**** *creator_gueullette *book_gueullette_chasteisabelle *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_chasteisabelle *dist2_gueullette_prose_farce *id_GILLES *date_1720 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gilles Il me paraît notre maître qu'il y a bien du train dans votre quartier, le vielleux a joué toute la nuit ; hier au soir on a montré la curiosité. Pardienne je le crois qu'ils ont du moyen. Oui, ma foi, il leur en faut à ces vieux fous de la viande fraîche, on leur en souhaite. Hé bien, que faut-il faire ? Oui, leur ôter cette colique vénérienne qui les tourmente. Je sais bien aussi où est l'enclouure. Ce que j'en dis n'est pas pour en parler ; mais enfin à gorge coupée et à fille dépucelée, il n'y a point de remède. Pardienne elle a moins peur pour l'entrée que pour la sortie, celle fille-là, elle voudrait que vous fussiez toujours dedans. Oh ! Ça notre maître, fermez le cul et ouvrez les oreilles. Il faut vous défaire de Monsieur Cassandre et de Monsieur Villebrequin. N'est-ce pas ? Pardienne, je leur persuaderais, s'il le fallait, qu'un âne est un perroquet. Allez, laissez-moi faire, mais je vois venir Mam'selle Isabelle. Je vous laisse tous deux ensemble, vous n'avez pardienne pas besoin de moi pour vous ajuster, je vais prendre pendant ce temps-là un bon lavement de panse. Allez, Messieurs, faites la paix, croyez-moi, je vais boire à votre santé. Voilà ce que c'est que de vouloir souper dehors. **** *creator_gueullette *book_gueullette_chasteisabelle *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_chasteisabelle *dist2_gueullette_prose_farce *id_ISABELLE *date_1720 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_isabelle Ah ! Bonjour donc Léandre, pourquoi n'êtes-vous pas venu hier chez nous comme à l'accoutumée ? Vous savez bien qu'il y a toujours place pour vous. Vous me paraissez tout chose ? Ah, ah ! Et moi aussi. C'est à quoi je songeais à part moi mon cher amant. Je travaillerai mieux que lui. Mon cher Léandre, laissez-moi faire. J'en vois venir un. Allez-vous-en, retirez-vous. Adieu, mon cher amant. Votre servante, Monsieur Villebrequin. Ah ! Point du tout, Monsieur. Monsieur, je ne vais jamais t'en ville. Si vous voulez ce soir venir souper dans ma chambre, j'aurai une saluade. Cela ne vaut-il pas mieux que de dépenser votre argent comme vous avez fait hier ? Vous n'avez qu'à parler, mais si vous voulez me prêter dix écus pour vous donnez à souper. C'est que je veux que vous fassiez bonne chère, et qu'après la panse vienne la danse ; de plus il faut que je paye mon terme. Je vous attends ce soir à huit heures précises, frappez seulement à la porte. En voilà déjà un de rebouisé, et je veux mériter l'estime de mon cher Léandre en venant à bout de l'autre. Bon, je le vois qui vient ici. Bonjour mon mignon, mon tout, je parie que vous pensiez en moi. Je le crois bien vraiment : mais mon cher Cassandre, je n'aime point à vous voir comme ça dépenser votre argent. Ce n'est pas l'aveugle que j'aime le mieux. Oh pour le présent je ne puis, mais si vous voulez venir ce soir à huit heures, je vous donnerai à souper. Ah ! Pour moi je vous aime, quoique je n'aie jamais rien aimé, et que je ne sache pas comme cela s'est fait. Je puis donc vous attendre ce soir à huit heures précises. Quand elles sonneront au petit couvent, frappez seulement à la porte. Vous m'aimez donc bien ? Aussi que ne fais-je point ? Car enfin si vous venez chez nous, ce ne sera pas pour des prunes. Je puis donc cela étant ainsi, vous prier de me faire un plaisir. Mon bon ami, vous pouvez me prêter dix écus. Oui, mon cher amant, c'est à cause que je le sais que je vous prie de me les prêter, je n'ai point assez de quoi vous donner à souper. Mais ce n'est pas encore tant pour souper, c'est pour avoir deux chaises et une table. J'ai trop d'honneur pour vous recevoir comme ça ; je croyais que vous m'aimiez, mais vous ne m'aimez point. Je suis bien malheureuse. Non vous ne m'aimez pas, je me suis bien trompée. Non. Hi, hi... Hi, hi, hi. Non. Je suis bien malheureuse ! Et moi, je ne le puis en conscience. On aime, et voilà ce qui vous arrive. Je ne les vaux pas, n'est-ce pas ? Hi, hi. Il n'y a qu'un mot qui serve ; le voulez-vous, ne le voulez-vous pas ? Mais il n'y en a que quinze ? Cela étant, il n'y a rien de fait. Quoi ! Vous avez de l'estime pour moi, et vous ne vous fiez pas à votre Isabelle ? À ce soir donc à huit heures sonnantes. Je vous attends. Frappez à la porte, et prenez bien garde d'être aperçu. Que je suis heureuse d'avoir un amant comme Monsieur Cassandre. Et de deux ; mon cher amant ne me reprochera plus que je ne sais pas mon pain manger : car nous avons de quoi faire. Mais n'est-ce pas lui qui s'avance. J'ai gagné vingt écus. C'est pour nous deux souper. Cela c'est vrai, je m'emporte t'un peu, mais je me corrigerai, je le faisais pour le mieux. Je ferai tout ce qu'il vous plaira, mon cher amant ; j'aurai bientôt déménagé, vous le savez. Volontiers. Je sortirai du quartier dès tout à l'heure, si vous l'avez pour agréable ; car j'ai donné rendez-vous à huit heures précises à ces deux vieillards, et j'aimerais tout autant qu'ils me trouvassent dénichée. Ah ! Mon cher amant, je crois bien qu'ils ne pourront jamais ouvrir ; n'ayez point d'inquiétude, car vous êtes un peu jaloux, et bien assurément vous avez grand tort. Ah ! Mon cher amant, ne les tuez pas. Qui va là ? Qui vous ?