**** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_donjuan *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_donjuan Avec qui parlais-tu ? Pourrait-ce être Le bonhomme Gusman ? J'ai cru le reconnaître ? Il vient Demander quelle affaire en ces lieux nous retient ? Que lui fais-tu penser d'un départ si prompt ? Mais toi, Qu'en penses-tu ? Tu le crois ? Ma foi, tu crois juste, et mon cœur Pour un objet nouveau sent la plus forte ardeur. Et n'ai-je pas raison d'en user de la sorte ? Quoi ? Et bien, je te permets de parler librement. Quoi, si d'un bel Objet je suis d'abord touché, Tu veux que pour toujours j'y demeure attaché, Qu'un éternel amour de ma foi lui réponde, Et me laisse sans yeux pour le reste du monde ? Le rare et doux plaisir qui se trouve en aimant, S'il faut s'ensevelir dans un attachement, Renoncer pour lui seul à toute autre tendresse, Et vouloir sottement mourir dès sa jeunesse ! Va crois-moi, la constance était bonne jadis, Où les leçons d'aimer venaient des Amadis ; Mais à présent, on suit des lois plus naturelles. On aime sans façon tout ce qu'on voit de belles, Et l'amour qu'en nos cœurs la première a produit, N'ôte rien aux appas de celle qui la suit. Pour moi, qui ne saurais faire l'inexorable, Je me donne partout où je trouve l'aimable, Et tout ce qu'une belle a sur moi de pouvoir, Ne me rend point ailleurs incapable de voir. Sans me vouloir piquer du nom d'amant fidèle, J'ai des yeux pour une autre aussi bien que pour elle. Et dès qu'un beau visage a demandé mon cœur, Je ne puis me résoudre à l'armer de rigueur. Ravi de voir qu'il cède à la douce contrainte, Qui d'abord laisse en lui toute autre flamme éteinte, Je l'abandonne aux traits dont il aime les coups, Et si j'en avais cent, je les donnerais tous. Que de douceurs charmantes Font goûter aux amants les passions naissantes Si pour chaque beauté je m'enflamme aisément, Le vrai plaisir d'aimer est dans le changement. Il consiste à pouvoir, par d'empressés hommages, Forcer d'un jeune cœur les scrupuleux ombrages, À désarmer sa crainte, à voir de jour en jour Par cent petits progrès avancer notre amour ; À vaincre doucement la pudeur innocente, Qu'oppose à nos désirs une âme chancelante, Et la réduire enfin, à force de parler, À se laisser conduire où nous voulons aller. Mais quand on a vaincu, la passion expire. Ne souhaitant plus rien, on n'a plus rien à dire ; À l'amour satisfait tout son charme est ôté, Et nous nous endormons dans sa tranquillité, Si quelque objet nouveau, par sa conquête à faire, Ne réveille en nos cœurs l'ambition de plaire. Enfin j'aime en amour les exploits différents ; Et j'ai sur ce sujet l'ardeur des conquérants, Qui sans cesse courant de victoire en victoire, Ne peuvent se résoudre à voir borner leur gloire. De mes vastes désirs le vol précipité Par cent objets vaincus ne peut être arrêté. Je sens mon cœur plus loin capable de s'étendre, Et je souhaiterais, comme fit Alexandre, Qu'il fût un autre monde encor à découvrir, Où je pusse en amour chercher à con quérir. Qu'as-tu là-dessus à me dire ? Tu ne saurais mieux faire. Le fat ! Et quelle vie est-ce donc que je mène ? Est-il rien de plus doux ? Rien qui soit plus capable... Ne t'embarrasse point, ce sont là mes affaires. Je hais la remontrance, et quand on s'y hasarde... Paix. De te dire en deux mots qu'une flamme nouvelle Ici, sans t'en parler, m'a fait suivre une belle. Je l'ai si bien tué, chacun le sait. Quoi ? Laissons-là tes frayeurs, et songeons seulement À ce qui me peut faire un destin tout charmant. Celle qui me réduit à soupirer pour elle, Est une fiancée aimable, jeune, belle, Et conduite en ces lieux où j'ai suivi ses pas, Par l'heureux, à qui sont destinés tant d'appas. Je la vis par hasard, et j'eus cet avantage, Dans le temps qu'ils songeaient à faire leur voyage. Il faut te l'avouer. Jamais jusqu'à ce jour Je n'ai vu deux amants se montrer tant d'amour. De leurs cœurs trop unis la tendresse visible, Me frappant tout à coup, rendit le mien sensible, Et les voyant céder aux transports les plus doux, Si je devins amant, je fus amant jaloux. Oui, je ne pus souffrir sans un dépit extrême, Qu'ils s'aimassent autant que l'un et l'autre s'aime. Ce bizarre chagrin alluma mes désirs ; Je me fis un plaisir de troubler leurs plaisirs, De rompre adroitement l'étroite intelligence, Dont mon cœur délicat se faisait une offense. N'ayant pu réussir, plus amoureux toujours, C'est au dernier remède enfin que j'ai recours. Cet époux prétendu, dont le bonheur me blesse, Doit aujourd'hui sur mer régaler sa maîtresse. Sans t'en avoir rien dit, j'ai dans mes intérêts Quelques gens qu'au besoin nous trouverons tout prêts. Ils auront une barque, où la belle, enlevée, Rendra de mon amour la victoire achevée Heu ! L'amour n'est pas un grand défaut. Allons songer à cette affaire. Voici l'heure à peu près où ceux... Mais qu'est ceci ? Tu ne m'avais pas dit qu'Elvire était ici. Madame, à dire vrai, j'en suis un peu surpris. Rien ne devait ici presser votre voyage. Si mon éloignement m'a fait croire infidèle, J'ai mes raisons, Madame, et voilà Sganarelle, Qui vous dira pourquoi... Il sait... Allons, parle à Madame, il ne faut point se taire. Tu ne répondras pas ? Veux-tu parler, te dis-je ? Redoute mon courroux. Madame, à dire vrai, pour ne pas abuser... Madame, puisqu'il faut parler avec franchise, Apprenez ce qu'en vain mon trouble vous déguise. Je ne vous dirai point que mes empressements Vous conservent toujours les mêmes sentiments, Et que loin de vos yeux, ma juste impatience Pour le plus grand des maux me fait compter l'absence. Si j'ai pu me résoudre à fuir, à vous quitter, Je n'ai pris ce dessein que pour vous éviter. Non que mon cour encor, trop touché de vos charmes, N'ait le même penchant à vous rendre les armes ; Mais un pressant scrupule à qui j'ai dû céder, M'ouvrant les yeux de l'âme a su m'intimider, Et fait voir qu'avec vous, quelque amour qui m'engage, Je ne puis, sans péché, demeurer davantage. J'ai fait réflexion que pour vous épouser, Moi-même trop longtemps j'ai voulu m'abuser ; Que je vous ai forcée à faire au Ciel l'injure De rompre en ma faveur une sainte clôture, Où par des veux sacrés vous aviez entrepris De garder pour le monde un éternel mépris. Sur ces réflexions, un repentir sincère M'a fait appréhender la céleste colère. J'ai cru que votre hymen trop mal autorisé, N'était pour tous les deux qu'un crime déguisé, Et que je ne pouvais en éviter les peines, Qu'en tâchant de vous rendre à vos premières chaînes, N'en doutez point ; voilà, quoi qu'avec mille ennuis, Et pourquoi je m'éloigne, et pourquoi je vous fuis. Par un frivole amour, voudriez-vous, madame, Combattre le remords qui déchire mon âme, Et qu'en vous retenant, j'attirasse sur nous Du Ciel toujours vengeur l'implacable courroux ? De fausseté je vois qu'on me soupçonne. Mais Madame... Viens, Il est temps d'achever l'amoureuse entreprise, Qui me livre l'objet dont mon âme est éprise. Suis-moi. Il n'y faut plus penser, c'en est fait, Sganarelle. La force entre mes bras allait mettre la Belle, Lorsque ce coup de vent, difficile à prévoir, Renversant notre Barque, a trompé mon espoir. Si par là de mon feu l'espérance est frivole, L'aimable Paysanne aisément m'en console, Et c'est une conquête assez pleine d'appas, Qui dans l'occasion ne m'échappera pas. Déjà par cent douceurs j'ai jeté dans son âme Ces dispositions à bien traiter ma flamme On se plaît à m'entendre, et je puis espérer Qu'ici je n'aurai pas longtemps à soupirer. Ah ! Que vois-je auprès de nous ? Tourne les yeux, Sganarelle, et condamne La surprise où me met cette autre paysanne. D'où sort-elle ? Peut-on rien voir de plus charmant ? Celle-ci vaut bien l'autre, et mieux. Il faut que je lui parle. L'agréable rencontre ! Et d'où me vient, la belle, L'inespéré bonheur de trouver en ces lieux, Sous cet habit rustique, un chef-d'oeuvre des Cieux ? Il n'est point un plus joli visage. Demeurez-vous, ma belle, en ce village ! Votre nom ? Ah, je me sens ravir. Qu'elle est belle, et qu'au cour sa vue est dangereuse ! Pour moi... Honteuse, d'ouïr dire ici vos vérités ! Sganarelle, as-tu vu jamais tant de beautés ? Tournez-vous, s'il vous plaît. Que sa taille est mignonne ! Haussez un peu la tête. Ah, l'aimable personne ! Cette bouche, ces yeux. Ouvrez-les tout à fait. Qu'ils sont beaux ! Et vos dents ? Il n'est rien si parfait. Ces lèvres ont surtout un vermeil que j'admire, J'en suis charmé. Me railler de vous ! Non, j'ai trop de bonne foi. Regarde cette main plus blanche que l'ivoire, Sganarelle, peut-on... Laissez-la moi baiser. Vous n'êtes point encor mariée ? Quoi, vous, belle Charlotte, D'un simple paysan être la femme ? Non, Il vous faut autre chose, et je crois tout de bon Que le Ciel m'a conduit exprès dans ce village, Pour rompre cet injuste et honteux mariage ; Car enfin je vous aime, et malgré les jaloux, Pourvu que je vous plaise, il ne tiendra qu'à vous Qu'on ne trouve moyen de vous faire paraître Dans l'éclat des honneurs où vous méritez d'être. Cet amour est bien prompt, je l'avouerai ; mais quoi ? Vos beautés tout d'un coup ont triomphé de moi, Et je vous aime autant, Charlotte, en un quart d'heure, Qu'on aimerait une autre en six mois. Je meure, S'il n'est rien de plus vrai. Suis-je de ces gens-là ? Non Charlotte. Le temps vous fera voir comme j'en veux user. Je voudrais vous l'ôter, moi ? Ce soupçon m'offense. Croyez que pour cela j'ai trop de conscience, Et que si vos appas m'ont su d'abord charmer, Ce n'est qu'en tout honneur que je vous veux aimer. Pour vous le faire voir, apprenez que dans l'âme J'ai formé le dessein de vous faire ma femme. J'en donne ma parole, et pour vous au besoin L'homme que vous voyez en sera le témoin. Cela vous étonne ? Demandez au témoin que mon amour vous donne, Il me connaît. Et bien donc, pour le prix de ma flamme, Ne consentez-vous pas à devenir ma Femme ? Je dirai ce qu'il faut, et m'en rendrai le Maître. Touchez-là seulement, pour me faire connaître Que de votre côté vous voulez bien de moi. Je vous donne ma foi, Et deux petits baisers vous vont servir de gage... Ah, me voilà content. Tout ce que vous voulez, je le veux pour vous plaire, Donnez-moi seulement votre main. Il faut que cent baisers vous marquent l'intérêt... D'où cet impertinent nous vient-il ? Ah, que de bruit ? Ah ! Heu ? Heu ? Attendez, j'aime assez qu'on raisonne. Voyons un peu cela. Houais. Ah, je vous apprendrai... Voilà ta charité. À la fin il n ous laisse en repos, Et je puis à la joie abandonner mon âme. Que de ravissements quand vous serez ma Femme ! Sera-t-il un bonheur égal au mien ? Au contraire. C'est qu'elle m'aime ; et moi, comme je suis sincère, Je lui dis que déjà vous possédez mon cour. Elle a peur Que je ne vous épouse, et je viens de lui dire Que je vous l'ai promis. Tout ce que vous direz ne servira de rien. Elle me veut aimer. Vous voyez qu'elle enrage. Je gage Qu'elle vous soutiendra qu'elle a reçu ma foi. Gageons qu'elle dira de moi, Que j'aurai fait serment de la prendre pour femme. Hem ? Que vous ai-je dit ? N'ai-je pas deviné ? La folle ! Je l'admire. Comment ? Est-ce pour vous moquer ? Quel besoin avez-vous de me faire expliquer ? À l'une de vous deux j'ai promis mariage, J'en demeure d'accord, en faut-il davantage ? Et chacune de vous dans un débat si prompt, Ne sait-elle pas bien comme les choses vont ? Celle à qui je me suis engagé, doit peu craindre Ce que pour l'étonner l'autre s'obstine à feindre ; Et tous ces vains propos ne sont qu'à mépriser, Pourvu que je sois prêt toujours à l'épouser. Qui va de bonne foi hait les discours frivoles ; J'ai promis des effets, laissons-là les paroles. C'est par eux que je songe à vous mettre d'accord, Et l'on saura bientôt qui de vous deux a tort, Puisqu'en me mariant je dois faire connaître Pour laquelle l'amour dans mon cour a su naître. Laissez-la se flatter, je n'adore que vous. Ne la détrompez point, je serai votre Époux. Il n'est charmes si vifs que n'effacent les vôtres. Quand on a vu vos yeux, on n'en peut souffrir d'autres. Une affaire me presse, et je cours l'achever. Adieu, dans un moment je viens vous retrouver. D'où vient que Sganarelle est ici demeuré ? Oui ? Sganarelle. Hon ? Qu'est-ce ? Adieu les belles. Celle que j'aime aura demain de mes nouvelles. Il faut céder, la force est une étrange loi. Viens, pour ne risquer rien usons de stratagème, Tu prendras mes habits. Oui, toi-même. Tu mets la chose au pis. Mais dis-moi, lâche, dis, quand cela devrait être, N'est-on pas glorieux de mourir pour son maître ? Te voilà bien ainsi. Où diable as-tu donc pris ce grotesque équipage ? Comment donc ? Et qu'as-tu répondu ? Tu t'es trouvé pris ? Et comment as-tu pu bâtir tes ordonnances ? Fort bien. Ce que tu viens de dire Me réjouit. Pourquoi non ? Les autres médecins que les sages méprisent, Dupent-ils moins que toi dans tout ce qu'ils nous disent, Et pour quelques grands mots que nous n'entendons pas, Ont-ils aux guérisons plus de part que tu n'as. Crois-moi, tu peux comme eux, quoi qu'on s'en persuade, Profiter, s'il advient, du bonheur du malade, Et voir attribuer au seul pouvoir de l'art, Ce qu'avec la nature aura fait le hasard. Il n'est point parmi nous d'erreur plus grande. La peste soit le fou. Oui, pour certaines gens. En quoi ? Et bien ? Le grand miracle ! Il réchappe ? Merveilleux moyen de le guérir ! Tu raisonnes fort juste. Une fois je veux te la permettre. Je crois ce qu'il faut que je croie. Laissons cela. Laissons cela, te dis-je. Ton raisonnement charme, et j'attends qu'il finisse. Ah, Sganarelle, vois. Peut-on sans s'étonner... Celle-ci me ravit. Que cherche-t-elle ? Quel bien plus grand le Ciel pouvait-il m'accorder ? Présenter à mes yeux, dans un lieu si sauvage La plus belle personne... Je gage Que vous n'avez encor que quatorze ans au plus. Mais que cherchiez-vous là ? Veut-elle consulter un homme fort savant ? Monsieur est médecin. Eh, ne nous pressons pas Qu'elle est propre à causer une flamme amoureuse ? Ah quel meurtre ! Et d'où vient ? Est-ce que vous avez Tant de vocation... C'est cela qui vous tient ? Vous ? Elle se moque ; allez, faites choix d'un époux. Je vous garantis, moi, s'il faut que j'en réponde, Propre à vous marier plus que Fille du monde. Monsieur le médecin s'y connaît, et je veux Que lui-même... Et pourquoi ? Vous êtes pour cela trop aimable et trop belle. Non, je ne puis souffrir cet excès de rigueur ; Et dès demain, pour faire enrager votre soeur, Je veux vous épouser. En serez-vous contente ? Et bien, marions-nous en secret ; je m'engage, Puisqu'elle vous maltraite, à vous mettre en état De ne rien craindre d'elle. J'avais, pour fuir l'hymen, d'assez pressantes causes ; Mais pour vous faire entrer au Couvent malgré vous, Savoir qu'à la menace on ajoute les coups, C'est un acte inhumain, dont je me sens coupable, Si je ne vous épouse. Ah Ciel ! Toute charmante. Quelle douceur pour moi de vivre sous vos lois ! Non, ce qui fait l'hymen n'est point de notre choix ; J'en suis trop convaincu ; je vous connais à peine, Et tout à coup je cède à l'amour qui m'entraîne. Ah, connaissez mon cour. Voulez-vous que ma foi, pour preuve indubitable ; Vous fasse le serment le plus épouvantable ? Que le Ciel... Et bien ? Il faudrait avec moi venir chez un Notaire, Signer le Mariage, et quand tout serait fait, Nous laisserions gronder votre Tante. Vous me rendez confus. Pensez-vous que ce soit votre bien qui m'engage ? Ce sont les agréments de ce charmant visage, Cette bouche, ces yeux. Enfin soyez à moi, Et je renonce au reste. C'est avoir de l'esprit. Et bien, il le faut faire. Me voilà prêt, allons. Vous avecque moi, c'est suivre votre époux. Est-ce scrupule à faire après la foi promise ? Vous verrez ma franchise. Par où faut-il vous mener ? Comment ? Le fâcheux contretemps ! Qui diable nous l'amène ? Quelle peine ! Vous viendrez donc ce soir ? La rencontre est plaisante. Où diable as-tu pêché ce jargon ? Sa nièce est fort aimable, et doit ici se rendre Quand le jour... Oui, sans doute. Souffrir, faute d'un mot, qu'elle échappe à ma flamme ? En vain pour moi ton zèle y voit de l'embarras, Les femmes n'en font point. Je ne me pique pas aussi de les garder ; Le grand nombre en ce cas pourrait m'incommoder. Trois hommes ensemble En attaquent un seul, il faut le secourir. J'ai fait ce que vous-même auriez fait à ma place, Et prendre ce parti contre leur lâcheté, Était plutôt devoir que générosité. Mais d'où vous êtes-vous attiré leur poursuite ? Vous allez à la ville ? Vous peut-on être utile ? Je suis à vous, souffrez que je vous accompagne. Mais puis-je demander, sans me rendre indiscret, Quel outrage reçu... Et le connaissez-vous ? N'en dites point de mal, il est de mes amis. Je sais ce que se doit un si juste courroux, Et pour vous épargner des peines inutiles, Quels que soient vos desseins, je les rendrai faciles. Si d'aimer Don Juan je ne puis m'empêcher, C'est sans avoir servi jamais à le cacher. D'un enlèvement fait avecque trop d'audace Vous demandez raison, il faut qu'il vous la fasse. Il est homme de cour, Vous pouvez là-dessus consulter votre honneur. Pour se battre avec vous, quand vous aurez su prendre Le lieu, l'heure, et le jour, il viendra vous attendre. Vous répondre de lui, c'est vous en dire assez. Une telle amitié nous a joints jusqu'ici, Que s'il se bat, il faut que je me batte aussi. Notre union le veut. Oui, je renonce à feindre ; L'avantage du nombre est peu pour m'y contraindre. Je suis ce Don Juan, dont le trépas juré... Holà, ho, Sganarelle, Viendras-tu ? Coquin, quand je me bats, tu te sauves des coups ? Effronté ! D'un voile honnête au moins couvre ta lâcheté. Sais-tu pour qui mon bras vient de s'employer ? Pour un frère d'Elvire. J'ai regret de nous voir ainsi brouillés ensemble, Il paraît honnête homme. Ma passion dans mon cour est usée en mon cour, Et les Objets nouveaux le rendent si sensible, Qu'avec l'engagement il est incompatible. D'ailleurs, ayant pris Femme en vingt lieux différents, Tu sais pour le secret les détours que je prends. À ne point éclater toutes je les engage, Et si l'une en public avait quelque avantage, Les autres parleraient, et tout serait perdu. Maraud. Quel ouvrage nouveau Vois-je paraître ici ? On ne m'avait pas dit qu'il fût de ce côté. Allons le voir. C'est pour faire la paix que je cherche à le voir, Et s'il est galant homme, il doit nous recevoir. Entrons. J'admire cette aveugle et sotte vanité. Un Homme en son vivant se sera contenté D'un bâtiment fort simple, et le visionnaire En veut un tout pompeux, quand il n'en a que faire. Parbleu, le voilà bon en empereur Romain. Si de venir dîner il avait le loisir, Je le régalerais. De ma part, Sganarelle, Va l'en prier. Cours. Fais ce que je t'ai dit. Si tu n'y vas... Que je l'attends chez moi. Qu'est-ce ? Qu'as-tu ? Dis donc. Et bien, quoi ? Que veux-tu dire ? Enfin donc tu ne parleras pas ? Encor ? Et bien ? Coquin ! Viens, Maraud, puisqu'il faut que j'en rie, Viens être convaincu de ta poltronnerie, Prends garde. Commandeur, te rendras-tu chez moi ? Je t'attends à dîner. Allons, sortons d'ici. Cesse de raisonner sur une bagatelle. Un faux rapport des yeux n'est pas chose nouvelle, Et souvent il ne faut qu'une simple vapeur, Pour faire ce qu'en toi j'imputais à la peur. La vue en est troublée, et je tiens ridicule... Écoute, s'il t'échappe un seul mot davantage Sur tes moralités, je vais faire venir Quatre Hommes des plus forts, te bien faire tenir, Afin qu'un nerf de boeuf à loisir te réponde. M'entends-tu ? Dis. Qu'on me fasse dîner le plutôt qu'on pourra. Un Siège. Que veut-on ? Ah, que cette visite était peu nécessaire ! Quels contes de nouveau me vient-il débiter ? Qu'il a de temps à perdre ! Monsieur, vous seriez mieux si vous parliez assis. Mourez quand vous voudrez, il ne m'importe guère. Ah ! Que sur ce jargon, qu'à toute heure j'entends, Les Pères sont fâcheux qui vivent trop longtemps ! Quelle sottise à moi quand je l'écoute ! J'ai tort ? J'ai tort ? Qui ? Non ; fais qu'il entre au contraire. Je ne tarderai pas longtemps à m'en défaire. Lorsque des Créanciers cherchent à nous parler Je trouve qu'il est mal de se faire celer. Leurs visites ayant une fort juste cause, Il les faut tout au moins payer de quelque chose, Et sans leur rien donner, je ne manque jamais À les faire de moi retourner satisfaits. Bonjour, Monsieur Dimanche. Eh, que ce m'est de joie De pouvoir... Ne souffrez jamais qu'on vous renvoie. J'ai bien grondé mes Gens, qui sans doute ont eu tort De n'avoir pas voulu vous faire entrer d'abord. Ils ont ordre aujourd'hui de n'ouvrir à personne ; Mais ce n'est pas pour vous que cet ordre se donne, Et vous êtes en droit, quand vous venez chez moi, De n'y trouver jamais rien de fermé. Les Coquins ! Voyez, laisser attendre Monsieur Dimanche seul ! Oh, je leur veux apprendre À connaître les Gens. Comment ? Quand je suis dans ma Chambre, oser effrontément Dire à Monsieur Dimanche, au meilleur... Jamais ils ne font autrement. Ça, pour Monsieur Dimanche un Siège, promptement. Debout ! Que je l'endure ! Non, vous serez assis. Apportez. Je vous aime, et je vous vois d'un oil... Ôtez-moi ce Pliant, et donnez un Fauteuil. Je le dis encore. Au point que je vous aime, et que je vous honore, Je ne souffrirai point qu'on mette entre nous deux Aucune différence. Je le veux. Allons, asseyez-vous. Mettez-vous là. Mettez-vous là, vous dis-je. Non, si vous n'êtes là, je n'écouterai rien... Parbleu, Monsieur Dimanche, avouez-le vous-même, Vous vous portez bien. Plus je vous vois, Plus j'admire sur vous certain vif qui s'épanche. Quel teint ! Et Madame Dimanche, Comment se porte-t-elle ? Du ménage elle a tout le souci. C'est une brave femme. Elle a bien lieu d'avoir l'âme contente. Que ses enfants sont beaux ! La petite Louison, Hem ? Rien n'est si joli. Que je l'aime ? Et le petit Colin, est-il encor de même ? Fait-il toujours grand bruit avecque son tambour ? Et Brusquet, est-ce à son ordinaire ? L'aimable petit chien, pour ne se pouvoir taire ? Mord-il toujours les gens aux jambes ? Je prends tant d'intérêt en toute la famille, Qu'on doit peu s'étonner si je m'informe ainsi De tout l'un après l'autre. Allons donc, je vous prie, Touchez, Monsieur Dimanche. Mais sans raillerie. M'aimez-vous un peu ? Là. Parbleu, je suis à vous aussi de tout mon cour. Pour votre service, Il n'est rien qu'avec joie en tout temps je ne fisse. Et cela, sans aucun intérêt, Croyez-le. Servir mes amis n'a rien qui m'embarrasse. Monsieur Dimanche, oh ça, de bonne foi, Vous n'avez point dîné, dînez avecque moi. Vous voilà tout porté. Vite, allons ma calèche. Dépêchons. Vous n'irez point à pied. La résistance est vaine ; Vous m'êtes venu voir, je veux qu'on vous remène. Tenez-moi pour votre serviteur. Je le suis, et votre débiteur. Je n'en fais un secret à personne, Et de ce que je dois j'ai la mémoire bonne. Voulez-vous que je descende en bas, Que je vous reconduise ? Embrassez-moi donc. C'est d'une amitié pure, Qu'une seconde fois ici je vous conjure D'être persuadé qu'envers et contre tous ; Il n'est rien qu'au besoin je ne fisse pour vous. Et fort civilement. A-t-il lieu de s'en plaindre ? N'ai-je pas... Qu'on sache si bien tôt le dîner sera prêt. Quoi, vous encor, Madame ? En deux mots, s'il vous plaît. J'ai hâte. Tu pleures, je crois, Ton cour est attendri. J'ai fort prêté l'oreille à ce pieux discours, Madame, avecque moi demeurez quelques jours. Peut-être en me parlant vous me toucherez l'âme. Sais-tu bien, Sganarelle, Que mon cour s'est encor presque senti pour elle ? Ses larmes, son chagrin, sa résolution, Tout cela m'a fait naître un peu d'émotion. Dans son air languissant je l'ai trouvée aimable. Vite à dîner. Pourquoi me regarder ? Va, va, je vais bientôt songer à m'amender. C'est ce que je veux faire. Encor vingt ou trente ans des plaisirs les plus doux. Toujours en joie, et puis, nous penserons à nous. Hem. Quelle enflure est-ce là ? Parle, dis, qu'as-tu ? Attends, montre. Sa joue est toute contrefaite, C'est une fluxion ; qu'on cherche une Lancette. Le pauvre Garçon ! Vite ; il faut le secourir, Si cet abcès rentrait, il en pourrait mourir. Qu'on perce, il est mûr. Ah, Coquin que vous êtes, Vous osez donc... Puisque la faim te presse, il faut la satisfaire. Fais-toi donner un siège, et mange avecque moi, Aussi bien, cela fait, j'aurai besoin de toi. Mets-toi là. Mange donc. Je le vois. Va, dîne posément. Chante-moi quelque chanson à boire. Dis que je n'y suis pas. D'où te vient cette frayeur extrême ? Quoi ? Veux-tu pas t'expliquer ? Allons le recevoir. Quoi, d'un rien ton courage est sitôt abattu ? Une Chaise, un Couvert. Je te suis redevable. D'être si ponctuel. Viens te remettre à table. Si de t'avoir ici j'eusse été plus certain, Un repas mieux réglé t'aurait marqué mon zèle. À boire. À ta santé, Commandeur. Sganarelle, Je te la porte, allons, qu'on lui donne du Vin. Bon. Chante, le Commandeur te voudra bien entendre. Ces avertissements me sont peu nécessaires. Chantons, une autre fois nous parlerons d'affaires. Oui, Sganarelle et moi nous irons. Poltron. Jusqu'à ce soir. J'irai, fût-ce le Diable. Je veux voir comme on est régalé chez les morts. Oui, Monsieur, ce retour dont j'étais si peu digne, Nous est de ses bontés un témoignage insigne. Je ne plus ce Fils, dont les lâches désirs N'eurent pour seul objet que d'infâmes plaisirs. Le Ciel, dont la clémence est pour moi sans seconde, M'a fait voir tout à coup les vains abus du monde. Tout à coup de sa voix l'attrait victorieux A pénétré mon âme, et dessillé mes yeux, Et je vois, par l'effet dont sa grâce est suivie, Avec autant d'horreur les taches de ma vie, Que j'eus d'emportement pour tout ce que mes sens Trouvaient à me flatter d'appas éblouissants. Quand j'ose rappeler l'excès abominable Des désordres honteux dont je me sens coupable, Je frémis et m'étonne, en m'y voyant courir, Comme le Ciel a pu si longtemps me souffrir, Comme cent et cent fois il n'a pas sur ma tête Lancé l'affreux carreau qu'aux méchants il apprête. L'amour qui tint pour moi son courroux suspendu, M'apprend à ses bontés quel sacrifice est dû. Il l'attend, et ne veut que ce cour infidèle, Ce cour jusqu'à ce jour à ses ordres rebelle. Enfin (et vos soupirs l'ont sans doute obtenu) De mes égarements me voilà revenu. Plus de remise, il faut qu'aux yeux de tout le monde, À mes folles erreurs mon repentir réponde, Que j'efface, en changeant mes criminels désirs, L'empressement fatal que j'eus pour les plaisirs, Et tâche à réparer par une ardeur égale, Ce que mes passions ont causé de scandale. C'est à quoi tous mes voeux aujourd'hui sont portés, Et je devrai beaucoup, Monsieur, à vos bontés, Si dans le changement où ce retour m'engage, Vous me daignez choisir quelque saint Personnage, Qui me servant de Guide, ait soin de me montrer À bien suivre la route où je m'en vais entrer. Non, aujourd'hui souffrez-moi l'avantage D'un peu de solitude au prochain ermitage. C'est là que retiré, loin du monde et du bruit, Pour m'offrir mieux au Ciel je veux passer la nuit. Ma peine y finira ; et tout ce qui m'en peut faire Dans ce détachement qui m'est si nécessaire, C'est que pour mes plaisirs je me suis fait prêter Des sommes que je suis hors d'état d'acquitter. Faute de rendre, il est des Gens qui me maudissent, Qui font... Ah ! Pour moi je ne demande rien. Pourvu que par mes pleurs mes fautes réparées... Qu'est-ce ? Comment ? Tu pleures ? Eh. La peste le benêt avec son ermitage ! Parbleu, tu me ravis. Quoi, tu me crois sincère, Dans un conte forgé pour attraper mon Père ? La belle de tantôt m'a donné rendez-vous. Voici l'heure, et j'y vais, c'est là mon ermitage. Elle est jolie, oui ? Elle m'a touché l'âme, et s'il était besoin, Pour ne la manquer pas, j'irais jusques à Rome. Je crois qu'elle viendra, moi. En tout cas, Ma peine au rendez-vous ne sera point perdue. C'est où du Commandeur on a mis la Statue ; Il nous a conviés à souper. On verra Comment, s'il nous reçoit, il s'en acquittera. N'importe. J'ai promis, sur la peur ma promesse l'emporte. Oh ma foi, la Statue ira se promener. Je préfère à tout mort une jeune vivante. Il est vrai, c'est quelque chose ; en vain Je ferais là-dessus un jugement certain, Pour ne s'y point méprendre, il en faut voir la suite. Cependant, si j'ai feint de changer de conduite ; Si j'ai dit que j'allais me déchirer le cour, D'une vie exemplaire embrasser la rigueur, C'est un pur stratagème, un ressort nécessaire, Par où ma Politique éblouissant mon Père, Me va mettre à couvert de divers embarras, Dont sans lui mes Amis ne se tireraient pas. Si l'on s'en inquiète, il obtiendra ma grâce. Tu vois comme déjà ma première grimace L'a porté de lui-même à se vouloir charger Des dettes, dont par lui je vais me dégager. Il est des gens de bien et vraiment vertueux. Tout méchant que je suis j'ai du respect pour eux ; Mais si l'on n'en peut trop élever les mérites, Parmi ces gens de bien il est mille hypocrites, Qui ne se contrefont que pour en profiter, Et pour mes intérêts je veux les imiter. Il n'est rien si commode. Vois-tu ? L'hypocrisie est un vice à la mode, Et quand de ses couleurs un vice est revêtu, Sous l'appui de la mode il passe pour vertu. Sur tout ce qu'à jouer il est de personnages. Celui d'Homme de bien a de grands avantages. C'est un Art grimacier, dont les détours flatteurs Cachent sous un beau voile un amas d'Imposteurs. On a beau découvrir que ce n'est que faux zèle, L'imposture est reçue, on ne peut rien contre elle, La censure voudrait y mordre vainement. Contre tout autre vice on parle hautement, Chacun a liberté d'en faire voir le piège, Mais pour l'hypocrisie elle a son privilège, Qui sous le masque adroit d'un visage emprunté, Lui fait tout entreprendre avec impunité. Flattant, ceux du Parti, plus qu'aucun redoutable, On se fait d'un grand corps le membre inséparable. C'est alors qu'on est sûr de ne succomber pas. Quiconque en blesse l'un, les a tous sur les bras, Et ceux même qu'on sait que le Ciel seul occupe, Des Singes de leurs moeurs sont d'ordinaire dupe. À quoi que leur malice ait pu se dispenser, Leur appui leur est sûr, ils ont vu grimacer. Ah ! Combien j'en connais qui par ce stratagème, Après avoir vécu dans un désordre extrême, S'armant du bouclier de la Religion, Ont rhabillé sans bruit leur dépravation, Et pris droit, au milieu de tout ce que nous sommes, D'être sous ce manteau les plus méchants des Hommes. On a beau les connaître, et savoir ce qu'ils sont, Trouver lieu de scandale aux intrigues qu'ils ont, Toujours même crédit. Un maintien doux, honnête, Quelques roulements d'yeux, des baissements de tête, Trois ou quatre soupirs mêlés dans un discours, Sont pour tout rajuster d'un merveilleux secours C'est sous un tel abri qu'assurant mes affaires, Je veux de mes Censeurs duper les plus sévères. Je ne quitterai point mes pratiques d'amour, J'aurai soin seulement d'éviter le grand jour, Et saurai, ne voyant en public que des Prudes, Garder à petit bruit mes douces habitudes. Si je suis découvert dans mes plaisirs secrets, Tout le corps en chaleur prendra mes intérêts, Et sans me remuer, je verrai la cabale Me mettre hautement à couvert du scandale. C'est là le vrai moyen d'oser impunément Permettre à mes désirs un plein emportement. Des actions d'autrui je ferai le critique, Médirai saintement, et d'un ton pacifique, Applaudissant à tout ce qui sera blâmé, Ne croirai que moi seul digne d'être estimé. S'il faut que d'intérêt quelque affaire se passe, Fût-ce veuve, orphelin, point d'accord, point de grâce, Et pour peu qu'on me choque, ardent à me venger, Jamais rien au pardon ne pourra m'obliger. J'aurai tout doucement le zèle charitable De nourrir une haine irréconciliable ; Et quand on me viendra porter à la douceur, Des intérêts du Ciel je ferai le vengeur. Le prenant pour garant du soin de sa querelle, J'appuierai de mon cour la malice infidèle. Et selon qu'on m'aura plus ou moins respecté, Je damnerai les Gens de mon autorité. C'est ainsi que l'on peut, dans le siècle où nous sommes, Profiter sagement des faiblesses des Hommes, Et qu'un esprit bien fait, s'il craint les Mécontents, Se doit accommoder aux vices de son temps. Le beau raisonnement ! N'avais-je pas raison ? Regarde, Sganarelle. Vient-on au rendez-vous. Que de joie ! Ah ma belle, Vous voilà ; je tremblais que par quelque embarras Vous ne puissiez sortir. Lui-même. Il a pris cet habit, mais c'est par stratagème, Pour certain langoureux chez qui je l'ai mené, Contre les médecins de tout temps déchaîné. Il n'en veut voir aucun ; et Monsieur, sans rien dire, A reconnu son mal dont il ne fait que rire. Certaine herbe déjà l'a fort diminué. Et qui donc avec vous nous amenez-vous là ? Vous avez fort bien fait, et ma joie est extrême, Que quand je vous épouse elle soit caution... Bientôt, Dieu merci, la voilà Exempte en m'épousant de tous ces chagrins-là. C'est à mes yeux la plus aimable fille... Je le crois ; mais allons sans tarder davantage, Dresser tout ce qu'il faut pour notre mariage. Je veux le faire en forme, et qu'il n'y manque rien. Ne perdons point le temps à des paroles, Allons, venez, ma Belle. Ah ! Que j'ai de bonheur ! Vous allez être à moi. Ne nous arrêtons point, ma Belle, j'aurais peur Que quelqu'un ne survînt. Tout droit chez un notaire. Il n'en est pas besoin. Monsieur le médecin et vous, devez suffire. Il ne faut plus qu'écrire. Quand ils auront signé tous deux avecque nous, Que je vous prends pour Femme, et vous moi pour Époux, C'est comme si... Oui, quand on veut tenir une affaire secrète, Moins on a de Témoins, plus la chose est bien faite. Au hasard de l'entendre enfin nous quereller, Avançons. Doublons le pas ensemble, il faut la laisser dire. Ma Belle, attendez-moi. Je ne vous quitte point. Laisse-moi. Je t'en quitte, On me demande ailleurs. Tu me fais tort, quand tu m'en crois capable ; Je ne sais ce que c'est que trembler. Je brûle, et c'est trop tard que mon âme interdite... Ciel ! **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_donlouis *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_donlouis Ma présence vous choque, et je vois que sans peine Vous pourriez vous passer d'un Père qui vous gêne. Tous deux, à dire vrai, par plus d'une raison, Nous nous incommodons d'une étrange façon ; Et si vous êtes las d'ouïr mes remontrances, Je suis bien las aussi de vos extravagances. Ah ! Que d'aveuglement, quand raisonnant en fous, Nous voulons que le Ciel soit moins sage que nous : Quand sur ce qu'il connaît qui nous est nécessaire, Nos imprudents désirs ne le laissent pas faire, Et qu'à force de voeux nous tâchons d'obtenir Ce qui nous est donné souvent pour nous punir ! La naissance d'un Fils fut ma plus forte envie. Mes souhaits en faisaient tout le bien de ma vie, Et ce Fils que j'obtiens est le fléau rigoureux De ces jours que par lui je croyais rendre heureux. De quel oil, dites-moi, pensez-vous que je voie Ces commerces honteux qui seuls font votre joie, Ce scandaleux amas de viles actions Qu'entassent chaque jour vos folles passions, Ce long enchaînement de méchantes affaires, Où du Prince pour vous les grâces nécessaires Ont épuisé déjà tout ce qu'auprès de lui Mes services pouvaient m'avoir acquis d'appui ? Ah Fils ! Indigne Fils ! Quelle est votre bassesse, D'avoir de vos Aïeux démenti la noblesse ! D'avoir osé ternir par tant de lâchetés Le glorieux éclat du sang dont vous sortez, De ce sang que l'Histoire en mille endroits renomme ! Et qu'avez-vous donc fait pour être Gentilhomme ? Si ce titre ne peut vous être contesté, Pensez-vous avoir droit d'en tirer vanité, Et qu'il ait rien en vous qui puisse être estimable, Quand vos dérèglements l'y rendent méprisable ? Non, non, de nos Aïeux on a beau faire cas ; La naissance n'est rien où la vertu n'est pas. Aussi ne pouvons-nous avoir part à leur gloire, Qu'autant que nous faisons honneur à leur mémoire. L'éclat que leur conduite a répandu sur nous, Des mêmes sentiments nous doit rendre jaloux ; C'est un engagement dont rien ne nous dispense, De marcher sur les pas qu'a tracés leur prudence, D'être à les imiter attachés, prompts, ardents, Si nous voulons passer pour leurs vrais Descendants. Ainsi de ce Héros que nos Histoires louent, Vous descendez en vain lorsqu'ils vous désavouent, Et que ce qu'ils ont fait et d'illustre et de grand, N'a pu de votre cour leur être un sûr garant. Loin d'être de leur sang, loin que l'on vous en compte, L'éclat n'en rejaillit sur vous qu'à votre honte, Et c'est comme un Flambeau qui devant vous porté, Fait de vos actions mieux voir l'indignité. Enfin si la Noblesse est un précieux titre, Sachez que la vertu doit en être l'arbitre, Qu'il n'est point de grands noms qui sans elle obscurcis... Je ne veux pas m'asseoir, Insolent. J'ai beau dire, Ma remontrance est vaine, et tu n'en fais que rire. C'est trop ; si jusqu'ici dans mon cour malgré moi, La tendresse de Père a combattu pour toi, Je l'étouffe ; aussi bien il est temps que j'efface La honte de te voir déshonorer ma race, Et qu'arrêtant le cours de tes dérèglements, Je prévienne du Ciel les justes châtiments. J'en mourrai, mais je dois mon bras à sa colère. Ne m'abusez-vous point, et serait-il possible, Que votre cour, ce cour si longtemps inflexible, Si longtemps en aveugle au crime abandonné, Eût rompu les liens dont il fut enchaîné ? Qu'un pareil changement me va causer de joie ? Mais encor une fois faut-il que je le croie, Et se peut-il qu'enfin le Ciel m'ait accordé Ce qu'avec tant d'ardeur j'ai toujours demandé ? Ah ! Qu'aisément un Fils trouve le cour d'un Père, Prêt au moindre remords à calmer sa colère ! Quels que soient les chagrins que par vous j'ai reçus, Vous vous en repentez, je ne m'en souviens plus. Tout vous porte à gagner cette grande victoire, L'intérêt du salut, celui de votre gloire ; Combattez, et surtout ne vous relâchez pas. Mais dans cette Campagne, où s'adressent vos pas ? J'ai sorti de la Ville exprès pour une affaire, Où dès hier ma présence était fort nécessaire, Et j'ai voulu marcher un moment au retour. Mon Carrosse m'attend à ce premier détour, Venez. Que là-dessus vos scrupules finissent. Je paierai tout, mon Fils, et prétends de mon bien Vous donner... Ô consolations ! Douceurs inespérées ! Tous mes voeux sont enfin heureusement remplis ; Grâce aux bontés du Ciel, j'ai retrouvé mon Fils, Il se rend à la voix qui vers lui le rappelle. Je cours à votre Mère en porter la nouvelle. Adieu, prenez courage, et si vous persistez, N'attendez plus que joie et que prospérités. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_elvire *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_elvire Don Juan voudra-t-il encor me reconnaître, Et puis-je me flatter que le soin que j'ai pris... J'y viens faire sans doute un méchant personnage, Et par ce froid accueil, je commence de voir L'erreur où m'avait mise un trop crédule espoir. J'admire ma faiblesse et l'imprudence extrême Qui m'a fait consentir à me tromper moi-même, À démentir mes yeux sur une trahison, Où mon cour refusait de croire ma raison. Oui, pour vous contre moi ma tendresse séduite, Quoi qu'on pût m'opposer, excusait votre fuite. Cent soupçons qui pouvaient alarmer mon amour, Avaient beau contre vous me parler chaque jour, À vous justifier toujours trop favorable, J'en rejetais la voix qui vous rendait coupable, Et je ne regardais dans ce trouble odieux, Que ce qui vous peignait innocent à mes yeux. Mais un accueil si froid et si plein de surprise, M'apprend trop ce qu'il faut que pour vous je me dise. Je n'ai plus à douter qu'un honteux repentir Ne vous ait sans rien dire obligé de partir. J'en veux pourtant, j'en veux, dans mon malheur extrême, Entendre les raisons de votre bouche même. Parlez donc, et sachons par où j'ai mérité, Ce qu'ose contre moi votre infidélité. Et bien, qu'il parle ; il faut souffrir tout pour vous plaire. Puisqu'on le veut ainsi, Approchez, et voyons ce mystère éclairci. Quoi, tous deux interdits ! Est-ce là pour confondre... Quoi ? Vous plaît-il, Don Juan, m'éclaircir ce mystère ? Ah, que vous savez peu l'art de déguiser ! Pour un homme de Cour qui doit avec étude De feindre, de tromper avoir pris l'habitude, Demeurer interdit, c'est mal faire valoir La noble effronterie où je vous devrais voir. Que ne me jurez-vous que vous êtes le même ; Que vous m'aimez toujours autant que je vous aime, Et que la seule mort dégageant votre foi, Rompra l'attachement que vous avez pour moi ? Que ne me dites-vous qu'une affaire importante A causé le départ, dont j'ai pris l'épouvante ; Que si de son secret j'ai lieu de m'offenser, Vous avez craint les pleurs qu'il m'aurait fait verser Qu'ici d'un long séjour ne pouvant vous défendre, Je n'ai qu'à vous quitter, et vous aller attendre ; Que vous me rejoindrez avec l'empressement, Qu'a pour ce qu'il adore un véritable amant, Et qu'éloigné de moi, l'ardeur qui vous enflamme Vous rend ce qu'est un corps séparé de son âme ? Voilà par où du moins vous me feriez douter, D'un oubli que mes feux devraient peu redouter Ah ! Scélérat, ton cour aussi lâche que traître, Commence tout entier à se faire connaître Et ce qui me confond dans tout ce que j'attends, Je le connais enfin lorsqu'il n'en est plus temps. Mais sache, à me tromper quand ce cour s'étudie, Que ta perte suivra ta noire perfidie, Et que ce même Ciel, dont tu t'oses railler, À me venger de toi voudra bien travailler. Il suffit, je t'ai trop écouté. En ouïr davantage est une lâcheté, Et quoi qu'on ait à dire, il faut qu'on se surmonte, Pour ne se faire pas trop expliquer sa honte. Ne te figure point qu'en reproches en l'air Mon courroux contre toi veuille ici s'exhaler. Tout ce qu'il peut avoir d'ardeur, de violence, Se réserve à mieux faire éclater ma vengeance. Je te le dis encor, le Ciel armé pour moi Punira tôt ou tard ton manquement de foi ; Et si tu ne crains point sa justice blessée, Crains du moins la fureur d'une femme offensée. Dans l'ennui dont mon âme est atteinte, Vous craignez ma douleur, mais perdez cette crainte. Je ne viens point ici pleine de ce courroux, Que je n'ai que trop fait éclater devant vous. Par un premier hymen une autre vous possède, On m'a tout éclairci, c'est un mal sans remède, Et je me ferais tort de vouloir disputer, Ce que contre les lois je ne puis emporter. J'ai sans doute à rougir malgré mon innocence, D'avoir cru mon amour avec tant d'imprudence, Qu'en vous donnant la main j'ai reçu votre foi, Sans voir si vous étiez en pouvoir d'être à moi. Ce dessein avait beau me sembler téméraire, Je cherchais le secret par la crainte d'un Frère, Et le tendre penchant qui me fit tout oser, Sur vos serments trompeurs servit à m'abuser. Le crime est pour vous seul, puisque enfin éclaircie, Je songe à satisfaire à ma gloire noircie, Et que ne vous pouvant conserver pour Époux, J'éteins la folle ardeur qui m'attachait à vous. Non qu'un juste remords l'étouffe dans mon âme, Jusques à n'y laisser aucun reste de flamme ; Mais ce reste n'est plus qu'un amour épuré. C'est un feu dont pour vous mon cour est éclairé, Un feu purgé de tout, une sainte tendresse, Qu'au commerce des sens nul désir n'intéresse, Qui n'agit que pour vous. C'est ce parfait amour qui m'engage à vous dire Ce qu'aujourd'hui le Ciel pour votre bien inspire, Le Ciel dont la bonté cherche à vous secourir, Prêt à choir dans l'abîme où je vous vois courir. Oui, Don Juan, je sais par quel amas de crimes Vos peines qu'il résout lui semblent légitimes, Et je viens de sa part vous dire que pour vous Sa clémence a fait place à son juste courroux ; Que las de vous attendre, il tient la foudre prête, Qui depuis si longtemps menace votre tête ; Qu'il est encor en vous, par un prompt repentir De trouver les moyens de vous en garantir, Et que pour éviter un malheur si funeste, Ce jour, ce jour peut-être est le seul qui vous reste. Pour moi, qui lors de mon aveuglement, Je n'ai plus pour la terre aucun attachement. Ma retraite est conclue, et c'est là que sans cesse Mers larmes tâcheront d'effacer ma faiblesse, Heureuse si je puis par son austérité Obtenir le pardon de ma crédulité. Mais dans cette retraite, où l'on meurt à soi-même, J'aurais, je vous l'avoue, une douleur extrême, Qu'un homme à qui j'ai cru pouvoir innocemment De mes plus tendres voeux donner l'empressement, Devînt par un revers aux méchants redoutable, Des vengeances du Ciel l'exemple épouvantable. De grâce, accordez-moi Ce que dois mériter l'état où je me vois. Votre salut fait seul mes plus fortes alarmes. Ne le refusez point à mes voeux, à mes larmes, Et si votre intérêt ne vous saurait toucher, Au crime en ma faveur daignez vous arracher, Et m'épargner l'ennui d'avoir pour vous à craindre Le courroux que jamais le Ciel ne laisse éteindre. Enfin si le faux nom d'époux M'a fait tout oublier pour vous vivre toute à vous, Si je vous ai fait voir la plus forte tendresse Qui jamais d'un cour noble ait été la Maîtresse, Tout le prix que j'en veux, c'est de vous voir songer Au bonheur que pour vous je tâche à ménager. Voyez que tout est périssable. Examinez la peine infaillible au coupable, Et de votre salut faites-vous une loi, Ou pour l'amour de vous, ou pour l'amour de moi. C'est à ce but qu'il faut que tous vos désirs tendent, Et ce que de nouveau mes larmes vous demandent. Si ces larmes sont peu, j'ose vous en presser Par tout ce qui jamais vous put intéresser. Après cette prière, adieu, je me retire. Songez à vous, c'est tout ce que j'avais à dire. Demeurer avec vous n'étant point votre Femme ! Je vous ai découvert de grandes vérités. Don Juan, craignez tout, si vous n'en profitez. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_doncarlos *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_doncarlos Ces Voleurs par leur fuite ont fait assez connaître Qu'où votre bras se montre on n'ose plus paraître, Et je ne puis nier qu'à cet heureux secours, Si je respire encor, je ne doive mes jours. Ainsi, Monsieur, souffrez que pour vous rendre grâce... Je m'étais par malheur écarté de ma suite. Ils m'ont rencontré seul, et mon Cheval tué À leur infâme audace a fort contribué. Sans vous j'étais perdu. Non, certains intérêts... Cette offre met le comble à ce que je vous dois. Une affaire d'honneur, très sensible pour moi, M'oblige dans ces lieux à tenir la campagne. Ce n'est plus un secret, Et je ne dois songer dans le bruit de l'offense, Qu'à faire, promptement éclater ma vengeance. Une soeur, qu'au Couvent j'avais fait élever, Depuis quatre ou cinq jours s'est laissée enlever. Un Don Juan Giron, est l'auteur de l'injure, Il a pris cette route, au moins on m'en assure, Et je viens l'y chercher sur ce que j'en ai su. Je ne l'ai jamais vu, Mais j'amène avec moi des Gens qui le connaissent ; Et par ses actions telles qu'elles paraissent, Je crois, sans passion, qu'il peut être permis... Après un tel aveu j'aurais tort d'en rien dire ; Mais lorsque mon honneur à la vengeance aspire, Malgré cette amitié j'ose espérer de vous... Et comment me la faire ? Cette assurance est douce à des cours offensés. Mais je vous avouerai que vous devant la vie, Je ne puis, sans douleur, vous voir de la partie. Et c'est dont je soupire. Faut-il, quand je vous dois le jour que je respire, Que j'aie à me venger, et qu'il vous soit permis D'aimer le plus mortel de tous mes Ennemis ? D'où vient qu'ainsi sur nous vos regards attachés... Don Juan ? Arrêtez ; m'étant seul égaré, Des Lâches m'ont surpris, et je lui dois la vie Qui par eux sans son bras m'aurait été ravie. Don Juan, vous voyez, malgré tout mon courroux, Que je vous rends le bien que j'ai reçu de vous. Jugez par là du reste, et si de mon offense, Pour payer un bienfait, je suspends la vengeance, Croyez que ce délai ne fera qu'augmenter Le vif ressentiment que j'ai fait éclater. Je ne demande point qu'ici sans plus attendre Vous preniez le parti que vous avez à prendre. Pour m'acquitter vers vous, je veux bien vous laisser, Quoi que vous résolviez, le loisir d'y penser. Sur l'outrage reçu, qu'en vain on voudrait taire, Vous savez quels moyens peuvent me satisfaire. Il en est de sanglants, il en est de plus doux. Voyez-les, consultez, le choix dépend de vous. Mais enfin quel qu'il soit, souvenez-vous, de grâce, Qu'il faut que mon affront par Don Juan s'efface, Que ce seul intérêt m'a conduit en ce lieu, Que vous m'avez pour lui donné parole. Adieu. Suivez-moi. Notre querelle Se doit vider ailleurs. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_alonse *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_alonse Fais boire nos Chevaux, et que l'on nous attende. Par où donc... Mais ô Ciel, que ma surprise est grande ! Voilà votre ennemi, celui que vous cherchez, Don Juan. Voulez-vous... Quoi, Monsieur ? Faut-il... **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_therese *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_therese Vraiment, j'aime assez à vous voir. Impudente ; il vous faut parler avec des hommes. Eh, mon Dieu, là-dessus j'ai vu les plus habiles, Leurs Remèdes me sont Remèdes inutiles. Hélas ! Que vous feriez une admirable cure ! Son teint est frais sans doute, et d'un vif éclatant. Quelquefois... Où donc l'applique-t-on ? Petite fille, Passez de ce côté. Vous voyez ma Maison. Venez, vous faites seul mon espoir le plus doux. Allons, petite fille, aidez-moi. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_leonor *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_leonor Oh, point, Monsieur. Quatorze ans ? Je les eus Le dernier de Juillet. Des herbes pour ma tante. C'est pour faire un remède, elle en prend très souvent. Ce serait là sa joie. Sous des arbres assise, elle prend l'air là-bas. Allons le savoir d'elle. Il faudra que je sois pourtant religieuse. Pas trop, mais vous savez Qu'on menace une fille, et qu'il faut sans murmure... Et puis, ma tante assure Que je ne suis point propre au mariage. Ah, je tremble, Et quel mal est-ce là que vous nommez ? Je suis morte. Il n'importe, On ne laissera pas de m'y mettre. À cause de ma soeur qu'on aime plus que moi, On la mariera mieux, quand on n'aura plus qu'elle. Hé, mon Dieu, n'allez pas en rien dire à ma Tante. Sitôt que du Couvent elle voit que je ris, Deux soufflets me sont sûrs, et ce serait bien pis, Si vous alliez pour moi parler de mariage. Si j'osais m'assurer... Ah, qu'il n'en fasse rien ; elle est si dégoûtante... Mais moi, suis-je assez belle... Je voudrais qu'il fût vrai, car ma tante, et la peur Que me fait le couvent... Je vous crois, ne jurez point. Mais pour nous marier, sans que l'on en sût rien, Si la chose pressait, comment faudrait-il faire ? Oh, ma tante et ma soeur seront bien en colère ; Car j'aurai pour ma part plus de vingt mille écus, Bien des gens me l'ont dit. J'ai dans le Bourg voisin une de mes Parentes, Qui veut qu'on me marie, et qui m'a toujours dit, Que si quelqu'un m'aimait... Elle envoierait chercher de bon cour le notaire. Si nous allions chez elle ? Mais quoi, seule avec vous ? Pas trop, mais j'ai toujours... Du moins... Par ici. Mais quel malheur ! Ma Tante que voici... Sans rien dire, venez m'attendre ici ce soir, Je m'y rendrai. Est-ce faire du mal, quand c'est à bonne fin ? Ce monsieur-là m'a dit qu'il était Médecin, Et je lui demandais si pour guérir votre Asthme, Il ne savait pas. Oui, je vous le promets. Ça, ma tante. Oh point, mais n'est-ce pas Monsieur le Médecin que je vois là ? Ma Tante a pris sa poudre. Je ne sais, car soudain sans vouloir voir personne, Elle s'est mise au lit. Oh, je crois bien cela. C'est ma Nourrice. Ah ! Si vous saviez, elle m'aime... Monsieur... Ce m'est beaucoup d'honneur. Sommes-nous pas d'accord ? Quelque amitié qu'elle est m'est fait paraître, Si chez elle il n'est pas nécessaire d'aller, Ne disions rien, peut-être elle voudrait parler. Ah ! Qu'est-ce que je vois ? Sauvons-nous vite, hélas ! **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_pascale *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_pascale Vous faites-là, Monsieur, une bonne action. Pour entrer au Couvent la pauvre Créature Tous les jours de soufflets avait pleine mesure, C'était pitié. Jamais vous n'en pouviez prendre une plus gentille, Qui vous pût mieux... Enfin traitez-la doucement, Vous en aurez, Monsieur, bien du contentement. Eh, vous n'y perdrez pas, ma Fille a de bon bien. Quand son Père mourut, il avait des Pistoles Plus gros... Comment ? Où donc nous menez-vous ? Non, Monsieur, dans le bourg il serait nécessaire D'aller chez sa cousine, afin qu'étant témoin De votre foi donnée... Non, non, sa Cousine y doit être. Mon Dieu, tout comme ailleurs, chez elle sans éclat, Les notaires du bourg dresseront le contrat. Ce n'est point par là qu'il faut aller. Vous n'êtes pas encor où vous pensez, beau Sire. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_charlotte *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_charlotte Notre-dinse, Piarrot, pour les tirer de paine, Tu t'es là rencontré bian à point. Je le crois bian. C'est donc l'vent d'a matin... Et ne m'disais-tu pas qu'glien avait un, Piarrot, Qu'était bien pu mieux fait que tretous ? Ardé z'un peu. Et cheu toi, dis Piarrot, est-il encor tout nu ? I faut que j'aille voir, Piarrot. Et bian, dis qu'esque c'est ? Quemment ? Qu'est-qu'iglia don ? Et d'où vient ? Ah, ah, n'est-ce que ça. Mon guieu, toujou, Piarrot, tu m'dis la même chose. Apprends-moi donc quement, Tu voudrais que j'te fisse. Es-que je n't'aime pas ? Mon guieu, je t'aime aussi, de quoi te mettre en paine ? Qu'es-donc q'tu veux qu'en fasse ? J't'aime aussi comme i faut, pourquoi donc q'tu t'étonnes ? C'est me n'imeur, Piarrot ; que veux-tu ? Ô cherche donc par où. S'tu penses qu'à t'aimer queuque autre soit pu prompte, Va l'aimer, j'te l'accorde. Pourquoi M'viens-tu tarabuster toujou l'esprit ? Va, ça m'viendra peut-être. Ne me presse point tant, et laisse faire. Et bien, quien. Est-ce là su Monsieu ? Queu dommage Qui l'eût été nayé ! Qui l'est genty ! Eh ! Monsieur. Monsieur. Oui, Monsieur. Charlotte, à vous servir, Si j'en étais capable. Vous me rendez, Monsieur, toute honteuse. Monsieur, cela vous plaît à dire, Et je ne sais si c'est pour vous railler de moi. Fi, Monsieur, al est noire Tout comme je n'sais quoi. C'est trop d'honneur pour moi, j'n'os'rais vous refuser. Mais si j'eus su tout ça devant votre arrivée, Exprès aveu du son je m'la serais lavée. Oh, non pas, Mais je dois bientôt l'être au fils du grand Lucas. Il se nomme Piarrot ; c'est ma Tante Phlipote Qui nous fait marier. Oui ? Monsieur, je voudrais bien Que ça fût tout com'ça, car vous n'me dites rien Qui n'me fasse assé z'aise, et j'aurais bien envie De n'vous mécroire point, mais j'ai toute ma vie Entendu dire à ceux qui savont bien s'que c'est, Qu'i n'est point de Monsieus qui ne soient toujou prêt À tromper queuque fille, à moins qu'al n'y regarde. Aussi je n'voudrais pas me laisser abuser. Voyez-vous, si j'sis pauvre et native au village, J'ai d'l'honneur tout autant qu'on en ait à mon âge ; Et pour tout l'or du monde on n'me pourrait tenter, Si j'pensais qu'en m'aimant l'en me l'voulût ôter. Vou m'vouriez épousé, moi ? I faudret à ma tante en dire un petit mot, Pour qu'al en fût contente, al aime bian Piarrot. J'n'en veux que trop, mais vous ? Oh Monsieu, attendé qu'j'ons fait le mariage. Après ça, voyez-vous, je vous baiserai tant Que vou n'erez qu'à dire. Pourquoi faire ? Piarrot, laisse-le faire. Va, ne te fâche point, Piarrot. Il me veut épouser, Et tu n'te devrais pas si fort colériser. S'n'est pas s'que tu penses, dea. Ça n'y fait rien, Piarrot, tu n'mas pas encor prise. S'tu m'aimes comme i faut, s'ras-tu pas tout joyeux De m'voir Madame ? Laiss'moi que je la sois, et n'te mets point en peine. Je te ferai cheux nous z'apporté des z'oeufs frais, Du beurre... Qu'es-donc que vous veut là Mathurine ? Mathurine, est-il bien D'empêcher que Monsieu... Je n'pensais pas... Vous le dites. Pis q'Monsieu me veut bien... Oh, pourtant j'n'en crois rien. S'i v-s-a vu la prumière, il m'a vu la seconde, Et m'veut épousé. Si j'n'avons pas raison le vla qu'est pour le dire, I sait nôte querelle. Monsieu, jugé nous, si vous plaît. Laqueule es-parmi nous... Tant mieux, vous z'allé voir vous-même. Parlez. C'est moi qui l'y plaît mieux, au moins. Oh ! C'est à moi. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_mathurine *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mathurine Monsieu, qu'es-donc qu'ou faites-là ? Es'qu'ou parlez d'amour à Charlotte ? Quoi, Charlotte, es'pou rire. Oh, je n'empêche rien, il m'a déjà... Vous v'né-z'un peu trop tard. Tredame. Pourquoi me disputer ? C'est moi qu'i veut putôt. I m'a vu la prumière, et m'la dit ; qu'i réponde. Bon... C'est moi qu'il épous'ra. Voyé le bel esprit. Oui, puisqu'i sait sqien est, Qui nous juge. Gageons qu'c'est moi qu'il aime, Vous z'allé voir. Dites. Pourtant, je pense Que je l'épouserons. C'est à moi qui promet, Charlotte. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_pierrot *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pierrot Oh, marguenne. Sans nous c'en était fait. Vois-tu ? Il ne s'en fallait pas l'épaisseur d'un fétu. Tous deux de se nayer eussiont fait la sottise. Aga quien, sans feintise, Je te vas tout fin drait conter par le menu, Comme en n'y pensant pas le hasard est venu. Il aviont bien besoin d'un oil comme le nôtre, Qui les vît de tout loin, car c'est moi, com'i dit l'autre, Qui les ai le premier avisés. Tanquia don, Su le bord de la Mar bian leu prend que j'équion, Où de tarre Gros-Jean me jetait une motte, Tout en batifolant, car com'tu sais, Charlotte, Pour v'nir batifoler Gros-Jean ne charche qu'où, Et moi par-fouas aussi je batifole itou. En batifolant donc, j'ai fait l'apercevance D'un grouillement sugliau, sans voir la différence De s'qui pouvait grouiller ; ça grouillait à tous coups, Et grouillant, par secousse allait comme envars nous. J'étas embarrassé ; s'n'était point stratagème, Et tout com' je te vois, je voyas ça de même, Aussi fixiblement, et pis tout d'un coup, quien, Je voyas qu'après ça je ne voyas pu rien. "Eh, Gros-Jean, ç'ai-je fait, stan pendant que je somme À niaiser parmi nous, je pens'que vla des z'Homme, Qui nagiant tout là-bas. Bon, s'm'a-t-i fait, vrament, T'auras de queuque chat vu le trépassement ; T'as la vu' trouble. Oh bian, ç'ai-je fait, t'as biau dire, Je n'ai point la vu' trouble, et s'n'est point jeu pou rire, C'est là des z'hommes. Point, s'm'a-t-i fait s'n'en est pas, Piarrot, t'as la barlue. Oh ! j'ai s'que tu voudras, Ç'ai-je fait, mais gageons que j'n'ai point la barlue, Et qu'ça qu'en voit là-bas, ç'ai-je fait, qui remue, C'est des Hommes, vois-tu, qui nageont vars ici. Gag' que non, s'm'a-t-i fait. Oh margué, gag'que si, Dix sous. Oh, s'm'a-t-i fait, je le veux bian, marguenne ; Quien, mets argent su jeu, vla le mien," Palsanguenne Je n'ai fait là-dessus l'étourdi ni le fou, J'ai bravement bouté par tarre mes dix sou, Quatre pièce tapée, et le restant en double, Jarnigué, je varrons si j'avons la vu' trouble. Ç'ai-je fait, les boutant... plus hardiment enfin Que si j'eusse avalé queuque varre de vin ; Car je sis hasardeux moi ; qu'en m'mette en boutade, Je vas sans tant d'raisons tout à la débandade. Je savas bian pourtant s'que j'faisas d'en par là, Queuque gniais ! Enfin donc, j'n'ons pas putôt mis, vla, Que j'voyons tout à plain com' deux hommes à la nage Nous faisions signe ; et moi, sans rien dir' davantage, De prendre les z'enjeux. Allons, Gros-Jean, allons, Ç'ai-je fait, vois-tu pas comme i nous appellons ? Ils s'vont nayer. Tant mieux, s'm'a-t-i fait, je m'en gausse, I m'ant fait pardre. À donc le tirant par lé chausse, J'l'ai si bian sarmonné, qu'à la parfin vars eux J'avons dans une barque avironné tous deux. Et pis cahin-caha, j'ons tant fait que le somme Venus tout contre, et pis j'les avons tiré comme Il aviont quasi bu déjà pu que de jeu ; Et pis j'les z'ons cheu nous menés auprès du feu, Où je l'z'ons vus tout nus sécher leu z'houppelande ; Et pis il en est v'nu deux autres de leu bande, Qui s'équiant, vois-tu bian, sauvés tout seul, et pis Mathurine est venue à voir leu biaux z'habits ; Et pis il l'iont conté qu'al n'était pas tant sotte, Qu'al avait du malin dans l'oil, et pis, Charlotte, Vla tout com'ça s'est fait pour te l'dire en un mot. C'est le Maître, Queuque bian gros Monsieu, de pu gros qui puisse être ; Car i n'a que du d'or par ila, par ici, Et ceux qui le sarvont sont de Monsieus aussi. Stan pendant, si je n'eume été là, palsanguenne Il en tenait. Jamais marguenne, Tout gros Monsieu qui l'est, il n'en fut revenu. Nannain, tout devant nous qui le regardions faire, I l'avons rhabillé. Monguieu, combian d'affaire ! J'n'avais vu s'habiller jamais de Courtisans, Ni leu z'Angingorniaux ; je me pardrais dedans. Pour les z'y faire entrer comme n'en lé balote ! J'étas tout éboby de voir ça. Quien, Charlotte, Quand i sont habillés, i vous z'ant tout-à-point De grands cheveux touffus, mais qui ne tenont point À leu tête, et pis vla tout d'un coup qui l'y passe, I boutont ça tout comme un bonnet de filasse. Leu Chemise qu'à voir j'étas tout étourdi, Ant dé manche où tous deux j'entrerions tout brandi. En deglieu d'haut-de-chausse, il ant sartaine histoire Qui ne leu vient que là ; j'auras bian de quoi boire, Si j'avas tout l'argent dé Lisets de dessu. Glien a tant, glien a tant, qu'en n'an serait voir pu. Il n'ant jusqu'au Colet qui n'va point en darrière, Et qui leu pend devant bâti d'une manière, Que je n'te l'sérais dire, et si j'l'ai vu de près. Il ant au bout dé bras d'autres petits-collets, Aveu des passements faits de dantale blanche, Qui veniant par le bout faisont le tour dé manche. Oh, si te plaît, J'ai queuq'chose à te dire. Vois-tu, Charlotte, i faut qu'aveu toi, com's'dit l'autre, Je débonde mon cour, il irait trop du nôtre, Quand je somme pour être à nous deux tout de bon, Si je n'me plaignas pas. Iglia que franchement tu me chagraignes l'âme. Tastigué, tu dois être ma Femme. Et tu ne m'aimes pas. Non, s'n'est qu'ça, stanpendant c'est bian assez, vien ça. Si j'te la dis toujou, c'est toi qu'en est la cause, Et si tu me faisais queuquefouas autrement, J'te diras autre chose. Oh, je veux que tu m'aime. Non, tu fais tout de même Que si j'n'avions point fait nos z'accordailles, et si J'n'ai rien à me reprocher là-dessus, Dieu marci. Das qui passe un Marcier, tout aussitôt j't'ajette Lé pu jolis lacets qui soient dans sa bannette. Pour t'aller dénicher dé Marle je ne sais z'où Tous lé jours je m'hasarde à me rompre le cou. Je fais jouer pour toi lé vielleux z'à ta fête, Et tout ça, contre un mur c'est me cougné la tête. J'n'y gagne rien. Vois-tu ? Ça n'est ni biau ni bon, De n'vouloir pas aimer les gens qui nous z'aimon. Oui, tu m'aimes, mais c'est d'une belle dégaine. Oh, je veux que tout haut, L'en fasse ce qu'en fait pour aimé comme i faut. Non, ça s'voit quand il est, et toujou z'aux parsonnes, Quand c'est tout d'bon qu'en aime, en leu fait en passant Mil p'tite singerie ; et sis-je un innocent ? Margué, je n'veux que voir com' la grosse Tomasse Fait au jeune Robain, al n'tient jamais en place, Tant al n'est assotée, et dès qu'a l'voit passer, Al n'attend point qui vienne, al s'en court l'agacer ; Ly jett'son Chapiau bas, et toujou sans reproche Ly fait exprès queuq'niche, ou baille une taloche : Et darrainement oncor que su z'un Escabiau I regardait danser, al s'en fut bian et biau Ly tirer de dessous et l'mit à la renvarse. Jarny vla s'q'c'est qu'aimer, mais margué l'en me barse Quand dret comme un piquet j'vois q'tu viens te parcher. Tu n'me dis jamais mot, et j'ai biau tentincher, En glieu de m'fair' présent d'une bonne égratineure, De m'bailler queuquecoup, ou d'voir par aventure Si j'sis point chatouilleux, tu te grattes lé doigts, Et t'és-là toujou comme une vray souche de bois. T'es trop fraide, vois-tu, ventrigué, ça me choque. Tu te moques. Quand l'en aime les Gens, l'en en baille toujou Queuq'petit' signifiance. Et bian, vla pas mon compte ? Tastigué, s'tu m'aimais, m'dirais-tu ça ? Dis-moi. Queu mal t'fais-je à vouloir que tu m'fasses paraître Un peu pu d'amiquié ? Et bien, Touche donc là, Charlotte, et d'bon cour. Promets q'tu tâcheras z'a m'aimer davantage. Oui, le vla. Je vas Boire chopaine, aguieu, je ne tarderai pas. Tout doucement, Monsieu, tené-vous, si vous plaît. Vous pourriez v-s-échauffant gagné la purésie. Oh jarnie, J'vous dis qu'où vous tegniais, et qu'i n'est pas besoin Qu'où vegniais courtisé nos Femmes de si loin. Margué, j'ne no z'émouvons guère, Pour cé pousseus de Gens. Quement ? Que je l'laiss' faire ? Et je ne l'veux pas moi. Parsqu'il est Monsieur, i s'en viendra, je crois, Caresser à not'barbe ici nos z'accordées. Pargué, j'en sis d'avis que j'vous l'z'ayons gardées. Allez v-s-en caresser les vôtres. Heu ! Margué. Ne v-s-avisé pas trop de m'frappé. Jarnigué, Ventrigué, tastigué, voyé z'un peu la chance, De v-nir battre les gens. S'n'est pas la récompense De v-s'être allés tantôt sauvé d'être nayé. J'vous devions laissez boire, i l'est bien employé. Oh, palsanguène, Il m'plaît de me fâcher, et t'es une vilaine, D'endurer qu'en t'cajole. Jarny, tu m'es promise. Non, j'aimerais cent fois mieux Te voir crever qu'n'en pas qu'un autre t'eût. Marguenne... Palsangué, je gnien portrai jamais, Quand tu m'en frais poyer deux fois autant ; acoute, C'est donc com'ça q'tu fais ? Si j'en eusse eu queuq'doute, Je m'sras bien ampâché de le tirer de gliau, Et je gliaurais baillé putôt un chinfreneau, D'un bon coup d'aviron sur la tête. Parsonne N'me fait peur. Je m'gol arg' de tout, moi. J'en avons bien vu d'autre. Et j'li veux dire, moi. Je m'ris d'queuq'vent qui souffle, Et j'm'en vas à ta tante en lâché quatre mots, Laisse faire. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_laramee *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_laramee Je viens vous avertir, Monsieur, qu'ici pour vous Il ne fait pas fort bon. Dans un moment doivent ici descendre Douze Hommes à cheval, commandés pour vous prendre. Ils ont dépeint vos traits à ceux qui me l'ont dit, Songez à vous. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_gusman *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gusman Et la raison encor ? Dis-moi, je te conjure, D'où te vient une peur de si mauvais augure ? Ton maître là-dessus t'a-t-il ouvert son cœur ? T'a-t-il fait remarquer pour nous quelque froideur, Qui d'un départ si prompt... Quoi, ton maître ferait cette tache à sa gloire ? Il trahirait Elvire, et d'un crime si bas... Hélas ! Ni d'un si lâche tour l'infamie éternelle, Ni de sa qualité... Tant de voeux... Mais ne songe-t-il pas à l'hymen qui l'engage ? Croit-il le pouvoir rompre ? S'il est ce que tu dis, le moyen de connaître, De tous les scélérats, le plus grand, le plus traître ? Le moyen de penser qu'après tant de serments, Tant de transports d'amour, d'ardeurs, d'empressements, De protestations des plus passionnées, De larmes, de soupirs, d'assurances données, Il ait réduit Elvire à sortir du couvent, À venir l'épouser, et tout cela, du vent ? Quoi, le Ciel ni l'Enfer n'ont rien qui l'épouvante ? Quel abominable homme ! Que ne le quittes-tu ? Ne t'en mets point en peine. Ne crains rien. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_sganarelle *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_sganarelle Quoi qu'en dise Aristote, et sa docte Cabale, Le Tabac est divin, il n'est rien qui l'égale. Et par les fainéants, pour fuir l'oisiveté, Jamais amusement ne fut mieux inventé. Ne saurait-on que dire, on prend la tabatière, Soudain à gauche, à droit, par devant, par derrière, Gens de toutes façons, connus et non connus, Pour y demander part, sont les très bien venus. Mais c'est peu qu'à donner instruisant la jeunesse, Le tabac l'accoutume à faire ainsi largesse. C'est dans la médecine un remède nouveau ; Il purge, réjouit, conforte le cerveau, De toute noire humeur promptement le délivre, Et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre. Ô tabac, ô tabac, mes plus chères amours ! Mais reprenons un peu notre premier discours. Si bien, mon cher Gusman, qu'Elvire ta Maîtresse, Pour Don Juan mon maître a pris tant de tendresse, Qu'apprenant son départ, l'excès de son ennui L'a fait mettre en campagne, et courir après lui ? Le soin de le chercher est obligeant sans doute, C'est aimer fortement, mais tout voyage coûte, Et j'ai peur, s'il te faut expliquer mon souci, Qu'on l'indemnise mal des frais de celui-ci. Je n'en sais point les causes. Mais, Gusman, à peu près je vois le train des choses, Et sans que Don Juan m'ait rien dit de cela, Tout franc, je gagerais que l'affaire va là. Je pourrais me tromper, mais j'ai peine à le croire. Il est trop jeune encor, il n'oserait. La raison en est belle. Sa qualité ! C'est là ce qui l'arrêterait. Rien pour lui n'est trop chaud ni trop froid. Voeux, serments, sans scrupule il met tout en usage. Hé, mon pauvre Gusman, Tu ne sais pas encor quel homme est Don Juan. Il s'embarrasse peu de pareilles affaires. Ce sont des tours d'esprits qui lui sont ordinaires ; Et si tu connaissais le pèlerin, crois-moi, Tu ferais peu de fond sur le don de sa foi. Ce n'est pas que je sache avec pleine assurance, Que déjà pour Elvire il sait ce que je pense. Pour un dessein secret en ces lieux appelé, Depuis son arrivée il ne m'a point parlé ; Mais par précaution je puis ici te dire, Qu'il n'est devoirs si saints dont il ne s'ose rire ; Que c'est un endurci dans la fange plongé, Un chien, un hérétique, un turc, un enragé ; Qu'il n'a ni foi ni loi ; que tout ce qui le tente... Bon, parlez-lui du Ciel, il répond d'un soeuris. Parlez-lui de l'Enfer, il met le Diable au pis ; Et parce qu'il est jeune, il croit qu'il est en âge, Où la vertu sied moins que le libertinage. Remontrance, reproche, autant de temps perdu. Il cherche avec ardeur ce qu'il voit défendu, Et ne refusant rien à Madame Nature, Il est ce qu'on appelle un Pourceau d'Épicure. Ainsi ne me dis point, sur sa légèreté, Qu'Elvire par l'hymen se trouve en sûreté, C'est peu pour bon contrat qu'il en ait fait la femme, Pour en venir à bout, et contenter sa flamme, Avec elle au besoin, par ce même contrat, Il aurait épousé toi, son chien et son chat. C'est un piège qu'il tend partout à chaque belle ; Paysanne, bourgeoise, et dame et demoiselle, Tout le charme, et d'abord pour leur donner leçon, Un mariage fait lui semble une chanson. Toujours objets nouveaux, toujours nouvelles flammes ; Et si je te disais combien il a de femmes, Tu serais convaincu que ce n'est pas en vain Qu'on le croit l'épouseur de tout le genre humain. Et plus qu'abominable. Il se moque de tout, ne craint ni Dieu ni Diable ; Et je ne doute point, comme il est sans retour, Qu'il ne soit par la foudre écrasé quelque jour. Il le mérite bien, et s'il te faut tout dire, Depuis qu'en le servant je souffre le martyre, J'en ai vu tant d'horreurs, que j'avoue aujourd'hui, Qu'il vaudrait mieux cent fois être au Diable qu'à lui. Le quitter ! Comment faire ? Un grand Seigneur méchant est une étrange affaire. Vois-tu, si j'avais fui, j'aurais beau me cacher, Jusque dans l'Enfer même il viendrait me chercher. La crainte me retient, et ce qui me désole, C'est qu'il faut avec lui faire souvent l'idole, Louer ce qu'on déteste, et de peur du bâton, Approuver ce qu'il fait, et chanter sur son ton. Je crois dans ce palais le voir qui se promène, C'est lui. Prends garde au moins... Je t'ai conté sa vie un peu légèrement. C'est à toi là-dessus de te taire ; autrement... Vous avez fort bien cru, c'était lui-même. Il est un peu surpris de ce que sans rien dire Vous avez pu si tôt abandonner Elvire. Moi ? Rien du tout, ce n'est point mon affaire. Je crois, sans trop juger en bête, Que vous avez encor quelque amourette en tête. Oui. Eh mon Dieu ! J'entrevois d'abord ce qui s'y passe. Votre cœur n'aime point à demeurer en place, Et sans lui faire tort sur la fidélité, C'est le plus grand coureur qui jamais ait été. Tout est de votre goût, brune ou blonde, n'importe. Hé monsieur... Sans doute ; il est aisé de voir Que vous avez raison si vous voulez l'avoir ; Mais si, comme on n'est pas bon juge dans sa cause, Vous ne le vouliez pas, ce serait autre chose. En ce cas je vous dis très sérieusement, Qu'on trouve fort vilain qu'allant de belle en belle, Vous fassiez vanité partout d'être Infidèle. Vous êtes libéral. Comme vous débitez ! Ma foi, je vous admire. Votre langue... À vous dire ? Moi ? J'ai... mais que dirais-je ? Rien, Car quoi que vous disiez, vous le tournez si bien, Que sans avoir raison, il semble à vous entendre, Qu'on soit quand vous parlez, obligé de se rendre. J'avais pour disputer des raisons dans l'esprit... Je veux une autre fois les mettre par écrit. Avec vous sans cela je n'aurais qu'à me taire, Vous me brouilleriez tout. Mais, Monsieur, par hasard, me serait-il permis De vous dire qu'à moi, comme à tous vos amis, Votre genre de vie un tant soit peu fait peine ? Fort bonne, assurément ; mais enfin... quelquefois... Par exemple, vous voir marier tous les mois. Il est vrai, je conçois cela fort agréable ; Et c'est, si sans péché j'en avais le pouvoir, Un divertissement que je voudrais avoir. Mais sans aucun respect pour les plus saints mystères... On doit craindre le Ciel, et jamais Libertin N'a fait encor, dit-on, qu'une méchante fin. Oh, ce n'est pas à vous que j'en fais, Dieu m'en garde, J'aurais tort de vouloir vous donner des leçons. Si vous vous égarez, vous avez vos raisons ; Et quand vous faites mal, comme c'est l'ordinaire, Du moins vous savez bien qu'il vous plaît de le faire. Bon cela ; mais il est certains Impertinents, À droit de fort esprit hardis, entreprenants, Qui sans savoir pourquoi, traitent de ridicules Les plus justes motifs des plus sages scrupules, Et qui font vanité de ne trembler de rien, Par l'entêtement seul que cela leur sied bien. Si j'avais par malheur un tel maître ; âme crasse, Lui dirais-je tout net, le regardant en face, "Osez-vous bien ainsi braver à tous moments Ce que l'Enfer pour vous amasse de tourments ? Un rien, un mirmidon, un petit ver de terre, Au Ciel impunément croit déclarer la guerre ? Allez, malheur cent fois à qui vous applaudit. C'est bien à vous (Je parle au maître que j'ai dit) À vouloir vous railler des choses les plus saintes, À secouer le joug des plus louables craintes. Pour avoir de grands biens et de la qualité, Une perruque blonde, être propre, ajusté, Tout en couleur de feu, pensez-vous (Prenez garde. Ce n'est pas vous au moins que tout ceci regarde.) Pensez-vous en avoir plus de droit d'éclater Contre les vérités dont vous osez douter ? De moi, votre valet, apprenez, je vous prie, Qu'en vain les libertins de tout font raillerie ; Que le Ciel tôt ou tard pour leur punition..." Ça voyons. De quoi serait-il question ? Et n'y craignez-vous rien pour ce Commandeur mort ? D'accord. On ne peut rien de mieux, et s'il osait s'en plaindre, Il aurait tort, mais... Ses parents sont à craindre. Ah ! Monsieur. C'est là le prendre comme il faut. Vous faites bien. Sottise ; il n'est rien tel que de se satisfaire. La méchante âme ! Savais-je que si tôt vous la verriez paraître ? Je le dirai ? Fort bien. Moi ? S'il vous plaît, Monsieur je ne sais rien. Vous vous moquez, Monsieur. Je n'ai rien à répondre. Et bien, allons tout doux. Madame... Monsieur. Madame, un autre monde avec quelque autre chose, Comme les conquérants, Alexandre, est la cause Qui nous a fait en hâte, et sans vous dire adieu, Décamper l'un et l'autre, et venir en ce lieu. Voilà pour vous, Monsieur, tout ce que je puis faire. Se peut-il qu'il résiste, et que rien ne l'étonne ! Monsieur... Il ne dit mot, il rêve, et les yeux sur les siens... Hélas ! Si le remords le pouvait prendre. Le détestable ! À quel maître maudit Malgré moi si longtemps mon malheur m'asservit ! Ah, Monsieur, je frémis à vous entendre dire. Quoi, des bras de la mort quand le Ciel nous retire, Au lieu de mériter par quelque amendement, Les bontés qu'il répand sur nous incessamment ; Au lieu de renoncer aux folles amourettes, Qui déjà tant de fois... Paix, Coquin que vous êtes. Monsieur sait ce qu'il fait, et vous ne savez, vous, Ce que vous dites. Qu'est-ce ? Assurément. Autre pièce nouvelle. Il n'a garde. Très fort. Ne craignez rien, allez. Il vous épousera cent fois si vous voulez. J'en réponds. Monsieur, laissez-là Ce pauvre Diable ; à quoi peut servir de le battre ? Vous voyez bien qu'il est obstiné comme quatre. Va, mon pauvre garçon, va-t-en, retire-toi, Et ne lui dis plus rien. Peste, soit du maroufle. Ah, ah. Voici l'autre. Je plains votre innocence, Pauvres jeunes brebis, qui pour trop croire un fou, Vous-mêmes vous jetez dans la gueule du loup. Croyez-moi toutes deux, ne soyez point si promptes À vous laisser ainsi duper par de beaux contes. Songez à vos oisons, c'est le plus assuré. Mon Maître n'est qu'un fourbe, et tout ce qu'il débite, Fadaise, il ne promet que pour aller plus vite. Parlant de mariage, il cherche à vous tromper. Il en épouse autant qu'il en peut attraper, Et... Cela n'est pas vrai ; si l'on vient vous le dire, Répondez hardiment qu'on se plaît à médire, Que mon maître n'est fourbe en aucune action, Qu'il n'épouse jamais qu'à bonne intention ; Qu'il n'abuse personne, et que s'il dit qu'il aime..., Ah ! Tenez, le voilà, sachez-le de lui-même. Le monde est si plein, Monsieur, de médisants, Que comme on parle mal surtout des courtisans, Je leur faisais entendre à toutes deux pour cause, Que si quelqu'un, de vous leur disait quelque chose, Il fallait n'en rien croire, et que de suborneur... Oui, mon maître est un homme d'honneur ; Je le garantis tel. Ce seront des bêtes, Ceux qui tiendront de lui des discours malhonnêtes. Ah ! Monsieur, sauvons-nous. Pourquoi s'aller perdre à crédit ? Tirons-nous promptement, Monsieur. Moi, Monsieur ? Monsieur, vous vous moquez. Comment ? Sous vos habits M'aller faire tuer ? Serviteur à la gloire. Ô Ciel, fais qu'aujourd'hui, Sganarelle en fuyant ne soit pas pris pour lui. Avouez qu'au besoin j'ai l'imaginative Aussi prompte d'aller que personne qui vive. Votre premier dessein n'était point à propos. Sous ce déguisement j'ai l'esprit en repos. Après tout, ces habits nous cachent l'un et l'autre Beaucoup mieux qu'on n'eût pu me cacher sous le vôtre ; J'en regardais le risque avec quelque souci. Tout franc ! Il me choquait. Il vient d'un médecin qui l'avait mis en gage. Quoique vieux, j'ai donné de l'argent pour l'avoir. Mais, Monsieur, savez-vous quel en est le pouvoir ? Il me fait saluer des gens que je rencontre, Et passer pour docteur partout où je me montre. Ainsi qu'un habile homme on me vient consulter. Mon savoir va bientôt éclater. Déjà six paysans, autant de paysannes, Accoutumés sans doute à parler à des ânes, M'ont sur différents maux demandé mon avis. Moi ? Pas trop. Sans m'étonner, de l'habit que je porte J'ai soutenu l'honneur, et raisonné de sorte, Que sur mon ordonnance aucun d'eux n'a douté Qu'il n'eût entre les mains un trésor de santé. Ma foi, j'ai ramassé beaucoup d'impertinences. Mêlé café, opium, rhubarbe, et caetera. Tout par drachme, et le mal aille comme il pourra. Que m'importe ? Et si, pour vous faire mieux rire, Par hasard (car enfin quelquefois, que sait-on ?) Mes malades venaient à guérir ? Où, jusqu'où vous poussez votre humeur libertine ! Je ne vous croyais pas impie en Médecine. Quoi Pour un art tout divin vous n'avez point de foi ? Le café, le séné, ni le vin émétique... Vous êtes hérétique, Monsieur. Songez-vous bien quel bruit depuis un temps, Fait le vin émétique ? Ses miracles partout ont vaincu les scrupules. Leur force a converti jusqu'aux plus incrédules ; Et sans aller plus loin, moi qui vous parle, moi, J'en ai vu des effets si surprenants... Tout peut être nié, si la vertu se nie. Depuis six jours un homme était à l'agonie, Les plus experts docteurs n'y connaissaient plus rien, Il avait mis à bout la médecine. Recours à l'émétique. Il en prend pour leur plaire. Soudain... Au contraire, Il en meurt. Comment ? Depuis six jours il ne pouvait mourir, Et dès qu'il en a pris, le voilà qui trépasse. Vit-on jamais remède avoir plus d'efficace ? Il est vrai, cet habit Sur le raisonnement m'inspire de l'esprit, Et si sur certains points où je voudrais vous mettre, La dispute... Errez en Médecine autant qu'il vous plaira, La seule faculté s'en scandalisera ; Mais sur le reste, là, que le cour se déploie. Que croyez-vous ? Bon. Parlons doucement, et sans nous échauffer. Le Ciel ? C'est fort bien dit. L'Enfer ? Il n'est pas nécessaire, De vous expliquer mieux, votre réponse est claire. Malheur si l'esprit fort s'y trouvait oublié. Voilà ce que vous sert d'avoir étudié, Temps perdu. Quant à moi, personne ne peut dire Que l'on m'ait rien appris, je sais à peine lire, Et j'ai de l'ignorance à fond ; mais franchement, Avec mon petit sens, mon petit jugement, Je vois, je comprends mieux ce que je dois comprendre, Que vos livres jamais ne pourraient me l'apprendre, Ce monde où je me trouve, et ce soleil qui luit, Sont-ce des champignons venus en une nuit ? Se sont-ils faits tout seuls ? Cette masse de pierre, Qui s'élève en rocher, ces arbres, cette terre, Ce Ciel planté là-haut, est-ce que tout cela S'est bâti de soi-même ? Et vous, seriez-vous là, Sans votre père, à qui le sien fut nécessaire, Pour devenir le vôtre ? Ainsi de père en père, Allant jusqu'au premier, qui veut-on qui l'ait fait, Ce premier ? Et dans l'Homme, ouvrage si parfait, Tous ces os agencés l'un dans l'autre, cette âme, Ces veines, ce poumon, ce cour, ce foie... Oh, Dame, Parlez à votre tour comme les autres font. Je ne puis disputer si l'on ne m'interrompt. Vous vous taisez exprès, et c'est belle malice. Mon raisonnement est, Monsieur, quoi qu'il en soit, Que l'Homme est admirable en tout, et qu'on y voit Certains ingrédients, que, plus on les contemple, Moins on peut expliquer, d'où vient que... Par exemple, N'est-il pas merveilleux que je sois ici, moi, Et qu'en la tête, là, j'aie un je-ne-sais-quoi, Qui fait qu'en un moment, sans en savoir la cause, Je pense, s'il le faut, cent différentes choses, Et ne me mêle point d'ajuster les ressorts Que ce je-ne-sais-quoi fait mouvoir dans mon corps ? Je veux lever un doigt, deux, trois, la main entière, Aller à droit, à gauche, en avant, en arrière... Voilà ce qu'il nous faut, Monsieur, pour raisonner. Vous n'êtes point muet en voyant une belle. Vraiment. Vous devriez déjà l'être allé demander. C'est comme il vous les faut. Ô ma pauvre innocente ! Où son mal lui tient-il ? Est-ce à la rate ? Au foie ? Voyons. Le cas n'est point douteux. Mariez-vous, il faut vous mettre deux ensemble ; Sinon ; il vous viendra mal encombre. Un mal Qui confirme en six mois l'humide radical ; Mal terrible, astringent, vaporeux. Mais surtout qui s'augmente au couvent. Et par un bon Contrat. Ce n'est point à demi que Monsieur fait les choses. Il est fort charitable. Voyez, se marier pour vous ôter l'ennui D'être Religieuse ; attendez tout de lui. C'est une bagatelle, Que ce qu'il vous promet. Sa bonté naturelle Va si loin, qu'il est prêt, pour faire trêve aux coups D'épouser, s'il le faut, votre Tante avec vous. En effet, Quand une chose est faite, elle n'est pas à faire. Il est de bonne foi. Vos écus sont pour lui des beautés peu touchantes. Ma foi, c'en était fait sans cela. Vous ne savez pas bien, Madame, qui nous sommes. Oui ; j'ai certain cataplasme, Qui posé, lorsqu'on tombe en suffocation, Facilite aussitôt la respiration. Je le crois. La plupart des plus grands Médecins Ne sont bons qu'à venir visiter des bassins ; Mais pour moi qui vais droit au souverain Dictame, Je guéris de tous maux, et je voudrais, Madame, Que votre Asthme vous tînt du haut jusques au bas, Trois jours mon Cataplasme, il n'y paraîtrait pas. Je parle hardiment, mais ma parole est sûre. Demandez à Monsieur. Outre l'asthme, il avait Un Bolus au côté qui toujours s'élevait. Du Diaphragme impur l'humeur trop réunie Le mettait tous les ans dix fois à l'agonie. En huit jours, je vous ai balayé tout cela, Nettoyé l'impur, et... Regardez, le voilà Aussi frais, aussi plein de vigueur énergique, Que s'il n'avait jamais eu tache d'Asthmatique. Ça, voyons votre pouls. Il est intermittent ; La palpitation du poumon s'y dénote. Votre langue. Elle n'est pas tant sotte. En dessous, levez-là. L'Asthme y paraît marqué. Ah, si mon cataplasme était vite appliqué... Tout droit sur la partie, Où la force de l'asthme est le plus départie. Comme l'obstruction se fait de ce côté, Il faut, autant qu'on peut, la mettre en liberté ; Car selon que d'abord la chaleur restringente A pu se ramasser, la partie est souffrante, Et laisse à respirer le conduit plus étroit. Or est-il que le chaud ne vient jamais du froid. Par conséquent, sitôt que dans une famille, Vous voyez que le mal prend cours... Ne différez jamais. À vous cataplasmer commencez de bonne heure. En quel lieu faites-vous ici votre demeure ? Dans trois heures d'ici, Prenez dans un ouf frais de cette poudre-ci, Et du reste du jour ne parlez à personne. Voilà jusqu'à demain ce que je vous ordonne, Je ne manquerai pas à me rendre chez vous. Qu'en dites-vous, Monsieur ? M'érigeant en docteur, j'ai là fort à propos, Pour amuser la tante, étalé de grands mots. Laissez faire. J'ai servi quelque temps chez un apothicaire. S'il faut jaser encor, je suis médecin né. Mais ce tabac en poudre à la vieille donné ? Quoi, Monsieur, vous l'y viendrez attendre ? Et de là, vous, l'épouseur banal, Vous irez lui passer un écrit nuptial. Quel diable de métier ! Toujours femme sur Femme ! Je ne vous comprends pas. Mille Gens, dont je vois partout qu'on se contente, En ont souvent trop d'une, et vous en prenez trente ! Pourquoi ? Vous en feriez un Sérail. Mais je tremble. Quel cliquetis ? Monsieur, ah ! Voilà l'humeur de l'homme. Où s'en va-t-il courir ? S'aller faire échiner sans qu'il soit nécessaire. Quels grands coups il allonge ! Il faut le laisser faire. Le plus sûr cependant est de m'aller cacher. S'il a besoin de moi, qu'il vienne me chercher. Qui va là ? Tout à l'heure. Ah, c'est vous. J'étais allé, Monsieur, ici près, d'où j'arrive. Cet habit est, je crois, de vertu purgative ; Le porter, c'est autant qu'avoir pris... D'un vaillant homme mort la gloire se publie ; Mais j'en fais moins de cas que d'un Poltron en vie. Non. Un frère ! Tout de bon ? Ah, Monsieur, il me semble, Qu'en rendant un peu plus de justice à sa soeur... Vous pourriez bien alors, Monsieur, être pendu. Je vous entends, il serait plus honnête, Pour vous mieux ennoblir, qu'on vous coupât la tête ; Mais c'est toujours mourir. Bon, et c'est le tombeau Où votre Commandeur, qui pour lui le fit faire, Grâce à vous, gît plus tôt qu'il n'était nécessaire. Pourquoi cette civilité ? Laissons-le là, Monsieur ; aussi bien il me semble Que vous ne devez pas être trop bien ensemble. Ah ! Que ce marbre est beau ! Ne lui déplaise, Il s'est là, pour un Mort, logé fort à son aise. Voyez-vous sa Statue, et comme il tient sa main ? Il me fait quasi peur. Quels regards il nous jette ! C'est pour nous obliger, je pense, à la retraite, Sans doute qu'à nous voir il prend peu de plaisir. Lui ? La prière est nouvelle. Un Mort ! Vous moquez-vous ? Le pauvre homme, Monsieur, a perdu l'appétit. J'y vais. Que faut-il que je dise ? Je ris de ma sottise, Mais mon maître le veut. Monsieur le Commandeur, Don Juan voudrait bien avoir chez lui l'honneur De vous faire un régal. Y viendrez-vous ? À l'aide. Je suis mort sans remède. La Statue... Hélas ! La Statue... Je parle, et je vous dis, monsieur, que la Statue... Sa tête... Vers moi s'est abattue. Elle m'a fait... Si je ne vous dis vrai... Vous pouvez lui parler pour en faire l'essai. Peut-être... Vous en tenez, ma foi. Voilà mes esprits forts qui ne veulent rien croire. Disputons à présent, j'ai gagné la victoire. Sortons, je vous promets, Quand je serai dehors, de n'y rentrer jamais. Quoi, là-dessus encor vous êtes incrédule, Et ce que de nos yeux, de ces yeux que voilà, Tous deux nous avons vu, vous le démentez ? Là, Traitez-moi d'ignorant, d'impertinent, de bête. Il n'est rien de plus vrai que ce signe de tête, Et je ne doute point que pour vous convertir, Le Ciel qui de l'Enfer cherche à vous garantir, N'ait rendu tout exprès ce dernier témoignage. Fort bien, Monsieur, le mieux du monde. Vous vous expliquez net, c'est là ce qui me plaît. D'autres ont des détours qu'on ne sait ce que c'est ; Mais vous, en quatre mots que vous faites entendre, Vous dites tout, rien n'est si facile à comprendre. Va savoir quand Monsieur dînera. Dépêche. Il le faut écouter. Monsieur... Vous avez tort. Eh. Oui sans doute, Vous avez très grand tort de l'avoir écouté Avec tant de douceur et tant d'honnêteté. Le chassant, au milieu de sa sotte harangue, Vous lui deviez apprendre à mieux régler sa langue. A-t-on jamais rien vu de plus impertinent ? Un Père contre un Fils faire l'entreprenant ? Lui venir dire au nez que l'honneur le convie À mener dans le monde une louable vie ? Le faire souvenir qu'étant d'un noble sang, Il ne devrait rien faire indigne de son rang ? Les beaux enseignements ! C'est bien ce qu'il doit suivre Un Homme tel que vous, qui sait comme il faut vivre. De votre patience on se doit étonner. Pour moi, je vous l'aurais envoyé promener. Peste, un créancier assomme. De quoi s'avise-t-il d'être si diligent À venir chez les Gens demander de l'argent ? Que ne lui disais-tu que Monsieur dîne en Ville ? Et bien, jusques au soir Qu'il y demeure. Vous avez en Monsieur un ami véritable, Un... Vraiment. Quand on parle de vous, il ne faut que l'entendre. Comme lui tous ses Gens ont pour vous le cour tendre, Et pour vous le montrer, ah ! Que ne nous vient-on Donner quelque nasarde, ou des coups de bâton ! Vous verriez de quel air... Allez, ne craignez rien, Vous en dût-il vingt mille, il vous les payerait bien. Fi, parler de cela ! N'avez-vous point de honte ? Ne sais-je pas que je vous dois ? Allez, Monsieur Dimanche, on vous attend chez vous. Et bien, je dois ; qui doit s'oblige. Ah ! Bon. Fi, Fi, vous dis-je. Nous en voilà défaits. Il aurait tort, comment ? Ceux qui font les fautes, qu'ils les boivent. Est-ce aux Gens comme vous à payer ce qu'ils doivent ? Ah ! Monsieur, pardonnez-moi. Monsieur ! Monsieur, encor un coup... La pauvre femme ? Cour de Tigre ! La laisser partir, sans... Et tout ce qu'elle a dit n'a point été capable... Fort bien. Ma foi, n'en riez point, rien n'est si nécessaire Que de se convertir. Voilà des Libertins l'ordinaire langage, Mais la mort... Qu'on serve. Ah bon, Monsieur, courage. Grande chère, tandis que nous nous portons bien. Rien. Ma foi, sans chercher de défaites, Je voulais voir, Monsieur, si votre cuisinier N'avait pas trop poivré ce ragoût ; le dernier L'était en diable, aussi vous n'en mangeâtes guère. Volontiers, j'y tiendrai bien ma place. Vous serez content ; de votre grâce Vous m'avez fait partir sans déjeuner, ainsi J'ai l'appétit, Monsieur, bien ouvert, Dieu merci. Quand j'ai faim je mange comme trente. Tâtez-moi de cela, la sauce est excellente. Si j'avais ce Chapon je le mènerais loin. Tout doux, petit compère, il n'en est pas besoin, Rengainez ! Vertubleu, pour lever les assiettes, Vous êtes bien soigneux d'en présenter de nettes. Et vous, Monsieur Picard, trêve de compliment, Je n'ai point encor soif. C'est bien dit. Bientôt, Monsieur, laissons travailler la mâchoire. Quand j'aurai dit trois mots à chacun de ces plats... Qui diable frappe ainsi ? Attendez, j'aime mieux l'aller dire moi-même. Ah, Monsieur ! C'est le... Je suis mort. Du faiseur de... tantôt vous pensiez vous moquer. Avancez, il est là, c'est lui qui vous demande. Si j'y vais, qu'on me pende. Ah ! Pauvre Sganarelle, où te cacheras-tu ? J'ai mangé comme un Chancre, et je n'ai plus de faim. Je ne bois jamais quand il est si matin. Je suis trop enrhumé. Moi ? Non pas. Jamais par jour je ne fais qu'un repas. Misérable ! Où me veut-il mener ? Pour cent coups de bâton que n'en suis-je dehors. Monsieur. Ah ! C'est de joie De vous voir embrasser enfin la bonne voie. Jamais encor, je crois, je n'en ai tant senti. Ah, quel plaisir ce m'est de vous voir converti ! Le Ciel a bien pour vous exaucé mon envie. Franchement vous meniez une diable de vie. Mais à tout Pécheur grâce, il n'en faut plus parler. L'Hermitage est-il loin où vous voulez aller ? Serait-ce là-bas ? Vers cet endroit sauvage... Pourquoi ? Frère Pacôme est un homme de bien, Et je crois qu'avec lui vous ne perdriez rien. Comment ? Vous ne... Monsieur, c'est... où donc allons-nous ? La retraite sera méritoire. Ah ! J'enrage. Mais l'aller chercher si loin ? Belle conversion ! Ah quel Homme, quel Homme ! Vous l'attendrai en vain, elle ne viendra pas. Tant pis. Souper avec un mort ? Tué par vous ? Et si la Belle vient, et se laisse emmener ? Mais voir une Statue et mouvante et parlante, N'est-ce pas... Mais n'étant point dévot, par quelle effronterie De la dévotion faire une momerie ? Ah quel homme, quel homme ! Qu'entends-je ? C'en est fait, Monsieur, et je le quitte, Il ne vous manquait plus que vous faire Hypocrite, Vous êtes de tout point achevé, je le vois. Assommez-moi de coups, percez-moi, tuez-moi, Il faut que je vous parle, il faut que je vous dise, Tant va la cruche à l'eau qu'enfin elle se brise ; Et comme dit fort bien en moindre ou pareil cas, Un auteur renommé que je ne connais pas, Un oiseau sur la branche est proprement l'exemple De l'Homme qu'en Pécheur ici-bas je contemple. La branche est attachée à l'arbre, qui produit, Selon qu'il est planté, de bon ou mauvais fruit. Le Fruit, s'il est mauvais, nuit plus qu'il ne profite ; Ce qui nuit, vers la mort nous fait aller plus vite ; La mort est une loi d'un usage important. Qui peut vivre sans loi, vit en brute ; et partant Ramassez, ce sont-là preuves indubitables, Qui font que vous irez, Monsieur, à tous les Diables. Ne vous rendez donc pas, Soyez damné tout seul, car pour moi je suis las... A-t-elle éternué ? La chaleur est fort bonne Pour ces sortes de maux. Il cherche à la duper, gardez qu'il ne l'emmène, C'est un fourbe. À plus d'une douzaine... Ah l'honnête Homme ! Allez, votre Fille aujourd'hui Aurait eu beau chercher pour trouver mieux que lui. Il a de l'amitié... Croyez-moi qu'une Femme Sera la bien... et puis il la fera grand'Dame. C'est le plus grand trompeur... Fort bien. Pourquoi vous défier ? Monsieur a-t-il la mine D'être un fourbe ? Voyez. Ferme chez la Cousine. Voici ma dernière heure, C'en est fait. Je suis à vos genoux, Madame la Statue, ayez pitié de nous. Détestable ! Il est englouti, je cours me rendre ermite ; L'exemple est étonnant pour tous les Scélérats ; Malheur à qui le voit, et n'en profite pas. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_commandeur *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_autres *role_commandeur Laisse-le s'en défendre, C'en est assez, je suis content de ton repas. Le temps fuit, la mort vient, et tu n'y penses pas. Peut-être une autre fois tu le voudras trop tard, Mais puis que tu veux bien en courir le hasard, Dans mon Tombeau ce soir à souper je t'engage. Promets-moi d'y venir, auras-tu ce courage ? Adieu. Je t'attends. Arrête, Don Juan. Encor un coup demeure, Tu résistes en vain. Je t'attendais ce soir à souper. Tu n'iras pas si vite, L'Arrêt en est donné ; tu touches au moment Où le Ciel va punir ton endurcissement. Tremble. Je t'ai dit dès tantôt que tu ne songeais pas Que la mort chaque jour s'avançait à grands pas. Au lieu d'y réfléchir, tu retournes au crime, Et t'ouvres à toute heure abîme sur abîme. Après avoir en vain si longtemps attendu, Le Ciel se lasse ; prends, voilà ce qui t'est dû. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_laviolette *date_1677 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_laviolette C'est Monsieur votre père. Votre marchand est là, Monsieur. Ce grand homme, Monsieur Dimanche. Vraiment oui, c'est un home à croire bien facile. Malgré ce que j'ai dit, il a voulu s'asseoir Là-dedans pour l'attendre. **** *creator_corneillet *book_corneillet_festinpierre *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_festinpierre *dist2_corneillet_verse_comedy *id_mdimanche *date_1677 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_mdimanche Je crois, Monsieur, qu'il... Cela n'est rien. Sans colère, Monsieur, une autre fois ils craindront de le faire. J'étais venu... Je suis dans mon devoir. Monsieur, je vous conjure... Je n'ai garde, Monsieur, de... Ah ! Monsieur. Comme le temps empire... Monsieur, je n'ai qu'un mot à dire. J'étais... Je suis bien. C'est pour vous obéir. Sans le besoin extrême... Oui, mieux depuis quelques mois Que je n'avais pas fait. Je suis... Je viens, Monsieur... Assez bien, Dieu merci. Je viens vous... Elle est votre servante. J'étais... C'est l'enfant gâté, Monsieur, de la maison. Je... Monsieur, je... Oui, Monsieur, on en est tout étourdi tout le jour, Je venais... À ravir. C'est pis que ce n'était, nous n'en saurions chévir ; Et quand il ne voit pas notre petite fille... Oh, je vous compte aussi Parmi ceux qui nous font... Ah ! Très humble serviteur. Vous me rendez confus. Je... C'est trop d'honneur pour moi ; mais, Monsieur, s'il vous plaît, Je viens pour... Je n'ai point mérité cette grâce. Mais... Si vous... Non, Monsieur, une affaire Me rappelle chez nous, et m'y rend nécessaire. Ah ! C'est trop de moitié. Non, Monsieur. Monsieur, j'y vais toujours. J'avais-là... Je voulais... Ah ! Monsieur. Si vous me... Ah ! Je ne le vaux pas. Mais... De civilités il est vrai qu'il m'accable, Et j'en suis si confus, que je ne sais comment Lui pouvoir demander ce qu'il me doit. Je le crois Sganarelle. Mais pour lui mille écus sont une bagatelle ; Et deux mots dits par vous... Mais vous, vous me devez aussi pour votre compte... Comment ? Si tous... Mais mon argent ? Je veux... J'entends... Mais... Je...