**** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MONSIEURDANCOURT *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdancourt Ma foi, Monsieur, il me semble que depuis quelque temps nous avons si peu de débit de la nôtre, que ce ne serait pas trop mal fait de louer la boutique. Hé ! Que vous importe, pourvu que l'Opérateur la fasse mieux valoir qu'un autre, et que le profit vous en revienne ? J'en doute aussi pour le moins autant que vous : mais il n'y a point de mal d'en faire l'expérience. Au bout du compte, que voulez-vous faire ? La meilleure partie de nos Acteurs et de nos Actrices est à Fontainebleau depuis un mois, nous n'avons pu jouer que cinq ou six Pièces, que nous avons recommencées quatre ou cinq fois chacune ; pensez-vous que cela soit fort agréable au public, et qu'il ne paraisse pas là-dedans une négligence qui fait aussi qu'on nous néglige. Non : mais on connaîtra du moins que le petit nombre d'Acteurs qui demeure à Paris, se donne du soin pour plaire ; et ce petit nombre ne pouvant suffire par lui-même à jouer de certaines Pièces anciennes ou nouvelles, on ne peut que nous savoir gré de laisser Monsieur l'Opérateur Barry donner une espèce de nouveauté, qui sera peut-être moins mal reçue que nous ne pensons l'un et l'autre. Et malgré Mademoiselle de Chanvallon, surtout, elle s'était habillée pour jouer la Paysanne du Médecin malgré lui. La voilà aux prises avec Monsieur Barry, laissons-les faire, ils ont aussi bonne tête et aussi bonne langue l'un que l'autre, et la Scène naturelle qu'ils vont nous donner, vaudra peut-être mieux que si elle était étudiée. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MONSIEURLECOMTE *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurlecomte Holà, hé, Champagne ? La France ? Quelqu'un ? Monsieur Dufort ? Qu'est-ce que c'est donc que cette décoration-là ? Un Opérateur sur notre Théâtre ! Se moque-t-on de nous ? Ah vous voilà, Monsieur Dancourt ! Est-ce de votre ordonnance que les Opérateurs viennent vendre leurs marchandises dans notre Hôtel ? Oui, mais de la louer à un Opérateur, ce serait une chose ridicule, ne vous en déplaise ; et je ne sache rien de plus déshonorant pour la Comédie. C'est de quoi je doute, qu'il la fasse bien valoir. Mais cette négligence apparente, Monsieur, prétendez-vous la réparer avec une Farce d'Opérateur, une Dame Gigogne, un Gille, un Gautier-Garguille, un Capitan ? Oh bien, Monsieur, l'Opérateur me révolte, je vous l'avoue, et je vous déclare que c'est malgré moi… **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MADAMEDECHANVALLON *date_1702 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamedechanvallon Vous sortirez, Monsieur, vous sortirez. Que voulez-vous dire avec votre caractère ? Est-ce que vous êtes sorcier, mon ami ? Vous en avez assez la mine ; et vos figures choquantes, et vos visages hétéroclites ne sont point faits pour ce Théâtre-ci. Ah ! Que de bruit ! N'y a-t-il pas là quelqu'un de ces Messieurs ? Qu'on fasse monter la Garde, pour mettre dehors ces originaux-là. Messieurs les babillards, je vous dévisagerai, moi, si vous ne vous taisez. Maudit harangueur, te tairas-tu ? Il y a ici nombre d'honnêtes gens, que tu étourdis de ton babil. Cet homme-là a encore plus de babil que moi, toute femme que je suis. Il n'y a pas moyen de le faire taire, il vaut mieux céder. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MONSIEURBARRY *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurbarry Non Signora, non, je ne sortirai point, mi souis un Forestier, une personne de ma profession, un homme comme mi, qui a un caractère, est bien reçu partout. Me mettre dehors, mi ? Et qui aura la hardiesse de porter la main sur la mia personna ? Mais je vois bien que c'est une bourle que l'on m'a fait, vous êtes une espionne de la Médecine, une Carabine de la Faculté, un suppôt d'Apothicaire, peut-être, payée des Médecins que ma réputation anéantit, et dont l'ignorance crasse va se dissiper à l'aspect du Soleil de la véritable médecine ; mais je ferai taire l'envie. Je parlerai si haut, qu'on m'entendra aux quatre coins de l'Univers, au Levant, au Couchant, au Midi, au Septentrion. Mi, que je me taise ? Que je me taise, mi ? Et qui parlera donc, si je ne dis mot ? Mi qui souis piou Orateur que Cicéron, piou sage que Caton, piou savant cent fois qu'Aristote, qui possède toutes les langues et tous les idiomes de la terre, le Grec, le Latin, le Syriaque, le Chaldéen, l'Arabe, l'Hébreu, le Suédois, le Laponois, l'Iroquois, le Chinois, le Tonquinois, et le Cochinchinois. Nombre d'honnêtes gens ! Bon, tant mieux, c'est ce que je cherche, et ce que j'ai tant de peine à trouver. Vous voyez, Messieurs et Mesdames, vous voyez, dis-je, le plus grand personnage du monde, un Virtuose, un Phénix pour sa profession, le Parangon de la Médecine, le successeur d'Hippocrate en ligne directe, et l'Héritier de ses Aphorismes, le scrutateur de la nature, le vainqueur des maladies, et le fléau de toutes les Facultés. Vous voyez, dis-je, de vos propres yeux, un médecin méthodique, galénique, hippocratique, pathologique, chimique, spagyrique, empirique. Je souis, Messieurs et Mesdames, ce fameux Melchisedech Barry. Comme il n'y a qu'un Soleil dans le Ciel, il n'y a aussi qu'un Barry sur terre. Il y a quatre-vingt-treize ans que je faisais du bruit de diable à Paris, n'y a-t-il personne ici qui se souvienne de m'y avoir vu ? En quel lieu de l'Univers n'ai-je point été depuis ? Quelles cures n'ai-je point faites ? Informez-vous de moi à Siam, on vous dira que j'ai guéri l'Éléphant blanc d'une colique néphrétique. Que l'on écrive en Italie, on saura que j'ai délivré la République de Raguse d'un cancer qu'elle avait à la mamelle gauche. Que l'on demande au Grand Mogol, qui l'a sauvé de sa dernière petite vérole ? C'est Barry. Qui est-ce qui a arraché onze dents machelières, et quinze cors aux pieds à l'Infante Atabalippa ? Quel autre pourrait-ce être que le fameux Barry. Mais, me direz-vous, je n'ai que faire de vos remèdes, je me porte bien ; je ne suis, Dieu merci, ni pulmonique, ni asthmatique ; je n'ai ni pierre, ni gravelle, ni fluxion, ni catarrhe, ni rhumatisme. Hé tant mieux ! Le Ciel en soit loué, c'est ce que je demande. Est-ce l'intérêt qui me fait agir ? Non, Signori, non. J'ai piou de bien que je n'en veux : mais j'ai d'autres sec rets, où le beau sexe ne sera peut-être pas insensible. Je vous apporte, Mesdames ; et quoi ? Le trésor de la beauté, le magasin des agréments, l'arsenal de l'amour. Je vous apporte de quoi pousser la beauté et la jeunesse jusques par-delà la décrépitude. Je porte avec moi un baume du Japon, qui noircit les cheveux gris, et dément les Extraits baptistaires ; une pommade du Pérou, qui rend le teint uni comme un miroir, et recrépit les trous de la petite vérole. Une quintessence de la Chine, qui agrandit les yeux, et rapproche les coins de la bouche, fait sortir le nez à celles qui n'en ont guères, et le fait rentrer à celles qui en ont trop. Enfin, un Élixir spécifique, que je puis appeler le supplément de la beauté, le réparateur des visages, et l'abrégé universel de tous les charmes qui ont été refusés par la nature. Mais, vous autres, belles Dames, vous n'avez pas besoin de mes secrets, je le sais, je le vois, ce réduit est aujourd'hui le centre des charmes et de la beauté, et je vois bien qu'il faut attendre un autre jour pour le débit de mes trésors, et me borner présentement au seul honneur de vous donner en impromptu le divertissement d'une espèce de petite Farce, telle que j'en faisais autrefois représenter assez près d'icI. Nous y joindrons un petit Ballet, où tout le monde entrera masqué. Que l'on joue seulement un petit air, pour donner le temps à mes Acteurs de se disposer pour leurs Rôles. Les chagrins, la mélancolie, Sont les plus grands maux de la vie ; Les secrets dont je les guéris, Sont les plaisirs, les jeux, les ris, Un peu d'amoureuse folie, Et l'usage des meilleurs vins, Avec cela, quel mal peut vous surprendre ? Que mes remèdes sont bénins, Et qu'ils sont faciles à prendre. Fillette, prenez un mari, Ni trop nourri, ni trop étique ; S'il ne vous guérit, joignez-y Quelque dose de favori, C'est un remède spécifique. Bois du vin, ne crains pas la rage, Ton mal n'est pas un mal nouveau ; Heureux, heureux, qui ne fait point usage de l'eau On sait que le père Silène Descendit fort vieux au tombeau ; Il eut comme toi de la haine Pour l'eau. L'Amour est le protecteur De tous les cœurs qu'il engage ; Fuir les traits est une erreur, Venez tous lui rendre hommage, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_JODELET *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jodelet Madame, Madame, visage vous-même, on ne traite point des gens comme nous de visages, afin que vous l'entendiez. Au nord, au Sud, à l'Est, à l'Ouest, entendez-vous, Madame ? Et qui outre cela sait lire et écrire, afin que vous le sachiez. Et un médecin qui fait la médecine, cela n'est pas commun. Pour peu que vous en doutiez, allez vous-mêmes sur les lieux, on vous en dira des nouvelles. C'est lui qui m'a rendu beau comme vous me voyez. Madame m'a dit de prendre garde à sa fille, qui est sa fille plus que la vôtre ; et au cas qu'elle parlât à d'autres qu'au Seigneur Spacamonte, d'écouter tout ce qu'on lui dirait. On m'a dit d'écouter ; mais je n'y entends rien. Est-ce que ce n'est pas parler que ce qu'elles disent-là ? Il faut pourtant bien qu'elles s'entendent ; car elles se répondent l'une à l'autre. J'examine leurs gestes pour tâcher de deviner quelque chose, elles ont l'esprit de ne point gesticuler. Il y a bien de la malice là-dedans. Que je suis fâché de ne savoir pas le Latin ; car c'en est là. Avec tout cela, il faut que j'aie bonne mine. Oh point du tout, Madame. Tenons-nous sur nos gardes. Il était bien nécessaire de dire cela. Oh la babillarde ! Elle me donne de l'argent, cela est bien sujet à caution. On m'attaque sérieusement. Me voilà pris comme un sot. Je n'en porte jamais, Madame. Pourquoi me donnez-vous tout cela ? Elle a un amant ? Bon, me voilà à couvert d'une médisance. Voilà un sot jeune homme, d'être si fort amoureux de cette petite vieille ! Notre Demoiselle est bien obéissante. Voilà du baragouin qui me chicane. De tout mon cœur, vous n'avez qu'à dire. Mais je ne puis guetter pour vous et pour Madame Garguille, qui m'a donné sa fille en garde. Hé bien oui, voilà un accommodement ; mais point de trahison, au moins. Oui, oui, je prendrai garde à elles-mêmes ; car je me doute de quelque manigance. Il embrasse la petite vieille, c'est à elle qu'il en veut. Oui da ! Gares, gares, gares, voici quelqu'un qui vient interrompre la conversation. Moi-même. Parce que vous êtes une friponne, qui voulez m'en donner à garder. Ah, ah ! Notre Demoiselle, vous avez la langue bien pendue ; et vous, Monsieur… Je crois que vous avez raison. Grand bien vous fasse : parlez à présent, me voilà devenu muet. Voilà deux pistoles bientôt gagnées. Ils vont s'égorger, cela sera drôle. Voilà de mauvaises liqueurs. Seigneur Spacamonte. Plus de trente fois, c'est assez d'une bonne. Le voilà qui revient. Le Capitan est un poltron. Seigneur Spacamonte, ne serez-vous pas de la noce ? Monsieur l'Opérateur, de grâce, Expliquez-moi le mal que j'ai. J'ai peur de mourir enragé, Je ne puis boire d'eau dans ma tasse, Ce serait un terrible cas ; Ah ! Sauvez-moi, je vous supplie, Des suites de ma maladie, Mais ne me la guérissez pas. Ô ! Grand merci, Monsieur Barry ; De ma ridicule crainte Me voilà désormais guéri. Je boirai pinte sur pinte, Plusieurs pintes font un barry ; Ô ! Grand merci, Monsieur Barry. Ce médisant de Pierrot Dit que Margot n'est pas sage, Moi je soutiens que Margot Est à son apprentissage, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. Si quelqu'un d'entre vous a Du penchant pour quelque belle, L'Opérateur vous dira La secret d'être aimé d'elle, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_LAFRANCE *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lafrance Monsieur. Ma foi, Monsieur, je ne sais ce que c'est. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_SPACAMONTE *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_spacamonte Je baise les pieds et les mains, et tout ce qu'on peut baiser avec bienséance au bonhomme Gautier-Garguille. Hé bien, comment vous ça va, pauvre diable ? Vous êtes vieux, attaqué de gouttes parfois, sujet aux fluxions, aux catarrhes, aux rhumatismes. Allez, mon ami, je défie la mort de vous prendre par maladies, et j'ai dessein de vous tuer à force de joie. Si vous en échappez, bonhomme, je vous tiens l'âme bien tenace. Votre bonne fortune. Vous m'avez plu, je vais devenir votre gendre. Sottise, bagatelle, vous déguisez. Je cours avertir mes parents, et les prier du festin que je vous commande de commander. Comment me tuer de chagrin ? Ah, ah, ah. Un petit mot, bonhomme : j'aurai votre fille ; la Mademoiselle Garguille, votre femme, me l'a promise. Hé donc ! Belle demande ! Et j'ai fait serment d'exterminer, fût-ce vous, le premier coquin qui aurait l'audace de s'y opposer. Cette enfant est toute ajustée, toute déguisée, pour le petit Bal qui se donne. Je vais souper à fond, puis je viendrai la prendre, et nous épouserons immédiatement après la danse : n'est-ce pas votre avis ? Oui, certes. Hé ! Cadédis, sans doute. Je suis ravi de vous trouver sage. Si vous cessiez de l'être, je vous réduirais. Sans adieu, beau-père. L'usage qu'on fait de l'eau, Cause rhume et pourriture ; Mais celui du vin nouveau, Ture lure, Empêche la morfondure, Robin ture lure lure. Ah ! Bon soir ma Divinité. Oh ! Vous voyez un Gentilhomme assez bien nourrI. Oh ! Quand nous serons mari et femme, je donne au diable la famille, si vous mourez de faim ni de soif. Oh ! Oh, sandis, quand je sors de table, je suis toujours rangé de même. Ho ! C'est que j'en ai bu. Hé donc, n'allons-nous pas au Bal ? Je viens vous prendre. Avec qui donc ? Ne craignez pas d'être pressée ; quelque grande que soit la foule, d'un seul hoquet, oh, je fais faire place. Cette odeur vous déplaît ? Il faut la corriger. Je suis complaisant : allons rasade d'eau de vie. J'aime les liqueurs, c'est ma folie : il y en a dans ce cabinet, vous allez voir comme je sable. Je sais où elle est, j'en trouverai bien, laissez-moi faire. Il porte une épée. Est-ce que je ne le vois pas bien ? Hé, que diable est-ce que je porte donc moi ? Ami Jodelet ? Tu vois cet enfant, il abuse du mépris que je fais de luI. Pour peu que j'eusse le vin furieux, je l'aurais déjà tué plus de trente fois. Le petit bélître ! Il porte une épée, je me veux munir d'une canne. Foin, j'ai laissé mes pistolets. Petit badin, fi donc, je ne puis souffrir les rencontres, et ne me bats qu'en rendez-vous. À demain, entendez-vous ? À demain. Oh ! Cadedis, je vous en défie, je n'ai que trop d'honneur. On peut m'en ôter sans qu'il y paraisse. Ah ! Je suis mort. Petit jeune homme, on ne bat point à terre ; observez les règles du point d'honneur. Oh ! Diablezot. La peste m'étouffe si j'en fais rien : je couche ici. Je me promène. Par amusement. Il fait l'exercice, et je lui montre son métier. C'est là le fait. Oh ! Sans rancune, petit bonhomme, je suis humain, je vous la cède : ces pauvres amants me font pitié. Oh ! De grand cœur : je n'ai point de fiel, et bien en prend à l'Univers que je sois aussi bon que brave. Allons, enfants, que le Bal commence, et qu'on laisse entrer tous les Masques. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MOSTELIN *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mostelin Hé bien, ma chère Zerbinette, tu viens de parler au père de l'adorable Isabelle ? Il est de tes amis apparemment ? Tu devais bien hasarder de lui dire quelque chose en ma faveur. Ma timidité est aussi forte, que mon amour ; l'un combat ce que m'inspire l'autre. J'ai besoin de tes conseils pour me déterminer, et de ton adresse pour devenir heureux. L'Amour me défend ce que tu m'ordonnes. L'Amour est plus fort que la raison. Mais, Zerbinette… Je t'obéis aveuglément. Que je sens de trouble et d'agitation, et que l'amour est parfaitement le maître de mon cœur ! Que je te suis redevable, ma chère Zerbinette, d'en avoir fait naître l'occasion. Adorable Isabelle, mes yeux vous ont cent fois parlé de mon amour, avez-vous daigné les entendre ? Ma bouche oserait-elle vous le déclarer ? Et souffrirez-vous à mon cœur l'espoir de vous rendre sensible ? Écoute, mon pauvre Jodelet, il y a du temps que nous nous connaissons ; tiens, voilà deux pistoles pour boire : on ne te paiera pas si bien pour nous trahir, que je te paierai pour nous rendre service. Me cacher pour ce faquin-là ? Cette raison me détermine. Mon beau Capitaine, sortez de votre étonnement. J'aime Isabelle, et j'en suis aimé. Si vous n'êtes pas content de me trouver enfermé dans son cabinet, je porte une épée, entendez-vous ? Je porte une épée. Monsieur, Monsieur le fanfaron, vous vous exhalez en mauvais discours : mais je sais les moyens de les faire finir. Allons, Monsieur, l'épée à la main. Vous n'échapperez pas, défendez-vous, ou je vous déshonorerai. C'est trop perdre de temps, allons. Levez-vous donc, que je vous tue. Il faut vous expliquer la chose, Monsieur. Je suis aimé de votre fille, je sais que ce fanfaron en est amoureux, et je lui veux ôter la vie s'il ne cesse de me la disputer. L'Opérateur Monsieur Barry Est mon Médecin favori ; Avec les secrets qu'il débite, Il n'est point de maux qu'on évite. L'Opérateur Monsieur Barry Est mon Médecin favori. Jeunes et tendres galants Que père ou mère inquiète, Ayez recours aux talents De l'aimable Zerbinette, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_ZERBINETTE *date_1702 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_zerbinette Ah, buon di, buon di, Signor Garguille, dèh come sta Vossignoria, Francesè ? Volontieri ; che volete da me ? Son tutt' al vostro servitio. Signor, no. Signor, sì. Si e no, no e sì , conform'a l'occasione. Voilà qui est fait, Sarete contento. De quoi s'agit-il ? O che gioia ! Che gusto ! Ce n'est pas à vous, c'est à moi que je parle. Vous avez raison. Et qui est ce mari qui ne vous plaît pas ? Ohime, che bruta bestia ! Cela ne vous regarde pas, c'est une réflexion. En français ou autrement, je vous réponds que si vous voulez me laisser faire, le Capitan Spacamonte n'épousera point votre fille. Assurément. Faites-moi parler à elle. La conjoncture est admirable, et je serai bien aise que cela me donne occasion de passer avec votre fille toute la soirée. La fortune se déclare pour ce pauvre garçon, qui m'est tantôt venu faire confidence de la passion qu'il a pour isabelle. Pour peu que je me mêle de cette affaire, l'amour sera bientôt de notre parti ; et la fortune, moi et l'amour, nous faisons une assez bonne petite société. Venez, venez, Seigneur Mostelin, J'ai de bonnes nouvelles à vous apprendre. Comment ! Vous n'êtes pas amoureux de lui, peut-être ? C'est sa fille à qui vous en voulez ; c'est à elle à qui il faut s'adresser. Ni mes conseils, ni mon adresse ne vous manqueront pas dans le besoin. Je vais commencer par vous ménager un entretien avec Isabelle. Je dois passer la soirée avec elle, hasardez de lui écrire pour me donner l'occasion de lui parler. Elle va venir ici, allez-vous-en. La raison vous commande ce que l'Amour vous défend. Que la raison triomphe à présent, l'Amour triomphera tantôt. Voilà avec elle un coquin de valet, qui est l'espion de sa mère ; retirez-vous, et me laissez prendre langue. Adieu. Je vous rendrai service de même. Et moi, Madame, je ne vous conseillerai rien que vous n'ayez envie de faire. Je le défierai bien de nous entendre, ne vous mettez pas en peine. Signora amabile ! Sapete la lingua Italiana ? La parlate un poco ? Tanto meglio ; quest' animalaccio non intenderà i nostri discorsi. Con tanta belleza e tante gratie, portate voi nel petto un cuor insensibile ? O benissimo pensato. Deh, qual è l'ogetto delle vostra antipatia. Questo non sarà. Vi dispiacerebbe ch' un altro amante v'insegnasse à far del vostro cuore quell'uso al quale lo credete destinato ? Si questo Amante vi scrivesse, neghereste di leggere la sua lettera ? Deh, quali consigli vorreste ch' io vi dessi ? Vi daro quelli medesimi che desiderate, mà bisognerebbe fare entrare quel Baronaccio di spia ne' nostri interreI. Con lusinghe e denari si viene à capo d'ogni cosa mà veramente. Je ne m'apercevais pas que nous avions auprès de nous un jeune homme, tout des plus beaux et des mieux faits. Hé ! Où avais-je les yeux ? C'est quelqu'un de vos parents, apparemment ? Monsieur votre frère, peut-être ? Qu'il paraît avoir d'esprit et de politesse ! Qui est ce jeune Monsieur-là, Madame ? Je vous prie. Un domestique ! Ah vraiment il sentira les effets de ma libéralité. Tenez, mon ami, voilà un écu, pour avoir un chapeau. Et puis en voilà un autre pour des gants. Celui-ci pour des nœuds ce cravates. Et cette pistole est pour des chemises. C'est à moi qu'elle s'adresse, donne. Elle est d'un amant, d'un certain jeune homme de par le monde. Ah ! Je n'ai pas sur moi mes lunettes. Holà, petit garçon, on attend la réponse, n'est-ce pas ? Comment faire ? Ma belle Dame, faites-moi l'amitié de la lire tout haut, je vous prie, il n'y a rien dedans qui ne se puisse voir. C'est un garçon fort respectueux. Questa lettera è por Vossignoria. Un million de choses ? Cela est curieux, il faut les savoir : qu'il vienne nous les dire. Vous le voulez bien, Madame ? Va, petit garçon, va dire à ton maître qu'il peut venir, et qu'il se dépêche. Non lo credo. Non vi mettete in pena, e lasciate fare a mi. Mon cher ami, rendez-moi un service. J'ai un frère brutal qui me tuerait, s'il me soupçonnait de quelque intrigue, et je serais perdue si quelqu'un me voyait avec ce jeune homme-ci : faites un peu le guet, je vous prie, et m'avertissez en cas que quelqu'un vienne. Guettez pour moi, je guetterai pour vous, et nous nous rendrons ainsi service l'un à l'autre. Non, non, prenez bien garde de votre côté. Et vous n'aviez point encore deviné ce que cela veut dire ? On va vous expliquer vos doutes. Approchez, Seigneur Mostelin, et ne craignez point de faire éclater les tendres sentiments que vous avez pour cette charmante personne. Hé qui ? Hé pourquoi ? Ah ! Voilà le Capitan Spacamonte, il est si ivre, qu'il ne se peut soutenir. Ce n'est pas pour lui, c'est pour elle. Entrez vite. Hé ! Comme vous voilà fait, Seigneur Spacamonte ? Rasade d'eau-de-vie ! Voilà un beau correctif. C'est le meilleur parti, vous avez raison. Seigneur Gautier-Garguille, profitez de l'absence de votre femme. Vous voilà défait du Capitan, prenez au plus vite cet autre gendre, et que Madame Garguille trouve le mariage fait quand elle reviendra. Dieu vous garde, Monsieur l'Empirique, Toute la nuit Margot n'a fait qu'un cri : Ah ! Que vous auriez de la pratique, Et de chalandise, si Vous lui donniez en bon ami Un remède pour sa colique. Au sortir de son printemps Femme de joli visage, Quoiqu'elle ait passé trente ans Est encore dans le bel âge, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_ISABELLE *date_1702 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_isabelle Je vous suis bien obligée, mon père, de me donner de si bonnes habitudes. Je n'aurai pas de peine à vous obéir, mon père. Obligeante personne ! Signora sì. Un tantino. Non hà sentito sin adesso che antipatia, mà sento ben ch'è formato per un' altro uso. Un certo Capitano che mia madre mi vuol dar per sposo malgrado moi. Sarebbe cosa nuova, Signora : e sapete che le cose nuove piacciono volontieri alle giovinette. Conforme ai consigli che mi darete, Signora, m'hà ordinato mio padre di far tutto quel che mi direte. Quei che sapere che mi piacerebbere. Ho, Madame ! Elle me cajole, elle veut m'attraper. C'est un domestique, que ma mère affectionne beaucoup. Je suis né pour vous adorer éternellement ; et je renoncerai sans peine à la vie, s'il faut que je renonce à l'espoir de vous posséder. Accordez-moi de grâce un moment d'entretien dans cet instant même, et la liberté de vous dire un million de choses, que je n'oserais hasarder de vous écrire. Ne me conseillez-vous pas de le vouloir ? Et n'ai-je pas promis à mon père de vous obéir ? Ma, cara mia Signora, questo furfantaccio non ci abbandonnerà : quest' altro giovinetto parlerebbe forse Italiano ? Come faremo adunque ? Je connais ce jeune Monsieur-là. Il soupire quelquefois en me regardant, lorsqu'il me rencontre. Je m'en doutais un peu. Le langage de vos yeux était moins intelligible que vos discours. Je les écoute avec trop de plaisir, peut-être ; et c'est autoriser plus que ne devrais l'espoir que vous me demander de vous souffrir. Il ne faut pas qu'il nous voie ensemble ; entrez vite dans ce cabinet. Ah fi, Monsieur, que vous puez le vin ! Au Bal avec vous, moi ? Non, Monsieur, je n'irai point au Bal avec un homme qui sent le vin. Dans ce cabinet ? Vous rêvez, Monsieur il n'y en a point. Ah ! Je suis perdue. Qu'ils fassent tout ce qu'ils voudront, pour moi je me retire. Jeune fillette à quinze ans Doit savoir plus d'un langage. Pour tromper les surveillants On peut tout mettre en usage Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_JODELET *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jodelet Madame, Madame, visage vous-même, on ne traite point des gens comme nous de visages, afin que vous l'entendiez. Au nord, au Sud, à l'Est, à l'Ouest, entendez-vous, Madame ? Et qui outre cela sait lire et écrire, afin que vous le sachiez. Et un médecin qui fait la médecine, cela n'est pas commun. Pour peu que vous en doutiez, allez vous-mêmes sur les lieux, on vous en dira des nouvelles. C'est lui qui m'a rendu beau comme vous me voyez. Madame m'a dit de prendre garde à sa fille, qui est sa fille plus que la vôtre ; et au cas qu'elle parlât à d'autres qu'au Seigneur Spacamonte, d'écouter tout ce qu'on lui dirait. On m'a dit d'écouter ; mais je n'y entends rien. Est-ce que ce n'est pas parler que ce qu'elles disent-là ? Il faut pourtant bien qu'elles s'entendent ; car elles se répondent l'une à l'autre. J'examine leurs gestes pour tâcher de deviner quelque chose, elles ont l'esprit de ne point gesticuler. Il y a bien de la malice là-dedans. Que je suis fâché de ne savoir pas le Latin ; car c'en est là. Avec tout cela, il faut que j'aie bonne mine. Oh point du tout, Madame. Tenons-nous sur nos gardes. Il était bien nécessaire de dire cela. Oh la babillarde ! Elle me donne de l'argent, cela est bien sujet à caution. On m'attaque sérieusement. Me voilà pris comme un sot. Je n'en porte jamais, Madame. Pourquoi me donnez-vous tout cela ? Elle a un amant ? Bon, me voilà à couvert d'une médisance. Voilà un sot jeune homme, d'être si fort amoureux de cette petite vieille ! Notre Demoiselle est bien obéissante. Voilà du baragouin qui me chicane. De tout mon cœur, vous n'avez qu'à dire. Mais je ne puis guetter pour vous et pour Madame Garguille, qui m'a donné sa fille en garde. Hé bien oui, voilà un accommodement ; mais point de trahison, au moins. Oui, oui, je prendrai garde à elles-mêmes ; car je me doute de quelque manigance. Il embrasse la petite vieille, c'est à elle qu'il en veut. Oui da ! Gares, gares, gares, voici quelqu'un qui vient interrompre la conversation. Moi-même. Parce que vous êtes une friponne, qui voulez m'en donner à garder. Ah, ah ! Notre Demoiselle, vous avez la langue bien pendue ; et vous, Monsieur… Je crois que vous avez raison. Grand bien vous fasse : parlez à présent, me voilà devenu muet. Voilà deux pistoles bientôt gagnées. Ils vont s'égorger, cela sera drôle. Voilà de mauvaises liqueurs. Seigneur Spacamonte. Plus de trente fois, c'est assez d'une bonne. Le voilà qui revient. Le Capitan est un poltron. Seigneur Spacamonte, ne serez-vous pas de la noce ? Monsieur l'Opérateur, de grâce, Expliquez-moi le mal que j'ai. J'ai peur de mourir enragé, Je ne puis boire d'eau dans ma tasse, Ce serait un terrible cas ; Ah ! Sauvez-moi, je vous supplie, Des suites de ma maladie, Mais ne me la guérissez pas. Ô ! Grand merci, Monsieur Barry ; De ma ridicule crainte Me voilà désormais guéri. Je boirai pinte sur pinte, Plusieurs pintes font un barry ; Ô ! Grand merci, Monsieur Barry. Ce médisant de Pierrot Dit que Margot n'est pas sage, Moi je soutiens que Margot Est à son apprentissage, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. Si quelqu'un d'entre vous a Du penchant pour quelque belle, L'Opérateur vous dira La secret d'être aimé d'elle, Pour le mariage, bon, Pour le badinage, non. **** *creator_dancourt *book_dancourt_operateurbarry *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_operateurbarry *dist2_dancourt_prose_comedy *id_CASCARET *date_1702 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cascaret Voilà une lettre qu'on m'a dit de rendre à une Madame. Oui, Madame. Oui, Madame.