**** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_MODERANTIN *date_1793 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_moderantin Accrochez tout cela, Dufour, dans le salon. Quand l'écriteau civique est devant la maison, Il faut bien que chez moi tout le reste réponde. Bonnet de Liberté, les piques, le drapeau, Ma foi, l'intérieur répond à l'écriteau. Je ne passerai plus pour un aristocrate ; ........................ Qu'en dites-vous, mon fils ? Car vous avez du goût. Et toi, qu'en pense-tu ? Ma foi, c'est bien assez : allons, retire-toi. Ah ! Ah ! C'est vous, Monsieur, que faites-vous chez moi ? Je vous sais gré, Monsieur, de parler franchement, Et répondrai de même à votre compliment. Vous eûtes, je le sais, l'aveu de feu mon frère Pour épouser Julie ; et moi, tout au contraire, Je vis de mauvais oil cet établissement, Et j'ai pris pour ma nièce un autre arrangement. Vous ne l'obtiendrai point. La Loi, ce mot me pique ; Ils narguent les parents avec leur République. Mais moi, qui n'entends rien à ce nouveau jargon, Je serai maître ici, si vous le trouvez bon. Conçois-tu ce ton là ? J'aime la Liberté. Mais on ne pourra plus dire un seul mot chez soi. Ou bien vous encourez qu'un intrus vous semonce. Il en est fort capable ; et c'est ta faute aussi : Avec cet enragé, pourquoi rester ici ? Tu sais bien que ce fat en veut à ta cousine, Et tu vois ton rival de sang-froid au logis, Et causes avec lui comme avec tes amis : Tu vois pourtant, tu vois à quoi ceci m'expose : Mais son père paraît, va-t-en vite, et pour cause. Eh ! Bonjour, mon ami : mais on ne vous voit plus ? Tout comme un autre aussi je sers bien ma Patrie, Mais sans fuir cependant la bonne compagnie. Le Peuple ! Non, ma foi, j'admire ta folie. Vous jouez sur le mot : ne se mêlant de rien, Nous le verrions encor vivre en bon citoyen. Votre fils à l'instant m'a tenu ces propos ; On ne pourra donc plus fréquenter ses égaux ? Voilà vos sots propos, et ceux de vos semblables : Vous me feriez, Monsieur, donner à tous les diables. Depuis quatre-vingt-neuf sédentaire à Paris, N'ai-je pas soutenu les droits de mon pays ? Jamais à mon district on ne me voit paraître, Mais pour bon citoyen je me suis fait connaître. Est-ce de pérorer ou de crier bien fort ? L'honnête homme, Monsieur, pour n'avoir aucun tort, En révolution, en trouble populaire, S'il ne fait pas le bien, du moins le laisse faire ; Et c'est ce que j'ai fait. Qu'on me cite à présent, Si l'on m'a jamais vu dans un rassemblement. Et lorsque du tocsin et de la générale On entendait partout la rumeur infernale, Je rentrais au logis : la nuit comme le jour, J'avais soin de fermer ma porte à double tour. Entend-on le canon quand on est dans la cave ? J'ai fait tout ce qu'il faut pour n'être point esclave ; J'ai donné pistolets, espingoles, fusils, Deux uniformes neufs, n'ayant jamais servis ; J'ai prêté mon serment pour l'État monarchique, Et je m'enroue en criant vive la République ; Je fais monter ma garde, et paie mes impôts, Le quart patriotique ; et l'on tient des propos ! Enfin, à ma façon je sers bien ma Patrie ; Je ne suis point l'ami de ceux qui l'ont trahie ; D'après tous ces faits-là, peut-il être avéré Que l'on dise partout que je suis modéré ? Vous conviendrez du moins que tout serait fini. J'ai vécu cinquante ans sans connaître ce nom. J'étais libre autrefois d'aller et de venir. Eh ! Que faire à Paris quand tout se bouleverse ? J'ai quitté mon commerce. Je n'ai pas, comme vous, le transport au cerveau ; Je suis réduit à rien. Mais en quatre-vingt-huit j'en possédais quarante : Pour trouver cela beau, vous avez vos raisons : On a coupé mes bois, on mange mes pigeons, Et pour me consoler de mon fils qu'on emmène, Je n'ai pas un lapin dans toute ma garenne. Il était aux charrois. On les défendra bien avec cette jeunesse ; C'est un très beau décret, ma foi ! Belle prouesse. Et si l'on me prend tout, n'est-ce pas même chose ? Mon ami, savez-vous à combien l'on m'impose ? Je ne me plaindrais pas. On m'en demande cinq, je suis dans l'embarras. Est-ce au département ? Il n'en fera que rire. Quatre mille avant moi n'en ont rien obtenu ; L'on connaît de chacun, mon cher, le revenu ; On dira : « Citoyen, votre plainte importune, Et l'on vous a taxé selon votre fortune. Vous avez en bien-fonds, six maisons à Paris, Cent arpents cultivés auprès de Montargis Marais dans les faubourgs, une terre superbe, Et vous ne mangez pas tout votre blé en herbe. On sait que vous avez des billets au porteur », Et c'est la vérité, ma parole d'honneur. Vous parlez maintenant une langue étrangère, On fréquente toujours ceux qui font bonne chère ; Sur ce chapitre-là vos cris sont superflus, Nous sommes trop gourmands pour avoir ces vertus. Vous me faites frémir. Ah ! Si pour m'arrêter quelqu'un allait venir, Vous parleriez pour moi, je suis bon patriote ; Mais de vos enragés je n'ai pas la marotte. Allons, mon cher Duval, prête-moi ton appui ; Je ferai le bonheur de ton fils aujourd'hui, Ma nièce lui plaît fort, je lui donne Julie ; Mais à la Section il faudra qu'il m'appuie, Et je consentirai... Vas donc me dénoncer avec de tels reproches ; On n'est jamais trahi, dit-on, que par ses proches ; Et l'on a bien raison. Parlez à votre fils, je l'ai mis en colère ; Il est nouveau soldat révolutionnaire ; Ces Messieurs font la chasse à tous les modérés ; Je ne le serai plus désormais, vous verrez. Je veux dès aujourd'hui réformer ma conduite. Mais revenez bien vite. Et vous, loin d'adoucir ma peine et mon chagrin, Qui venez me narguer avec un air hautain, Apprenez que de moi dépend votre fortune, Et que depuis longtemps vous m'êtes importune, Et que votre civisme et vos beaux sentiments, Ne m'en imposent pas ; que vos engagements Qui jadis avaient eu l'aveu de votre père, Ne pourront s'accomplir qu'en cherchant à me plaire. En ce cas, vous l'aurez. Elle a du caractère, et j'en suis peu surpris ; Mais je me garderai de suivre ses avis : Je veux pour la punir, qu'elle ait son Patriote, Elle aura des enfants qui seront Sans-culottes, Et nous verrons comment, dans sa belle union, Elle dira sans bien, vive la Nation ! Que venez-vous chercher ? Cessez vos sots discours. Avez-vous le menu ? Nous serons six, ce soir, et chacun est prié. Vous direz au portier que pour aucune affaire, On ne laisse monter de la soirée entière. Mettez votre couvert, ce soir, en porcelaine. Cette carpe du Rhin, un buisson d'écrevisses, Mon pâté, mon turbot ; j'oubliais mes délices ; Quatre entremets choisis : prenez-les chez Meau ; La truite saumonnée, une longe de veau. En salmis, un autre de bécasses ; Dites chez Veloni qu'on apporte des glaces. Trois ananas bien mûrs, choisis chez Wouesmert. Montez du marasquin, du vin en abondance. Que veulent ces Messieurs ? Allez à mes affaires. Allez dire à Duval qu'il vienne dans l'instant, Que j'ai besoin de lui : courez-y promptement. Puis-je savoir, Messieurs, pourquoi votre présence ? Lequel ? Moi, je n'ai plus de bien, Ce qui m'en reste, hélas ! n'est plus qu'une vétille, Et je n'ai pas de quoi soutenir ma famille ; Je me prive de tout, j'ai mis carrosse à bas. Demandez au portier, je ne fais qu'un repas ; J'ai donné, tant donné, que je suis à la gêne, Et je suis bien fâché, Messieurs, de votre peine. Non ! Ne revenez pas, ce soin serait frivole. Je ne puis de longtemps vous donner une obole. Je puis faire un effort pour sauver la Patrie, Prenez ces deux corsets, c'est mon économie, Le bon temps reviendra... Taisez-vous, pour raison. Ces Messieurs vont sortir. Que le diable l'emporte ! Tu me perds, mon ami ; je suis désespéré. Pourquoi les retenir ? Ces Messieurs sont pressés. C'est par plaisanterie... C'est mon neveu futur, je n'en fais pas mystère. Je l'avais invité. Et j'en fais vanité ! Vous tairez-vous enfin ? Sentez-vous l'importance... Monsieur, je suis surpris que vous osiez chez moi Tenir de tels discours. Ah ! La cruelle affaire ! Cher Duval, vous savez... Citoyen Commissaire. Citoyen Commissaire, Vous connaissez Duval, Patriote excellent... J'eus toujours pour la Loi le plus profond respect. Oui, j'ai tort, j'en conviens ; j'étais trop modéré. J'en serai digne un jour : venez, Républicain, Mon frère, avant sa mort, vous a promis sa main, Et je confirme ici sa volonté dernière. Si je n'étais goutteux, j'irais à la frontière ; Je veux me corriger, je suis de bonne-foi. Sortez de ma maison... Dufour, reste avec moi. Je veux par mon civisme, Quand je serai sorti, faire tout oublier. Et servir de modèle à tout notre quartier. Allons, je me résigne. Vous avez bien raison. Dufour, et mon repas ? **** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_DUFOUR *date_1793 *sexe_masculin *age_veteran *statut_exterieur *fonction_autres *role_dufour Oui, je vous le soutiens, et je vous le répète : Si Monsieur faisait bien, il ferait maison nette. Tenez, ce mot-là seul mérite le congé. C'est que je sais servir sans faire le flatteur ; Vous ne rentrez jamais sans prédire un malheur. Que l'on tremble à Paris, ou que l'on assassine, L'Etat est, selon vous, tout prêt de sa ruine ; Et si l'on vous croyait, Monsieur Modérantin Serait déjà parti. Qu'à flatter ses travers, pour attraper son bien. Vous approuvez cela, car vous êtes docile. Approuvez-vous aussi l'amour de Lestanville ? Sa cousine à Duval devait s'unir un jour ; Son père, avant sa mort, appuyait son amour, Et mon maître devait au trépas de son frère D'exécuter du moins sa volonté dernière. Je l'avais élevé pour servir sa Patrie. Quoi ! De ces deux amants vous verriez la douleur ! Monsieur Modérantin ne l'a pas terminée. On l'estimerait plus, s'il les avait suivis ; D'un bon Républicain prenant le caractère, Il pourrait éviter quelque fâcheuse affaire. Vous ne feriez pas mal. Je sais que vous avez du goût pour l'esclavage, Je veux me retirer. Ma foi, la servitude, En quelqu'état qu'on soit, paroît toujours trop rude. Monsieur Modérantin ne sera pas content ; Mais je dois prévenir un triste événement. On vient de m'avertir que son patriotisme, Aux yeux des gens sensés, n'est que charlatanisme ; Il est très-suspecté, ceci finira mal. Je l'ai bien averti ; c'est un original Qui se fera coffrer, et de qui les sornettes Le conduiront un jour droit aux Madelonnettes. Eh ! vous n'êtes pas si sot De saisir le moment où son oncle est en ville ; Il est allé chercher Monsieur de Fablenville ; Il reviendra bientôt, car il donne à souper A de vrais intrigans que je n'ose nommer. Vous voilà de retour, et vous serez heureux. L'on est toujours plus sûr de plaire à deux beaux yeux, Quand on sait allier, dans son ardeur guerrière, Le myrthe de l'amour au laurier militaire. Encore ici, Manette ! Ma soi, j'en ai ma dose. Suis-je ici le frotteur ? Non, vous avez l'emploi d'être toujours grogneuse. Sans médisance, moi, je le ferai connoître. Voyons : de celui-ci connoissez-vous les traits ? Mon maître est de ces gens dont tout Paris fourmille, Et qui, sous le manteau de père de famille, Ne se mêlent de rien pour n'avoir aucun tort, Et se rangent toujours du côté du plus fort ; Qui, pour se dispenser de servir leur Patrie, Abandonnent leur ame à la vile inertie De se neutraliser dans un gouvernement, Pour n'avoir jamais part au moindre événement ; Blâmant tout ce qu'on fait, suivant la circonstance, Et sont des étrangers dans le sein de la France. Il ne l'est pas à table ; il est sort altéré, Sable le meilleur vin dont sa cave est remplie, Possède tous les goûts de bonne compagnie. Le spectacle, le jeu, les fêtes, les repas : On ne le voit jamais où le plaisir n'est pas. Au moindre petit bruit, il court à sa campagne, Où de nos malveillans la foule l'accompagne ; Faisant monter sa garde, et payant ses impôts, Il dit que tout Paris n'est peuplé que de sots ; Que notre Liberté n'est rien qu'une chimère, Et que l'Égalité ne fut jamais sur terre ; Qu'il ne s'oppose point à tout ce qu'on fera, Mais que dans aucun tems il ne s'en mêlera. De ce plan bien suivi, jamais il ne s'écarte, Et n'a du Citoyen, en un mot, que la carte. ELLE en dit beaucoup plus par cette répartie ; La vérité l'emporte, enfin elle est partie ; Nous pouvons tous les deux parler en liberté : A voir des gens suspects mon maître est entêté, Il en voit très-souvent par pure politique ; Il prétend, si jamais ils avoient le dessus, Qu'ils diroient que céans ils étoient bien reçus ; Il croit, par ce moyen, conserver l'avantage De préserver ainsi sa maison du pillage. Ils ne changeront pas. Jamais. Point de nouvelles. Il dit que ces papiers font naître des querelles, Qu'on peut aller ailleurs, si l'on en veut avoir : Mais nous nous cotisons pour le journal du soir. Depuis votreretour, je la trouve embellie ; Son caractère heureux chérit la Liberté ; Près d'elle on sent le prix de cette Egalité Qui nous fait supporter le dégoût du service ; Aussi dans la maison chacun brigue l'office De prévenir toujours son goût et son desir, Et pour nous le devoir est près d'elle un plaisir. Il vous choisit pour fils, partant pour la frontière. On ne prévoyait pas que son fat de neveu, D'un amour indiscret serait un jour l'aveu, Et briguerait la main qui vous fut destinée ; Il croyait esquiver la première levée. Mais on l'a mis dehors. Pour la première fois Il saura ce que c'est de monter une garde, Car il n'a jamais mis les pieds au corps-de-garde. À dissiper son bien, Faisant comme son père, et ne songeant à rien, De ces sots ci-devant voulant singer l'espèce, Et ne ressemble en rien à la brave jeunesse Que l'on vit de tout temps préférer à Paris L'honneur de se montrer en face aux ennemis. Il ne pourra jamais manger à la gamelle. Mais on entre au logis, c'est un cabriolet ; Voici votre rival, écoutez son caquet. Ils en ont plus que vous. Sur mon âme, Je ne puis retenir le courroux qui m'enflamme, Je devrais être fait à tous ces sots discours. ............................. Respectez dans le peuple une importante masse, Que vous qualifiez du nom de populace ; C'est votre souverain ; et votre ramoneur Vaut cent fois mieux que vous, ma parole d'honneur ! Il ne l'est pas non plus, mais il en fait partie. Mais j'ai tort contre vous de faire une sortie ; Et si l'on m'en croyait, les gens de votre ton Seraient tous casernés demain à Charenton. Cessez ce persiflage : Votre père paraît, prenez un ton plus sage. Ce changement subit surprendra bien du monde. L'on dira, je vous jure, Qu'on ne voit le civisme en ces lieux qu'en peinture. Vous sentez du bonnet, Monsieur, l'effet magique, Et vous crierez bientôt vive la République ! Vos ordres pour souper. Qu'elle est officieuse ! Elle ne changera pas, elle est toujours flatteuse. Laissez parler Monsieur, et finissez, de grâce. Vous l'avez oublié. J'ai déjà prévenu, n'en prenez pas la peine. Je suis prêt : dictez-moi, Monsieur, votre repas. Vos perdreaux ? On peut, après cela, se passer de dessert. Pour un tas de fripons faire autant de dépense ! En boirez-vous, Messieurs, comme ces jours derniers ? Ma foi, vous étiez tous comme des templiers. Ce sont des Commissaires De notre Section. Ceux qui sont au salon sont de la compagnie. Monsieur en est le chef. Je dis la vérité. Nous allons le manger : allez vous mettre au pas. **** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_LESTANVILLE *date_1793 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lestanville Ma parole d'honneur, la chose est effroyable ! Moi, m'aller caserner ! Mais je me donne au diable, Si l'on me voit servir avec tous ces gens-là, Ma parole d'honneur. Ah ! Bonjour : vous voila ? Mais de la populace ; Avec mon perruquier que veut-on que je fasse ? Mon porteur d'eau, mon nègre, et puis le ramoneur : Vraiment je suis outré, ma parole d'honneur ! De l'honneur ! Dans cette classe immense, Mon père me l'a dit, tu reçus la naissance : Tu défends ton parti ; mais voici mon refrain : Mon cocher ne sera jamais mon souverain. Je ne puis m'en fâcher, l'apostrophe est gaillarde, Car auprès de Bercy, ce soir je suis de garde : Tu vois, mon cher ami, qu'on t'a bien écouté. Je te crois du crédit dans quelque Comité, Ma parole d'honneur ! Arthur, depuis longtemps, a mis cela partout. Faut-il le demander ? Duval vient, je parie, Présenter ses respects à l'aimable Julie. C'est d'une impertinence !... Mais non pas la licence. Il faut se prosterner au seul nom de la Loi. Ou qu'à sa Section le soir il vous dénonce. J'arrivais dans l'instant. Quoi ! Cela vous chagrine ? **** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_FABLENVILLE *date_1793 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_fablenville J'Arrive le premier, mon cher, au rendez-vous. Chez toi, l'on fait toujours chère très délicate ; Tu le nourris toujours comme un aristocrate. L'abbé ne viendra pas : on vient de m'avertir Qu'on l'a fait arrêter. Nous le ferons sortir, mais par la belle porte. Toi, tu trembles toujours, tu n'es qu'un modéré, Et dans un tour de main, c'est une chose unique, On lui ferait crier vive la République. Soupez-vous avec nous ? Je ne plaisante pas. C'est chez toi, mon enfant, Où l'on peut, tu le sais, parler ouvertement ; Tout changera bientôt, et nos gens en campagne Mettront à la raison messieurs de la Montagne. Demain nous partirons pour aller à Passy. Tu reçois un Soldat révolutionnaire ? Vas-tu me dénoncer ? Oh ! Devant les Duval je ne dirai plus mot ; Sois tranquille à présent ; je ne suis pas si sot. Ce Duval n'est pas sûr, usons de politique, Et devant lui surtout, vantons la République. Quoi ! Vous m'avez trahi. Y pensez-vous, Dufour ? **** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_MANETTE *date_1793 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_manette Mais dites-nous pourquoi, Patriote enragé ? Si l'on vous écoutait, on en verrait de belle : Avec chacun ici vous êtes en querelle. Mais il part dès demain. N'est-il pas plus heureux de rester en campagne, Où de ses bons amis la foule l'accompagne, Gens suspects comme lui, ne se mêlant de rien ? Le fils de la maison doit être préféré : Pour terminer bientôt, l'on a tout préparé, Il ne partira pas, si Monsieur le marie. Il faut bien à l'État faire des défenseurs. Ils se consoleront, l'affaire est décidée. Pour établir sa nièce, il prendra vos avis. Comme vieux serviteur, c'est d'après vos sermons Qu'il faudrait se conduire, et suivre vos leçons ? Je ne suis pas si sotte, J'ai mon opinion ; vous êtes Patriote, Et vous avez raison, si c'est votre plaisir. On est libre, à présent, de penser ou d'agir ; Monsieur Modérantin vit à sa fantaisie, De le contrarier vous avez la manie : Mais quand on a besoin de rester en maison, On doit toujours trouver que son maître a raison. Vous avez de l'humeur d'entendre ce langage ? J'ai le goût de rester oú je me trouve bien. Je vais à mon devoir. Adieu, bon Citoyen. Puisque vous aimez tant qu'on fasse maison nette, Il faut venir m'aider à ranger le salon, Où l'on soupe aujourd'hui : de toute la maison J'ai seule le tracas. Qui ? Lui ? De tout le jour il ne fait autre chose Que de censurer tout, sans rime ni raison. Il ne rangeroit rien dans toute la maison. Et moi, suis-je frotteuse ? Pour moi, je ne sais pas médire de mon maître. Vous avez le talent de faire des portraits. Si chacun comme lui, restoit de son côté, On verroit moins de gens prêcher la République, Et qui n'entendent rien à la chose publique. Que lui faut-il de plus pour rester en repos ? Je sors, et ne veux point partager vos propos ; J'aurois dû m'en aller, je ne suis qu'une sotte. Monsieur Modérantin est très-bon Patriote, Et vous avez grand tort de redire aujourd'hui, Le mal que chaque jour on dit par-tout de lui. Il ne changera pas, il bavarde toujours. On mettra le couvert, Monsieur, dans le salon, Du linge damassé, tous les vins en flacon ; Vous indiquerez ceux qu'il faut mettre à la glace. Je m'en vais donner l'ordre, et vienne qui voudra ; Hors ceux qui sont priés, personne n'entrera. Vous serez satisfait, et j'y vais de ce pas. Dufour vient au portier de donner un contre-ordre ; Il laisse entrer, sortir, il n'en veut point démordre ; Duval fils est resté, Monsieur, dans la maison, Chez votre nièce enfin : trouvez-vous cela bon ? Ayez de la prudence. Paix donc. Il est fou, je parie. **** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_JULIE *date_1793 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_julie Non, ne l'espérez pas : Il ne peut à ce prix vous tirer d'embarras. J'aime trop votre fils, et c'est le compromettre, De vous justifier il ne peut se permettre ; Il aime son pays, chérit l'Égalité, Il a versé son sang pour notre Liberté : Vous vous vantez toujours d'avoir fait le contraire : Vous insultez aux pleurs que je donne à mon père, Et Duval ne saurait, sans mentir à son coeœur, Du faux patriotisme être le protecteur. Mon oncle, vous pouvez garder tout votre bien ; En m'accordant Duval, je ne demande rien. Malgré votre rudesse, Je saurai vous chérir, vous respecter sans cesse ; Mais pour flatter en vous des principes affreux, Qui rendraient à jamais les Français malheureux, Je ne puis m'y résoudre, et j'aurai votre estime, Malgré tous vos regrets pour votre ancien régime. Ah ! N'oubliez jamais qu'il m'a servi de père. **** *creator_dugazon *book_dugazon_modere *style_verse *genre_comedy *dist1_dugazon_verse_comedy_modere *dist2_dugazon_verse_comedy *id_LEJUGEDEPAIX *date_1793 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lejugedepaix Les scellés sont posés.