**** *creator_dufresnyregnard *book_dufresnyregnard_augmentationbaguette *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresnyregnard_verse_comedy_augmentationbaguette *dist2_dufresnyregnard_verse_comedy *id_ROGER *date_1693 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_roger Voilà une de ces bouteilles de vin que je vous avais promises ; mais elle me paraît bien aigre. Si nous la jouons ? Je le crois, ma foi ; et il ne tiendra qu'à ces messieurs Que nous ne la jouions encore trois mois. Apparemment, madame, que vous cherchez votre mari ? Est-il dans le cas de la baguette ? Je vous demande pardon ; je vois bien que vous n'êtes qu'une femme à galant. Vous avez fait là de belles épousailles ! Avec de pareils maris, vous aurez bien de la peine à réparer les torts que la guerre cause au genre humain. On ne dispute pas des goûts ; mais je connais des femmes aussi spirituelles que vous qui dorment plus volontiers avec des modernes. Mais, madame, je vous en fais juge vous-même. En mille ans, les auteurs anciens ne nous produiraient pas un verre d'eau ; et ce sont les modernes, comme vous voyez, qui font bouillir notre marmite. Eh ! Que feriez-vous ? L'herbe aurait tout le temps de croître dans le parterre. Mais vous entrez bien chaudement dans les intérêts de l'antiquité. Je ne croyais pas que cette nation-là fût belliqueuse. Si on charge une fois les sonnets à cartouche, il en demeurera bien sur le carreau : les Invalides ne suffiront pas pour les blessés ; il en faudra mener quelques uns aux Petites-Maisons. J'ai à vous dire qu'il est inutile de vous tant échauffer ; cette guerre-là est terminée. Je ne sais pas si cela se peut ; mais je sais bien que voilà l'arrêt que je porte dans ma poche. Lisez. Voilà le Druide, qui est un antique, qui vous en donnera une autre. Juvénal, Horace et Virgile, En bon français, sont des nigauds ; Il vous faut un mari, la fille, Mais un mari de chair et d'os. Voilà un jeune tendron qui ne serait pas mauvais à enchanter, et je mêlerais volontiers ma magie noire avec sa magie blanche. Endormir une mère ! J'aimerais mieux avoir dix maris à bercer. Le bon naturel de fille ! Hélas ! Une pauvre petite mineure qui cherche à s'émanciper ! Cela me fend le coeur ! Cela est dans l'ordre. Je vous sais bon gré, à votre âge, d'aimer la réforme. C'est que les filles d'aujourd'hui aiment le grand air. C'est à peu près la même chose à présent, excepté que le fruit que mangent les dames est un peu plus épicé ; et elles ont trouvé le moyen de se rafraîchir avec des jambons de Mayence, des mortadelles et des cervelas de la rue des Barres. Pour leur laitage, c'est ordinairement du vin de Champagne comme il sort du tonneau. Vous avez là une jolie cousine. Non ; car dans la colère où je suis contre elle, si je l'endormais une fois, elle courrait risque de ne s'éveiller de sa vie. Voilà le Druide, qui est homme expert dans ces cas-là ; il va vous satisfaire. Quand mère sauvage Dit dans ses leçons Que fille a votre âge Doit fuir les garçons, Vous devez répondre : C'est ce que j'ai résolu Lanturelu, lanturelu, lanturelu. M'as-tu déjà vu quelquefois ? J'aurais vraiment grand tort ; la harangue est jolie. Demandez-le plutôt à monsieur que voilà. Pour son bien, ses parents ? Qui diable s'en serait douté ? Combien t'a-t-elle fait attendre ? Un an ? Deux ans ? Dix ans ? C'est bien peu ; mais avec une femme qu'on aime, Il ne faut pas entrer dans un calcul bourgeois, Ni prendre garde à trois ou quatre mois. Tu n'éprouves pas seul un pareil accident ; Et si l'on comptait bien l'absence ou la présence De la plupart de nos maris, On trouverait que dans Paris Il serait peu d'enfants dont la naissance Ne vînt ou trop tôt ou trop tard, À moins que l'on ne fît un almanach bâtard. Il faut toujours s'en faire honneur, Et peut-être en es-tu l'auteur. Il est des enfants vifs qui cherchent la lumière Presque aussitôt qu'ils sont conçus ; Et les femmes d'esprit sur pareille matière Font aisément des impromptus. Mais quel âge avait-il ? Qu'est-ce qu'il me lanterne ? Ton enfant est produit à terme. À quoi bon faire tant de bruit ? Quatre mois et demi de jour, autant de nuit ; À neuf mois le total se monte. Hé bien, n'est-ce pas là ton compte ? Le Druide va te calmer l'esprit par un petit couplet de chanson. Au temps passé, On n'achetait que les belles ; Mais tout a changé, Toureloure, loure, loure ; Il ne reste point de bête au marché. **** *creator_dufresnyregnard *book_dufresnyregnard_augmentationbaguette *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresnyregnard_verse_comedy_augmentationbaguette *dist2_dufresnyregnard_verse_comedy *id_ROGER *date_1693 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_roger Voilà une de ces bouteilles de vin que je vous avais promises ; mais elle me paraît bien aigre. Si nous la jouons ? Je le crois, ma foi ; et il ne tiendra qu'à ces messieurs Que nous ne la jouions encore trois mois. Apparemment, madame, que vous cherchez votre mari ? Est-il dans le cas de la baguette ? Je vous demande pardon ; je vois bien que vous n'êtes qu'une femme à galant. Vous avez fait là de belles épousailles ! Avec de pareils maris, vous aurez bien de la peine à réparer les torts que la guerre cause au genre humain. On ne dispute pas des goûts ; mais je connais des femmes aussi spirituelles que vous qui dorment plus volontiers avec des modernes. Mais, madame, je vous en fais juge vous-même. En mille ans, les auteurs anciens ne nous produiraient pas un verre d'eau ; et ce sont les modernes, comme vous voyez, qui font bouillir notre marmite. Eh ! Que feriez-vous ? L'herbe aurait tout le temps de croître dans le parterre. Mais vous entrez bien chaudement dans les intérêts de l'antiquité. Je ne croyais pas que cette nation-là fût belliqueuse. Si on charge une fois les sonnets à cartouche, il en demeurera bien sur le carreau : les Invalides ne suffiront pas pour les blessés ; il en faudra mener quelques uns aux Petites-Maisons. J'ai à vous dire qu'il est inutile de vous tant échauffer ; cette guerre-là est terminée. Je ne sais pas si cela se peut ; mais je sais bien que voilà l'arrêt que je porte dans ma poche. Lisez. Voilà le Druide, qui est un antique, qui vous en donnera une autre. Juvénal, Horace et Virgile, En bon français, sont des nigauds ; Il vous faut un mari, la fille, Mais un mari de chair et d'os. Voilà un jeune tendron qui ne serait pas mauvais à enchanter, et je mêlerais volontiers ma magie noire avec sa magie blanche. Endormir une mère ! J'aimerais mieux avoir dix maris à bercer. Le bon naturel de fille ! Hélas ! Une pauvre petite mineure qui cherche à s'émanciper ! Cela me fend le coeur ! Cela est dans l'ordre. Je vous sais bon gré, à votre âge, d'aimer la réforme. C'est que les filles d'aujourd'hui aiment le grand air. C'est à peu près la même chose à présent, excepté que le fruit que mangent les dames est un peu plus épicé ; et elles ont trouvé le moyen de se rafraîchir avec des jambons de Mayence, des mortadelles et des cervelas de la rue des Barres. Pour leur laitage, c'est ordinairement du vin de Champagne comme il sort du tonneau. Vous avez là une jolie cousine. Non ; car dans la colère où je suis contre elle, si je l'endormais une fois, elle courrait risque de ne s'éveiller de sa vie. Voilà le Druide, qui est homme expert dans ces cas-là ; il va vous satisfaire. Quand mère sauvage Dit dans ses leçons Que fille a votre âge Doit fuir les garçons, Vous devez répondre : C'est ce que j'ai résolu Lanturelu, lanturelu, lanturelu. M'as-tu déjà vu quelquefois ? J'aurais vraiment grand tort ; la harangue est jolie. Demandez-le plutôt à monsieur que voilà. Pour son bien, ses parents ? Qui diable s'en serait douté ? Combien t'a-t-elle fait attendre ? Un an ? Deux ans ? Dix ans ? C'est bien peu ; mais avec une femme qu'on aime, Il ne faut pas entrer dans un calcul bourgeois, Ni prendre garde à trois ou quatre mois. Tu n'éprouves pas seul un pareil accident ; Et si l'on comptait bien l'absence ou la présence De la plupart de nos maris, On trouverait que dans Paris Il serait peu d'enfants dont la naissance Ne vînt ou trop tôt ou trop tard, À moins que l'on ne fît un almanach bâtard. Il faut toujours s'en faire honneur, Et peut-être en es-tu l'auteur. Il est des enfants vifs qui cherchent la lumière Presque aussitôt qu'ils sont conçus ; Et les femmes d'esprit sur pareille matière Font aisément des impromptus. Mais quel âge avait-il ? Qu'est-ce qu'il me lanterne ? Ton enfant est produit à terme. À quoi bon faire tant de bruit ? Quatre mois et demi de jour, autant de nuit ; À neuf mois le total se monte. Hé bien, n'est-ce pas là ton compte ? Le Druide va te calmer l'esprit par un petit couplet de chanson. Au temps passé, On n'achetait que les belles ; Mais tout a changé, Toureloure, loure, loure ; Il ne reste point de bête au marché. **** *creator_dufresnyregnard *book_dufresnyregnard_augmentationbaguette *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresnyregnard_verse_comedy_augmentationbaguette *dist2_dufresnyregnard_verse_comedy *id_BELISE *date_1693 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_belise Holà ! Ho, quelqu'un ! Portier, limonadier, ouvreuses de loges ! Depuis trois mois on ne saurait trouver à se placer dans cet hôtel de Bourgogne. Bonjour, monsieur ; jouez-vous encore aujourd'hui votre Baguette de Vulcain ? Moi, un mari ? Moi, chercher mari ? Est-ce que j'ai l'air d'une femme à mari ? Un bel esprit comme moi, me soupçonner de dégénérer jusqu'aux êtres matériels ! Apprenez, mon ami, que j'ai épousé l'antique, et que je n'aurai jamais d'autres maris que Juvénal, Horace, Virgile, et surtout le bon homme Homère. Assez de filles se chargeront de ce soin-là ; pour moi, je passe mes jours avec les livres, et je ne m'endors point que je n'aie une douzaine d'auteurs anciens sous mon chevet. On dit que dans votre comédie vous faites une comparaison du vieux temps avec le nouveau. Cela n'aurait-il pas quelque rapport avec le parallèle des anciens et des modernes, qui partage à présent tous nos beaux esprits ? Quel parti prenez-vous dans cette dispute-là, vous autres comédiens ? Si je savais que vous parlassiez sérieusement, et que vous prissiez le parti des modernes... Ce que je ferais ! Je troublerais vos spectacles, je louerais des gens pour siffler, et je vous empêcherais de parler français, jusqu'à ce que Pasquariel eût été reçu, pour son beau langage, à l'Académie. Si j'y entre chaudement ! Vous ne savez donc pas que je suis le flambeau fatal qui vient d'allumer la guerre parmi les gens de lettres ? Que dites-vous ? Dans le dernier combat, trois de nos chefs furent blessés à mort d'un seul coup d'épigramme. Je soutiendrai les anciens envers et contre tous. Cela ne se peut. On ne fait rien à l'Académie sans me consulter. Voyons. Ces jours passes, en bonne compagnie, Trois héros de l'Académie S'échauffaient sur le différend Qui tient tout Paris en suspens. Des modernes auteurs l'un prenait la défense ; L'autre des anciens soutenait les raisons : Le plus savant des trois prit en main la balance ; Et moi, dit-il, je suis pour les jetons. Oh ! Je ne n'arrête pas à cette décision-là. Pour moi l'hyménée N'a point de douceurs ; Je suis destinée À l'amour des auteurs : Pour eux je veux vivre ; Car dans ce temps-ci, Il n'est point de livre Si froid qu'un mari. **** *creator_dufresnyregnard *book_dufresnyregnard_augmentationbaguette *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresnyregnard_verse_comedy_augmentationbaguette *dist2_dufresnyregnard_verse_comedy *id_ANGELIQUE *date_1693 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_angelique Ah, monsieur l'enchanteur ! J'ai recours à votre sorcellerie. On dit que vous avez réveillé une fille qui dormait depuis deux cents ans. Ne pourriez-vous point endormir ma mère pour la moitié de ce temps-là ? Faites-la donc dormir seulement deux ou trois jours, pour me donner le temps de me marier sans lui en rien dire. Oh ! Je l'en avertirai, sitôt qu'elle sera éveillée. Il n'y a plus moyen de durer avec cette femme-là : elle veut que je vive dans la régularité où l'on était de son temps ; et cela ne s'accommode pas avec la réforme de celui-ci. Elle veut m'habiller à sa fantaisie. Le dernier corps qu'elle m'a fait faire me va jusqu'au menton ; et vous savez qu'une fille aimerait autant n'avoir point de gorge que de ne la pas montrer. Elle me contrôle sur tout. Croiriez-vous qu'elle me défend de manger d'aucun ragoût ? Elle dit qu'autrefois les femmes ne vivaient que de fruit et de laitage. Du vin de Champagne ! Fi donc ! Cela gâte le teint ; et je n'en bois plus depuis que ma cousine m'a appris à boire du ratafia. Vous ne voulez donc point endormir ma mère ? Apprenez-moi donc ce qu'il faut faire pour l'empêcher de gronder. Ma mère à mon âge, À ce que l'on dit, Fit son mariage À fort petit bruit ; Je puis, ce me semble, Par bonnes raisons, Suivre son exemple, Non pas ses leçons. **** *creator_dufresnyregnard *book_dufresnyregnard_augmentationbaguette *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresnyregnard_verse_comedy_augmentationbaguette *dist2_dufresnyregnard_verse_comedy *id_NIGAUDIN *date_1693 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_nigaudin Bonjour, monsieur. Quand je vous vois, Je ne puis m'empêcher de rire. Par ma foi, je ne sais qu'en dire. Or donc, pour revenir à mon premier discours... Mais vous m'interrompez toujours. Vous saurez donc, monsieur, qu'on a sa fantaisie ; Tantôt on est garçon, tantôt on ne l'est plus. Il n'est rien tel que les cocus ; Car ils le sont toute leur vie. Vous voyez bien cette poulette-là, C'est ma femme, quoi qu'on en dise. Savez-vous pourquoi je l'ai prise ? Non, c'est pour sa beauté. Mais regardez-la bien ; c'est elle Qui me fait bouillir la cervelle : Je croyais qu'au bout de neuf mois Une femelle au moins un enfant devait rendre. Oh ! Oh ! Oh ! Que nenni. Elle a mis tout au plus quatre mois et demi, Et je crains quelque stratagème. C'est pourtant le hic de l'affaire. C'est ce qui fait que bien souvent On n'est pas père d'un enfant, Quoiqu'on soit mari de sa mère. Vous ne croyez donc pas que la progéniture Soit tout à fait de ma manufacture ? Cet enfant est venu, tout franc, trop à la hâte, Et je crois n'avoir pas mis la main à la pâte. Je vous l'ai déjà dit ; Quatre mois et demi. Vous avez raison cette fois. Je suis bien plus heureux que je ne le pensais. Viens, ma pouponne ; Viens, ma bouchonne, Que je répare ton honneur. **** *creator_dufresnyregnard *book_dufresnyregnard_augmentationbaguette *style_verse *genre_comedy *dist1_dufresnyregnard_verse_comedy_augmentationbaguette *dist2_dufresnyregnard_verse_comedy *id_LEDRUIDE *date_1693 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ledruide En vain une fille, à votre âge, Donne son suffrage Pour l'antiquité, Son esprit a beau faire, Son cœur plus sincère Décide pour la nouveauté. Mère qui gronde, Qui tempête et qui fronde, Fait son emploi dans le monde Quand elle est sur son retour. Fille qui la laisse dire, Et qui n'en fait que rire, Fait sa charge à son tour. Vous n'avez pas besoin qu'on vous console ; Elle a tout l'air d'une femme d'honneur : J'en jurerais presque sur sa parole ; Mais j'aime mieux jurer sur sa laideur. La verte jeunesse, Qui tourne à tout vent, etc.