**** *creator_biancolelli *book_biancolelli_agnesdechaillot *style_verse *genre_comedy *dist1_biancolelli_verse_comedy_agnesdechaillot *dist2_biancolelli_verse_comedy *id_LABAILLIVE *date_1723 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_labaillive Pour me dire ces mots faut-il tant de mystère ? Moi qui fus de Gonnesse, autrefois boulangère, Je dois bien le connaître, il se nomme Crouton, Mon fils depuis un an en a fait son mitron : Mais, Monsieur le Baillif toujours avec emphase, Vous nous faites valoir jusqu'à la moindre phrase. Sans que vous le disiez, on sait cela par coeur. Vous renvoyez bientôt ce pauvre Ambassadeur, Vous deviez bien du moins le prier de la Noce ; Ou pour s'en retourner lui prêter votre rosse. Mais sur un autre fait discourons entre nous : Votre fils, que déjà ma fille aime en époux, Ne la regarde pas, elle est inconsolable. Il faut à son devoir ranger cet étourdi, ll a du coeur, il est entreprenant, hardi, Ne manque pas d'esprit, sa figure est gentille , Il excelle au billard, et sait bien le quadrille ; Dans tout notre village, il n'a point son égal : Mais convenez aussi qu'il est un peu brutal. Agnès pour m'écouter, laissez-là votre ouvrage. Eh bien ! Que dites-vous de tout ce tripotage. Pierrot pourrait vous en conter, Souvent dans votre chambre, il va vous visiter : Êtes-vous sa maîtresse, ou bien sa confidente ? Vous parlez en niaise, et pensez autrement. Vous soupirez je crois ? Vous appellez cela respirer ? Jour de Dieu, Si quelqu'un à ma fille arrachait un cheveu, C'est comme s'il osait me l'ôter à moi-même, Ma Fille est mon bijou, je la chéris, je l'aime ; Est-il rien de si beau que cette fille-là ? Sitôt qu'elle paraît, chacun dit... la voilà. Qu'elle vienne à sourire, ou tourner la prunelle, On entend soupirer tout le monde autour d'elle ; Et cependant je vois qu'on la méprise ici ; Mort de ma vie, il faut éclaircir tout ceci, Chargez-vous de ce soin, entendez-vous, ma mie ? Sachez par qui ma fille est aujourd'hui trahie, Apprenez-moi sur qui doivent tomber mes coups, Découvrez sa rivale, ou je m'en prends à vous. Mon mari, pour le coup j'ai découvert l'affaire, Ne vous étonnez plus qu'à vos désirs contraire, Pour ma fille, Pierrot ne montre que mépris, Voilà l'indigne objet dont son coeur est épris. Ah ! Vraiment mon mari, voici bien du tapage, Votre fils animé de fureur et de rage, Malgré votre défense a forcé la maison ; Nos gens qu'il a chargés de cent coups de bâton, N'ont pu lui résister, il a su les abattre, Et pour ravoir Agnès, il fait le diable à quatre. Vous vous faites aimer d'une étrange manière, Et voilà bien du train pour une cuisinière. Le beau charivari que vous causez chez nous ! Vous avez tant d'attraits, que pour l'amour de vous, Votre galant ici fait naître le désordre, Et nous donne aujourd'hui bien du fil à retordre. Vous avez animé ce petit libertin, Agnés, votre malheur n'en est que plus certain, Puisque vous révoltez le fils contre le père, Redoutez les effets de ma juste colère. Je crève de dépit, et la main me démange... Mais son galant paraît ; qui le conduit ici ? Quoiqu'il en soit, sachons ce que fait le Bailly. **** *creator_biancolelli *book_biancolelli_agnesdechaillot *style_verse *genre_comedy *dist1_biancolelli_verse_comedy_agnesdechaillot *dist2_biancolelli_verse_comedy *id_PIERROT *date_1723 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_pierrot Je vous vois toute émue, Qu'avez-vous belle Agnès ? Et que deviendra donc chère Agnès notre amour ? Que le diable l'emporte ; Mais n'appréhendez rien, je saurai vous venger, Si quelqu'un dans ces lieux ose vous outrager : Calmez-vous, belle Agnès, bannissez les alarmes , Vos yeux ne sont point faits pour répandre des larmes, Ils doivent s'occuper à des emplois plus doux. Vous fîtes tout pour moi, je ferai tout pour vous. Ah ! Je ne promis rien, Que diable dans la tête, allez-vous donc vous mettre ? Ne pouvant rien prévoir, que pouvais-je promettre ? Savais-je que mon père , à soixante et quinze-ans, Reprendrait une femme avec de grands enfants ? Et que de cette femme on m'offrirait la fille, Pour ne faire par là qu'une seule famille ? Mais pour ne rien risquer dans des périls si grands, Fuyez, fuyez, Agnès, avec nos chers enfants ; Ces gages précieux de notre amour parfaite. Chere Agnès, je le veux, Il faut vous obéir, mon père va m'entendre, Cachez bien l'interêt que vous y pouvez prendre, Pour quelque temps encor, dissimulons nos feux ; Et faisons sur nos coeurs cet effort généreux ; Mais du moins baise-moi, la chose m'est permise, C'est une liberté que l'hymen autorise. Rien qu'un petit baiser, Cette faveur, Agnès, ne peut se refuser, C'est tout ce qu'a présent mon amour se propose, Je me garderai bien d'exiger autre chose. Attends ici mon père, il croira me confondre, Mais à bon chat, bon rat, je saurai lui répondre : Il vient. Constance ici devait suivre ses pas, Mais elle fera mieux de n'y paraître pas ; La belle vainement chercherait à me plaire, Sa présence en ces lieux n'est pas fort nécessaire. À la bonne heure. Hélas ! Sans que je dise rien, ne m'entendez-vous pas ? Hé bien, retirez-la. Quoi ! Le fils d'un Bailly n'aura pas l'avantage, Qu'on ne refuse pas au dernier du village ? On veut jusqu'à ce point contraindre mon ardeur, Et je ne pourrai pas disposer de mon coeur ? Faut-il à vos genoux me jetter ? M'y voila. Nos manants, s'il le faut, vous prêteront la main : Le Bailly d'un village en est le souverain : Des Mitrons peuvent-ils vous causer tant d'alarmes ? Dites un mot, je suis prêt à prendre les armes. Le plus affreux danger ne peut m'intimider, Dans un péril pressant, il faut tout hasarder, Rien ne me fait trembler, j'ai du coeur, de l'adresse J'ose dès à présent défier tout Gonnesse. En vain ses habitants s'armeraient contre vous, C'est assez de moi seul pour les abattre tous. À quoi bon me citer ce beau vers de Corneille, Dont vous avez cent fois étourdi mon oreille. Non, je ne ferai point ce qu'on veut que je fasse. Et moi ce que je suis Ne me permet aussi qu'un mot... je ne le puis. Ne désavouez point, Agnès, que je vous aime : À quoi bon ces détours ? Il n'en faut plus chercher, Mon amour est trop grand pour le pouvoir cacher. Ah ! Faites sur moi seul, tomber votre courroux, Agnès n'est point coupable, et jamais... Ah ! Quel ordre barbare ! Agnès, ma chere Agnès, Quoi ! Je ne verrais plus de si charmans attraits ! Je ne permettrai point qu'elle me soit ravie, Et je soufrirais moins si l'on m'ôtait la vie. Ah ! Mon Père, arrêtez ; En quelles mains, hélas ! La laissez-vous ? Quelqu'un va le payer, ou je me donne au diable. Je sors ; mais je crains bien de revenir coupable. Grace au ciel, escorté d'une troupe mutine, Je puis vous dérober au sort qu'on vous destine. De ces funestes lieux, ma chère, éloignons-nous. Venez Agnès, venez, et suivez votre époux. Moquons-nous, de cela, prenons tous deux la fuite, Nous pourrons de mon père, éviter la poursuite, Hâtez-vous ; suivez-moi. Les plaisants sentiments, vous avez l'air naïf, Ainsi je vous plairais beaucoup plus mort que vif, Je vous suis obligé de votre courtoisie , Mais, mon père paraît, vous le voyez, ma mie, Si nous étions sortis, il arrivait trop tard. Ce mot l'arrache de ma main, Il me ferait beau voir vous pousser une botte, Je voulais enlever mon Agnès, mais la sotte N'a pas voulu me suivre, ainsi vous voyez bien, Que dans ce que j'ai fait elle ne trempe en rien, C'est sur moi seul que doit tomber votre colère, Agnès n'est point coupable, et je le réitère... S'il faut qu'on la punisse, Ne perdez point de temps, hâtez donc mon supplice ; Sinon, vous me verrez encor plus furieux, Dès demain assommer, briser tout en ces lieux. Par des torrents de sang, s'il fallait les répandre, J'irai venger Agnès, n'ayant pu la défendre, Et je n'excepterai dans un tel désespoir, Que vous seule et Constance ; adieu, jusqu'au revoir. Souffrez qu'à vos genoux mon père, je déploie, Tout ce qu'en ce moment, mon coeur ressent de joie. Vous me rendez Agnès. Ah ! Voilà de ces coups, où l'on ne s'attend pas, Quoi ! Faillait il sa mort pour sortir d'embarras ? Agnès, ma chère Agnès, pour jamais m'est ravie, Ce fer m'est donc rendu pour m'arracher la vie. Pour quoi me secourir ? Laissez-vous voir, mon père, en me laissant mourir. Et si je ne meurs pas, Que deviendra Constance avec tous ses appas ? Faudra-t-il l'épouser, s'en retournera-t-elle ? Vaus m'irez là-dessus chercher encor querelle. Chere Agnès vous mourez : ô rigueur inhumaine. Pleurez, pleurez mes yeux, et fondez-vous en eau, Puisque ma chère Agnès va descendre au tombeau, Hélas ! Si l'art eut pû rendre Agnès à la vie, Que de gens en auroient ici l'âme ravie ; Le Spectateur n'eût pas été si consterné, Et sur la bonne bouche, il s'en fût retourné : Il le faut avouer, c'était un coup de maître ; Mais ce qu'on n'a point fait, je le ferai peut-être, Telle que l'on croit morte, ou près du monument, Revient souvent de loin, à la voix d'un amant. Revivez, chère Agnés, c'est moi qui vous en prie... Tenez, voilà de l'eau de la Reine d'Hongrie. Hé bien, qu'avais-je dit ? Ne la voilà-t-il pas ? Ah ! Que je fuis content ! Puisqu'Agnés n'est pas morte, Chantons, cabriolions, et de la bonne forte. **** *creator_biancolelli *book_biancolelli_agnesdechaillot *style_verse *genre_comedy *dist1_biancolelli_verse_comedy_agnesdechaillot *dist2_biancolelli_verse_comedy *id_AGNES *date_1723 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_agnes Moi, Madame ? Hélas ! Je suis, Madame, une pauvre innocente, Qui ne sait pas encore à quoi sert un amant. Qui, moi ? Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Non, c'est que je respire. Ah Ciel ! Qu'ai-je entendu ? Quelle affreuse tempête, Si j'en crois ses transports, va fondre sur ma tête ? Heureuse en ce péril qui me glace d'effroi, Si je n'avais encor à craindre que pour moi. Venez mon cher Pierrot. Votre Agnès est perdue, On vous fait épouser Constance dès ce jour. Ô trop funeste amour ! Avant que de m'y rendre, Vous savez quels efforts je fis pour m'en défendre. Un jour dans ma Cuisine entré secrètement, Vous vintes me conter votre amoureux tourment ; Je vous priai cent fois de me laisser tranquille, Vous n'écoutâtes point ma prière inutile ; Et me serrant les mains, embrassant mes genoux? Vous fîtes éclater les transports les plus doux. Mais piqué des rigueurs de ma vertu mutine, Vous prîtes ausitôt le couteau de cuisine ; Je craignis pour vos jours, j'arrêtai vôtre main, Et je vous empêchai de vous percer le sein. Vous jettâtes le trouble, et l'effroi dans mon âme, Dès ce même moment je devins votre femme, Mais hélas, tout conspire aujourd'hui contre nous ! On veut, mon cher Pierrot, briser des noeuds si doux. Votre marâtre enfin que la rage transporte, Me soupçonne déjà... Point de révolte au moins ; mon fils, qu'il vous, souvienne, Que lorsque je reçus votre main, vous la mienne, Avant que nous coucher, vous me promîtes bien , Que jamais contre un père... Non, non, je ne dois point songer à la retraite, Nous découvririons tout, laissez-moi dans ces lieux ; Mais ne nous voyons plus. Que me demandez-vous ? Hé bien soit... Mais j'ai peine à sortir de ce lieu, Nous nous disons peut-être un éternel adieu. Ah ! Bon Dieu, moi! l'innocence même ! Pourrais-je me résoudre à lui donner ma foi, Quand je ne l'aime point ? Le bedeau, je l'avoue, est homme de mérite, Mais de cette faveur, de bon coeur je vous quitte, C'est répondre fort mal à mes intentions, Que de payer ainsi vos obligations. En faveur d'un aïeul votre reconnaissance Éclate vainement, et je vous en dispense ; Car si c'est à ce prix que vous vous aquittez, Je me passerai bien de toutes vos bontés. N'insultez pas du moins, Madame, à ma douleur, Et lorsque de Pierrot, je prévois le malheur, Bien loin d'être insensible au chagrin qui m'accable, Laissez-moi le plaisir de le pleurer coupable. Madame, puis-je craindre un impuissant courroux, Quand je suis aujourd'hui plus à plaindre que vous. Dans ce qu'a fait Pierrot, que trouvez-vous d'étrange ? Qu'avez-vous fait, cruel, quel horrible tapage ! Ah ! Que je me repens de notre mariage ! Voilà donc tout le fruit d'un funeste lien ? Votre crime aujourd'hui m'éclaire sur le mien, Contre nous vous avez ranimé votre père, Nous serons les objets de sa juste colère ; Qu'allons-nous devenir , hélas ! Ce sont vos rats Qui me jettent, cruel, dans tout cet embarras, Non, ne l'espérez pas. Pierrot, je crains le crime, et non pas le trépas : Cette indigne action irrite ma colère, Allez, dès ce moment appaiser votre père, Et sans pousser plus loin vos transports furieux, Méritez votre grâce, ou mourrez à ses yeux ; Je soufrirai bien moins du destin qui m'accable, À vous perdre innocent, qu'à vous sauver coupable. Votre courroux est juste, et loin de vous blâmer, Je sais que contre moi tout doit vous animer ; Je ne résiste point au coup qui me menace, Mais daignez m'accorder une derniere grâce. À mes voeux empressés ne la refusez pas : Ordonnez à l'Archer qui suit ici mes pas, Qu'il fasse exactement ce que j'ai su lui dire, C'est la seule faveur à laquelle j'aspire, Dans l'état où je fuis j'ose la demander. Revenez sans tarder. Enfin je vais parler, rien ne doit me contraindre, De toutes vos fureurs je n'ai plus rien à craindre ; Bailly, que la pitié ne vous retienne plus, Tous mes crimes encor ne vous sont pas connus. Armez contre mes jours votre pouvoir suprême, Pour votre aimable fils, ma tendresse est extrême ; Et loin de redouter, votre juste courroux, Je vous dirai bien plus, Pierrot est mon époux. Suivez-donc vos maximes, On vous amene encor de nouvelles victimes, Voici du fruit nouveau qui vous est présenté ; Voyons, si d'un Bailly toute la dureté, Pourra... Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants, qu'on veut rendre orphelins ; Venez faire parler vos soupirs enfantins. Approchez-vous, mes fils, voilà votre grand-père, Embrassez ses genoux, apaisez sa colère. N'y voyez point mes traits, n'y voyez que les vôtres Ils ignorent leur père, ainsi que beaucoup d'autres : Ces gages précieux que j'ose vous offrir, Loin de vous irriter devraient vous attendrir. Vous me faites rougir, et c'est trop m'insulter, En voyant ce contrat en pourrez-vous douter ? Hélas ! Que vous me comblez d'aise ! Mais d'où vient tout à coup la douleur que je sens ? Le coeur me bat, je tremble... Éloignez mes enfants. Seigneur, j'ai la colique. Adieu mon cher époux, c'en est fait, je me meurs, Venez à mes genoux étaler vos douleurs. Quelle voix me rapelle , et m'arrache au trépas. **** *creator_biancolelli *book_biancolelli_agnesdechaillot *style_verse *genre_comedy *dist1_biancolelli_verse_comedy_agnesdechaillot *dist2_biancolelli_verse_comedy *id_CROUTON *date_1723 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_crouton Je sommes députés des Bourgeois de Gonnesse, Qui vous marquent, par Nous, Baillif, leur allégresse, Ils sont tretous joyeux, que Monsieur votre fils De l'Arquebuse enfin ait remporté le prix ; Goûtez, Baillif, goûtez, non pas deux fois, mais quatre, La gloire que ce fils, sur vous a su rabattre : Ah ! Quel plaisir pour vous, de faire tant de bruit ! Et d'être par un fils, rengendré , reproduit, Que vous êtes heureux ! Chez vous rien ne décline, Vous vendez votre son, mieux que votre farine ; Vous mettez tout en branle, et vos voeux sont contents J'en partageons la joie avec vos habitants ; Notre Maître surtout, de si bon coeur s'y livre, Que depuis avant hier il n'a cessé d'être ivre. **** *creator_biancolelli *book_biancolelli_agnesdechaillot *style_verse *genre_comedy *dist1_biancolelli_verse_comedy_agnesdechaillot *dist2_biancolelli_verse_comedy *id_ARLEQUIN *date_1723 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arlequin On ne saurait nier Que toujours le bedeau doit marcher le premier ; Mais j'attendais, Bailly, pour rompre le silence, Que votre autorité m'en donnât la licence, Je vais donc vous parler sans feinte et sans détour ; Vous savez, pour Agnès, jusqu'où va mon amour, Et puisqu'il faut ici que tout mon coeur s'épanche, Je comptais sûrement la tenir dans ma manche ; Mais j'ai fort mal compté. Pour mes feux quel échec ! Votre fils m'a passé la plume par le bec ; Et quoiqu'il soit l'auteur de mon sort déplorable, Je ne puis le haïr, car je suis un bon diable. Vous vous plaignez qu'il a forcé votre maison ; S'il vous avait donné quelques coups de bâton, Il aurait plus de tort ; excusez la jeunesse Il ne venait ici, qu'enlever sa maîtresse : Et quoique l'action vous semble un attentat, Je n'y vois pas de quoi faire fesser un chat. Rendez-lui son Agnès ; s'il le faut qu'il l'épouse ; Ce mot sort à regret d'une bouche jalouse, Mais, puisque vous voulez enfin le châtier, Le meilleur châtiment est de le marier ; Il en enragera, dans quatre jours peut-être, Sa femme rabattra ses airs de petit maître, Pour ranger la jeunesse, il n'est que ce moyen, Mon avis est fort bon, le vôtre ne vaut rien. Nous avons de l'esprit, et rien ne s'y dérobé, Nous ne sommes pas sots, nous autres gens de robe. Tirons tous nos mouchoirs, voici la belle scène. **** *creator_biancolelli *book_biancolelli_agnesdechaillot *style_verse *genre_comedy *dist1_biancolelli_verse_comedy_agnesdechaillot *dist2_biancolelli_verse_comedy *id_LEMAGISTER *date_1723 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemagister Il le faut avouer, j'estime votre fils, Son amitié pour moi ne s'est point ralentie, Et je ne puis nier que je lui dois la vie. Un jour, que j'étais ivre, il m'en souvient toujours, Ce généreux garçon me prêta son secours. Accablé de sommeil, étendu dans la place, Moi-même j'eusse été l'auteur de ma disgrâce ; Une charette allait me passer sur le corps, Quand pour me relever il fait plusieurs efforts, Me charge sur son dos, fier de son entreprise, Comme Enée autrefois, porta son père Anchise, Pourtant, quoique sensible aux bontés de ce fils, Si j'osais m'expliquer... J'obéis. Si vous ne punissez une telle insolence, Jamais vous ne serez chez vous en assurance : Puisque vous êtes Juge, il faut le condamner, Et vous ferez fort bien de le moriginer. Son fort me fait pitié, j'en pleure, j'en soupire ; Mais aux ordres d'un père, un enfant doit souscrire. C'est un petit mutin ; quoi qu'il m'ait bien servi, Je conclus avec vous, pour le Mississpi.