**** *creator_boisrobert *book_boisrobert_amantridicule *style_verse *genre_comedy *dist1_boisrobert_verse_comedy_amantridicule *dist2_boisrobert_verse_comedy *id_LEANDRE *date_1655 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leandre Quoi divine Isabelle on a donc résolu De vous donner Alonce, et vous l'avez voulu ? Il est vrai qu'au mépris de tout ce que nous sommes, Le sort vous abandonne au plus brutal des hommes. He quoi Laure ? Laure, qu'entends-je ici ? Je suis tout interdit. Laure, ma chère Laure, Que t'ai-je fait ? Hé quoi ma chère amie ! Au lieu de me défendre, Toi de qui j'attendais une amitié si tendre, Quand tu vois qu'on m'insulte, et qu'on rit de ma foi, Tu secondes l'outrage, et parles contre moi. Tu ne peux opposer que mon peu de fortune, À mon ardente amour qui se rend opportune, Et tu sais que je dois de mon oncle hériter. Oui Laure, il parlera. Prends de mon amitié ce petit gage, Quand j'aurai plus de biens je ferai davantage. Oui, oui, cela t'est hoc. Ô Dieux ! Quelle injustice, De faire de ce veau d'or un si grand sacrifice ! Ce fat est mon parent, et comme il ne sait pas Que mon coeur d'Isabelle adore les appas, Il m'a voulu déjà, mener deux fois chez elle. Laure séparons-nous. Je veux ce qu'il vous plaît. Amour guide mes pas, et sois moi favorable. Flatte de quelque espoir un amant misérable. Épargnez mon cousin un peu ma modestie. Oui Madame, une rare beauté Qui ne vous cède en rien. Le monde est un beau livre où je m'instruirai mieux Que dans tous les auteurs. Je dirais ô beauté belle comme Isabelle... Beauté, qui d'Isabelle êtes la vive image, Souffrez que je vous rende un véritable hommage. Quoi qu'un riche vous serve, et que je sois sans biens, Souffrez malgré le sort, vos parents et les miens, Que je brise avec vous toutes sortes d'obstacles, Pour peu que vous m'aidiez, je ferai des miracles. Vous ne répondez point ; mais je lis dans vos yeux, Mon bonheur qui m'égale à la gloire de Dieux. Vous voulez que je feigne, et je ne sais pas feindre. On ne sait ce qu'on dit quand on veut se contraindre. Jugez mieux du respect qu'on doit à vos mérites. Par lui seul cher cousin je règle mes visites, Aux lieux où on me mène. Bien Monsieur. Ah ! C'est ce que de vous on aurait peine à croire. Commandez seulement. Je connais ce Damis, voulez-vous qu'on l'appelle ? Ce sera cher cousin aussitôt fait que dit. Bien cousin, j'y consens ; quand par cette vigueur Qui contre moi doit être avec feinte exercée, Ma réputation devrait être blessée, Pour un si bon parent je ne puis faire moins. Je voudrais bien pourtant qu'elle eut peu de témoins. Ô le poltron insigne ! Est-il pas trop plaisant ? Mai si notre combat était vu d'Isabelle ? Mais vous avez grand tort, j'ai pris votre parti. Je ne saurais plus fuir, Isabelle paraît , Et sa fausse bravoure enfin sera dupée. La vie ! Ou par la mort ! Rends l'épée. On nous voit, et l'honneur m'est trop cher. Rends-la te dis-je, ou, parbleu, je te tue. Pardon mon cher cousin, j'adorais Isabelle ; Et me déshonorerais en fuyant devant elle. Ô le coeur généreux. **** *creator_boisrobert *book_boisrobert_amantridicule *style_verse *genre_comedy *dist1_boisrobert_verse_comedy_amantridicule *dist2_boisrobert_verse_comedy *id_ALONCE *date_1655 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_alonce J'ai les yeux tout battis après deux longues veilles, ERt crains de na pouvoir avec ces yeux hagards, Devant mon Isabelle adoucir mes regards. D'où sors-tu chère laure, et que fait ta maîtresse ? Ne la verrons nous point cette aimable tigresse ? Son tuteur est-il là ? Tu crois qu'en l'attendant je puis l'entretenir ? Bon, voici, mon cousin, je le trouve avec joie. Il faut qu'il m'accompagne, et qu'Isabelle voie Que nos pauvres parents ne sont pas des coquins, Que nous ne sommes pas de race de faquins. Bonjour mon cher cousin, vous m'avez fait promesse, De venir avec moi visiter ma maîtresse, Je vous y veux mener, n'y consentez vous pas ? Allons-y de ce pas. Approchez mon cousin, Voici l'astre fatal qui fait notre destin. Je vous mène un parent adorable Isabelle, Souffrez qu'il vous salue. Et bien, est-elle belle ? Il est un peu honteux devant tant de beautés, Il ne fait qu'arriver des universités. C'est un jeune homme encore qui sait fort peu son monde ; Mais nous le stylerons avant qu'il soit six mois, Il est en bonne école, il me voit quelquefois. Vous voyez sa pudeur dans cette répartie. Courage mon cousin, je vais vous seconder. Où l'on sens que l'on plaît il faut tout hasarder, Vous dut-il échapper enfin quelque sottise. Je m'en étais douté. Pardonnez-lui, Madame, il vous rompt en visière. La sottise est grossière. Ma foi les jeunes gens vont par les Maisons, Sont digne de pitié, ce sont de francs oisons. Il a lu dans Balzac, il a lu dans Voiture, Voyez comme l'oison se sert de sa lecture ! Bon, pousse, tu lui plais Cousin, et c'est me plaire Que de la réjouir ; tu comprends ce mystère. Dis pour la divertir si tu te figurais L'objet aimé présent, ce que tu lui dirais. Il faut embarrasser cette jeune cervelle. Fi des comparaisons ! Mais beau cousin, que vois-je ? Où tend votre harangue ? Votre prunelle joue ainsi que votre langue, Et je ne me trompe, en faisant le transi Madame vous répond de la prunelle aussi. Ah Cousin ! Vous parliez d'un ton bien languissant. Ne me joueriez vous point en faisant l'innocent ? Il n'est pas mal sorti. De son discours, Madame, il a bien reparti. Ne le louez pas tant, car il est un peu vain. Il faut de tels galants tenir le bride en main. Comme il a fort bon coeur, il a l'âme assez grande. Adieu tissu de mille appas. Mon cousin suivez-moi, ne vous éloignez pas. Laure entretenons nous si tu n'as rien à faire. Ton esprit a sans doute un charme pour me plaire. Il est jolie, je t'aime, et tu me réjouis. Comme tu m'as servi, tiens voilà vingt louis ; Mais à condition que près mon Isabelle; Tu me continueras ton ton service fidèle. Mon cousin demeurez, tenez vous à l'écart. De mes biens je te veux faire part, Laure, dessus le coeur j'ai toujours quelque chose, Dont tu peux aisément t'imaginer le cause. Hier tu vis l'entretien que j'eus avec Damis. Le respect me la fit endurer en partie. Que t'en dis Isabelle en se déshabillant ? Je n'avais point d'épée. Je fus trop modéré, tu m'en fais souvenir, Mais je jurai pourtant. Ce Damis est hardi, Mais j'étais en son âge encore plus étourdi ; Et tu crois qu'Isabelle a cru que j'étais lâche ? Parbleu ce Damis aura sa moustache. Nous savons comme il faut et morguer et braver. J'ai du coeur, je me sens, tâche de le prouver. Que diable ici m'engage à la vaillance, Quand je me sens poltron. Cousin, cousin, un mot ; Laure a dit qu'hier au soir je passai pour un sot. Tu peux à peu de frais me donner de la gloire, Et j'en ai grand besoin. Hier un certain Damis me parlant brusquement, Je parus un peu faible devant Isabelle. Non, j'ai du bien à perdre et respecte l'Édit. Je ne te cèle rien : autant que ma maîtresse A vu mon peu de coeur, j'en connais la faiblesse, Et comme enfin tu peux être mon héritier, Je veux t'ouvrant ce coeur, le montrer tout entier ; Mais aux autres cousins il faut que je le cache. Si devant ce Damis qui m'a pu croire lâche, Tu souffrais que feignant d'être mal avec toi, Je tirasse l'épée, on parlerait de moi, Tu parerais fuyant ; cette obligeante feinte, Te serais imputée à respect plus qu'à crainte, Et moi je passerais pour un homme de coeur. Léandre touche là, va ta fortune est faite ; Pour la première fois je vais tirer ma brette. Cousin cette action te vaut un beau présent. Damis est logé là : fondons notre querelle. Oui, traître, par la mort vous en avez menti. Enfin il faut mourir le chose est résolue. Tu recules en vain, il faut que je te tue. Hola ! Au maître fat, tu pousses de l'épée. Ah ! Ma foi c'est tricher. Mon Cousin... Tiens Cousin, la voilà, la tienne est trop pointue. La fureur le saisit, il a le diable au corps. De ma poltronnerie enfin je suis esclave. Vous aimez les vaillants, j'ai contrefait le brave. Je le voulais paraître, et l'avais résolu, Mais Dieu m'a fait poltron et ne l'a pas voulu. Vous me jouiez tantôt, je m'en doutais fort bien. Nonobstant tout cela je vous donne mon bien, Et vous cède Isabelle, allez vous je vous pardonne. **** *creator_boisrobert *book_boisrobert_amantridicule *style_verse *genre_comedy *dist1_boisrobert_verse_comedy_amantridicule *dist2_boisrobert_verse_comedy *id_ISABELLE *date_1655 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_isabelle Léandre, mon tuteur me choisit un époux. Si j'étais toute à moi, je serais toute à vous. D'un ridicule amant, il souffre les visites, Et préfère ses bines à vos rares mérites. Laure qui le gouverne et prend à toutes mains, En flattant son espoir seconde ses desseins. Elle le favorise à cause qu'il lui donne. La voici, je l'entends, de crainte je frissonne. Hélas ! Ce n'était rien que opur prendre le frais Que je suis descendue. Il faut que son esprit à sa mine réponde. Il n'aura pas encore engagé sa franchise. Aime-t-il ? Mais il peut dire vrai. On ne peut dire mieux. Ce sont discours en l'air. Écoutons je vous prie, et laissons le parler. Tel parent fait honneur, il faut que je l'avoue. Puisque vous le louez, souffrez que je le loue. Adieu Messieurs. Quel bruit entends-je ici ? Alonce, est-ce donc là faire de grand efforts. Hé quoi ! Par la bravoure on devait tant me plaire. Donc sans beaucoup de peine on les peut séparer. Ô la bonne personne. **** *creator_boisrobert *book_boisrobert_amantridicule *style_verse *genre_comedy *dist1_boisrobert_verse_comedy_amantridicule *dist2_boisrobert_verse_comedy *id_LAURE *date_1655 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_laure Isabelle, rentrez, que faites vous là-bas ? Quoi ! Suivre ce blondin en tous lieux pas à pas ? Quoi ! L'attendre à la rue après tant de défenses ? Par ma foi vous prenez de trop grandes licences. Et pour le voir de près, Ce mignon, ce poudré, ce diseur de fleurettes. Ne vous lassez vous point d'entendre ses sornettes ? La langue tout le jour lui va comme un traquet. Il aurait un peu moins de caquet, Qu'il était court d'esprit ainsi que de monnaie. Qu'il prouve avec ceux-ci, s'il veut que l'on le croie. Léandre c'est assez, on vous l'a déjà dit, De vos beaux entretiens nous sommes si bercées, Qu'enfin pour dire tout nous en sommes lassées. Ma foi si vous aimiez ainsi qu'il faut aimer Une fille bine née et qu'on doit estimer, Vous nous en donneriez des preuves plus solides. Toujours le coeur en feu, toujours les yeux humides, Se pâmer à toute heure en amoureux transi, Apprenez que chez nous on ne vit point ainsi, Et qu'on ne gagne pas ainsi vos bonnes grâces, Par des propos niais et de sottes grimaces. Rentrez dans le logis, ce n'est pas votre fait. C'était par là Monsieur qu'il fallait débuter. Vous auriez eu sans doute une belle audience ; Mais dans vos compliments on perdait patience. Faites parler votre oncle, et puis on se taira. Nous savons qu'il est riche. Quoi j'en aurai encore ? Ce que je vous disais n'est pas de mon estoc. Monsieur je ne suis ni sotte ni bête. Je vous crois libéral, je vous crois fort honnête, Mais notre maître enfin vous croit gueux comme un rat, Et j'ai dépit de voir qu'il vous préfère un fat, À cause qu'il est riche. Prenez l'occasion, elle s'offre assez belle. Le voici, parlez-lui. Léandre à l'avenir je parlerai pour vous. Si vous l'accompagnez vous oirez des merveilles. Non ; mais il va venir. La voilà sur la porte. Madame une voisine est là qui vous demande. Il ne parut pas trop être de vos amis. Et j'eus peine à souffrir sa brusque répartie. Elle ne vous crut pas un homme fort vaillant. Il fallait faire rage. Repartir vertement en homme de courage, Jurer d'un ton de brave, et se faire tenir. Enfin notre maîtresse Si je ne suis trompée, a vu votre faiblesse. Elle aimes les vaillants. Oui. Je vous ferai passer pour brave à toute outrance : Adieu. Je sais bien ce que c'est. Votre laquais Madame a vu tout ce mystère. C'était un combat feint, il l'a vu préparer.