**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_suissedeporte *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_suissedeporte *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LAMARQUISE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamarquise Baron, je vous suis obligé d'avoir bien voulu m'attendre ; j'achevais une lettre, et je crois que vous auriez été fâché que je me dérangeasse ; je compte assez sur votre amitié pour cela. Je n'ai point dormi, j'ai eu de l'agitation, j'ai rêvé, mais des choses qui m'ont tourmentée beaucoup. Je vois où vous en voulez venir, Baron. Eh, le puis-je, Baron ! Vous savez le procédé du Comte. Presqu'au moment de m'épouser. Il me trahit, l'ingrat ! Et pour qui ? Quoi, vous pouvez me donner ce conseil ? Je vous croyais mon ami... Vous y verriez que la confiance n'y peut plus renaître. Lorsque l'amour le plus tendre s'est vu tromper une fois, l'espoir de la constance dans les hommes est perdu sans retour. Je l'aimerais qu'il n'en serait pas plus heureux. S'il était à Paris, je m'en éloignerais dans l'instant. Que vois-je ! Quelle audace !... Levez-vous, Monsieur, au Baron. Baron, sonnez je vous prie. Sonnez, ou bien je vais moi-même... Qu'on fasse monter le Suisse. Pourquoi avez-vous laissé entrer Monsieur ? Oui, mais Monsieur ? Ne vous a-t-on pas dit que jamais... Mais Fribourg, vous a laissé un portrait ? Et le voilà. Je n'ai que faire de voir. Je vous dis que c'est Monsieur, et je vous chasse. Ne prononcez pas ce mot-là. Et si vous m'aviez véritablement aimée ; comment auriez-vous pu consentir à me trahir ? Dépend-t-il de moi de vous la rendre ? La contrariété peut irriter votre amour et vous faire croire que vous ne seriez plus coupable ; voilà tout le changement qui s'est fait en vous. Je sais par quoi je pourrai compter. Eh , croyez-vous, si l'on pouvait répondre des hommes, que j'aurais besoin de caution dans ce moment-ci. Reprenez ce portrait, Comte. L'image du bonheur m'avait trompée. Puisse celle du repentir que je vois dans cet instant, ne m'abuser jamais ! Je viens de chasser mon Suisse, je veux que vous le repreniez. Ce ne sera plu s à vous que je m'en prendrai s'il vous arrive une seconde fois... Ce sera à moi, à ma faiblesse, à mon amour que tous vos torts n'ont pu détruire. Je me sacrifie pour ce que j'aime. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_suissedeporte *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_suissedeporte *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LECOMTE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lecomte Ah, Baron ! Tu ne saurais concevoir tout ce que j'éprouve en me retrouvant ici. Et elle ne veut pas consentir à me voir ! Je ne puis la blâmer ; mais le temps doit tout adoucir. Je le crains comme toi ; mais je n'ai point d'autre ressource que celle de tomber à ses pieds. Si elle me rebute, je me retire pour jamais dans mes Terres de Dauphiné, oui, je pars dans l'instant. Que n'ai-je pas fait pour expier ma faute ! Hélas, tu le sais. Combien de fois ne me suis-je pas présenté à sa porte, que de lettres que m'a renvoyé sans vouloir les lire ! Et pourquoi ? Peux-tu me rappeler ce comble d'humiliation ? Non sûrement. Je te devrai le bonheur de ma vie. Non, Madame, c'est moi qui vais m'en bannir pour toute ma vie ; puisque je n'ai plus d'espoir, et je viens vous dire un éternel adieu. Non, Madame, je ne suis plus le même, mes remords m'ont bien changé, mon coeur n'a jamais cessé de vous adorer ; au milieu de mon égarement je me fuis abhorré moi-même, les premiers reproches que j'ai éprouvés ce font les miens. Je mérite une haine éternelle ; mais si vous m'avez aimée... Le malheur peut nous entraîner une fois ; mais après cela, le flambeau de la Raison vous répond de la conduite du reste de la vie. Qui n'a rien éprouvé ne saurait répondre de soi. Je vous l'ai dit, Madame , mon coeur n'a point eu de part à ce délire: oubliez cette faute, c'est toute la grâce que je vous demande ; si je continue à être privé de votre estime , je ne réponds pas de mon désespoir. Ah, Madame ; ne croyez pas... Comment, Madame ? Qu'entends-je ? Je ne sais que penser... Bannissez pour jamais cette pensée. Je vais expirer de joie à vos pieds ! Vous jugerez de l'excès de mon bonheur par tout ce que je ferai pour. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_suissedeporte *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_suissedeporte *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LEBARON *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lebaron Dubois, que fait la Marquise ? On ne peut pas la voir ? J'attendrai. Faites entrer quelqu'un qui est là, qui est venu avec moi, et ne dites pas à la Marquise que je ne suis pas seul. Je le crois ; puisque tu aimes encore la Marquise. Il est vrai ; mais je ne saurais croire qu'elle ait cessé de t'aimer. Il est vrai que toutes les fois que je lui ai parlé de toi, elle m'a fait taire ou, elle ne m'a jamais écouté sans une espèce d'indignation. Je ne saurais te rien faire espérer encore, de je crains que l'épreuve que tu veux faire ne te réussisse pas. Je te demande au moins huit jours. Tout cela devait être. Comment veux-tu qu'après une rupture aussi éclatante elle puisse te recevoir ? Après avoir donné ton portrait à son Suisse, afin qu'il ne s'y trompe pas, et qu'il ne te laisse plus entrer. Il est vrai que ce même Suisse a été renvoyé depuis un mois, et que sans cela tu ne serais pas entré ici aujourd'hui, que même tu ne l'aurais pas essayé. Je vais donc parler à la Marquise encore en ta faveur : cache toi, et si tu trouves un instant où tu puisse espérer de la toucher, tu feras tout ce que tu voudras, je te seconderai autant qu'il me sera possible. Entre dans ce Cabinet, aussi bien j'entends quelqu'un et c'est peut être-elle. Je suis plus sensible a cette confiance qu'à toutes les protestations qu'on peut faire. Quelque plaisir que j'aie à vous faire ma cour ; et je n'avais eu qu'un instant à vous donner, je m'en serais privé plutôt que de vous interrompre. Vous ne me paraissez pas trop bien aujourd'hui. Je vous plains bien sincèrement ; en vérité il ne me paraît pas trop injuste que l'on ne soit pas tout-à-fait heureux, quand on fait le malheur des autres. Mais Madame, voulez-vous être toujours insensible ? Je vois malgré vous, tout ce que vous souffrez de cette rigueur ; l'impression qu'avait fait le Comte sur votre coeur, ne peut point s'effacer, vous vous efforcez en vain de me le cacher , votre santé en est altérée et il ne dépendrait que de vous de terminer, tous vos maux. Pouvez-vous croire que son coeur ait eu part à cette erreur ? Non, Madame : vous n'avez pas voulu savoir tout ce qu'il en a souffert, il a bien expié son crime ; si vous aviez été témoin de son repentir, du délire où l'a plongé sa douleur ! Je ne dis pas l'amour, mais la pitié seule, vous aurait rendue sensible à tant de maux. Après la maladie qu'ils lui ont occasionnée, la convalescence bien loin d'avoir des charmes pour lui en lui rendant ses forces, faisait chaque jour renaître ses tourments. Je me suis tu tant qu'il m'a paru coupable ; mais un si vif repentir m'a prouvé qu'il méritait sa grâce, oui, Madame, vous avez fait justice ; mais vous devez pardonner. C'est pour vous-même que je vous le donne, et si vous me laissiez lire dans votre coeoeur... Mais vous aimez encore le Comte. Consentez du moins à le voir. Madame... Que voulez-vous faire ? Allons, Madame. Madame, le Suisse n'a pas tort, il aurait connu le Comte autrefois, qu'il aurait pu ne pas le reconnaître aujourd'hui. Madame, je réponds de lui. Voilà, Madame, l'opinion que j'avais de votre âme, elle est trop délicate et trop généreuse pour être toujours inflexible. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_suissedeporte *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_suissedeporte *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_LESUISSE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lesuisse Matame il n'a point dit de refuser personne aujourd'hui. Monsieur, il vient avec Monsieur Baron, il est vrai que j'ai point vu encore sa nom ni sa visage, et j'ai crois que c'est un connaissance nouvelle. La Camarade, il m'a donné, je laisse point entrer jamais non plus ste Monsieur. Oh que non, Matame , il rit avec moi. La visage que j'ai dans mon poche, il est un un gros visage. Regarde vous-même. Il est pon cette visage du portrait, et je laisse point entrer. Je sorte point, c'est la Peintre qui n'a point raison , je vais dire à lui de venir et puis Madame il le chassera après s'il veut. Regarde vous un peu la portrait toujours en attendant. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_suissedeporte *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_suissedeporte *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_DUBOIS *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dubois Elle est à sa toilette, Monsieur le Baron, et elle écrit. Non pas dans ce moment-ci. C'est bon. Monsieur, donnez-vous la peine d'entrer. Le voilà qui apporte les lettres de Madame.