**** *creator_archambault *book_archambault_janotdegraisseur *style_prose *genre_proverbe *dist1_archambault_prose_proverbe_janotdegraisseur *dist2_archambault_prose_proverbe *id_JANOT *date_1779 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_janot Comment que c'est que vous dites donc ça, Mam'selle ? Est-ce que vous n'voyez-t-i' pas ben que c'est moi. C'est pourtant ben la même avec quoi que je suis venu pour une veste, l'autre jour qui f'sait nuit, que vous étiez toute seule, où ce qu'i' n'y avait tout plein de... de cambouis dessus. Tout juste : pas vrai que vous y êtes à présent ? Ah ! Jarni ! L'pus pressé c'est moi, qu'i' faut que j' rende celle-là ce soir, qu' c'est sa veste des dimanches, à Dodinet, qu'i' m'a prêtée. Ah ! Mam'selle, je vous remercierai ben, allez. Et si vous avez queuque fois, qu'est-ce qui sait ? Queuque maille d'échappée, vous n'avez qu'à venir à moi. Oh ! Pas par moi-même : mais c'est que j'ai une cousine, sous vot' respect, au coin de la rue là, contre c'te fontaine, qu'est ravaudeuse. Ça fait que, pour ce qui est d'une maille, voyez-vous, ou ben d'un point d'aiguille, ça n' m'embarrasse pas. Pas vrai, Mam'selle ? Eh ben ! Ne vous en faites pas de faute, allez, d'aiguilles, y en aura toujours cheux nous à votre service, d'acier, ce qu'y aura de plus fin encore ! Oh ! Sujet comme ça : je suis assez prope dessus moi, mais ça vient queuque fois d'une fenêtre où ce qu'on passe, et puis on attrape ça ; vous sentez ben... Ça dépend d'un gare l'eau ! D' pus ou d' moins. Oh ! Cambouis, si vous voulez : c'est ben en façon de cambouis, sinon que... Oh ! Le bourgeois aura ben reconnu tout de suite ce que c'était. C'est bon, Mam'selle. Moi, je vais faire un tour chez Dodinet, pour voir si i' m'a trouvé une condition comme i' m'a promis, dans queuque boutique. Et pis je repasserai pour ma veste dans une heure, où ce que, si c'est prêt, vous savez ben ce que je vous ai dit pour vos mailles... Ne vous inquiétez pas, allez... Et pis vous verrez... Sans adieu, Mam'selle. Monsieur, c'est-i' vous même que j'ai l'honneur de parler qu'êtes le dégraisseur ? Moi ! Oh ! Je viens exprès pour queuque chose peut-être. Bon ! De queue part ? Et pardi ! De la mienne. Est-ce qu'on ne vous a pas parlé de ça, c'te demoiselle, avec son savon de tantôt que j'y ai donné l'autre soir ma veste ? Eh ! Sûrement, où ce qu'il y a teu un petit accident dont ce que je viens la rechercher. Eh ben ! Est-ce qu'on vous l'a pas dit ? C'est des taches, comme j'ai expliqué à vot' fille... de cambouis. Quiens, regarde donc comme il fait là le malin, comme s'il n'avait pas ben vu par lui-même ce que c'était. Pardine! Le gros sorcier ! C'est ben difficile. Vilaine ! Oh ! Mais i' ne faut pas la mépriser da, parce que c'était un présent qu'i' m'avait apporté au jour de l'an, mon parrain, pour mes étrennes, de quatre lieues, dans un pot de chambre, où ce qu'il était venu tout exprès. Oh ! Oui, pour ça, par exempe, on peut ben dire que je n'avais pas été manqué, pas vrai, de ce coup-là ? Eh ! Pardi ! Oui, c'est moi-même. Fallait-il pas la garder comme ça ? Quiens, de la honte pour faire enlever une tache ? Queu chien de conte ! Quand on voudra se faire tacher, faudra-t-i' pas vous venir demander avec quoi ? Malpropre toi-même. Voyez donc un peu comme il est difficile, et c'est ça qui te fait vivre, les malpropres. Et je veux me tacher avec ça, moi, là. Chacun a son goût p't-êt'. Vous n'êtes pas dégraisseur pour rien, au bout du compte. Promener ! Oui, je viens exprès la chercher pour y aller, ma veste, à la promenade : est-elle prête ? Ah ! Çà, queu que ça veut donc dire c'te façon-là avec quoi que vous me parlez ? C'est-i' que vous vous en moquez, dites donc un peu, Monsieur, de moi ou de ma veste ? Comment ! Si all' court ? Mais, jarni ! Je crois ben qu'all' ne doit pas courir, entendez-vous ben ça, qu'avec mes pieds, ou bien c'est que... Je vous la ferai payer, moi, la course qu'elle fera. Oui-da, moi. Oh ! C'est que je ne suis pas si bête, non, à présent, depis que je fréquente Dodinet, comme j'étais les autres fois. Oui-da ! C'est pas de ton métier ça : mais pisque tu le prends par là, j'allons voir ça. Commence toujours par me rendre ma veste, ou sinon... Qu'est-ce que je ferai ? Tu le verras. Ah ! Sainte Béthanie ! Tu l'as jetée par la fenête ! Une veste de Saint-Germain, que mon parrain m'avait donnée au bout de six mois, de son onque, qui ne l'avait portée que deux ans, qu'alle était toute flambante neuve. Dans queuque ruisseau ! Ah ! Jarni ! Ça me tourne tout mon sang... Mais ne crais pas que j'en serai la dupe, non. Je te rendrai celle-là, quand tu me rendras la mienne. C'est toi qui me voles, moi je reprends mon bien. Sans doute ! C'est moi. Allez-vous pas fourrer vot' nez là aussi, vous ? Quiens, m'ame Propet ! Passez donc un peu sous une fenêt' pour voir, et pis que tout d'un coup un queuq'zun sans rien dire sus vote robe, comme à moi, pan, vous auriez le nez ; cassé après... J'emporte ça toujours. Le commissaire ! Ah ! Jarni ! Je me sauve. Monsieur, c'est un coquin qui ne veut pas me rendre ma veste. Oh ! Non pas, Monsieur, je sais trop ben ce qu'en vaut l'aune des plaintes, à présent. Oui, et ma veste aussi, Monsieur. Moi, Monsieur ? Ça n'est pas vrai. Ah ! Monsieur, vous êtes ben bon de me reconnaître ! C'est que, sous vot' respect, vous savez ben le conseil d'un écu que vous m'avez donné l'aut' fois, de six francs, pour c't' aventure que vous m'avez dit, va te nettoyer ? Oui, Monsieur. Que c'est Dodinet qui me l'a indiqué ; à présent i' me dit qu'on l'a jetée dans le ruisseau, sa femme ! I' n'y a pas besoin de mettre les i sur les points, Monsieur le commissaire sait ben. Et par vengeance contre ma veste, il dit à présent qu'il l'a jetée dans la rue. Monsieur se ressouviendra ben que ce n'est pas moi qui ai entamé la plainte c'te fois-ci. Ah ! Ce n'est pas la peine qu'il me promette. Je le tienrlrai bien quitte, pourvu qu'i' me donne... Ah ben ! Comme ça, je s'rons bientôt d'accord. Je n'ai pas pus de fiel, moi, au sujet de ma veste, qu'un pigeon, pourvu que j'en aye une meyeure, c'est tout d' même. Et moi, Monsieur le commissaire, drès que j'en aurai d'autres à faire, des plaintes, je vous promets ben que je n'irai pas à d'autres qu'à vous. Oh ! Mais ne brutalise pas, da : car il n'est pas encore loin : je te ferais donner une redingote pour les intérêts, moi. Oui, sûrement, Madame, c'est ben moi, et ben à vot' service encore. Ah ! Monsieur, c'est une marque de vot' part. Moi ! Madame ! Mais je suis-t-i' cause moi, si ça se rencontre avec mon histoire de l'aut' jour ? Vous sentez ben, Monsieur l'abbé ? Ah ! Monsieur l'abbé, que le Ciel vous le rende. Ah ! Ma chère dame ? Est-ce-t-i' possible que tout ça !... Comment ! La robe de c'te belle dame !... Je n'en reviens pas, moi... mais pour Mam'selle Suzon... je n'ai pas de rancune, puisque ça m'a valu tout ça de la sottise qu'elle m'a faite. Mais elle n'en tâtera que d'une dent, toujours. De quoi que ça pourrait être, Madame ? Ah ! Jarni ! Pas si bête que de manquer ça, moi. Madame, je vous prends au mot. Ah ! Mordine ! M'est avis que je rêve. Ce que c'est que de nous, pourtant. Au moment qu'on s'y attend le moins... et comme ça m'est venu encore !... Des coups, l'histoire de la fenêtre... mis à la porte... et pis v'là des présents... des conditions... des comtesses !... Ça prouve bien qu'on a raison de dire : À QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON. **** *creator_archambault *book_archambault_janotdegraisseur *style_prose *genre_proverbe *dist1_archambault_prose_proverbe_janotdegraisseur *dist2_archambault_prose_proverbe *id_SIMON *date_1779 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_simon Mais ce n'est-i' pas un sort donc ça ! De l'argent ? Non, mais en place on m'a dit des sottises. Je te dis que ça m' passe, moi : faut qu'i' gn'y ait queuque chose là-dessous que je ne conçois pas. Vois-tu c't habit que je rapporte ? Sens-le. Eh bien ? Ah ! Sarpédié ! Mais, dis-moi donc un peu, toi, d'où diable est-ce que ça vient-i' ? Bah ! Du musc ! Sûrement non, ni de l'ambe non pus, va ; et pis ce monsieur dit que c' goût-là n'était pas dans son habit avant. Queu que tu me chantes dans mes drogues ? Quiens, depis le temps que je travaille, tu vas m'apprendre... Y a queuque chose là-dedans qui n'est pas naturel, je te dis... Qu'est-ce qu'est venu ici pendant que j'étais dehors ? Oh ! Ben ben ! Je l'i savonnerons, avec une petite lessive, i' n'y paraîtra pas après. Aussi pourquoi va-t-il se fourrer là ? On dit que gn'y a rien de si tachant que ces coulisses ! Bah ! Est-ce qu'elle est déjà tachée ? Ah ! Dame ! V'là le danger qu'i' y a à être sur sa bouche : c'est pas la première qui s'y est attrapée, va. Eh ! Dis donc ? La besogne que je t'avais laissée est-elle faite ? M'as-tu dégraissé le dos de c't avocat ? M'as-tu savonné le côté gauche de ce faraud qui fait toujours chapeau sous le bras ? C'est une bonne pratique que celui-là ! N'est-ce pas déjà sa cinquième lessive ? Ma foi, c'est son affaire... À propos, l'habit de ce procureur, il fallait ben le soigner celui-là : tu sais qu'il est difficile comme tout à servir. Allons, mets-moi tout ça à part, pour quand on le viendra chercher que ça soit prêt : je vais travailler là-dedans. Ah ! Bonjour, camarade. Qu'est-ce qui s'en va là ? Bon, bon, camarade, faut passer par là-dessus : pour un peu d'odeur, un soldat n'est pas si délicat. Mais, au bout du compte, je ne suis pas responsable de tout ça, moi ; y a longtemps que je travaille. Je connais mes drogues, je fais l'ouvrage moi-même. Ainsi arrangez-vous, ceux qui ne sont pas contents n'ont qu'à se plaindre. Mais d'où ça peut-i' donc provenir ? Faut que je dérangions la boutique pour voir un peu ce qui occasionne ça. Perrette, tu n'aurais pas idée de queuq' chose, toi ? Une veste ! Et où que c'est que tu l'as fourrée ? Voyons, donne. Ah ! Sarpedié ! V'là le pot aux roses. Comment, misérab', t'es assez idiote pour me mettre une vilainie comme ça à travers mes habits, que v'là tout qu'est empoisonné à c't' heure-ci ? Ah ! La malheureuse ! Quiens ! Ôte-toi de devant moi, car je t'étranglerais, vois-tu ! Gn'y a pas à dire non, je sommes dans not' tort : j'avons gâté les habits de tout ce monde. Ôte-la d'ici, ta maudite veste et que le diabe la puisse emporter. Et toi, coquine, tu me le payeras : voyez un peu s'il est possible d'être aussi étourdie que ça. Tiens, tais-toi, crois-moi... Va faire ton paquet et apporte-moi tes comptes ; c'est ton pus court. Va-t'en l'y régler ça, Mme Simon... Je ne m'étonne pus à présent. Quiens ! Qu'est-ce qui vient encore ? Oui : quoique vous me voulez ? Mais encore, de queue part ? Ah ! Ah ! Un petit instant. Quoi que vous me dites donc là ? Vous venez pour eune veste ? Dites-moi donc un peu, pays, quoi qu'il gn'y avait donc sus vot' veste ? De cambouis !... Ne vous trompez-vous pas ? Ah ! Je commence à me douter de queuque chose. C'est c'te vilaine veste que... Mais je dis, c'est c'te veste qui sentait si fort ? Ah ! Je nous y v'là donc. Comment ! Vilain indigne que vous êtes, c'est donc vous qui apportez des vestes comme ça pour dégraisser ? Comment ! Vous n'avez pas de honte ? Une tache ! Ne tache ! On ne se tache pas avec ces choses-là. Eh ! Ventrebleu ! I' gn'y a que des cochons et des malpropres qui s'arrangent comme ça. Malpropre tant qu'on voudra, mais encore on ne se tache pas avec de certaines choses que... Eh ben ! Tache-toi avec le diab' si tu veux ; va te promener. Ta veste ? Oh ! Ma foi, elle est peut-être bien loin à l'heure qu'il est. Je te dis qu'elle est loin, ta veste, si elle court toujours. Toi ! Oh ! Çà, écoute-moi : je n'ai pas dégraissé ta veste, mais si tu ne t'en vas bientôt, je te vas dégraisser les épaules, entends-tu bien ça ? Qu'est-ce que tu feras ? Eh ben ! Voyons donc. Ma femme l'a jetée par la fenêtre, ta veste, et le diable l'a emportée depuis. Va, va, console-toi : alle se nettoyera dans queuque ruisseau. Ah ! Coquin, tu me voles ! Quiens, femme, v'là l'homme à la veste. Arrête-le : ferme la porte, ma femme. Oui, oui, Monsieur. Tais-toi, femme, laisse-moi parler. V'là la vérité de tout, Monsieur : mes drogues sont bonnes, mais tout ça est venu par un équiproquo, que c'est ce petit drôle-là qu'en est cause. Écoutez-moi, Monsieur, v'là justement l'affaire. C'te maudite veste était toute... Ah ! Ventrebleu ! V'là eune belle journée que j'avons fait là. Queux ressources y a-t-i' donc à ça ? Eh ben ! Puisqu'il le faut. Eh ben ! J'ai là-dedans un petit habit tout neuf d'un faraud qui m'emporte encore de l'argent. Venez-vous-en l'essayer. Si i' vous va, je vous le donnerai : je ne peux pas mieux dire. Oh ! J'y prendrons garde, allez : ça me vaut une bonne leçon. Allons ! Marche là-dedans. La, vous v'là ben comme ça ! Hélas ! Madame, je n' savons comment réparer ça. Je sommes un malheureux, vous êtes ben la maîtresse de faire vendre ma boutique, et encore ça ne nous acquittera pas... V'là c'ti-là qu'est cause de ça, tenez, et je viens encore de l'i rendre un habit en place de sa veste qui a empoisonné tous vos effets. Ah ! Madame, queue générosité ! Ah ! Monsieur l'abbé ! Eh ben ! Suis-la donc, imbécile. **** *creator_archambault *book_archambault_janotdegraisseur *style_prose *genre_proverbe *dist1_archambault_prose_proverbe_janotdegraisseur *dist2_archambault_prose_proverbe *id_MADAMESIMON *date_1779 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamesimon Eh ben donc, lambine ! Arrives-tu avec ce savon ? Allons, va-t'en ben vite là-dedans me savonner c'te robe qu'est à tremper depis l' matin... Moi, je vas finir de nettoyer le manteau de l'abbé, qu'on doit venir chercher tantôt. Ah ben ! Oui, pressé ! Qu'il attende, qu'il attende, quittez donc tout ben vite. Pardi, pardi, chacun son tour. Allons, allons, allons, fais ce qu'on te dit, et donne-moi ce manteau. Je l'ai promis pour ce matin. I' n'y a pus qu'à le repasser ; chauffe-moi le fer. C'est bon, va savonner. Queu diable de goût que ça sent donc, ce manteau ? Ça porte à la tête. Ces ferluquets d'abbés, ça a toujours un tas d'odeurs dans leurs poches. Ça approche des femmes, ça va aux toilettes. C'est queuqu' essence. La chaleur fait sortir ça. C'est fort comme tout. Qu'est-ce que t'as donc à gronder, Monsieur Simon ? Est-ce qu'on ne t'a pas donné d'argent ? Des sottises ! Et pourquoi donc ça ? Eh bien ! Après ? Ah ! C'est singulier... Quiens, vois-tu ce manteau ? Flaire. C'est la même chose. Je n'y comprends rien : ça ne serait pas du musc, queuquefois, échauffé ? C'est peut-être aussi dans les drogues que t'emploies. Faudrait y prendre garde, au moins. Il est venu d'abord c'te petite couturière qui a apporté son déshabillé d'indienne qu'all' s'est roulée dans l'herbe avec, au Pré-Saint-Gervais : il est tout taché. Y a encore là l'habit d'un milord qui était à parler d'affaires avec une danseuse sur le théâtre : il y a tombé un lampion dessus. La petite voisine de là devant a aussi apporté sa robe de noce. All' a été au bal avec, à ce qu'all' dit, on l'y a fait prendre des confitures, des glaces... Si ben qu'elle a tout poissé sa garniture. Oui, on l'i a reporté ce matin. Y a beau temps. J'ai décrassé aussi le frac de ce Gascon. Oui, ma foi. S'il le rapporte encore, j'ai ben peur qu'il ne reste tout entier dans la chaudière. Ah ! C'est que ces messieurs-là, vois-tu, se connaissent en dégraissage. Ah ! La v'là, Mam'selle ; j'allais vous la reporter. Oui : voulez-vous lui parler ? Eh ben ! I' va venir. Qu'est-ce qu'i' vous faut ? Après, voyons ? Mais où ce que tout ça nous menera enfin ! Allons, voyons donc. Qu'est-ce que c'est que ça ? Pardine ! C'est... Ah ! Je me doute de ce que c'est. Pardine ! C'est assez naturel. Ah ! Nous voilà perdus. Ma foi, mademoiselle, je n'en sais rien. Mais, ma chère demoiselle, comment voulez-vous donc que je fasse ? Ah ! Y a ben autre chose, va. C'est Mademoiselle Courtois, pour la robé de c'te comtesse, qu'est gâtée, et pis v'là monsieur qui n'est pas content non pus. Au secours !... À la garde ! Allez ben vite, Perrette ; allez chercher la garde, le commissaire. Voyons donc un peu pour que je voie à voir ça. Ah ! Quiens ! Not' homme, c'est p't-êt' ça ? Mais, grosse bête que vous êtes, est-ce que vous ne sentiez rien donc, quand vous avez pris c'te veste ? C'est c'te chienne de veste qu'est cause de tout ça, tenez. Eh ben ! Queu train que c'est donc là ! Quoi, c'est vous qui... Oh ben ! Vous ne risquez rien... Comment c'est vous qui vous accommodez comme çà ! Ah ! Monsieur le commissaire, ce sont de mauvaises langues... Eh ben ! Monsieur, c'te chienne de veste s'est trouvée fourrée parmi les hardes qui étiont là, et elle a tout équipé, que les pratiques s'en plaignent à présent. Monsieur le commissaire, je ne demandons pas mieux que de nous exécuter ; mais c'est ben malheureux pour nous, toujours. Pour vous obéir, Madame. Hélas ! Madame, c'est un grand malheur où ce que n'y a pas de not' faute, que v'la déjà ben d' l'argent que je perdons par rapport à ça, et que je sommes ruinés, si vous n'avez pas pitié de nous. C'est par la faute d'une malheureuse fille de boutique qui a mêlé des effets où que ça s'est corrompu l'un par l'autre. Hélas ! Monsieur l'abbé, votre manteau... Perdu ? Oh ! Non, Monsieur : sinon que vous y trouverez un peu d'odeur. Le v'là, Monsieur. Dame ! Mon cher Monsieur, je vous dis que c'est un sort qu'on nous a jeté. Ah ! Ma chère dame, ne vous fâchez pas contre moi. La tête m'en tourne, du chagrin que j'en ai. Monsieur l'Abbé, intercédez pour nous, je vous en supplions. Je ne sommes pas à notre aise. Mon mari et moi, je ne faisons que de nous établir. J'avons déjà un enfant en nourrice et pis un autre qui s'avance. Ah ! Not' homme, viens-t'en m'aider à fléchir c'te bonne dame : quiens, c'est à elle la robe. Ah ! Monsieur l'abbé, je vous en prions... Ma chère dame, c'est lui... **** *creator_archambault *book_archambault_janotdegraisseur *style_prose *genre_proverbe *dist1_archambault_prose_proverbe_janotdegraisseur *dist2_archambault_prose_proverbe *id_LACOMTESSE *date_1779 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lacomtesse Est-ce vous qui êtes Madame Simon ? Que veut dire ma femme de chambre, d'une robe qu'elle a apportée ici et que vous avez gâtée ? Ah ! L'abbé, voilà un hélas de mauvais augure, et je crois que la fatalité n'aura pas épargné votre manteau. Vous êtes une femme bien maladroite, Madame Simon : c'est une mauvaise plaisanterie que vous nous faites là. Comment ! Mais je crois que c'est Janot. Mais voyez donc, l'Abbé, comme il est bien dans cet habillement-là ! Ah ! L'aventure est trop drôle, j'en ris malgré moi. Rassure-toi, Janot : levez-vous, bonne femme, et ne parlons plus de cela ; mais une autre fois faites un peu plus d'attention. Monsieur, les bons exemples doivent être suivis, et je vous imite. Écoute, Janot, si tu veux faire la paix avec Mademoiselle Suzon, donne-lui ma robe, je t'en fais présent. Eh bien ! Écoute, Janot, puisque tu renonces à Mademoiselle Suzon, j'ai une autre proposition à te faire. Tu viens de faire ma conquête avec cet habit-là. J'ai cédé mon jockey à une de mes amies, et si tu veux rester avec moi en cette qualité, tu n'as qu'à monter derrière mon carrosse, tes gages courront dès ce moment. Venez avec moi, l'abbé ; je vais vous reconduire. **** *creator_archambault *book_archambault_janotdegraisseur *style_prose *genre_proverbe *dist1_archambault_prose_proverbe_janotdegraisseur *dist2_archambault_prose_proverbe *id_MADEMOISELLECOURTOIS *date_1779 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoisellecourtois Votre servante, Madame Simon, je viens chercher la robe de Madame. Je le veux bien, Monsieur, et je vous remercie. Il est divertissant : mouchons-nous pour voir. Eh bien ! Que faut-il faire à présent ? Laissez donc : cela sent mauvais. Éloignez-vous donc, ça se communique... On dirait que ma robe sent de même. Mais effectivement ; je ne sais si je me trompe. Voyez donc vous-même. Madame Simon, qu'est-ce que cela veut donc dire ? Ah ! Bon Dieu ! Voilà une robe abîmée ! Je ne la reprendrai pas comme cela, Madame Simon. Tout ce que vous voudrez, mais je ne l'emporterai pas : je vais avertir ma maîtresse, elle la prendra si cela lui convient. **** *creator_archambault *book_archambault_janotdegraisseur *style_prose *genre_proverbe *dist1_archambault_prose_proverbe_janotdegraisseur *dist2_archambault_prose_proverbe *id_PERRETTE *date_1779 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_perrette Oh ! Ma fine, ça s'peut bien que ça soit vous, mais je n'avons pas un brin de souvenance de vot' figure. Ah ! Je nous rappelons un tantinet, où ce que j'avions idée mêmement que c'était de... Oui, oui. Oh ben ! Mais je l'avons fourrée là avec les autres. L'bourgeois est sorti ; mais quand i' rentrera, i' commencera par les pus pressés et la vôtre passera à son tour. Eh ben ! I' ne faut pas encore crier. P't-êt' qu'elle sera faite aujourd'hui. Acoutez, je v'nons justement d'acheter du savon : quand l'bourgeois viendra, j' l'i recommandrons qu'i' s' mette après tout de suite. Vous êtes ben honnête : est-ce que vous savez les reprendre ? Tredame ! Quand on a comme ça des talents dans une famille, c'est bien agréable. Ça n'est pas de refus : aussi quand vous aurez queuque tache, si vous y êtes sujet, je vous demanderons la préférence. Comment ! D'un gare l'eau ! Et vous disiez que c'était du cambouis. Pardine ! Sûrement. Ces gens-là sont au fait. Ah ! Çà, mais ne m'amusez pas plus longtemps ; not' maîtresse attend après le savon ; j'allons l'i recommander votre veste. Le v'là, madame. Madame, il y a aussi une veste d'un pauvre diable qu'est bien pressé. En v'là un sus l' réchaud. J'y vas madame. Je parlerons au bourgeois quand i' rentrera. Eh ben ! Eh ben ! Quoi qu'y a donc ? Ah ! Ma fine non... À moins que ca ne soit queuquefois d'une veste qu'on a apportée l'aut' soir, que j'avons oublié de vous en parler. Par là, dans c'tas d'hardes qu'était dans le coin. Dame, Monsieur, j'avais cru ben faire. Pardon, excuse, Madame : je sentons assez d'habitude, mais j'équions enchifernée ce soir-là. Dame ! Monsieur, le soir comme ça...