**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_ecrivain *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_ecrivain *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MADAMEDELAIGUILLE *date_1768 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamedelaiguille Eh bien, qu'est-ce que tu as à pleurer ? Tenez, voyez à dix-sept ans, si on peut être comme cela. Effectivement, je pleurerai aussi moi, ah oui, tu vas voir. Allons, allons, laisse-moi passer à ma place, grande nigaude. Donne-moi un peu cette terrine, que j'épluche nos fèves. Et le sac aux fèves ? Ah ça, finis de pleure-micher comme cela ; car tout cela m'ennuie. Allons, voyons ; qu'est-ce qu'elle va dire ? Que je me fâche ou non, ce n'est pas ton affaire. Tais-toi et parle. Oui, parce que c'est un honnête homme et qui me convient ; est-ce que tu n'en veux plus ? En voici bien d'une autre ! Bon gré malgré tu l'épouseras, premièrement et d'un, voilà qui est fini , je n'écoute plus rien. Et qu'est-ce que tu dis donc ? Il faut parler au lieu de pleurer. Et pourquoi cela ? Eh bien ? Mais s'il faut que je le sache , je ne peux pas le deviner. Ah, je ne crois pas celui-là, il peut te faire toutes les infidélités qu'il voudra ; mais il faudra bien qu'il t'épouse, je n'entendrai pas raillerie là-dessus , un honnête homme n'a que sa parole. À présent cela ne fait rien ; mais quand tu seras fa femme, je le ferai bien charrier droit. Est-ce que ton père ne voulait pas faire comme cela au bout d'un an de mariage ? Ah pardi il ne s'y est pas frotté deux fois ; il te le dirait bien, s'il n'était pas mort, le pauvre défunt ! Oh, mais c'est lundi, il faut de la raison partout. Laisse-le venir, je lui parlerai, moi, il faudra bien qu'il réponde. Voilà encore un joli sujet pour être amoureux d'une autre que de ma fille. Je veux bien ne lui pas parler ; mais c'est que s'il me fait une fois monter la moutarde au nez... Oh, je ne m'emporte pas ; va, va, laisse-moi faire, je sais comme il faut s'y prendre avec les hommes, tu n'as qu'à faire comme moi. Ne lui disons rien ni l'une ni l'autre, il sera bien embarrassé. Monsieur, y a-t-il quelque chose pour votre service, de la toile, des manchettes ? C'est ici. Monsieur, nous ne vendons pas de lunettes et... Vous y êtes, Monsieur, c'est moi-même. Janneton, donne donc un tabouret à Monsieur. Monsieur, si vous voulez du bon, il ne faut pas épargner voulez-vous quelque chose de résistance ? Janneton, donne à Monsieur de ceux marqués N. Tenez, Monsieur, voilà ce qu'il vous faut. C'est-là ce que nous vendons dans ces cas-là. Dix sols la paire, mais je ne veux pas gagner avec vous, je vous les donnerai à neuf sols. Je le veux bien ; mais je n'y gagnerai rien. Prenez-en encore une paire, cela fera un compte rond. Pardonnez-moi, je me souviens... Quoi, c'est vous qui vous nommiez... J'oublie toujours les noms... Justement. Je m'en souviens, oui, il y a longtemps dont vous parlez-là. Oui vraiment. Ah, le pauvre homme ! Il y a six ans qu'il est mort. Oui vraiment ; vous savez qu'il aimait un peu à boire. Ah, que trop ! Un jour de la Saint Martin, bon jour bonne oeuvre, est-ce que la roue d'un fiacre ne lui a pas passé fur les deux jambes, qu'il ne s'en est pas relevé, J'ai cru que je le garderais toujours comme cela ; enfin Dieu me l'a ôté, il a bien fallu se faire une raison. Il ne m'a laissé que Janneton que vous voyez là. Ah, comme cela. Si vous vouliez accepter la fortune du pot ? C'est de bon coeur. Adieu , Monsieur , ne nous oubliez pas ; surtout quand il vous faudra quelque chose. Oui, oui, allons-nous-en dîner. Voilà Monsieur Discret, ne le regardons pas. Eh bien, qu'est-ce que tu veux ? Apparemment qu'il est allé à ses affaires. Ah, si tu vas me tourmenter comme cela !... Ne veux-tu pas que je le garde dans ma poche ? Je crains que tu ne sois jalouse. Tiens, ma fille, ce serait tant-pis pour toi, les hommes ne se mènent pas comme cela. Jamais ? Va, va, j'ai aimé plus que toi et plus que tu n'aimeras de ta vie ; en tout bien et tout honneur dà. D'abord il ne faut pas se plaindre sans raison. Tiens, écoute-moi. Un jour que... Qu'est-ce que celui-là cherche ? De sa part ? Voyons un peu ce qu'il chante. Allons, tais-toi donc. Hum... hum... hum... hum... Mon coeur saigne de tous les côtés... Hum... Quand je pense à Madame votre mère, hum... Hum... hum... hum... Et comme le piédestal de sa vertu a souvent fait des faux pas... Qu'est-ce que veut dire cet animal là ? De qui parle-t-il ? Voyons le reste. Je crains qu'il n'en arrive de même de vous. Si vous vouliez pourtant éprouver mon amour sans mariage, je ne demanderais pas mieux, dans ce cas-là, que d'être de tout mon coeur, Mademoiselle, Votre très humble et très respectueux serviteur. DISCRET. Voilà un grand coquin, un grand gueux ! Non, tu n'as que faire de me parler de lui davantage. Oui, oui, donne-moi mon aulne, que j'étrille ce drôle-là. Eh bien, tu n'as qu'à venir. Ah, tu n'as qu'à lui dire qu'il n'approche pas d'ici de dix lieues. Ma vertu a fait des faux pas, ce ne sera pas avec lui, toujours ; s'il revient ici, je lui arracherai les yeux. Quand cela serait vrai, je ne veux pas qu'on me le dise, enfin je te défends de penser à lui davantage. Quoi, tu aurais ce coeur-là, d'aimer un vilain coquin comme cela qui t'insulte, qui insulte ta mère ; je te tordrais plutôt le col que de souffrir que tu l'aimes encore après cela. Aimes-en un autre, n'importe lequel, cela m'est égal, pourvu que ce ne soit pas lui. Je te dis que je le veux, je fuis ta mère en un mot comme en cent. Quoi ? Ne pleure plus, tais-toi et parle. Oui, que tu m'as fait relever, après t'avoir attendue toute la nuit pour t'ouvrir la porte ; ah, ne me parle pas de cela. Eh bien, qu'est-ce que tu veux dire ? Quoi, tu m'en parles encore ? Et de quel métier est-il ? Il faut savoir sa vacation. Il porte l'épée : qu'est-ce qu'il est donc ? Et il se nomme ? Comment, Monsieur Dubois ? Eh, mais s'il était le fils de Monsieur De Lafleur, qui s'appelle aussi Monsieur Dubois, cela serait trop heureux. Oui, pourquoi pas ? Il s'était marié trois ans avant moi, et il doit avoir un fils assez grand à présent. Mais il faudrait savoir si tout cela est bien vrai, et s'il n'est pas amoureux d'une autre ; car ces chiens d'hommes, il ne faut pas trop s'y fier, après ce qui nous arrive. Quoi, tu y penses encore ? Où cela ? Celui qui vient de ce côté-ci ? Eh bien, laisse-le approcher. Oui, oui, Monsieur, très volontiers. Asseyez-vous donc, s'il vous plaît. Monsieur, vous faites bien de l'honneur à ma fille, et tenez, elle me parlait de vous. Pourquoi cela, Monsieur ? Quand on a des manières honnêtes, c'est toujours bien fait ; les honnêtes gens sont si rares, surtout dans ce temps-ci. Oui-da volontiers. Il est bien bon ce tabac-là, où le prenez-vous ? Monsieur votre père ? Serait-ce Monsieur de Lafleur, qui demeurait autrefois chez Monsieur Largentier ? Mais vraiment c'est cela tout juste, Monsieur votre père est de nos plus anciens amis. Et tenez, comme il le disait tantôt, il n'y a que cela ; car à présent on ne sait sur qui compter. Écoutez donc, il n'y a qu'un mot qui serve, comme dit l'autre, et puisque nous avons renouvelé connaissance avec Monsieur votre père... Je suis bien fâchée qu'il n'ait pas voulu manger la soupe avec nous ; cela serait peut-être fini à présent. Eh bien, parlez, vous, je parlerai après. Tenez, écoutez-moi, mes enfants ; je ne suis qu'une femme, et je ne vais point par quatre chemins ; ce qu'on tient il ne faut pas le lâcher ; allez chercher Monsieur votre père ; s'il est vrai que vous êtes son fils, cela fera bientôt fini ; voilà comme je suis moi, voyez-vous. Il va être bien étonné de voir que nous vous connaissons. Allons, allons, c'est bon. Oui vraiment, nous le connaissons et nous le connaîtrons bientôt mieux si vous voulez. Ah, voyez le gros fin ! Bien attaqué, bien répondu ; pour moi je crois que Monsieur vaut bien Madame, et tenez sans barguigner davantage, je dis qu'il faut les marier ensemble. Tout de bon ? Moi, je n'ai que Janneton d'enfants, ainsi tout ce que j'ai sera pour elle. Et moi la mienne. Allons, embrassez-vous, mes enfants, voilà qui est fini. Allons, entrons chez nous, nous boirons un coup en causant de tout cela. Laissez-moi faire. Je m'en vais lui laver la tête. Non, je veux en avoir le coeur net. Parlez un peu, Monsieur l'Écrivain, je vous conseille de ne plus venir vous étaler auprès de chez nous, car je Vous frotterais les oreilles. Comment, coquin, après la lettre que tu as écrite à ma fille. Oui, et le pied d'étal de ma vertu qui a fait un faux pas. Attends, attends-moi. Si je prends mon aulne, je te la casserai sur le corps, vilain coquin. Tu ne veux pas de ma fille en mariage tu ne l'auras pas non plus ; car Monsieur l'épouse. Et tu n'as que faire de revenir jamais grisonner devant chez moi. Non, je veux qu'il s'en aille. Tu en as écrit plus qu'il n'en fallait. Ce n'est pas ton écriture, chien de menteur ? Allons va-t-en tout-à-l'heure. Est-il parti ? Allons, mes enfants, mon gendre, venez, venez. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_ecrivain *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_ecrivain *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MADEMOISELLEJANNETON *date_1768 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_mademoisellejanneton Ah, Monsieur Dubois, si vous saviez !... Je le sais bien ; mais ma chère mère ne vous connaît pas. Si j'étais sûre qu'elle pût penser comme moi, Monsieur, vous n'auriez rien à craindre. Mais, par exemple, si elle voulait me marier à un autre que vous. Cela n'est pourtant que trop vrai. Je ne sais si vous connaissez Monsieur Discret, l'écrivain qui demeure là , vis-à-vis de chez nous ? Eh bien ; c'est à lui que ma chère mère veut me marier. Si je l'aimais, je ne vous aimerais pas. Je n'en sais rien ; car ma chère mère lui a donné sa parole, et il y compte, et voilà pourquoi je vous ai prié de me venir voir pendant qu'elle est sortie. Mais, je crois que oui ; car c'est lui qui fait tous nos Mémoires. Il écrit tout couramment des lettres pour tout le monde, et il est très malin. Ah, je vous en prie, mon cher Monsieur Dubois, dites moi ce que vous ferez. Si vous m'aimiez bien, vous n'auriez pas de secret pour moi, et j'ai envie de me fâcher Eh bien, qu'est- ce que c'est ? C'est très bien pensé ; mais qu'est-ce que vous ne voulez pas me dire ? Eh bien , Monsieur, allez-vous-en, et ne revenez jamais. Non, Monsieur, non, je ne le veux pas ; finissez donc, vous allez faire tomber mon ouvrage. Bon, le voilà à terre. Il va être tout crotté. Revenez bientôt. Allez-vous-en vite ; car je vois revenir ma chère mère. Adieu. Adieu. Mais, ma chère mère, quand vous saurez à l'occasion de quoi je pleure, je crois que vous penserez comme moi. Tenez, la voilà. Mais, ma chere mère, écoutez donc la raison de cela. Si vous vous fâchez... Vous savez bien que vous m'avez accordé en mariage à Monsieur Discret. Mais je ne dis pas que je ne l'aime plus. Je dis que j'ai bien peur de ne pas être sa femme. Parce que... Je n'oserais vous le dire. Dame ; c'est qu'on m'a dit qu'il était devenu amoureux d'une autre, ce qu'il voulait me faire une infidélité. Mais s'il est infidèle ? Oui, mais si Monsieur Discret en aime une autre ; il ne voudra plus de moi. Il n'a pas paru encore à sa place d'aujourd'hui. Ah, ma chère mère, ne lui dites rien encore. Il faut attendre et savoir si tout cela est bien vrai. Nous verrons comment il se conduira. Il ne faut pas vous emporter. C'est très bien dit. Mais voilà un Monsieur qui cherche quelque chose, il regarde bien notre enseigne. Je crois que c'est le père de Monsieur Dubois. Qu'est-ce que c'est, Monsieur ? Les voilà justement. Ah, ma chère mère, ne pourriez-vous pas les donner à Monsieur, à huit sols ? Il est bien poli ce Monsieur-là. Ma chère mère, ma chere mère ? Il n'y est plus. C'est que si ce qu'on m'a dit est vrai... Jalouse, non ; mais quand on aime bien... On voit bien que vous n'avez jamais aimé. C'est moi ; qu'est-ce que c'est ? Elle prend la lettre et lit l'adresse Ah , ma chère mère, c'est récriture de Monsieur Discret. Je meurs de peur qu'on ne m'ait dit vrai. Il lui est arrivé quelque malheur ! De vous, ma chère mère. Comment de moi ? Mais, ma chère mère, peut-être que... Mais c'est peut-être un faux rapport qu'on lui aura fait. Mais, ma chère mère, si je ne peux pas m'empêcher de l'aimer ? Mais, ma chère mère, comment voulez-vous que je fasse ? Mais si je ne le peux pas. Mais c'est que moi, je ne sais si vous voudriez. Vous savez bien, ma chère mère, ce bal où j'ai été dans la rue de la Mortellerie, avec ma cousine. C'est qu'il y avait un ami de ma cousine, avec qui j'ai beaucoup dansé, je ne vois après Monsieur Discret que lui... Ce n'est que pour vous dire qu'après lui il n'y a que ce Monsieur là que je puisse aimer ; ma cousine m'a dit que c'était un bon parti, et que si elle n'était pas accordée avec un autre, qu'elle aurait bien voulu de lui. Il n'a point de métier, il porte l'épée. Il est Commis aux Barrières. Monsieur Dubois. Qui, ce Monsieur qui nous a acheté des chaussons ce matin ? Dame, écoutez donc, cela pourrait bien être ; car il m'a dit que son père avait bien de la protection, qu'il était débitant de tabac, et que pour lui il aurait bientôt un meilleur emploi. Oh, je fuis bien sûre qu'il est amoureux de moi ; car il me l'a dit ; mais je ne lui ai rien répondu, parce que je comptais épouser Monsieur Discret, cet ingrat-là. Ah, ma chère mère, c'est pour la dernière fois. Et tenez, le voilà Monsieur Dubois. Oui, justement, le voilà qui me salue. Il vient à nous. C'est à ma chère mère à parler. C'est que je disais comme cela à ma chère mère que vous aviez envie de vous marier. Tout de bon ? Ah, ma mère, voilà Monsieur Discret. Bon, bon, ne lui dites rien plutôt. Ah, Monsieur Dubois J Fi, c'est bien vilain à vous, Monsieur Discret. Allons, allons, laissez-le là, ma chère mère. Allons, Monsieur Discret, allez-vous-en. Ah, Monsieur Dubois, que je suis heureuse de vous avoir connu ! **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_ecrivain *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_ecrivain *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDISCRET *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdiscret Madame de l'Aiguille ne me regarde pas, non plus que Mademoiselle Janneton ; est-ce qu'elles seraient fâchées contre moi ? Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est peut-être parce que je n'ai pas fait le mémoire qu'elle m'a demandé, pour tout ce qu'elle a vendu à ce Charcutier de la Croix Rouge. Dame, si elle est fâchée elle se défâchera, elle n'aura que deux peines ; mais, Mademoiselle Janneton, qu'est-ce qu'elle peut avoir contre moi ? C'est peut-être à cause de sa mère. Oui, Monsieur, vous n'avez qu'a dire, tout ce qui est pressé avec moi a toujours la préférence. Voulez-vous bien vous donner la peine, de vous asseoir ? Ah bien, je vous donnerai un remède qui vous emportera cela comme avec un rasoir et sans douleur. Laissez, laissez-moi faire, vous serez content. Mais voyons la lettre. Monsieur et cher Amant. « J'ai l'honneur de vous écrire ces lignes pour vous faire à savoir que j'ai bien du chagrin ; parce que je crains déjà que quand je ferai votre femme vous ne m'aimez pas ; voilà pourquoi ma chère mère me défend de vous parler davantage, ce qui met mon coeur en combustion, et que je ne passe pas une nuit sans dormir en rêvant de vous ; ce n'est pourtant pas que je vous aime autant que je vous aimais, voilà ce que je ne voulais pas vous dire , quoique je croie que vous ne m'aimez plus ; mais la plume me tombe des mains pour dire que cela n'est pas vrai , et que je vous aime toujours de tout mon coeur. Votre très humble et très obéissante servante, Janneton ? C'est plaisant ; mais ce n'est pas son écriture, ainsi ce n'est pas elle. C'est que vous ne savez pas ce que je veux dire. Ah ça je m'en vais vous faire une réponse, quel style voulez-vous ? C'est bien dit. Vous connaissez bien le beau sexe. Je vous entends bien. Vous allez voir. Ne vous embarrassez pas. Tenez, voilà le commencement? Mademoiselle, Je mets la main à la plume mais avec regret, mon coeur saigne de tous les côtés, hors du vôtre, quand il pense à Madame votre mère qui est comme un dragon toujours envers moi. Écoutez, écoutez, vous ferez content. Il me vient une bonne idée dans la tête. Et qui ne peut vous donner que de mauvais conseils quant à l'égard de mon amour. Oh, je fais bien, vous allez voir. Tenez voyez si ce n'est pas là ce que vous vouliez dire ? «Et comme le piédestal de fa vertu a souvent fait des faux pas...» «Je crains qu'il n'en arrive de même de vous.» «Si vous vouliez éprouver mon amour, sans mariage, je ne demanderais pas mieux dans ce cas-là que d'être de tout mon coeur, Mademoiselle. Votre très humble et très respectueux Serviteur. Je suis bien aise que vous soyez content ; dame nous autres, il nous passe tant de ces affaires-là par les mains, que j'y suis un peu Grec. Avant de la cacheter, ne faut-il pas signer ? Dites-moi votre nom. Discret ? Mais c'est aussi mon nom. Sûrement. C'est plaisant cela ! Est-ce que vous seriez le fils de Monsieur Discret, Facteur de la petite Poste, qui a été tué à l'armée il y a bien longtemps ? Cela fait une différence ; mais en ce cas-là nous sommes cousins. Je ne demande pas mieux, je m'en vais cacheter cette lettre, et puis je vous mènerai à un endroit où, il y a de bon vin. Je m'en vais mettre l'adresse à Mademoiselle Mademoiselle Janneton ? Voilà votre affaire finie, cousin. Si vous voulez venir à présent... Bon, entre parents. Et puis vous allez payer chopine. Allons, je vous expliquerai ce qui m'a si fort étonné. C'est qu'il faut arranger ses affaires. Je vous suis. Mais, mais qu'est-ce que vous avez donc ; Madame de l'Aiguille ? Mais je ne sais pas ce que vous voulez dire. Comment ; mais je croyais que vous saviez que je lui écrivais et quand on doit se marier ensemble... Quoi ? Comment ? Mais cousin... Mais c'est traître cela ? Mais écoutez-moi donc, Madame de l'Aiguille, Mademoiselle Janneton... Je ne demande à dire qu'un mot. Mais ce n'est pas moi qui... Je ne dis pas cela ; mais... Je veux auparavant... Mais vous savez bien que c'est vous, et je ne saie à quoi il tient... Allez, Mademoiselle, vous êtes une ingrate. Monsieur, je ne dis rien... Mais c'est affreux à vous... C'est que je prends toutes mes affaires. Non, je ne reviendrai plus ici. Je les donne toutes au diable ainsi que vous. Non, Monsieur, je m'en vais ; mais quelque jour... **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_ecrivain *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_ecrivain *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_NICOLAS *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_nicolas Madame, ne pourriez-vous pas m'enseigner où demeure Mademoiselle Janneton? Oui, c'est de sa part. Madame, m'allez-vous donner la réponse ? Mais il m'a dit que vous me payeriez. Je m'en vais lui dire que c'est comme cela que vous recevez sa lettre. Je n'y manquerai pas.