**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_petitmaitreparphilosophie *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_petitmaitreparphilosophie *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LACOMTESSE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lacomtesse Chevalier, j'ai été bien longtemps, n'est-ce pas ? Je suis excédée ! Ma complaisance me coûte cher. Mais où est donc le Marquis ? On m'avait dit qu'il était ici. Asseyez-vous là. Mais vous avez quelque chose. Asseyez-vous donc. Je ne vous ai jamais vu comme cela. Je veux savoir ce que c'est. Vous n'avez jamais fait de vers. Hé bien , où allez-vous ? Et pour qui ce couplet ? Oui, est-ce un mystère ? Je veux le savoir. Vous connaissez Madame de Montgrieux ? C'est une femme que je ne peux pas souffrir. Et c'est elle qui vous occupe si fort ? Tenez, je ne sais ce que vous avez, mais je ne vous reconnais pas. Vous ne m'avez jamais menti, et je suis tentée de croire, d'après votre embarras... Cette gaîté contrainte ne vous va pas non plus. Ridicule ! Non, Chevalier, vous ne le serez jamais à mes yeux. Je vous aime trop pour cela, et je ne vous aurais pas aimé, si vous aviez jamais eu la moindre nuance d'un caractère ridicule et léger. Croyez qu'un amour fondé sur l'estime, ne voit et n'a d'autre intérêt que celui de l'objet qu'il aime ; ainsi mon inquiétude, au lieu de vous déplaire, doit vous assurer de mon coeur. N'avez-vous plus la même confiance en moi ? Pourquoi donc me cacher ce qui vous occupe ? M'aimez-vous moins ? Je le crois bien. Qui devrait vous plaire ; la crainte de vous perdre n'est-elle pas une chose flatteuse pour vous ? Ah, parlons sensément ; nous nous connaissons trop bien pour avoir cette crainte ni l'un ni l'autre jamais ; vous avez raison. Qu'il est doux d'aimer sans inquiétude ! Et pourquoi pas ? Voilà un langage que je ne vous ai jamais entendu tenir. Oui, mais quels exemples ! Ceux qui vous les fournissent, aiment-ils réellement ? Non, Chevalier, ce sont des liaisons légères, ou le goût a souvent même bien peu de part. Quel bonheur ! Ce n'en est seulement pas l'image. Avec vous, je ne connais que ceux de l'absence ; car je compte sur vous comme sur moi-même. Que dites-vous ? Qu'est-ce que c'est que cela ? Je parie que ce sont vos vers. Je veux les voir. Donnez, je le veux absolument. C'est un billet ? Vous avez l'air inquiet ? Voyons. Je connais cette écriture. C'est de Madame de Clercy. Vous êtes sur ce ton-là avec elle ? Mais vous irez ? Pardonnnez-moi, parce que demain je ne vous verrai pas de la journée, et je suis bien aise que vous vous amusiez quelquefois quand vous ne me voyez pas. Qu'est-ce que cela fait ? Je ne suis pas jalouse. J'avais oublié de vous dire que j'allais à la campagne, chez ma soeur. Je ne le peux pas, j'y vais pour deux jours et l'on me mène. Non, j'ai réfléchi que cela ne serait pas décent. C'est à cause de cela que je ne veux plus que vous y veniez. Non, Chevalier, du tout. Je vous jure que non. Pourquoi serais-je fâchée ? Je n'ai pas à me plaindre de vous ; je n'ai pas prétendu qu'absolument vous ne voyiez que moi, d'ailleurs Madame de Clercy est mon amie. Mais vous êtes devenu fou, je crois, aujourd'hui. Comment, il faut que je fois jalouse absolument pour vous calmer, que je vous querelle ? Qu'avez-vous donc ? C'est que je n'en connais pas le principe ; vous n'avez pas, je crois, de raison de vous plaindre de moi. Si vous êtes malheureux d'ailleurs, je suis prête à vous entendre et à vous donner tous les moyens de consolation qui sont en moi. Si vous aimez ailleurs, cela est tout simple, on n'est pas toujours le maître de son coeur. Je ne vous comprends point ; mais levez-vous et expliquez-vous s'il est possible. Vous avez douté de mon coeur ? Et qu'avez-vous fait ? Non, je veux le savoir. Comment ? Vous avez recours à cet artifice dans un moment où vous étiez si sûr d'être aimé ? Je conçois que cette crainte avait pu vous retenir ; mais vous n'avez pas eu celle de me voir souffrir par cette épreuve, ce spectacle vous aurait sans doute enchanté ! Allez, Monsieur, vous me confirmez ; mais trop tard ce qu'on m'avait dit des hommes, qu'ils se ressemblent tous et qu'ils ne vous aiment que pour eux. C'en est fait, Monsieur, je ne vous verrai plus. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_petitmaitreparphilosophie *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_petitmaitreparphilosophie *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LEMARQUIS *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemarquis Oui, Monsieur, plus une femme vous plaît plus elle vous convient, plus vous en voulez être aimé ; moins il faut vous livrer à votre passion. Je n'en suis pas surpris ; parce que tu crois qu'en aimant il faut de la bonne foi ; tout au contraire, c'est là ce qui vous fait perdre en peu de temps une femme ; quand vous n'êtes occupé que d'une seule, la société vous regarde comme nul pendant ce temps-là ; cette femme voyant qu'on n'est pas tenté de vous, ne s'en soucie plus elle-même, ou elle y compte si fort, qu'elle ne fait plus rien, ni pour vous plaire, ni pour vous retenir. Oui, injuste, cela n'est pas inconséquent toujours. Sans doute ; la crainte de perdre l'objet que l'on possédE, nous le rend plus cher ; voilà pourquoi une coquette a toujours un amant qui ne peut se détacher d'elle malgré toutes ses perfidies ; un peu d'art resserre la chaîne lorsqu'on veut la rompre. Avec les dispositions que je te vois à la constance, tu feras toujours la dupe de toutes les femmes à qui tu t'attacheras. Sûrement elle doit l'être ; mais ce que je crois, c'est qu'elle doit être ennuyée de cet amour excessif que tu lui montres continuellement. En vérité, tu me fais pitié ! J'ai passé par là, et c'est parce qu'on a été dupe, qu'on ne doit plus vouloir l'être. Cette confiance mutuelle, si délicieuse, anéantit tôt ou tard les soins qu'on doit prendre de se plaire, l'amour languit et meurt enfin. Je suppose que tu puisses aimer longtemps, peux-tu espérer d'être toujours aimé de même ? Oui ; mais cette confiance est la seule qui puisse exister. La constance de cette espèce ne se soutient qu'à force d'infidélités ; mais elles sont légères ; on les cache dans les commencements, ensuite on les donne pour des fantaisies, et l'on finit par n'y plus prendre garde. On a vu des femmes excuser leurs amants d'avoir des filles ; même tirer parti de ces infidélités, en faisant croire à leur vertu, et en prouvant que leur amour n'avait jamais été que de l'amitié. L'inquiétude a soutenu l'amour, et l'habitude a fait mériter le nom de constants, à des gens, dont l'âme est honnête, l'esprit doux, complaisant, et qui reconnaissent après avoir beaucoup parcouru le monde, qu'il n'y a de sûreté que dans une liaison fondée sur une estime réelle. Bien peu de chose. Cela doit être ; mais ce n'est pas sans espoir. Écoutez-moi ; on ne peut rien changer à ce qui est ; mais on en peut tirer parti. La Comtesse te plaît, il faut la conserver le plus qu'il te sera possible. Je le souhaite , puisque cette idée te charme ; je suis bien éloigné de vouloir la détruire, je veux même t'aider. Je ne plaisante pas non plus. Je vous ai surpris hier la Comtesse et toi, dans un moment où je crois que vous vous disiez peu de chose ; cependant peu-à-peu j'ai vu ma présence vous contrarier, et je ne suis sorti que lorsque j'ai été bien sûr que vous ne vous retrouveriez plus seuls de la journée. Au contraire, je vous ai servi, j'ai ranimé votre langueur, et votre soirée a dû être charmante ; la quantité de choses que vous aurez eu envie de vous dire, et que vous n'auriez pas pensées étant seuls, l'occupation continuelle de vous chercher, de retrouver dans les yeux l'un de l'autre le même sentiment, n'est-il pas toujours un nouveau plaisir ? Que les obstacles se présentent sans cesse, et vous serez tous les deux presque constants. Que vous vous aimiez moins, et vous serez heureux. Te voilà bien surpris. Un amour trop fort anéantit la gaîté il fait perdre toutes les grâces de l'esprit : une première passion est comme l'eau d'un torrent qui court rapidement se réunir à l'immensité des mers, pour éprouver des tempêtes ou un calme insipide. Les autres passions plus légères ressemblent à l'eau d'une fontaine qui prend sa naissance entre les fleurs d'une prairie agréable, qui les caresse, se répand à droite et à gauche ; mais qui se réunit souvent et reprend plus de force lorsque les obstacles se présentent. Quelle image est plus riante ? Et qu'il est doux de voir couler ainsi ses beaux jours ! Combien on voit d'hommes qui ont eu cette conduite, qui même ne sont plus jeunes, être fêtés, cités, prônés, courus encore , par la plus grande partie des femmes qu'ils ont eus ; pendant que ceux qui ont été ce qu'on appelle réellement constants, se reconnaissent à peine ; encore n'est-ce que pour se récrier en même temps, que j'ai vu cette femme-là jolie ! Comme cet homme-là est changé ! Et la pratique en est douce, et agréable : suis-la, ou bientôt tu te verras livré au désespoir d'être quitté, quoique sans raison : qui cesse de plaire, n'a point de droit de se plaindre en éprouvant une infidélité. C'est bien mon dessein. Ton bonheur. L'amour réel ; c'est l'amour-propre, rien ne peut l'anéantir ; mais il est avide. Cherche à plaire à toutes et tu plairas davantage à celle que tu aimes. Je veux même qu'on te croie infidèle pour te rendre heureux. Ta languissante Comtesse en fera plus vive, plus charmante : elle feindra de vouloir se venger, tu riras de ses projets ; que de moments délicieux ! Mais jamais d'explication réelle, toujours une forte d'incertitude , du persiflage, point de raisonnements suivis, d'assurances pesantes d'un éternel amour ; un continuel badinage, et voilà l'homme qui doit être aimé tout le temps qu'il aimera. Si à la première inquiétude tu dévoiles le motif de ta conduite, tu seras perdu et sans espoir d'un sincère retour ; elle cherchera à se venger, se vengera, et tu seras puni non seulement d'avoir eu le projet de changer de conduite ; mais d'avoir eu l'imprudence de l'avouer. Du courage ? Ne profanons pas les mots, dis le désir d'être heureux. Le voici. Je parie que ce matin tu as revu la Comtesse, que vous vous êtes trouvés tous les deux charmants, pour avoir éprouvé toutes les contrariétés de la soirée. Vous vous êtes dit tout ce qu'on se peut dire. Pourquoi donc y revenir cette après-dînée ? Abus que tout cela, nul système économique dans cette conduite. Qu'importe ? On a un oncle malade, une mère, une tante, que sais-je moi, une cour à faire, on le mande ou on ne le mande pas, on se montre au spectacle , elle l'apprend ; le lendemain explication, protestation légère ; on vous gronde au lieu de s'ennuyer, vous rassurez, puis vous faites la même chose, et vous êtes adoré. Qui se soumet au joug, mérite de succomber sous son poids. On est maître de le cacher ; c'est par où il faut commencer. Plus tu seras aimé, plus tu seras satisfait, et ta gaîté fera croire que tu aimes légèrement. Il le faudra. Hé bien , employons l'art. Qu'on te croie une passion légère pour une autre. Tu te crois déjà perdu ? Écoute-moi. Laisse croire, qu'une autre femme a des desseins sur toi. Quel effort ! Que tu lui as donné quelque espoir. Il le faut. Laisses tomber une lettre ; les femmes veulent tout voir, la Comtesse la voudra lire et elle la lira, tu n'en paraîtras pas alarmé, et je parie même que tu ne seras pas fâché de voir son émotion. Elle te défendra de revoir cette femme. Tu la reverras. Tout ce qui pourrAit t'alarmer avec tes principes, doit à présent te rassurer. Attends, je veux que tu commences dès ce moment. Je vais te donner un billet qui fera justement ce qu'il te faut. Voilà ton affaire. Très bien, te dis-je. Sûrement elle la connaît ; le billet est de Madame de Clercy, et c'est tant mieux. De voir durer une passion que tu chéris ? C'est pitoyable ! C'est bon. Allons, prends ton parti dès ce moment, je vais faire une visite et je reviendrai voir les effets de mes conseils. Oh, je t'abandonne à ton mauvais fort, si tu n'as pas de confiance en moi; Il n'est pas encore temps. Adieu. Hé bien, hé bien, que dis-tu donc là ? Paix donc. Heureusement qu'elle vient de fermer sa porte. Je crains dans l'état où tu es, que tu n'aies fait quelque imprudence. Comment ? Si ce n'est que cela... Tout cela, ce sont des mots, qu'en est-il arrivé ? Tu l'as crue, voilà ce que fait le manque d'expérience. Elle a raison, je l'avais prévu. Que t'avais-je recommandé ? Je ne crois pas cela. Laisse passer le premier moment ; si elle t'aime véritablement, l'amour lui parlera en ta faveur, et si elle ne te pardonne pas, elle ne t'aurait pas aimé encore longtemps. Dans quelque temps, je suis bien sûr que tu penseras comme moi. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_petitmaitreparphilosophie *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_petitmaitreparphilosophie *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LECHEVALIER *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lechevalier Entrons ici, en attendant la Comtesse. Je ne comprends rien à ce système-là. Mais cela est injuste. L'on ne se soucie donc jamais que de ce que l'on n'a pas ? Je suis bien sûr de n'aimer jamais une coquette. Mais crois-tu la Comtesse, coquette, par exemple ? Puisqu'elle le partage, il doit l'occuper agréablement. Si tu pouvais être témoin de cette confiance mutuelle et délicieuse que l'amour sait procurer, tu envierais quelquefois mon sort, et tu voudrais en goûter un pareil. Je puis bien répondre que jamais... Mais n'y a-t-il pas des exemples de constance connus et cités ? Je ne te comprends pas. Quelle est-elle donc ? Mais l'amour n'est donc rien, réellement ? Tu m'affliges. Oh, toujours. Ne plaisante pas. Quoi, tu l'as fait exprès ? Quelle méchanceté ! Il est vrai.... Je l'avoue. Cette morale est légère. Tu m'épouvantes ! J'avoue que je ne comprends pas quel est le but de cette conversation ? Tu crois que je consentirais... Il faut du courage pour embrasser ce parti. Mais que vais-je faire ? Il est vrai. Je l'avoue. Pour goûter le plaisir toujours nouveau, de nous revoir sans cesse. Mais je le lui ai promis. Je conçois tout cela ; mais est-on maître d'aimer moins ? Et comment ? C'est vrai ; mais pourrai-je demeurer en reste, lorsque je me verrai autant aimé ? C'est trop difficile. Comment ? Ô Ciel ! Voyons. Ah pour celui-là, à la bonne heure. Mais... J'y consens ; sachons comment. Mais.... je crois que oui. Comment faire pour lors ? « Vous avez bien fait, Monsieur, de ne pas venir souper chez moi avant-hier, nous aurions été seuls ; venez demain, je ferai ce que je pourrai pour avoir du monde ; mais je ne vous en réponds pas ; cette incertitude vous fera-t-elle peur ? Adieu, je vous attends , je le veux.» Cela me paraît.... Mais la Comtesse ne connaît-elle pas cette écriture ? J'ai quelque répugnance.... Je vais essayer ; mais je crains bien... Allons, en te remerciant. Je ne sais, mais je tremble. Voici la Comtesse, essayons. Il va revenir. Je suis fort bien. Je n'ai jamais été plus embarrassé. Je vous jure que je n'ai rien du tout. C'est une misère. C'est... que... je me suis chargé de faire un couplet, et cela me tracasse. Non... je vous demande pardon, autrefois. Je trouverai mieux debout ce que je cherche. Pour qui ? C'est pour... Pour... Madame de Montgrieux. Mais, oui. Elle est pourtant aimable. Si fort ? Comme cela. Ah, ni moi non plus. Hé bien , voyons, que croyez-vous ? En vérité aussi il y a aussi de quoi être embarrassé : l'air occupé, la gaîté, tout cela vous paraît également ridicule. Madame , je vous demande pardon. Je ne dis pas cela, Madame. Par conséquent, c'est une question... Sans doute. Oui, si cela pouvait durer toujours ! C'est une simple réflexion, d'après les exemples fréquents. Ces gens-là se croient heureux cependant. Mais ils n'ont pas les tourments de l'Amour. Le Marquis a raison. Que vous avez raison. Suivons son avis. Oh, rien, Je vous prie que non ; si c'était des vers... Non ; parce que vous pourriez croire... Oui ; mais... Moi ?... Ah, point du tout. Le Marquis me perd. Cela se peut. Il est vrai. Vous voyez que je n'ai pas voulu y aller souper. Je ne crois pas que vous me le permettiez. Je vous assure que je n'ai jamais eu le dessein d'y souper, et je ne sais pas pourquoi elle se l'est mis dans la tête, sérieusement. Je le sais bien. Pardonnez-moi, puisque vous m'avez même promis de me mener. J'irai de mon côté. Mais j'y ai déjà été avec vous mille fois, Je ne vous comprends point. Êtes-vous fâchée contre moi ? Vous dissimulez. Vous me déchirez le coeur avec cette froideur. Votre indifférence me tue. Ah ! Vous lisez dans mon âme ; et mon trouble, ma douleur ne vous touchent point. Hé bien, Madame, il faut vous l'avouer, je suis la victime d'une façon de penser qui n'est pas à moi ; je me suis laissé séduire, et je suis trop coupable pour ne pas me soumettre à tout ce que vous ordonnerez. Non, Madame, je n'ai jamais cessé de vous aimer, j'en jure a vos pieds. Ce principe que vous ignorez, qui m'a fait faire une faute que je ne me pardonnerai jamais ; bien loin qu'il soit une preuve que je veux cesser de vous aimer, était au contraire un moyen que je voulais employer pour assurer mon bonheur pour toute la vie. Madame, on m'a fait craindre qu'un bonheur trop constant, sans la moindre inquiétude, ne pût pas durer toujours. Non, Madame, non ; ce n'est pas moi à qui cette pensée a pu venir, mais comme un véritable amour est facile à alarmer, je me suis laissé séduire, trop facilement sans doute. Ah, permettez... Hé bien, Madame ; c'est avec la dernière confusion que je vais vous avouer que j'ai voulu vous inquiéter par ce billet. Ce n'est pas à moi qu'il était écrit. Ah, je ne prévoyais pas tout ce que je souffrirais de l'indifférence avec laquelle vous avez reçu cette épreuve. Ô Ciel ! Que dites-vous ? Quoi, Madame, vous pourriez ne me pas distinguer ? Ah, Madame, je mourrai, s'il m'est impossible que jamais... Ah, Monsieur, vous m'avez perdu ! Oui, j'en ai fait une affreuse ! Celle de vous croire, et d'avoir suivi vos conseils. Cette épreuve me coûtera la vie. Qu'elle n'en a seulement pas été émue. Je lui ai tout avoué , elle ne veut plus me revoir. Vous m'avez perdu, vous dis-je ! Vous ne la connaissez pas. Non, je ne vous écoute plus. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_petitmaitreparphilosophie *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_petitmaitreparphilosophie *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_DUPRE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dupre Monsieur le Marquis, Madame la Comtesse va passer, ici tout à l'heure.