**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_recommandation *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_recommandation *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDELABRUYERE *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdelabruyere Dans quel état vous voilà ? Quoi toujours avec vos romans. Bon ; c'est toujours la même chose. Pardonnez-moi, autrefois, au Collège ; mais c'est du temps perdu. Vous n'avez pas besoin de ces livres-là, pour jouir de toute la délicatesse, de toute la sensibilité de votre âme. Je ne vous en crois pas capable. Pourquoi ne pas louer ce qu'on aime ; pourquoi ne pas lui rendre justice ? Pourquoi cela ? C'est pousser trop loin le scrupule : lorsque les autres en jouissent, c'est toujours bien fait, n'importe quel en est le principe. Vous faites bien celui d'une femme qui mérite l'estime et l'amour de son mari. Je suis bien-aise de vous voir cette façon de penser. Vous me charmez ! Je ne vous ferai point de ces protestations, ridicules souvent ; parce qu'on ne peut pas répondre d'une faiblesse quand on est homme ; mais ces remords dont vous me parlez, m'effrayent si fort, que je me crois au-dessus de danger. Dites une estime réciproque, une amitié durable nous réunira sans cesse ; le passage de l'amour à l'amitié sera insensible, et l'habitude du bonheur l'établira si vivement en nous, que rien ne pourra le détruire. Que veut cette femme ? Cependant la semaine dernière à Versailles... Mais là, Madame, n'auriez-vous pas le temps de lire pendant vos semaines ? Et vous vous assoirez sur des instruments de musique ? Voulez-vous bien me dire ce que c'est ? Pourquoi ? Si cela vous intéresse, je serai charmé... Voulez-vous que je le fasse entrer ? Mais si je pouvais... Puisque vous le voulez... Comment voulez-vous que cela soit autrement, avec une femme comme celle-là ? Sûrement. Cela ne serait pas étonnant, il y a tant de gens qui meurent de faim. Mais je ne le connais pas. Il peut être bon sujet ; mais il faut qu'il sache travailler, Oui, j'en ai une. Ah, mon Dieu, de tout mon coeur. Je m'en vais le faire entrer. N'y a-t-il pas quelqu'un là-dedans qui attend Madame de Saint-Léger ? Faites-le entrer. C'est de vous, Monsieur, que Madame de Saint-Léger m'a parlé ? Oui. Mais, Monsieur, qu'est-ce que vous voudriez avoir ? Non vraiment, elle l'avait oublié. Voyons. Quoi, c'est vous qui travaillez dans les domaines ? On vous avait desservi ? Tenez, Monsieur Dumont, vous aviez une si bonne réputation, que je vous ai fait chercher partout ; je vous ai demandé à Monsieur de la Bonde, il m'a dit qu'il ne savait ce que vous étiez devenu. Il m'a beaucoup parlé de vous, Monsieur de Rondière, c'était ce qui m'avait donné envie de vous avoir. Et moi aussi, et je vais vous le prouver. Vous êtes folle. Je suis trop heureux de pouvoir avoir Monsieur Dumont, s'il le veut bien. Non. Parce qu'elle n'est pas assez bonne ; mais comme mon Secrétaire est vieux et qu'il a besoin de se reposer, voilà la place que je lui offre : il me faut quelqu'un de confiance, et je crois que je ne peux pas mieux choisir. Et je pense même, que pour qu'il puisse continuer de rendre à sa mère tous ses soins, sans se détourner, nous pourrions lui donner ici un logement. Je suis charmé que nous ayons eu la même idée. Si vous sollicitez aussi bien que pour les autres, vous devez être sûr de réussir. C'est une chose à examiner. Ne vous donnez pas cette peine-là. Envoyez-les à Monsieur Dumont ; c'est lui qui a cette partie-là actuellement et si ce que vous demandez est juste, je ne doute pas qu'il ne fasse valoir vos intérêts. Mais... Vous étiez là en bonnes mains, Monsieur Dumont. Vous n'en avez qu'à votre mérite. Ne parlons plus de cela. Demain matin, je vous verrai ? Tranquillisez-vous, ce quelqu'un ne sera pas à plaindre, il vous connaît de réputation, et il sera sûrement votre ami. Je n'ai pas pû m'empêcher de la renvoyer pour son affaire à Monsieur Dumont. Cela m'a diverti, je l'avoue. Je vous réponds que c'est un très bon sujet que cet homme-là. Où soupez-vous ce soir ? Un peu tard, et je vous remmènerai. Vous êtes bien contente. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_recommandation *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_recommandation *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MADAMEDELABRUYERE *date_1768 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamedelabruyere Qui est là ?... Ah, c'est vous, Monsieur. Vous me voyez dans le plus grand attendrissement. Oui, celui-ci est charmant ! Vous le croyez, et vous n'en avez peut-être jamais lu. Je ne trouve pas cela. Quand des gens vraiment vertueux éprouvent des malheurs qu'ils pourraient faire cesser, s'ils étaient capables de renoncer à l'honneur, à la vertu ; ces situations sont si intéressantes, si touchantes, que je voudrais connaître ces malheureux, pour pouvoir les consoler, adoucir leurs maux , les partager ; ce désir est une jouissance délicieuse ! À quoi bon me flatter ? Je suis bien-aise que vous ayez bonne opinion de moi, certainement ; mais convenez que vous seriez fâché de me voir de l'orgueil ? Et moi, je craindrais d'être toute prête d'en avoir, étant louée par vous. Ah, parce que lorsque l'on aime , on peut s'aveugler sur l'objet de son amour, et en lui supposant une perfection aussi grande, on peut l'empêcher d'acquérir la véritable. Quand on est bien content de soi, on est bien près de mériter de ne plus l'être. Mon Dieu, l'on est si récompensé de faire le bien ; on goûte une si grande satisfaction, qu'il n'y a pas un grand mérite à s'en occuper. Vous parlez en homme d'État, ainsi chacun de nous fait son métier. Comment ne serais-je pas occupée de plaire à l'homme que j'aime et que j'estime le plus ? Notre bonheur commun dépend de nous ; vous pensez assez solidement pour fuir les gens frivoles, légers ou perfides ; comment ne les haïrais-je pas, et comment pourrais-je les craindre ? L'amour ne se trouve pas toujours avec l'estime ; mais quand ils sont réunis, rien ne peut détruire un attachement de cette espèce. Si vous étiez capable de quelques goûts passagers, je vous plaindrais ; parce que les remords ne vous en laisseraient pas jouir tranquillement. On n'est point jaloux de ce qu'on estime véritablement. Ayez de la confiance en moi, et nous nous aimerons toujours. Vous me charmez chaque jour de plus en plus, oui... Elle aurait été bien surprise, si elle nous avait entendus. Il est vrai, Madame, qu'on ne vous trouve guère. Mais, Madame, assez bien. Oui, Madame, et beaucoup. Ma belle-soeur aura la sienne , Madame ; mais je ne vous en suis pas moins obligée de votre offre. Quoi, Madame, vous n'aimez pas la lecture ? Voyons, Madame, parce que je veux faire un meuble. Cela doit être superbe ! Eh bien, passez par ici. Sans doute, c'est plus court. Pour cela sûrement. Je l'espère bien. Voilà un homme bien recommandé. C'est inconcevable tout ce qu'elle dit. Mais cet homme-là, la croit fort occupée de son affaire. Tenez, cela me fait de la peine ; c'est peut-être quelque malheureux qui n'a aucune ressource. Monsieur, si vous pouviez faire quelque chose pour lui. C'est peut-être réellement un bon sujet, voyez-le. Avez-vous une place à donner ? Eh bien, parlez-lui, vous jugerez facilement de quoi il est capable. S'il n'avait pas compté sur Madame de Saint-Léger, il aurait trouvé quelqu'un qui l'aurait mieux protégé, ne m'ôtez pas cette satisfaction. Je voudrais que vous puissiez faire quelque chose pour lui ; quand ce ne serait que pour faire sentir à la Comtesse, que quand on ne fait pas mieux les affaires dont on se charge, on ne devrait pas s'en mêler ; et qu'on y fait plus de tort que de bien. Il a l'air d'un honnête homme. Si vous en avez un , Monsieur, donnez-le, ou dites vous-même votre affaire. Dites naturellement ; il est tout simple de se plaindre ; c'est une consolation qu'on ne doit pas se refuser. Voilà une façon de penser très honnête. Et comment cela ? Laissez-le donc achever, Monsieur. C'est affreux ! Et est- elle un peu à son aise, Madame votre mère ? Monsieur, est-ce que cela ne vous touche pas ? Et est-elle guérie du moins ? J'aime beaucoup votre façon, de sentir, et de penser, Monsieur Dumont. Ah, Monsieur, que je vous en aurai d'obligation ! Vous lui donnez donc la place que vous avez ? Ah, pourquoi ? Ah, Monsieur, vous me faites un plaisir !... Assurément, j'allais vous le proposer, vous m'avez prévenue. Monsieur Dumont, qu'avez-vous ? Non, Madame, la tête ne lui a pas tourné ; mais il faut vous avouer ce qui est arrivé. La manière dont vous vous y intéressez, Madame, m'a fait faire quelques réflexions et c'est moi qui ai engagé Monsieur de la Bruyère à le voir. Madame, vous ne nous en devez aucun ; et c'est son mérite qui a déterminé Monsieur de la Bruyère en sa faveur. Il est pourtant devant vous, Madame ; mon mari le prend pour Secrétaire. Madame, sans mes engagements, j'en profiterais avec grand plaisir. Puisque vous me le défendez absolument... Ah, d'une jolie manière ! Elle vous avait bien recommandé. Nous vous montrerons aussi demain l'établissement de Madame votre mère. Je me suis un peu réjouie de l'embarras de la Comtesse. Oui, dont elle ne savait seulement pas le nom. Ce qu'il y a de sûr, c'est que voilà une bien bonne journée pour moi. Je l'aurais juré en le voyant. Chez ma mère. Y viendrez-vous ? En ce cas-là, je renverrai mes chevaux. À ce soir, je vais m'habiller. Adieu, Monsieur. Oh pour cela oui. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_recommandation *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_recommandation *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDUMONT *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdumont Oui, Monsieur. Est-ce que Madame la Comtesse de Saint-Léger, Monsieur, ne vous a pas donné mon mémoire ? Si Monsieur veut se donner la peine de lire, voilà la copie du mémoire que j'avais fait. Oui, Monsieur. Monsieur.... Si on le pouvait, sans faire tort à ceux dont on a à se plaindre, je crois que cela pourrait être permis. Je le crois bien, Monsieur ; c'est lui qui m'a perdu. J'avais eu se bonheur de plaire à Monsieur de Rondière chez qui se tient le Bureau... Eh bien, Monsieur de la Bonde a profité de trois jours, que je n'ai pas pu quitter ma mère, qui était à toute extrémité, pour me faire ôter mon emploi. Ah, Madame ; c'est là ce qui cause mon désespoir ! Avec mon emploi je l'aidais à vivre, et je comptais en augmentant d'appointements pouvoir mieux la soulager encore, et l'on m'a ôté toutes mes ressources ! Non, Madame : de cette maladie elle est devenue aveugle, et mon malheur l'a accablée de chagrin. Je vous demande bien pardon de vous exposer tout cela ; mais je ne l'aurais jamais fait, si votre bonté ne m'avait rassuré, sans m'humilier. Monsieur, je suis pénétré de reconnaissance... Madame, je suis si saisi d'étonnement, d'admiration, que tout mon regret est de ne pouvoir pas vous témoigner ma reconnaissance, comme je le désire... Ah, Madame la Comtesse !... Ah, Madame !... Je ne puis pas parler .... Mais... Je n'y comprends rien : quoi, ce n'est pas à vous, Madame, que je dois le bonheur qui m'arrive ? Madame, je serai trop heureux de pouvoir vous prouver combien je suis reconnaissant de toutes vos bontés. Madame , j'aurai l'honneur de vous aller remercier. Quoi, Monsieur, est-ce que Madame la Comtesse ne vous avait pas parlé en ma faveur ? Je sens bien plus les obligations... Oui, Monsieur, j'aurai cet honneur là. Mais j'ai un scrupule, je crains d'ôter une place à quelqu'un qui vaut sûrement mieux que moi. Je ne sais si je veille, tant je suis étonné de tout ce qui m'arrive ; mais je suis bien sûr du plaisir que je vais faire à ma mère et de tous les efforts que je ferai pour mériter toute ma vie au tant de bontés. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_recommandation *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_recommandation *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LEGRAND *date_1768 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_legrand Madame la Comtesse de Saint-Léger. Oui, Monsieur. Monsieur, donnez-vous la peine d'entrer.