À ses soupirs je fuis plus sourd Qu'un secrétaire, Qu'un plaideur, la main vide, instruit de son affaire. Ce n'est pas tout. L'Amour aime les gens de guerre ; Pour me venger de ses mépris. Je les barre par toute terre. Quand j'en vois un qui veut se marier, Aux parents de la fille alors je cours crier ; Prendre un guerrier pour gendre, hélas ! c'est prendre un maître ; Bientôt à vos dépens il le ferait connaître : Il vous tourmenterait et vous et vos fermiers, Vous verriez votre bien passer aux usuriers ; Cependant votre fille en un triste village Vivrait à peu de frais, pour qui ? Pour un volage Qui loin d'elle en tous lieux, plein d'une folle ardeur À d'autres porteront et ses voeux et son coeur ? Il reviendrait un jour, victime de la guerre ; Sans jambes et sans bras, avec un oeil de verre ; Le beau meuble, Messieurs, pour sa jeune moitié, Qu'un pauvre époux qui ne fait que pitié ! Oh je n'achète pas cher un invalide, Répondent les parents, que l'avis intimide; Entre l'amour et moi jamais de paix ; Pour les guerriers, jamais de mariage. Pour l'épouser ? Quoi son emplette N'est pas faite ? Pour un bail de trois mois, c'est être difficile. Je laisse avec toi cette Iris. Quand je pourrai vous être utile, J'ai mon temple à deux pas dans un champ de soucis. Venez, Dieu de l'Hiver... où donc est la future ? Qu'est-ce à dire, pardon ? Se moque-t-on de moi ? Non ; j'en jure par ma coiffure, Et vous épouserez, ou vous direz pourquoi. Vous m'insultez encor ? Que je reste avec vous ? Prenez-vous l'Hymen pour Mercure ? Oh vous épouserez, je le veux, je l'entends... Achevez donc. Je prends... Aide-moi donc, Cornus. Approchez-vous, la Belle ; Je vous donne en ce Dieu la perle des époux ? **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LEPHARAON *date_1733 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lepharaon Où suis-je... où me cacher;... Ah grâce... Messieurs, je vous quitte la place ; Vous ne me verrez plus ici sur mon honneur ; Je sors de Paris dans une heure, Ou je meure. Mais du Dieu de l'Hiver c'est ici la demeure ; Et j'aperçois Comus, Bonjour Seigneur... Quoi vous, tremblez ! Allons qu'on se rassure, Je suis un Dieu d'honneur, un Dieu Gascon ; Je m'appelle le Pharaon. Vous en allez être éclairci. Ci-devant dans toutes les rues J'avais des Temples à Paris, Où de mes zélés favoris, Je voyais chaque jour accourir les recrues ; Parieurs délit», par leurs clameurs, Par leurs craintes, par leurs fureurs, Par leur désespoir, par leur rage, Par d'horribles contorsions, Et par mille imprécations, Ils m'exprimaient leur tendre hommage. Tout mes honneurs aujourd'hui font cessez, Tous mes Temples sont renversés, Je n'ai pas un grenier, je n'ai pas une cave, Pas un seul trou pour me fourrer. Partout mon ennemi me brave, Et me vient déterrer ; Voyez, jugez par mon désordre. Il entrouvre son manteau. Le bon ordre, Un Dieu qui voir plus clair qu'Argus. Four m'échapper de lui, mes soins sont superflus, Son nez lut dit où je puis être :' Tout à l'heure il m'avait barré tous les chemins, Et je n'ai pu me sauver de ses mains Qu'en me jetant par la fenêtre. Tous pourriez réparer ce mal... À l'Hiver faites moi connaître ; Qu'il me loge pour grand merci, Je vous divertirais... Et tandis par mon savoir-faire. Vous verriez arriver ici, En cortège nombreux, en brillant équipage; Un Marquis du bel air, riant et sans souci ; Dès qu'il m'aurait fait son hommage, Vous l'en verriez sortir triste, pâle, transi ; La fureur dans la bouche, et la vue égarée Sans Marquisat, à pied et sans bijoux, sans livrée ; Je donnerais le tout au premier Cadedis. Vous verriez la Comtesse aimable Qui montre pour mon culte un zèle infatigable , Me sacrifier tout, bagues, joyaux de prix, Meubles.... enfin jusques à ses habits. Pour orner mes autels la chicane funeste Souvent immolerait la veuve et le mineur, Et le Marchand impitoyable, M'apporterait avec ardeur, Ce qu'une usure abominable, Lui ferait arracher au prodigue Seigneur. Bref ; à Plutus il faut des dix, vingt ans, Pour métamorphoser des laquais en traitants ; Pour changer un faquin en homme d'importance Je ne demande, moi, qu'un jour, moins quelquefois. Vous en êtes surpris ? Hé donc ! Depuis un mois ; J'ai passé par les mains de quatre Commissaires : Mais vous allez m'arracher de ce pas ; À l'Hiver menez-moi tirer ma révérence. Eh du moins attendez qu'il soit un peu plus tard ; Je me sauverai sur la brune, Chez quelque Comte de hasard. Ha ha ha. Oui, ma foi. Vous croyez me fâcher, et vous êtes bien buse, Car vous y perdez plus que moi. Avec un Intendant, je sais comme on en use, D'un pot de vin, en bel argent comptant, J'aurais payé votre entremise ; Vous me regretterez, et je pars à l'instant : Je vais faire briller mon mérite à Venise, Où Mons du Carnaval m'attend. Ah !... Vous me rappelez ?... Oui, vous jouez de la prunelle : Vous voudriez raccrocher mes écus, Sandis ; vous ne me tenez plus ; Aux regrets, je vous abandonnes. Une autre fols soyez moins fier, Comus, Avec un Dieu de la Garonne. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LEBAL *date_1733 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lebal La, la, la, la, la, la, la, la. La, la, la,la, la, la, la, la. Qui, moi l'Amour ? Fi donc ; ce brillant étalage Annonce-t-il un pauvre Dieu, Qui n'ayant plus ni feu ni lieu Est contraint de vivre au Village ? Le jour que je naquis, que j'excitai de ris ! Car tout l'Olympe était en fête, Et de me voir l'Hymen fut si surpris. Que les cornes soudain lui vinrent à la tête. Du Carnaval, Je suis fils naturel et frère de la Danse, Mercure éleva mon enfance. Le Bal. Je le crois bien, car je dors tout le jour : Ce sont les Dieux bourgeois que le soleil éclaire, Ils reçoivent l'encens tandis qu'il fait son tour. Pour moi, pour mes joyeux mystères, Vive la nuit, et ses sombres lumières. Ah je vous en réponds : avec ce masque Je fais tous les jours quelque frasque ; Et j'ose défier l'Amour et tous ses traits De faire les coups que je fais. Ils tiennent ma foi du miracle. Ce masque fait parler un sot comme un Oracle : Le trop timide amant Qu'un respect du vieux temps aux genoux de sa Belle, Retenait plus interdit qu'elle, Devient avec ce masque entreprenant, hardi. Jamais avec ce masque il ne fut de cruelle. Ce masque change en beauté la laideur ; En tendron, l'antique femelle. Cette prude dont la pudeur Au seul nom d'un Amant était sur le qui-vive ; Lui prête avec ce masque une oreille attentive, Et son hypocrite froideur, Devient une brûlante ardeur. Avec ce masque une fine coquette ; À l'étranger se donne pour Agnès. Ce masque rend le Commis supportable, Et la provinciale aimable. Sous le masque une femme enchante son mari, Et le mari charme sa femme. Tant pis pour eux. Comus, de mon espièglerie, Vous allez voir des tours joyeux. En entrant dans ces lieux J'ai rencontré vos fils, les Ris, les Jeux ; Je leur ai dit le plan de mon étourderie : Et quoique ivre, Bacchus va venir avec eux Aux noces de l'Hiver ; car, moi, je le marie. À la Danse ma soeur. Ce que je veux qu'il en fasse ? Elle est belle. Elle a quand il lui plaît moins de vivacité, Selon les Gens elle est grave, tendre, ou légère. Une Jeune beauté, Cher Cornus, est comédienne née ; C'est un Protée. Veut-elle plaire à l'homme de Palais, Ou, bien au Financier ? Elle est simple, innocente, Naïve, timide, tremblante ; Elle rougit de tout, c'est une Agnès, Veut-elle prendre en ses filets Un Petit-Maître ? Elle est enjouée, indiscrète ; Elle assomme de son caquet, Elle est folle, étourdie ; et c'est une coquette A-t-elle des desseins sur un petit collet ? La voilà sombre, sérieuse, Vindicative, précieuse ; De tout le monde elle médit, Et hardiment se loue et s'applaudit ; C'est une Prude. Enfin sans qu'on s'en doute, D'un rôle à l'autre elle passe à son choix Et sans que la chose lui coûte. Tant mieux ; en faut il davantage ? Après trois mois de mariage ; Le plus aimable époux, plaît-il encor longtemps ? Ma soeur ne fit jamais de bail à vie, Et quand l'Hiver faussera compagnie, Elle compte épouser tour à tour le Printemps L'Eté, l'Automne. Qu'il la renvoie, ou bien qu'il la retienne, Du moins il l'aimera, pendant quelques moments ; C'est assez pour ma soeur, elle est peu façonnière. Adieu je cours faire avancer mes gens. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LAMODE *date_1733 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamode Cher Comus, que je vous embrasse. Quoi ! Vous me rebutez ? En vain vous résistez. Comment, Dieu de la joie, et quel accueil glacé ? Sans les connaître ? Moi ? vous vous moquez peut-être. À la Cour de l'Hiver, je vous vis l'an passé. Quoi tout de bon ? Quel plaisir ! Comus me méconnaît, j'en ai l'âme ravie. Comus me méconnaît, quelle gloire est la nôtre ! Que vous me charmez, cher Comus, Et que ce compliment est flatteur, agréable C'est mon mérite à moi d'être méconnaissable : Je change tous les jours, Au moindre vent d'habit et de visage, D'esprit, de geste, de discours, De caprices, d'humeur, sans en être plus sage ; Incessamment je cours du blanc au noir ; Ce qui me plaît ce soir. Me déplaira demain, j'en suis certaine. Il vous est bien connu ; Je suis la mode. Depuis neuf mois Vous me trouvez donc bien changée ? Comus peut-être me cajole, Sa politesse... Oh vraiment je l'ai bien compté, Je me sens là-dedans une vivacité : Et mille inventions cornues : Le pauvre Dieu d'Hiver, au milieu de sa cour, Avec moi sera chaque jour Comme tombé des nues ; Mon plan est déjà tout dressé. Volontiers. Par exemple il laissa l'an passé Les Médecins en lugubre équipage, En habit noir, manteau, rabat, petits cheveux. Le sourcil sombre et ténébreux, L'accueil farouche ; enfin toutes les marques Qui doivent distinguer les ministres des Parques. Je les ai déguisés En Adonis ; j'ai mis leurs personnes charmantes ; Sous les couleurs les plus brillantes. Ils sont brodés , poudrés, frisés, Ils ont des teints fleuris, des yeux vifs, des voix claires Comme des courtisans, même des airs aisés : Enfin vous les croiriez d'aimables mousquetaires, S'ils n'étaient pas un peu trop empesés ; Bref, la seringue et la lancette en France Vont aujourd'hui sous le velours. Ces Médecins chez eux tapis comme des Ours ; Lisaient des bouquins Grecs, Arabes... Je leur fais lire à présent les Gazettes, Les Livres de bons mots, et les nouveaux Romans : Ils sont toujours féru de chansonnettes, De Brevets de Calotte ; et de telles sornettes ; De caquets du quartier ; d'un malade aux abois, Ils vont en égayer l'oreille. Serait-ce donc merveille ? On les en voit rater tout autant qu'autrefois. Guérir, c'est même chose. Hé bien, que dites-vous de la métamorphose ? C'est le moindre des tours que ma gaieté projette. Une femme plutôt voudrait être coquette Que de n'être pas ma sujette. J'en ai voulu tâter ; Misanthrope incommode, Il contrôlait toutes mes actions, Il voulait réprimer toutes mes passions. Oh vive un pied plat pour la mode, Il ne connaît la honte, ni l'honneur,' Mes caprices font son bonheur. À propos je vous quitte, et je cours de ce pas... Oh je n'épouse pas. Je reviendrai, je cours dire à ma couturière, Que l'habit que tantôt j'avais imaginé, Me paraît déjà vieux pour le goût et l'ouvrage ! À tantôt, cher Comus. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LAMEDISANCE *date_1733 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamedisance Le Ciel vous tienne en joie, agréable Cornus. Ma bonne ! Moi ? Ô Jupiter ! Souffrez-vous ces abus. Moi ! M'appeler ma bonne ? une Déesse ! Non, traître, je le suis d'un et d'autre côté : L'envieux Momus est mon père, Et ma mère l'Oisiveté. Le vulgaire M'appelle Médisance. Je me plais peu chez les petits Bourgeois ; J'y fuis dégoûtante, grossière, Sans façons, sans esprit. Je n'y parais jamais sous ce nom effroyable, J'en choisis un plus agréable : J'en ai plusieurs que je prends tour à tour, Selon les gens que je fréquente. Avec cette démarche lente, Ces yeux baissés, ce sévère maintien, Cette parure innocente et modeste, Ce ton de voix éteint, et ce doucereux geste ; Je vais trouver des gens de bien. Écoutez, je vous prie. Sous un dehors d'austérité, Déguisant ma malignité, Tout sentira les traits de ma furie. La vérité. Sortant d'avec ces gens, vive, étourdie, aimable, Toute brillante et d'or et de rubis ; Je me ferai traîner dans un cercle agréable De Duchesses et de Marquis. Que de plaisirs, et que de ris Exciteront les charmantes saillies. Et les piquantes railleries, Que je ferai tomber sur mes meilleurs amis. Quel feu, quels traits ! Bons mots de toute espèce. Je contreferai tout, l'air, les tons, les habits Du Commandeur, de la Comtesse... Enjouement, gentillesse, Vivacité, délicatesse. De là dans un café, bureau des beaux-esprits, En pédant de robe ou d'épée, En petit collet, en poupée, Par des tons décisifs et d'effroyables cris, Incapable de rien (mais capable d'envie) Je vais fronder tous les nouveaux écrits : Jusques sur leurs auteurs étendant ma furie, Je me crois un docteur sans prix, Et je me fais nommer fine plaisanterie. C'est à midi qu'on y vient m'écouter. Que m'importe ? Mais, non : tel qui dit qu'il m'abhorre Dans le fond de son coeur m'adore ; Et tel me hait de bonne foi Qui pourtant se plaît à m'entendre. Pour tout ouïr, tout voir, et tout répandre, La Renommée a moins de voix que moi, Moins d'oreilles, moins d'yeux. Nulle chose innocente Que je ne tourne avec malignité ; Dans un besoin même j'invente. Partout mon esprit est fêté ; On rit dès qu'on me voit paraître ; Et l'on se croit heureux de me connaître. Il faut me voir dans un spectacle Avant que l'on commence ; ah, c'est-là que je plais ! On m'environne, on m'écoute en oracle : Je promène mes yeux distraits De loge en loge ; homme, femme, personne Ne peut échapper à mes traits. Les charmants contes que j'en fais ! Voyez cette beauté qui paraît simple et bonne, Dis-je à mes auditeurs, les bons tours que j'en sais ! Son sot d'époux dans ce coin l'espionne, Il prête aux jeunes gens à triples intérêts. Ce petit freluquet que vous voyez auprès, Est l'ennuyeux, ou l'amant de la belle ; Il danse, il chante, il joue un air de vielle, Voilà tout son petit savoir ; C'est un échappé de finance, Cependant il faut voir, Comme il fait le gros dos, et l'homme d'importance. Ce beau Marquis qui s'étale là-bas, Qui vient de s'annoncer avec tant de fracas, Est un fat : pour mérite il n'a que sa naissance, Il attend pour parler que sa pièce commence ; Plus haut que les acteurs, alors il parlera, De ses sottises il rira, Ou bien dans les foyers il ira voir la pièce, Et Dieu sait ce qu'il en dira, Et comme hardiment il en décidera, Chez la Présidente Lucrèce, Qui veut passer pour sa maîtresse ; Mais le public s'obstine par malheur ; À la croire femme d'honneur. Ah... ce blondin qui vient jusqu'aux bords du théâtre, En propre original est la fatuité ; De son air et de sa beauté, Il croit chaque femme idolâtre. Par pitié pour le sexe il vient se faire voir ; Vous ne le verrez point s'asseoir, Il est toujours debout, ou bien il se promène : Malgré les cris du spectateur, Il offusque, il arrête et l'actrice et l'acteur ; En traversant cent fois la scène Cet autre... Vous me chassez ? Malgré vous je reviens. Je fuis l'âme des entretiens, Et j'en fais toutes les délices. L'Hiver sans moi ne ferait que bailler ; Sa ressource toujours serait de quadriller : Le jeu n'est que pour ceux qui ne savent rien dire. L'Hiver m'épousera. Adieu, pour un instant, Comus, je me retire. Vous êtes intendant, seigneur et scrupuleux. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_LAVOLUPTE *date_1733 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lavolupte Que parlez-vous d'Hymen, Seigneur ? C'est me trahir. Voulez-vous déjà me haïr ? Le talisman du mariage, D'un Amant tendre, aimable, vif et doux, Fait souvent un mari moine, avare , jaloux ; D'un galant, un brutal ; d'un fidèle, un volage. Toujours d'une beauté charmante, douce et sage, Complaisante, attentive aux soins de son ménage, En un moment l'Hymen fait, par un mot, Une Guenon maussade, altière, impérieuse, Une furie et coquette et joueuse. Ce beau couple d'amants, qui toujours se cherchaient ; Que les plaisirs l'un à l'autre attachaient ; Sont-ils époux, incessamment se fuient ; Et quand le sort malin les rassemble, ils s'ennuient ; On les voit dormir ou bailler, Et la discorde peut seule les réveiller. Jurez pour le présent et non pour l'avenir, Et faites des serments que vous puissiez tenir. Souvent du premier coup un coeur se laisse prendre ; Il ne faut pour charmer qu'un regard languissant ; Tout engage, tout plaît dans un amour naissant ; On croit toujours aimer, on le jure de même, Et soi-même on se trompe en trompant ce qu'on aime. Ne vous y trompez pas... je suis la Volupté, Et fille de la Liberté, Mais non pas du libertinage. Mon enjouement et ma gaieté, Et mon aimable badinage Viennent de ma tranquillité, Oh non. mais le vrai Sage, Quand il touche au midi de l'âge, Trouve en moi sa félicité ; Je suis la fougueuse jeunesse, Ses foins impétueux et ses distractions ; Je hais et la folie et l'austère sagesse : J'ai des plaisirs et non des passions. Libre de soins, libre d'inquiétude, De craintes, de désirs, De remords et de repentirs, Dans une douce étude, Je trouve d'innocents plaisirs, Sans en être plus précieuse. Voilà la Volupté, Seigneur, telle qu'elle est, Si son caractère vous plaît... Je ne vous en veux point de mal, Tous ne savent pas me connaître. Adieu je vois quelqu'un paraître : Vous vivez au terrestre, et je cours à l'esprit. **** *creator_allainval *book_allainval_hiver *style_verse *genre_comedy *dist1_allainval_verse_comedy_hiver *dist2_allainval_verse_comedy *id_HECTORCRIQUET *date_1733 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hectorcriquet C'est sans doute ici le palais du Dieu de l'Hiver ? Et c'est au Dieu Comus que j'ai apparemment l'honneur de parler. Seigneur, j'ai appris que vous cherchiez un nombre de gens pour contribuer par leurs divers talents aux besoins et aux plaisirs de l'Hiver pendant son séjour en France. Avec votre permission, et sauf le meilleur avis de votre divinité, ne serait-il pas beaucoup plus avantageux, au lieu de multiplier les êtres à l'infini, de trouver un sujet qui rassemblât en lui tous les divers talents ? Je le connais, c'est une véritable encyclopédie ; Id est, l'abrégé de toutes les sciences. J'ai trop de modestie pour vous le nommer ; mais voici un petit placet où vous trouverez avec ses mérites détaillés, ses nom et demeure. Je reviendrai demain matin, savoir quel cas vous aurez fait de mon placet. Serviteur, Seigneur, serviteur. Comme vous êtes un Dieu, j'ai mis le placet en votre langage, je l'ai écrit en vers. Si vous me le permettez ; j'aurai l'honneur de vous déclamer mon Placet. À Monseigneur Comus, Dieu de la joie et de la bonne chère, Et du Dieu de l'Hiver Intendant ordinaire, Mais Intendant tout plein d'honneur. Monseigneur, humblement supplie ; Hector Criquet. Et vous remontre en ce Placet, Qu'il montre l'Éloquence et la Philosophie, Les Langues, le Blason, et la Géographie ; la Médecine, et les Lois, La Marine, l'Astrologie, La Guerre, la Magie, Et mille autres Arts à la fois. Ledit Hector Criquet demeure, Depuis plusieurs saisons, Auprès des petites Maisons, On l'y trouve à toute heure. Non pas, Seigneur, mais je les enseigne. À demain Seigneur, Serviteur. S'il vous plaisait, je vous chanterais mon placet, Car je l'ai mis en musique. En quelle musique voulez-vous que je le chante ? Musique Italienne, Française, anglaise, allemande, suisse, turque, chinoise ? Car je compose en routes ces musiques, sans les avoir apprises que par les Mathématiques : oh cela fait de beau chant !Parlez. Vous en êtes pour l'Italienne, je le vois ; c'est le grand goût : aussi, qu'est-ce que cette Musique Française ? Elle approche trop des paroles. La, là la... Quelle voix voulez-vous ? Car je les ai tontes, haut-dessus, bas-dessus, haute-contre, taille, concordant, discordant ; voix entière ; voix claire ; basse-taille, basse-contre : parlez, choisissez. La la la : je n'ai pas mis le titre du Placet en musique, si vous vouliez pourtant... Monseigneur humblement supplie, etc. J'abuse de vos bontés. À demain, Seigneur. Serviteur. Un Dieu sait toutes choses. Sauriez-vous jouer du violon ? C'est que je vous danserais mon placet, j'ai composé des pas dessus. Je vais vous en donner le plaisir moi seul. Un équipage, Seigneur ! Est-ce que ces talents sont récompensés dans ce pays ? On croit trop payer un génie, qui va par les maisons enseigner la philosophie et la Politique, quand on lui donne une demi-pistole pour trente leçons ; et l'on ne rougit point d'en donner dix à un danseur, à un chanteur pour douze quarts-d'heure ; cependant il est honteux à un honnête homme de trop bien savoir leurs Arts : bien danser n'est qu'un mérite de singe. Dites, la Bagatelle. Qu'un homme du premier mérite entre dans une compagnie du bel air, s'il ne débute pas par une révérence extravagante, dit-il d'ailleurs des choses plus galantes que Démosthène et Ciceron ; si, c'est un maussade, un pédant, un sot, un homme à jeter par les fenêtres : qu'il entre ensuite un étourdi, qui jette sa tête d'un côté, son corps de l'autre ; qui danse sur un pied, qui chante en même temps, qui voltige de fauteuil en fauteuil, il ne dira que des fadaises, et toute la compagnie s'écrira : ah le joli homme ! Qu'il est aimable ! Qu'il a d'esprit ! C'est un prodige. À demain, Seigneur, Serviteur, Serviteur.