**** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_EPIMENIDE *date_1790 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_epimenide Combien j'aime à revoir ce jardin enchanté, Que pour le grand Louis le Nôtre avait planté ! Pour moi, j'ai toujours regretté, Qu'à ce palais superbe, à ces nobles murailles, Louis-le-Grand, avec sa Cour, Ait préféré pour son séjour, Le triste château de Versailles. Ainsi donc a péri cette pompe orgueilleuse, D'un Roi qui, dévoré de chagrins et d'ennui, Mit toujours sa grandeur entre son peuple et lui. Je le vois, la France est heureuse, Et l'on a de vos jours détruit tous les abus. Près d'ici j'aperçus tout à l'heure, Des hommes qui marchaient modestement vêtus, Les bourgeois pour les voir, sortant de leur demeure, S'écriaient : "Les voilà ces sages Citoyens", De l'État et du Roi les plus fermes soutiens !" Les Courtisans ont donc bien changé de système ! Ne vous trompez-vous pas ? Mais ce sont donc les Parlements ? Tous ces faits sont bien surprenants ; Quel est donc le conseil du Prince ? Fort bien. Légitime puissance ! Ô grandeur véritable ! Que j'aurai du plaisir à vivre dans Paris Parmi ce peuple respectable, Qui n'était que le plus aimable, Lorsqu'il était le plus soumis ! Cependant pour mener une vie agréable, Il y faut de l'argent, ainsi qu'au temps jadis. Vous m'avez promis De voir les descendants d'un honnête notaire, Qui fut longtemps de mes amis ; Chez lui, de mon vivant, autrefois j'ai remis Un peu d'argent qui m'est aujourd'hui nécessaire ; En mourant il l'aura j'espère, Laissé pour me le rendre en la main de ses fils, Au sujet d'une ancienne affaire, Je voudrais voir un procureur, Et je demande qu'un tailleur, Me fasse un habit plus commode, Car je vois que le mien n'est pas fort à la mode. Me voici donc encore une fois de ce monde ; Ma destinée est sans seconde, Et je n'en suis pas plus heureux. Je fais des amis sur la terre, Et je deviens même amoureux ; Lorsque pour moi la vie est déjà douce et chère, Je m'assoupis ; pendant cent ans Au sommeil mon corps s'abandonne ; Quand je m'éveille après ce temps, Hélas ! Maîtresse, amis, sont morts depuis longtemps, Et je ne reconnais personne : Mais je ne regrette rien tant Que cet objet jeune et charmant, À qui le noeud de l'hymen allait unir ma vie... Elle n'est plus sans doute, ou par l'âge enlaidie..... C'est son geste, son port, ses traits ; Oui, c'est elle, c'est Amélie ! Le temps qui flétrit tour, respecta vos attraits, Vos yeux sont aussi vifs, votre teint aussi frais ; Vous êtes jeune encor. Non point ; mais en suivant l'ordre des destinées, Je l'avouerai tout haut, je ne m'attendais pas À vous retrouver tant d'appas. Vous comptiez près de vingt années, Alors que dans Paris je vous rendis des soins ; Or, j'ai dormi cent ans, car je ne dors pas moins ; Et quand je vous revois, je vous trouve embellie ; Si la surprise alors s'empare de mes sens, C'est qu'il n'est pas commun, quand on a cent vingt ans, D'être si fraîche et si jolie... Vous ne répondez point : eh ! Quel accueil, ô Dieux ! Infidèle ! elle rit et détourne les yeux. J'allais vous épouser quand le sommeil me prit. C'était l'an mil six cent.... Amélie ! Je commence à tout concevoir. Pourquoi vous déranger ? Continuez d'écrire. Volontiers, mais auparavant, Monsieur, pour quel ouvrage ? il faut nous en instruire. Mais tromper le Public ; Vous souffrez des écrits pleins de rapports si faux ! Et l'on n'empêche point tous ces mauvais ouvrages ? On fut moins doux jadis : pour la moindre vétille, On allait quelque temps rêver à la Bastille. Que dites-vous, Monsieur ! Comment ! Cette puissante et vaste Forteresse, Qui semblait à Paris devoir donner de lois. Contre qui de Condé, le courage et l'adresse Ont échoué pendant trois mois ? Ce que vous contez-là me paraît à merveille. Jamais un fait plus désiré. Ne pouvait flatter mon oreille, Et je vous en sais très bon gré. Malgré les agréments dont ce Paris fourmille, Souvent on y courait gros jeu, Il n'est pas de plaisirs que ne gâtât un peu La crainte de coucher le soir à la Bastille. Ah ! Madame, est libraire. Quel bonheur ! Je vais donc retrouver en France, Tous les divins écrits dont j'ai chéri l'auteur ; Molière, par exemple. De ses vers excellents on s'occupe toujours ? Quelquefois à la Comédie, Encor sont-ce les mauvais jours. Et ce maître de l'art ce sublime génie, Corneille.... Racine.... Quoi !.... Oh le trait déloyal ! Qu'étiez-vous donc, Monsieur ? On a, je le vois bien, supprimé la censure. Eh bien ! Que croyez-vous qu'il en arrivera ? Eh ! Que savez-vous donc ? Non, je ne doute plus du destin de la France ; Voilà de son bonheur la plus ferme assurance ; Elle est libre : à mes yeux le plus grands des bienfaits, Est, d'avoir aboli la censure, exercée Pour entourer les Rois d'infortunés muets : Les tyrans n'ont d'abord enchaîné la pensée Que pour enchaîner les sujets. Vous prenez trop de soin. Vous allez voir tous ceux dont vous avez besoin ; Mais quand j'ai dit qu'Épiménide Sort de ce long sommeil qui ressemble au trépas, On rit, on me regarde, et l'on ne me croit pas. Ils veulent tous vous voir, ils m'ont choisi pour guide, Et vont vous tomber sur les bras.... Justement, c'est Monsieur Fatras. J'aime tout changement utile, Je hais ceux qui ne le sont point. Mais cela me paraît sort sage. Mais quel est ce Monsieur qui s'avance vers nous ? Le siècle où vous vivez sera beau pour l'histoire, Et le Français enfin connaissant tous ses droits, Après avoir tout fait pour la grandeur des Rois, Travaille pour sa propre gloire. Un. Puisqu'elle s'exprime en chantant Deux. Sa douleur n'est pas bien amère. Quoi donc ! Que j'en suis affligé. Oui ! Monsieur, vous êtes obligeant. Oui, Monsieur. Il avait de la majesté. Beaucoup de gens blâment sa politique. J'aime mieux le nouveau système. Sa Cour..... Sans doute. Oui, l'on peut, au nom de la loi, Pour suivre des complots la trame criminelle ; Mais des gens de mauvaise foi Ont trop souvent couvert leurs complots d'un faux zèle Et vous souffrez pourtant ces abus odieux Qu'on n'a jamais connu qu'en des siècles sinistres Et qui servent les voeux des coupables ministres, Ou des Tribuns ambitieux ? Je suis de votre avis, Monsieur ; dans tous les temps Le Peuple eut ses flatteurs, ainsi que les tyrans. Dans plus d'une cité guerrière, J'ai vu des Citoyens adroits, Adorer par orgueil la faveur populaire, Eux que l'on aurait vu vivant sous d'autres lois, Pour monter aux grandeurs ramper aux pieds des Rois. L'honnête homme toujours à son coeur s'abandonne, Dit partout ce qu'il pense et ne flatte personne. Eh, quel homme, Messieurs ! Vous prenez trop de soin... Dites-moi quel dessein amène Ces Soldats et cet Officier ? Ne vous avais-je pas prié de m'envoyer Un bon Tailleur ?.... Mon Procureur ? Et mon Notaire ? Dans un moment je suis à vous. Du beau nom des Français combien je suis jaloux ! C'est mon voeu le plus doux. Maître de ma destinée, Roi des Hommes et des Dieux, Si ma course est terminée, Que je vive dans ces lieux. S'il faut qu'encor je sommeille, Exauce au moins mes souhaits, Fais que toujours je m'éveille, Au milieu des bons Français. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_ARISTE *date_1790 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_ariste Oui, ma fille, dans un moment. Je vous l'ai dit, ma fille. Epiménide ; Il ne craint point les traits de la parque homicide. Lorsqu'il a vécu quelque temps, Il s'assoupit ; pendant cent ans, Le sommeil auquel il se livre L'entoure de pavots sans cesse renaissants. Il se réveille alors et recommence à vivre. Du monde qui varie il voit les changements. Il a vu dans la Grèce La perfidie et la faiblesse Remplacer les mâles vertus Qui, des Persans soumis, la rendirent maîtresse. Il a vu s'élever les murs de Romulus, Il vit la liberté sur les pas de Brutus, Venger le trépas de Lucrèce ; Il vit cette cité, si longtemps chère à Mars, Rome, qui cinq cents ans n'avait point eu d'émule, Régner par les vertus, la victoire et les arts, Et ce sceptre, si grand dans la main des Césars, Tomber dans les mains d'Augustule. C'est en France surtout qu'il vit en peu d'instants Les moeurs et les événements Se succéder toujours l'un à l'autre contraires, Et le trône flotter sans bornes et sans barrières, Entre le Monarque et les Grands ; Parmi les nobles fous qui suivaient les croisades, Tous les excès s'unir à la dévotion, Et le refrain d'une chanson Se mêler au bruit du canon Qui défendait les barricades ; Il a vécu naguère en ces jours si fameux Où brillèrent Condé, Turenne et la victoire, Où Louis fit servir ses peuples à sa gloire, Immola tout pour elle, et ne fit rien pour eux, Admiré des sujets qu'il rendit malheureux. Epiménide a vu ce siècle trop vanté ; Il va se réveiller ; quelle métamorphose ! Moins d'éclat, plus de vérité, Le deuil de la sottise et de la vanité, Et le peuple à la fin compté pour quelque chose, Mais cinq à six mille ans, J'y cours. Tu peux m'attendre aux Tuileries. Un époux... En ce cas, réjouissez-vous, Un de ses descendants, l'idole de la France, Est venu vivre parmi nous ; Après quelques moments de trouble et de licence, Son auguste et douce présence, Apporte le bonheur à son peuple calmé ; Il ne s'entoure point d'une garde étrangère, Au sein de ses enfants, que peut craindre un bon père ? Plus on le voit de près, et plus il est aimé. Notre Prince dédaigne une Cour fastueuse. Son Peuple est son plus ferme appui. Mais beaucoup. On doit bien cet hommage à leur vertu suprême. Comment ne pas bénir ceux dont le nobles voix, Aux peuples opprimés ont rendu tous leurs droits ? Vous vous trompez vous-même, Ce ne sont point ses Courtisans, Que consulte un Monarque sage Les Parlements ? Pas davantage ! Ce sont tous les honnêtes gens ; Il les aime beaucoup. Chaque province. Envoya les siens à la Cour. Tout ne put pas d'abord s'arranger dans un jour. Quelques gens ont joué de vilains personnages ; Mais il faut en chasser jusques au souvenir ; Ce n'est point quand le ciel commence à s'éclaircir, Qu'il faut rappeler les orages ; Maintenant tout va bien, et nous devenons sages ; Le Peuple vraiment libre, en chérissant ses Rois, Obéit au Monarque, et le Monarque aux Lois. Un peu plus. Je saurai remplir tous vos voeux. Vos gens vont arriver. Pourquoi donc vous mettre en courroux ? Et contre qui, Monsieur ? C'est un vieil Officier qui se nomme Crisante. Gentilhomme Breton, fort de ma connaissance, Et quel chagrin donc vous tourmente ? Oui, puisque vous rendiez de si nobles services, Vous auriez dû sans doute être plus ménagé. Vous pourrez en trouver parmi la bourgeoisie. Ha ! C'est Damon le Démocrate. Qui, lui ? Votre idée est fort bonne ? Il dort depuis un siècle, et s'éveille à présent. Eh quoi ! Vous réveillez ces soupçons éternels, Qui, servant de prétexte à des hommes cruels, Des lois retardent l'espérance, Et voudraient consacrer ces forfaits solennels Dont va longtemps rougir la France. La liberté n'est pas le droit de faire outrage, Et l'abus ne doit point en précéder l'usage. Il faut surtout l'aimer. Il a brisé le joug de l'antique esclavage, Au joug des bonnes lois il faut l'accoutumer, Au lieu de l'aigrir, le calmer, Et, Pour le rendre heureux, il faut le rendre sage. C'est un homme acheté, Qui dans les troubles seuls a mis son espérance, Et qui contre la liberté, S'efforce d'armer la licence. On le connaît enfin, il n'est plus écouté. Nous avons des tyrans abattu la puissance, Des tribuns factieux arrêtons l'insolence : De l'anarchie encor sachons nous préserver. L'anarchie a souvent ramené l'esclavage ; Et la seule sagesse a droit de conserver Ce qu'a conquis notre courage. Voilà tous ces Messieurs dont vous avez besoin. Demeurez à Paris. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_JOSEPHINE *date_1790 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_josephine Et c'est aujourd'hui qu'il s'éveille ? Depuis plus de cent ans vous dites qu'il sommeille ! Ho ! C'est bien surprenant, Mon père ; et vous nommez cet homme.... Cet homme, cher d'Harcourt, doit bien savoir l'histoire ! Combien il me tarde de voir Un si singulier personnage ! Mon père, dites-moi quel âge Croyez-vous bien qu'il peut avoir ? Il est épouvantable, Il va me faire peur. Ainsi qu'à la vieillesse échapper au trépas ; Mais c'est tout-à-fait agréable. Vous allez le chercher ? Ici seule... Ce n'est que dans deux jours, Et je crains les plaisanteries. Tenez, mon cher d'Harcourt, soyez de bonne foi : Mon père plaisante et badine, Et bien loin d'être mou appui, Je vois très clairement que, d'accord avec lui, Vous vous moquez de Joséphine. Ha ! Surtout ne vous fâchez pas, Cela m'attriste et m'intimide ; Mais comment cet Epiménide, Que ne peut frapper le trépas, Fut-il gardé chez nous avec tant de mystère, Le temps que dura son sommeil, Et qui put avertir mon père Du jour précis de son réveil ? Cela peut devenir plaisant. Je commence à trouver tout ceci très croyable, Et cela peut, dans un moment, Me donner devant vous le divertissement De quel qu'aventure agréable. Assurément ; Car, puisque je ressemble à celle qui fut chère A notre illustre revenant, Il va m'aimer en me voyant, Et je saurai bientôt ce qu'était un amant Dans le siècle de ma grand-mère. Oui Monsieur ; point de jalousie : Vous êtes mon amant et non pas mon époux ; À ce titre il faut filer doux, Et même vous prêter à la plaisanterie : D'abord, je veux que tout le jour, Aux yeux du revenant, vous passiez pour mon frère, C'est à lui seul que je veux plaire ; Abstenez-vous surtout de me faire la cour, Sinon je romps l'hymen qu'a projeté mon père. Non, laissez-moi, Monsieur, je veux le voir de près. La fleurette est jolie : Vous êtes étonné de me voir sans horreur, Et vous me savez gré de ne pas faire peur. Infidèle est fort bon ; je le fuis donc d'avance : Nous n'avons pas, Monsieur, fait encore connaissance. Jamais à mes côtés amant ne s'endormit. Non pas, ne vous déplaise, Je n'ai pas cent vingt ans, je n'en compte que seize. Ah ! Ce nom doit être respecté, Car par ma bisaïeule, on dit qu'il fut porté. Et des gens de ma connaissance, Ont dans leurs accès de gaieté, Entre elle et moi trouvé beaucoup de ressemblance. Venez, nous n'avons plus besoin de votre absence. J'ai su ce que je veux savoir, Et je vous aime avec constance En dépit de tous vos défauts. On est devenu plus habile : Il n'a, de notre temps, fallu qu'une heure ou deux. Eh ! Mais, c'est madame Brochure. Avez-vous beaucoup de chansons ? Quoi ! Pas même un air des bouffons ? Pour la chimie encore on eut beaucoup d'amour. Et l'on vit paraître à la Cour Plus d'un économiste, et pas un économe. Un chansonnier l'Église, un danseur la marine. Mais sa réflexions me paraît fort sensée. L'humeur de ce Robin est fort divertissante. Et n'a pas l'air fort doux. J'aime beaucoup sa fille Hortense. Ah ! bonjour, Nicolas. Mais c'est tout-à-fait déplacé. Mais quel âge à-peu-près ? Que je plains ces pauvres cousines ! Mais on vous laisse au moins et vêpres et matines. Comment ? Et que fallait-il faire ? Ah ! L'on peut quelquefois conspirer en rêvant. Sorti de l'autre monde. Oh ! C'est trop odieux, on ne peut le nier. Je suis fidèle Démocrate. Mais j'abhorre le sang, et ne puis oublier Que mon malheureux cordonnier Manqua d'être pendu comme un aristocrate On le veut, mais en vain, je gage ; Les Français sont trop généreux. Vous pourrez retourner dans les Cours étrangères. Lorsqu'auprès de Joséphine, Quelqu'un lui fera la cour, N'allez plus faire la mine, Et comptez sur mon amour ; Fiez-vous à votre amie, Ne la veillez pas de près ; Bannissez la jalousie.... Ce mot-là n'est pas français. Je n'en veux point faire usage ; Mais, fidèle à mes attraits, Gardez-vous d'être volage, Ne soyez pas trop Français. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_DHARCOURT *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dharcourt Il en a vu beaucoup ! Non, il ne vieillit pas. Que pouvez-vous craindre avec moi ? Un père, un époux, un amant, Sont ceux que votre coeur soupçonne ; Cela s'appelle assurément Ne s'en rapporter à personne. Il était dès ce temps ami de la famille, Et d'un de vos aïeux dût épouser la fille, C'est, je m'en souviens maintenant, Celle dont le portrait charmant, (Elle fut peinte alors au sortir de l'enfance), Nous présente avec vous beaucoup de ressemblance. Ainsi chez votre aïeul, le jour du mariage, Il tomba tout-à-coup dans les bras du sommeil ; Depuis, dans la maison, il resta pour otage, Et comme il dort cent ans, ni moins, ni davantage, Votre père a prévu l'instant de son réveil. Une aventure ? Mais, Joséphine, y pensez-vous ? Moi je ne puis pas concevoir, Comment de Gand ou de Bruxelles, Vous pouvez le matin nous donner des nouvelles, Tandis que le Courrier n'arrive que le soir. On rit de leurs Auteurs, même de leurs outrages. Ils n'en imposent qu'à des sots. Pas plus que les mauvais propos. On n'y peut plus rêver, la Bastille n'est plus. Ses murs sont abattus. Quelques Citoyens généreux. En ont débarrassé la ville, Et détruit ces murs trop fameux, Qui servaient des tyrans la fureur vengeresse, Les soupçons d'un ministre ou ceux d'une maîtresse ; J'ai vu s'ouvrir au jour, pour la première fois, Ces Cachots ténébreux, creusés pour les coupables, Qui, de tant d'innocents, ont entendu les voix. Et j'ai vu ces tours formidables Expier en tombant tous les crimes des Rois Nous. Chaque siècle a sa manie. Dix ans on raffola de l'Encyclopédie. Chaque art, tour-à-tour eut la pomme. Restait la politique ; aujourd'hui c'est son tour. Un honnête Marchand endoctrine les Rois. Un clerc d'huissier-priseur veut réformer les lois. Oh, oui, pour les censeurs. Le grand mal. Ah voilà le grand tort ; mais quoi ! vous pourriez bien Composer au moins quelque ouvrage. Cependant les censeurs ont compté sur leur liste, Le sage Dalembert, l'auteur de Rhadamiste, Même il en est encor que l'on pourrait citer. Mais vous ? Espérez. D'affaire, croyez-moi, vous pouvez vous tirer. Mais, secrétaire un jour.... Je suis pour la raison. Quoi ! Vous riez de son courroux ? Il s'agite, il grimace. Vos parentes, Monsieur ! Pourquoi pas vos parents ? Que je plains ce pauvre Clergé ? Quand tout état subit une métamorphose. Il fallait bien chez vous réformer quelque chose. Il réussira je vous jure : Les affaires vont prendre une bonne tournure, Et l'on rappellera cette douce gaîté, Et cette aimable urbanité, Qui faisaient tant chérir la France, Et dont plus d'une circonstance, Depuis cinq à six mois nous ont un peu privé. Oui Monsieur. C'est un Orateur excellent, Qui jadis espion est Tribun maintenant. Oh ! L'on n'y croit plus guère. N'écartons plus de nos remparts Ceux qui faisaient fleurir le commerce et les arts : C'est assez expier quelques moments d'ivresse ; Et l'on devrait prendre le soin De rappeler ici les arts et la richesse Dont nous avons un grand besoin. Oui, depuis quelque temps, on veut en faite usage. Nous sommes tous Guerriers, et le roi des Français. Compte autant de Soldats qu'il compte de sujets ; Demain chez lui je suis de Garde. Quand vous verrez Madame seule, N'allez pas, soit dit entre nous, La prendre pour sa bisaïeule. C'est en vain que je m'efforce De rassurer mon amour ; Si l'on permet le divorce, Vous pouvez changer un jour. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_GORGI *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gorgi Achevons maintenant la feuille de Bruxelles. Combien nous faudra-il tuer d'Impériaux ? Deux ou trois mille ? Bagatelles ! Il me faut surpasser tous les autres journaux Par de plus sanglantes nouvelles..... Vingt mille homme tués dans le dernier combat... Je ne vous voyais point ; pardon, je me retire. Il le faut bien, c'est mon état..., Si ces Messieurs voulaient souscrire ? C'est pour un journal excellent, Qui le matin, dès qu'on s'éveille, Apprend dans tout Paris, ce qui dans le Brabant. S'est à coup sûr, passé la veille. Je n'attends pas les faits, Monsieur, je les devine ; Les Courriers sont d'une lenteur, Et ce qu'on apprend d'eux après tant de longueur. Ne vaut pas ce qu'on imagine. Le Public est si bon ! Il ne veut qu'être ému, c'est à quoi je m'applique ; Je ne vois que complots et conjuration ; Je mets partout du fer, des mines, du canon ; Ah ! Messieurs ; sans l'invention, Que deviendrait la politique ! Je souscris donc pour un roman. L'Archevêque a perdu sa cuirasse et ses bottes, Et l'on égorgea près de Gand Que quatre vingt-deux Patriotes. L'aristocrate en vain retarde sa défaite. Encore quelques complots, et ma fortune est faite. Mon enfant, c'est monsieur Rature, Dont tous les écrivains redoutaient la censure. Il s'était fait de nuire une profonde étude : Il ne fait plus de mal, mais il fait encore peur, Et de fuir les Censeurs j'ai gagné l'habitude. Du Gazetier de Bruxelles, Mesdames dites du bien ; S'il invente ses nouvelles, Vous pouvez n'en croire rien On peut plaire avec des Fables ; Vous apprîtes à vos frais, Que les trompeurs sont aimables : Vos amants sont des Français. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_FATRAS *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_fatras C'est donc vous qui venez, Monsieur, de l'autre monde, Il est dans celui-ci beaucoup de changements, Votre raison, sans doute, et les hait et les fronde ; Car vous me paraissez être homme de bon sens. Vous allez détester ceux qu'ont fait dans la Ville : Nous serons d'accord en tout point ; Parlons d'abord de la Justice, C'est un métier que je connais. J'ai vécu quarante ans de rapports et d'épice : Les dossiers m'ont cent fois vu plier sous le faix, Et j'usai sur mon dos dix robes de Palais ; Mais la justice criminelle Pour moi, dans tous les temps, eut surtout des attraits ; C'est là, Monsieur, que j'excellais ; Et l'on veut que j'adopte une forme nouvelle, Pour rendre mes nouveaux arrêts ! Ils ne respectent rien de nos anciens décrets ; Ils ont abolit tout, tout jusqu'à la torture. Dans la nouvelle procédure, Avant de les punir, on prouve les forfaits ; Et jusques au moment où le crime est notoire, Le jugement est suspendu. Ah ! Si l'on veut tous les en croire, Aucun d'eux ne sera pendu. Voilà ce qu'ils me disent tous. Moi pour l'ancien usage, Je ne le vois que trop, les premiers inventeurs De ces réformes exécrables, Sont ces Auteurs abominables, Des superstitions, infâmes délateurs. Nous avons donc en vain poursuivi leur mémoire ; Fait brûler leurs écrits par la main du bourreau, Nos persécutions ajoutent à leur gloire : Nous voyons Voltaire et Rousseau, Régir l'opinion du fond de leur tombeau ; Je veux, pour nous venger, faire un réquisitoire. Contre la Nation Et je veux y mêler de vives apostrophes, Contre un Roi qui fut assez bon, Pour accorder sa sanction À des Décrets de Philosophes. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_RATURE *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_rature Cet Auteur est bien insolent. Mais aujourd'hui rien ne m'étonne ; Et que respecte-t-on dans le siècle présent ? On abolit effrontément Une charge de la couronne : On m'ôte mon empire. J'étais Censeur royal. J'ai censuré Jean-Jacques et Voltaire et Rainal ; J'ai rempli mes devoirs avec bien du scrupule. Les plus grands écrivains tremblait à mon aspect ; J'ai souvent raturé jusques à la virgule ; Lorsque l'auteur était suspect. J'opprimai les talents soumis à ma férule, Et je ne fis jamais fléchir l'autorité ; Quand souvent un Auteur rebelle. Me forçait d'admirer l'article rejeté, Je raturais encore pour mieux prouver mon zèle ; Et le nom de Rature enfin m'en est resté. C'est une fâcheuse aventure. Mais bientôt on verra Tous les maux que ceci va causer à la France. Chacun écrira ce qu'il pense. Si, du moins dans cette occasion, On nous avait laissé la moindre pension, J'aurais pu, je le sens, garder moins de rancune ; Mais, las ! Nous renvoyer sans pension aucune. Je raturais avec courage ; Mais, moi, je n'imagine rien. Ce Dalembert, Monsieur ? Bon, c'était un faux-frère. Il sut, dans tous les temps, suspect au ministère ; Sur lui l'on ne pouvait compter : Il aurait respecté la prose de Voltaire : Il aimait trop les arts : il allait tout gâter. Moi, je n'ai pas ce reproche à me faire ; Cependant je perds tout. Que j'espère ? Mon embarras, Monsieur, ne saurait se décrire. Je ne fais pas écrire. Je savais censurer. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_CABRIOLE *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cabriole N'est-ce pas vous, Monsieur, qu'on nomme Epiménide ? Monsieur, le respect et m'attire et me guide. Vous avez vu Louis-le-Grand. Ah ! Monsieur, le règne magnifique. Comme il aimait les Arts, la Danse et la Musique ; Versailles de concerts toujours retentissait. Combien j'aurais alors brillé dans un ballet ? Ah ! Quelle Cour ! Tout le monde y dansait. Les Ducs, les Maréchaux, et jusqu'au Roi lui même ; Mais maintenant, hélas ! Ô regrets superflus ! Tout dégénère en France, et l'on ne danse plus. Les États-Généraux nous ont coupé la gorge, On écrit, on écrit, de livres on regorge, On est publiciste ou Soldat ; Quelques hommes de Cour, dans leur adolescence, Sont déjà des hommes d'État. Que de gens perdus pour la danse ! Non je ne fais plus rien depuis six moins entiers ; Tous mes amis, hélas ! Ont fui chez les Sarmates ; C'est parmi les Aristocrates Qu'étaient mes meilleurs écoliers. J'aimais mieux les former dans la classe choisie ; Mais d'elle, je le vois, il saut me dégager, Descendre un peu chez le vulgaire, Suivre avec quelques Grands le parti populaire, Avec Montmorency je veux bien déroger ; Oui, je deviens bourgeois et change de méthode. Près d'ici l'on prépare au⁎⁎⁎ bal, Et je veux y donner une fête à la mode, C'est un ballet national. Ainsi refleurira le grand Art de la Danse. L'État est sauvé. J'aime la vertu guerrière De nos braves Défenseurs ; Mais d'un peuple sanguinaire, Je déteste les fureurs. À l'Europe redoutables, Soyons libres à jamais ; Mais soyons toujours aimables, Et gardons l'esprit Français. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_CRISANTE *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_crisante C'est un de mes vassaux. Que viens-tu faire ici ? L'insolent ! Dans Paris as-tu quelque procès ? Peut-on pousser plus loin l'audace et l'insolence ? Il me parle avec assurance. À l'entendre, on croirait que nous sommes égaux. Autrefois dans la France, La présence d'un Duc faisait taire un Marquis. Devant l'homme à la Cour admis, Un Gentilhomme de Province N'aurait osé rester assis. Un Bourgeois respectait le noble le plus mince, Les plus grands imposaient toujours aux plus petits, Et c'était un ordre admirable ; Mais aujourd'hui dans ce Paris, C'est un despotisme effroyable, Tout le monde y dit son avis. Je ne m'attendais point à ce dernier trait-là, On peut faire à présent tout ce que l'on voudra : Je vois loin de ces lieux chercher un coin de terre, Où d'un peu d'esclavage on ait gardé le goût ; Et me jeter dans la rivière Si l'on devient libre partout. **** *creator_carbondeflins *book_carbondeflins_reveilepimenide *style_verse *genre_comedy *dist1_carbondeflins_verse_comedy_reveilepimenide *dist2_carbondeflins_verse_comedy *id_NICOLAS *date_1790 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_nicolas Mais ce Paris est admirable. J'ai fini les travaux ; J'ai travaillé l'été, j'ai tant chassé l'automne, Et je viens dans Paris prendre un peu de repos : Que Monseigneur me le pardonne ! Nous en avions un grand dont je désespérais. Pour tous les Paysans de France ; Mais nous l'avons gagné : moi, par reconnaissance, J'accours dans Paris tout exprès, Pour voir tous les Auteurs de ces sages décrets, Qui nous ont fait rentrer dans nos droits légitimes, Ont détruit les abus, ont soulagé les maux, Ont enfin aboli les dîmes ; Car je ne parle pas des droits Seigneuriaux. Cela pourrait bien être. Il faut bien vous y faire, ou je me donne au diable ; Nous étions bêtes autrefois, Lorsque nous ne savions pas lire, Les plus forts avaient fait les lois ; Il fallait nous laisser conduire, Hélas ! Dieu sait comment ; mais tout change aujourd'hui, Nous savons respecter un brave gentilhomme ; Quand il se bat pour nous, nous travaillons pour lui ; Mais nous ne voulons point qu'un faquin nous assomme ; Nous avons lu les droits de l'homme. Pour lui nous irions tous au feu, Et si je n'ai point l'habit bleu, Je porte du moins la cocarde