**** *creator_boissy *book_boissy_hommedujour *style_verse *genre_comedy *dist1_boissy_verse_comedy_hommedujour *dist2_boissy_verse_comedy *id_LEMARQUIS *date_(inc *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_lemarquis Mais il est noble et sage. Au sein de la raison sa réponse est puisée. J'en suis édifié. Très estimable. Mais il est raisonnable. Et le bon sens, Madame... On peut l'être à tout âge. Je fais cas du bon sens ; et bien loin d'en rougir, J'ai le front de le dire et de m'en applaudir. Je n'en suis pas surpris, aimable comme il est. Je vous en prie. L'hymen est donc bien terrible à vos yeux ? Monsieur ne doit pas craindre un changement semblable. Pour l'éprouver, Madame, il est né trop aimable. Je suis sûr qu'il a fait d'ailleurs un choix trop bon. La raison, chimère ! L'idée est singulière. Pour moi, je reconnais une saine raison. Loin d'être un préjugé, Madame, elle s'occupe À détruire l'erreur dont le monde est la dupe ; Nous aide à démêler le vrai d'avec le faux, Épure les vertus, corrige les défauts ; Est de tous les états comme de tous les âges, Et nous rend à la fois sociables et sages. Le bon sens n'est pas tel. Une telle folie est la sagesse même : Je cède, comme vous, à son pouvoir suprême. Nous sommes seuls, monsieur ; il faut que mon coeur s'ouvre Et que ma juste estime à vos yeux se découvre. Les plaisirs que de vous dans huit jours j'ai reçus, La façon d'obliger que je mets au-dessus ; Ce dehors prévenant, cet abord qui captive, Tout m'inspire pour vous l'amitié la plus vive. Votre intérêt, monsieur, me touche vivement ; Et puisque vous allez prendre un engagement, Instruisez-moi, de grâce, et que de vous j'apprenne La part qu'à ce lien vous voulez que je prenne. C'est sur vos sentiments que je veux me régler ; Je m'y conformerai, vous n'avez qu'à parler. Ah ! Monsieur... Que de biens réunis ! Je puis présentement Vous témoigner combien... Le temps et vos leçons l'apprendront à penser. Tous les biens sont mêlés, et chacun a sa peine. Je plains votre destin ; mais quoiqu'il soit fâcheux, Je connais un amant beaucoup plus malheureux. C'est moi-même. Moi, Baron ; et pour vous consoler, Mon coeur veut à son tour ici se dévoiler. Apprenez un secret ignoré de tout autre : Ma confiance est juste, et doit payer la vôtre. Notre choix a d'abord de la conformité. J'adore, comme vous, une jeune beauté Que j'ai vue au couvent, dont la grâce ingénue Frappe au premier abord, intéresse, et remue. Le doux son de sa voix, et ses regards vainqueurs Sont d'accord pour porter l'amour au fond des coeurs. La nature a tout fait pour cette fille heureuse, Et ne s'est point montrée à moitié généreuse. Votre amante, Baron, n'a que les seuls dehors, La mienne réunit seule tous les trésors. Ses yeux, et son souris où règne la finesse, Annoncent de l'esprit et tiennent leur promesse ; Elle parle fort peu, mais pense infiniment : À l'égard de son coeur, c'est le pur sentiment, Il s'attache, il est fait exprès pour la tendresse, Et pétri par les mains de la délicatesse. Oui, je crois l'être autant que je suis enflammé. Attendez, mon histoire encor n'est pas finie ; Vous ignorez le point critique et capital. Obligé d'entreprendre un voyage fatal, J'ai perdu malgré moi ma maîtresse de vue. Je ne sais, qui plus est, ce qu'elle est devenue. Nous nous sommes écrit d'abord exactement, Et ses lettres suivaient les miennes promptement : Mais elle a tout à coup cessé de me répondre. J'ai pressé mon retour, je suis parti de Londres ; Et mes feux empressés, d'abord en arrivant, M'ont fait, pour la revoir, voler à son couvent. Vain espoir ! On m'a dit qu'elle en était sortie ; C'est tout ce que j'en sais. Une main ennemie, Que je ne connais pas, l'arrache à mon amour, Et ce coup à mes yeux l'enlève sans retour. Douceur cruelle et vaine ! Le bonheur d'être aimé met le comble à ma peine. Non, je n'espère plus d'y pouvoir réussir; Et dans tous mes projets le malheur m'accompagne ; J'ai mis depuis huit jours tous mes gens en campagne. Mais inutilement : ils ne m'apprennent rien. Vous la posséderez ; c'est un bien qui console. Mais pour mes feux trompés cet espoir est détruit : Plus l'objet est parfait, et plus sa perte aigrit. Je suis le plus à plaindre ; et mon cruel voyage... Oui, ne nous quittons plus, soyons toujours ensemble. Le malheur nous unit, et le goût nous rassemble. Que nos revers communs, excitant la pitié, Servent à resserrer les noeuds de l'amitié ! Et moi, je cours, Monsieur, m'informer de ce pas Si mes gens n'ont point fait de recherche nouvelle. Je vous rejoins après, quoique j'apprenne d'elle. Un ami si parfait, que j'acquiers dans ce jour, Peut seul me consoler des pertes de l'amour. Parle, as-tu rien appris ? Champagne, instruis-moi vite. Quoi ! Tu sais sa demeure ? Où donc est-elle ? Ici, dans cet hôtel ? Ma surprise est extrême ! Ô ciel ! Me dis-tu vrai ? Quel coup inattendu ! Mais à qui l'unit-on ? Au Baron ? Grand Dieu ! La singulière et fatale aventure ! Mais elle n'est pas vraie, on vient de t'abuser : La personne qu'il aime et qu'il doit épouser Est brillante d'attraits, mais d'esprit dépourvue ; C'est ainsi que lui-même il l'a peinte à ma vue : Et celle que j'adore est accomplie en tout, À l'extrême beauté joint l'esprit et le goût. Je n'en puis plus douter, et ce nom seul m'éclaire ; Mon esprit à présent débrouille le mystère. Le baron, pour bêtise et pour stupidité Aura pris son air simple et sa timidité : Elle est d'un naturel qui se livre avec crainte ; Cet effroi s'est accru par la dure contrainte De former un lien qui force son penchant, Et par l'effort de taire un si cruel tourment. Oui, le chagrin secret de voir tromper sa flamme, Et j'aime à m'en flatter, a jeté dans son âme Ce morne abattement, cette sombre froideur, Qui choquent le baron, et causent son erreur. Dans mon vif désespoir j'ai du moins l'avantage De penser qu'aujourd'hui sa tristesse est l'ouvrage Et le garant flatteur de son amour pour moi, Et qu'à regret d'un père elle subit la loi. Il est vrai, j'en frémis : c'est un bien sans effet. Sa funeste douceur ajoute à mon regret ; Et d'un feu mutuel la flatteuse assurance Est un nouveau malheur quand on perd l'espérance. Se voir ravir un coeur plein d'un tendre retour, C'est de tous les revers le plus grand en amour ; Et se voir enlever ce trésor qu'on adore Par la main d'un ami qui lui-même l'ignore, Y met encor le comble, et le rend plus affreux ! Je me plaignais tantôt de mon sort rigoureux, Quand mes soins ne pouvaient découvrir sa demeure. J'aurais beaucoup mieux fait de craindre et de fuir Où je devais apprendre un secret si cruel. l'heure Pour moi sa découverte est un arrêt mortel : Je serais trop heureux d'être dans l'ignorance, Et du baron du moins j'aurais la confidence. Je pourrais dans son sein épancher ma douleur. Hélas ! j'ai tout perdu jusqu'à cette douceur. Quel état violent ! Ô ciel ! Que dois-je faire ? Dois-je fuir ou rester ? M'expliquer ou me taire ? Que dirai-je au baron ? Pourrai-je l'aborder ? Ah ! D'avanCe mon coeur se sent intimider. Je ne pourrai jamais soutenir sa présence; Mon trouble... Juste Dieu ! Je le vois qui s'avance. Je n'ai rien. Je ne puis. Plus que je ne voulais. Je dois plutôt cacher le trouble qui m'agite. Dans l'état où je suis souffrez que je vous quitte. Dispensez-moi, baron, de vous le découvrir ; Et laissez-moi... Quelle effroyable gêne ! Où me vois-je réduit ! Je crains... Oui, puisque ce secret par vous m'est arraché, Je voudrais que son sort me fût encore caché : Mes gens de sa demeure ont l'ait la découverte, Mais pour rendre mes feux plus certains de sa perte Ils m'ont trop éclairé. Tout ce que je pouvais en apprendre de pis. J'ai su que sa famille au plus tôt la marie ; Pour comble de chagrin je vais la voir unie Au destin d'un ami qui m'enchaîne le bras ! Rien n'égale, Monsieur, ma disgrâce présente ; Je sens qu'elle est pour moi d'autant plus accablante Que je ne puis choisir ni prendre aucun parti ; Toute voie est fermée à mon espoir trahi. Quelle est-elle ? Le moyen à présent, Monsieur, que je la vois Promise à mon ami dont son père a fait choix ? Mon coeur doit renoncer plutôt à ma maîtresse ; L'honneur et le devoir y forcent ma tendresse. Monsieur, pour un moment, mettez-vous à ma place, Feriez-vous ce qu'ici vous voulez que je fasse ? L'amour vous ferait-il manquer à l'amitié ? Moi, je ne me sens pas tant d'intrépidité ; Et quand même j'aurais cette témérité, Que puis-je espérer ? À quoi tous mes efforts pourraient-ils aboutir ? Il est trop avancé. Elle est d'un caractère, D'un esprit trop craintif, pour tenter ce moyen, D'autant qu'elle a donné sa voix à ce lien ; Moi-même à l'y porter j'ai de la répugnance. Le remords que je sens... J'en vois l'impossibilité ; Car son hymen, vous dis-je, est près de se conclure Demain, ce soir peut-être, et ma disgrâce est sûre. Que puis-je faire alors ? Et de quelle manière ? À mon ami ferai-je un affront si sanglant ? Quand vous parlez ainsi, c'est sur le ton badin ; Je forme et je veux suivre un plus juste dessein : À mes sens révoltés quelque effort qu'il en coûte, Le devoir me l'inspire, il faut que je l'écoute. De l'erreur d'un ami j'abuse trop longtemps ; Je veux la dissiper dans ces mêmes instants, Et je vais sans détour, à quoi que je m'expose, De mon trouble secret lui dévoiler la cause. Juste ciel ! Est-ce vous qui devez m'arrêter ? Eh quoi! Voulez-vous donc que je trompe en ce jour Un homme que j'estime, et qui m'aime à son tour ? C'est lui faire un outrage. Vous me le conseillez ? Je demeure confus ! Ces mots ferment ma bouche, et changent ma pensée : Mon ardeur, puisqu'enfin elle s'y voit forcée, Va suivre le parti que vous lui proposez : Mais souvenez-vous bien que vous l'y réduisez, Que vous êtes, Monsieur, garant de ma conduite Que vous deviendrez seul coupable de la suite ; Et que si trop avant je me laisse entraîner, C'est vous, et non pas moi qu'il faudra condamner. Je vous crois donc, et j'ose. Quel trouble ! En la voyant j'ai peine à me contraindre! Pardon, je me rappelle Qu'ailleurs plus d'une fois j'ai vu mademoiselle. Au courant ; Précisément au même où j'allais voir souvent, Comme je vous l'ai dit, cette jeune personne. La rencontre me charme autant qu'elle m'étonne. L'estime et l'amitié les liaient de si près, Que l'une et l'autre alors ne se quittaient jamais : C'est cet attachement qu'elles faisaient paraître À qui je dois, Monsieur, l'honneur de la connaître. Tout a dû l'en instruire : J'ai fait en sa présence éclater mon ardeur, Et, comme ma maîtresse, elle connaît mon coeur. Dans l'état incertain qui maintenant m'agite, Souffrez que devant vous j'ose l'interroger. Non, je veux sans contrainte apprendre de sa bouche Quels sont les sentiments de l'objet qui me touche ; Parlez, belle Lucile, ils vous sont connus tous : Mon amante n'a rien qui soit caché pour vous ; Et vous devez souvent en avoir des nouvelles. J'en apprends une des plus cruelles ; Ses parents, m'a-t-on dit, veulent la marier. Ciel ! Quel oui funeste ! Et qu'il doit m'effrayer L'approuve-t-elle ? Comment se trouve-t-elle à présent ? Pense-t-elle... ? Et que dit-elle ? Ces mots sont d'un grand sens pour qui sait les comprendre. J'ai toujours eu du goût pour la précision. Infiniment, Monsieur. Du peu qu'elle m'a dit vous me voyez ravi. Ma maîtresse à mon sort est-elle bien sensible ? À peine suis-je maître De mes sens agités ! Non, c'est moi qui vais sortir. Mon transport à la fin pourrait me découvrir. Mademoiselle, adieu ; songez bien, je vous prie, Qu'il faut que votre coeur pour moi parle aujourd'hui. ............................................ Je vous suis obligé de vos soins généreux. Il est vrai, je commence À me flatter, Monsieur, d'une douce espérance. La joie enfin succède au plus affreux souci. Je ne puis exprimer le plaisir que je goûte : On n'imagine point jusqu'où va... Non, non, vous ignorez combien il est flatteur. Je ne sais quoi pourtant m'arrête au fond du coeur. Oui, tromper un ami révolte mon idée, Et je sens que je blesse au fond la probité. En est-il où ses droits ne soient point respectables ? Et ne doit-elle point régler en tout nos pas ? Et par quelle raison ? Un tel discours me passe! Le plus beau des liens, d'où dépend notre paix, Peut-il être avili jusques à cet excès ? Le monde est étonnant dans sa bizarrerie. Le joueur qui friponne est couvert d'infâmie, Et le perfide amant qui trompe, et qui trahit, Devient homme à la mode, et se met en crédit. Quel travers dans les moeurs, et quel affreux délire ! Aussi grossièrement peut-on se contredire ? Mon âme, à penser faux, ne peut s'accoutumer. Le jeu, dont j'ai parlé, commerce de caprice, Fondé sur l'intérêt, la fraude et l'avarice, S'est rendu, par l'usage, un lien révéré : Les devoirs en sont saints, le culte en est sacré. À ses engagements le fier honneur préside ; Et ses dettes, surtout, sont un devoir rigide : Au jour précis, à l'heure, il faut, pour les payer, Vendre tout, et frustrer tout autre créancier. Et l'amour tendre et pur devient un noeud frivole, Où l'on est dispensé de tenir sa parole. Le joug de l'amitié n'est pas plus respecté ; On veut qu'ils soient tous deux exempts de probité : Leurs devoirs sont remplis les derniers ; et leurs dettes Ou ne s'acquittent pas, ou sont mal satisfaites. Mais rendez-moi raison d'un tel égarement, Vous, profond dans le monde, et son digne ornement. N'en déplaise au bon ton, dont je suis rebattu, Nous ne devons jamais rougir de la vertu. Vos discours dans mon coeur font passer votre effroi. Ce monde que je blâme a des attraits pour moi. Je ne puis vous cacher que, né pour y paraître, Je l'aime, et brûle, en beau, de m'y faire connaître. Son commerce est un bien dont je cherche à jouir, Et m'en faire estimer est mon premier désir. J'ai, pour vivre content, besoin de son suffrage. Dans ce juste dessein si je faisais naufrage, Je ne pourrais, Baron, jamais m'en consoler. La crainte que j'en ai me fait déjà trembler. Pour voguer sûrement sur cette mer trompeuse, Je demande et j'attends votre aide généreuse. Daignez donc me guider de la main et de l'oeil ; Et pour m'en garantir, montrez-moi chaque écueil. J'y ferai mon effort. J'avais pris ce parti. J'ai même ici ma lettre ; Mais je ne sais comment la lui faire remettre. Oui, par mille raisons, c'est un bien où j'aspire ; Et c'est pour l'en presser que je lui viens d'écrire. Eh bien ? Oui, c'est ce que je crains. On ne peut la remettre en de meilleures mains. Moi-même je voudrais, lui donnant mon billet, Le lui recommander. Il sert trop bien ma flamme ! Mais chassons, après tout, cet effroi de mon âme, Quand j'en puis profiter sans blesser mon devoir. Le baron, dans ce jour, il me l'a fait trop voir, Pour l'aimable Forlis sent un mépris insigne ; Il dédaigne un bonheur dont son coeur n'est pas digne. De sa grâce naïve il méconnaît le prix. Elle aurait un tyran ; et l'hymen, j'en frémis ! Pour elle deviendrait une chaîne cruelle. Je dois l'en garantir, moins pour moi que pour elle. L'amour, la probité, la pitié, la raison, Tout me fait une loi de tromper le baron. Employer l'artifice en cette conjoncture, C'est servir la vertu, non trahir la droiture. Lui-même, qui plus est, me conduit par la main. Je la vois, sa présence affermit mon dessein. C'est une lettre Que j'ose vous prier instamment de remettre... Mademoiselle, à cet objet charmant Dont vous êtes l'amie, et dont je suis l'amant. Il y verra les traits de l'amour le plus tendre. Et puis-je me flatter qu'elle soit bien reçue ? Quand elle l'aura lue, Puis-je encore espérer qu'elle me répondra ? Oserai-je, pour moi, compter sur votre zèle ? Daignez m'accorder un instant. C'est un point capital oublié dans ma lettre. Mademoiselle... Sans la commettre Si dans cette journée, et par votre moyen, Je pouvais obtenir un moment d'entretien ? Je puis, Mademoiselle, Trouver l'occasion de lui parler chez elle; Et c'est, pour tous les deux, un point bien essentiel. Dès que monsieur le veut, Convenez qu'on le doit, et songez qu'on le peut. Monsieur, je vous promets de vous le ramener. J'aperçois le Baron, et ma chère Forlis. Mais il lit un billet ; ciel ! L'aurait-il surpris ? Fort bien ! Il prend pour lui ce qu'on vient de m'écrire. Ou son erreur. Je jouis d'un plaisir tout nouveau, Et l'on n'a jamais mieux donné dans le panneau. Je la goûte encor plus que vous ne l'approuvez. Je le partage au moins. Oh ! Je le suis déjà. Un billet qui m'enchante ! Votre ravissement n'égale pas le mien, Et c'est mademoiselle, à qui je dois ce bien. Vous allez donc partir ? Bon ! Je puis enfin, au gré du penchant qui m'entraîne, Vous voir et vous parler sans témoin et sans gêne. Que cet instant m'est doux ! Que je suis enchante ! Ce moment, comme moi, l'avez-vous souhaité ? Vous ne répondez rien, et votre coeur soupire. Oui, charmante Lucile ! Il n'est point d'éloquence Qui vaille et persuade autant qu'un tel silence. Souffrez, dans le transport dont la mienne est pressée... Ah ! C'est le véritable, et n'en ayons point d'autre ; Comme il sera le mien, qu'il soit toujours le vôtre Ne puisons notre esprit que dans le sentiment. Vous m'aimez ? Que votre belle bouche encore le répète ! Vous avez, à le dire, une grâce parfaite. Et moi, je vous adore ! Que je vais payer cher ces instants pleins de charmes ! Mon bonheur est troublé par de justes alarmes ; Et je suis prêt de voir le baron possesseur D'un bien que sa poursuite enlève à mon ardeur : J'ai frémi, quand j'ai vu qu'il lisait votre lettre. Elle est entre ses mains. D'accord ; mais pour vous plaire, il redevient aimable ; Ses grâces à mes yeux le rendent redoutable. Cet aveu qui me charme en même temps m'afflige ; À rompre un noeud fatal je sens que tout m'oblige : Mes feux méritent seuls d'obtenir tant d'appas ! Vous partez donc ? Mon coeur reconnaîtra cette obligation. Malgré lui de ces lieux on vient de l'arracher. Une affaire imprévue ; La duchesse, monsieur, elle-même est venue Le prendre en son carrosse : il a fallu céder. Sans doute il s'y rendra, dès que la chose presse. Il faut, en sa faveur, que j'agisse moi-même : Je le puis par mon oncle ; il fera tout, il m'aime; Son crédit est puissant, hâtons-nous de le voir. Pour le mieux obliger d'employer son pouvoir, De ma secrète ardeur faisons-lui confidence; Du baron, s'il se peut, réparons l'indolence. A monsieur de Forlis je dois un tel appui; Et je sers mon amour en travaillant pour lui. Je viens vous détromper sur le gouvernement. Vous l'obtenez, Monsieur, par accommodement. La place était promise, et non pas accordée. Mon oncle, qui parlait pour votre concurrent, Avec lui vient de prendre un autre arrangement. Il lui fait obtenir, monsieur, à mon instance, La vôtre qui se trouve être à sa bienséance, Et d'une pension on y joint le bienfait. De l'autre en même temps vous avez le brevet. Quoique sûr d'être aimé, Je n'ai pas son audace, et je suis alarmé ! C'est à mademoiselle, et je ne dois rien dire. Pour mériter sa main, pouvais-je faire moins ? Vous avez malgré moi combattu mes raisons, Et vous m'avez forcé de suivre vos leçons. **** *creator_boissy *book_boissy_hommedujour *style_verse *genre_comedy *dist1_boissy_verse_comedy_hommedujour *dist2_boissy_verse_comedy *id_LUCILE *date_(inc *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_lucile Je cherchais votre soeur. Eh ! monsieur l'est aussi ! Il est vrai. Oui. Non. Mal et bien. Beaucoup. Rien. Oui, votre état la jette en un trouble terrible ; Moi, qui connais son coeur, je puis vous l'assurer. J'en ai trop dit peut-être, Et je m'en vais. Je vous suis obligée. Mais comme il vous plaira. Mais j'ai mal dit, je crois. Excusez, mais votre air m'intimide et m'arrête. Oui vraiment. Mais il est naturel. Oh ! beaucoup. Secouru ! En quoi donc, je vous prie ? Elle le sait déjà. Je n'ose pas tout haut dire ce que j'en pense. Oh ! Sans la bienséance... Quoi ! Vous me l'ordonnez ? Mais il ne l'est pas tant, Monsieur, que vous pensez. Monsieur, voilà votre soeur qui s'avance. C'est la troisième fois que vous me l'avez dit. Vous vous fâchez, Monsieur, je me retire. Monsieur... De quoi s'agit-il donc, Monsieur ? À qui ? Je ne manquerai pas, Monsieur, de la lui rendre. Mais, je n'en doute point. Oui, Monsieur, je le crois, dès qu'elle le pourra. Mais je ferai, monsieur, mon possible auprès d'elle. Eh bien ! Monsieur ? Elle ne sort jamais. Mais elle est sous les yeux d'un surveillant cruel, Qui faussement paré d'une douceur trompeuse, L'intimide, et la tient dans une gêne affreuse. Mais vous m'encouragez. Enfin me voilà seule ! Et bannissant la crainte, Je puis donc respirer, et lire sans contrainte La lettre d'un amant qui règne dans mon coeur ! Sa lecture peut seule adoucir ma douleur. « Non, belle Lucile, il n'est point de situation plus singulière que la nôtre, ni d'amant plus malheureux que moi.Je vous vois à toute heure sans pouvoir m'expliquer. Je m'aperçois qu'on vous méprise, et qu'on vous croit sans esprit et sans sentiment, vous qui pensez si juste, et dont le coeur tendre et délicat égale la sensibilité du mien, et c'est tout dire. Vous êtes à la veille d'en épouser un autre, et je n'ose me plaindre. Je pourrais me consoler, si votre mariage ne faisait que mon malheur ; mais il va combler le vôtre ; je le sais, je le vois, et je ne puis l'empêcher ; c'est là ce qui rend mon désespoir affreux : sans une prompte réponse j'y vais succomber. » Mon coeur est déchiré par un billet si tendre. Ma peine, et mon plaisir ne sauraient se comprendre. Non, mon état n'est fait que pour être senti ! J'ai là tout ce qu'il faut. Vite, répondons-y. Cher amant ! Si les traits de l'ardeur la plus vive. Si d'un parfait retour l'expression naïve Peuvent te consoler, et calmer tes esprits, Tu seras satisfait de ce que je t'écris. Les maux que tu ressens font mon plus grand martyre. Ah! Monsieur, je n'écris à personne. Ce sont des mots sans suite, et mis pour m'essayer. Le cruel embarras ! J'orthographie... Et peins trop mal, monsieur... Jamais je n'oserai. Vous ne pourriez jamais lire mon écriture ; Et vous vous moqueriez de moi, j'en suis trop sûre. Je suis de bonne foi. Je sais l'opinion que vous avez de moi ; Et c'est pour l'augmenter. Oui. La méprise est heureuse ! Et mon âme respire ! Il est vrai. Vous louez mon billet plus que vous ne devez. Levez-vous, vous comblez le trouble qui m'agite. En cela j'ai suivi le penchant qui m'inspire. Le soin qui les conduit sans doute est d'importance ? À peine à mes transports, mes sens peuvent suffire : Le discours est trop faible, et je n'en puis former. Marquis, me taire ainsi, n'est-ce pas m'exprimer ? Mes yeux semblent sortir d'une profonde nuit ; Dans ceux de mon amant un autre ciel me luit : Au seul son de sa voix mon coeur se sent renaître, Et l'amour près de lui me donne un nouvel être. Mon âme n'était rien quand il était absent ; Sa vue et son retour la tirent du néant ! Non, sans vous, loin de vous, je n'ai point de pensée. Je suis stupide auprès du monde indifférent, Et je n'ai de l'esprit qu'avec vous seulement. Le mien ne brille point dans une compagnie : Le sentiment l'échauffe, et non pas la saillie. Celui que l'amour donne à deux coeurs bien épris Est le seul qui m'inspire, et dont je sens le prix. Oui, mon coeur vous aime uniquement. Oui, Marquis, je vous aime, et je n'aime que vous. Ô retour qui m'est doux ! Moi-même de ma peur j'ai peine à me remettre. N'en soyez point jaloux ; Vous savez qu'elle n'est écrite que pour vous. Quelque forme qu'il prenne, il n'avancera rien : Je le verrai toujours, à l'examiner bien, Comme un tyran caché qui, sous un faux hommage, Me prépare le joug du plus dur esclavage; À qui l'hymen rendra sa première hauteur, Et qui me traitera comme il traite sa soeur. À son sort, par ce noeud, je tremble d'être unie : Je vais dans les horreurs traîner ma triste vie. Si l'aveugle amitié que mon père a pour lui N'eût rendu ma démarche inutile aujourd'hui, J'aurais déjà, j'aurais forcé mon caractère, Et je serais tombée aux genoux de mon père : Ma bouche eût déclaré mes sentiments secrets, Plutôt que d'épouser un homme que je hais, Et que mes yeux verraient même avec répugnance,, Quand je n'aurais pour vous que de l'indifférence. Jugez combien ce fonds de haine est augmenté Par l'amour que le vôtre a si bien mérité ! Jugez combien il perd dans le fond de mon âme Par la comparaison que je fais de sa flamme Avec le feu constant, tendre et respectueux D'un amant jeune et sage, aimable et vertueux ! Vous possédez, Marquis, le mérite solide : Il n'en a que le masque et le vernis perfide ; Il ne songe qu'à plaire, et ne veut qu'éblouir : Vous seul savez aimer, et vous faire chérir ! De tout Paris son art veut faire la conquête ; À régner sur mon coeur votre gloire s'arrête. Il est, par ses dehors et par son entretien, Le héros du grand monde, et vous êtes le mien. Ciel ! C'est Lisette ! Je vous en remercie, et je rentre bien vite. Adieu. Malgré moi je vous quitte. Vous la méritez bien; mais je suis inquiète. Mon père et le baron sont absents de ces lieux ; Le marquis devrait bien se montrer à mes yeux, Et profiter du temps que son rival lui laisse. Vous me faites trembler. J'aime mieux sa froideur. Oui, le Marquis arrive avec empressement : C'est lui. Le coeur me bat. Ah ! Ciel ! C'est le baron. Monsieur, l'avez-vous vu ? Ce portrait de l'amour n'est pas bien gracieux. J'avais cru jusqu'ici que nous valions la peine Qu'on s'attachât à nous particulièrement. À mon âge, l'on doit se taire là-dessus, Madame ; et je m'en vais de peur d'en dire plus. C'est une folle au fond qui conseille fort bien. Oui, monsieur, j'en conviens. Je n'ai point prononcé, vous vous trompez, Monsieur. Non. Oui, mon père, il le sait. Madame a deviné. Non, c'est une méprise Était pour lui. Vous me l'avez surprise. **** *creator_boissy *book_boissy_hommedujour *style_verse *genre_comedy *dist1_boissy_verse_comedy_hommedujour *dist2_boissy_verse_comedy *id_CELIANTE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_celiante Eh ! pourquoi donc, Lisette ? Va, Bourguignon a tort si le baron le chasse. Un tel rapport m'étonne. Mais mon frère est si doux ! Lisette, il n'est point d'homme à tous égards parfait. Tu dois... Ils sont tous deux censés être de la famille. S'il s'écarte avec eux du cérémonial, L'usage le permet, l'amitié l'en dispense, Et Monsieur de Forlis aura plus d'indulgence. Songe qu'il est, Lisette, un ami de dix ans. Lisette, c'est l'effet de sa timidité. Son penchant naturel est d'aimer à se taire, Et la simplicité forme son caractère. L'air du couvent, d'ailleurs, rend sotte. Elle est d'un âge à rassurer. Elle est folle à l'excès. Il faut du sérieux. Et n'a rien de réel. Comme ils sont répandus, que c'est là leur manie, Le même tourbillon les emporte et les lie ; Mais c'est un noeud léger qui n'a point de soutien ; Il paraît les serrer, et ne tient presque à rien. L'un et l'autre se cherche à dessein de paraître, Se prévient sans s'aimer, se voit sans se connaître ; Commerce extérieur, union sans penchant, Que fait naître l'usage et non le sentiment. L'esprit vole toujours sur la superficie. Et le coeur ne se voit jamais de la partie. Tel est, au vrai, le monde et sa fausse amitié : C'est par les dehors seuls qu'on s'y trouve lié ; Et voilà ce qui fait que je fuis, que j'abhorre Ce monde, presque autant que mon frère l'adore. Tant pis ! Sa visite m'ennuie. J'irai, si vous voulez, le presser de descendre, Madame! Vite, dépêchez-vous, Je n'éprouvai jamais un pareil embarras. Vos soins m'honorent trop. Vos bontés... L'obscurité convient aux filles comme moi. Pour suivre votre essor et l'esprit qui vous guide, Ma raison est trop faible, et mon coeur trop timide. Les préjugés communs me tiennent sous leurs lois ; Et je soutiendrais mal l'honneur de votre choix. Je mets, pour moi, qui n'ai nulle coquetterie, À fuir surtout l'éclat, le bonheur de la vie ; Et je tâche à trouver ce souverain bonheur, Non dans l'esprit d'autrui, mais au fond de mon coeur. Il ne m'est inspiré jamais que par autrui. Qu'elle est extravagante ! Je vais moi-même m'en instruire : Et, quelque part qu'il soit, je vais lui faire dire Que madame l'attend. Vous la traitez, mon frère, avec trop de hauteur, Et vous l'étourdissez. Employez la douceur. Trouvez bon cependant que je vous représente Qu'une telle conduite auprès d'elle vous nuit, Et qu'à la fin sa haine en peut être le fruit ; Qu'elle sent... Elle s'est plainte à moi, je dois vous informer... Mais vous allez bientôt voir arriver son père. Pour son appartement comment allez-vous faire ? Ma sincère amitié... Vous n'avez jamais rien d'agréable à me dire. Pour moi votre mépris augmente chaque jour. Ah ! Ne me raillez pas aussi cruellement. Moi, je vous dois ici dire vos vérités, Et vais d'un bon avis payer vos duretés. Vous êtes fort aimable... Prévenant, doux, affable Pour les gens du dehors que ménage votre art ; À vos civilités le monde entier a part, Parce qu'il est, Monsieur, l'objet de votre culte, Et l'oracle constant que votre esprit consulte ; Mais mon frère chez lui sait se dédommager Des égards qu'il prodigue à ce monde étranger. Il dépouille en entrant sa douceur politique; Méprisant pour sa soeur, dur pour son domestique, Fâcheux pour sa maîtresse, et froid pour ses amis, Il prend une autre forme, et change de vernis. Tout craint dans sa maison, et tout fuit sa rencontre : Le courtisan s'éclipse, et le tyran se montre. Le trait est fort, mais vous me l'arrachez ; Et j'ai peint dans le vrai, puisque vous vous fâchez. Je l'ai fait toutefois dans une bonne vue : Profitez-en ; ou bien si l'erreur continue, Des vôtres redoutez le funeste abandon ; Craignez de vous trouver seul dans votre maison, Et de n'avoir d'ami que ce monde frivole, Dont un souffle détruit l'estime qui s'envole. Vous êtes, je le vois, mécontent de mon frère, Monsieur ? Et ! Quel nouveau sujet, monsieur, vous indispose ? Je voudrais excuser un procédé semblable, Mais je sens qu'envers vous mon frère est trop coupable. Je rentre ; vous seriez gênés par ma présence. Mon frère auprès de vous a perdu sa tristesse; Et j'en juge, Monsieur, par l'air gai dont il sort. Il a soin de cacher le plaisir qu'il lui fait, Et sa discrétion est un nouveau bienfait. Quelle idée ! Sur quoi donc le crois-tu ? Va, c'est apparemment la lettre d'une amie. Bon ! Tu prends dans ton esprit ta folle conjecture. Non, viens, rentre avec moi ; respectons son secret, Celui que l'on surprend est un larcin qu'on fait. **** *creator_boissy *book_boissy_hommedujour *style_verse *genre_comedy *dist1_boissy_verse_comedy_hommedujour *dist2_boissy_verse_comedy *id_LACOMTESSE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lacomtesse Nous cherchons le baron avec empressement ; J'ai même à lui parler très sérieusement. Qu'on aille l'avertir, je ne saurais attendre. Non, restez, je vous prie, avec nous ; Lisette aura ce soin. Son air est emprunté. Je veux l'apprivoiser, elle est un peu sauvage. Mais vous fuyez le monde, et l'on ne vous voit pas. Dans votre appartement, quoi ! Toujours retirée ? Jeune et formée en tout pour être désirée, Quel injuste penchant vous porte à vous cacher ? Il faut donc, pour vous voir, qu'on vienne vous chercher ? Je prétends vous tirer de cette nuit profonde, Vous inspirer l'amour et l'esprit du grand monde. Se tenir constamment recluse comme vous, C'est exister sans vivre, et n'être point pour nous. Trêve de modestie. Laissons là mes bontés, je vous prie. De conduire vos pas je veux prendre l'emploi. Vous êtes demoiselle, et faite pour paraître, Et vous ne brûlez pas de vous faire connaître ? Vous flatter, vous nourrir de cet unique soin, Pour vous est un devoir, je dis plus, un besoin ; Et celui de dormir et de se mettre à table, N'est pas plus fort ohez nous que celui d'être aimable. La nature, à mon sexe, en a fait une loi. Se répandre et briller, c'est respirer, pour moi. Moi, très scandalisée. Mais il faut donc, par goût, que vous aimiez l'ennui ? Qu'elle est sotte à mes yeux ! Le baron viendra-t-il ? Car je m'impatiente. Bon ! Je m'en doutais bien. Je n'en crois rien. Où sera-t-il ? Un tel soin est flatteur. Se peut-il du baron que ce soit là la soeur ? Comment la trouvez-vous ? Parlez. Son esprit est brillant ! Est chez vous déplacé. Il sied bien à vingt ans, Monsieur, d'être sensé ! Ah ! Quel travers extrême ! Je ne puis m'empêcher d'en rougir pour vous-même. Vous prisez le bon sens ! Ô ciel ! Puis-je le croire ? Un jeune homme de Cour peut-il en faire gloire ? C'est un être nouveau qui n'avait point paru. Ah ! Baron, venez voir ce qu'on n'a jamais vu, Et qui ne peut passer même pour vraisemblable : Un marquis de vingt ans prudent et raisonnable, Qui l'ose déclarer, et qui n'en rougit point ! À fuir. Mais brisons sur ce point. Un soin intéressant m'a chez vous amenée. Je viens vous retenir pour cette après-dînée. Monsieur Vacarmini fait un bruit étonnant. C'est le plus surprenant, Le plus fort violon de toute l'Italie. Pour l'entendre avec vous, j'ai lié la partie. Partout on le souhaite, et chacun se l'arrache. Je vous l'ai dit, Marquis, heureux qui se l'attache ! Il faut vous dégager. J'attends la préférence. Cependant vous viendrez avec nous. Et moi, je l'exige de vous. Sans doute ; et vos rigueurs m'étonnent. Je puis compter sur vous ? Je dois à présent Vous parler sur un point tout à fait important. Il court de vous un bruit qui m'étonne et m'afflige. Des plus fâcheux, vous dis-je ; Il m'alarme pour vous. On dit que vous vous mariez. Oui. Dit-on vrai ? Mais... Tant pis ! Tout des plus. Jamais. Je vous connais, Baron, il n'est pas fait pour vous. Vos amis à ce noeud doivent s'opposer tous. L'hymen en vous va faire un changement extrême ; Le monde y perdra trop, vous y perdrez vous-même La moitié, tout au moins, du prix que vous valez. Être couru, fêté partout où vous allez ; Être aimable, amusant, et ne songer qu'à plaire, Voilà votre état propre, et votre unique affaire. L'homme du monde est né pour ne tenir à rien : L'agrément est sa loi, le plaisir son lien ; S'il s'unit, c'est toujours d'une chaîne légère, Qu'un moment voit former, qu'un instant voit défaire ; Il fuit jusques au noeud d'une forte amitié : Il est toujours liant, et n'est jamais lié. Non, je lis dans vos yeux que l'hymen redoutable Doit aigrir la douceur dont vous êtes pétri, Et d'un garçon charmant faire un triste mari. Conseil de la raison ! Juste ciel ! Quel langage ! Je pardonne au Marquis d'oser me la citer ; Mais vous et moi, Monsieur, devons-nous l'écouter ? Nous sommes trop instruits qu'elle est une chimère. Oui ! C'est un vieux préjugé qui porte à tort son nom Moi, je soutiens qu'elle est elle-même un abus, Qu'elle accroît les défauts, et gâte les vertus, Étouffe l'enjouement, forme les sots scrupules, Et donne la naissance aux plus grands ridicules ; De l'âme qui s'élève arrête les progrès, Fait les hommes communs, ou les pédants parfaits Raison qui ne l'est pas, que l'esprit vrai méprise, Qu'on appelle bon sens, et qui n'est que bêtise. J'aurais une raison, moi ! Quelle est cette raison qu'à peine je conçois ? L'heureuse découverte ! Adorable Baron ! Vous venez pour le coup de trouver la raison ; Et j'y crois à présent, puisqu'elle est embellie De tous les agréments de l'aimable folie. Le marquis à ses lois ne se soumettra pas ; À la vieille raison il donnera le pas. Mais les plus grands efforts lui deviennent aisés, Il accorde d'un mot les partis opposés. Quel liant dans l'esprit, et dans le caractère ! Adieu ; j'ai ce matin des visites à faire. À trois heures chez moi je vous attends tous deux. Vous, baron, renoncez à l'hymen dangereux : Vous ne devez avoir, que le monde pour maître. La raison, qu'aujourd'hui vous me faites connaître, Vous parle par ma bouche, et vous fait une loi De vivre indépendant, et libre comme moi. Soyons toujours en l'air : des choses de la vie Prenons la pointe seule et la superficie. Le chagrin est au fond, craignons d'y pénétrer. Pour goûter le plaisir, ne faisons qu'effleurer. Comment donc ! Est-ce ainsi que l'on se fait attendre ? Moi-même il faut, chez vous, que je vienne vous prendre Cet oubli me surprend, surtout de votre part ; Vous, prévenant, exact. Je ne puis, à ce trait, monsieur, vous reconnaître. Par qui donc ? Moi, je l'ai retenu pour toute la journée. N'en déplaise à l'espoir dont votre esprit se flatte, Vous venez un peu tard, je suis première en date. Oh ! Celle qui m'amène est plus intéressante. Mais c'est un phénomène, et Paris en convient. Moi, quinze jours plus tôt j'ai quitté la campagne. Passé ce soir, monsieur, on ne l'entendra plus; Il part demain. Ce violon fameux que nous devons entendre. Il doit jouer, Monsieur, pour la dernière fois. C'est un homme admirable, Et qui tire des sons singuliers et nouveaux. Ses doigts sont surprenants, ce sont autant d'oiseaux. Doux et tendre, d'abord il vole terre à terre ; Puis, tout à coup, bruyant, il devient un tonnerre. Rien n'égale, en un mot, monsieur Vacarmini. Eh ! Qui donc êtes-vous, pour jouter contre lui ? Je vous crois du talent et beaucoup de mérite : Mais vous ne partez pas apparemment si vite. On pourra vous entendre un autre jour. Oui, quel est votre fort, monsieur, précisément ? La musette, la flûte, ou le violoncelle ? Quelle est donc cette affaire, et si grave et si grande! Un gouvernement ? Quoi ! Ce n'est que cela Oh ! Rien ne presse moins ; si ce n'est celui-là, Vous en aurez un autre, et la chose est facile. Mais pour l'homme divin qui part de cette ville Le bonheur de l'entendre à ce jour est borné. Il faut, il faut saisir le moment fortuné. Si le baron manquait cet instant favorable, Il n'en trouverait pas dans dix ans un semblable. Moi, je suis près de lui nouvelle connaissance. Il me doit plus d'égards. Le plaisir que j'attends me transporte d'avance. Donnez-moi donc la main, parlons en diligence. Non, c'est flatter monsieur d'un espoir téméraire. J'enlève le baron pour la journée entière. Je ne dérange rien dans les plans que je fais. Au sortir du concert je le mène aux Français, Où j'ai depuis huit jours une loge louée, Pour voir la nouveauté qui doit être jouée ; Et de là nous devons être d'un grand souper, Qui va jusqu'à minuit au moins nous occuper ; Puis de la table au bal, où déguisée en Flore, Je ne rendrai Zéphyr qu'au lever de l'Aurore. Non, quoi que vous disiez, je ne vous quitte pas. Qu'entends-je ! Il prend le ton d'un amant langoureux ! Vous êtes amoureux ? Je frémis du transport qui l'entraîne. Mais c'est un vrai délire, et j'en suis étonnée ! Si vous continuez, il faudra vous lier. C'est cent fois pis, Monsieur, que de vous marier. Ah ! Des ardeurs parfaites ! Mais étant amoureux, et du ton dont vous l'êtes, Adorant et brûlant pour l'objet le plus doux, Que voulez-vous, monsieur, que l'on fasse de vous ? Le monde va bientôt fuir votre compagnie, Non, tout amant l'ennuie. L'amour et lui, Monsieur, sont brouillés tout à fait. L'un est vif, amusant ; l'autre sombre et distrait. Le monde d'un butor fait un homme passable, Et l'amour fait un sot souvent d'un homme aimable. Mon bel ange, il est peint plus charmant dans vos yeux. C'est l'ouvrage plutôt du commerce des dames. Pour valoir quelque chose, il faut nous voir vraiment, Avoir du goût pour nous, mais point d'attachement, Point d'amour décidé, ni qui forme une chaîne. Je vois que la petite est fille à sentiment. Volontiers, je fais grâce à l'erreur qui l'occupe. Elle n'a que seize ans. C'est l'âge d'être dupe : L'âge, par conséquent, de se représenter L'amour sous des couleurs faites pour enchanter. Moi-môme, à quatorze ans, j'ai donné dans le piège ; Moi, baron, qui vous parle, Oui, j'ai, vous l'avouerai-je ? J'ai soupiré, langui pour un jeune écolier, Mais langui constamment pendant un mois entier. L'amour vous paraît donc bien beau, bien adorable ? Choisissez pour époux, si vous êtes bien sage, Un homme moins couru, mais qui soit de votre âge. Ce n'est pas son avis, mais prêferez le mien. Non, je ne puis souffrir que ce noeud s'exécute. Je passe chez l'abbé pendant une minute, Et vais lui demander certain livre nouveau, Qu'on dit bon, car il est vendu sous le manteau. Ensuite je reviens, je vous le signifie, Pour rompre votre hymen, ou le noeud qui nous lie. Si votre amour l'emporte, adieu, plus d'amitié, D'estime, ni d'égards pour un homme noyé. Paris, dont vous allez vous attirer le blâme, Fera votre épitaphe, au lieu d'épithalame. À votre porte même on vous fera l'affront De l'afficher, Monsieur, et les passants liront : « Ci-gît dans son hôlel, sans avoir rendu l'âme, Le baron enterré vis-à-vis de sa femme. » L'hymen est-il rompu, baron infortuné ? Quel bien inopiné ! Je vois de mon côté passer le cher beau-père Quel est donc cet écrit ? Donnez-moi, de la voir je suis impatiente. Mais qu'il n'est pas pour vous. C'est pour un homme absent. Mais, monsieur, écoutez un moment : « L'abattement où m'a plongée la crainte d'être oubliée de vous, a dû donner de moi cette idée. » « Oubliée ! » est-ce vous, qui l'obsédez sans cesse ? « J'ai donné lieu ! » tenez, répondez à ceci. « Depuis que je vous vois ici, votre présence me jette dans un trouble qui sert à la confirmer. » Est-ce pour vous ? « Depuis que je vous vois ici. » Vous radotez, mon cher ! Qu'il parle donc : il montre un embarras extrême. Puisque vous le savez, il faut nous en instruire. Elle jette mon coeur dans un juste soupçon : La petite convient qu'il sait tout le mystère ; Il se trouble comme elle, et s'obstine à se taire ; Je gagerais qu'il est cet amant fortuné. C'est lui. Vous n'êtes pas aimé ! Mon coeur est enchanté ! De joie en ce moment je ne tiens point en plaoe ! Votre hymen est rompu ! Quelle heureuse disgrâce! Croyez-en ses conseils ; venez, suivez mes traces ; Fuyez votre maison, et reprenez vos grâces. Ne soyez plus ami, ne soyez plus amant. Soyez l'homme du jour, et vous serez charmant. **** *creator_boissy *book_boissy_hommedujour *style_verse *genre_comedy *dist1_boissy_verse_comedy_hommedujour *dist2_boissy_verse_comedy *id_LISETTE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lisette Je suis, je suis outrée ! Avec trop de rigueur votre frère nous traite. Il vient injustement de chasser Bourguignon. Si cela dure, il faut déserter la maison. Non, un discours très sage a causé sa disgrâce. C'est pour l'appartement que monsieur de Forlis Occupe dans l'hôtel, quand il est à Paris. Monsieur, qui sûrement l'attend cette semaine, Vient d'y mettre un abbé qu'il ne connaît qu'à peine. Le pauvre Bourguignon a voulu bonnement Hasarder là-dessus son petit sentiment : « Monsieur, dit-il, je dois, en valet qui vous aime, Avouer que je suis dans une crainte extrême Que monsieur de Forlis ne soit scandalisé De se voir délogé ainsi d'un air aisé. C'est un homme de nom, c'est un vieux militaire, Gouverneur d'une place, et que chacun révère. Vous lui devez, Monsieur, un respect infini, Et d'autant plus qu'il est votre ancien ami, Et qu'il doit à Paris incessamment se rendre, Pour couronner vos feux, et vous faire son gendre. » À peine a-t-il fini, que son zèle est payé D'un soufflet des plus forts, et de trois coups de pieds. Révolté de se voir maltraiter de la sorte, Il veut lui répliquer ; il est mis à la porte, Moi, je veux, par pitié, parler en sa faveur. Mais, loin de s'apaiser, Monsieur entre en fureur. À moi-même il me dit les choses les plus dures. Mon oreille est peu faite à de telles injures. J'ai lieu d'être surprise, et j'ai peine à penser Qu'un homme si poli les ait pu prononcer. Il est pourtant fidèle. Son service est trop dur. Sans vous, mademoiselle, Dont la bonté m'attache, et m'arrête aujourd'hui, Je ne resterais pas un moment avec lui. Oui, rien n'est plus aimable ; Son commerce est charmant, son esprit agréable, Quand on n'est avec lui qu'en simple liaison ; Mais il n'est pas le même au sein de sa maison. Cet homme qui paraît si liant dans le monde, Chez lui quitte le masque ; on voit la nuit profonde Succéder sur son front au jour le plus serein, Et tout devient alors l'objet de son chagrin. Je viens de l'éprouver d'une façon piquante. De sa mauvaise humeur vous n'êtes pas exempte. Rien n'est pire que lui, quand il se montre en laid. Pour l'épargner je suis trop en colère. Il est fort mauvais maître, et n'est pas meilleur frère ; Le nom d'ami suffit pour en être oublié. Il ne traite pas mieux l'amour que l'amitié ; Et la jeune Lucile en est un témoignage. En amant qui veut plaire, il lui rendait hommage, Quand ses yeux, au parloir, contemplaient sa beauté. Mais depuis que l'hymen entre eux est arrêté, Qu'il a la liberté de la voir à toute heure, Et que dans ce logis elle fait sa demeure, Près d'elle il a changé de langage et d'humeur. D'un mari, par avance, il fait voir la froideur ; Et, comme il manque au père, il néglige la fille. Je ne m'étonne plus qu'il les traite si mal. C'est un droit pour le mettre au rang de ses parents. Sa fille n'a pas l'air d'être fort satisfaite ; Et, depuis quelque temps, elle est triste et muette. Mais elle faisait voir beaucoup plus de gaîté. Sotte, soit. Mais son esprit n'est pas si simple qu'on le croit ; Et, pour mieux en juger, regardez la sourire : Ses yeux sont expressifs plus qu'on ne saurait dire. Son souris, aussi fin qu'il paraît gracieux, Nous apprend qu'elle pense, et sent encore mieux. Monsieur, d'enfant la traite, et la brusque sans cesse. À de franches guenons il fera politesse, Et ne daignera pas l'honorer d'un coup d'oeil. Un pareil procédé blesse son jeune orgueil. Son changement pour elle est un mauvais présage. Ajoutez à cela le nouveau voisinage De la comtesse. Elle est encore aimable, elle peut inspirer... On plaît par la folie. Par malheur il ennuie. La comtesse est fort gaie, et l'enjouement séduit. Avec l'air du grand monde, elle a beaucoup d'esprit. Votre frère, entre nous, goûte fort cette veuve, Et ses regards pour elle en sont même une preuve. Depuis qu'elle est logée à deux pas de l'hôtel, Leur estime s'accroît. Oh ! Quoi que vous disiez, il a son beau côté ; Et je trouve qu'il a de la réalité. Mais la comtesse vient. Elle est suivie D'un beau jeune seigneur. Madame, il est sorti. Mais il va dans l'instant rentrer. Monsieur, je viens. Mais daignez me permettre, Monsieur... Je pense que Lafleur est sorti pour cela. Mais Monsieur de Forlis... Arrive en ce moment. Je vous en avertis, Pour que vous descendiez. Quel homme ! Mais, monsieur... Apprenez un secret que je ne puis vous taire. Lucile, Lucile aime ; et monsieur votre frère, A, comme il est trop juste, un rival préféré. Oh ! Mon doute est trop bien avéré. Je viens de la surprendre Dans le temps que sa main ouvrait un billet tendre Qu'elle a vite caché sitôt que j'ai paru ; Et par là mon soupçon s'est justement accru. Non, non, je n'en crois rien ; sa rougeur l'a trahie : Pour cacher un billet qui n'est qu'indifférent, On est moins empressé, et le trouble est moins grand. On attribue à tort à son peu de génie Son humeur taciturne et sa mélancolie : L'amour est seul l'auteur de ce silence-là ; Et j'en mettrais au feu cette main que voilà. Ce n'est pas d'aujourd'hui que j'ai cette pensée : La curiosité dont je me sens pressée M'a fait étudier ses moindres mouvements. D'un coeur qui de l'absence éprouve les tourments, J'ai connu qu'elle avait le symptôme visible ; Et j'ai sur ce mal-là le coup d'oeil infaillible : Je porte encor plus loin ma vue à son sujet, Et de ses feux cachés je devine l'objet. Depuis qu'au baron le marquis rend visite, Sur son front satisfait on voit la joie écrite. J'ai, qui plus est, surpris certains regards entre eux, Qui prouvent le concert de deux coeurs amoureux : C'est lui, Mademoiselle ; et j'en fais la gageure. Ils s'aiment en secret, je ne m'y trompe pas : Mais, tenez, la voilà qui porte ici ses pas ; Pour lire le billet elle y vient, j'en suis sûre. Cachons-nous toutes deux dans cette salle obscure. Pardon, si j'interrromps, Monsieur, mais la duchesse Demande à vous parler pour affaire qui presse : Elle est dans son carrosse, et ne peut s'arrêter. Un de ses gens est là. Il ne reviendra pas sitôt, Mademoiselle ; Et la duchesse va l'emmener avec elle. La Comtesse est là-bas qui lui sert de renfort : Le moyen qu'il résiste à leur commun effort ? Oui, l'affaire est vraiment des plus graves. Je pense Qu'il s'agit d'assortir des porcelaines. Et de mettre d'accord la Chine et le Japon. Mais le carrosse part, et voilà qu'on l'emmène : Moi-même je descends pour en être certaine. Ils s'aiment, je le vois, et je plains leur ennui ; Monsieur les laisse seuls, et je fais comme lui. Continuez, Monsieur, ne vous dérangez pas. La, n'ay ez aucune alarme. Pour vous je m'intéresse et votre amour me charme. Il est entièrement conforme à mon souhait ; J'en ai depuis tantôt pénétré le secret. Mais il est en main sûre ; et bien loin de vous nuire, Le soin de vous servir est le seul qui m'inspire. C'est lui dans ce moment qui me conduit vers vous. Pardonnez, si je trouble un entretien si doux : Mais ayant vu de loin revenir votre père, Je viens pour vous donner cet avis salutaire. Je crois que j'ai bien fait, et qu'il n'est pas besoin Que de vos doux transports son oeil soit le témoin. Je vous sers tous les deux par inclination. Monsieur de Forlis vient, un autre soin m'appelle. Avec lui je vous laisse, et suis mademoiselle. J'ai votre confiance, et je suis satisfaite. Oui, ce sont des instants très chers ; mais sa tendresse Peut-être est occupée ailleurs utilement. De mon maître, pour vous, je crains le changement. Il pourra balancer son penchant pour la mode, Et le rendre assidu, partant plus incommode. Pendant huit jours au moins redoutez son ardeur. Son amour à présent vous voit spirituelle ; Et vous avez le prix d'une beauté nouvelle. J'entends marcher quelqu'un. C'est le pas d'un amant. Émotion charmante ! La méprise est piquante. La comtesse en ces lieux accompagne ses pas. Quoi, monsieur ? Mais c'est parler vraiment en père raisonnable. Il l'a bien mérité. **** *creator_boissy *book_boissy_hommedujour *style_verse *genre_comedy *dist1_boissy_verse_comedy_hommedujour *dist2_boissy_verse_comedy *id_CHAMPAGNE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_champagne J'ai découvert, Monsieur, la maison qu'elle habite. Oui, j'en suis éclairci. La belle n'est pas loin. Ici. Oui, dans cet hôtel même ; Et je viens de l'y voir. Vous n'êtes pas au bout de votre étonnement; Sachez qu'on la marie, et même incessamment. Très vrai ; je suis sincère : Pour conclure, Monsieur, on n'attend que son père. Au maître de céans, à monsieur le Baron. À lui-même, et la chose est très sûre. J'ignore quel portrait il a fait de sa belle, S'il vous l'a peinte sotte, ou bien spirituelle : Mais je suis bien instruit, et par mes propres yeux, Que celle qu'il épouse, et qui loge en ces lieux, Est justement la même à qui votre émissaire A porté vingt billets, gages d'un feu sincère. C'est la fille en un mot de Monsieur de Forlis; Et j'en ai pour garant tous les gens du logis. Cette grande douleur qui console la vôtre Ne l'empêchera pas d'en épouser un autre.