**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_chanteuritalien *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_chanteuritalien *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDESAINTHYGIN *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdesainthygin Passons ici, Monsieur Delamarre ; puisque vous avez à me parler, nous y serons mieux que dans le salon, qu'on va arranger pour le concert. Oui, ma fille aime beaucoup la Musique, et je ne suis pas fâché de lui donner quelquefois cet amusement-là. Voyons, asseyez-vous. Oui, si je trouve un bon parti. Qu'est-ce que c'est ? Et combien croyez-vous qu'il ait ? Diable ! Ce serait une sort bonne affaire ! Ma fille a du bien ; mais ici je ne trouverais jamais un pareil parti. Comment se nomme-t-il ? Je crois qu'il ne faut pas manquer ce parti-là. Il y connaît au moins ses correspondants, et ces gens-là, qui sont au fait de ses facultés, peuvent avoir des filles à marier ; ainsi il ne faut pas perdre de temps. Pourquoi pas ? Il doit aimer la musique, et le concert est justement une occasion. Et passez chez lui, et s'il y est, envoyez-le moi. Je ne vous remercie pas, encore. Revenez le plutôt que vous pourrez. Allons, tant-mieux ; adieu, mon ami, au revoir. Ils viendront, ils viendront. Laissons cela un moment. Non, j'ai quelque chose à te dire en attendant. Tu aimes la musique italienne ? Moi, je ne l'aime pas trop ; mais cela ne fait rien. Cela se pourra ; mais revenons à notre affaire. Serais-tu fâchée d'épouser un Vénitien, fort riche ? Parle-moi naturellement. Oui, c'est un homme assez jeune, un banquier. Non, il vient s'établir à Paris. Cela sera décidé dès aujourd'hui ; c'est Monsieur Delamarre qui m'a fait cette proposition, et ce banquier va peut être venir ici dans le moment, même tout seul. Tu le verras. On prétend qu'il a de quarante à cinquante mille livres de rente ; il n'y a pas à hésiter. Oh, très sûr. Un de ses correspondants l'a assuré à Monsieur Delamarre. C'est lui-même. Monsieur, donnez-vous la peine d'entrer. Oui, Monsieur, et voilà ma fille, qui sera charmée de faire connaissance avec vous. Ah, cela se réparera ; on dit que vous avez envie d'y rester toujours. Paix donc. Monsieur, suivant ce qu'on m'a dit, il serait aisé de vous y fixer, et il n'y a personne qui ne voulût s'allier avec un homme aussi honnête que vous ; ma fille a du bien, elle en aura encore davantage, et l'on doit vous avoir dit que je serais charmé pour ma part, que tout cela pût vous convenir. Le concert n'est pas une chose qui doive nous retarder, je m'en vais envoyer chercher mon notaire qui vous montrera l'état des biens de ma fille. Pardonnez-moi, quand on se marie, il faut bien que toutes ces formalités-là se fassent. Est-ce que ce n'est pas l'usage dans votre pays ? Oui, si vous voulez. Il ne sait pas ce qu'on lui dit. Monsieur, je vais vous parler tout naturellement on m'a dit que vous vouliez vous marier. Oui, Monsieur, et comme vous ne savez pas beaucoup notre langue, je ne veux pas prendre de détours pour vous dire que si vous voulez épouser ma fille, c'est une affaire faite. Non, je ne badine point ; sur ce qu'on nous a dit de vous, nous en serons charmés. Hé bien, vous entendrez le concert. Est-ce que ma fille ne vous plaît pas ? Pourquoi, dans votre état il faut se marier en demeurant à Paris, lorsqu'on y veut tenir une bonne maison. C'est une défaite ; si vous avez des engagements ici avec d'autres, c'est différent. Si vous n'êtes point engagé, pourquoi ne voulez-vous pas de ma fille ? Vous n'entendez pas bien, je crois, ce que j'ai l'honneur de vous dire. On vous a peut-être dit du mal des femmes de France. Monsieur, quand vous connaîtrez ma fille, je me flatte que vous penserez différemment, et je ne vois pas pourquoi nous ne finirions pas cette affaire tout de suite. Mais dites-moi, je vous prie, une raison. Monsieur Delamarre... Il va venir, ainsi il vous expliquera mieux tout cela que moi. Je n'y comprends rien. Bon, le voilà. Oui, il dit qu'il ne peut pas se marier qu'il a des raisons qu'il ne peut pas me dire. Comment, allez-vous aussi être comme lui, et tout le monde se moque-t-il de moi aujourd'hui ? Il a beau dire, je n'entends rien à tout cela, et vous m'avez fait faire des démarches fort désagréables pour un honnête-homme ; enfin on n'aime pas à être refusé, et cela n'est pas convenable. Pourquoi donc m'avez-vous dit... Oui, oui, Monsieur. Allons, allons au concert. Pourquoi ne m'aviez-vous pas dit aussi ? Non, non, Monsieur ; et vous avez grande raison, allons, passez, passez. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_chanteuritalien *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_chanteuritalien *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MADEMOISELLEDESAINTHYGIN *date_1768 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_mademoiselledesainthygin Hé bien, Papa, il n'y a pas encore un violon d'arrivé, il n'y a que les Basses, concevez-vous que ces Messieurs se fassent attendre aujourd'hui encore comme la dernière fois ? Cela est impatientant ! Permettez que j'aille voir encore. Sûrement ; d'abord je ne connais que celle-là. Je vous réponds que vous finirez par ne vouloir pas en entendre d'autre. Un Vénitien ? Et faudra-t-il aller à Venise ? Pourvu que je ne m'éloigne pas de vous, Papa, tout ce que vous ferez me conviendra très fort. Sans doute, d'abord que cela est sûr. J'entends quelqu'un ; c'est peut-être lui. Oui, Monsieur, j'aime beaucoup la musique italienne. Papa, il a une drôle de voix, ce Monsieur-là. Mais Papa, c'est aussi trop presser Monsieur. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_chanteuritalien *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_chanteuritalien *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDELAMARRE *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdelamarre Vous avez concert aujourd'hui ? C'est très bien fait. C'est d'elle que j'ai à vous parler. N'avez-vous pas envie de la marier ? Je crois avoir votre affaire. C'est un banquier Vénitien, fort riche, qui veut s'établir à Paris. Un de mes amis qui me l'a adressé et qui connaît son bien et ce que lui vaut sa banque, répond qu'il a quarante à cinquante mille livres de rente. Monsieur, Monsieur... C'est un diable de nom en J, dont je ne me souviens jamais ; cela ne fait, rien ; il est assez jeune et pas trop mal fait. Je pense comme vous ; mais comme il connaît peu de monde à Paris, il n'y a rien à craindre. Voulez-vous que je vous l'amène aujourd'hui ? C'est très bien dit ; mais c'est que j'ai affaire, et je ne sais pas à quelle heure je pourrai revenir. Oui, vous avez raison. Je ne perds pas un instant. Vous vous moquez de moi. Je ne ferai peut-être pas longtemps. Ma foi, mon ami, je suis bien fâché, mais on m'a dit que notre homme en question était allé à Saint-Cloud se promener, et qu'il ne rentrerait que ce soir fort tard. C'est Monsieur Octavini. Quoi ! Vous croyez que c'était... Non ; mais écoutez-moi. Mais il ne peut pas faire autrement. C'est qu'il vous prenait pour un autre. Monsieur Octavini est un célèbre chanteur Italien, que j'ai promis à Mademoiselle de Saint-Hygin de lui faire entendre ; mais que je ne voulais pas lui donner pour mari. Je ne savais pas ce qui arriverait. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_chanteuritalien *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_chanteuritalien *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEUROCTAVINI *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieuroctavini Monsieur, est Monsieur de Saint-Hygin ? Mademoiselle, je suis votre serviteur. Je suis pas encore bien au fait de la langage de ste pays, mais j'ai purtant entendou dire beaucup de Mademoiselle pour son gût pour notre mousique. Je suis bien fâché de n'avoir pas encore été plous longtemps ici. Oh, tujurs ; je sais pas encore bien autrement. Monsieur, après la concert, vous direz si je chante bien, et puis, s'il vous plaît, l'argent il me fait point, je suis content tujurs de vivre à Paris, par tut ce que j'y ai vous. Je n'ai pas besoin de voir. Pardonne-moi ; mais je n'ai point été à des mariages. Mademoiselle il se marie donc ? Je ne puis pas empêcher. Moi ? Monsieur, je vois bien que c'est un badinage ; c'est pourquoi je dis rien à cela. Monsieur, je suis veuou pur la concert. Je dis point qu'il n'est pas jolie ; mais pour la mariage c'est autrement ; vous savez bien que je ne puis pas. Oui, mais Monsieur, je curs peut-être encore dans d'autres pays. Non, je suis point engagé. Monsieur, je parle tut de bon. Je suis point pur la mariage. Monsieur, pour les femmes, je suis fort charmé de voir en ste pays, mais je puis pas dire. Oui, Mademoiselle, il dit bien, et la concert il vaut mieux pur moi. Monsieur... Monsieur Delamarre, il m'a dit de venir ici chanter aujurd'hui, c'est le vérité. Je entend fort bien ; c'est pur cela que je dis comme il est vrai, certainement. Monsieur Delamarre, Monsieur, il se fâche contre moi ; je sais pas purquoi. Monsieur, vous voyez bien à ste moment. Monsieur, il n'est plous fâché avec moi ?