**** *creator_anonyme *book_anonyme_bonnesgens *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_bonnesgens *dist2_anonyme_verse_comedy *id_GUILLAUME *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_guillaume C'est ici, l'an passé, que nous vîmes le Roi... Te rappelles-tu bien sa physionomie ? Tu dis bien vrai, ma bonne amie. Un Roi puissant, un Roi vainqueur Au souvenir échappe avec toute sa gloire ; Mais celui qui touche le coeur Ne sort jamais de la mémoire. Un carrosse doré, superbe, éblouissant, Des chevaux, dés Gardes, des Pages, (De l'élévation magnifiques images) Tout cela, dans, le fond, n'est pas attendrissant : Mais, de son char pompeux, un Prince qui descend Pour me donner la plus touchante marque Des bontés que son coeur répand, Voilà le Prince intéressant. Voilà celui que je remarque. Juges, après cela, si je l'aime à demi ; Aussi, peut-il le dire, en pensant à Guillaume : Dans ma Cour, ni dans mon Royaume, Je n'ai pas un meilleur ami. Mais vrai, la main sur la conscience, Les ducats ne sont là pour rien. Ne m'eût-il accordé qu'un bout de révérence; Je lui voudrais le même bien. Hélas ! Sans se mettre en dépense, Les grands sont aimés des petits ; Un geste, un mot, la plus légère avance En venant d'eux a tant de prix ! La fortune les éblouit ; Puis la tête s'égaye, et puis le coeur la suit. D'un bon vin de Hongrie une trop forte dose M'étourdit ; à tort, à travers, C'est étonnant comme je cause : Je crois à moi tout l'Univers. Ainsi les dignités, le pouvoir, la richesse, Sur les sens étonnés portent la même ivresse, Et de ces biens le charme agit, ou moins, ou plus, Suivant la force ou la faiblesse Du cerveau qui les a reçus. Mais pour en revenir à notre aimable Maître, Tel qu'il est né nous le voyons paraître ; C'est un brave homme, sans façon, Sans étiquette, et sans cérémonie ; Jusques en sa moindre action. Est empreinte la bonhomie. Hélas ! Non ; il n'est pas heureux ; De tous côtés, on s'avance, on s'empare Des postes, où jadis il résista le mieux ; Et malgré les efforts de son bras généreux, Les Russes aguerris par de longues défaites, Ardents à réparer les pertes qu'ils ont faites, Sont à la fin victorieux. Ces nouvelles hier me furent racontées. J'éloignais de ton coeur un douloureux moment. À trois milles d'ici campent les deux armées, Et, pour lui, du combat on craint l'événement La douleur te rend trop injuste ; À notre faible tête, à tous ces songes vains Penses-tu que le Ciel s'ajuste ? Eh ! Qui sommes-nous donc pour régler ses desseins ? Si la fortune à nos désirs contraire, Pour ce que nous aimons est quelquefois sévère, Le Ciel nous permet fort d'en avoir du chagrin ; Mais en nous soumettant à ses décrets suprêmes Nous devons nous dire à nous-mêmes, C'est un mal pour un plus grand bien. Un aveugle qu'il faut conduire, Et qui disputant des couleurs Croirait ses avis les meilleurs, Sans contredit te ferait rire. En effet, la plus sage loi, Est de se rendre compte à soi Du motif pour lequel on estime, ou l'on blâme : Eh bien, cet aveugle, ma femme, Ne serait pas plus fou que toi. Mais quel est ce guerrier ? Ah ! Grands Dieux ! C'est le Roi Ah ! Je vous reconnais, Seigneur, Je ne me trompe pas... Votre image sacrée Par la reconnaissance en mon coeur est gravée. Et ce sentiment-là ne produit point d'erreur. Pour vous servir, que peut tenter mon zèle ? Je n'ai ni fortune, ni rang ; Je ne puis vous offrir que ma hutte et mon sang ; Mon âme est d'une classe, où l'âme la plus belle, Faute d'occasions ne se distingue pas, Dont les riches, les grands, font assez peu de cas, N'attribuant qu'aux leurs une valeur réelle ; Mais j'ose vous jurer, que dans tous vos États, Il n'en est point de plus fidèle. À l'instant la nuit arrivée, Mon Prince nous vous sauverons, J'ai parmi les roseaux une barque cachée, Dans trois heures au plus nous nous en saisirons ; C'est sur elle pour fuir que mon espoir se fonde : Si votre salut en dépend, Heureux de posséder ce frêle bâtiment, Je le préférerais à tous les biens du monde. Oui, je l'avoue. Le désir de voir, par mes soins, Venir à bien votre aventure, De ma crainte était la mesure, Et l'on pourrait trembler à moins. Éloignons-nous, Seigneur ; différer davantage, C'est à d'autres périls nous voir encor livrés. **** *creator_anonyme *book_anonyme_bonnesgens *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_bonnesgens *dist2_anonyme_verse_comedy *id_ARLEQUIN *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arlequin C'est un vilain Monsieur, à mon gré, qu'un Héros : Dans le sang il se baigne, et puis s'en désaltère ; J'aime mieux un verre de bière, Et me laver dans les ruisseaux. Que le diable emporte la guerre ! J'ai la fesse écorchée et le croupion démis. Sur ce petit fumier, que l'on appelle terre, Ne vivra-t-on jamais sans avoir d'ennemis ? Écoutez ; quand je considère Que les Rois trouvent des soldats Bien poudrés, tirant bien leurs guêtres ; Qui, sans savoir les raisons de leurs Maîtres, Pour quelques sous par jour affrontent le trépas, Je suis touché, mais touché de manière Que je pleurerais trop, si je ne riais pas. Oui ; mais l'honneur est d'être sage. Du véritable honneur la raison est le gage ; Et nous couper jambes et bras, À la raison ce n'est pas rendre hommage. Ne serions-nous donc pas plus heureux mille fois, Si les hommes savaient un peu mieux se connaître ; Si, dédaignant de misérables droits, D'accord toujours ils voulaient être ? Du monde entier devenus citoyens, Ce seraient des amis que le plaisir rassemble ; Le Français et l'Anglais boiraient du punch ensemble, Et nous mériterions alors le nom d'humains, Dont nous avons tout au plus la figure. Mais quelle est cette créature ? Peut-être elle pourra nous faire boire un coup. Écoutez donc, Madame chose... Diable ! C'est un minois et de lys et de rose. Beaucoup. Nous avons parcouru forêt, montagne et plaine : Nous sommes tous diablement desséché. À propos, les chevaux ? Avez-vous du vin ? Et de la bière ? Enfin, telle qu'elle est, il faut qu'on nous la donne, Et que vous l'apportiez ici. La chose n'est pas proposable : En avons-nous le temps ? Vous savez bien que non. Écoutez-moi, ma bonne femme... Avant d'apporter là notre collation, Que je convoite dans mon âme, Il faut pourtant répondre à cette question. Avez-vous vu quelque mine allongée ; Depuis ce matin, je m'entends ? Annonçant un plaideur dont l'affaire est jugée, Et qui la perd avec dépens. Pour rendre la chose plus claire, Je ne sais, parbleu ! Comment faire; Un Roi ! Vous connaissez cela... Avez-vous rencontré quelque homme d'importance, Ayant, avec un Roi, des traits de ressemblance ? Un Roi ! C'est grand, c'est beau, c'est noble. Le voilà. Entre cent mille on ne peut s'y méprendre. Oh ! C'est assez, vraiment ; Allez-nous chercher la bouteille. J'en suis presque fâché ; car il est si bon homme. Un suffisait ; nous buvons dans le même : Nous sommes tous de braves gens, Qui nous aimons d'une tendresse extrême. Elle est bonne, sans compliments. Grand-merci ; c'est un vrai régal : Pour des hussards un repas de chanoines. Hors l'amour, qui chez tous est ardent et brutal, Voyez combien nous différons des moines ! Nous fatiguons beaucoup, et nous vivons fort mal. Allons, mes chers amis, remontons à cheval. Bonsoir, beaux yeux : bonsoir, gentille bouche, Dont la moindre douceur calmerait tous mes maux. Chè d'gioïa de partager la couche De ce petit bec amoureux ! Comme un sachet elle sent l'ambre. Je voulais vous payer, mais mon valet-de-chambre; (C'est bien le plus distrait coquin; Il mérite deux cents taloches;) Il oublie encor ce matin De mettre de l'or dans mes poches. Dans quelques jours, ou plutôt, ou plus tard, Nous vous paierons, foi de hussard : Vous n'y perdrez rien pour attendre... Chez notre banquier nous allons, tout courant; Nous aurons de l'argent comptant : Vous n'aurez qu'à, mon coeur, vous baisser pour en prendre.