**** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_MADAMELOURDIS *date_1780 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamelourdis Monsieur, je ne puis rien répondre à tout cela. Mais voilà mon mari ; expliquez-vous avec lui. Pourquoi donc porte-t-il l'uniforme ? Oh ! Mon ami, ce n'est rien en comparaison de la scène que Monsieur m'a jouée tout-à-l'heure dans le salon ! C'est cela qu'il fallait voir ! Qui ? Moi ! Faire la Mère ! Y pensez-vous donc ? Non, Monsieur, non, je ferai l'Amoureuse. Oui, mon cher époux, l'Amoureuse. Pourquoi donc pas ? À votre avis, suis-je laide, vieille, hideuse ? Croyez-vous qu'on manque de maintien ? Il n'y a pas de mais, Monsieur ; apprenez, qu'on n'en est pas encore à faire les rôles de Mère. Eh bien ! Mon cher ami, si cela vous fait plaisir, je veux bien vous faire ce sacrifice-là. Je jouerai la Mère : mais cela ne m'ira point du tout ; vous le verrez. Mon ami, nous commencerons quand vous voudrez. Laissez-moi faire... Que vois-je ! Un homme baiser la main d'Angélique ! Monsieur, que cherchez-vous ici ? L'amour ? Ce pauvre jeune homme... En vérité, me voilà toute émue. Allez, allez, petite fille, retirez-vous ; vous n'avez pas affaire ici... Et vous, mon enfant, dites-moi... Point du tout. Monsieur me parle d'amour, et il me semble qu'il ne faut pas de témoins pour gêner sa déclaration. Comment ! Ce n'est pas moi ? Ah ! C'est vrai. Je n'y pensais plus. Vous voyez bien, mon ami, ce rôle-là ne m'ira jamais. Hélas ! Mon cher époux, c'est que cela me rappelle nos amours, et je ne saurais jouer cela de sang-froid. Il est fort bien tourné. Un valet, ah Ciel ! Et ma fille ? Mais je compte bien vous la tenir aussi. **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_ANGELIQUE *date_1780 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_angelique Mais, mon père... Mais, Lisette, es-tu folle de vouloir que je me porte à une pareille extravagance ? Ah ! Lisette, cesse ce jeu cruel. Ciel ! Que vois-je ? « Ma chère Angélique, il est donc vrai qu'un rival odieux veut m'enlever ce que j'ai de plus cher au monde... Mais il n'est pas temps de nous répandre en plaintes inutiles, il faut agir. Je vous avertis donc de ne vous étonner de rien. Vous m'allez bientôt voir en présence même de vos parents, et nous chercherons ensemble devant eux les moyens de nous soustraire à leur tyrannie. Le plus tendre et le plus fidèle amant, VALÈRE.» Ah ! Ma chère Lisette, est-il possible ! Cette Comédie ! Valère... Ah ! Je n'ose... Non, Lisette, je me flatte mal à propos. Cette lettre n'est sans doute qu'une illusion. Ce Valère, ce nom si cher à mon cœur, n'est peut-être ici qu'un nom pris à plaisir... Et le véritable Valère, celui qui me cause tant d'alarmes... Ciel ! Ma mère, que je vous aurai d'obligation ! **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_LISETTE *date_1780 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lisette Mais écoute donc... Parle donc, original... Mais enfin, maudit bavard, me laisseras-tu parler avec tes complaintes éternelles ? Tais-toi donc, nigaud ! J'ai un plan bien meilleur. Il ne sera pas besoin de répandre de sang, ni de prendre la chose au tragique. Monsieur Lourdis, père d'Isabelle, veut effectivement la marier à un provincial qui vient d'arriver avec sa mère. Pour le divertissement de la noce, il veut faire représenter une comédie chez lui ; mais comme c'est un esprit baroque, il voudrait de l'extraordinaire, et il m'a chargé de lui chercher un poète et un musicien ; il ne connaît ni ton maître, ni toi. Il faut d'abord vous introduire, en cette qualité. Sans doute. Lorsqu'une fois vous serez dans la maison, nous trouverons les moyens d'agir de concert pour empêcher ce mariage. Ne crains rien, te dis-je ; nous réussirons. Songe donc que nos maîtres ont pour eux la jeunesse et l'amour. Pauvre sot ! Elle vaut toujours bien la bonté masculine... Mais revenons à nos affaires. D'abord le père, Monsieur Lourdis, est un bourgeois épais, qui s'est enrichi dans le commerce, et qui a la fureur d'avoir de l'esprit. Madame Lourdis, sa digne moitié, est une bavarde outrée, jouant le sentiment, et qui à cinquante ans croit n'en avoir que vingt. Sa mère le vaut bien. Tais-toi : voilà Monsieur Lourdis qui rêve à sa comédie. Je vais te présenter. Monsieur, que me donnerez-vous pour la bonne nouvelle que je vous apporte ? Voyez-vous bien cet homme-là, Monsieur ? C'est un homme universel, Monsieur ! C'est votre bonne étoile qui vous l'envoie. Oui, Monsieur, universel ! Musique, poésie, décorations, comédies.... Il s'entend à tout. Oui. Je lui en ai touché deux mots. Oui. Comme, je vous disais, il s'agit de duper le gendre. Eh ! Miséricorde ! Il va tout gâter. Oh ! C'est... c'est le poète du régiment. J'entends, Monsieur ; voilà qui me regarde. Bon, j'y vais. Pas encore ; je n'ai pu l'approcher, Madame Finot ne la quitte pas. Oui, oui, j'ai ce qu'il nous faut. Sois tranquille ; je réponds de tout. D'abord, Monsieur est on ne peut pas mieux dans le caractère. Une lettre ; doucement, Monsieur, vous allez sur mes brisées. Ceci est de l'emploi des confidentes. Asseyez-vous, Monsieur ; et nous, Mademoiselle, en scène, s'il vous plaît. Non, Mademoiselle, je connais vos chagrins et je veux les dissiper. Apprenez que votre amant va paraître, qu'il va mettre tout en œuvre pour vous arracher des mains de son rival, que je le seconde dans son projet ; et qu'enfin voilà une lettre de sa part. Mais, Mademoiselle, ce n'est point un jeu. Lisez vous-même et reconnaissez l'écriture. Lisez, Mademoiselle. Sans doute, Mademoiselle, la situation l'exige. Osez tout, Mademoiselle, osez tout. Assurément, Monsieur. Oh ! Vous prenez fort bien la chose. Et non, vraiment ; c'est votre fille. Souvenez-vous donc que vous êtes la Mère. Monsieur a quelque chose de très revenant. Une déclaration en musique ! Écoutons cela. C'est bien dommage : mais voyons toujours les paroles. Oui, ce sera piquant. Après, Monsieur. Il n'en pense pas moins !... Y en a-t-il encore ? À vos genoux ! C'est galant cela, Mademoiselle ! C'est bien naturel, bon sang ne peut mentir. Embrassez-vous. Allez, Madame, vous tenez bien l'un de l'autre. Mais, Monsieur, l'autre Amoureux, qui est caché et qui a tout entendu, doit être furieux de la préférence qu'on donne à son rival. Voici le notaire ; peut-il entrer ? Oh ! Il y en a encore une. Elle est mariée, Madame. Vous, Monsieur, vous êtes une des dupes en question. Consolez-vous, allez, Monsieur, où le rôle de l'Amant commence, celui de rival est fini. **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_MADAMEFINOT *date_1780 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamefinot Ce n'est pas parce que Finot est mon fils, mais je vous réponds qu'il jouera bien son rôle. Oui, très bien. Oui, je vois déjà que voilà un rival pour mon fils, tiens-toi bien, Finot. Oui, voilà une belle situation ! Allons, Finot, redresse-toi bien. Oh ! Mon fils n'est pas mal quand il veut. Viens, mon fils, viens Finot, il faut que je t'embrasse. Pardon, Monsieur ; c'est un premier mouvement, dont je n'ai pas été la maîtresse. Qu'est-ce que c'est donc, Monsieur ? Je ne veux pas que mon fils se batte, moi. Oh ! Scène tant qu'il vous plaira ; mais mon fils ne se battra pas. Comment donc, un fils unique ! À la bonne heure, sitôt que mon fils n'est pas obligé de se battre... Allons, allons, Finot ; point de dispute. Signerons-nous aussi. Oh ! Oui, je ne m'en cache pas. Mariée ! Et Monsieur ? Oh ! Tout est est bel et bon, mais il n'y a rôle qui arrête. Madame, vous m'avez donné votre parole, et je m'y tiens. À la bonne heure, j'y consens. **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_FINOTFILS *date_1780 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_finotfils Eh bien, beau-père, vous nous laissez tous seuls ? Monsieur, vous êtes bien bon... assurément... et je ne mérite pas... Beau-père, qu'est-ce que c'est que ces gens-là ? Comment donc, Monsieur, maussade ! Mais je ne comprends pas, moi... Oh, pour ça oui, ma mère. Comment, un amoureux, et moi donc... Oh ! Que oui, ma mère. Véritable ! Oh, quoique çà, je vois toujours ben que c'est un semblant, moi. Pas vrai, ma mère ? Mais moi, ma mère, quand est-ce donc que j'entrerai ? Ah ! Monsieur... Ah ! Madame... Ah ! Mademoiselle... Ah ! Ma mère... Ah ! Non, non. Ma mère, si je disais c'te chanson que j'ai faite exprès ? Ah ! Mais, Mademoiselle, je n'en sais pas encore la musique, il n'y a que les paroles de faites. Ma chère demoiselle, Si charmante et si belle, Vous enchantez le cœur De votre serviteur. Près de vous je soupire, Et je ne sais que dire ; Mais si j'y perds mes soins, Je n'en pense pas moins. Voilà le dernier... Si j'ai votre suffrage, Si l'hymen nous engage, Vous verrez votre époux Sans cesse à vos genoux. Eh bien ! Monsieur, au secours donc. Monsieur, puisque Mademoiselle vous plaît... Et que vous lui plaisez aussi... Et que cela plaît à Madame... Je serais fâché de lui déplaire... C'est pourquoi... Je vous la cède, Monsieur. Oui, Monsieur. Moi, oh que nenni, j'ai bien vu que c'était un détour. Son époux ! Et moi donc ? Oui-da, oh bien, Monsieur, vous m'avez dupé à la répétition ; mais ne comptez pas sur moi pour la Pièce, vous la jouerez tout seul, pas vrai, ma mère ? À condition qu'il n'y aura pas de Comédie pour la noce toujours. **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_VALERE *date_1780 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_valere Ah ! Monsieur, prenez pitié d'un amoureux passionné qui n'a plus d'espérance qu'en vous. Je viens vous découvrir le secret de mon cœur, et j'attends de vous... Moi, poète ! Mais, à quoi bon ?... Comment, jouée ?... Mais, explique-moi donc... Monsieur, permettez-vous que j'aie l'honneur de vous assurer de l'intérêt... Non, Madame ; mais... Ah ? Comme cela, Madame, les situations seront bien plus naturelles. Mademoiselle votre fille jouera l'Amoureuse, Monsieur le prétendu jouera le Rival, et moi l'Amant ; vous avez la Soubrette, et Monsieur fera le Valet. Il est cependant nécessaire de l'avertir, de peur que sa surprise ne nous trahisse... Voilà tout ce qu'il faut pour écrire. Je vais lui faire une lettre, pour la prévenir sur notre projet. Comment, tu renvoies Lisette ? Et ma lettre pour Angélique, par qui la lui faire tenir à présent ? Un instant, Monsieur, j'ai fait des réflexions sur notre petit impromptu, et comme vous me paraissez avoir une excellente tête, je ne vous dis rien sur votre rôle ; mais j'ai cru nécessaire d'en donner une petite idée à Mademoiselle votre fille, qui doit être plus neuve que vous. Pour lui faciliter son rôle, nous la prenons dans la situation actuelle de son esprit. Elle a un fond de chagrin, dites-vous ? Eh bien, Monsieur, nous supposons que cette tristesse que vous lui voyez, vient de la perte d'un amant qu'elle regrette. Nous supposons donc qu'elle est triste de la perte d'un amant qu'elle regrette, et de la nécessité où elle se trouve de prendre un époux qu'elle n'aime pas. Suivons l'idée, Monsieur ; voici une lettre que vous ferez remettre à Mademoiselle votre fille, comme de la part de cet amant supposé, de... Valère, par exemple ; elle sera d'abord surprise, comme bien vous pensez. Alors, j'arriverai, moi, faisant le personnage de ce Valère, et... après... le reste ira de suite. Les voilà qui viennent, préparez tout cela. Nous allons nous retirer un instant pour ménager la surprise, et nous ne paraîtrons que lorsqu'il en sera temps. Il est à vos pieds, chère Angélique ! Il vous adore. Hélas ! Madame, je ne vous cache point que c'est l'amour qui m'a conduit. Oui, l'amour le plus tendre a pénétré mon cœur. Ah ! Madame, daignez nous être favorable. Ciel ! Qu'ai-je entendu ? Madame, je compte sur vos bontés que j'implore. Et toi, qui viens pour m'enlever l'objet de mon amour, commence auparavant par m'arracher le cœur. Eh bien ! Monsieur, je vous laisse le choix, ou de renoncer tout-à-l'heure à Mademoiselle, ou de me disputer son cœur l'épée à la main. En ce cas, Lisette, avertissez le notaire ; et vous, Monsieur, vous me présenterez au père de Mademoiselle, comme un de vos amis qui signe pour témoin. Mettez Monsieur, Capitaine au Régiment de... Vous voyez bien, c'est naturel comme cela. Mais vous ne devez pas l'entendre, vous, parce qu'il est censé qu'on vous trompe... **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_FRONTIN *date_1780 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_frontin Mon pauvre maître ! Ah ! Quel malheur ! Il en mourra ! Je lui avais tant dit de fois : Monsieur, défiez vous ! N'allez pas devenir amoureux ! Ne faites pas une folie comme celle-là ! Jetez-vous plutôt dans la rivière la tête la première. Eh, mon enfant ! Vois-tu ; c'est d'amitié que je lui disais tout cela. Ce pauvre cher homme, il n'en a tenu compte. Il a voulu aimer... Grand bien lui fasse. Le voilà pas mal à présent. Te laisser parler ! Eh ! Que pourrais-tu me dire ? Nous savons tout. Ta maîtresse en épouse un autre que mon maître... Monsieur Finot, son prétendu, est arrivé. Mais ne crois pas que nous soyons gens à céder ainsi la place ? Nous allons paraître ici, mon maître et moi, sommer Isabelle et toi de vous rendre à discrétion ; et sur le refus que vous en ferez, nous assiégerons le Père et la Mère, nous mettrons le Provincial à feu et à sang, et nous emporterons d'assaut la Fille et la Soubrette. Voilà notre plan d'attaque ; arrangez-vous pour la défense. Comment donc ? En poète, et en musicien ! Des militaires ! Hem ? J'ai bien peur que nous n'en soyons que les témoins. Et la malice féminine ! Comptes-tu donc cela pour rien ? Bon ! Le provincial est un sot, cela va sans dire. Et sa mère ?... À merveille ! Moi, j'ai de l'esprit, tu es adroite, nos maîtres ont de l'amour ; les provinciaux doivent baisser pavillon ; il n'y a pas là de réplique. Oui : mais j'ai peur, que pendant ce temps-là mon maître ne s'impatiente. Il est si vif ! Il pourrait venir faire ici quelque scène qui dérangerait tout. Monsieur, je suis... Abrège donc le cérémonial ? Sous votre bon plaisir, Monsieur. Autant l'un que l'autre. Oh mais, Monsieur, j'ai un maître qui est bien autre chose... Oui. Un homme dont je suis l'élève ! Un virtuose de la première force ! Oh, diable ; c'est celui-là qui vous surprendra... Très bien, Monsieur. Oh ! Je vous en réponds. Oui, j'entends votre idée... Une plaisanterie ?... Oui, oui, Monsieur, je comprends. Oh bien ! On le dupera, Monsieur, on le dupera. Ah ! Morbleu ! Voilà mon maître ; il a déjà parlé à la femme. Laisse-moi faire. Paix. Taisez-vous. Ah, ah, ah ! Monsieur, vous n'êtes pas au fait. Taisez-vous, vous dis-je. Monsieur que voilà... C'est une idée plaisante que j'ai eu. Ne dites mot. C'est mon maître, celui dont je suis l'élève, ce virtuose, dont je vous parlais tout-à-l'heure ; de plus, il est poète, et joue la comédie à merveille. Oui. Oui, Monsieur, poète ; et des plus poètes qui se fassent encore. Oui, c'est celui qui chante les batailles, les victoires ! Oh ! C'est un grand homme, allez ! Chut ! J'ai cru qu'il nous serait fort utile pour la comédie que vous voulez représenter ; et comme il joue les amoureux à ravir, il a voulu tout en entrant vous donner à l'impromptu une petite idée de son talent. Écoutez, Monsieur, et vous, Madame, ce que j'ai pensé sur votre comédie... Il ne faut pas aller chercher des acteurs plus loin. Nous jouerons nous-même. Monsieur et moi, nous donnerons le canevas d'une pièce, et chacun remplira son rôle à l'impromptu. C'est plus chaud. Par exemple, Monsieur, je suis persuadé que vous vous acquitterez très bien du vôtre. Ah ! C'est donc Monsieur qui est le prétendu ? En ce cas-là, honneur à M. le Gendre. Monsieur, faites compliment à Monsieur. Eh bien, Monsieur, le plan sera, comme à l'ordinaire, une intrigue amoureuse. Une jeune fille aura un amant qui sera, comme cela se pratique, traversé par un rival laid et maussade, comme c'est encore l'usage. Tenez, supposons que ce soit Monsieur qui fasse le rôle. Eh bien ! Après ce rival laid et maussade, comme Monsieur, disons-nous, sera protégé par les parents ; mais l'Amoureux aura pour lui le cœur de la Demoiselle et la Suivante de la maison, fille qui doit être fort adroite. Bon. Pour les aider, nous mettrons encore dans leurs intérêts un certain Valet fourbe de profession... Moi, Monsieur ; à votre service. Et ils chercheront ensemble les moyens de duper le Rival, le Père et la Mère, et de couronner leur amour par un bon mariage, comme c'est aussi la conclusion de toutes les pièces. Maintenant procédons à la distribution des rôles. Toi ; vas prévenir ta maîtresse. Vous, Monsieur, vous avez de la chaleur et du raisonnement, vous nous jouerez fort bien le Père. Est-il vrai ? Vous, Madame, vous ferez la Mère. Oui, Madame, vous avez de la dignité, cela vous ira fort bien. Mais, avec votre permission, Madame, cela ne se peut pas. Oh ! Non. Effectivement, Madame, il faut vous prêter aux circonstances. Écoutez, Monsieur, vous n'avez qu'à prévenir tout votre monde. En attendant que vos spectateurs soient arrivés, envoyez-nous Mademoiselle votre fille, nous allons faire une répétition avec elle, pour prendre l'intelligence des caractères. Eh bien ! Lisette, as-tu prévenu ta maîtresse ? C'est bien pensé... Nous, songeons à notre dénouement ; c'est l'essentiel. Écoute, Lisette, connaîtrais-tu un notaire aguerri ? Tant mieux ; que le contrat soit bien en règle, entends-tu ? Qu'il se tienne prêt au moindre signal. Vole, et reviens. Par qui ?... Ma foi, voilà le père qui revient ; il n'y pas à balancer. Il faut qu'il fasse lui-même la commission, sans s'en douter. Oui, oui, Monsieur, avec les jeunes filles on peut supposer cela ; d'ailleurs, voyez-vous c'est situation de roman. Comprenez-vous à présent ? Oh ! Je vous en réponds. C'est le premier homme du monde pour une intrigue amoureuse, et surtout pour un dénouement ; il est expéditif. Oh ! Pour cela, je vous en réponds, allez. Paix donc, Monsieur ; ne troublez pas l'enthousiasme. Continuez, Mademoiselle, et parlez hardiment. Vous devez être au fait à présent. Eh, sans doute ; il n'y a que cela pour bien jouer. Ici, Madame ! Il faut que vous surpreniez les Amants... Vous, Monsieur, pour rendre la scène plus piquante, baisez bien tendrement la main à Mademoiselle. Fort bien... Allez Madame, jouez l'étonnement. Eh ! Monsieur, vous n'avez pas encore affaire là. Pardon, Madame ; mais il me semble que vous oubliez la situation. Oui, Madame, Monsieur parle d'amour, mais ce n'est pas vous que cela regarde. Oui-dà. Aussi bien il est temps de mettre en jeu Monsieur Finot. Un instant, Monsieur, filons la scène. Au bruit que vous faites avant d'entrer nous redoublons nos instances auprès de Madame qui s'attendrit et nous promet son appui contre vous. Alors on nous fait cacher dans le cabinet. Cela donnera matière à d'autres incidents. Prenez garde, Monsieur, Madame n'est pas de la Pièce. Quand il y aura une musique analogue... De grâce, Madame, n'interrompez donc pas ? Allons, allons au fait. Monsieur, parlez un peu du contrat. Fort bien, Monsieur ; voilà une sortie sort bien ménagée. Eh, parbleu ! Rien de plus simple. C'est un Officier, il faut qu'il se conduise en militaire ; est-il vrai ? Qu'il vienne proposer un cartel à l'autre et qu'il le fasse déguerpir. Qu'en pensez-vous ? C'est fait exprès. Allons, Monsieur, sortez du cabinet en fureur ; vous, Lisette, allez chercher celui qui doit faire le Notaire. Oui, oui, soyez tranquille ; tout est prévu. Eh ! Madame, vous interrompez au plus bel endroit ; laissez donc faire. Eh ! Non, Madame, il ne faut pas qu'il se batte non plus, au contraire. Il faut que Monsieur soutienne son caractère, qu'il ait peur, qu'il tremble, et que pour sauver sa vie il cède sa maîtresse à Monsieur. Non, Madame. Vous voyez que Monsieur a bien mieux saisi l'intention du rôle. Tenez, regardez-le. Un instant. Vous, Monsieur, préparez l'entrée du notaire. Eh ! Messieurs, finissons d'abord notre affaire ; nous aurons le temps de jaser après. Infiniment. Oui, vous y êtes. La peste ! N'y manquez pas. C'est un jeu de théâtre nécessaire. C'est-il fait, Monsieur ? C'est bien, Monsieur, la Pièce est finie. Non, Les Dupes. Vous me faites trop d'honneur, Monsieur, je ne suis plus qu'un valet. C'est l'époux de Mademoiselle. Pardon, Monsieur, mais rappelez-vous l'intention ; vous m'avez payé pour duper, j'ai voulu bien gagner votre argent. Comment, Madame, vous avez si bien joué votre rôle avec tant d'âme et de sentiment !... Et vous Monsieur, vous aviez si bien saisi le caractère du vôtre, voudriez-vous vous démentir au dénouement... Monsieur le Notaire, parlez donc un peu pour nous, les dénouements vous regardent. Et pour que la fête soit complète, Monsieur, admirez notre prévoyance, nous avons encore fait préparer un petit Ballet, dont nous allons vous donner le divertissement. Vous n'attendrez pas longtemps, entrez, Messieurs. **** *creator_archambault *book_archambault_comediealimpromptu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_comediealimpromptu *dist2_archambault_prose_comedy *id_BONNEFOI *date_1780 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_bonnefoi Pour vous servir, Monsieur ; voici le contrat que vous m'avez fait demander. Son rôle ! Que voulez-vous dire ? Comment ? Si j'en joue ? Monsieur, il n'y a plus que les noms et qualités du futur. Capitaine... Mais on m'avait dit... Comme vous voudrez : Capitaine au Régiment de... À vous à signer, Madame. Le véritable contrat ! Comment, une Comédie ! Je le crois. Ma foi, mon cher Monsieur, je ne sais si vous avez cru jouer une Comédie, ni quel rôle vous avez dû y remplir ; mais vous savez du moins que le Notaire est réel, et je puis vous assurer que le dénouement est véritable. Effectivement, Monsieur, les choses font bien avancées maintenant. Le contrat est signé, l'on ne peut plus s'en dédire... Mais je connais Monsieur, et je puis vous assurer que c'est un très bon parti pour Mademoiselle.