**** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_THALIE *date_1773 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_thalie Et vous du mien, Momus, que pensez-vous ? Vous en Médecin Non, de cette plaisanterie, D'honneur je ne vois pas le fin1. Eh ! non. Je l'en ai corrigé. Comme le vôtre, assurément. Voudrez-vous bien me dire à quoi ? Mon cher Momus, en prenant de l'humeur, Vous gâtez votre caractère ; Oui, vous devenez raisonneur : Mon amitié ne peut le taire ; Et cependant à l'instant nous disions Moi, vous et notre ami Molière, Que, lorsque de la sorte on se met en colère, On fait croire qu'on a de mauvaises raisons. D'accord. Mais vous me faites rire Avec de semblables propos ; Et depuis quand le Dieu de la Satire Parle-t-il morale et grands mots ? Vous voilà bien. L'inconséquence Est toujours de votre côté ; Car enfin nous sommes en France, C'est le pays de la gaîté, Et je ne vois pas, quand j'y pense, Le mot pour rire à cette gravité. Cent ans ! c'est une bagatelle. Vous m'effrayez... Est-ce qu'on ne rit plus ? Je n'imagine rien ; car je suis très certaine Que du Public jamais il ne fut plus fêté, Ni par mes Acteurs mieux traité. N'est-elle pas toujours un droit pour le génie ? En seriez-vous jaloux ? Comment donc ? Vous croyez donc la charlatanerie Une chose bien rare ? Expliquez-moi donc, je vous prie, Comment par cet habit vous croyez tout de bon Faire accourir des gens de toutes les espèces. Tout le monde en est regorgé. Et ce mot, c'est ? Oh ! Je ne doute plus que tout ne réussisse.  Un autre, ce sera par curiosité. Vous oubliez la nouveauté : Dans le pays de la frivolité, Ce motif seul vaut tous les autres. Les avez-vous déjà vos imprimés ? N'oubliez pas surtout le Pont-Neuf, les Cafés, Ni les portes des Promenades. Comme les Médecins vont en être étonnés ! Il est railleur ce Dieu Momus, Et quelque légère nuance Aura suffi sans doute à ses yeux prévenus, Pour m'annoncer qu'on ne rit plus Dans mon charmant pays de France. Non, non : j'en crois peu ses discours. Ah ! si mes chers Français, que j'aimerai toujours, De leurs tristes voisins avoient pris la manie, Je dois voler à leur secours ; Et c'est un trait bien digne de Thalie Que de les rappeler à l'aimable folie, Qui fut pour eux l'époque des beaux jours. J'entends du bruit ; tâchons de nous contraindre ; Ce voile-ci va cacher mes efforts : Si je vois que l'on m'aime, alors Il ne sera plus temps de feindre. Eh ! te voilà, mon cher ami Sosie ? Toujours ta brusque répartie... Et quand cela serait ? Ce n'est rien, va. Je ne dis pas cela ; mais de ce déplaisir, Dont tu dois tirer peu de gloire, Faut-il toujours t'entretenir ? Le voilà bien, le cher Sosie ; Toujours gai, toujours mon ami. Mais en ce cas quel serait ton souci ? J'entends ; les moeurs... Si tu me connaissais !... Pour revenir à mon histoire, Je suis veuve. Tu ne me voudras jamais croire, Si je te dis que c'est depuis cent ans. Tu crois donc que je fais un conte ? À chaque mot, si tu me cherches noise, Je ne finirai pas. L'époux Que m'enleva le fort jaloux Dans le brillant de sa noble carrière... Il s'appelait. Molière. Rien que de vrai. Oui. Tiens, vois. Soit. Trois. Pleurer ! Fi, quelle extravagance ! Toi qui dis que ton seul désir Est de m'accompagner sans cesse. Suis-je encore ton ennemie ? Va, de les désespérer tous, Momus et moi, nous savons la manière. Parle. Eh bien ! C'était un hymen arrangé. Je t'entends. Tu diras que mon contrat en forme Fut par Apollon rédigé. Et l'on s'aime. Melpomène est au quatrième. Le voici. Premièrement que ma venue ici Pour tout autre soit un mystère. Jupiter, lassé de s'ennuyer, Avec Momus, qui me sert d'Ecuyer, M'a commandé de venir sur la terre, Et de lui rapporter au séjour du Tonnerre, Quelques travers nouveaux qui puissent l'égayer. Que m'importe ? J'ai de bons yeux. Songe ensuite qu'il faut que je passe pour Nièce De Momus : nous venons ensemble exprès céans, Pour tâcher de saisir un nouveau caractère. Comment ? Pour qu'ils se montrent sans contrainte, D'un habit de Docteur Momus s'est revêtu. Se douteront-ils de la feinte ? Là, dis-le-moi, qu'en penses-tu ? Çà, tu peux nous servir. Aux gens qui nous viendront en faisant les honneurs. Tu railles, ils sont morts. De ton zèle empressé je connais tout le prix ; Compte sur ma reconnaissance. Tant de bon sens dans un Valet ! On a frappé ; va voir qui c'est. Nous en allons avoir de toutes les espèces. Et je jouerais d'un malheur peu commun, Si dans la quantité je n'en attrapais un. Oh ! Ma foi, vive les adresses ! Eh bien ? Et son nom ? Il n'a pas changé de métier : À la plus nouvelle folie Un étourdi court toujours le premier. Ils sont bien obscurcis par ma douleur extrême. Vous savez donc, Monsieur, le sujet de mes pleurs ? Que m'importe un valet, à moi ? Il était donc bien grand, ce mérite ? Ainsi de ma douleur il aurait su la cause ? De l'art d'imaginer donnez une autre preuve. Je suis veuve. Monsieur, encore un coup je suis veuve, vous dis-je. Vous vous doutez assez que depuis ce trépas, Et faite comme on est, ayant quelques appas...  Un Joueur et puis un Glorieux Fixèrent, j'en conviens, et mon coeur et mes yeux : Mais d'un dernier, surtout, mon âme est enivrée. Il est connu. De l'Empirée. J'en eus d'autres encor ; j'aime à le publier. Qui ? vous, Monsieur ? Quoi ! votre étourderie... Sortez d'ici, Monsieur. Mon Oncle, qui paraît, va me faire raison De votre extravagance et de votre furie. Ah ! Mon Oncle ! Avant de s'épouser, il faut bien se connaître. Tant pis. Soyez sûr qu'en ce cas C'est plutôt un bonheur de ne vous avoir pas. Vous n'avez pas tout vu. Demandez à Sosie : Comme il en est très fidèle témoin, Mieux que personne il pourra vous le dire. Moi je me retire Pour vous le laisser recevoir. Vous me pressez en vain : ce n'est qu'aux yeux de tous Que je peux donner à connaître Les sentiments qu'en moi votre ardeur a fait naître : Encore je crains... Oui, je crains qu'un transport jaloux Dans ce moment ne fasse disparaître L'amitié qui règne entre vous ; Car vous êtes amis... Avant de m'expliquer, jurez à mes genoux, Que l'un de vous, sans haine et sans envie, Dans cet instant, par force abandonné, Verra son rival fortuné Triompher avec modestie. Quoi ! N'acceptez-vous pas ce que je vous propose ? Partager sa bouche et son coeur Entre les vertus et les vices Me paraît un excès d'horreur, Dont vous avez trop de complices. Au moins Monsieur... Au moins, Monsieur, d'une feinte inutile Ne s'est pas imposé la Loi ; Et le poison que sa plume distille Est un crime de bonne foi. Tout beau, Messieurs ; vous manquez de respect : Sous ces traits connaissez Thalie. Vous le deviez... Rendez grâce aux bienfaits Que répandit sur vous un immortel génie, En vous peignant de ces grands traits Que les fureurs du Temps, ni celles de l'Envie Ne pourront effacer jamais. Le voilà. Soyez assurés que Thalie Goûte une douceur infinie À voir en ce beau jour tous les coeurs réunis. Je commence une galerie, Où les vrais Enfants du génie, Après cent ans, rivaux, mais généraux amis, De l'immortalité partageront le prix. Déjà ces piédestaux attendent... Eh ! ne suffit-il pas, pour fêter un bon Père, De lui présenter ses Enfants ? **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_MOMUS *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_momus De mon déguisement, que dites-vous, Thalie ? Qu'on dira que nous sommes fous, De voyager ainsi de compagnie. Vous en Nuit ! Que voulez-vous ? Chacun a sa méthode ; Moi, pour tromper le genre humain, Je crois que cet habit sera toujours de mode. Vous n'avez corrigé personne, C'est un avis que je vous donne ; Et si quelque chose est changé, Ce n'est pas l'humaine folie ; Mais vous, par exemple, Thalie ; Est-ce un habit de goût que ce déguisement ? Avec tout cela, je parie Qu'on vous devinera plus aisément que moi. Non, non, il ne faut pas nous moquer l'un de l'autre. Sur la diversité des goûts, Des Dieux et des auteurs, tant de sots sont jaloux Que, si l'on rit du mien, on sifflera le vôtre. Contre des Dieux tels que nous sommes La meilleure épigramme a tort, Et les ridicules des hommes Sont les seuls de votre ressort. Depuis que je suis en voyage. Ici-bas, à ce qu'on m'a dit, Pour les bien connaître, il est sage De se monter au ton des gens chez qui l'on vit. Depuis que vous l'avez quitté. Oui pour vous, pour une Immortelle ; Mais aux Français, ainsi qu'à la beauté, Dix ans font quelquefois une perte cruelle. De vous répondre là-dessus De grâce épargnez-moi la peine ; Ainsi que moi, vous voilà sur la scène. Voyez ; et supprimons des détails superflus. Songeons d'abord qu'il faut faire un mystère De notre venue en ces lieux ; Que Jupiter, pressé du désir curieux De savoir si toujours Molière Plaît ici-bas comme il charme les Dieux, Nous envoie exprès sur la scène, Au jour précis des cent ans révolus : Qu'imaginez-vous là-dessus ? Moi, je soupçonne, en vérité, Que Jupiter va faire la folie De l'agréger à l'immortalité. Oui, si parmi les Dieux, Nous connaissions les humaines misères ; Mais enfin nous venons chercher des caractères, Et, pour vous aider de mon mieux, Je crois que cet habit sera bien à la chose. Je serais surpris Si par le choix heureux de ma métamorphose Nous n'attirions pas tout Paris. Non. Outre l'habit, je fais répandre des adresses. J'en conviens : mais point corrigé. Les miennes sont d'ailleurs si subtilement faites, Que je veux en trois jours tourner toutes les têtes. Écoutez. Consultations, Blanc éternel, vrais cosmétiques, Essences, préparations ; Secrets inconnus, alchimiques : Et pour mieux appeler les Grands et les Petits, J'ai mis un mot divin. Gratis. On ne me prendra pas, je crois, cet artifice. L'un y viendra par avarice. Oui, tout Paris sera des nôtres. Oui ; dedans sont bien exprimés Cent secrets différents, des cures incurables De noms qualifiés, de gens bien introuvables. Je vous en garantis tous les sots bien coiffés Tant je connais à fond cet art des embuscades. Ils auront tous un pied de nez ; Je ne tuerai pas mes malades. N'ai-je pas entendu des cris ? On se marierait peu. Chansons ! Je m'en moque. Je ris de vos raisons ; Quoi que vous disiez, peu m'importe. Toi, que vas-tu chercher à cette porte ? Vit-on jamais pareille étourderie ? Son nom. Fais entrer. Oui. Je ris de ta poltronnerie. Fais-le toujours venir. Arrivé d'aujourd'hui... Parlez, Monsieur. Je te connais. Où tend ce discours ? Je sais ce qu'il convient d'en croire : Mais pensez-vous qu'on puisse avoir l'âme assez noire ?... Sans doute. Le Cafard ! Peut-être, est trop modeste. Fort bien ; mais je craindrais qu'on ne dît qu'une flamme En secret... Ce n'en est que l'écorce. Jusqu'à quand verra-t-on l'homme simple et les sots Trompés indignement par l'abus des grands mots ? Tartuffe. Pourquoi donc y venir ? Molière a corrigé... Non, Madame ; Il n'a fait que passer. Chez une femme. Oh ! moi je ne crains rien. Oh ! Elle a souvent raison. Mais s'il ne vient jamais que des gens de Molière, À Jupiter qui veut un nouveau caractère, Que dire ? Il convient d'abord de savoir quel est le genre de votre maladie ? Non... À moins que ce ne soit la goutte. Le poumon ? L'estomac ? M'y voilà. Le coeur ? Donnez-nous donc vous-même l'exemple de l'économie. S'il ne faisait pas aussi cher mourir, je vous conseillerais, moi... Vous prendrez... De quoi ? De mes drogues ? Je n'en donne point. Des conseils. Eh ! Tenez, voilà Monsieur Trissotin qui vous en dira des nouvelles. Où ? Qui ? moi ? Point du tout. Seriez-vous, par hasard, un de ces gens sans titres, Qu'on a vu depuis peu s'ériger en arbitres Du goût et des talents qu'ils ne peuvent avoir ? Contre cette manie, et folle et singulière, Que vous êtes heureux qu'on n'ait plus de Molière ! Il vous corrigerait bien vite à vos dépens. Oh ! Oh ! Je sais trop le respect... Monsieur. À peu de chose près. Monsieur... Comment, avec si peu d'esprit, Ce petit homme a-t-il une telle arrogance ? Quoi donc ? Quand nous cherchons un nerveux caractère, Nous ne verrons ici que des gens de Molière ? Dois-je écouter un fat ? Et quelle est cette heure-là ? Et vous n'imaginez point de cause étrangère à laquelle vous puissiez attribuer le retour de cette migraine. Madame, vous êtes bienheureuse d'avoir auprès de vous un observateur comme Monsieur, et quand on connaît aussi bien les symptômes d'une maladie, il est aisé de la guérir. Qui donc ? Qui donc ? Et la migraine ? Vous paierez encore ces frais-là, au moins. Oh ! Oh ! Eh ! C'est Monsieur Jourdain, en robe de chambre ! En cet équipage, venez-vous du bal ? Et vous n'avez garde de ne pas vous y trouver ? Vous paraissez pourtant vous porter à merveille. Je ne peux pas vous dissimuler que cet embonpoint a l'air un peu bourgeois. Peste ! Vous devez avoir un tempérament de fer. Cette pauvre Madame Jourdain ! Et de quoi ? Et prêt à vous remarier ? C'est une Dame de qualité avec son mari. Et très dignes de l'être. Les voilà bien payés chacun en leurs espèces. Bravo ! L'ami Jourdain ! C'est parler tout au mieux ; Je ne répondrais pas qu'un jour au rang des Dieux Avec éclat on ne vous vit paraître. Vous en êtes le maître : Il ne faut seulement... Vous l'entendez : contre le caractère Mes remèdes sont sans crédit ; Et, comme la Déesse a dit, Chacun de vous l'a reçu de son père : Il faut s'en plaindre à celui qui vous fit. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_SOSIE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_sosie Qui ? moi, votre ami ! quelque sot ! De cette amitié-là ne croyez pas un mot ; Et ça pour raison, je vous prie. N'êtes-vous pas la Nuit ? Certains coups de bâton dont vous fûtes la cause... Peut-être il me faudrait Vous dire encor grand merci de la chose. De me louer de vous, oui, sans doute, j'ai lieu. Que ne me dites-vous aussi, comme Mercure, Que les coups de bâton d'un Dieu Font honneur à qui les endure ? Je tâche en vain d'en perdre la mémoire, Et ce n'est pas faute de boire Que j'en garde le souvenir. Quand vous me cajolez ainsi, Je le vois, vous avez envie Que je vous serve en tout ceci. Je gage de nouveau, pour tromper un mari, Que quelqu'ordre secret ici-bas vous ramène. C'est que depuis le temps qu'on vous vit sur la scène, Tout est bien changé là-dessus ; Les maris ne se fâchent plus, Et les femmes ont moins de peine. Vous m'étonnez. Je pensais que de ces affaires Vous ne vous embarrassiez guères, Et que vos soins étaient toujours bornés À présider tout bas aux amoureux mystères. Ah ! Voici le roman, Femme de qui la vertu cloche En a toujours un dans la poche Pour accrocher ou duper un amant. Depuis longtemps ? Va pour cent ans, je vous les passe ; Mais aussi faites-moi la grâce De ne pas vous apercevoir Si je m'endors sans vous dire bon soir. Et quand cela serait, je ne m'en plaindrais pas. D'un conte, s'il est gai, je fais assez de cas ; Et je vous avouerai sans honte, Que j'aime encore à rire quelquefois, Quoique le rire soit bourgeois ; Il faut se mesurer justement à sa toise. Continuez. Après ? Eh ! bien, comment ? Quoi ! Molière ? Que dites-vous ? Vous êtes donc Thalie ? Levez ce voile. À cette mine réjouie, Qui ne reconnaîtrait ?... Permettez que Sosie Dans son transport, vous embrasse une fois. Eh ! Ma lanterne. Deux ? Oh ! comme c'est touchant, une reconnaissance ! Me voilà prêt à pleurer de plaisir. J'aurais grand tort, je le confesse, D'aller pleurnicher près de vous. Non, des symboles de tristesse Ne doivent point gâter des passe-temps si doux. Comblé de vos faveurs, ô divine Thalie, Je n'ai plus d'ennemis ; mais j'aurai des jaloux. Bon. Cette bonté singulière Voudrait-elle lever un scrupule que j'ai ? Sur cet hymen de vous et de Molière. Si par hasard j'étais interrogé... Où ? Quand ? Comment ? Un curieux s'informe... Là-haut, l'on s'épouse ? C'est la moitié plus qu'à Paris. Passe encor pour des favoris. Mais je n'en reviens pas, quand vous dites vous-même Que les Muses ont des maris. Bon. Me voilà bien éclairci ; Et je n'ai plus d'autre souci Que d'être occupé de vous plaire. A présent de ce qu'il faut faire, Instruisez-moi donc. Soit. Vous pourriez avoir de la peine. On a bien appauvri la scène. Aussi bons que jolis. Tant mieux. Peste ! où prend mon esprit toute sa gentillesse. C'est prendre assez mal votre temps Et ce ne sera pas une petite affaire. C'est qu'il paraît que la plupart des gens Ont donné dans le goût fantasque, De n'avoir, pour eux tous, qu'un masque ; Et qui les reconnaît a des yeux bien perçants. S'il faut parler avec franchise, Moi j'imagine qu'un projet Fondé sur l'humaine sottise Manque rarement son effet. Eh ! de quelle manière Puis-je mériter vos faveurs ? Et s'il se présentait des sujets de Molière ? Eux, morts ? Oh, par ma foi, Ils se portent tous mieux que moi, Et je crois qu'ils feront douze fois ma carrière. Vous avez bien raison de chérir les Petits ; Et des Petits la bienveillance Vaut, en plus d'une occasion, Cette vaine protection Dont un Grand fait la récompense, Et du Sot qui le sert avec affection Et du vil flatteur qui l'encense. C'est un beau cavalier. C'est Monsieur Lélie. Eh ! doit-on jurer de telle sorte, Monsieur ? Là, là, calmez l'ardeur qui vous transporte. Non. Ah ! Ah ! Ah ! Au secours, au secours, voisins, je vous en prie. De mille coups tu me meurtris, Et tu ne veux pas que je crie ? Madame, tenez bon. Voir s'il prend le chemin des petites maisons. Si vous avez sujet de rire, Je ne dois pas avoir le même soin. Monsieur, à cette porte un homme Qui n'a pas voulu qu'on le nomme, Dit en secret avoir affaire à vous. Il est vêtu de noir et parle d'un ton doux. Je vous ai dit qu'il ne veut pas le dire. Et vous consentez à le voir Tête-à-tête ? Mais c'est une folie. D'accord, je suis poltron ; on en vit plus longtemps. Vous autres Dieux, vous êtes gais, contents ; Vous ne mourez jamais de votre vie ; Mais aux pauvres humains il ne faut rien qu'un coup. Vous hasardez beaucoup. Qu'en dites-vous, Seigneur ? Parle-t-il avec force ? Voilà l'homme de bien. Avez-vous su son nom ? De Molière ? À sa tournure singulière, Je l'aurais pris, ma foi, pour un homme de bien : Sur la mine jamais je ne croirai plus rien. Mais vous en voulez donc beaucoup à ce pauvre homme ? C'est pire qu'un Démon Cette dame Pernelle. Que les gens de bon sens sont d'avis Qu'on ne doit point changer, quand on craint d'être pis. Vous verrez que ce sera la tête. Il les irait vendre. Monsieur, Monsieur, ne vous moquez pas tant ; il y a bien des gens qui les vendent. Ni moi non plus. Vous l'avez deviné ? Ce n'est pas voir trop mal, Et vous ne lui ressemblez guère. Mais revenons au bruit dont Monsieur nous parlait. Monsieur Alceste. Monsieur. Enfin. On l'y verra. Je vous l'avais bien dit. Tous les discours sont des sottises, Venant d'un homme sans éclat : Ce seraient paroles exquises, Si c'était un Grand qui parlât. Voilà encore des femmes : je voudrais, pour beaucoup, qu'elles fussent aussi de Molière. Quand nous serons à dix, nous ferons une croix. Pourquoi vous en moquer ? Est-ce que Monsieur n'en a pas bien la mine, oui ? Aussi elle le déteste. Pour vous guérir de vos faiblesses, Cet avis-là vous paraît-il suspect ? Votre Marquise si jolie, Convenez-en, Monsieur Jourdain, N'avait pas ce regard malin, Ni cette mine réjouie. Peste de l'étourdi ! Monsieur, d'un tour de main, Par votre présence importune, Vous faites perdre au bon Monsieur Jourdain La plus éclatante fortune. Acteurs, Souffleur, Ballets, Messieurs, accourez tous ; Qu'après cent ans complets, ce vif et pur hommage À tous les yeux retrace au moins l'image Des transports de nos coeurs à le revoir chez nous. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_LELIE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lelie Ah ! Que le ciel m'oblige, en offrant à ma vue Les célestes attraits dont vous êtes pourvue. Madame, un Charlatan qui me fait accourir, Du mal que font vos yeux sait-il aussi guérir ? Oh ! Qu'il le sache ou non, qu'il garde sa recette. Que mon bonheur est grand ! Que ma joie est complète ! Et pouvais-je espérer de trouver en ces lieux, Au lieu d'un ignorant, cette grâce et ces yeux ? Je vous consolerai, puisqu'enfin je vous aime, Et que me voilà prêt à finir vos malheurs. Et qu'en est-il besoin ! pour l'imaginative, Croyez que je ne cède à personne qui vive : Si j'avais un valet que je regrette encore, Mascarille ; il valait, ma foi, son pesant d'or. Quand je le cite, C'est qu'il convient toujours d'honorer le mérite. Au besoin, D'imaginer pour moi je lui laissais le soin. Mieux que vous : et tenez, quand tout seul je suppose Votre coeur en secret par l'amour lutiné, Avouez franchement, n'ai-je pas deviné ? Pourquoi donc, s'il vous plaît, Madame ? Bon ! pour mieux me cacher le sujet de vos pleurs, Faut-il vous aviser du moindre des malheurs ? Tant mieux : votre douleur en tient plus du prodige. J'entends. Pour adoucir les horreurs du veuvage, Vous n'avez pas voulu déroger à l'usage Des amants. Et c'est ?... Son nom ? N'importe : me voilà pour les faire oublier. Oui, moi : moi, vous dis-je, Madame. Vous n'imaginez pas tout l'excès de ma flamme ; Et mon coeur est capable, en son transport jaloux, De vous aimer toujours, fussé-je votre époux. Oui, je jure... Ce maraud-là me tient des propos bien hardis. Sais-tu que, si j'étais un de ces étourdis Capables de manquer à ce qu'on doit aux Belles, Un bâton sur ton dos m'en dirait des nouvelles Bon ! vous n'avez pas l'air de ces étourdis-là. Je n'en ai pas l'air. Tu vas voir. Comment ! bourreau, tu fais des cris ! Madame, pardonnez. Il y va de ma vie. Cruelle ! À vos genoux... Il saura pardonner un peu d'étourderie À ce coeur pour vos yeux si fortement épris. Ah ! Monsieur, cette charmante nièce Peut vous dire l'ardeur qui pour elle me presse ; Et je dois ajouter qu'il nous serait bien doux D'obtenir votre aveu pour devenir époux. Dès qu'on m'a vu paraître, Je suis connu. Oh ! puisque vous osez en venir aux injures, Je conterai partout toutes vos aventures ; Je connais un Poète, il vous chansonnera. Vous... Eh bien ! on le saura. Et je vous couvrirai si bien de ridicule, Que vous ne vendrez pas une seule pilule, Pas un petit paquet. Craignez tous le Docteur ; Il n'est pas Médecin, ce n'est qu'un imposteur : Je le sais par la voix commune. J'en suis désespéré, d'honneur ; Car je n'ai pas cette basse manie De nuire avec gaîté de coeur, Et j'ai fait une étourderie. Où le chercher ? **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_TARTUFFE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_tartuffe Que le Ciel à jamais par sa toute bonté Et de l'âme et du corps vous donne la santé. Monsieur ; le bien de vous que partout on publie... Permettez, je vous prie : Il est juste, et je crois tout ce qu'on dit de vous : Je ne suis, grâce au Ciel, envieux ni jaloux ; Mais j'ai vu si souvent les horreurs de l'envie Empoisonner les jours d'une innocente vie, Que j'ai cru vous devoir ce secret entretien, Où mon zèle empressé va ne vous cacher rien. Mon coeur de douleur se déchire, Quand je vois les méchants agrandir leur empire. Le voici ; Et vous en allez être à l'instant éclairci. On dit (mais je crois peu ce propos condamnable) Que vous avez chez vous un objet jeune, aimable ; Que sa beauté fragile, appelant tous les coeurs, Peut malheureusement décréditer vos moeurs. Et mon zèle... Oui, Monsieur. Arrivé depuis fort peu de temps, Vous n'imaginez pas la malice des gens ; Et combien la vertu jadis si respectée, Est partout aujourd'hui bassement insultée, Sur vous, qu'autant que moi, je crois homme de bien, Je ne répondrais pas qu'on ne répandit rien, Étant amis tous deux. La vertu réunie, Avec plus de succès, fera taire l'envie : Je suis connu. Et mon zèle discret Peut, dans votre maison, faire un très bon effet. En voyant votre charmante nièce, Mes avis paternels guideraient sa jeunesse, Et je la sauverais peut-être d'un écueil. Oh ! Je hais tant l'orgueil ! Moi, Monsieur, j'aimerais une femme ! Vous m'objectez en vain ce motif de refus ; On sait bien que j'ai fait mes preuves là-dessus. Je vais, pour le punir, l'envoyer chez Thalie. Je me rends. Oui, je vois que toute votre envie Est de contribuer à mon contentement ; Et vous pouvez passer dans son appartement. Peut-on craindre de nous ? ... Jurons toujours ; ensuite nous verrons. La volonté du Ciel soit faite en toute chose. Je dirai... Je suis perdu ! **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_HARPAGON *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_harpagon On lit dans votre adresse, Monsieur, que vous guérissez gratis ; et s'il n'y a point de friponnerie (comme il s'en rencontre toujours dans ces sortes d'écrits) il est tout naturel que vous me voyiez chez vous. Eh ! Ne le devinez-vous pas à mon air ? Vous moquez-vous ? Ai-je l'air d'un homme assez riche pour cette maladie-là ? Non. Non. À l'autre ! Non. Non, non, non. De par tous les Diables, c'est dépenser bien du temps à se ruiner en questions. En deux mots le voici : c'est un appétit dévorant. Tout est fort cher à présent ; je me ruine pour vivre, et cela altère ma santé. Et je ne le sais que trop. On n'a pas la moindre petite ressource ; mais enfin, voyons toujours de vos remèdes ; ils feront ce qu'ils pourront. Tenez, mettez là-dedans. De vos drogues. Et que diable donnez-vous donc ? Des conseils ? C'est-à-dire, des paroles ; mais voyez donc la belle merveille de donner des paroles gratis ! Ce n'est pas moi toujours. Prenons-lui sa recette. Quel fou ! Quand un conseil me sera nécessaire, Monsieur, je viendrai vous revoir. Je vois bien que chez vous je n'ai plus rien à faire, Et je vous prête le bon soir. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_TRISSOTIN *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_trissotin Qui de vous trois, Messieurs, est Médecin ? Enfin, Ce sera donc Monsieur. Sachez que ma présence Peut ramener chez vous une heureuse abondance. Et ma prose et mes vers Font un bruit assez grand. Dans tout l'univers. D'honneur, je crois que c'est l'Avare de Molière ; Ô le plaisant original ! À son propos qui ne le connaîtrait ? On lit avec fureur mon recueil d'épigrammes Contre les Beaux esprits, les savants et les femmes. L'avez-vous lu, Monsieur ? Vous. Tant pis pour vous. Jamais la justesse et le goût N'ont d'un si grand éclat brillé dans la critique, Et tout homme occupé de la chose publique, Poète, Médecin, Artiste, Bel esprit, Ne peut être estimé qu'autant que je l'ai dit. Chacun peut, à son gré, s'arroger ce pouvoir. Bon ! Molière et Boileau, propos de vieilles gens ! On fut dupe autrefois de leur verve caustique. Qu'était-ce dans le fond ? Rien que du vieux comique ; Tous nos honnêtes gens font blasés là-dessus, Et la preuve, tenez, c'est que l'on n'en fait plus. Laissez chacun vivre à son goût. Je hais trop les chimères, Pour oser tourmenter par des remèdes vains Les jours infortunés des malheureux humains. Moi ? Oh ! J'en fais bien autant. On peut, je crois ; Expliquer tout cela par de certaines lois. En entrant dans le monde, Les vices, les travers dont notre espèce abonde Inspirent la pitié..... A penser comme vous je me sens destiné, Et la même fureur dans mon âme s'élève ; Mon coeur la commença, votre tableau l'achève : Il est temps que je montre à tous nos Beaux esprits Ce que je sens pour eux de haine et de mépris, Et joignant le sarcasme au fiel de la satire.... Ne craignez rien Monsieur pour vous-même. C'est que vous paraissez du même avis que moi. Nous savons là-dessus ce qui nous est permis ; Nul ne doit être honnête, hors nous et nos amis. Pourquoi non, s'il vous plaît ? Sachez que la critique Est utile pour moi. Et pour l'art. Il faut se faire un nom, je vous parle sans fard. Vous apprendrez bientôt... Oh ! De grand coeur, nous le jurons. Je le savais bien, moi.  J'écrirai... Vous apprendrez, ma mie... Ô Ciel ! **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_ALCESTE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_alceste Point de cérémonie ; Supprimez avec moi les façons, je vous prie. Je veux être debout. Monsieur, sans doute, est un de vos confrères ? Vous les plaignez donc ? Pour moi, je les déteste. De leur rage funeste Je prétends par la suite au moins me garantir. Mais de ce monde affreux avant que de sortir, J'ai voulu, par mes yeux, faire l'expérience, Si je pourrais trouver dans la veste science Qu'on voit briller en vous, (à ce que chacun dit,) Le moyen de fixer un doute qui m'aigrit. Dites-moi donc, Messieurs, si mon humeur austère Vient de tempérament, ou bien de caractère ? Vous hésitez, Monsieur ? Voyons un peu ces lois. Dites plutôt, l'horreur. Des hommes sans vertu, des femmes sans pudeur, Des obscurs parvenus l'insolente bassesse, Des jeunes gens tarés la dégoûtante ivresse ; De nos femmes de bien l'horrible fausseté, De nos frêles Auteurs l'auguste vanité, Des vices affichés la morgue fastueuse Rallument dans mon coeur la haine vigoureuse Qu'à ces excès cruels doit tout homme bien né. La satire, Monsieur ? que voulez-vous donc dire ! Et pourquoi ? Et cela fût-il vrai, vous auriez la bassesse D'aller aux yeux de tous encenser ma faiblesse ! Et vous osez prétendre à l'estime publique ? Je le vois. Quel nom ! Ainsi que vous, je parlerai sans feinte. Recueillir les mépris en répandant la crainte, N'est pas, à mon avis un fort joli métier ; Et j'estime bien plus l'honnête Savetier, Qui, tranquille en un coin sans offenser personne, Gagne, tout en chantant, le pain que je lui donne, Que celui dont le coeur, aussi bas que l'esprit, Ose insulter en lâche au talent dont il vit. L'exécrable folie ! Voilà, voilà des gens à livrer à Thalie. C'est en pesant son importance Au poids du fatras qu'il écrit. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_MONSIEURJOURDAIN *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurjourdain Un homme de qualité ! Qui est-ce qui parle de moi, là ? Eh ! Bien, qu'est-ce, mes amis ? Voyons, me voilà. Non : je sors de chez Poitevin ; c'est le rendez-vous des gens les plus qualifiés : et... Vous croyez peut-être que c'est par ton ? Point du tout ; et si ce n'était pour des raisons de santé... N'est-ce pas qu'on ne voit guère de gens de qualité se porter aussi bien que moi ? Que je suis malheureux ! Allez, allez, laissez-moi faire, j'y mettrai bon ordre ; en vous comptant, voilà le huitième Médecin que je vois. Ce qu'il y a de plus désolant pour moi, c'est que je n'ai pas même la ressource des chagrins pour maigrir. Ma femme est morte. De jalousie : parce que les Maîtresses de mes amis de la Cour auxquels je prête quelquefois de l'argent venaient chez moi ; et que je suis un peu aimable, elle s'est allé fourrer dans la tête... Enfin elle est morte, et me voilà veuf. C'est selon ; je ne dis pas que, si je trouvais une personne d'une certaine façon... Quelle est cette Dame-là ? Une Dame de qualité ? Et c'est son mari, ça ? Vous allez voir. Madame, que je suis fâché que vous soyez tombée en de si pauvres mains ! Mais, en vérité, c'est un meurtre : j'espère au moins que vous ne faites pas l'honneur à Monsieur de le traiter comme votre mari ? Je la trouve jolie, Malgré son petit air tant soi peu goguenard ; Et ces yeux éveillés m'inspirent pour ma part Certain désir de faire une folie. Non, sans doute ; enfin l'on sait bien Qu'une mortelle, ce n'est rien Auprès de la moindre Déesse, Fût-elle-même et Marquise et Princesse. Quoi ! Cela se pourrait ? **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_GEORGEDANDIN *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_georgedandin Il sera donc dit, Madame, que vous ne sortirez jamais sans avoir Monsieur avec vous ? Est-ce que votre servante Claudine ne suffit pas ? Voilà bien les impertinences auxquelles je dois m'attendre. Ah ! Pauvre George Dandin ! Tu l'as voulu ; à qui te plaindre ? Tu le sais bien toi, Claudine. Non, Madame : il ne sera pas dit que vous me manquiez toujours de la sorte ; je porterai mes plaintes, il faudra en venir à une séparation. Et n'est-ce pas moi qui fais les frais de tout. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_ANGELIQUE *date_1773 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_angelique Restez à cette porte, petite fille, et si par malheur vous voyez arriver mon bourgeois de Mari, Monsieur George Dandin, vous nous avertirez ; entendez-vous ? Eh ! Non, petite sotte. Monsieur, parmi les secrets merveilleux que vous avez apportés des Pays Étrangers, je désirerais bien qu'il y eût une recette contre les migraines de l'espèce de la mienne ; votre fortune serait faite. Ensuite des vapeurs dont j'ai été dévorée, il m'en est resté une qui revient régulièrement tous les jours à la même heure. Dans ce temps-ci, environ six heures du soir. À merveille, Monsieur. Clitandre ? Mon mari ? Une femme comme moi, Monsieur, ne saurait sortir sans avoir quelqu'un qui lui donne la main, et je vous déclare positivement que, tant que vous ne me donnerez pas un Laquais, je prierai Monsieur de m'accompagner, ne fût-ce que pour aller chez Monsieur le Baron de Sotenville. Vous avez bonne grâce de vous plaindre ; ce serait moi qui devrais le faire : moi qui ai été sacrifiée, moi qui pouvais épouser un homme de qualité. Hélas ! Pardonnez-moi. Malheureusement, j'ai été trop bien élevée pour manquer à mes devoirs. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_CLITANDRE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_clitandre Voilà, Madame, le fameux Médecin dont on a tant parlé ce matin chez Monsieur le Baron de Sotenville, Monsieur votre père. Madame ne voit ordinairement à cette heure-là que son, mari, qui revient de ses courses vers la fin du jour, et je crois avoir remarqué que, l'Été, les attaques sont moins longues. Madame, vous entendez ? **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_MADAMEPERNELLE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_madamepernelle Allons, Phlipotte, allons. Faites-vous votre compte Que j'attendrai longtemps ? N'est-ce pas une honte, À vous, le beau Docteur, qu'on ne trouve chez vous Que des impertinents, des fripons et des fous ? Pourquoi ? Mort de ma vie ! Évitez, croyez-moi, de me mettre en furie. Et si Tartuffe ici n'avait porté ses pas, Soyez sûr que chez vous vous ne me verriez pas. Je veux que l'on m'assomme, Si lui ni ses pareils se tiennent pour battus ; Car j'en vois tous les jours, et je crois même plus. Mais enfin ce maroufle est ici. Où donc ? Ah ! Que je crains pour elle ! Vous êtes donc très sûr qu'elle est femme de bien ? Malgré tout cela, j'ai quelque inquiétude. Une femme de bien peut n'être qu'une prude ; Et je vais vous conter le fait qui m'engagea À penser de la sorte... Oui, ricanez déjà. Chercher ailleurs vos fous qui vous donnent à rire, Ce n'est pas moi, toujours ; adieu, je me retire. Vous apprendrez bientôt, Messieurs les Charlatans, Avant d'en rire, au moins, à connaître vos gens. Allons, vous ; vous rêvez et bayez aux corneilles. Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles. Marchons, gaupe, marchons. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_CLAUDINE *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_claudine Cela suffit, Madame ; faudra-t-il lui dire que vous êtes venue avec Monsieur ? Le voilà ! Le voilà ! Moi, Monsieur ! Je ne sais rien. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_MONSIEURLEKAIN *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurlekain De quel éclat nouveau brille aujourd'hui la Scène ! Ah ! Madame, voyez, en des moments si doux, Les Enfants les plus chers au coeur de Melpomène, Partager leur encens entre Molière et vous. Nous savons ce qu'ils nous demandent, Et vos voeux seront accomplis. **** *creator_artaud *book_artaud_centenairemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_artaud_verse_comedy_centenairemoliere *dist2_artaud_verse_comedy *id_MONSIEURBRIZARD *date_1773 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurbrizard Le Souverain d'un vaste Empire, Sous cet habit représenté, Peut-il en ce beau jour être mieux imité, Qu'en partageant un si noble délire ? Si des Humains il devint le premier, Rome et Paris ne sont qu'une même patrie ; Et le plus bel emploi d'un immortel laurier, Doit être de briller sur le front du génie. Thalie, eh bien ! ce nouveau caractère, Que nous devions rapporter à Molière, Le voyez-vous parmi ces gens ? En faveur de sa Centenaire, Vous le lui promettez depuis assez longtemps.