**** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_LEPRESIDENT *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lepresident Ah ! Présidente, c'est vous ? Non, jamais, Présidente. En cela comme en tout. La femme à son mari doit respect la première, Comme au chef; mais respect qui doit être rendu. Oui, je respecte en vous et prudence et vertu. Je l'honore ; C'est le mot. Il est vrai ; mais c'est moi, moi, qui veux qu'elle suive... Oui, je veux. Ma soeur, l'arrêt est prononcé. Qui dit cela ? Ce Glacignac, toujours zélé pour sa parente, Disputait l'autre jour pour la clause importante, Pour la dot ; mais nous tous l'emportâmes sur lui. Je l'ai mise en billets que je livre aujourd'hui, Même dès à présent ; la voilà toute prête. Qu'il signe : Mais l'on n'a pas besoin ici de ses avis. Qu'est-ce à dire, monsieur ? J'apprends par le notaire, Qu'au contrat vous trouvez quelque article à refaire ? Voyons ce qui vous a choqué. Si ce n'est que cela... Qu'est-ce à dire ? Est-il fou ? Mais vous nous annoncez cela tranquillement. Mais il faut s'assurer d'une telle nouvelle. Allez, mais en tout cas, donnez-moi le contrat ; Nous pourrons s'il le faut, l'annuler sans éclat. Je suis bien aise enfin de m'en rendre le maître, Afin que le mari n'en puisse rien connaître. Toujours mauvais plaisant, voilà son caractère. Le voilà plus tranquille ; Avançons. Ah ! Ne me quittez pas. Monsieur, en affaire importante, Quoique de conseils, moi, je n'aie pas besoin, En décidant j'admets un ami pour témoin. Oui, monsieur, non qu'on ait peur de vous ; Mais je veux dissiper les faux bruits. Caprice en effet ; car de lui-même il s'annule, Vous vivant. Contentons son désir. C'est minutie au fond qui m'est indifférente. À l'égard de la dot, je la livre à la tante, Et non pas à vous ; car par mon autorité, Pour mettre les débris des biens en sûreté, Je vous fis séparer. Je vais prendre là-haut Le contrat, les billets, enfin ce qu'il vous faut. Messieurs, entrez toujours dans la salle prochaine : Je vous joins à l'instant. J'ai bien mené ceci, prudence, fermeté, Prévoyant tout, en tout de la formalité, Suivant exactement les lois les plus sévères. J'admire mon talent pour les grandes affaires, Prononçant, décidant, je suis content de moi. Je vous cherche de même. J'ai sans m'intimider, en traitant cette affaire, Gardé le décorum, et parlé hautement. Je vais livrer la dot à la tante. Je crois avoir bien fait, parlez. D'accord; mais vous devez m'approuver amplement. Je veux, moi, je veux absolument Que vous parliez. C'est ce que par prudence, J'avais déjà tout seul d'abord imaginé. Oui, j'étais déjà déterminé. À suspendre pour.... Ce doute m'est venu : parlez, je vous écoute. J'en ai quelque soupçon, il m'a dit certains mots... C'est ce que je vous dis ; avant que l'on éclate, Je suis d'avis de... de... Oui, ma femme, agissez seule, je vous l'ordonne. Mais en public du moins je veux qu'il se rétracte. Qu'apprends-je ici, monsieur ? Jouer un rôle indigne ! Non, non ; vous vous moquez de nous : Jamais autre que moi n'eût lettres de ma femme. Monsieur vous connaît bien, j'en conviens avec lui. En morale toujours ma femme sut écrire. Elle a fait des recueils qu'on est charmé de lire. Montrez-moi ce billet. Pourquoi donc ? Voilà toujours ma femme, avec excès zélée. Montrez-moi ce billet. J'eusse été curieux de le voir. C'est la première fois que vous avez eu tort, Ma femme. Moi qui ne l'avais vu que très peu, croiriez-vous Que je retrouve aussi toute sa ressemblance ? Il le faut. Oui. Oui. Exhortez-le à ne la voir jamais ; C'est ce qu'il peut de mieux. Je ne me mêle plus de rien ; c'est son époux Qui laissera, s'il veut ; son épouse avec vous, Ou dans un couvent. Finissons. De nos faits nous sommes convenus ; Monsieur ; en bons billets voici cent mille écus ; Je les livre à ma soeur. Et voici le contrat. J'admire, Que vous voulez qu'en tout on voie clair. Afin que nous partions, Voyez vite. Excès d'exactitude, D'ordre ! Est-ce fait ? **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_LAPRESIDENTE *date_1721 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lapresidente Monsieur le Président me cherche, attendez tous. Ici, Président. J'ai dit que vous vouliez qu'on dînât chez sa tante ; Ai-je tort, Président ? L'on a toujours raison quand on pense après vous. On doit étudier les désirs d'un époux. Jeune épouse, apprenez que dans la moindre idée Il faut par un époux être toujours guidée. Mon exemple en cela vous est d'un grand secours. Pour Monsieur, j'eus toujours Déférence, respect, soumission entière. Respecter, c'est trop dire. Aimez-la. C'est le mot. Je le répète encore ; Jeune épouse, il faut vivre avecque votre époux, Comme monsieur et moi nous vivons entre nous : Ne le jamais quitter il vous mène à Ligourne, Est-il vrai ? Croirai-je qu'on propose un blâmable délai, Quand le devoir... Au fond je ne suis point gênante ; Mais pour suivre un mari, l'on doit quitter sa tante. Je ne l'exige point... et monsieur sait fort bien Que je n'ai ni désir, ni volonté sur rien. Monsieur veut. Volonté décisive. Au fond, j'ai toujours bien pensé, Que vous n'auriez jamais une vive tendresse Pour mon frère. Il n'est pas d'une extrême jeunesse ; Mais c'est ce qui convient. Il est d'âge à former Ces noeuds où l'on ne peut trouver rien à blâmer : Car il faut qu'une veuve épouse un homme d'âge, Homme, qui justifie un second mariage, En ôtant tout soupçon qu'un amour excessif D'un second mariage ait été le motif. C'est un repas Superbe, mais modeste. Mon frère, vous avez moins d'esprit aujourd'hui Qu'à l'ordinaire. Paix donc, ou parlez bas ; Car de si vifs transports ne vous conviennent pas. Mais soyez donc plus sage : Ces folâtres discours ne sont plus de votre âge. Mêlez à votre joie un peu plus de raison ; Sous le nom d'amitié, fruit d'arrière-saison, Il faut masquer l'amour, en jouir, et se taire. Que nous veut le notaire ? Quoi ? Eh ! Ce n'est pas cela, monsieur, qui nous arrête. C'est que comme parent il veut signer. Qu'on les écoute, mais qu'ils ne soient pas suivis. Mais-je croirais qu'il plaisante, Si je ne connaissais qu'il est très sérieux. Quoi ! Damis est ici ? Monsieur, comme Damis saura ce qui se passe, Il nous en voudra mal. Voyez-le, de grâce. Vous étiez, m'a-t-on dit, de ses meilleurs amis. Il ne convient qu'à vous de parler à Damis ; Faites-lui pour nous tous excuse. Pour ne rien laisser voir de mon trouble secret, Que je me suis contrainte ! Étrange conjoncture ! Mon scélérat amant, mon traître, mon parjure, Ce Damis n'est pas mort ! Fuyons-le promptement, Je serais exposée à son ressentiment. Il saurait que c'est moi qui livrais à mon frère, Et sa femme, et ses biens. Ô Ciel ! Dans sa colère, Ce brutal me perdrait d'honneur : du moins je puis, En ne le voyant pas, lui cacher qui je suis. Il ne peut pas savoir que je suis Présidente. Hélas ! Quand je l'aimai j'étais bien différente De ce que je suis ; mais au plus vite partons. Que j'ai bien fait d'avoir pris parfois de faux noms ! Mon histoire ne peut avoir été suivie. Heureux qui peut cacher la moitié de sa vie, Pour se faire par l'autre un renom de vertu ! C'est dans tout âge avoir très sensément vécu. Il faut approfondir un peu ce que je vois. Je vous cherche partout. Je n'ai point respiré depuis le trouble extrême Que m'a causé tantôt ce grand événement. Enfin j'ai réfléchi de sang-froid, mûrement ; Mais qu'a produit la peur que vous a fait Valère ? Comment ? Que puis-je dire ? Dès que vous décidez, c'est à moi de souscrire. Je me tais. Parlons, mais par obéissance. Ne livrez rien encor. Suspendez... Pour approfondir un doute. Quelqu'un m'a dit tout bas qu'il croit ce Damis faux. Il faut dissimuler, l'affaire est délicate. Pour approfondir mieux Des faits, qui là-dessus m'ont fait ouvrir les yeux; Laissez-moi seule agir sur ce que je soupçonne. Je joue ici gros jeu; car si c'est ce Damis, Qui devint le plus grand de tous mes ennemis, Après avoir été sa trop crédule amante, S'il savait que c'est moi qui suis la Présidente, Il me perdrait d'honneur, pour se venger de moi... Le parti que je prends est le plus sûr, je crois. Sous un nom étranger à Damis annoncée, Je pourrai m'éclaircir, le voir coiffe baissée ; Si c'est lui, livrons tout, il n'y faut plus songer; Et si ce n'est pas lui, j'éclate sans danger. Il me paraît Damis, mais assurons-nous-en ; Pour l'observer de près, et n'être point connue, Parlons-lui coiffe basse. Ce n'est pas lui. Monsieur, j'aurais besoin d'un éclaircissement, Je voudrais bien savoir... Répondez-moi d'abord. Répondez-moi, monsieur, d'abord sur quelques faits; Parler tous deux, c'est se confondre ; Tous deux questionner, au lieu de se répondre. Je veux sur une affaire un éclaircissement; Écoutez-moi, je vais m'énoncer clairement. Par politesse au moins, d'abord une réponse. C'est éluder un peu grossièrement. N'oser répondre, c'est marquer sa défiance, Ou c'est me mépriser ; car au premier venu Vous contez, racontez ce que vous avez vu En voyageant. En plaisantant ainsi vous croyez m'éconduire: Mais si sur deux points seuls vous ne daignez m'instruire, Je ne vous quitte point, je vous suivrai partout. Je suis femme obstinée, et je vous pousse à bout. Répondez donc. Je voudrais bien savoir de vous.... Qui je suis ? Voyez, examinez, rêvez qui je puis être. Mon autre question, c'est de vous demander Qui vous êtes ? J'y pourrais mettre encor plus de précision. Un seul mot de deux points fait la décision ; Dites-moi qui je suis, je saurai qui vous êtes. C'est dire, que jamais elle ne fut liée. N'éclatons pas d'abord ; mais en femme sensée, En démasquant le fourbe, assurons-nous de lui, Pour pouvoir achever notre noce aujourd'hui. Vous pourriez le punir ; votre justice exacte Cède à votre bonté pour éviter l'éclat ; Mais soyez sûr, monsieur, que c'est un scélérat : Non, ce n'est point Damis, ce n'est qu'un fourbe insigne. De moi, monsieur ? Vous avez dites-vous ?... Ouais ! Que voudrait-il dire ? Je m'en garderai bien, Le secret d'autrui n'est pas le mien. Cette jeune Silvie est ici dévoilée. Le voilà déchiré. Oui, plus je l'examine avec attention, Plus je vois mon erreur, mon indiscrétion. Que vos traits sont changés ! C'est une chose étrange, Qu'un petit nombre d'ans, hélas si fort nous change. Par sagesse, monsieur conduisait tout ceci Sans éclat, mieux que moi. J'avais été trop prompte; Pardon, vous méconnaître ! Ah ! Que j'en ai de honte ! Obtenez donc de lui qu'il me pardonne ; Je remets à présent tous ses traits, je dis tous. Çà, monsieur, il faut donc pour, réparer l'offense Qu'a pu faire à Damis mon injuste soupçon, Voir ce qu'il veut de nous, et lui faire raison. Par vous tantôt l'affaire était bien décidée : J'admire que toujours votre première idée Est la meilleure ! Car vous vouliez dès tantôt Tout mettre entre les mains de la tante. Allez prendre là-haut ce contrat qui le blesse. Les lettres de change. Mais pour votre nièce Il faut qu'il ait aussi des égards, et je vais L'exhorter... Ce fourbe m'embarrasse. D'où peuvent lui venir mes lettres ? Il faut bien Qu'il les ait de Damis... Ménageons l'imposteur, gagnons-le pour mon frère. L'on n'en a pas besoin quand on est innocent. Je fermerai les yeux sur tout ce qui se passe, Mais vous m'accorderez une petite grâce : Pour me la refuser vous êtes trop sensé. Accordez-moi d'abord ce que je vous demande. Vous avez dites-vous, d'autres lettres de moi ? Je le vois. Sans vous faire prier, vous allez me les rendre. Mais vous devez me craindre en cette occasion. Et moi j'ai découvert que vous servez Valère ; J'entrevois vos projets, mais à force d'argent Puis-je les changer ? Il revient. Mes lettres ? Doucement : Il allait déchirer ce contrat brusquement Sans le voir. Il faut voir au moins ce qu'on déchire ; La confiance aveugle est blâmable. Mes lettres ? Attendez. Partons. Puisse Damis faire votre bonheur ! **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_LATANTE *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_latante Vous causez à ma nièce une peine cruelle, Valère, éloignez-vous. Je vous l'ai déjà dit, Ni la discrétion, ni la force d'esprit Ne pourraient empêcher votre amour de paraître. Mais vous savez bien, Valère, L'ascendant, qu'a sur moi le Président mon frère. Oui, mais explique-toi. Mets-nous la chose au net. Que je serai contente Si tu peux me venger de notre Présidente ! Qu'elle serait confuse en cette occasion ! Sans blâme on peut jouir de sa confusion ; Elle est vindicative, injuste, méprisante, Hypocrite, sans foi. Et c'est ma bête, mon horreur. Voir ma nièce à son frère et par force liée ! La voir à dix-huit ans deux fois mal mariée ! Que je la plains ! Qu'est-ce donc ? Explique-toi. Tu te flattes trop tôt. Tu n'es pas sage, Car l'Hôtesse elle-même... Tu rêves ! Ton amour et ta douleur te troublent. Oui, c'est un bon esprit. Tu te flattes, ma nièce, et Glacignac se trompe. Non, il ne se peut pas qu'un tel contrat se rompe. Mon frère et le notaire, habiles gens tous deux... Tu dis une chimère. Mais, si ce qu'on te dit enfin se trouve faux ? Dans cette extrémité l'effort que je puis faire, C'est de te retenir ici malgré mon frère. Ils viennent tous ; je vais leur parier fortement. Mais j'ai beau leur vouloir tenir tête, je n'ose : C'est un faible que j'ai, leur présence m'impose. Quelques jours, rien ne presse ; Encore faut-il bien qu'elle se reconnaisse. À peine est-elle encor mariée. Mais il faut voir... Le sot ! C'est donc là la rupture ? Je n'y comprends rien... Non. Mais expliquez-vous donc. C'est donc là la rupture ? Ah ! Quel événement ! Coup malheureux ! Deux maris ! Je voudrais qu'ils fussent morts tous deux. Que j'aime à voir la prude Au supplice ! Je puis donc à présent, comme tante et maîtresse, Par un nouveau contrat disposer de ma nièce. **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_LAVEUVE *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_laveuve Qu'entends-je ? Ah ! Je suis hors de moi. Quel bonheur ! Ma tante... Je vais sûrement voir rompre mon mariage. Non, non. Eh ! Ce n'est pas cela ; C'est d'un autre côté que mon bonheur viendra. Non ; ma joie est sensée, et mes transports redoublent : Car c'est un homme sage, et sensé qui le dit, Monsieur de Glacignac. Ce parent au notaire a dit en ma présence, Mais d'un sang-froid qui marque une pleine assurance, Le notaire lui-même a parti confondu : Oui, disait Glacignac, mariage rompu. Monsieur de Glacignac est plus habile qu'eux. Mariage rompu. Non, je n'ai plus d'époux, je puis revoir Valère. J'en frémis. Ce sera le comble de mes maux. Plus je vois cet époux, plus je suis à la gêne : Mon amour pour Valère augmente cette haine ; Et cette haine, hélas ! Par un fâcheux retour, Semble encore pour Valère augmenter mon amour. Je ne m'embarque point, ma tante, assurément. Non, je reste à Marseille où ma tante séjourne ; C'est une complaisance au moins que je lui dois Pour toutes les bontés qu'elle eut toujours pour moi. J'y reste quelques jours. Il faut attendre. Écoutons. Oui, sur quoi nous comptons. Que dit-il donc, ma tante ? Ma tante, parle-t-il sérieusement ? Qu'entends-je ? Je ne puis revenir du coup. Allons nous renfermer, je ne puis plus paraître. Ce mari qui m'avait trahie en cent façons Il faut donc le revoir ? Il le faut bien, allons.... Valère, laissez-moi. Eh ! Ne voyez-vous pas mon mari ? Quoi ? Qu'entends-je ? Ah ! Quelle ressemblance ! Le même son de voix ! Faites-moi donc savoir Votre dessein. Quoi donc ! Il va le voir, lui parler ! Ah je tremble ! Ah ! Vous risquez trop, je pense, Fureur mal entendue ; C'est sur le Président, qui disposait de moi, Qu'elle doit retomber. Je n'y puis plus tenir. Près de ma tante allons chercher un sûr asile, Me voilà donc à vous ? **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_VALERE *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_valere Quelle nouvelle, ô Ciel  ! Quel affreux contretemps ! Quand mon amour se flatte, en arrivant j'apprends, Que l'adorable veuve ici se remarie, Que ses noces se font dans cette hôtellerie ! Que deviendrai-je ?... Où vais-je ? Ah ! J'ai l'esprit troublé. Mon mariage à moi, dont j'étais accablé, Se rompt ; j'accours ; je crois qu'il sera temps encore ; Je viens me déclarer à celle que j'adore. J'eusse fait consentir sa tante et son tuteur : Mais ce contrat signé m'accable de douleur. Est-il rien plus cruel ? Non.... Non, jamais... Veuve ? L'hôtesse, À quoi tend ce discours ? Elle t'a confié.... Cette veuve, dis-tu, t'a confié sa haine ? Quoi ! Tu peux ? Je suis dans un état, Où l'indiscrétion doit être pardonnable. Si tu peux délivrer cette veuve adorable Du mariage affreux qui fait mon désespoir, Je n'épargnerai rien. Ce soir qu'espères-tu ? Que leur as-tu promis ? Tu me vas dire à moi ?... Mais l'hôtesse ?... Mais... Tu me fermes la bouche ; apprends-moi seulement Qui peut avoir conclu ceci si promptement ; Car je n'en sais encore aucune circonstance. Et voilà l'ascendant qui nous perd aujourd'hui : Comme il l'a sur sa soeur, sa femme l'a sur lui. Ah ! Je vois à présent le noeud de cette affaire : La Présidente aura ménagé pour son frère La pupille et les biens. D'accord. De ma douleur je ne suis pas le maître, Et dans mon désespoir, je les brusquerais tous. Que je vous veux de mal, à vous, madame, à vous, D'avoir consenti... Je vais m'y désoler. Du mariage on vient m'annoncer la rupture, Et le mari cru mort revient : quelle aventure ! Ah ! Quel coup ! Toi dans mes intérêts plaisanter ! Vient-il ? La tête t'a tourné. Rêves-tu ? Quels discours ? À cette énigme obscure Je ne comprends rien ; mais par ta gaîté j'augure... J'augure bien, je crois ; mais que croire ? On me dit, Qu'en public ce Damis... Quoi ? Comment ?... Ce n'est qu'un faux mari ? Je ne sais où j'en suis ; en ceci tout m'étonne. L'entreprise est hardie, elle me fait trembler. Je ne puis revenir de mon étonnement. Prends ces cent louis, mais vite, rassure-moi : Comment te prennent-ils pour Damis ? Et pourquoi... J'écoute, et j'admire. Par avance, Je te promets, mon cher, une ample récompense ; Agis toujours. Nulle difficulté, n'est-ce pas ? Je n'en puis revenir ! Un projet si hardi, Me fait trembler, j'en suis encor tout étourdi ; Le moindre contretemps perdrait tout. Elle nous perd. Quel bonheur ! De tout mon coeur. Que ce projet sera difficile à conduire ! Elle ne sait donc pas que c'est un faux époux ? Dissipons promptement le chagrin qui l'accable. Suspendez vos chagrins. Reprenez vos esprits, rassurez-vous, madame. Oui ; mais Elle souffre. Ce n'est point là Damis, madame. Ne perdons point le temps. Il est très simple. On va se plaindre, Blâmer le Président, le presser, le contraindre À rendre votre dot, à biffer le contrat : Par avance je viens d'intimider ce fat. Jouez bien votre jeu, le Président s'avance. Je cours le rejoindre. N'avancez pas, laissons passer cette fureur. Je vous laisse. Il n'est point question d'affront, ni de vengeance. Monsieur le Président veut ici ma présence, Pour n'avoir avec vous nulle discussion : Un mot finira tout sans bruit, sans passion. Monsieur déjà fâché, qu'à tort chacun le blâme De vouloir disposer des biens de votre femme, Veut les rendre. Il est vrai, caprice ridicule. Vous lui devez pourtant ce bizarre plaisir ; Vous aviez un peu tort. C'est un reste de fiel, excusez. Vous voilà donc d'accord ? Ah ! Je n'ai plus de peur. Quel comble de bonheur ! **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_LIGOURNOIS *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ligournois Oh ! Je viens d'inventer un souper de génie, Un repas pour la noce, où la cérémonie Soit joyeuse malgré le cérémonial. Ma soeur la Présidente en veut : cela fait mal. Dans un bon repas ; mais, comme j'ai de la tête, J'ai mêlé tout ensemble, au festin qu'on apprête, Et du grave et du gai. Oh ! Ne voilà-t-il pas ! Vous allez tout gâter par votre modestie. J'y voulais du galant, c'est votre antipathie, Ma soeur, car vous voulez par vertu de l'ennui. Oh ! Point ; c'est toujours tout de même. Mais c'est que le transport de mon amour extrême Me trouble en m'animant. Quand on est possesseur... Je fais l'amour tout haut. Qu'est-ce ? Mais qu'il avance donc, il marche à pas comptés. Oh ! Chacun se qualifie Comme il veut. Est-il ivre ? De rire son sang-froid, ah, ah, me donne envie. Croire vivant un mort au récit d'un gascon ! Ce maudit revenant ainsi revivre en traître ! Ainsi venir m'ôter une veuve, et son bien ! Et ne lui dites pas que j'épousais sa femme. **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_LHOTESSE *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lhotesse Attendez-moi tous là ; je vous donne audience, Après quelqu'un par où je veux qu'elle commence. Ah ! C'est vous que je cherche, aimable cavalier, Et c'est vous que je veux servir tout le premier ; Venez, monsieur, venez, je vous traite à merveille ; Par excellence on dit l'hôtesse de Marseille, Hôtesse jeune et sage; oiseau rare, ma foi : Oui, par mer et par terre on vient loger chez moi : J'y régale par tête, et l'Asie, et l'Afrique ; L'Europe y vient aussi boire avec l'Amérique. Mon vin a la vertu d'assortir les humeurs, D'accorder les esprits, de rapprocher les moeurs ; De trente nations il n'en fait qu'une à table. Je vous donne d'abord une chambre agréable, Monsieur, et d'où l'on voit les rochers et la mer, Très bonne pour rêver ; et vous m'avez tout l'air D'aimer un peu la douce et tendre rêverie ; C'est la plus belle, enfin, de mon hôtellerie. La voulez-vous ? Non ? Il faut vous en donner une dont le balcon Est vis-à-vis celui d'une jeune personne... Non encor ? Que faut-il qu'on vous donne ? Car celle auprès de qui je voudrais vous loger, Viendrait sur son balcon se plaindre, s'affliger ; Vous la consoleriez. C'est une jeune veuve. Oui, mais veuve jeune, et comme toute neuve, Veuve, qui va mourir aujourd'hui de chagrin. Un sot époux pourtant l'embarquera demain ; Car il veut l'embarquer morte ou vive. Mais s'il vous intéresse, Je le continuerai. De loin je vous ai vu Vous désoler avec la tante, et j'ai connu Par l'air, dont vous fuyait la nièce effarouchée, Qu'en vous fuyant, de fuir elle était bien fâchée. Et vous, qui l'autre jour vîntes loger ici, De repartir pour Aix vous fûtes triste aussi. Troubles, soupirs, mettons ces indices ensemble ; Aimeriez-vous un peu cette veuve ? J'en tremble. Elle est remariée à si peu que rien près. Si l'on pouvait, monsieur, adoucir vos regrets ; Car enfin, que sait-on ? Du moins je suis discrète. Puisque j'ai deviné, la confidence est faite. N'hésitez plus, monsieur, car pour vous parler net, L'aimable veuve m'a confié son secret. Non pas qu'elle vous aime ; Je vois qu'elle le cache avec un soin extrême : Mais par l'excès d'horreur qu'elle a pour son époux, J'ai conclu qu'elle avait un amant. Est-ce vous ? Pour ce sot époux, oui ; je la vis à la gêne. Trembler, pâlir, frémir, en signant le contrat ; Je la surpris après dans un cruel état ; Maudissant son mari tout haut, (cela soulage ;) De lui, plus qu'elle encore, aussitôt je dis rage : C'était le seul moyen d'adoucir ses douleurs. Lors, moitié par pitié de la voir fondre en pleurs, Moitié par intérêt (car elle est libérale) Je fis d'abord une offre étonnante et brutale : Voulez-vous que demain je rompe ce contrat, Lui dis-je ? J'espère que ce soir... Du secours que j'espère, Et que je leur promets, je leur ai fait mystère. Point d'explication. Elles ont cependant de la discrétion Beaucoup toutes deux ; mais à deux femmes discrètes L'on ne doit confier que des affaires faites. Non. Vif, impétueux, Vous seriez indiscret, vous seul, plus qu'elles deux. Non. Curiosité vaine ! De me questionner ne prenez pas la peine. Quand ce secret pourrait vous être confié, Il ne vous convient pas d'en être de moitié ; Un homme comme vous en s'intriguant déroge ; En m'intriguant bien, moi, je mérite un éloge. Celui qui règle tout, est homme d'importance, Homme d'un grand crédit; c'est un Président d'Aix, Mais un Président fait comme ils ne sont plus faits Morgue de magistrat, rébarbatif, sévère, Qui ne dément jamais son grave caractère, Et régulier.... Je fus bien étonnée un soir, De le voir arriver en poste en manteau noir. Le fat ! Pardon du mot, mais je suis en colère De la fatuité qu'il a dans cette affaire, Comme en toute autre : un air, un ton d'autorité, Avec une faiblesse, une timidité ; Lorsque voulant sur tout présider, il décide, Sa prude Présidente en secret le préside. C'est par elle qu'il fait ce mariage-ci. Il domine partout, hors chez lui. C'est ainsi Que, tout homme qui prend une prude pour femme, Devient un sot monsieur, gouverné par madame. Justement. Pour finir hier ce mariage, Ce Président tenait à sa femme un langage Marital, mais pourtant poliment absolu ; Car il ne veut jamais qu'après qu'elle a voulu. Elle, de son coté, veut avec politesse ; C'est par soumission qu'elle se rend maîtresse, Sitôt qu'elle lui fait humblement entrevoir Qu'elle voudrait, d'abord c'est lui qui croit vouloir. D'accord ; c'est là-dessus Que je ferai trembler... Je n'en dirai pas plus. Sur un seul point fondant le projet que je tente, Je ferai déguerpir, morbleu, la Présidente. Le Président révère en elle la vertu. À quarante ans, dit-il, en avoir toujours eu ! Sa vertu cependant est bien plus jeune qu'elle. Inutiles regrets ! Comptez sur mon projet. À ne m'expliquer point, vous dis-je, on m'a contrainte. Mais séparons-nous, car je suis toujours en crainte. Çà, jusqu'à nouvel ordre, il faut premièrement Que vous entriez, vous, dans cet appartement. Fière, prude et pédante ; J'achève le portrait, joignons-y la fadeur ; C'est elle-même. Oui, la rupture c'est l'autre mari cru mort, Qui revient. Je viens rire d'abord, Car j'ai le temps de rire un peu de votre trouble ; Et dans ce salon-ci j'attends ce mari double, J'entends qui vient doubler ce Ligournois fâcheux : Un mari c'était peu pour vous, en voilà deux ; Un amant tel que vous triompherait de trente. Je plaisante. Non pas encor, monsieur ; sans plaisanter, À ce mari d'abord je vais vous présenter. Je lui dirai, voilà l'amant de votre femme : De votre main, monsieur, présentez-le à madame. C'est la règle à présent. C'est le meilleur mari, docile et façonné Au manège qui rend nos maris adorables. Discours très raisonnables. Je vous explique ici très sérieusement Ce que ce mari fait pour vous en ce moment. Sur ce mari pour vous tout mon espoir se fonde ; Il revit, il revient exprès de l'autre monde, Pour ôter à sa femme un sot mari qu'elle a, Et pour vous la donner ensuite il remourra. N'est-il pas bien honnête ? C'est par moi qu'il revit. Ce mari n'est qu'un mari postiche. L'image du défunt, qu'en public, moi j'affiche ; Un faux Damis enfin. Voilà ce grand secret. La veuve est scrupuleuse, et vous, vif, indiscret ; Je vous avais caché l'époux que je suppose. Non, qu'à l'autre j'oppose. L'énigme est éclairci. Ce n'est qu'un frère à moi. Voyons ; j'entends qu'il fait merveille, je le vois. Damis était bouffon, et mon frère bouffonne, Fait le mauvais plaisant pour lui mieux ressembler. Ma lettre ne t'a point parlé de cet amant ? C'est un amant secret de la charmante veuve, Surcroît de gain pour toi. Oh ! C'est mon frère, ma foi, Pour l'esprit. Au port, te voilà donc rendu ? Oui ; mais je vois qu'ici ce public entre en foule. Ton apparition sur quoi ton projet roule, À fait croire Damis vivant, c'était ton but ; Mais s'il fallait qu'enfin quelqu'un te reconnût, Te soupçonnât, ceci pourrait changer de face : Ne t'expose donc plus à cette populace. Pour revoir ce Damis ils veulent tous entrer, Allons adroitement les faire retirer. Venez. Toi, reste là, je reviendrai te joindre. Tu sais ton rôle ? Vous, je vais vous instruire un peu plus amplement. Eh ! Ne crains rien. Joignons-le. Ah ! Mon frère ! J'accours... Oui, monsieur est mon frère, Frère de lait, s'entend; tous deux la même mère, Mère nourrice. De ce qu'on lui cachait il est temps de l'instruire. Non, elle s'en croit deux, deux, qu'en rêvant à vous, Elle donne, je crois, de tout son coeur au diable. Faut-il, quand un mari de l'autre me délivre, Qu'il ne m'en puisse pas délivrer sans revivre ? Non, ma foi. Laissez-la dans l'erreur. J'aime à voir que sa femme Nous prouve qu'il pourra tromper nos gens. On en a plus de plaisir après. Ce n'est point le défunt, ni prenez plus le change. Quelque épouse rusée, Quelque femme de bien à conscience aisée, S'y tromperait exprès pour t'aimer par devoir. Feignons de ne point voir qu'il nous voit. Fort bien, fort bien ! Ma foi Riposter prestement, c'est un talent femelle. Mais, monsieur, des gens nous avaient dit Qu'ils vous avoient vu mort. Séparez-vous en paix, Du moins. Je ne le sais que trop; je suis au désespoir. La prude soupçonnait, elle a voulu te voir. Sur ces papiers, quelle est votre espérance ? Hâtons-nous. Damis fut son amant pourtant, chose constante. Il faut voir. Ce doit être à tous trois notre étude Selon ceux qu'elle aimait, en changeant de pays, Elle changeait d'état, de nom, comme d'habits : En intrigues d'amour, ce fut un vrai Protée. Moi, je sais quelques faits. Voyons s'ils cadreraient au journal, aux billets. N'y trouverions-nous point une modeste Hortense Qui gagnait tous les coeurs par sa fine innocence, Quand les filles encor plaisaient par la pudeur ? De ce Protée en fille, autre histoire : en Provence, Sur mer, on lui donnait une fête, un cadeau, Opéra, dieux marins, mascarade sur l'eau ; Elle y faisait Thétis ; il survint un orage ; Tout enfonce, un Triton la prend sur son dos, nage, Et veut, toujours nageant, promesse d'épouser ; Elle était fière ; mais comment le refuser ? Il peut par désespoir se noyer avec elle : J'épouse, sauvez-moi, dit enfin la cruelle. Mariage dans l'eau, qui ne tint pas, dit-on. Attendez, attendez : la prude eut la marotte Jadis de ces romans, dans le goût pastoral... En Provence autrefois, mascarades champêtres, Nos amants en bergers chantaient au pied des Hêtres, Et Tirsis et Silvie, et Damon et Philis... Où ? Non, voyons l'autre : oui, c'est son écriture aussi ; Car elle a devant moi fait une liste ici Des priés pour la noce. Cette lettre vaut bien la peine de la lire. Dans celle-ci Damon est encore amoureux ; Voyons l'autre. Ah, ma foi ! Damon cesse de l'être; Parce qu'on l'a rendu trop tôt heureux peut-être. Justement ! On s'en plaint en champêtre jargon, La fidèle Silvie au volage Damon. Hon ! Hon ! Traître, parjure, tu dis que les bergers délicatement amoureux s'offensent du mot de contrat ; mais ce contrat, ne me le promis-tu pas, lorsque ta délicatesse exigea de la mienne que le don libre de nos coeurs précédât la signature ? Que la signature le suive donc, ingrat ; que Damon et Silvie, après avoir suivi la loi des bergers, subissent enfin la loi du contrat ? Il faut voir en secret cette Silvie antique : Qui de nous la verra ? Voyez là-bas, je l'aperçois. Oui. Oui ; car en cas d'alarme on le ferait sauver. Bon ! Les voilà partis. **** *creator_dufresny *book_dufresny_mariagefaitetrompu *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresny_verse_comedy_mariagefaitetrompu *dist2_dufresny_verse_comedy *id_GLACIGNAC *date_1721 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_glacignac Peu dé chose. Très peu dé chose. C'est une minutie Sur les qualités. Cette erreur Du contrat cépendant altèré la valeur. Vous qualifiez là cette épousé dé veuve, Dé veuve ! Et vous n'avez nullé certainé preuve Que son mari soit mort. Eh donc ! C'est sans raison, Faussement, qué dé veuve on lui donne lé nom. C'est uné bagatelle, un rien, uné vétille ; On pourrait, corrigeant ce mot par apostille, Mettre ici, veuvé, dont lé mari n'est pas mort. Qu'il vit ; eh donc ? L'épouse a tort... Véridique dé plus. Si vous avez des yeux, Vous pouvez aller voir au port Damis en vie. Jé parle vrai. Damis est débarqué. Et pourquoi voulez-vous que jé mé passionne ! Sais-je pour ces époux si la nouvelle est bonne, Mauvaise, indifférente, et s'ils s'aiment, ou non ? Eh donc ! Température est ici dé saison ; Or je débarquais, moi, j'étais sur lé rivage, Je venais pour signer à votré mariage. À l'oreille jé sens murmurer un bruit sourd, Bruit qui dévient bruyant à mésuré qu'il court. Damis, Damis, Damis ; dit-on, dé bouche en bouche ; Damis rejoindra donc sa compagne de couche ? Dans Marseillé Damis était connu très fort, Pour lé voir débarquer chacun court sur lé port. Révivant en personne ; En lé voyant révivre, on s'émeut, on s'étonne : Moi qui crois tout possible, et né m'émeus dé rien, J'ai dit ; c'est lé cousis, il vit, jé lé veux bien. Il faut bien lui céder le pas, c'est votre ancien. Oui. Oui-da, madame. Il né lé saura point, lé public est discret. Ce Damis est un fourbe à coup sûr. Mes yeux dé plus en plus mé confirment qu'il a Lé portrait du défunt calqué sur son visage. ⁎⁎⁎⁎⁎⁎⁎⁎⁎⁎ cousis Un cousis que j'avais, en trépassant, jé pense. Vous a par testament légué sa ressemblance. Qué mé dites-vous là ?, Il est mort. Jé né sais si vous savez céla ? Vous débarqué ! C'est donc de la barque à Caron ? Non, jé suis dé la noce, et jé n'accepté pas. La veuve dé Damis ici se rémarie. Veuvé donc, jé vous prie, Veuvé, très veuvé ; car feu Damis... Jé vous dis, feu Damis, mon cher, m'aimait un peu. Feu Damis... Dé tout il mé faisait exacté confidence. Non pas. Non, non. J'étais, j'allai, n'est pas s'exprimer congrûment La façon dé parler, mé semblé, n'est pas bonne : Damis, à votre égard, est la tiercé personne ; Vous dévez dire, vous, il était, il alla, Non pas, j'étais, j'allai ; c'est mal dit qué céla; Jé né pardonne point les fautés dé grammaire. Prouvez donc gravément qué vous étés Damis. Vous vous souvenez bien qu'il fut dé mes amis, Quoiqué parent ; un jour, vous en souvient sans doute, Il vint chez moi, sa bourse était à vau dé route ; Or devinez combien jé lui prêtai d'argent ? Avant que de prêter, il faut rendre. Cinquante louis d'or neufs. Ton frère ! Eh donc ! La soeur d'un Damis faux ! Immobilés tous deux ! Jé vous fixe en deux mots ; Jé vous pétrifie. Vous vif commé salpêtré, Monsieur, vivacité dont on n'est pas lé maîtré ; Jé vous ai vu tantôt très vif, vu dé mes yeux Parler très vivement à la veuvé ; et tant mieux, Tant mieux, que vous aimiez cette veuvé charmanté. Je vous protégerai contre la présidenté. Liguons-nous pour punir l'injustice qu'elle a. Dépétrifiez-vous, jeune amant, touchez là. Commençons par vous rendre la somme Que j'ai prisé par jeu, pour révirer votre hommé. J'emprunte en badinant, mais jé rends tout dé bon ; Car en ce cas, mon cher, jé né suis point Gascon. Soyons amis à touté épreuvé. Voici votre adorable veuve. Jé vous laissé tous trois suivré, votré projet : Pour votré sûrété, moi, j'aurai l'oeil au guet. Elle-même. Paix, né mé troublés pas ; là-dessus jé m'arrange. Tu m'as montré ces papiers dé Damis, Ces journaux, qu'en mourant lé défunt t'a rémis. Jé pense et je répense... Les expédients sûrs mé viennent lentément ; Mais nous aurons main forté, en tout cas. À mon égard je suis tranquille, cé mé semblé ; Au sujet dé Damis, si l'on m'inquiétait, Jé dirais bonnément : j'ai cru qué cé l'était ; Vous né pourriez pas vous, diré, jé croyais l'être. Révoyons ces papiers, ces lettres du défunt. Lisons tranquillement. Voici bien des billets, jé veux les liré tous À mon aisé. Jé vois dans cé billet du Damon. Tiens, lis. L'écrituré sans doute est dé la Présidenté, Je la connais. Cé né peut être moi ; Ellé croirait... Comptez sur nous. Il est bien réconnu Pour êtré vrai Damis, mon parent et lé vôtré : Lé nouvel époux fuit, un mari chassé l'autré.