**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_seigneurauteur *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_seigneurauteur *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LEDUC *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leduc Quoi, je ne pourrai pas faire un vers, un vers seulement ! Ah voyons. Non, il est trop long. Oui, mais de cette façon ? Il est trop court. Tant de peine ? Qu'est ce que c'est que cette façon de parler ? Ai-je jamais eu de la peine à faire des vers. Allons, taisez-vous ; vous me faites perdre mes idées. Des idées, vous ? Attendez, ne faites pas de bruit. Ah, oui-da, c'est lyrique tout à fait ; écrivons. Fort bien. Mais où est la rime ? Cela me fait perdre trop de temps. C'est incroyable qu'aujourd'hui je ne puisse pas. Hé bien, Monsieur le Docteur, parlez. Oui, si je n'en savais pas faire, imbécile. Allons, laissez-moi. Voyons encore. Que me veulent-ils ? Je suis en affaire. Allons, faites-les entrer. Ah, Messieurs, je suis charmé de vous voir ; mais ce ne sera pas pour longtemPs; parce que je suis un peu occupé. Il est vrai que quelquefois elles ne m'ont pas mal traité. Parfois elles ont des caprices, comme vous savez. Comme un autre. Messieurs vous vous disputerez une autrefois. Eh, Messieurs, ne disputez pas, je n'ai pas le temps. Je vous ai déjà dit que j'étais occupé très sérieusement. Non, vous dis-je, j'ai passé toute ma matinée à rêver, à barbouiller du papier, sans pouvoir rien faire. Non, au contraire, c'est un couplet ; ainsi vous voyez bien. Ordinairement cela ne me coûte rien ; mais, aujourd'hui je ne sais ce que j'ai. Non, c'est un bouquet. Oui, un bouquet, pour une femme que j'aime, et vous sentez bien qu'il faut que cela soit neuf, qu'il faut de la pensée. Asseyez, vous asseyez-vous-là. Moi ! C'est vrai; c'est moi qui veux que ce soit un bouquet. Comme vous dites, voilà la pensée trouvée. Mais il faut la mettre en chant, et voilà le difficile. Bon, j'en ai cent. C'est vrai, aussi j'avais envie de prendre. C'était justement celui-là que j'avais en vue. Pas tout à fait. C'est vrai, les choses viennent quelquefois comme cela sans peine. Oh, pour ce vers là, je l'ai déjà écrit plus de vingt fois et je l'ai effacé de même. C'est vrai. Que de fleurs on va répandre. Voilà ce que j'ai fait. Que de fleurs on va répandre, Dans un jour aussi charmant ! Je dirais par exemple. Oui, oui. Que de chants. Pour exprimer ce qu'on sent ! Je ne trouve pas mal ces deux vers là, qu'en dites- vous ? Ne me flattez pas ; parlez-moi naturellement ? Que de fleurs se font entendre, Oui, oui. Que de chants se font entendre, Pour exprimer ce qu'on sent ! Cela va bien. Voyons un peu le reste. Je voudrais parler de ses grâces. Oui, je dis. Vos grâces, votre art de plaire. Écrivons. Vous grâces, votre art de plaire. Se répètent tous les jours : Oui, oui, je dis. Font répéter tous les jours : Font répéter, font répéter ; il y a bien de quoi ; c'est qu'il faut peindre en chantant. Oui, je n'y suis pas absolument maladroit. Font répéter tous les jours : Oh, pour celui-là, je me le vole à moi-même en le faisant ; je n'ai pas dit autre chose de la matinée. C'est la fête de Cythère ; Cela va de soi-même ; fête de Cythère, fête des amours ; qui dit l'un, dit l'autre. Sûrement. C'est la fête des Amours. Il est vrai que je n'en suis pas mécontent, j'ose le dire. Revoyons tout le couplet, Messieurs, je vous en prie. Que de fleurs on va répandre, Dans un jour aussi charmant ! Que de chants se font entendre, Pour exprimer ce qu'on sent ! C'est vrai, je n'y avais pas pris garde. Vos grâces, votre art de plaire Font répéter tous les jours : C'est la fête de Cythère, Je suis bien aise que vous en soyez contents. Hé bien ; croiriez-vous que ce matin j'ai été au point de croire que je ne parviendrais jamais à faire ce couplet ? Mais quand vous voudrez. Je le veux bien, vous me direz par qui. Nous verrons, je vous dirai naturellement. Je vous ferai dire. Vous me faites le plus grand plaisir. Vous l'aurez. Oh là, quelqu'un ! Allons. Il est fait. Je t'en réponds, il est charmant ! Allons, viens, je te le chanterai en m'habillant. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_seigneurauteur *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_seigneurauteur *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURRONFLANT *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurronflant Monsieur le Duc cultive toujours les Muses sans doute. Oh, toujours, toujours. Monsieur le Duc, j'ai l'honneur de vous apporter le cinquième Acte de ma nouvelle Tragédie, si vous aviez un quart d'heure seulement à me donner. Monsieur Décousu, un moment, s'il vous plaît, vous ne devez parler qu'après moi. Mais, Monsieur le Duc, jugez un peu si un poète d'Opéra comique doit avoir le pas sur un poète tragique ; si quelqu'un doit protéger le ton des Héros, je crois que c'est vous. Qu'ils n'auront jamais ? La nature et la vérité, il y a bien du mérite à toujours copier, où est donc le génie ? Molière ! Molière, n'a point fait de tragédies. Monsieur le Duc, suivant votre conseil, j'ai cherché pour mon dénouement, et j'ai imaginé un tyran de plus. Si Monsieur le Duc voulait nous faire part de ses productions. C'est qu'apparemment c'est un nouveau genre que Monsieur le Duc a choisi ? Est-ce un sujet rare ? Mais la pensée Monsieur le Duc l'a trouvée. Monsieur Décousu vous en dira, Monsieur le Duc. Hé bien, votre couplet est fait. Pardonnez-moi, tenez, écrivez. Vous commencez par dire. Que de fleurs on va répandre. Pourquoi l'effacer ? Il est bon ; il annonce la fête. Vous allez d'un train ! Attendez ; voyons ce que vous allez dire. Laissons faire Monsieur le Duc, ne le troublons pas. Pour exprimer ce qu'on sent ! Exprimez ce qu'on sent ! À merveilles ! Oui, de ses grâces ; c'est très bien vu. Ce n'est sûrement pas nous qui le faisons dire à Monsieur le Duc. Font répéter tous les jours. Non, non, vous dites. Font répéter tous les jours : C'est la fête des Amours. C'est un tableau charmant ! Des fleurs les parfument ; c'est un spectacle enchanteur ! Personne que vous ne pourrait dire aussi bien : C'est la fête de Cythère; C'est la fête des Amours. Je vois la décoration de la fête. Quelle pompe ! Quelle magnificence ! Bon, rien ne manque ? Cette fête ; quelle imagination ! Divin ! Nous en sommes enchantés, ravis. Quand voulez-vous que je revienne pour mon cinquième Acte, car je voudrais après obtenir une lecture des Comédiens ? J'ai grand besoin que Monsieur le Duc veuille bien leur faire parler par quelqu'un. C'est que c'est difficile. Et moi aussi, je vous en réponds. Je vous en demanderai une copie la première fois. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_seigneurauteur *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_seigneurauteur *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDECOUSU *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdecousu Et il a raison ; elles le favorisent assez pour qu'il ne les délaisse pas. Vous ne les connaissez guère, je crois ? Moi, je ne veux faire voir ? Monsieur le Duc, que mon Ariette de la chaise de poste qui va se briser et qui sonne la ferraille, ce sera encore plus court. Monsieur Ronflant, vous prenez-là un ton. Oui, le vrai ton des héros ; mais celui qu'ils n'ont jamais eu et qu'ils n'auront jamais, cela est différent. Assurément ; au lieu que moi, je peins la nature, la vérité. Molière manquent de mérite, osez-vous dire cela ? Moi, j'ai cru que ma chaise de poste était une nouveauté dont vous seriez content. Nous serions bien sûrs d'avoir de quoi admirer. Personne n'en fait assurément aussi facilement, que Monsieur le Duc. Un bouquet ? Oui, un bouquet. Avez-vous choisi un air ? Il faut s'arrêter à un seul. Oui, prenez. C'est la fille à Simonette. Sans peine, vous n'en avez sûrement pas. Dans un jour aussi charmant ! Que de chants se font entendre, Se font entendre, Un moment s'il vous plaît Pour... Que de chants. Vos grâces, votre art de plaire. Sans Doute, et c'est-là votre talent. C'est la fête de Cythère ; Dites, qui fait l'un, fait l'autre. On ne voit que des guirlandes dans les airs. Parbleu, je le crois bien. Les choeurs chantants, sont rangés à droite et à gauche. Et dans un seul couplet. Délicieux ! Contents ? Vous ne connaissez pas vos talents, Monsieur le Duc. Moi, je ne demande que le suffrage de Monsieur le Duc, sur mon ariette ; car le musicien en est content. C'est-là tout ce qui me retient, les rôles sont déjà distribués, et cela ira tout de suite. Pour votre couplet, Monsieur le Duc, je voudrais l'avoir fait. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_seigneurauteur *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_seigneurauteur *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_DUPRE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dupre Mais, Monseigneur, pourquoi faire ces vers vous-même, puisque vous avez tant de peine ? Je sais bien que non, tant que vous avez eu ce secrétaire un peu fou, que vous aimiez tant. J'en suis bien éloigné et si j'en trouvais, je les donnerais tout à l'heure à Monseigneur. En vérité, Monseigneur, si vous vouliez m'entendre, vous auriez bientôt fait. Je prendrais mon parti, moi, je ferais faire ces vers tout simplement par les gens du métier. Ah, je demande pardon à Monsieur, je croyais. Monsieur Ronflant et Monsieur Décousu demandent à voir Monseigneur. Je le leur ai dit ; cependant, je crois que vous feriez bien. Monseigneur ? Hé bien, Monseigneur, votre couplet ? Et vous en êtes content ? Je savais bien que vous en viendriez à bout, je n'avais garde de renvoyer ces Messieurs.