**** *creator_dupaty-luce-salverte *book_dupaty-luce-salverte_bievre *style_verse *genre_comedy *dist1_dupaty-luce-salverte_verse_comedy_bievre *dist2_dupaty-luce-salverte_verse_comedy *id_LAROCHE *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_laroche Mademoiselle, voici l'instant décisif ; deux rivaux se disputent votre main, et c'est aujourd'hui qu'il faut choisir. Et moi, je voudrais bien connaître les vôtres. Oui ; mais il est bien sérieux : un mari sérieux ! Ah ! Prenez-y garde, mademoiselle. Moi, je crois (soit dit entre nous) Que, pour le bonheur d'un ménage, Il ne faut jamais que l'époux Affecte le maintien d'un sage. Souvent la femme d'un Caton, Dans un siècle comme le nôtre, Laisse à son mari sa raison, Et perd la sienne avec un autre. Monsieur votre oncle ne dit que ce qu'il veut ; je sais seulement qu'on attend un homme célèbre dans l'art des Calembourgs, et qu'on m'a donné l'ordre de préparer son appartement. Modérez, croyez-moi, votre empressement, mademoiselle. De l'époux qu'on n'a jamais vu, On se forme une douce image ; Et pour lui le cœur prévenu Du bonheur rêve le présage. L'amant soumis qu'on attendait, Se montre, ce n'est plus qu'un maître : Pour l'aimer toujours, il faudrait Ne jamais le connaître. Je vous annonce Monsieur de Chambre ; la sienne vous plaira peut-être davantage. Promet de l'amour, L'amitié promet de l'amour. Voilà bien les amants ; un seul mot, et ils se croient sûrs du succès. De l'aveu qu'ils viennent de faire, Chacun d'eux semble satisfait : Mais qui va si vite en affaire, N'arrive pas toujours au fait. Les deux amants auront beau faire, Sans le cher oncle rien n'est fait ; Et l'intérêt pourra défaire Ce que l'amour croit avoir fait. Quelqu'un vient de ce côté... Un valet en livrée... Je ne reconnais point cet habit-là... Eh ! C'est monsieur Dubois. Dubois est un peu familier. Il me parlait plus poliment avant de porter cet habit. Monsieur veut dire en condition. Sais-tu qu'il y a cinq ans que nous ne nous sommes rencontrés, Dubois ? Voyons : lesquels ? Pour parler toujours poliment ? Afin de lire couramment ? Aussi, dis-tu la vérité. Est-ce tout ? Pour faire un cours de probité ? Moi ! J'ai fait aussi quatre maisons... D'abord. Chez une dévote discrète ; Puis j'entrai chez une coquette : Après, dans une hôtellerie. Dans un bureau de loterie. Ah ! Celui qui voulait emporter aux îles une cargaison de vin de Champagne ? Il ne m'a pas écrit. Je vois que tu es aussi mauvais sujet qu'autrefois. Tu le suis... Et tu le nommes ? Devenir homme de lettres ! Toi, Dubois.... Est-il connu dans cette maison ? Une ?... Le pauvre homme, perclus de la goutte, ne peut sortir de sa chambre. Et quelle est sa future ? Mais qui n'est pas fait. Cela se pourrait. Peut-être. Entre nous, mon cher Dubois, ton maître fera bien de renoncer à ses prétentions ; son rival est aimé. Un peu. Monsieur de Chambre. Pourquoi cela ? Je vois bien que toutes les bêtes ne sont pas à Montmartre. Mon pauvre Dubois, qui te montre ce jargon ? Pardonnez-moi, monsieur. J'obéis. Tu sors, Dubois ; où vas-tu donc ? Je ne t'entends pas. Mais, monsieur Dubois, je vous trouve bien merveilleux. Savez-vous que vous visez à l'impertinence ? Croyez-vous qu'elle vous réussisse ? Je suis lasse du jargon. Encore une équivoque. Cessez vos gestes libertins : Les jeux de mots, on vous les passe ; Mais trêve pour les jeux de mains. Laisse-moi, ma maîtresse vient. C'est celui de Monsieur de Bièvre, que vous connaissez sans doute à présent pour le rival de Monsieur de Chambre. Oui, mademoiselle. Je l'ai vu autrefois à Paris ; mais il est devenu si fou, que je ne le reconnais plus : son maître et lui ne parlent qu'en pointes ou en calembourgs. Monsieur Dubois a de l'esprit, Mais son esprit tient du délire ; On goûterait fort ce qu'il dit, Si l'on savait ce qu'il veut dire. De son maître, singe et rival, Il l'imite, il le parodie, Et c'est un grand original, Quoiqu'il ne soit qu'une copie. Y pensez-vous, mademoiselle ? Il doit vous servir. À éconduire Monsieur de Bièvre. C'est tout simple. Vous exigez de lui le sacrifice de son goût dominant, il vous le doit, il vous le promettra ; mais l'habitude sera plus forte, et manquant à sa parole, il vous laissera maîtresse de la vôtre. Vous n'attendrez pas longtemps pour le mettre à l'épreuve : le voici lui-même. Je crois que vous pouvez vous rassurer sur les jours de Monsieur de Bièvre, il fait de l'esprit, il n'en mourra pas. C'est que tu n'as pas l'esprit devin. Le jargon est commun en France : Sans vouloir le mettre en crédit, Pour une fois, sans conséquence, Approuvez l'abus de l'esprit. Le grand Molière, Par qui l'on rit, Nous apprendra l'art de vous plaire. Réduits à faire Tout en petit, Nous fuirons l'abus de l'esprit. **** *creator_dupaty-luce-salverte *book_dupaty-luce-salverte_bievre *style_verse *genre_comedy *dist1_dupaty-luce-salverte_verse_comedy_bievre *dist2_dupaty-luce-salverte_verse_comedy *id_DUBOIS *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dubois Quelle est la jolie bouche qui décline aussi bien mon nom ? Oh ! La charmante rencontre ! Quoi ! C'est toi, mon adorable ? Tu as raison, ma chère ; mais alors je n'étais pas homme... de condition. Oui, vraiment. Depuis notre dernière entrevue, il nous est tombé à chacun un lustre sur la tête : cela ne m'a pas empêché de faire bien des métiers. D'abord, commis à la barrière. Ensuite garçon d'un libraire, À Pézenas, je fus dentiste. Oh ! Que non... Des courtiers, je grossis la liste. Et toi, ma belle, as-tu changé de condition ? Aussi, tu ne médis jamais ? L'art n'est pour rien dans tes attraits ? Chacun te paya son écot. Et tu fus en dernier ? M'as-tu gardé quelque bon lot ? À propos, qu'est devenu Frontin, mon ci-devant rival ? Sans doute pour que son vaisseau ne manquât pas de mousse. Il n'a pas écrit ! C'est qu'en arrivant au port, il aura jeté l'ancre. Je pouvais jadis avoir des défauts ; mais maintenant je suis... Je suis un homme de qualité. Monsieur de Bièvre, aimable courtisan, professeur de calembourgs, homme de lettres à la mode ; c'est pour le devenir que je suis entré chez lui. Oui, je suis Dubois.... Dont on les fait ; d'ailleurs, cela n'est pas difficile à présent. Ne voit-on pas aujourd'hui Des emprunts de toute espèce ? On emprunte la richesse, Même la femme d'autrui. Combien de belles vantées, N'ont que grâces empruntées ! Combien de vertus citées Des mœurs empruntent l'habit ! On emprunte sa coiffure, Et maint auteur qui figure N'a pu se mettre en crédit, Qu'en empruntant son esprit. Près de mon maître, il ne faut que de la mémoire. Depuis un siècle ! Sans un maudit voyage que nous obligea de faire une vieille Comtesse... Une vieille contestation sur des biens de famille, mon maître aurait tenu fidèle compagnie au cher oncle, qui, dit-on, se porte assez mal. Comment va-t-il ? Ah ! Je le plains en vérité, Sa souffrance doit être extrême. Le mal dont il est tourmenté A pourtant un côté que j'aime. Si j'en crains l'effet douloureux, Son nom n'a rien qui me dégoûte : Quoique j'aime peu les goûteux, Parfois j'aime la goutte. Et je compte bien boire à la noce de mon maître. Ta maîtresse. Son oncle y consent, c'est un mariage arrangé. Aurions-nous un rival ? Il n'est pas à craindre. Ah ! Si ta maîtresse a du goût, Elle doit préférer mon maître : Grâce, esprit, talents, il a tout, Et plaît dès qu'on le voit paraître. Dans l'art de vaincre un jeune cœur, Ne crois pas qu'il faille l'instruire : Celui qui fit le Séducteur, A tout ce qu'il faut pour séduire. Tu le protèges, je gage ? C'est trop. Son nom ? Monsieur de Chambre, dis-tu ? Mais tu n'y penses pas. Nous devons tous deux être contre lui. Ne sommes-nous point par état voués à l'antichambre ? Très heureusement, car cela ferait un sot mont. Voici mon maître. Oui, et bien suspendue encore ; la voiture allait si vite, que les cailloux battaient la caisse. Aussi avons-nous failli verser. Elle sera le nôtre. Oh ! Oui, très chères ; mais cela ne doit pas vous étonner. Vautours et gens d'affaires, Corbeaux et procureurs, Éperviers et notaires, Et buses et rimeurs, Partout c'est la coutume, Il faut s'en consoler : Tout ce qui porte plume Est sujet à voler. Il est bon celui-là. Mais, monsieur, j'aime mieux prendre le mien ; le vôtre est si rétif, il fait des pointes. Un cheval de sel, vous n'y pensez pas, monsieur ; s'il venait à pleuvoir, je jouerais au cheval fondu. Et vous, toujours grondeur. Avant deux heures ? Remise !.... Que cette lettre soit remise ! Un petit moment, monsieur ; une lettre.... Remise.... Ma foi, monsieur, je n'entends pas celui-là. Je me rends. Cependant je devine assez facilement comme monsieur peut voir. Ah ! Pour le coup j'y suis, je vais la porter. Monsieur n'a pas d'autres commissions à me donner ? Je serai ici dans une heure. Sur mes sens enflammés l'amour a tant d'empire. Je vais... je viens... je pars... et ne sais que vous dire... Je te plains. J'espère bien l'avoir attrapée. Sans doute ! À la cour comme à la ville, Pour être du meilleur ton, Il faut toujours de son style Bannir la sotte raison. Quoi ! Vous faites la cruelle ! Diable, Mademoiselle Laroche ! Je croyais ton cœur, ma belle, Un peu moins dur que ton nom. Pour te l'expliquer, Ma chère, il faut que je t'embrasse. Inhumaine ! Barbare ! Et moi, je me sauve. Hélas ! Monsieur, en traversant Paris, une paille m'est entrée dans l'œil : j'ai répandu la larme dans tout le quartier. Non, monsieur, la voilà. Elle est impayable. Ah ! quelle bévue ! (bis.) Monsieur, votre payeur est Aveugle, et votre billet Est payable à vue. (bis.) Certainement, quand ce ne serait que pour prêter à Monsieur de Saint-Far, qui est venu vous demander cent louis. Votre pièce, Monsieur, ne sera pas jouée : Molé est si enrhumé qu'on ne l'entend pas. Oui, Monsieur ; il est même gagné. Non, Monsieur, il est gagné par votre partie adverse ; mais ce qui doit vous consoler, c'est que vous l'avez perdu par votre faute. Votre avocat ne vous a point défendu ; il m'a rendu la lettre que vous lui aviez envoyée, à laquelle il n'a rien compris. C'est en Égypte. Il est incurable ! Certainement, Monsieur. Vous avez fait aujourd'hui cinquante calembourgs, au moins, il n'y en a pas trente neufs. Il y a bien des choses, Monsieur. D'abord, j'ai traversé les Tuileries, et j'ai trouvé tous les arbres en allées. J'ai passé chez votre libraire. Oh ! Monsieur, c'est un bien brave homme que votre libraire. Il m'a donné trois livres pour quarante-cinq sols. Enfin, Monsieur, ce qui sans doute vous sera fort agréable... Ma femme est sur le point d'accoucher. Enfin tout est nouveau, Monsieur, tout. Nouveaux plaisirs, nouvelles fêtes, Nouveaux maintiens, nouveaux habits, Nouveaux bals, nouvelles conquêtes, Nouveaux tourments pour les maris, Nouveaux romans dans les affiches, Faits par de nouveaux gens d'esprit, Et tout exprès de nouveaux riches, Pour lire les nouveaux écrits. Mais vous n'écoutez pas mes nouvelles, monsieur. Voilà de l'esprit bien employé !... Comment ! Monsieur de Chambre... Belle consolation ! Quelle fortune ! Comment, Monsieur, vous n'appréciez pas tout votre bonheur ! Pas si bête, pourtant. C'est bien commencer. C'est ce que beaucoup de gens disent : mais, croyez-moi, Monsieur, c'est par jalousie. Avec un jeu comme le vôtre, et un valet de cœur comme moi, vous gagnerez toujours la partie. Une minute.... Je n'aurais pas deviné celui-là. Combien de pièces très connues Ont la vogue en ce pays-ci ; Les scènes y tombent des nues, Le dénouement en tombe aussi.