**** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_pancrace *date_1638 *sexe_masculin *age_veteran *statut_maitre *fonction_pere *role_pancrace En fin le juste Ciel par un sainct Hymenee, De ma fille ce jour borne la destinee, Luy donnant un Berger digne d'affection, Autant riche de biens que de perfection ; Le plus sage & dispost⁎ de tout nostre vilage, Et qu'on void posseder le meilleur heritage : Outre ses grands troupeaux qui font dire aujourd'huy Que l'on en void fort peu qui soient pareils à luy : Il sçait le cours par cœur du grand Ephemeride⁎ : Sur tous les differends des Bergers il preside, Avec un jugement si remply de raison, Qu'il en sçait plus que moy qui ay le poil grison. Le Juge de ce lieu le plus souvent le mande⁎, Pour resoudre avec luy tout ce qu'on luy demande : Il a de la prudence & du sçavoir beaucoup, Il a l'invention pour empescher qu'un loup N'aborde son troupeau, & sçait un artifice Pour en toutes saisons accoupler la Genice. Ses brebis, son belier, ses chevres, & son chien, Il fait dancer un bransle⁎, une courante⁎, ou bien Joüant de son pipeau de cent sortes d'aubades⁎ Il leur faict dans nos prez faire mille gambades : Et puis quand il luy plaist, nos fillettes souvent Feront voir en dançant le derriere & devant, Par un charme⁎ qu'il fait, & bien d'autres merveilles, Ma fille à son bon-heur n'aura point de pareilles : Et s'il n'estoit encor ce jourd'huy marié Les Nymphes de ce lieu l'auroient d'amour prié : Tant son corps est aymable en toute modestie, Ou la Nature agist en chacune partie, Graces, beautez, vertus, forment son action, Bref, c'est le cabinet de la discretion, Que je puis m'asseurer d'avoir ce jour pour Gendre, Ma fille, sotte un peu n'y vouloit pas entendre, Et si elle n'eut craint le paternel courroux Elle ne l'eust jamais accepté pour espoux. Un pasteur incogneu de nom & de lignee Avoit si puissamment sa volonté gaignee : Que si je n'eusse bien ce jeune esprit pressé L'accord faict entre nous ne seroit point passé : Mais ma foy maintenant la beccace est bridee Encor que ce Berger vive dans son Idee, Et que par un article escrit au compromis⁎, Son Amoureux espoux ayt par sa foy promis, Que de six mois entiers du jour du mariage, Il ne la pressera d'avoir son pucellage : Ceste clause pourtant ne m'afflige qu'un peu, Car je croy que la mesche estant aupres du feu Pourra bien s'enflammer si l'amour de ses aisles Peut faire de leurs cœurs sortir des estincelles, Ha ! Que ne peut l'amour, sa puissance peut tout Et des plus dedaigneux il sçait venir à bout, J'espere dans neuf mois ou un peu davantage, Qu'ils verront d'un enfant accroistre leur mesnage Certes l'occasion faict naistre le desir, Et je sçay que ma fille estant à son plaisir Aupres de sa moitié, ne pourra dans la lice⁎ Passer une ou deux nuicts sans ce doux exercice Car il est trop friand pour ne le gouster pas, Son Berger est remply de si charmans⁎ appas Qu'il ne l'aura jamais deux seules fois baisee, Que cet amoureux jeu ne la rende appaisee : Quand on void de beaux fruicts on en voudroit gouster, Je n'ay plus desormais dequoy me tourmenter Voicy le lieu public où Pysandre s'appreste Pour se faire estimer le vallet de la feste, La serviette en la main, le bouquet de muguet, Faict voir qu'il menera le second bransle⁎ gay, Le premier par sus tous à moy seul je reserve, Et par discretion l'honneur me le conserve, De tous ceux qui ont beu un peu trop sans raison, Il n'en est demeuré que deux à la maison : Le Berger Petrolin & sa femme Macee, Mais discourant ainsi de pensee en pensee, Je retarde beaucoup, sans doubte l'on m'attend Ce murmure icy pres & ce bruit que j'entend, M'annonce leur venuë, il faut que je m'advance Afin que par la main je la mene à la dance, Je viens de donner ordre au souper preparer Pendant que ces amans pensent à leur parer. OR sus⁎ mes bons amis que chacun prenne place, Que l'on nous donne un bransle⁎ & que de bonne grace, On dance gayement, de cœur, d'affection Je vous veux faire voir ma disposition. Sus c'est assez bransler⁎ Messieurs les violons, Donnez nous la gaillarde⁎, ou bien les Pantalons⁎. Où cét amant transi vient il dresser ses pas, Il ne faudra que luy pour troubler nos esbas. Vous avez tout pouvoir de commander icy. Les jeunes amoureux que de grace & d'adresse Chacun mene dancer & baiser sa maistresse. Hola hola Bergers c'est assez pour ceste heure Autre occupation qui est beaucoup meilleure, Nous attend au logis allons viste dedans Faire sur le souper dancer toutes nos dents. Tres-volontiers mamie⁎, allons à la pareille, Quand je vous vois l'amour dans mes os se resveille : Il me souvient tousjours de ma deffuncte Alix, Dont le teint estoit peint de roses & de lys. Ha quand j'y pense encor ce seul regret me tuë. Luciane il est vray vostre raison est bonne. UN parfaict amoureux jamais ne se repose Son esprit captivé ne pense à autre chose, Qu'à chercher chasque jour milles inventions, Pour plaire au beau subject de ses affections : Aussi depuis qu'amour loge dans ma cervelle Je cherche à tout moment quelque chose nouvelle Pour plaire à la beauté qui m'a d'amour espris Je la trouve cent fois plus belle que Cypris. Et ne l'ayant ce jour veuë à la promenade, Je luy viens à ce soir donner la serenade, Maintenant que la nuict a le dessus du jour, Je veux viste accorder ma fluste à mon tambour, Ha la douce harmonie ha je rendray Orphée, D'Amphion & de Pan la memoire estouffee. Sus voila le Palais où mon beau Soleil dort Allons le reveiller d'un musical accord : Il me semble desja que je le voids paroistre, Il ne faict jamais nuict où son bel œil peut estre. Un Amant comme moy ne craint point le hazard⁎. Il faut qu'encore un air sur ma fluste j'entonne, He bien qu'en dittes vous, Toubeau belle toubeau mais ayez agreable, Que souvent desormais je face le semblable. Au contraire ce bien n'en peut avoir d'esgal, Et pourveu qu'en effect ce passe-temps vous plaise, Ce seul contentement rendra mon cœur trop aise : Si vous ne l'obligez d'un heur⁎ particulier, O bien-heureux amant, ô fortune Pancrace, Ha c'est trop m'obliger⁎ d'une telle faveur, Tenez moy seulement pour vostre serviteur : Et croyez que jamais nul ne fut plus fidelle. Bonsoir ma Royne adieu ô celeste faveur, Allons plus à loisir admirer ta valleur. Je ne trouve point là dequoy vous tourmenter, C'est un jeune appetit qui se veut contenter : On est impatient d'avoir ce qu'on desire, Vous en avez bien fait autrefois tout autant. Quand j'estois en l'ardeur de ma verte jeunesse Je fusse mort cent fois pour baiser ma maistresse. Si sçay-je bien pourtant que Philin bon garçon, Vous baisa quatre fois à l'ombre d'un buisson.             O la Royne des belles, Quand je vois de vos yeux les ravissans attraits Je vois de ma moitié vivre en vous les portraits             Faschez vous, soyez aise, Si faut-il toutesfois que ma bouche vous baise. Du moins vostre mary n'en sera point jaloux.             Si vous me voulez croire, Pour achever contans le reste de nos jours, Nous ferons un Hymen de nos vieilles amours             Que j'ay beaucoup de force, Et qu'encore au fusil se trouve de l'amorce. Ma callote⁎ vous fait parler de telle sorte, Mais chacun jeune foux par bienseance en porte :             Mignonne croyez moy, Sur toutes les beautez je vous ayme, ma foy : A qui le dittes vous j'estois vostre fidelle : Si nos proches parens eussent esté amis Ne nous estions nous pas mariage promis ?             Dittes comme il s'appelle : J'ay un ardent desir de courir de ce pas L'assommer tout d'un coup,                     Parlons bas.             Quoy ? c'est ce jeune drolle, Qui nos filles cajolle & tout chacun controlle : Je le veux envoyer là bas faire l'amour.                 C'est Pysandre, m'amour⁎, Avant qu'il soit icy regaignons le village Une collation de fruicts & de laitage⁎ : Nous attend au logis, hastons nous d'y aller.             Il n'en faut point parler Ha ne vous mocquez point j'ay assez de courage, Pour à vostre subject faire encor d'avantage.                 Excusez seulement, Si je ne vous ay faict un meilleur traittement. Mais quoy le bon accueil passe la bonne chere, Cette collation estoit un peu legere : Mamie⁎ priez Dieu donc, pour les mal traitez Car vous ne l'estes pas comme vous meritez.             Je vous veux remener Mais qui sont ces bergers que je vois cheminer Là bas dedans ce pré proche de ces logettes⁎. Pysandre est avec luy, escoutons les causer, Je veux tout devant vous faire une reprimande A ce jeune incensé, que tout le monde entende. Venez-ça venez-ça beau baiseur de fillettes. Il est vray sur ma foy,             Vous m'avez sur le nez, S'il vous arrive plus de baiser Lidiane.                 Ha, ne m'offences pas, Que tout presentement tu n'ayes le trépas. Ho le hardy soldat pour combatre une pinte⁎. Je te voudrois bien veoir une espee à la main, Sans doute on te prendroit pour guesteur⁎ de chemin. Incongneu de maison, de nom, de pere, & mere, Pour qui te peut-on prendre avec tes beaux habits, Car tu n'as pas vaillant seulement deux brebis.             Il a raison je jure, Champignon d'une nuict il vint à l'advanture : Telle rodomontade est l'espoir d'un niais : O le grand amballeur⁎ !              Où est ma hallebarde⁎ ? Je mettrois tout d'un coup sa teste par morceaux. Qui te ressembleroient,             Tu te trompe bien fort, J'ay assez de vigueur pour te donner la mort. Mon amour tenez moy de peur que je le tuë : Je suis trop en cholere, il y aura malheur. Nargue⁎, j'en ay bien veu deux mille comme toy, Qui n'ont jamais fait peur à six pareils à moy. O Dieux où est le temps que j'estois sentinelle Dedans nostre clocher pour descouvrir de loing ? A Dieu jeune badin, adieu goguelureau⁎, Crois que tu dois la vie aux yeux de Luciane, Apprends à devenir une autrefois plus sage. QUe sont-ils devenus ? certes ils n'avoient garde, De m'attendre au retour, j'eusse donné nazarde⁎, A ce fol indiscret, qui presume estre tel Que pour le pouvoir vaincre il faut un immortel, Luy faisant veoir à l'œil qu'il n'est que la vieillesse, Pour dans l'occasion monstrer de la proüesse. O qu'il eust esté mis viste sur le carreau, Il n'eut non plus duré qu'un petit lapreau⁎ : Devant le fin renard, j'en avois bonne envie, Luciane en effet luy a sauvé la vie. Car pour luy obeyr je n'ay voulu tuër, Si j'eusse en verité voulu m'esvertuer : D'un seul coup de baston, j'eusse envoyé son ame Promener chez Pluton comme une race infame. Or sus⁎ le jour s'en va, moy je m'en vais aussi, Jupin⁎, l'Amour, & Pan, prennent de moy soucy.         Où est-ce ?                     Patience, Que d'aporter de l'eau l'on face diligence⁎ : La grange & le fourny⁎ de Luciane en feu Veut que par charité vous l'assistiez un peu. Ne vous tourmentez point le feu n'est respandu Encore tout par-tout, bon voicy l'eau venuë, Sus enfans suivez moy, que chacun s'esvertue. Mon gendre si jamais homme fut affligé, Des rigoureux ennuis⁎ que l'enfer a forgé. Je crois avoir souffert sans avoir fait offence, Tout ceux qu'onc inuentast cette noire puissance. Depuis que l'on m'a dit ce qui t'est arrivé, Que tu estois (helas !) de ta moitié privé, O Dieux ! qu'un tel depart m'a ja cousté des larmes, Qu'il m'a livré ce jour de cruelles alarmes : O ma fille où es-tu ! Las⁎ faut-il que l'amour T'ait fait donc esprouver un si funeste jour : O traistre Polydas, ce malheureux profane L'a sans doute emmenee avec sa Lidiane : Dieux, que ne sçay-je où sont ces indiscrets Amans, Je ne craindrois la mort ny tous les elemens : Pour les aller trouver & sçay que mon espee Du sang de ce berger seroit bien tost trempee. Il est vray Floridon, helas c'est ce qui plus Rend mon cœur atristé & mes sens tous confus : Il n'y a nul mortel dedans nostre village, Qui ne pleure avec nous ce desastreux dommage Le ciel mesme aujourd'huy en a jetté des pleurs, D'aujourd'huy les oyseaux n'ont chanté leurs ramages, Les Echos amoureux en sont devenus sourds Les arbres ont jetté leur plus belle verdure, La terre de douleur en a crevé son flanc, Nos mastins n'ont mangé depuis l'heure je jure, O cruel souvenir qui me donne la mort ! Mon gendre il faut du ciel tout prendre en patience. Les Dieux qui ont borné le destin des humains Ont encore pour nous le bon-heur dans les mains. S'il plaist à leurs bontez le verser sur nos testes, Nous viendrons à bon port malgré toutes tempestes. Je les en prie aussi de pure affection, Retournons au hameau & voyons l'assemblee, Qui de tant de malheurs est grandement troublee : Je croy qu'on est apres pour faire reparer Le mal que Polydas est venu preparer. A tout le voisinage ! O bons dieux, que les filles Sont cause de tourmens pour estre trop fragiles. Que ne leur a-t-on fait un esprit moins malin, Puisque c'est le secours du sexe masculin ? Non fera, non fera, Si cela dure encor je pleureray d'ennuy⁎. Sage & juste Minos octroyez la priere, Que vous fait à genoux cette dolente mere : La trouppe que voicy vous en prie par moy, Dieux ! quel contentement, ô l'agreable arrest ! Luciane aprochez, baisez moy je suis prest. Pour moy je suis contant des baisers de la mienne : Le Ciel puisse benir nos amours triomphans, Afin que dans neuf mois nous ayons quatre enfans : Le suppliant (monsieur) pour vostre recompence Qu'il vous puisse donner les cornes d'abondance. Allons, retirons-nous auparavant la nuict, Et chacun pense à soy pour l'amoureux desduict⁎, Afin que le plaisir dans le lict nous assemble, Et qu'à coigne festu⁎ pas un de nous ressemble. FIN. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_floridon *date_1638 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_floridon RAvy dans un bon-heur qui me suit à la piste, Qui condamne ma peine & ma fortune assiste, Qui me promet encor des plaisirs nompareils, Que j'espere gouster entre les deux soleils Qui premiers paroistront dessus nostre Hemisphere, Bref qui me donne en fin les biens qu'amour confere. Puisqu'aujourd'huy je sors des liens du tourment, Je me puis dire heureux plus que pas un Amant Amarille est l'objet où butte ma victoire Amarille est le Ciel où se borne ma gloire, Amarille est le poinct de ma felicité, Amarille est le prix de ma fidelité, Amarille est le bien que mon esprit desire, Amarille est le centre où ma fortune aspire. Amarille en un mot, est tout ce que je veux Et son cœur & le mien n'en feront qu'un des deux Que de contentement quand une flame⁎ egalle Partage ses douceurs sur une amour loyalle, Je pensois qu'à regret elle eust donné sa foy Qu'un Berger incogneu qu'elle a veu depuis moy, Eust dans son jeune cœur allumé quelque flame⁎, Mais ce contentement me demeure dans l'ame, D'avoir veu cét amant perdre en un mesme jour Le loyer de sa peine avecque son amour, À sa confusion nos loix sont mutuelles Et le reffus qu'a faict ce miracle des belles : Ce tableau racourcy de toutes raretez, Dont Venus & l'Amour admirent les beautez : N'estoit que pour masquer son dessein d'une feinte, Que ce qu'elle en faisoit n'estoit que par contrainte Afin que l'estranger n'accusast son esprit D'avoir trop peu d'amour à son desir prescrit, Cette ruse m'a pleu autant qu'on sçauroit dire Mais le voicy qui vient, & moy je me retire, Aussi bien l'on m'attend, sans moy l'on ne peut rien, Amour guide mes pas vers l'objet de mon bien. Adorable subjet qui m'a l'ame asservie, Allons passer heureux ensemble nostre vie, Ne veux-tu plus dancer dis-le moy librement,                 Pasteurs n'en sçaurois-je estre ?              A quel jeu jouez vous ?             Et qui l'est de vous tous,                 Est-ce toy Amarille,             Ny moy              Berger c'est la raison, Est-ce faict ? est-ce faict ? ô la plaisante histoire, Laissons pour mieux courir ma houlette d'yvoire.                     voire. Assez proche de moy l'on c'est esvanouy Je n'iray pas trop loin est-ce fait ditte ouy,                     ouy Allons donc les chercher, l'occasion est chauve⁎, J'ay peur qu'en les cherchant l'un & l'autre se sauve.                     sauve. Ma foy l'un sera pris au chemin que voicy C'est estre trop long temps estes vous loin d'icy.                     Icy Ha je ne joueray plus apres cette recherche Il y a trop de temps que par tout je vous cherche ?                     cherche He où, je n'ay point d'yeux qui puissent veoir un lieu, Où je n'aye cherché, Adieu Bergers Adieu ?                     adieu Leur voix de qui le son me frappe dans l'oreille Me fait quasi doubter si je dors ou je veille.                     veille Se sauve qui voudra je luy donne pouvoir, Et tout presentement vous donne le bon-soir.                     bon-soir Que sert tant de discours telle feinte me lasse Monstrez vous donc Bergers & prenez de l'espace.                     passe Telle subtilitez ne m'estonnent beaucoup, Et j'en faits moins d'estat que du chant d'un coucou.                     coucou Pasteurs vous avez tort, n'injuriez personne, Je me sçay resentir⁎ quant subjet on m'en donne,                     donne Certes quelqu'un de vous en sera mal contant Ma houlette & mon bras me le vont promettant                     & tant Je croy que cét Echo qui respond quand j'apelle Pour en estre esclaircy je veux parler à elle.                     elle Ha que je suis fasché d'avoir tant arresté⁎ Ils riront maintenant de ma simplicité⁎. Languiray-je tousjours dans l'attente d'un bien Que ma fidelité doit avoir rendu mien : Quel soucy continu te ronge la cervelle, Quoy ton contentement va-t-il jusqu'à ce point, Que je suis malheureux sous la loy d'Himenee. Les six mois accomplis ton cœur s'adoucira, Si ce n'est d'amitié vous y serez forcee, As-tu quelque subjet de me traitter ainsi, En quoy t'ay-je mesfait⁎ que ta haine je porte, Ta beauté m'a forcé de luy rendre mes vœux, Mon cœur est captivé d'une chaisne trop dure : C'est recognoistre mal les services rendus, Seroit donc de regret de servir une ingratte, Ah mon amour n'a rien de commun que le nom, Appelle-tu folie une amitié parfaite, Telle imperfection vient donc de ton costé, C'est parce que mon cœur avec le tien se lie, Par la mesme raison nous sommes foux tous deux, Comme quoy penses-tu qu'il cherisse ta flame⁎ ? Que j'y verray bien tost un subit changement, Bien changeons de discours car celuy-là t'afflige Absent, ta volonté ne songe plus à moy, Muets tu ne craindras qu'ils troublent ton silence Dits donc que les oyseaux te diront mes amours Qu'un baiser enflamé me contente Amarille, En fin mon amitié dessus toy n'aura rien, Ny faveur ny baiser ny parolle agreable, J'aymerois donc autant n'estre point marié, Nostre Hymen a rendu nos cœurs inseparables Telle haine tousjours ne sçauroit pas durer, Ce bel astre ce soir vaincra donc ta malice, Le temps dissipera cette fascheuse humeur, Il faut que mon destin la patience attrappe, Je n'auray donc si tost le fruict de mon amour, Vrayment je m'en plaindray tantost à vostre pere, MIserable berger qui vois ton esperance     Mourir avec le fruict de ta perseverance : Miserable berger qui vois l'inique sort, Balancer ton destin dans les mains de la mort Miserable berger mille fois miserable, A qui le ciel refuse un effet secourable, Et qui n'a plus d'espoir que celuy du trespas, Pipé dans le desir d'un amoureux appas, Regarde de quel fil on devide ta trame, Depossedé de biens, d'honneur, & de ta femme : Où pourras tu trouver desormais du bonheur, Qui puisse dans la joye emporter ta douleur : Le ciel n'en peut avoir, luy, la mer, & la terre, Contre toy conjurez te declarent la guerre : L'enfer n'a plus de rage à verser dessus moy, De toutes ses horreurs je n'auray plus d'efroy : Qu'il tonne, qu'il éclaire, & qu'en deluge abonde, Qu'il brusle l'univers, qu'il abisme le monde : Bref qu'il reduise tout en son ancien Chaots, Je supporteray tout & d'un ferme propos, Puis qu'en effet chacun employant sa rancune, Ne me sçauroit punir que d'une mort commune. Je ne m'estonneray de toutes ses fureurs, O perfide Amarille ! ô credules Erreurs ! Vous m'avez fait penser que les yeux de ma face, Pourroient aveq le temps faire fondre sa glace : Vrayment elle eut raison quand elle dit un jour. Que la mort finiroit le cours de mon amour : Je vois bien maintenant son dire veritable, La mort qui suit mes pas d'un dart⁎ inevitable, Dispute avecq nature à qui triomphera Sur ma vie, & je croy que la mort gaignera : J'y suis tout resolu, car aussi bien de vivre, Et veoir tant de malheurs à tous momens me suivre, Je souffrirois des maux pires que le trespas, Adieu donc Amarille & ton cher Polydas, Instrumens malheureux des impudiques flames⁎, Execrables amans, adulteres infames : Vivez, vivez, contans à ma confusion⁎, Pour mourir maintenant je prend l'occasion : Je la prend, non feray cela m'est trop sensible, Il faut qu'às vous trouver je face mon possible : Afin de me vanger comme vous meritez, Dieux où est maintenant l'excez de vos bontez : Où repose ce feu qui reduit tout en poudre, Sera-ce l'innocent qu'on punira d'un foudre : Ha seroit tesmoigner trop de severité, Astres, cieux, terre & mer, voyez l'extremité : O me reduit le sort des loix de mariage, Vous en estes tesmoins bois, prez, roc, & boccage : Admirez l'inclemence & le courroux des Dieux :     O inicques arrests o sort injurieux Malheurs, tourmens, ennuis⁎, douleurs, soucis, rancunes, N'abandonez jamais le cours de mes fortunes. Le decret immortel l'a ainsi ordonné, Je ne verray jamais mon tourment terminé : Et si faut desormais qu'encor moins je l'espere, Helas ! où allez vous, pauvre infortuné pere. Vous n'estes pas tout seul qui pleurez ce malheur, J'ay bien autant que vous pris part à la douleur. Il me touche de prés, car mon ame constante, Eust gousté dans un mois le fruit de son attente. Les fleurs en ont perdu leurs plus vives couleurs, Pan, l'Amour, & Zephir ont quitté nos bocages. Les eaux ont retenu dans la source leur cours. Les troupeaux ce jourd'huy n'ont voulu de pasture⁎ : Les fontaines & puits n'ont produit que du sang. En fin tout participe au tourment que j'endure. Helas meritons nous de ressentir ce tort ? Quel mal avons nous fait digne de penitence ? Face le juste ciel & le grand Dieu d'Amour, Que je voye bien-tost ma femme de retour : Pleine d'amour pour moy avec ce chaste gage, Qui depuis un long temps me retient en servage. Dieux, mettez bien tost fin à nostre affliction. Fidelles deputez de tout le voisinage, Pour rechercher celuy qui de nostre village A la perte causé par un embrasement, Commis pour enlever ma femme nuictament : Nous voicy delivrez tantost de nostre queste, Sans que nostre labeur soit orné de conqueste : Il ne nous reste plus qu'à veoir icy autour, Si ce traistre berger cependant qu'il fait jour : Ne se retire point dedans quelque bocage, A l'escart du chemin le long de ce rivage : Voyons, voyons par tout, je pense voir là bas Celle qu'a tant aymé le berger Polydas, Il n'est pas esloigné qu'on se saisisse d'elle, Et qu'on la traitte icy comme une criminelle. Suivez suivez enfans cette Biche legere. Que tout presentement vous nous faciés sçavoir Où est ce Polydas,                 Il vous a emmenee, Et Amarille aussi, Vous estes trop rusee & pleine de malice, Sus, allons la livrer és mains de la Justice.             Messieurs elle deguise Il faut que promptement on la face mourir, C'est le moindre tourment qu'elle puisse encourir. Non, l'estat où elle est vient d'une deffaillance. La pitié me transit & voudrois en ma foy, Que l'on la pût sauver, il ne tiendroit à moy. O ma douce Amarille, ô ma chere moitié ! Vivons tous deux contans en parfaite amitié. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_polydas *date_1638 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_polydas BErger Infortuné Polydas miserable, Que la rage possede & le malheur accable, Quel funeste demon glisse en ce lieu ses pas Pour veoir devant tes yeux ravir d'entre tes bras Une jeune beauté (que la gloire accompagne) Et qui t'a fait venir habiter la campagne. Où est ton sentiment, ta gloire, ta valeur, Peux tu veoir malhereux cet insigne voleur Triompher aujourd'huy de ta belle maistresse ? Si je ne m'attendois à la juste promesse Qu'à ma fidelité elle a faitte ce jour, Qu'il n'aura de six mois le fruict de son amour, Je jure ce soleil qui m'a l'ame ravie, Qu'avant le jour passé il n'auroit plus de vie, Mille coups de poignard par un pur assassin Du traistre Floridon auroient percé le sein, Pour tirer la raison d'un si fascheux outrage. Mon courage assez grand peut faire davantage Si ce n'estoit l'espoir que son affection Tiendra ferme tousjours sa resolution, Je rendrois tellement sa nopce malheureuse Qu'à jamais la memoire en seroit odieuse. Mais j'espere bien tost l'enlever de ce lieu, Un vaisseau que j'attends doibt arriver dans peu, Quand le vent l'aura faict jetter l'ancre au rivage Je ne tarderay pas un moment davantage : Prenons donc patience, attendant ce bon heur Je m'en vais à sa nopce où m'invite l'honneur, De peur que l'on ne tint suspecte ma personne, Et que de nostre faict quelque chose on soubçonne, Le son de ces haut bois dit qu'ils viennent icy Pour ne les rencontrer je prens ce chemin-cy. Je ne pouvois choisir l'occasion meilleure, Me voicy justement arrivé de bonne heure Pour les voir commencer, admirons donc leur pas, Je seray fort joyeux qu'ils ne me voient pas, Dieux ! quelle est la beauté qui marche la seconde, Il ne se peut rien voir de pareil en ce monde, Confus en contemplant ses belles actions Je demeure estonné de ses perfections, Considerez un peu son port, sa bonne mine, Vous jugerez qu'elle est quelque grace divine, Devallee⁎ icy bas pour le faire admirer, Certes c'est un soleil que l'on doit adorer, Diane oncques⁎ ne fut si belle ny legere, Je croy que c'est Venus deguisee en Bergere, Ou sans doubte les deux luy cedans leurs appas, L'ont faitte des beautez la merveille icy bas : Voyons plus à loisir sa grace & ses merites, Indubitablement c'est l'une des Carites. Non, non je ne puis plus demeurer en silence, Pour salüer la troupe il faut que je m'advance. Bergers permettez moy la faveur excellente, Qu'avec ceste beauté je dance une courante⁎. De mesme en mon endroit vous le pouvez aussi. C'est le plus grand honneur qui me puisse arriver, Ma belle, ne daignez de cét heur⁎ me priver. Elles ont trop d'esprit & trop d'humilité, Joint qu'il n'y en a point en ces nombres d'eslites Qui ne voulut ceder à vos rares merites. Belle Nymphe excusez mon importunité. Deesse à qui l'amour ce grand Dieu doit l'hommage, Permettez que ma main vous remeine au village,             Dieux que j'ay de mal'heur. Si jamais amoureux a souffert des tourmens Parmy le bal, la dance, & les contentemens, Je pense avoir senty plus de mal en mon ame, Que n'en ont enduré ny Paris, ny Pyrame, J'ay tout seul suporté dedans ma passion, Des tourmens plus cruels que n'endure Ixion, Me voyant engagé dans un respect de crainte, Qu'aucun par un souspir ne cogneust ma contrainte. Mais en fin desgagé de ce piege tendu, Je puis plaindre mon mal & sans estre entendu, Ny veu de cet Argus, mais des yeux de Diane Moins belle en verité que n'est ma Lidiane, Je puis chanter tout haut sa gloire & ses appas, O bons Dieux ! qu'ay je dit, parlons un peu plus bas. J'apperçois Amarylle, ha ! ciel, si ceste belle M'a ouy, elle dira que je suis infidelle, Il faut feindre pourtant pour oster le soubçon, De m'avoir entendu parler de la façon : He Dieux, où va si tard une belle espousee ? Viens-tu mon cœur icy, afin d'estre baisee : Encor une ou deux fois avant que ton mary Prenne mesme faveur que moy ton favory. C'est donc quelque dessein qui est particulier,         N'as tu point peur que dedans un hallier⁎ Quelqu'un se soit caché, qui cruel & prophane T'enleve, Ha ! de quelque courroux arrivé de nouveau, Ton esprit est troublé, mamour⁎, je te conjure, De me dire qui peut t'avoir fait une injure, Car j'atteste l'amour qui nourrit nos desirs, De l'aller massacrer au milieu des plaisirs. Quoy, ma Nymphe, est-ce moy que tu accuse ainsi ? Ha ! Je sçay d'où peut naistre à present ton soucy ; Confesse librement qu'un trait de jalousie En me voyant dancer a ton ame saisie. Ma belle tu m'accuse icy de trahison, Si je l'ay faict dancer je t'asseure mon ame, Que c'estoit pour chasser le soubçon & le blasme De ceux qui ont ouy parler de nos amours. Je te jure mon tout, que si j'ay parlé d'elle, C'estoit pour librement deplorer le malheur, Qui d'estre ton espoux m'a ravit le bon-heur. N'embroüille ton esprit sur ce nom inutile, Car dessous celuy-là j'entendois Amarille : Rasseure mon soucy, ton emulation⁎ C'est blesser le sainct nœud de nostre affection Et si de mon costé telle faute est trop grande, Ma Royne à deux genoux le pardon j'en demande. Par moy la verité ce discours vous a faict.             Telle faute remise, La faveur d'un baiser me doibt estre permise, J'aymerois mieux mourir que quelqu'un nous eust veu.                 Adieu belle deesse. Ce ne sera si tost que je l'ay souhaité, Mais excusez aussi, si en vostre presence, Je caresse quelqu'autre evitant médisance. Pauvre Amarille, helas, te voila bien trompee, Tu crois que ma raison soit tousjours occupee A penser aux appas de tes perfections, Et c'est le moindre but de mes conceptions. Lidiane tousjours vivra dans ma pensee, D'où l'image à jamais ne peut estre effacee, Ausi bien sans mentir je ne croiray jamais Que tu puisses empescher ton mary desormais De gouster les douceurs de l'amoureux martyre, Tenant entre ses bras le subjet qu'il desire, Joint que sur ta beauté Lidiane a le pris, Mais je veux retourner peur d'estre encor surpris. Afin de remener cette rare merveille, Amour fais la moy veoir avant que je sommeille : Favorise l'effet de mon contentement, Et je te feray veoir que je suis vray amant. Sans mentir tu dis vray ma Nimphe, le voicy Tout prest de t'obeyr si tu le crois propice, A te rendre aujourd'huy quelque courtois office⁎. C'est à moy bel objet à souhaiter tel heur⁎, Vostre amitié m'est plus que tout'autre faveur, L'honneur que je reçois d'estre en si bonne estime, Aupres d'une beauté que la prudence anime : Fait nager mon esprit en des contentemens, Qu'on ne peut exprimer que par ravissemens. Je ne m'estonne pas de sa fuitte, mon œil C'est qu'il craint de brusler aux rayons du Soleil, Mais moy comme celuy qui volle avec prudence, J'ose m'en approcher sans craindre leur puissance Leur pouvoir est si grand que fermant leur paupiere, La nuict au mesme instant nous oste la lumiere. C'est à vous que l'on doit les vœux & les encens, Je n'eusse pas quitté l'amitié d'Amarille : Si vous yeux absolus⁎ dessus mes volontez, Ne m'eussent commandè d'adorer vos beautez. Ce tiltre m'appartient plus legitimement, Et pour en veoir l'effet, commandez seulement. Ne craignez pas cela, il ne s'en peut trouver : Les Dieux qui vous on faite au modelle des graces, Veulent que vos beautez tiennent icy leur places. Je confesse en effect qu'avant qu'elle eust Espous, Je l'aymois grandement, mais estant engagee A l'aspect⁎ de vos yeux, mon amour s'est changee. Toutesfois d'un seul poinct je vous veux advertir, C'est que si quelquefois venant se divertir⁎, Je tesmoignois encor quelqu'amitié pour elle, Ce ne sera que feinte. Mais c'est pour prevenir la jalouse fureur, Qui se pourroit glisser dans vostre belle humeur. Ha que plustot le Ciel d'un foudre épouventable. Mette mon corps en poudre ayant manqué de foy, Envers vostre beauté que j'ayme plus que moy.             Ces baisers plains de flame⁎, Qui pour vostre subjet met en cendre mon ame. Ny Cleanide aussi car ses agneaux aux champs Vous la verrez icy venir passer le temps. Pan, Diane & l'Amour vous comblent de liesse⁎ Où allez vous ainsi discrette Cleanide, Avec ce beau Pasteur vostre fidelle guide ? C'est nous qui recevons cette faveur extreme, Et croirons vous servant jouïr d'un bien supreme. Vous sçavez tout le monde obliger⁎ au possible, Et pour ne s'en venger faudroit estre insensible. C'est pour faire admirer vostre civilité. Quel dessein faittes vous lumiere de ma vie ?                 Il fait bien chaud mamour⁎. C'est trop nous obliger⁎, A quoy sert tout cela, Dieux quel contentement, le bon trait que voilà. Vous ne le devez pas, Ha voila le meilleur, Certes ce petit livre est excellemment bon, Je prend ce soing tout seul, A la cligne-mussette⁎, Je n'arresteray pas à vous aller chercher, Est-ce faict,             Ma foy si Floridon j'atrappe, Croyez qu'il sera fort si des mains il m'eschappe             Il vous est fort aysé : Mais où est Floridon, Or sus⁎ vous voila pris clignez & sans veoir goutte Ainsi comme j'ay faict. Sus⁎ que chacun chez soy s'en aille en sa maison. Allons veoir nos trouppeaux, des oiseaux le ramage⁎, Dit qu'il nous faut bien tost retourner au village, Et devant qu'il soit nuict dedans quelqu'autre lieu, Nous pourrons bien encor jouër à quelque jeu. L'Inimitié d'un Roy, d'un Prince, d'un monarque, Ne peut de son courroux donner aucune marque : Que par un coup mortel qui passe en un moment, Mais celle de l'amour dure eternellement. On souffre tous les jours mille mors inhumaines Et si cét indiscret se mocque de nos peines, Depuis que de ce Dieu le mal contagieux, Voyant une beauté penetra mes deux yeux : Je crois avoir souffert des gesnes⁎ plus cruelles, Que n'en souffrent là bas les ames criminelles : Sa malice sans cesse en a de tous nouveaux Et jamais on ne void la fin de ses travaux⁎ : Hier j'estois content aujourd'huy ma Bergere Est captive au logis pour chose fort legere ! Ha Ciel pouvez vous veoir m'estre fait un tel tort, Sans en punir l'autheur d'une cruelle mort : Non non vous n'avez plus de feux ni de justice Le triomphe est basty de la gloire du vice : Le coulpable à present reçois par vanité, Ce qu'un pauvre innocent de juste a merité. Ha c'est renouveller une sanglante playe Dont l'horreur de penser tenseulement⁎ m'effraye Je crains qu'en recitant mon malheur trop sensible, A me pouvoir guerir se trouve l'impossible. La mort de tous mes maux est seulle medecine, Une grande douleur n'est facille à porter, Ma langue ne peut pas dire ce que j'endure, Aux maux desesperez tous remedes sont vains Quel plaisir auras-tu d'entendre ma misere. La force qui contraint fait perdre l'amitié. Apreste donc des pleurs pour ouïr ma fortune, Phebus hier au soir faisant place à la lune, Retiroit sa clarté du sejour des humains, Les faisant de chez eux reprendre les chemins. Et desja par nos champs une pasleur nocturne Avoit fait desloger les oyseaux de saturne, Dont le funeste chant ne s'entend que la nuict Alors que le silence est esloigné du bruict : Les petits passereaux de leur tendre gorgette, De ma nimphe & de moy entonnoient la retraitte, Apres t'avoir quitté, ramassans nos troupeaux Nous les reconduisons jusque dans nos hameaux. Puis en me separant de ma belle maistresse, Je pris d'elle un baiser, & fuyant de vitesse : Contant je ne pensois que personne n'eust veu Mais sa mere, ô bons Dieux qui m'avoit aperceu Au travers d'une vistre acourt & vient à elle : Et de quelques soufflets outragea cette belle : Et non contente encor luy dit qu'elle fera, Que de six mois entiers elle ne sortira : Juge donc si j'ay pas vray subjet de me plaindre Je n'en eusse rien sceu sans le berger Philindre : Qui son proche voisin m'a recité ce faict, Donc je puis acuser la Lune du forfaict : Car si elle eust permis sa lumiere eclypsee, Comme au temps qu'un berger vivoit dans sa pensee. Cette vieille Alecton n'eust veu la privauté De laquelle j'eusé envers cette beauté : O astres inhumains pensant à ce dommage, Je creve de dépit à peu que je n'enrage : Vois donc cher compagnon si je n'ay pas suject, De quoy me tourmenter en perdant cét object. Ce m'est trop de faveur vous estes trop courtois, Ne faut importuner son amy tant de fois. Ce petit mot d'escrit en tes mains je depose Je te conjure amy de luy faire tenir⁎ Et t'oblige au surplus de viste revenir. L'amour pour y aller me donnera des aisles, Amy fais qu'aujourd'huy j'en sache des nouvelles. En fin mon cher amy ma Nimphe t'a promis O dieux que j'ay bien faict quand je me suis remis, Dessus ta vigillance à nulle autre commune, Je tiendray desormais de toy seul ma fortune : Et si en recompence il faut pour ton subjet, Faire quelque dessein sur un divin object. Tien seur que Polydas vouë tout son service, Pour te remercier par quelque bon office. Fidelle confident de mes amours secrettes, Est-ce à moy que l'on parle ?                     Vous vous méprenez, Pancrace & Luciane à d'autres cheminez,             Ha vous m'importunez, Passez vostre chemin, Je ne vous crains non plus que je faits Luciane. Vous estes un bel homme. Trente pareils à vous ne me feroient de crainte, Telle comparaison à vous seul se refere. Pour tel que je puis estre, J'ay plus dans ce pais que vous n'aurez jamais, Ce seroit un beau coup pour assommer des veaux,             Regardez ce vieil singe, Il fait tant le vaillant & plus foible qu'un linge Ne se peut soustenir, O le grand champion, dieux comme il s'esvertuë Le bon homme mourroit avant demy quart d'heure. Vous n'aviez pas peut estre ensemble de querelle Pour prouver sa valeur voila un bon tesmoing. Pysandre qu'en dis-tu, Cela fait voirement eschauffer le cerveau.             Adieu vieil escargot, Compagnon de Silene, engence⁎ de Magot. Pysandre il s'en va tard⁎, retournons au village. Nous nous verrons demain dedans ce mesme lieu DEesse de la nuict aux amans favorable Qui bornez leurs desirs d'une gloire durable : Et pour les asseurer dans leur contentement, Faittes cacher du ciel le plus bel ornement. Si jamais amoureux eust besoin de vostre ayde C'est moy qui dans vos bras va chercher son remede : C'est moy dont le dessein ne peut estre caché, Si du sommeil glissant chacun n'est attaché : Morphee, c'est à toy que je fais ma priere, Puis que tu as pouvoir de clore la paupiere : Des humains d'icy bas, faicts, morne deité, Que mon desir parfaict se trouve executé : Sans estre descouvert d'aucune creature, Favorise l'amour & la mere nature : En me faisant plaisir tu les obligeras⁎, C'est un de leurs subjets qui te tend les deux bras. Un Prince cognoissant son serviteur fidelle, Menacé d'un malheur, espouse sa querelle : Pour rompre s'il se peut le piege à luy tendu. Moy qui du Dieu d'amour suis esclave rendu, Si je reçois faveur de ta bonne assistance, Ce Dieu t'en donnera la juste recompence : Puisque de ses subjets portant tiltre d'amant, Jamais nul comme moy n'aymast si constamment. Puissantes deitez qui sçavez ma detresse, Courtois permettez moy d'enlever ma maistresse, Vous sçavez le dessein que j'ay fait depuis peu De mettre cette nuict dans son logis le feu : Afin que cependant qu'on le voudra esteindre, Je la puisse enlever sans la poursuite craindre : Me voicy prest, bons Dieux de le mettre en effect⁎, Ce flambeau que je tiens le va rendre parfaict : Sus voila le logis puissances tutelaires, Embrassez s'il vous plaist l'estat de mes affaires Or sus⁎ le feu s'allume & peut long-temps durer, Je me veux un petit à l'escart retirer : Et lors que je verray au plus fort de l'orage Chacun courir à l'eau pour sauver le village, Prenant l'occasion ferme au poil inconstant, J'iray ma Lidiane enlever à l'instant. EN fin graces aux Dieux ma juste intention, Va je croy reussir à sa perfection : Une crainte pourtant talonne ma conqueste, Non non il faut entrer, car Lidiane est preste : Allons chaste Cipris mon soulas⁎ mon soucy, Un basteau nous attend à quatre pas d'icy. Mon ange, ne crains point j'apperçois le rivage : Regarde devant toy tu verras le basteau, Ma Royne entre dedans & tiens bien ce flambeau, Je m'en vais le lascher, & l'aurore venue, Nous serons esloignez, Attend chere moitié je vais courir apres, Ha ciel pas un basteau ne se monstre icy pres, Cette rive parest en estre despourvue, Ou bien l'obscurité les cachent à ma veue : Non je n'en trouve point, encore par malheur, Diane peint le ciel d'une noire couleur, Des nuages espais eclypsent ses lumieres, Les yeux du firmament ont fermé leurs paupieres : Mon flambeau jusqu'icy ne peut plus esclairer Bref tout semble en effet contre moy conspirer : Justes Dieux que feray je à ce coup d'infortune Ces astres inhumains, ceste inconstante lune : Pour ne veoir ma douleur ont voilé leurs clartez, O cieux que puis-je faire en ces extremitez : Sinon suivre de l'œil ma colombelle aymable, Et veoir si quelque Dieu luy sera favorable : Non, sourds vous avez tous sur la face un bandeau, Ha destins qu'ay-je veu elle est cheute dans l'eau Son flambeau s'est esteint aussi tost que sa vie, Venez rages des eaux qui me l'avez ravie, M'engloutir avecq elle ô Dieux ! ô Dieux ! cruels, Rendrez vous mes ennuis⁎ & mes maux eternels : Ouy puisque l'inclemance accompagne vos ames Et qu'un jaloux amour vous brusle de ses flames⁎ : Neptune, est-ce point toy qui m'a joué ce tour, Voyant ce cher objet plus beau que n'est le jour. Se mirer dans tes eaux sans doute son merite, T'a fait mettre en oubly Thesis & Emphitrite : Indubitablement ses attraits ravissans, Ont surpris tes esprits & charmé⁎ tous tes sens : Mais quoy ? puis-je endurer un affront si sensible, Il le faut malgré moy puis qu'il est impossible De se pouvoir venger d'un Dieu ny d'un demon : Peut estre n'est-ce toy, mais quelque pallemon Ou autre deité surprise de ses charmes⁎, Jupin⁎ assistez moy de vos divines armes : Autrement je diray ce qui semble en effet, Que vous participez au tort que l'on m'a fait : Helas où sont des Dieux la clemence & l'estime On les void aujourd'hui favoriser un crime, Commis en mon éndroit, ô ciel quel creve cœur⁎ O rage, ô desespoir, ô malheur, ô fureur, Demons larves horreurs, Errines, Eumenides, Gorgonne, Atropos, monstres Acherontides, Venez mettre mon corps en cent mille morceaux Les dieux qui souffrent⁎ tout autheurs de mes travaux⁎, Vous en donnent pouvoir, leur cœur inexorable Refuse son secours au pauvre miserable : O iniques destins, ô sort malencontreux, Infortuné berger, deplorable amoureux : Polydas Polydas sus il faut que la Parque Te face maintenant passer la triste barque : Choisis de quelle mort tu veux donques mourir L'eau, le fer, ou le feu, peuvent tes maux guerir : L'eau, si je m'y jettois Neptune auroit la gloire, D'avoir par dessus moy emporté la victoire : Le fer est trop sanglant, mon homicide main Me feroit à jamais estimer inhumain. De mourir par le feu je ne m'y puis resoudre, Jupin⁎ se venteroit que ce seroit son foudre : Qui auroit consommé mon cœur & mes poulmons, Choisissons donc plustost la grotte des Démons : Le jour qui peu à peu recommence à parestre, L'a faict proche de moy à mes yeux recognaistre. Je veux sans differer me jetter au milieu,     Adieu pauvre pays, Adieu malheureux lieu : Souviens toy quelque fois de l'amour mutuelle De ma Nimphe & de moy, ha mon mal renouvelle, Je veux avant mourir graver sur mon tombeau, Quelques funebres vers avecque ce cousteau : C'est assez, sus Demons de cette grotte sombre Recevez moy là bas & faitte que mon ombre Ne reçoive aucun mal sans l'avoir merité, Pesez mon innocence & ma fidelité. Sur tout permettez moy qu'en la plaine Elizee     Je voye la beauté qui m'a la mort causee. Veillé-je ou si je dors adorable beauté, Croyrai-je en vous baisant que ce soit verité ? Amis je suis fasché qu'il faille qu'un adieu Me face incontinent abandonner ce lieu : Mais n'estant nay berger, Paris qui me souhaite, M'obligera bien tost d'y faire ma retraitte : Et toy fidelle amy que le ciel m'a donné, Pour rendre maintenant mon malheur terminé, Reçois ce souvenir de nostre bien-veillance, Si tu ne veux venir au lieu de ma naissance, Où j'espere emmener cette rare beauté, Pour la faire honnorer comme elle a merité, Mais je veux qu'en ce lieu nostre Hymen s'acomplisse, **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_pysandre *date_1638 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pysandre Quel heur⁎ ont ces Amans, est il pas vray ma Reine, Nous voudrions bien tous deux estre en la mesme peine. ALlez petit trouppeau savourer les herbettes, Pendant que je diray mes belles amourettes : Aux Echos qui souvent entendant mon tourment, Me promettent tousjours quelque soulagement. Ce qui faict que souvent leur antre je visite, L'amour à tout moment sans tresve m'y invite.                     Echo, viste Attend fille de l'air je ne veux ton repos, D'un discours importun interrompre si tost.                     tost Je n'ay pas le loisir rien encor ne se gaste, Mon esprit sur l'amour ne court en si grand haste.                     haste Ne m'importune plus, car je n'en feray rien, Mon ame maintenant veut un autre entretien.                     tien Quoy que veux-tu donner importune criarde Je fuiray si ta voix le silence ne garde :                     garde Le recit des malheurs dont un Amant jouy⁎, Rend il en quelque effect ton esprit rejouy ?                     ouy Inhumaine ! Adieu donc, ne crains pas à cétte heure Qu'en ce lieu desormais plus long temps je demeure                     meure. Cette fascheuse Echo de l'un à l'autre bout, Pour me desesperer me veut suivre par tout.                     par tout Si n'en feras-tu rien car en changeant de place, Je n'escouteray plus de ta voix la menace.                     menace. Je te conjure Echo par l'amoureux lien. De ne plus empescher le repos de mon bien.                     bien. Dieux, que ce beau Narcisse avoit sur toy d'empire, Si Junon t'eust permis luy conter ton martyre : Et que ce beau visage eust chery ta beauté, Un beau cristal mouvant ne te l'eust pas ostée : Certes tu meritois l'amour de ce Cephide, Comme j'ay merité l'amour de Cleanide : Par tant de longs travaux⁎ soufferts si constamment, J'ay crainte que ma Nymphe aussi pareillement Regardant sa beauté dans une eau Cristaline, Rende amoureux ses yeux de sa face divine, Pour mespriser apres les feux de mon Amour, Je me suis cette nuict advisé d'un bon tour, Pour baiser quelque fois cette petite bouche, Qui ravit tous les cœur avant que l'on y touche Qui paroist mille fois plus rouge que Corail, Ceinte d'un marbre blanc plus luysant que l'esmail⁎, O dieux que de plaisir ce dessein me prepare, Voicy ce bel objet où nature s'esgare, Dans l'admiration de ses charmans⁎ apas, Voyons si mon dessein ne reussira pas. A l'aide, helas ! je meurs, ô secours ô secours !             Je vais finir mes jours.              Sachez rare merveille, Qu'en passant dans ce pré une mauvaise abeille M'a planté l'ayguillon sur la lévre, ha je meurs Les violents efforts de ces aspres douleurs, Me ravissent l'esprit, adieu chaste Bergere,             Pas encore mon ange,             Non encore un petit, Ce remede excellent me met en appetit⁎. Non je jure tes yeux ma fidelle maistresse.             Ha que plustot la mort     Sur ce corps innocent face un dernier effort. Pourquoy, si dans ta main tu tiens ma guerison, Me lairras tu mourir contre toute raison ?             Tu serois inhumaine. Allons au devant d'eux marchans au petit pas. Que Bacchus & Ceres vous comblent de richesse. Courtois dans la parolle autant que dans l'effet Oblige nos desirs d'avoir pareil souhait. Je refere ce poinct à vostre humilité. A quoy J'en sçay plus de deux cens, mais nous sommes trop peu. J'ay dans ma pannetiere une chose opportune, C'est un petit livret de la bonne fortune. Si vous voulez sçavoir qui vous arrivera, Piquez & je suis seur qu'elle vous le dira.                 Prenez donc cette aiguille : Pour veoir ce que dira cette inconstante fille, Ce fut endimion qui fit ce beau traitté, Et tout ce qu'il predit ce trouve verité. Amarille tirez s'il vous plaist vistement. Sus Lidiane à vous, Je n'en veux point douter. Tres-volontiers Berger, A quoy servent amy tant de plaintes frivolles Sinon qu'a troubler l'air d'inutilles parolles : Je te conjure au nom de nostre affliction, De me faire recit de ton affection. Celuy qui veut d'un mal tirer allegement, Il faut qu'auparavant il dise son tourment. Le mal est incurrable à qui le veut cacher, Mais on a guerison quand on la veut chercher. Nous causons bien souvent nostre propre ruine. L'artifice souvent peut le cours arrester. Le respect quelquefois nous faict souffrir injure C'est effet de prudence aux esprits des humains, D'accorder plus de chose à raison qu'à cholere, De prendre avecque toy part de la pitié. Quand tu m'auras conté le mal qui te possede. Je pourray bien peut estre y trouver du remede. Sans perdre pour cela nostre societè⁎, Dont je reçois l'honneur sans l'avoir merité. Vous en avez raison mais non pas de la sorte, Qu'il faille qu'un regret dans l'exceds vous emporte : Vous sçavez qu'une mere à le courage bas, Et qu'envers un enfant son fiel ne dure pas : Peut estre des demain avecque ses compagnes, La verrez vous mener ses aigneaux aux campagnes. Cependant vous sçavez que je suis son cousin, Si je vous puis servir comme amy ou voisin : Commendez seulement : car je veux faire au reste, Que vous estant pillade on m'estime un Oreste Librement voulez vous luy mander⁎ quelque chose, Je n'y manqueray pas car nostre parentelle Me donne à tous momens un libre accez chez elle, Dans une heure au plus tart je seray de retour Rendez vous en ce temps aupres du carrefour. L'Amitié d'un amy oblige à l'impossible, Il faudroit estre ingrat, mais⁎ plutost insensible, Pour ne le pas servir apres que par effet, Il vous a tesmoingné son courage⁎ parfaict. Pour servir Polydas mon amy plus inthime, J'offrirois à la mort mon ame pour victime, Je n'ay rien de plus cher que sa felicité, Aussi de ses amours fidelle deputé, Je vais faire tomber ce mot à Lidiane, J'ay crainte de trouver au logis Luciane : Hazard⁎, j'ay prou⁎ d'esprit pour sçavoir deguiser, Et discourant de loin sa prunelle abuser : Je veux tout doucement du pied frapper la porte Je n'oserois quasi, toutefois, il n'importe : Puisque de ce dessein nul ne se doute pas, Holla ho. Pysandre, Bons Dieux qui l'a contrainte à si grande rigueur Ha c'est pour ce subject trop de severité,             N'y pense plus cousine, Le berger Polydas :             Réçois donc cet escript, Pour veoir en quel estat j'ay laissé son esprit : Ne t'aflige point tant de semblables choleres, A bien conjecturer ne peuvent durer guieres. He bien a-t-il raison ? a-t-il le cœur Loyal ? Adieu je me retire afin qu'en devisans Nous ne soyons ouis de quelques medisans : Jugez si je vous puis servir en quelque chose, Je n'ay pas merité une telle faveur Joint que de vous servir c'est mon plus grand honneur.             Certes je meurs de rire, Je n'y failliray pas, & cependant adieu,              Où est-ce ? Ouy da⁎, tres-volontiers sus Passeurs sans rien craindre, Courrons querir de l'eau pour promptement l'esteindre. EN verité mon cœur il faut que je confesse Qu'un extreme regret fort vivement me presse : Je ne puis concevoir aucun contentement, Quand de nos deux amis je vois l'esloignement O certes Polydas nostre amitié juree, A de vostre costé eu trop peu de duree : Il falloit m'advertir de ce mauvais dessein, Ainsi qu'en pareil cas je t'eusse ouvert mon sein : Mais ma Nymphe dys moy si jamais Lidiane Ne te l'a descouvert, Il est vray que leur fuite aporte un grand dommage, Nous perdons nos hameaux & tout nostre village : Outre leur entretien que je prisois beaucoup. Et moy de mesme aussi mais desja l'on s'apreste Pour faire reparer ce grand coup de tempeste, Au plustart dans huit jours sera fait bastiment, Capable de servir à nostre logement. Venez vous-en chez moy vous n'aurez pis ny mieux, Dedans un mesme lict nous coucherons tous deux Et si vous me ferez un honneur incroyable             Advisez⁎ seulement, Car je vous traitteray assez modestement : Vous aurez chaque jour un petit ordinaire, Que vostre cœur demande & que le mien espere. Bien je vous donneray du fruict de mon service Qui vous donnant du laict vous peut rendre nourrice. Ma belle pour cela ne te courrouces point. Je l'ay tousjours esté, en doubtes-tu mon cœur ?             Cela c'est infaillible⁎. Beauté qui peut charmer⁎ une chose insensible : Et la faire mouvoir de mesme que le vent, Pardonne moy ce crime où je tombe souvent.                 Adieu mauvaise, Avant que de partir il faut que tu me baises. O ciel je suis ravy, quel bon morceau voila. Tu n'as garde à ce coup, adieu mon beau soleil, Unique parmy nous comme au Ciel sans pareil. Bons Dieux qu'il court icy un effroyable bruit, Lidiane mourra auparavant la nuict. Sa sentence de mort vient d'estre prononcee.             C'est la vieille Macee. Ma Nymphe prend courage il ne faut pas mon cœur, Se laisser emporter si fort à la douleur : Reprends un peu tes sens & tiens pour veritable Que sans doubte le ciel luy sera favorable.              Le ciel ne le veut pas. On ne sçait où il est, Dessus le bord de l'eau où elle estoit assise. Nous le venons d'aprendre & croy que nul de nous, N'en sçait pas à present d'avantage que vous. Nous yrons avec vous si l'avez agreable. Prestez moy vostre main pour marcher fermement, L'amour va perdre en elle un de ses puissans charmes⁎, Que de bon-heur nous suit certes faut advouër Que le ciel nous cherit & qu'il le faut loüer. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_lidiane *date_1638 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lidiane Berger pour mon subjet c'est prendre trop de peine, Souffrez que Floridon ou Pysandre me meine Je n'ose le donner à vostre courtoisie Sans qu'un fascheux effect de quelque jalousie, Ne glisse dans le cœur de chacune beauté. Beau Pasteur je n'ay pas assez de vanité Pour croire ce discours loin de la verité. Pour vous servir tousjours j'auray la volonté, O dieux que la vieillesse est d'une estrange humeur, Ma mere je vous suis, QUe celuy est heureux qui lors de sa naissance, Perd aussy tost le jour qu'il en a cognoissance : Il ne se void subjet aux rigueurs du destin ? Et n'est point du malheur le renaissant butin, Les disgraces d'amour à nous autres comunes, Ne troublent son repos d'aucunes infortunes : Jamais en son esprit il n'est inquiété Si ce n'est pour loüer la juste Deité : Alors qu'il recognoist que ces pieux offices Ne peuvent de Jupin⁎ payer les benefices : Helas pauvres mortels à combien de tourmens, Sommes nous destinez depuis les deux momens Que nous sommes conçeu & produits sur la terre, Toutes sortes d'ennuis⁎ nous vont livrant la guerre : Jusqu'au dernier soupir qui sille⁎ nos deux yeux D'un sommeil eternel qui nous rend glorieux : O mort combien de fois depuis que je suis nee, Ay-je desiré veoir trancher ma destinee ! Je n'avois pas encore l'usage de raison, Lors que je commençay de gouster le poison. Des douloureux regrets d'une fuite causee, Par les guerriers exploits du Prince de Luzee : Et puis de temps en temps les plaintes, les douleurs, Les disgraces, le mal, bref infinis malheurs, Compagnes en tous lieux m'ont suivis à la piste. Mais laissons ce parler, il est un peu trop triste. S'il falloit de mes maux reciter tout le cours, Trois jours ne suffiroient pour un si long discours. L'on dit qu'il n'y a rien qui soit plus agreable Que de penser à ceux dont le corps est aymable : Et qui par les attraits de leurs perfections, Ont fait naistre en un cœur quelques affections : Aussi, pour divertir⁎ mon esprit des pensees, Qui me font tousjours voir mes fortunes passees, Je veux l'entretenir sur les charmans⁎ appas, Et parfaites vertus du Berger Polydas. Mon Dieu qu'il est aymable & qu'il a bonne grace, La beauté de l'esprit correspond à la face : Ce miracle d'amour a des yeux ravissans, Et dans ses cheveux d'or s'enchaisnent tous mes sens. S'il est aussi constant comme il est agreable, Certes en verité son corps est adorable : Et je croiray plustost que ce soit quelque Dieu En Berger deguisé, qu'un pasteur de ce lieu. Toutes ses actions & sa docte eloquence, Font veoir que d'un Pasteur il n'a point pris naissance : Son port plus relevé que cette nation, Monstre qu'il tire lieu de nostre extraction : C'est peut estre un Seigneur, que quelque subject porte A delaisser la Cour déguisé de la sorte : N'importe tel qu'il soit, il promet de m'aymer ; Aussi son bel objet a sceu mon cœur charmer⁎ De telle passion, qu'une Amour reciproque Ne veut que mon desir jamais ne la revoque : Je seray tres-heureuse & luy sera contant, Nos cœurs changez en un, sera tousjours constant. Personne ne sçauroit empescher vostre envie, Mais n'aperçois-je pas ce Soleil de ma vie, Ce Phenix des Amans qui s'achemine icy ? De si bonne façon vous sçavez obliger⁎, Qu'impossible seroit de s'en pouvoir venger : L'exces d'humilité joinct à la courtoisie, Font que pour obliger⁎ vostre ame fut choisie, Mais si le Ciel un jour à ma suasion⁎, Faict que pour vous servir naisse l'occasion : Je vous tesmoigneray par mon obeissance, Que je n'ay rien si cher que vostre bienveillance. Berger excusez moy j'ay si peu de merite, Que le moindre pasteur me voyant prend la fuitte. Leur pouvoir que l'on void moindre qu'une vapeur, Ne doit les aprochant donner aucune peur : O Dieux ! Où vostre esprit s'alembique⁎ les sens. Pasteur telle loüange est beaucoup inutile. Je me tiendray berger infiniment contente D'estre de vous vertus la tres-humble servante. Puisque vous me donnez ce pouvoir sur vostre ame, Je commande à vos yeux de ne veoir nulle dame, Qui plus belle que moy les puissent captiver, Amarille pourtant est bien aupres de vous,             Ha c'est estre infidelle. Si telle feinte aussi se trouve veritable, Où en sont les tesmoins ? Gardez que quelque Argus voye la privauté Dont vous venez d'user envers ma chasteté, Allons sous ces ormeaux nous asseoir un quart d'heure, Pysandre ne sçauroit faire longue demeure. Le Ciel face sur vous toutes faveurs pleuvoir, Tous ces beaux complimens empeschent nostre envie : De passer gayement ce qui reste du jour.             He bien. Joüons à quelque jeu remply de modestie⁎, Amarille qui vient sera de la partie. Assisons nous icy mais que ceremonie Soit tout premierement d'avecque nous bannie.             Je n'y adjouste foy :             C'est à vous Polydas. Je vais moüiller le doigt⁎ & quiconque l'aura Pour ne point disputer sans refus clignera : Prenez donc s'il vous plaist,                 Qu'à prendre on soit habille, Or sus⁎ c'est Polydas allons viste cacher, On y va, parlez qui est là bas ? Excusez-moy, car de peur que je sorte Ma mere a emporté la clef de nostre porte. Le fantastique apas d'un mensonge trompeur : Elle dit avoir veu au travers la fenestre, Un berger me baiser, jugez s'il ce peut estre : Le ciel puisse punir telle inhumanité : Cousin le cœur me fend,         Gardez que la voisine : N'entende vos discours, Je ne merite pas qu'il souffre tant de mal, Cher cousin dites luy que ce qui plus m'afflige C'est qu'avec trop d'ardeur son honneur il oblige Que d'un si grand dessein je crains l'evenement Et qu'il ne reussisse à son contentement, Pourtant asseurez le sans craindre la tempeste Que pour luy obeyr je seray tousjours preste. Pysandre entre vos mains mon honneur je depose : Que le Ciel puisse un jour faire naistre un subjet, De vous pouvoir servir en quelque bon projet : Dieux qu'il me tardera que la nuict soit venuë Il me semble desja que mon mal diminuë : Puisque mon cher amant me doit tirer d'icy, Je m'en vais m'aprester, & mon bagage aussy. Las⁎ fidelle pasteur hastons nostre voyage,             Dieux ! la corde est rompue : Polydas au secours, viste prestez la main L'eau rapide à son fil adresse mon chemin : Hastez vous, ô grands Dieux Jupiter & Neptune, Conduisez à bon port l'estat de ma fortune : Adieu cher Polydas si l'eau me fait perir, Sachez que vostre amour seule me fait mourir Souvenez vous tousjours de nostre unique flame⁎, Et que mon souvenir touche souvent vostre ame. AMis de qui je tiens le repos & la vie, Que la fureur des eaux m'avoit presque ravie : Que je suis obligee⁎ à vostre bon secours, Je m'en resouviendray le reste de mes jours : Et si je ne fais pas d'esgalle recompense, Sachez mes bons amis que je ne m'en dispense, Ce bien receu de vous ne s'oublira jamais, J'espere avec le temps vous rendre satisfaits. Non pas si justement que merite la chose Mais selon la raison que mon esprit propose. Faites vostre proffit, A dieu donc chers amis. Agreable sejour, arbres, cypres, jasmin, Pour trouver Polydas monstrez moy le chemin : Voicy le mesme lieu où l'ingratte fortune, Nous separa tous deux de façon non commune. Helas où peut il estre, ô soleil radieux ! Pour le veoir maintenant preste moy tes beaux yeux : Et toy puissant amour qui nous cognoist fidelles, Pour l'atteindre bien tost preste moy tes deux aisles. Et pour ta recompense un autel je promets, Où le musque & l'encens fumeront à jamais : Je ne puis te promettre à present davantage, Bons Dieux, que j'ay desir de revoir son visage : Tant je crains qu'un malheur ne luy soit survenu, Par ce maudit chemin du bon-heur incognu : Las⁎ s'il n'a point trouvé de basteau pour me suivre, Que quelqu'un ayt voulu nostre fuite poursuivre. Et qu'on l'ait rencontré cheminant en ce lieu : Si l'on doute qu'il soit la cause de ce feu, On l'emprisonnera, o soleil de Justice, Destournez de son chef le mal qui suit son vice : O dieux que l'imprudence aporte de malheur ! Que j'ay depuis ce jour supporté de douleur ! Il faut qu'incessamment je pleure & je souspire, Je ne verray jamais la fin de mon martyre : Car mon destin le veut, & le ciel endurcy Prend plaisir quand il void me tourmenter ainsi. Quelle trouppe de gens se descouvre à mes yeux Pour ne les rencontrer je fuiray devant eux. Amis que voulez vous d'une pauvre bergere ?         Il n'est en mon pouvoir : Car ne l'ayant pas veu depuis une journee, Je ne vous puis respondre,         Rien moins, croyez pasteur Que jamais Polydas ne fut d'un crime autheur. Arbitres souverains des affaires du monde, Sur qui chacun mortel son esperance fonde : Pour tirer la raison de l'infidelité, Je vous veux declarer toute la verité. Ainsi que je ferois si le maistre au tonnerre, Estoit au lieu de vous maintenant sur la terre. Mais permettez aussi que la douce pitié,     Trouve chez vous pour moy quelque trait d'amitié. Le berger Polydas de qui j'estois maistresse, M'a long temps fait l'amour sans que comme j'ay sçeu, Aucun de mes parens l'ayt oncques⁎ aperceu. Mais un jour ramenant nostre trouppeau de paistre, Arrive que ma mere estant à la fenestre, Vid ce jeune pasteur qui feignant de causer, Par surprise emporta de ma bouche un baiser, Ce qui la contraignit à me tenir captive, Malheur, cause à present que tout ce mal arrive. Car ce pauvre berger ayant sçeu ma prison, L'amour qui dominoit ses sens & sa raison : Luy ouvre le moyen propre à son entreprise, Resolvant par le feu de mettre en franchise⁎ : Et de fait par un mot il me le fit sçavoir, Mais d'y remedier n'estoit en mon pouvoir : Car ne pouvant sortir pour calmer cette orage, Je dispose mes pas à suivre ce vollage : Et l'heure estant venuë & le feu allumé, Pendant que tout chacun de la peur allarmé : Pour l'esteindre couroit aux rives de la Seine, Par un autre costé cét indiscret m'emmeine : Nous cheminons tous deux jusques au bord de l'eau, Ou s'estant rencontré un seul petit basteau : J'y saute habilement, luy demeure à la rive, Afin de le lascher, mais un malheur arrive : Le plus grand qu'un esprit se puisse imaginer, La corde se rompit & l'eau vient entrainer : Dans son fil le basteau où seule je demeure, Appellant du secours, je soupire, je pleure : Mais en vain tout cela car nostre affection, Trouva par ce moyen sa separation : Je n'ay depuis ce jour veu le berger que j'ayme : Apres je me trouvay dans un danger extreme : Car voyant pres de moy une isle dont l'abord, Me sembloit fort facile à sauter sur le bord : Je me lance à l'instant sur le sable où je glisse, Et tombant dedans l'eau je souffre un tel supplice, Qu'il m'alloit de la mort faire franchir le pas, Si deux pauvres pescheurs estans un peu plus bas Avecque leurs filets ne m'eussent repeschee, Et apres que chez eux je fus un peu seichee : Je les priè tous deux de m'amener icy, Pensant y retrouver l'objet de mon soucy. Mais je n'ay eu plustost mis le pied sur l'arene Que surprise à l'instant devant vous on m'ameine Voyez donc maintenant si je puis avoir tort, Et si vous me jugez coulpable de la mort, Car tout ce que j'ay dit est aussi veritable Que le soleil nous voit sur la terre habitable : Et si j'ay parlé faux d'un seul poinct seulement, Que Jupin⁎ de ses feux me brusle en un moment. Je croy qu'elle est chez elle & Floridon present, Vous peut mieux que moy dire où elle est à present. Je ne le pense pas Ou juste ciel faut-il que je meure innocente, Las⁎ comment voulez vous grand Juge venerable, Que je mette en vos mains un pauvre miserable : Qui comme vous voyez gravé sur ce perron. A desja traversé le fleuve d'Acheron. Ce seroit m'obliger à plus que l'impossible, Sus sus⁎ je veux mourir sa mort m'est trop sensible : Qu'on ne differe plus le moment de ma mort, Amis depeschez vous je veux franchir ce port. Vivre sans Polydas le jour est sans lumiere, Qu'on me pardonne ou non voicy l'heure derniere : Que le soleil verra tous mes travaux⁎ finir, Car l'ame de mon corps s'en va se des-unir : Il me semble desja que je te vois belle ombre, Suivie dans ces lieux par des ames sans nombre, Qui t'admirent voyant ton esprit nompareil, Croyant que devers eux soit allé le soleil : Je t'y veux suivre aussi, ame plus qu'adorable Qui toute seule rend cette grotte admirable : Bel ange je te suis, tu m'apelle, attend moy, Mon ame va partir pour courir apres toy. Las⁎ ! pourquoy venez vous rengreger mon tourment ? Ma mere pardonnez à ma flame⁎ indiscrette, Et me laissez souffrir la mort que je souhaite. Ma mere, adieu, le ciel vous veuille consoler, Ha mon cher Polydas que d'estranges merveilles Je ne sçay si mes yeux demantent mes oreilles. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_cleanide *date_1638 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_cleanide Mon espoir qui n'attend que le vouloir des Dieux Me fait imaginer qu'ils font tout pour le mieux. Belles fleurs que Zephir incessamment caresse     J'ay peur que l'on m'accuse aujourd'huy de paresse : D'avoir mis si long-temps à venir visiter, Vostre esmail⁎ bigarrè qui sçait l'œil contenter : Et vous arbres sacrez, bois, rochers & fontaines, Qui de mon chaste amour tous seuls sçavez les peines, Ne les publiez pas de peur que mon berger De mon affection se vueille advantager : Et vous air gracieux gardez que ma parolle, Par le vent emportee à ses oreilles volle : Je n'ay sçeu plus matin delaisser le logis, J'ay laissé mon mastin⁎ pour garder mes brebis, Cependant que je viens pour faire une guirlande, Que mon berger aura pourveu qu'il la demande. Pysandre qu'avez vous ?     He Dieux dittes le moy. Prend courage Pasteur, la peine est fort legere. Si ce n'est que cela, mon berger, ce n'est rien, Dans un quart d'heure au plus tu te porteras bien, Preste⁎ que je la succe, ô la fortune estrange ! Sens-tu allegement ? He bien es-tu guery ? Finet⁎ seroit ce point quelque tour de souplesse⁎ ? J'en doubte fort pourtant. Si est-ce que si plus un tel mal te possede, Tu pourras bien ailleurs aller chercher remede. J'y adviseray⁎ lors, Ne parle plus Berger, car voicy dans la plaine La chaste Lidiane & le beau Polydas. Que la docte Pallas vous donne son sçavoir. Ravis de vostre veuë où loge le bon-heur, Pysandre et moy venons en rechercher l'honneur.     Dançons,             Pysandre invente un jeu.             C'est parler franchement, Ce parler est obscur,             Pysandre c'est à moy.             Non, ne le croyez pas,             Pysandre c'est à vous.         Ouy.             Non, je jure Diane : Elle estoit trop finette⁎, & dans sa passion Elle a tousjours monstré telle discretion : Qu'on ne se fut douté de leur amour secrette : Mais sans mentir Pasteur, sa perte je regrette Car c'estoit ma compagne, & je croy qu'en ces lieux, Tous objets desormais me seront ennuyeux⁎. O cieux que de frayeur m'a surprise d'un coup Quand pensant sommeiller j'ay ouy dedans la rue Quelqu'un crier au feu d'une voix esperdue : Nous n'avons je vous jure eu rien plus que le temps, De pouvoir transporter nos meubles dans les champs Il ne nous est resté qu'un petit toit à bestes, Ou nous ne pouvons pas tenir droites, nos testes Vous estes sans mentir pasteur trop charitable. Je vous en remercie, Rien moins, sçachez berger que le fruit & le laict Sur tous les autres mets contentent mon souhait. Ha c'est estre indiscret jusques au dernier point, Berger devenez sage & sans ceremonie, Ou je me banniray de vostre compagnie. Vous estes insolent aussi bien que mocqueur : Flattez moy maintenant. Il vous est pardonné adieu, Non, non vous avez tort, pasteur laissez cela. S'il vous arrive plus de me mettre en cholere, Berger je le diray sans mentir à ma mere. Helas qui vous l'a dit, O cieux que dites vous helas je n'en puis plus Pysandre soutenez mes membres abattus : Ce sensible regret touche si fort mon ame, Qu'elle va s'envoler vers la celeste flame⁎. Ha laissez moy mourir, Mais encor que dit-on du berger Polydas.             Comme a elle esté prise. Pauvre bergere helas que je plains tes malheurs, Pasteur voicy sa mere, escoutons ses douleurs ; Pan face reussir le tout heureusement. Mes yeux ne peuvent plus en retenir leurs larmes. Chere ame en verité les Dieux sont adorables, Aux maux desesperez se rendans secourables. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_amarille *date_1638 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_amarille C'est le moindre soucy de mon contentement. DE la confusion maintenant delaissee, Je viens entretenir à loisir ma pensee, Pendant que le festin rend nos amis contens, Je me suis desrobee aux yeux des assistans, Pour venir librement plaindre la jalousie, Qui depuis le matin trouble ma fantaisie, Ce ver sans nul repos me devore le cœur, Et dedans le plaisir je trouve la douleur, Parjure Polydas, ingrat, est il possible Que tu pense aujourd'huy que je sois insensible ? Que je puisse souffrir sans regret furieux Qu'à un autre qu'à moy tu faces les doux yeux : Non perfide, non non, ne crois pas que mon ame Pour aymer mon espoux puisse esteindre la flame⁎ Qui pour ton seul subject s'aluma dans mes os : J'ay trop d'affection, j'ayme trop ton repos, Jamais le changement ne blessa mon envie, Et ne crains point encor ce reproche à ma vie, Tandis que mon esprit fera sa fonction, J'auray tousjours pour toy la mesme affection : Que depuis un long temps je t'ay par tout monstree, Et presqu'à tous momens sur mes genoux juree : Mais toy, sot, inconstant, fol, volage, & trompeur, Ton amour dure moins que le mail⁎ de la fleur, Qui naissant au matin se perd l'apresdinee⁎, Et sans doubte qu'Iris nourrit ta destinee : Mais ne le vois je pas ? Ouy, voicy l'effronté, Je luy veux tesmoigner un visage attristé, Afin qu'à l'action froide & sans raillerie Il cognoisse à l'instant d'où vient ma fascherie. Tout beau, Berger, tout beau, vostre creance est vaine, Sachez que ce subjet nullement ne m'ameine. Rien moins. Je n'ay pas les yeux de Lidiane. Pour rendre les Bergers amoureux de ma peau. C'est un jeune pasteur qui avec son Amante, A la nopce a dancé la premiere courante⁎. Mon soubçon n'est conçeu qu'avec bonne raison, Lidiane nommee en vos meilleurs discours, M'asseure qu'en ma place elle a nom de fidelle. Croiray-je ta parolle un veritable effect⁎ ? Je te pardonne donc. Prend garde que quelqu'un n'arrive à l'impourveu, A Dieu je m'en retourne. Pensez de m'enlever suivant vostre promesse Je vous garde six mois ma pure chasteté. Ne crains pas, mon espoir⁎ cognoissant ton humeur, Que jamais mon esprit retombe en telle erreur. Bon jour gaillard⁎ troupeau, encor que je sois Contrainte d'obeir aux maritales lois. Pourtant vostre entretien si profitable à suivre, Fait sans voir un jour⁎ que je ne sçaurois vivre. Vrayment nous le voulons,             Je ne croy point cela, Cleanide est il vray ? Quiconque ayt fait cela sans doubte il estoit fous. Berger changeons de jeu car voicy Floridon, Defaisons nous de luy sans luy faire paroistre Nous allions commencer quand sortant ce bocage⁎, Je vous ay veu venir costoyant le village. Nenny⁎ vrayment, Viste sœurs sauvons nous,             Dans un arbre creusé, A douze pas d'icy vous le prendrez sans doute, L'Esprit inquieté de milles pensemens⁎, Dont la jalouse ardeur blesse mes sentimens : Sans resolution je demeure confuse, Et dans ma passion une crainte m'abuse : Faisant veoir par les yeux de mes sens agitez, Combien mon Polydas use de privautez : Par tant de doux regards jettez sur Lidiane, Mille petits souris truchemens⁎ de l'organe⁎, Semblent dire pour elle à mon affection, Que ce vollage amant mocque ma passion : He dieux seroit-il vray que leur ame traistresse, Se jouant de mon sort, se rit de ma simplesse⁎ : Ha je ne le croy pas les sermens qu'il m'a fait, Indubitablement seront mis en effet, Ou bien le ciel rendroit le crime tollerable, Où va cét importun qui me rend miserable. De vous veoir en ce lieu où je ne vous appelle. Mon plaisir est parfait quand je ne vous void poinct. N'esperez rien de moy mon amour est donnee : Plus vous le pressez & plus il durcira : La force & l'amitié n'ont rien sur ma pensee : As-tu quelque raison de me cherir aussi : En quoy t'ay je obligé pour m'aymer de la sorte. C'est pourquoy je te haÿs reprends les si tu veux. Si tu veux à l'instant j'en feray la rupture. Si tu meurs aujourd'huy je t'en rend deus fois plus : Je meure, j'ay regret qu'un sot espoir te flatte : Adjouste que d'un fol il t'aquiert le renom. Ouy, quand l'un des amans a la teste mal faite. Je croy qu'en ton endroit ce point est limité. Aimer sans estre aymé tesmoigne une folie. Si j'ayme Polydas il m'aime encore mieux. Autant que la vertu que respire son ame, Ta voix ne me rendra jalouse nullement : De t'en aller d'icy que ton amour m'oblige. Ces arbres, ces rochers, ne parleront pour toy, Tu devines vrayment aussi bien que je pense. Dit plutost qu'ils riront oyants⁎ tes sots discours. Si tu debvois brusler je t'en donnerois mille. Que la haine d'avoir troublé mon entretien. Ces fruits estans trop doux je me rendrois blasmable. Tu le peux si tu veux je ne t'en ay prié. Je sçay bien que le mien fuit de loin tes semblables. Autant que l'on verra le soleil esclairer : Jamais comme j'entends tu n'y verras d'éclipse. Je croy que de la mort depend tout ton bonheur.     Lors que tu la tiendras garde bien qu'elle eschappe. Alors que nous verrons le soleil sans le jour : Tant plus on m'importune & plus je suis severe. Va va retire toy spectre, phantosme hideux, Ta presence me donne encor plus d'effroy⁎ qu'eux. Si Polydas tesmoigne envers moy sa constance Et qu'il me tire un jour de dessous ta puissance Je feray dans peu veoir à tes yeux clairement, Qu'il ne faut marier les filles forcement. Peres mal advisez sur moy prenez exemple, Que chacun des mortels mon desastre contemple : Voyez où m'a reduit le paternel pouvoir,     Une plus miserable on ne peut jamais veoir. Le soucy, la douleur, la jalouse manie, Ont troublé tout à coup de mes sens l'armonie : Helas que deviendray-je apres tant de travaux⁎, Peut estre que le Ciel adoucira mes maux. Lors qu'il contemplera avec quelle constance, Suportant mes ennuis⁎ je luy fais resistance : Je veux tous les malheurs rendre à la fin lassez, D'avoir dessus mon chef tant de tourmens versez : Celuy qui patient souffre de l'injustice, Force son ennemy à luy estre propice. PLeure Amarille helas ton malheur sans pareil, Que les larmes jamais ne seichent dans ton œil, Souspire incessamment ton douloureux desastre L'amante, sans repos l'injure de ton astre : Crie, gemis, plains toy, remplis l'air tout de pleurs, Pour esmouvoir le ciel à plaindre tes douleurs Et faire que ton mal le rende favorable, Pour en punir l'autheur d'un foudre inevitable : Bon Dieux cela est juste & selon l'equité, Vous sçavez ma constance & l'infidelité : Du Berger Polydas & de sa Lidiane, Où estes vous Didon, vous crétoise Arianne ? Venez veoir le Pasteur qui cause mon ennuy⁎ Comme le plus méschant qui respire aujourd'huy : Ce n'est point un Aenee encor moins un Thesee, Il est pire cent fois & d'humeur moins posee : C'est un traistre parjure, un lasche, un imposteur, Un Amant infidelle un signalè trompeur. Bref je puis dire icy comme je conjecture, Que c'est le plus meschant qu'ayt formé la nature : Nature je me trompe, ha il ne se peut pas, Tesiphonne plustot l'a enfanté là bas : Nul mortel n'eust jamais une si mauvaise ame, O Dieux, ô Dieux, faut-il qu'en vain je vous reclame : Ne verray-je point l'air se troubler de vos feux Pour consommer les os de ces deux amoureux : Non vous ne voulez pas, non vous avez envie De veoir le desespoir triompher de ma vie : Je n'auray pas ce bien que de les veoir punir, Je serois trop contente à ce doux souvenir : Il faut auparavant que l'inhumaine Parque, Me face devaller⁎ dans l'infernalle barque Je le veux, je le veux, aussi bien desormais, Tout mon contentement seroit mort à jamais : Je ne refuse pas de franchir la carriere⁎, Immortels prononcez ma sentence derniere : Que sert de retarder le decret de ma mort, Est-ce pour m'afliger de plus fort en plus fort ? Ou pour vous accuser d'inclemence & de haine, Meritai-je le mal d'une si longue peine : Non, je ne le croy pas, vous estes des cruels Vous ne meritez pas l'amitié des mortels. Je veux presentement malgré vostre puissance, En me donnant la mort apaiser ma souffrance : La grotte des Démons que je vois devant moy Va servir maintenant à guerir mon esmoy⁎ : Mais quels vers sont gravez sur cette pierre dure, Aprochez vous mes yeux, voyons quelle advanture Se pourroit estre icy : car jamais on n'aprit Qu'il y eust en ce lieu quelque chose d'escrit. Passant sache que mon flambeau, A dans les eaux esteint sa vie, Et Polydas malgré l'envie,                             A icy choisi son tombeau. O bons Dieux est-il vray ce que je viens de lire ? Polydas est-il mort d'un si cruel martyre ? Helas ! pauvre Berger je regrette ton mal, O Dieux ! qui t'a causé cét accident fatal ? Je n'en puis que juger, sinon que ta maistresse Est morte dans les eaux, & que toy de detresse Tu t'es venu jetter dans ce goulfre fumant, Du moins ces vers icy le disent clairement : Mais n'est-ce point aussi qu'il a fait ceste ruse, De peur d'estre suivy, ou bien que je m'abuse : Non, sans doute il est mort dans ce lieu malheureux, Allons donc le trouver pour vivre plus heureux ! Dieux, esprits, ou demons, qui habitez ce sicle, Prenez l'ame & le corps de la pauvre Amarille : Et si vous la voulez doublement obliger⁎, Faites tant qu'elle soit aupres de son Berger. Vange toy Floridon de mon ingratitude, Je veux vivre à jamais dessous ta servitude. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_luciane *date_1638 *sexe_feminin *age_veteran *statut_maitre *fonction_mere *role_luciane Pancrace prestez moy s'il vous plaist vostre main, Car de vostre maison je sçay mal le chemin. Mocqueur en mon endroit vous n'avez bonne veuë Ce regret inutil n'apporte que tourment, Allez n'y pensez plus, marchons tout doucement. Lidiane approchez plus pres de ma personne. Bonsoir, bonsoir Pancrace, ha vrayment c'est trop tard, Certes vostre musique est parfaittement bonne,             Que vous me ravissez Qu'on ne vous peut donner de loüanges assez J'aurois trop de regret de vous causer ce mal, J'ay un petit anneau de corne de belier : Que je vous veux donner recevez le de grace. Prenez-le s'il vous plaist au bout d'une ficelle Ce fut un beau pasteur qui m'en fit un present, Que j'aymois autrefois comme vous à present Adieu mon serviteur le sommeil me tourmente Croyez que Luciane est vostre humble servante. QUe l'indiscretion fait naistre de tourment, A ceux dont les enfans vivent trop librement : J'approuvois fort les loix des antiques familles Dont l'extreme rigueur ne permettoit aux filles De veoir, ny d'escouter, mesme de s'enquerir, Des points de quoy l'honneur peut du blasme encourir : A l'aage de vingt ans nulle, d'esprit parfaitte, N'eust sceut dire comment elle avoit esté faitte. L'amour ne les troubloit en leur contentement Ne sachant que c'estoit d'amante ny d'amant, Mais helas maintenant on fait gloire du vice, Une fille à douze ans sçait autant de malice Que celle qui jamais n'a fait d'autre mestier, Que de suivre d'amour le penible sentier : Le plus ardent desir qui possede leur ame, Est de leur veoir changer le nom de fille, en femme : Il n'y a plus d'enfance à ce que je puis veoir, O que ma Lidiane a trompé mon espoir. Pancrace mon amy il faut que je vous die, Que si autre eust veu cette action hardie : Me le venant conter je ne l'eusse pas creu, Mais c'est un fait certain que mes deux yeux ont veu. Un berger la baisa aupres de nostre porte, Dont alors de regret j'estois à demy morte Vous estes un railleur, vraiment vous voulez rire, C'est bien me consoler sur ce fait important, Ne dittes pas cela, car ma mere en tous lieux, Conduisant mon troupeau ne me perdoit des yeux, Et jamais un berger si ce n'est par surprise, N'emportast de ma bouche un baiser de franchise. Ha ha malicieux, vous sçavez des nouvelles Autant que la Gazette : A d'autre à d'autre, amy, Mais voyez un petit vrayment vous estes fous Ha ne me faittes point revivre sa memoire Vous me ferez pleurer. Dieux de quoy parlez vous. Quand le pot est couvert c'est signe, ce dit-on, Que le feu en est loing & la chair se morfond. Vous vous riez tousjours, Ne vous pensez mocquer, autrefois j'estois belle Helas je m'en souviens, une telle hardiesse M'a bien depuis ce temps causé de la tristesse, Encore que l'action ne touchast à l'honneur, Mais celle de ma fille est à son deshonneur, Se laissant suborner⁎ d'une jeune cervelle, De lignage incogneu.                 Le voicy Vous estes trop hardy, Tout beau ce n'est pas luy, Je reçois trop d'honneur, PAncrace en verité vous estes un prodigue Le subject ne vaut pas la peine & la fatigue : Que vous prenez pour luy, car je jure ma foy : Qu'un si riche festin meritoit mieux que moy. Vrayment vous ne sçauriez, Mon-dieu pardonnez moy, c'est trop d'honneur Pancrace, Tenez moy, s'il vous plaist en vostre bonne grace. Adieu jusqu'au revoir, Attendez, s'il vous plaist que j'aye mes lunettes C'est ce jeune galland qui sçait si bien baiser.                 Ouy. Je ne me trompe point j'ay encor bonne veuë, Ce fut vous qui baisa ma fille dans la ruë.             Dieu n'y prenez pas garde, C'est un jeune éventé, Hé dieux n'en faites rien gardez vostre valeur, Pour quelque occasion qui soit un peu meilleure, Pancrace allons nous-en, à quoy sert de tant dire ? Je vous prie marchons, j'ay laissé Lidiane Toute seule au logis, VIste viste debout, une espaisse fumee Me dit qu'une maison icy proche allumee : Pourroit mettre le feu dedans nostre logis, O bons Dieux ! c'est ceans⁎, à l'aide mes amis. O feu, ô feu, Helas ! que ferons nous, amy, tout est perdu, ACcablee d'ennuys⁎, de maux, d'afflictions, De douleurs, de malheurs, le but de passions, A qui me dois-je plaindre en ces peines extremes, M'adresseray-je à vous divinitez supremes ? Ou aux hommes mortels l'ouvrage de vos mains Non car vostre pouvoir s'estend sur les humains : Ils ne peuvent sans vous agir en nulle sorte, C'est, c'est donc contre vous que ma plainte se porte, Puisque vous permettez qu'on violle les loix, De douceur & d'amour envers moy cette fois J'avois tousjours vescu d'une telle maniere, Que je n'esperois pas sentir vostre cholere : Las⁎ qu'ay-je faict (bon dieux) pour veoir contre raison, Enlever mon enfant & brusler ma maison : Par un traistre pasteur un mechant, un perfide, Un brusleur de maisons un volleur homicide Que ne le tiens-icy ha je jure ma foy, Qu'il trouveroit sa mort quoy qu'il n'y eust que moy. Mes ongles & mes dent quoy qu'attains de vieillesse, Sont encor assez forts pour punir sa jeunesse : O malheureux enfans, ô indiscretion, Que tu nous faits souvent souffrir d'affliction, O ma fille faut-il qu'une amour effrenee, Face qu'à ce berger tu sois abandonnee, O folle, ô indiscrette⁎, helas tu ne sçais pas La ruse, la finesse, & les pipeurs⁎ appas, Des hommes inconstans qui vivent sur la terre Ta lettre que tantost j'ay trouvé sur ma chaire, Me transporte⁎ les sens quand tu me dits qu'un jour, Je te verray au rang des Dames de la cour : O que ton sot espoir te causera de peine, Simple, crois-tu cela ? une chimere vaine, Avecque les sermens d'un jeune courtisant, Pour une mesme chose on les tient à present, Sans mentir j'ay regret que ton jugement louche, N'ayt peu veoir les abbus de sa trompeuse bouche Va va meschante fille où te conduit le sort, Le ciel puisse bien tost me livrer à la mort : De peur qu'un mauvais bruit blessant ta renommee, Ne rende à tout jamais ma race diffamee, O Dieux je n'en puis plus mes larmes & souspirs, Estouffent mes propos dedans mes desplaisirs. Retournons au hameau reste de l'incendie, Pour veoir si à sauver le reste on remedie, O qu'une fille sotte est un fascheux fardeau, Plustot qu'en souhaiter j'eslirois le tombeau Je m'en vais envoyer ma servante Pernelle, Pour veoir si quelque part elle en aura novelle. Bergers une faveur, dites si les nouvelles, Que l'on dit de ma fille asseurement sont telles. Il faut donc passer outre, ô ciel inexorable ! Tres volontiers cousin vous m'obligerez⁎ fort, Pancrace est icy pres qui m'atend demy mort, Nous irons chez le Juge avec luy tous ensemble, Dieux je ne puis aller tant, tout le corps me tremble. Hastons nous car j'ay peur qu'elle soit desja morte.             O bon dieux ! s'en est faict, Sa vie a expié son enorme forfaict. Quoy là on fait mourir sans ouyr sa deffence : Ma fille ouvre les yeux parle un mot seulement Helas ! Pourquoy faut-il que tu meures aujourd'huy ? Jeunes filles pleurez vostre pauvre compagne, Que la larme tousjours vostre visage bagne, Et vous braves pasteurs à mon malheur presens, Voyez si mes ennuis⁎ ne sont pas bien cuisans. Si jamais la pitié trouva place en vostre ame, Grand arbitre des Dieux, qu'en jugeant vous servez, Retractez vostre arrest puisque vous le pouvez. Ou s'il ne se peut pas, permettez moy de grace Pour sauver mon enfant que je meure en sa place : Ou bien si vous jugez le mal trop odieux, Pour me faire plaisir condannez nous tous deux. Las⁎ permettez encor qu'un seul coup je la baise; Adieu ma chere fille, ha je ne puis parler. Helas ! qui eust pensé qu'apres tant d'infortune Il nous deust arriver une telle fortune ? Ma fille vous avez vostre contentement, Baisez moy, puis allez embrasser vostre amant : Et que chacun berger face ainsi de la sienne, **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_pecheur1 *date_1638 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pecheur1 Bergere grand mercy je n'eusse pas pensé Devoir estre de vous si bien recompensé. Nous voudrions tous les jours prendre de tels poissons, Et si ne nous faudroit lignes ny hameçon.                 Parle compere, Allons vendre à Paris ce riche diamant, Puis nous partagerons l'argent ensemblement : Afin d'en acquerir quelque bon heritage. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_pecheur2 *date_1638 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_pecheur2 Ma foy ny moy non-plus; car de toute l'annee Nous n'avons tant gaigné comme cette journee.             Que tout vous soit prospere.             Adieu. Nous boirons en passant dans ce petit village. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_le-juge *date_1638 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_lejuge NOus qui tenons des Dieux la balance à la main, Pour juger icy bas le differend humain : Alors que l'equité plus forte que le vice, Fait veoir devant nos yeux où reigne la Justice : Adjugeant le bon droict à ceux qu'il appartient, Cause qu'en l'univers tout chacun se maintient :     Mais encor qu'aygrement on punisse le crime, Si est-ce toutesfois qu'on n'en fait pas d'estime Le mortel ne craint point le tourment preparé Quand à faire du mal il s'est deliberé : Nous en voyons l'exemple arriver à toute heure, Et mesme en Polydas.              J'en suis d'avis aussi : Mais encore faut-il examiner cecy, Vous sçavez que l'amour a de si puissans charmes⁎, Que pour luy resister on ne trouve point d'armes : (Que tant de grands, heros de nostre antiquité, Ont commis tels delits sous sa divinité : Sans pouvoir de ses mains retirer leur franchise) Qu'il semble que le ciel ayt ceste loy permise : Puisque les Dieux autheurs de tels ravissemens Ont fait ce qu'aujourd'huy font ces jeunes Amans. Or il semble en ce cas que l'amour est coulpable Polydas innocent & l'action blasmable : Mais digne de la mort je ne le juge point, L'on doit punir celuy qui au mal persevere Et non du premier coup quand la coulpe est legere. Un juge trop severe a renom d'un tyran. Il faut avoir pitié de la nature humaine. Il nous commande aussi d'estre doux en tout temps. Je croy qu'en pardonnant on fait un bon office. Le peuple ne peut rien où ma voix a passé. Il ne faut point juger contre sa conscience. Selon mon sentiment je jugerois ainsi. Je chageray d'advis s'il aparoist un peu, Que ce soit Polydas qui ayt mis le feu, Entendons les parler Floridon s'y apreste. Bergere aproche toy, parle icy librement, Ne me recelle rien pour crainte du tourment⁎ : Si tu es innocente autant que veritable : Nostre ame à la pitié se rendra favorable : Mon pouvoir maintenant tel que celuy des Dieux, Te peut donner la vie ou te l'oster comme eux : Advise donc icy que ton affetterie⁎, Ne dise devant nous aucune manterie⁎ : Dits nous presentement où est ce Polydas, Qui nous a tant causé de plaintes & debas. Nous te l'avons promis parle avec hardiesse                 Nullement, Sachons encore d'elle un moyen tres-utile, Où avez vous laissé la bergere Amarille. Quoy n'estoit elle pas de la mesme entreprise ? Je le veux, mes amis, je cognois son offence, Aprochez vous de moy pour ouyr sa sentence. Nous Juges deleguez par saincte eslection, Pour les cas contenus en l'information. Par jugement dernier condamnons Lidiane, Comme attainte du crime odieux & profane : A mourir dans le feu de la grotte aux démons, Le berger Floridon avec ses compagnons, Seuls executeront la presente sentence, Où nostre authorité imposera silence : Lors que la nuict viendra dessus nostre horison, Ordonnons cependant qu'elle tiendra prison. Emmenez la bergers, VOicy le lieu Bergere où il faut que ta vie, Pour punir ton forfait soit des flames ravie. Advise si tu veux avant que de mourir, Sur ce faict important quelque cas descouvrir. Nous te pouvons encor sauver du sacrifice, Nous livrant Polydas pour en faire Justice : Vois, regarde, consulte, advise sur ce cas, Je te donne du temps autant que tu voudras. Pasteurs soustenez la l'exceds du mal l'emporte Avez vous assez dit, sus depeschez vous femme, C'est par trop discourir jettez dans la fournaise, Non, non, n'en parlez plus, berger depéche toy. Puisque des immortels telle est la volonté, Je veux que mon Arrest ne soit executé : Bergers viste, mettez Lidiane en franchise⁎, Je vois bien que le Ciel ses Amours favorise : Enfans vivez joyeux que tout vous soit propice. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_le-procureur *date_1638 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_leprocureur             Tout chacun veut qu'il meure Si tost qu'il sera pris, Monsieur pardonnez moy, considerant un poinct Grandement decisif, je veux vous faire dire Qu'il merite la mort, que le peuple desire : Premierement ce faict regarde tout chacun, S'il n'estoit chastié, il se rendroit commun : En second lieu le ciel nostre debvoir oblige, A retrancher le pied d'une mauvaise tige : Outre que la raison veut que tout malfaicteur, Reçoive le tourment dont son crime est autheur. Or il n'a pas commis seulement pour un crime Mais il en a fait trois, dont le moindre j'estime Estre assez suffisant pour le faire mourir : Sans qu'il ose à nos loix sa grace requerir : S'il avoit seulement enlevé sa maistresse, On ne l'estimeroit qu'un tour de gentillesse : Mais il est accusé de rapt violement, D'adultere impudique, & d'avoir nuictanment Mis indiscretement le feu dans le village, Dont s'en est ensuivy l'injurieux dommage : Decquoy chacun se plaint : c'est pourquoy sans mentir, Sa condamnation ne se peut divertir⁎. Celuy que l'on commet⁎ pour punir le mesfait⁎, S'il se laisse emporter, est complice du faict : Il ne se peut commettre une faute plus grande, Et sa vie en effet n'en peut payer l'amande. Favoriser le mal est un crime appariant⁎ : Le Juge doit porter la moitié de la peine, Le ciel commande expres de punir les meschants, Celuy doit estre heureux qui rendra la justice, Ouy bien si vous estiez tout seul interessé, Il en peut appeller devant la juste essence, J'en demeure d'accord le droit le veut aussi, Certes, seroit tres-mal balancer cette affaire, Vous changerez d'advis la preuve estant plus claire : Voicy nos deputez de retour de leur queste, Vous en avez trop dict pour paroistre innocente Vostre ennuieux⁎ discours rend la preuve evidente : Monsieur qu'en dittes vous, selon mon jugement : Il la faut condamner à mourir :             Gardez qu'elle s'absente. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_le-greffier *date_1638 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_legreffier Voyez que la jeunesse a peu de jugement, L'amour dans le peril l'a jetté librement, Bergers levez le nez à quoy prenez vous garde, Je ne sçaurois escrire alors qu'on me regarde. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_l-ombre *date_1638 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lombre Demeurez malheureux cessez vostre vengeance, Aprochez ceste grotte & me prestez silence : Je sors des noirs palus⁎ de l'abysme infernal, Pour venir empescher vostre dessein brutal : Je suis l'Ombre⁎ sans corps du renommé Castrape, Fils d'un Dieu, né d'un Roy, & nepveu⁎ d'un satrape : Dont le pouvoir cogneu sur la terre en tous lieux, La fait craindre autrefois des hommes & des Dieux : Quand pour executer quelque rare entreprise, Il falloit par mon art captiver la franchise : De la terre, & la mer, du Ciel, & des enfers, Mettre les Dieux captifs, & les Demons aux fers. L'eau montoit dans le Ciel, le Ciel estoit sur terre, Les Elemens trembloient, j'enfermois le tonnerre. Bref, tout ce qu'impossible estoit au temps passé, Estoit aussi tost fait que je l'avois pensé : Mais parce qu'en ce lieu j'ay apris ma science, Que j'y fis mon tombeau, que j'y pris ma naissance : J'en ay tousjours eu soin & ne desirant pas Qu'aucun malheur jamais vint troubler vos esbas, Je bastis cette grotte où jusques à cette heure, Mon Ombre⁎ a presque fait jour & nuict sa demeure : Ayant preveu le mal qui devoit opprimer Ces fidelles amans pour par trop leur aymer : Polydas ayant veu tomber dans la riviere, Sans espoir de secours son aymable bergere, Se vint precipiter dans cét antre fumeux, Puis Amarille apres d'un esprit genereux, Voyant que ce berger oubliant sa promesse, Ne l'avoit enlevee ainsi que sa maistresse : S'y vint jetter aussi, mais moy les yeux au soin, Jugeant que de mon art ils avoient grand besoin, J'ay curieusement⁎ conservé leur personne, Mais entendez par moy ce que Jupin⁎ ordonne : Pour nourrir entre vous l'amitié desormais, Et dedans vos maisons faire reigner la paix : Le Ciel veut que Pancrace espouse Luciane, Que Polydas aussi ayt sa Lidiane. Pysandre, Cleanide & qu'aussi Floridon Prenne son Amarille & luy fasse pardon : Allez tous vivre heureux, gardez que l'imprudence, Ne vous fasse oublier cette saincte ordonnance : Chacun retrouvera son logis rebasty, Mes esprits diligens sont ce matin sorty : Avec commandement qu'avant la nuict prochaine Vostre perte se trouve une chimere vaine : Souvenez vous tousjours du grand bien que vous fait, L'ombre⁎ du grand Castrape admirable en effet, Allez jouyr chacun des douceurs amoureuses, Je retourne au sejour des ames bienheureuses. **** *creator_discret *book_discret_nocesdevaugirard *style_verse *genre_show *dist1_discret_verse_show_nocesdevaugirard *dist2_discret_verse_show *id_la-fortune *date_1638 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_lafortune Belle vous n'este assez fine Pour veoir des yeux de vostre esprit, Celuy dont l'amour vous surprit,                         Baiser bien souvent sa voisine. Pour estre un petit trophardie, Sur le point de souffrir la mort, Une ombre pour dernier effort, Guerira vostre maladie. Ne faites point tant la farouche, Confessez que vous aymez mieux                         Les baisers de vostre amoureux, Que tous ceux de quelqu'autre bouche L'amour qui captive vostre ame, Vous fera jetter dans un trou, D'ou sortant ainsi qu'un hibou, Irez jouër au trou Madame⁎. Si vostre amour ne diminue                             Je juge pourtant aujourd'huy, Que vous aymerez bien l'apuy Sur vostre Nymphe toute nuë.