**** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_LEMAITRE *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemaitre Il faut, de toute nécessité, que je m'embarque aujourd'hui pour Corbeil où je dois aller recevoir trois cent francs. Voyons si je n'ai rien oublié pour le voyage. Voilà mon bonnet de nuit, une chemise. Mais, vraiment, le meilleur était sorti de ma mémoire. Gilles ! Gilles ! Gilles !... Ah ! Te voilà... Qu'est-ce que cela veut dire? Avance donc, animal. Et comment cela t'est-il arrivé ? Voilà, misérable, ce que te coûte ta gourmandise. Voilà un garçon estropié pour le reste de ses jours. Monsieur Taille-Bras ! Monsieur Visautrou ! Heureusement que ces messieurs sont mes voisins. Au secours ! Mon valet Gilles est fort malade ! Hélas ? Monsieur, voilà mon valet Gilles en pitoyable état. Eh ! Messieurs, finissez vos contestations et secourez, si vous le pouvez, ce pauvre diable. Il me fend le cœur, dépêchez-vous donc. Qu'allez-vous donc faire ? Comment, cette maison-ci ? Mais, vraiment, elle m'appartient. Non pas, s'il vous plaît, Monsieur le tabellion ; diable ! Quel quiproquo ! Mettez, s'il vous plaît, dépendra et non pendra. Mais, Gilles, je ne te connais pas de garde-robe. En quoi consiste-t-elle ? Doucement, Monsieur Visautrou. Là, là, un peu de patience. Tu ne seras pas plus tôt guéri que tu ne sentiras plus de mal. Je ne le crois pas assez fin pour cela. Cela est juste. Gilles, sur l'argent qui te reste pour la dépense de la maison, satisfais ces messieurs. Je rentre me préparer pour mon voyage. Eh bien ! Ces messieurs sont-ils payés ? Avant de partir pour Corbeil, je me suis ressouvenu que j'avais vingt écus à envoyer à mon procureur. Tu les lui porteras dans cette bourse. Et voici une bouteille de vin grec, qu'en passant tu remettras à Madamoiselle Ampoüisse. Que veux-tu faire ? Et comment le reconnaîtrais-tu ? Tu n'en as jamais bu. Fort bien, mais je ne prétends pas que tu satisfasses ta curiosité en cette occasion, et tu peux assurer Madamoiselle Ampoüisse que c'est du véritable vin grec. Ouais ! cette bouteille te tente terriblement. Oh ! Je sais un bon moyen de t'empêcher d'y toucher. Il faut avouer que tu es bien malpropre. Va, et ensuite tu iras exécuter tes commissions. Pour moi, je vais partir pour Corbeil. Il faut avouer que je suis heureux. Au moment que j'allais entrer dans le bateau, j'ai rencontré celui qui me devoit de l'argent. Il m'a payé et nous avons été boire bouteille ensemble. Mais n'aperçois-je point mon valet Gilles ? C'est lui-même. Apparemment qu'il arrive de chez Madamoiselle Ampoüisse. Eh bien, comment se porte-t-elle? Oui. Je ne vais pas en campagne. Eh bien ! Que dit-on de ma bouteille ? Et pourquoi ne l'as-tu pas portée ? Je gagerais presque que ce sont quelques fripons qui se sont moqués de toi. Voilà deux noms bien suspects. Cela sent diablement les filous. Voyons un peu ma bouteille... Il n'y a plus rien dedans ! Non vraiment. Et moi, je ne sais à quoi il tient, maraud, que je ne te casse la tête pour ta butorderie. Je vous apprendrai à parler, maraud. Comment, insolent, tu oses menacer ton maître ! Il faut que je te passe mon épée à travers le corps. Quelle est-elle ? Non. Le point d'honneur veut que celui qui est debout attende que l'autre soit relevé. Très absolument ! On se déshonorerait de faire autrement. Ah ! Maraud, je vais t'abattre la tête. Lève-toi, coquin! Ah ! Misérable ! L'insulte est trop grande. Voilà un maître faquin !... Et ma bourse, à quoi je ne pensais plus, qu'est-elle devenue ? Et l'argent ? Mais la bourse et l'argent ? Oh ! Il faut que je perce ce scélérat. Ces fripons te l'auront aussi escamotée. Ah ! Du moins, j'en suis quitte pour ma bouteille. Et, parbleu ! Je ne chargerai pas un sot de la bourse. Quoiqu'il commence à faire nuit, je la porterai moi-même, et je veux bien que l'on m'étrille si l'on me l'attrape. Rentre au logis, coquin ; rentre, et ne parais pas devant moi que ma colère ne soit passée. Je vais du même pas chez mon procureur. Il n'y a pas loin d'ici. Qu'as-tu, mon enfant ? Ton père ? Et qui est-il ? Et qu'as-tu fait à ton père ? Eh bien ! Je vais lui parler. Laisse-moi faire. Oui, oui, cache-toi derrière moi. Eh bien ! Qu'est-ce, Monsieur Guillaume ? Vous voilà bien en colère. Tu ne m'avais pas dit cela. Tu es un petit libertin. Prenez donc garde à ce que vous faites. La correction est un peu violente. Eh bien ! À présent, Monsieur Guillaume, il faut lui pardonner. Qui vous vole ? Ah ! Ah ! Le petit pendard ! Tu le mérites bien. Mais, Monsieur Guillaume, prenez un peu garde comme vous frappez. Il y a une partie des coups qui tombent sur moi. Par terre, dans sa poche ? Cela ne vaut rien. Et tu as été voir la fille avec cet argent ? Mais aussi, Monsieur Guillaume, vous n'y pensez pas de dire que votre fils va voir la fille. Il n'a que douze ans ! Oh ! Cela étant, il chasse de race. Mais en voilà assez, vous l'avez suffisamment maltraité. Que diable ! Éloigne-toi donc de moi. Je reçois plus de coups que toi ! Peste soit du brutal ! Je suis brisé de coups et je n'aurai jamais la force d'aller porter mon argent chez mon procureur. Mais, ciel ! On m'a pris ma bourse... Au voleur ! Au voleur ! Ah ! Gilles, je suis au désespoir ! On m'a roué de coups et on m'a volé ma bourse. Non ! Il faut que ce soit ce petit fripon de Jacquot qui m'ait fait ce tour. Un petit garçon que son père vient de bien rosser. C'est le fils de Monsieur Guillaume. Je me suis mal à propos mêlé dans leur querelle, et ce petit coquin, en m'embrassant la cuisse, m'aura sans doute volé ma bourse, que j'avais mise dans cette poche-là. Oh ! Cela n'est que trop sûr. Il n'y a que ce petit fripon qui m'ait abordé depuis que tu es rentré dans la maison. Tiens, la voilà ! Comment, scélérat ? Ah ! Misérable ! À ton maître ? Coquin ! Si tu ne m'avais pas ôté mon épée ! Sors de ma maison, infâme ! Oh ! Je n'en puis plus. Je suis moulu de coups. Je vais me mettre au lit. Qu'on aille me chercher un chirurgien ! Je voudrais bien savoir d'où vous venez, Messieurs les coquins. Il y a deux jours que vous n'avez pas paru dans la maison. Ah ! Le vilain ivrogne ! Cela est bel et bon, mais je vous trouve bien insolents d'aller ainsi à la noce sans m'en demander la permission. Fût-ce la bastarde du diable ; voilà une belle parenté. Et encore vous me laissez avec Gilles, qui est un butor. Une franche bête. Un imbécile que, pour ses impertinences, j'ai été obligé de chasser. Comment ? Je vous en dirai la raison ? Mais voilà des manants bien insolents ! Mais je crois que ces coquins-là ont perdu l'esprit. Oh ! C'est pousser l'impudence au dernier point. Parbleu, faquins, je vous apprendrai à qui vous parlez. Hors d'ici, et ne vous avisez jamais de remettre les pieds chez moi. Vous ne sortirez pas ? Sans doute. Assurément ! Jacqueline, je m'en garderai bien. C'est une fille sage, raisonnable. Ah ! Ah ! Ceci est plaisant ! Et quelle autorité avez-vous donc sur Jacqueline ? Comment ? C'est votre femme à tous deux ? Insolents ! Je ne sais à quoi il tient que je ne vous donne cent coups de bâton. Ah ! Vous osez me défier, marauds que vous êtes ! Je vous apprendrai à me connaître ! Hors d'ici, coquins ! Ah ! je vous étrillerai sur le ventre et partout. Quel est l'insolent qui heurte de cette manière et qui ose dire holà ! Hé ! En frappant à ma porte ? Comment, faquin, vous osez me parler le chapeau sur la tête ! Ah ! Maraud, je vous apprendrai le respect que vous me devez. Et moi, je vais vous montrer comme je traite les brutaux. Qui heurte ? Voilà un ton bien soumis. Oh ! Oh ! Voilà du brillant. Écoutons ! Je n'ai jamais lu cela dans Aristote. Cela est juste, et je vais payer vos comparaisons ce qu'elles méritent. Qui est là ? Voilà parler, cela. Eh bien ! De quoi s'agit-il, mon ami ? Ah ! Doucement, doucement, Monsieur Gilles. Point de colère. À mettre le feu ? À mettre le feu ? Faquin ! À mettre le feu, misérable ! À mettre le feu, infâme ! À ma maison, apparemment ! Ah ! Quand on s'y prend ainsi, encore passe ; je vois bien que tout ce que vous avez dit et le ton que vous avez pris est une pure plaisanterie. Je le voyais bien. Et quelle espèce voulez-vous ? Est-ce de la monnaie courante ou de la monnaie de poids ? Oh ! Puisque vous êtes si vif, il faut vous payer sans attendre. Tenez, voilà de la monnaie de poids. Partagez cela avec vos camarades. Parbleu, je viens de faire un plaisant rêve. Je m'imaginais que trois coquins à pendre conspiraient contre ma vie. L'un proposait de me faire casser le col en semant des pois sur mon escalier ; le second, en perçant un bateau sur lequel il supposait que je monterais pour aller à la pêche ; un autre, en enlevant la lunette des commodités et en lui substituant une lunette de papier gris. Ah ! Ah ! Vous voilà, Messieurs, je ne vous voyais pas. Tenez, ces trois fripons vous ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Justement. Oui, vraiment, et je trouve dans les traits de ton visage tous ceux du lunetier de papier brouillard. Mais ce qui m'a le plus réjoui dans mon rêve, c'est la proposition que l'un d'eux a faite de me faire mourir d'une façon très comique. Qu'en dis-tu, mon ami ? Oui, vraiment, mais je ne l'ai pas achevé. C'est de donner cent coups de bâton à ces trois coquins-là. Qui est là ? Encore ! Un docteur en tête ? Oh ! Oh ! Quand vous m'amènerez un homme raisonnable, encore passe... Très volontiers. Je l'écouterai avec plaisir. Avec votre permission, Monsieur le docteur, j'ai oublié de dire quelque chose dans ma maison. Qu'on l'arrête, qu'on lui coupe la gorge..., qu'on le jette dans l'eau bouillante, qu'on lui arrache poil à poil... Je vous demande excuse, Monsieur le docteur. Vous venez dans un moment où j'étais occupé. Je suis à vous dans l'instant. Qu'on lie ces cotrets..., qu'on en prenne cinq ou six ; des meilleurs parements. Pardonnez, Monsieur, je n'ai qu'un petit mot à dire. Quinte, quatorze et le point. Eh bien, Monsieur le docteur ? Je suis à vous dans la minute. Quatorze de valets. Je ne puis avoir un moment à moi. Eh bien, Docteur ? Je reviens dans l'instant. Pique, cœur, et je jette du carreau. Me voici, enfin, et la partie de piquet est finie. Eh bien ? Monsieur le docteur, je vous attends. Qu'avez-vous à me proposer pour ces messieurs ? Ah ! Parbleu, j'oubliais le plus essentiel. Jacqueline, que l'on aille tout à l'heure chercher le chaudronnier. Enfin, vous finirez votre phrase. Sum doctor doctorantibus. Voilà un plaisant langage pour un docteur ! De quelle université est-il ? J'ai bien vu que ce n'était qu'un âne. Ah ! Ah ! Monsieur Gilles ! C'est donc vous qui faites le personnage de docteur. Vous imaginez-vous que je ne vous aie pas reconnu tout dès l'abord ? Ah ! Vous joignez l'insulte à l'insolence ! Voilà comme j'étrille Monsieur le docteur de l'université d'Asnières. Voilà comment je les paye à des coquins tels que vous. **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_GILLES *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gilles Ah ! Monsieur, je n'en puis plus ! Ahi ! ahi ! ahi ! ahi ! Ah ! Monsieur, me voilà en bel état. J'ai les cinq doigts dépouillés. Je voulais tremper une croûte au pot. Jacqueline, cette chienne de Jacqueline, m'a poussé le coude et m'a fait enfoncer la main dans la marmite... Ah ! Monsieur, je me meurs... Du vin !... Du vinaigre ! Du vin !... Du vinaigre!... Un médecin !... Un chirurgien !... Un apothicaire ! Hélas, oui ! C'est que j'ai eu les doigts brûlés dans la marmite. Qu'est-ce que vous parlez d'hypocras, Monsieur ? J'en boirais bien un coup pour me fortifier le cœur. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Je me meurs ! Du vin !... Du vinaigre ! Oh ! Non, non, Monsieur, n'allez pas si vite. Ah ! Je sens bien que je n'irai pas loin. Cela me gagne les parties nobles. Ah ! Monsieur mon maître ! Qu'il est dur de mourir si jeune ! Mais, auparavant, ne pourrais-je pas faire un petit bout de testament par-devant main de notaire? Ah ! Monsieur ! Vous n'avez qu'à écrire tout ce qu'il vous plaira. Eh bien ! Monsieur, puisque cela est, pour la bonne amitié que je porte à Monsieur de Parlaventrebleu, mon maître, je lui laisse cette maison-ci. C'est pour cela que je vous la laisse, mon doux maître. Vous voyez bien que je ne puis l'emporter. Item, je laisse à Jacqueline, la cuisinière de Monsieur de Parlaventrebleu, la plus grosse paire de fesses qu'il y ait dans le village. Écrivez, écrivez. Plus, je laisse au notaire qui aura eu la bonté de faire mon testament... Attendez, Monsieur. Je laisse donc au susdit notaire ou tabellion la plus belle paire de cornes qui ait jamais été sur la tête d'un cocu. Cela dépendra plus de votre femme que de vous. Item, je laisse à mon petit frère, Guillaume Bambinois, toute ma garde-robe, à condition qu'il dépendra de Monsieur Parlaventrebleu, mon bon maître... Vous le voyez, Monsieur, je porte tout sur moi. Il y a pourtant encore deux chaussons chez la blanchisseuse. Item, je laisse à Lallemand, frotteur de feu Mme de Parlaventrebleu... Eh ! Non, Monsieur. Attendez encore un moment, Monsieur. Dans un grand péril, j'ai fait un vœu singulier dont je n'ai pu encore m'acquitter. Si vous voulez bien le faire pour moi, ou Monsieur Visautrou, je crois même que, pour le présent, cela convient mieux à Monsieur l'apothicaire, qui est marié depuis trois mois. Tant mieux, Monsieur ; vous vous acquitterez mieux du vœu, et je vous en aurai une extrême obligation. Oh ! Monsieur, pourvu que vous en soyez seulement à cent pas, cela suffit. Ah ! Je respire et je meurs content. Eh bien ! Monsieur, dans un danger très pressant, j'ai fait vœu... Ah ! Je n'y tiens plus ! Monsieur, vous ne le voudrez pas. Ma pauvre femme Gillette n'a jamais voulu m'acquitter de ce vœu, et cela lui était bien facile. Assurément ? Eh bien, donc ! Monsieur, dans un très grand péril, puisque j'etais prêt d'être pendu pour avoir été en maraude, j'ai fait vœu, si j'en revenais... J'ai fait vœu d'être cocu. Ah ! Ah ! Ah ! Voyez le gros sorcier ! Ah ! Monsieur, prenez garde. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Tout de bon, Monsieur ? Je ne m'en serais jamais douté. C'est celui-là. Il m'élance furieusement. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Quel bonheur ! Il faut donc que le mal soit au doigt du milieu. Ah ! Monsieur, je vous le disais bien ! Du vin !... Du vinaigre !... Tant mieux. Mais, Messieurs, allez, je vous prie, bien doucement aux deux autres. Cela est-il bien vrai, Messieurs ? Voyez ce que fait la force de l'imagination. Or çà, Messieurs, combien vous faut-il ? Quinze francs ! Ma foi, Messieurs, il ne me reste que quinze sols dix-huit deniers. Si cela vous accommode, vous pouvez les partager entre vous deux. Pour des ignorants qui ne savez pas connaître si je suis malade. Ah ! vous n'êtes pas contents ? Eh bien ! Voici la monnaie que j'ai à vous donner. Oh ! Que oui, Monsieur. Oui, Monsieur. Oui, Monsieur. Je veux voir si c'est du vin grec. Non, Monsieur, mais cela est aisé. Si en buvant, il fait grec, grec, grec, c'est du vin grec. Dame, Monsieur, j'ai oublié mon mouchoir. Je vais le chercher dans la maison. Enfin, voilà le maître parti. Je vais exécuter mes commissions. Oui, Messieurs, c'est moi-même ; est-ce que vous me connaissez ? Oui, Messieurs. Justement, c'est elle-même. Oui vraiment. Mais si vous me connaissez, moi, je ne vous connais pas. Cela peut être. Mais il y a bien longtemps. Je serais bien curieux de savoir ces choses-là. Dans l'oreille d'un chat ? Cela est-il possible ? Les cerneaux sont à bon marché dans ce pays-là. Eh ! Parguenne, s'ils font des noix si aisément, quand ils ont le ventre libre ils font des cerneaux. Houlas ! Ils sont donc bien sévères, dans ce pays-là? Cela est-il croyable ? Houlas ! Ah ! Celui-là est original. Cela est des plus merveilleux. Mais la rouille ne s'y mettait-elle pas ? Oh ! Parguenne ! Si j'en avais eu une, elle n'aurait pas couru risque de s'enrouiller. Des servantes d'acier! Houlas ! Oh ! Le gros fin ! Tu portais tes souliers dans tes mains ? Oh ! Oh ! Cela est plaisant. Il y a donc bien des gadoues dans ce pays-là, puisque c'est le roi des Merdes ? Qu'est-ce donc qu'elles remuent ? Oh ! Morguenne, voilà un drôle de corps. Oh ! je vous crois, Messieurs, tout cela est bel et bon. Mais quelque plaisir que j'aie à retrouver d'aussi anciens camarades, il faut que je vous quitte pour porter cette bouteille de vin grec à son adresse. Adieu, mes amis, nous nous reverrons. Ah ! Monsieur, vous voilà de retour ? De votre bouteille ? Elle est encore en place. Je n'y ai pas touché au moins. J'y allais lorsque deux de mes camarades d'école sont arrivés ici d'un grand voyage qui a duré vingt-cinq ans. Ils m'ont raconté des choses si surprenantes que j'en suis encore tout confus et tout étonné. Oh ! Que non, Monsieur, ce sont d'honnêtes gens. Ils s'appellent, l'un Prends-Tout et l'autre Laisse-Rien. Il n'y a plus de vin grec ? Ah ! Parbleu, Monsieur, le tour est drôle. Apparemment qu'ils l'ont bu l'un après l'autre à mon derrière, car je n'en voyais jamais qu'un à la fois ; je ne m'en doutais pas. Mais, morguenne, ils ont fait bien des culbutes pour en venir à bout. Je ne sais pas comment ils ne se sont pas cassé le nez. Morguenne ! Je ne pouvais pas deviner leur friponnerie. C'est vous qui êtes une bête de m'avoir attaché cette bouteille au cul. Monsieur, prenez garde à ce que vous allez faire ; si une fois la moutarde me monte au nez... Doucement, Monsieur, j'ai auparavant une petite question à vous faire. Deux hommes veulent se battre l'épée à la main ; le pied glisse à l'un des deux ; il tombe par terre. L'autre peut-il profiter de sa chute et le maltraiter ? Le point d'honneur veut cela absolument ? Nous allons bientôt voir si tu dis vrai. Le point d'honneur ! Quel sot ! Le point d'honneur ! Tu vas te déshonorer. Ta bourse, elle est avec l'argent. Avec la bourse. Ils sont ensemble. Doucement ! Le point d'honneur. Cela peut être. Voyons. Non... La voilà ! J'en suis quitte à bon marché. Que diantre, voilà bien du tapage ! Comment ? Ce sont donc des assassins ? Qu'est-ce que ce petit Jacquot ? Cela est-il bien possible ? Monsieur, avec votre permission, que je vous ôte votre épée. Elle ne fait que vous embarrasser. Ah ! vous vous laissez voler votre bourse, et vous m'avez battu pour avoir laissé boire à mon cul une méchante bouteille de vin grec. Vous en aurez tout votre sou. N'avez-vous pas dit tantôt : «Je veux bien que l'on m'étrille si l'on me prend cette bourse» ? Oh ! Je n'ai eu garde de me fier au point d'honneur. Très volontiers. Je ne me soucie guère de servir un pareil maître. Il faut avouer que je joue de malheur. Mon maître m'assomme parce que je laisse boire son vin à mon derrière, et il a l'esprit assez mal fait pour se fâcher quand je lui donne quelques coups de bâton pour s'être laissé voler sa bourse. Il fait plus, il me chasse de la maison. Après tout, je m'en bats les fesses. Jusqu'à ce que j'aie trouvé une autre condition, je vais me retirer chez ma femme. Nous ne sommes pas cependant trop bien ensemble. Eh bien ! Je prendrai avec elle un ton caressant. Gillette ! Gillette ! C'est moi, Gillette. Et, parbleu ! C'est Gilles, le mari de Mme Gillette. Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui t'en empêche ? Comment, en voyage ? Ma foi, je crois qu'elle dit vrai, cela ne sent pas trop bon. Bonjour, ma petite femme ; viens çà que je te baise. Oh ! Mon trognon, tu ne t'y connais pas. Je n'ai bu d'aujourd'hui que de l'eau-de-vie. Cela serait inutile, ma petite femme ; nous ne demeurons plus ensemble. Non, je lui ai donné son congé avec quelques coups de bâton par-dessus le marché. Ma foi, Gillette, tu te trompes. Si je te caresse, c'est que je t'aime, et tu sais bien que nous ne nous brouillons jamais ensemble que pour ta malpropreté. Je ne trouve jamais ton ménage bien rangé. Mais ce n'est pas l'affaire d'un homme. Doucement, Gillette. Je suis un peu brutal, comme vous savez, et je pourrais bien appliquer sur ta face une giroflée à cinq feuilles qui te changerait la physionomie. Tais-toi, tais-toi. Tu n'es qu'une bavarde. Ah ! Oui, oui, avec nos voisines. Dis plutôt avec un certain voisin qui te... Baste !... Que je t'y attrape, je l'étrillerai en chien courant. C'est toi qui n'es qu'une babillarde éternelle. Je le veux bien. Oh ! Parbleu ! Je suis bien sûr que ce sera toi qui le feras. Soit ! Par signes ! Et combien de temps garderons-nous le silence ? Eh bien ! Une heure. Tu as parlé la première. Tu feras le ménage. Tu feras le ménage. Tu feras le ménage. Un écu pour le porteur de cette lettre ? Ah ! Voyez donc comme elle la rendra ! Va ! Va ! Je la porterai aussi bien que toi. Rentre seulement dans la maison et point de bruit. Toc ! Toc ! Holà ! Quelqu'un. C'est moi, Monsieur. Il faut commencer par me donner un écu pour le port. Pour le port de cette lettre. Ma femme m'a dit qu'il y avait autant à gagner. De la part de Monsieur Stirlik-Berlik. Ah ! Bon, cela. Monsieur, outre l'écu promis, j'ai encore des raisons pour savoir ce que contient cette lettre. Contre le porteur ? Cet homme est fou. À propos de quoi me battre, moi ? Il ne faut pas être bien brave pour mesurer deux épées et voir quelle est la plus longue. Qu'est-ce que cela veut dire ? Il ne parle pas de me donner un écu. Mais je ne connais pas Stirlik-Berlik, et je ne vous ai jamais offensé. Oui ! Qu'est-ce que cela fait ? Attendez donc. Je n'en ai pas ; et, d'ailleurs, je ne veux pas me battre. Ahi ! Ahi ! Ahi ! Gillette, Gillette, au secours ! Eh ! Parguenne, je crois que c'est à peu près la même chose. Tu me bailles là une bonne commission. Il faut que je me batte l'épée à la main contre Monsieur Olibrius ! La lettre le dit. Si j'en étais sûr ! Queu conte ! Si les choses sont comme tu le dis, je me battrai sûrement. Oh ! Oh ! Nous ne vous craignons pas. Cela est bien aisé à dire. Gillette ! C'est bien le diable, il veut me couper la tête. Allons ! Morbleu... Gillette, il ne s'enfuit pas ! Tenez, Monsieur, j'ai une proposition à vous faire ; je ne demande pas mieux que de me battre, mais je ne puis le faire de sens froid. Oh ! Tout cela ne me fâche pas. Oh ! Passe pour cela. Pour le coup, tu vas voir beau jeu. Comment nous battrons-nous ? Va, seul à seul. Je me bats seul à seul. Parguenne ! Cela m'accommode, moi ; et il y aura bien du malheur si je suis blessé de cette manière. Attendez donc ; vous poussez comme un diable. Tenez, afin de n'avoir pas d'avantage l'un sur l'autre, marquons une raie sur le plancher. Voilà mon chapeau qui servira de raie. Quel niais ! Prends garde à la raie... Mais, parguenne ! Vous êtes un drôle de brave ; votre épée est plus longue que la mienne de deux pieds. Voyons, voyons. Ah ! Ah ! Poltron. Vous fuyez, coquin... Gillette ! Gillette ! Vite, au secours ! Vois-tu comme il me pousse ! Arrête-le donc. Ne le lâche pas, au contraire. Pousse la porte. Diable ! Ma vie en dépend. Ce n'est pas assez. Ferme la serrure à double tour. Ma foi, sauvons-nous, c'est un diable que cet homme-là. Morguenne ! J'ai fait une sottise. Mal ! Vous êtes bien heureux, vous autres, d'être toujours chez Monsieur de Parlaventrebleu. Moi, il m'a chassé pour une bouteille de vin grec. Sérieusement ? Parguenne ! Vous m'en faites ressouvenir. Il ne m'a donné à compte qu'une volée de coups de bâton ! Non. Allons, morbleu, de la joie. Allons ! Allons! Allons à la guinguette, allons ! Ni moi non plus. Va-t'en au diable ! De quelle manière lui as-tu donc parlé ? J'en viendrai à bout, moi. Vous allez voir. Il faut prendre un ton aigre-doux. Éloignez-vous. Holà ! Quelqu'un ! Est-ce qu'il n'y a personne ici ? Ventre tête bleue ! Ah ! Monsieur, je suis votre valet. C'est Monsieur Gilles Bambinois Cadet L'Aîné qui vient pour vous faire, avec votre permission, une petite prière. D'une bagatelle. De payer nos gages, à mes camarades et à moi... Sinon, par la mort !... Il a peur. Courage ! Savez-vous bien, Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, que si vous ne nous donnez de l'argent, et tout à l'heure, je suis homme à mettre le feu. Oui ! À mettre le feu ! Ah ! Ah! Vous ne me connaissez pas encore ! Ah ! Que non, Monsieur, à un fagot, au premier cabaret, pour nous chauffer ; car nous enrageons de froid, mes camarades et moi ; et, si vous voulez bien, sauf votre respect, nous bailler, à-compte, quelque petite monnaie... Oh ! Pour cela, oui, Monsieur, je suis très plaisant de mon naturel. Mais, Monsieur, je crois qu'il n'y a pas de mal à ce qu'elle soit de poids. Mais dépêchez-vous, car si une fois la cervelle s'échauffe... Je n'y manquerai pas, Monsieur. À merveille, j'ai reçu de la monnaie de poids, et vous en aurez votre part. Je n'ai pas reçu d'autre argent. Voilà ce qui s'appelle avoir de l'esprit, cela ! Comme une pierre. Divertissant a raison. Oh ! Morguenne ! C'est moi, pour le coup, qui ai trouvé une bonne manière de nous venger. Cela part de là. Écoutez-moi bien. Notre maître, comme vous savez, relève de maladie, et il lui est resté un petit bénéfice de ventre. Je m'introduirai dans la maison par le moyen de Jacqueline ; j'ôterai la lunette des commodités qui sont dans la cour. À sa place, j'en mettrai une qui ne sera que de papier brouillard. Quand il viendra pour se mettre dessus, voilà mon bigre qui dégringolera jusqu'au fond de la fosse. Trouve donc un meilleur expédient ? Qu'appelles-tu la laine ? S'il ne s'agit que de cela, je suis bien votre affaire. Cela est bien imaginé. Va-t'en au diable, avec ton expédient. Souffles-y toi-même. Monsieur, votre serviteur. J'ai entendu tout ce que vous venez de dire. Et vous avez fait effectivement ce rêve-là ? Celui-là n'a-t-il pas la physionomie du semeur de pois ? Et celui-ci n'a-t-il pas un peu l'air du batelier ou du pêcheur ? Cela est fort plaisant. Ah ! Monsieur, je ne suis pas complice de cette mort-là. Je n'ai jamais voulu souffler. Mais, Monsieur, en conscience, vous avez fait véritablement ce rêve-là ? Comment faire ? Oui ; mais c'est là le difficile. Pour moi, je n'ai pas la maille. Ne pensez pas rire, Messieurs. Il n'y a pas un de vous qui me vaille. Docteur toi-même ! Parbleu, je ne sais ni lire ni écrire. Oui-da ! Pour me faire mourir. Mais je crains les coups de bâton. Me voilà plaisamment fagoté. Et le latin ? Pourquoi m'appelles-tu nigaud ? Nego ? Ergo ? Ego, ego, ego, bête que tu es ! Mais c'est là du français. Je t'assomme ?... Va-t'en au diable ! Doctor ! Doctorantibus, payantibus. A Sanquartieribus. Divertissantibus et Gilantibus. La peste ! Voilà de beau latin, à ce qu'il me paraît ! Heurte seulement. Tu verras si j'ai de l'esprit. Mais soufflez-moi bien tous deux. Ego. Sum. Entends-tu tout ce qu'il dit ?... Quelque sot qui ira haranguer cet homme-là ! Ah ! Ma foi, j'ai eu belle peur. Ego sum doctor. Eh bien ! Qu'as-tu à dire ? Cela pourrait bien être. Je me suis alarmé hors propos. Reprenons notre air grave. Le voici : Ego sum doctor. Ceci n'est point équivoque, pour le coup. Quinze ou quatorze coups de poing ! Tu crois cela ? Ah ! Que j'ai été alarmé ! Ego sum doctor... Au diable si je les attends ! Ah ! J'ai cru être mort ! Ego sum doctor doctorantibus. Qu'on lui pique le cœur, qu'on le jette sur le carreau ! Dis donc encore que c'est là du piquet ! Oh ! par ma foi, je n'en puis plus !... Effectivement. Je vois que tu as raison. Ego sum doctor. Le chaudronnier !... Miséricorde !... C'est là du piquet apparemment ? Ah ! Je suis plus qu'à demi mort. Je n'ai de ma vie eu si peur ! Payantibus a Sansquartieribus, Divertissantibus et Gilantibus. A Sansquartieribus, Divertissantibus et Gilantibus. Quel conte ! Vous n'avez pas assez d'esprit pour cela... **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_TAILLEBRAS *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_taillebras Qu'y a-t-il, Monsieur ? Vous criez comme si le feu était à la maison. Monsieur Visautrou parle sensément. Mais Gallien assure qu'en pareil cas il faut auparavant phlébotomiser le malade. Et moi, je vous soutiens que c'est par la saignée. Cela va être fait dans le moment. Lui couper le bras que j'emporterai chez moi, puisque vous êtes si pressé, et je panserai la main tout à loisir. Oh ! cela est très aisé. Pour vivre à son aise, il faut manger à plus d'un râtelier. Je suis chirurgien, comme vous savez, et tabellion, fort à votre service. Faites seulement apporter une table. Vous n'avez à présent qu'à me dicter vos volontés : « Par-devant, etc... fut présent, etc... lequel, etc... nous a ainsi dicté ses intentions. Premièrement... » Allons, Monsieur Gilles, c'est à vous de parler. Mais, Monsieur, ce sont vos volontés, et non pas les nôtres, que nous devons coucher sur le papier. Mais, Monsieur... ... Dans tout le village. Ah ! Monsieur Gilles, la plume me tombe des mains. Mon ami, vous faites le goguenard. Heureusement que je suis garçon, cela ne me regarde pas. Mais je vous déclare que, dès à présent, je renonce au legs. Qu'il pendra Monsieur de Parlaventrebleu ? Un lavement au frotteur de madame ? Monsieur Gilles, ma foi, vous vous moquez de nous. Je vois bien qu'il faut quitter la plume pour le bistouri. Commençons par le pouce. Enfin, nous voici débarrassés de cette folle. Voici le cornet qui enveloppait le pouce. Je n'y vois aucun mal. Il est très sain. Non, mon ami, il n'y a rien. Nous avons ôté le papier qui le couvrait. Voilà ce que Monsieur Visautrou voulait dire. Très vrai. Monsieur, ce coquin-là se moque de nous et de vous. À la bonne heure ; mais il faut nous payer. Mais, pour monsieur et pour moi, cela peut valoir quinze francs. Il s'agit de nous satisfaire, sinon... **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_VISAUTROU *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_visautrou À quoi servent ces cornets de papier ? Cela est fâcheux, mon ami. Hippocrate, en pareil cas, dit que, pour tempérer la chaleur que cause la brûlure, il faut commencer par prendre un petit clystère dulcifiant. Ce n'est pas d'hypocras que je parle. C'est d'Hippocrate, le prince de la médecine. Vous vous trompez, Monsieur, c'est par le clystère qu'il faut commencer. Cela est vrai, Monsieur, et j'ai même une fort jolie femme. Mais, s'il faut trop s'éloigner de ma maison, Monsieur, j'ai bien des pratiques. Cela étant, je vous promets d'exécuter votre vœu. Achevez donc ! Eh bien ! À son refus, je m'en charge. J'en jure par ma seringue, mes canons et mon mortier. De quoi as-tu fait vœu ? Que le diable t'emporte, animal ! Exécute ton vœu toi-même. Il y a une heure qu'il nous tient le bec dans l'eau pour nous dire une impertinence. Or çà, finissons. Voyons cette main malade. Certainement. Passons à l'index. Le voilà découvert. Voilà les cornets ôtés, et ces deux doigts ne sont pas plus maltraités que les trois autres. Quel insolent ! Pour qui nous prends-tu ? **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_PRENDSTOUT *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_prendstout Morbleu ! Camarade, voilà une belle occasion de boire la bouteille de vin grec que Gilles doit porter à Madamoiselle Ampoüisse. Voilà qui est bien difficile ! Tu n'as non plus d'idée qu'un enfant. Tiens, mon ami, voici ce qu'il faut faire. Pendant que l'un de nous l'amusera par quelque récit merveilleux auquel il donnera toute son attention, l'autre boira à même la bouteille, et chacun de nous aura son tour. Nous allons voir. Voici Gilles. Sois sur tes gardes. Je vais commencer. Eh, parbleu ! Camarade, je crois voir Gilles Bambinois Cadet L'Aîné. N'es-tu pas fils de cette tripière qui vendait de la chair cuite au Pont-aux-Choux ? Vous aviez une sœur assez gentille ? Depuis plus de vingt-cinq ans, mon ami, nous avons voyagé par toute la terre, et nous avons vu des choses si étonnantes que nous ne les pouvons croire nous-mêmes. Croirais-tu bien, par exemple, que dans le Monomotapa j'ai vu une souris qui avait fait ses petits dans l'oreille d'un chat ? Dans la Norvège, j'ai vu une rivière dont les eaux sont si chaudes que l'on y pêche des brochets au court-bouillon, des tanches à l'étuvée et des carpes frites. Ce n'est rien que cela. J'ai vu à Durtal quelque chose de bien plus curieux quand j'y passai. Il y avait un serrurier qui avait trouvé le secret de faire des servantes d'acier, lesquelles, par le moyen de ressorts très souples, obéissaient à tout ce qu'on leur commandait. Non, mon ami, pourvu qu'on eût le soin de les fourbir deux fois la semaine. Dans le pays du roi des Mèdes... Fi ! Le vilain ! Je te dis roi des Mèdes, animal ! Dans ce pays, toutes les filles, dès l'âge de douze ans, s'amusent avec une flûte d'Arabie qui n'a qu'un trou et dont elles jouent sans remuer les doigts. Nous ne t'avons pas menti d'un seul mot dans la moindre chose. Adieu, camarade. Nous verrons tout à l'heure si tu es plus fin que ton valet. Monsieur, ayez pitié de moi ! Mon père veut m'assommer, Monsieur. C'est Monsieur Guillaume, Monsieur, le savetier du coin. Et moi, Monsieur, je suis le petit Jacquot, son fils. Hélas ! Rien, Monsieur ; parce que j'ai été jouer à la fossette avec des petits garçons comme moi. Ah ! Monsieur, le voilà, le voilà ! Je vous en prie, Monsieur, soyez mon protecteur. Si j'attrape ce petit fripon, je l'assommerai du coup. Vous l'entendez, Monsieur. Oui, Monsieur, j'ai un petit coquin de fils qui depuis huit jours fait l'école buissonnière. Cela est vrai, Monsieur ; ce sont mes camarades qui refont débauché. Je crois, Monsieur, entrevoir ce petit gueux à côté de vous. Ah ! Vous allez voir comme je vais l'étriller. Ah ! Monsieur, je n'en puis plus ; je suis mort. Mon père frappe comme un sourd. Lui pardonner, Monsieur, à un petit fripon qui me vole ? Oui, Monsieur, qui me vole pour aller voir la fille. Ah ! Monsieur, je vous demande excuse. Mon père a menti. Vous l'entendez, Monsieur ? Comment, coquin, j'ai menti ! Ah ! Vous en aurez. Ahi ! Ahi ! Ahi ! Ah ! Monsieur, je suis brisé de coups. Je vous en demande pardon, Monsieur, c'est la fureur qui me transporte. Mais aussi un petit voleur qui va voir la fille !... Ah ! Je vous apprendrai, coquin !... Ah ! Monsieur, je n'ai pas volé mon père. J'ai trouvé par terre, dans la poche de sa culotte, trente-six sols. Non, Monsieur, je vous assure. Mon père se moque, je n'ai que douze ans. Qu'est-ce que cela fait, Monsieur ? Je la voyais bien à dix, moi qui vous parle. Ah ! Que non, Monsieur, je lui en donnerai bien davantage. Ah ! Pardon, mon papa, mon petit papa. Point de pardon. Je veux qu'il expire sous le bâton. Ah ! Ah ! Je n'en puis plus, j'ai la tête cassée. Ah ! Je suis mort. Ah ! Monsieur, je vous en fais excuse. Monsieur, amusez mon père pendant que je m'enfuirai. Avant que tu t'enfuisses, je prétends t'estropier et te rendre cul-de-jatte. **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_LAISSERIEN *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_laisserien Mais comment peux-tu parvenir à la boire, puisque tu as vu, comme moi, que son maître la lui a attachée au derrière ? Ventrebleu, tu as raison, je ne suis qu'une bête. Tu as l'invention plus belle que moi. Mais je ne te le cède en rien pour l'exécution. Oui vraiment, c'est lui-même. On disait aussi qu'en chambre elle en fournissait à la Cour. Nous avons pourtant, Prends-Tout et moi, été à l'école avec toi. Dans le pays des Chinois... Pourquoi, mon ami ? Oh ! le plaisant corps ! Le pays des Chinois, mon ami, c'est la Chine. Dans ce lieu, j'ai vu pendre un homme pour avoir, dans un four chaud, fait durcir des pelotes de neige qu'il vendait pour du sel. En passant par la Suisse, j'ai vu un homme sans bras qui tenait son cul à deux mains. J'ai fait trois mille lieues à pied avec la même paire de souliers sans que la semelle fût usée. Non, mon ami, c'est que la semelle de ces souliers était faite de langues de femmes. Cela ne s'use jamais. Adieu, à revoir. **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_GILLETTE *date_1714 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_gillette Qui est le butor qui frappe ainsi ? Qui, toi ? Eh bien ! Attends, je ne saurais t'ouvrir à présent. C'est que je suis en voyage. Oui, je suis actuellement dans l'île de Chio. Eh bien ! Me voilà ; que me veux-tu ? Ah ! Le vilain ! Comme il pue le vin ! Chien d'ivrogne ! Voilà à quoi tu employés tous tes gages. Va, va, je prierai Monsieur de Parlaventrebleu de ne pas te donner dorénavant un sol. Tu n'es plus à son service ? Ah ! Ah ! Je ne m'étonne plus si tu fais tant le chien couchant. Pardienne, tu es bien plaisant. Si tu ne le trouves pas bien, viens le faire toi-même. Ne voilà t'il pas un plaisant galeux pour tant faire le monsieur ? Jour de Dieu ! Tu n'es pas assez hardi pour cela. Je t'arracherais les yeux. Je babille moins que toi, si ce n'est quelquefois avec nos voisines. Aïe ! Aïe ! Il faut filer doux. Va, tu ne sais ce que tu dis. Je le répète, tu n'es qu'un bavard. Eh bien ! Veux-tu faire un marché nous deux ? Tiens, pour te faire voir que je parle moins que toi, celui de nous qui parlera le premier fera le ménage. Nous allons voir. Mais écoute, Gilles, nous pouvons du moins nous expliquer par signes. Autant que tu le voudras. Va ! Une heure. C'est pour en mourir, cependant ! Mais, n'importe ! Au secours, Gilles... Gilles, à moi ! Gilles... Gilles... Ah ! vilain coquin ! Il faut que tu sois bien lâche pour souffrir que l'on me traite ainsi ! Vilain gueux ! Vilain ivrogne ! Sac à vin ! Infâme ! Puisque ce vilain marsouin est si bête, je vais me venger de lui en le faisant lui-même porteur d'une lettre pour Monsieur Olibrius, mon amant. Ne songeons plus à ce misérable-là. Voici une lettre que Monsieur Stirlik-Berlik m'a chargée de faire remettre à notre voisin, Monsieur Olibrius. Il m'a dit qu'il y aurait un écu à gagner pour cette commission. J'en aurais chargé cet indigne, mais je vais la porter moi-même. Oh ! Que non. Voyez ce bélître qui m'empêche encore de gagner un écu. Je rentre seulement pour me recoiffer ; mais nous nous reverrons. Oh ! L'animal ! Oh ! Le cheval ! Qu'y a-t-il donc ? Tu cries comme un homme que l'on assomme. Qu'est-ce à dire ? Eh bien, poltron, tu recules dans une affaire d'honneur ? Je me battrai, moi. Trêve de plaisanterie, Monsieur ; je ne l'entends pas, moi, et je vous aurai bientôt donné votre reste. Lâche que tu es ! Vois-tu comme je lui fais peur ! Ce n'est qu'un poltron. Tu es cent fois plus méchant que lui. D'ailleurs, je sais à n'en point douter que la lame de son épée n'est que de plomb et la garde de fer-blanc. Il n'y a pas de conte. Je vais te chercher une épée. Je veux absolument que tu te battes contre lui. Attendez, attendez, Monsieur le rodomont. Vous allez voir beau jeu. Tiens, voilà une bonne épée. Allons, du courage ! Tu n'es qu'un sot. Mets l'épée à la main. Tu verras qu'il fuira aussitôt. Eh bien ! Que me veux-tu ? Attends, attends. Ne crains rien, j'ai mis les verrous. Sauve-toi, Gilles, c'est le plus court. Il est si furieux qu'il veut sauter par la fenêtre. **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_SANSQUARTIER *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_sansquartier Monsieur, excusez, s'il vous plaît. C'est que la bastarde de la cousine de Monsieur Divertissant a été mariée à Saint-Denis, et, comme il a été prié de la noce, et moi aussi, nous n'avons pas voulu refuser l'honneur qu'on nous a fait. Considérez, Monsieur, que c'est la bastarde de sa cousine. Vous avez raison. Qu'appelles-tu bien fait ! Il s'agit de savoir pourquoi Monsieur l'a mis dehors. Oui, Monsieur, on ne chasse pas ainsi un honnête garçon, et vous nous en direz, s'il vous plaît, la raison. Non, Monsieur, nous ne sortirons pas comme cela. Cela n'est pas vrai, Monsieur ; et nous ne voulons pas qu'elle reste davantage dans votre chienne de maison. Vous n'êtes pas assez hardi pour cela, entendez-vous ? Ahi ! Ahi ! Ahi ! Ne nous voilà pas mal, à présent. De quoi diable aussi t'avises-tu de parler de Jacqueline ? Parbleu, mon ami, il faut s'en consoler. Voici justement Gilles. Il est dans le même cas que nous. Eh ! Bonjour, camarade ; comment va la joie ? Oui, ma foi. Mais, à propos, il ne nous a pas payé nos gages ! Ni nous non plus. Eh bien ! Ce sera moi, et vous verrez de quelle manière je m'y prendrai. Éloignez-vous seulement un peu. Je vais heurter à sa porte. Holà ! Hé ! Quelqu'un ? C'est moi, Monsieur. Pourquoi ne l'aurais-je pas ? Je ne suis plus votre domestique. Doucement, Monsieur ; je suis brutal, je vous en avertis. Oui. Ma foi, non. Oui, des coups de bâton. D'un ton ferme et même un peu insolent. Vas-y donc. Nous verrons si tu réussiras mieux que moi. Nous t'attendons ici près. Il me semble que tu n'es pas content ? Eh bien ! Comment t'es-tu tiré d'affaire ? Que la peste te crève avec tes mauvaises plaisanteries ! Mais, après tout, il nous faut de l'argent; et, puisque nous avons à faire à un homme si peu raisonnable, il faut lui faire un mauvais parti. Cela ne vaut rien. On trouvera les pois ; on s'informera qui les a semés. Nous serons arrêtés et peut-être envoyés aux galères. Je pense à quelque chose de mieux. Monsieur de Parlaventrebleu aime la pêche. Il faut nous déguiser en bateliers. Il a la vue basse ; il ne nous reconnaîtra pas. Il entrera dans notre bateau, que nous aurons auparavant percé de toutes parts et rebouché avec du liège. Au milieu de la rivière, dans l'endroit le plus profond, nous ôterons les bouchons. L'eau pénétrera dans le bateau ; il ira bientôt à fond... Et... Sans doute. Et moi à peu près de même. Peut-on, Monsieur, vous demander ce qui y manque ? Ne nous voilà pas mal avec notre chienne de conspiration ! Ma foi, nous avons fait une sottise. Mais il faut tâcher de la réparer. Il me vient une idée. Il faut lui mettre un docteur en tête. Non. Fort bien. Ce sera donc toi qui fera le rôle. Comme Gilles, par exemple ? Eh bien ! Ce sera donc toi qui feras le docteur. Non, non, Gilles, ce ne sera pas de cette façon. Habillons-le toujours. Tiens, voilà tout l'équipage. Je vais t'apprendre d'excellent latin. Il faudra le prononcer d'un ton grave. Écoute bien : Ego. Je ne te dis pas cela. Je dis : Ego ! Ego. Ego, ego, ego ! Bête que tu es ! Sum. Sum doctor. Doctorantibus, payantibus. A Sanquartieribus. Divertissantibus et Gilantibus. Toc ! Toc ! Toc ! Monsieur, c'est votre très humble serviteur. Oui, Monsieur ; un docteur qui sait lire et écrire. Nous espérons que vous voudrez bien que nous vous le présentions. Sum. Doctor, doctorantibus. Eh ! Animal, c'est pour faire cuire le cochon de lait, pour lui donner de la couleur. Eh bien ? Très certainement. Allons ! Bon courage ; rhabille-toi. Allons, Gilles, un peu de fermeté. Tu t'effrayes de rien. Quelle misère ! tu n'as non plus de courage qu'une poule mouillée. Si nous avions eu plus d'argent, nous aurions acheté un docteur qui vous eût débité de meilleur latin. Mais, comme vous n'avez jamais étudié qu'à Asnières... **** *creator_gueullette *book_gueullette_parade1 *style_prose *genre_farce *dist1_gueullette_prose_farce_parade1 *dist2_gueullette_prose_farce *id_DIVERTISSANT *date_1714 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_divertissant Oui, Monsieur, nous en arrivons dans le moment. La mariée a voulu que la noce se fît à Saint-Denis, à cause de la grande mesure. Ah ! Pardi, nous y avons bu comme des trous. Heu ! Oh ! Pour cela, oui, Monsieur. Ah ! Que vous avez bien fait ! D'ailleurs, c'était un ivrogne... Heu !... Mon camarade parle juste... Vous nous la direz ou vous aurez beau jeu. Cela se pourrait, Monsieur, parce que Sans-Quartier et moi nous en avons. Mais, pour vous, vous n'êtes pas dans ce cas. N'avez-vous pas chassé Gilles ? Vous nous renvoyez aussi ? Eh bien ! il faut que Jacqueline sorte avec nous. Oui, Monsieur, nous l'avons épousée aux Porcherons, et nous la servons par quartiers. Au secours ! Au guet ! À la livrée ! Il est vrai, j'ai tort ! Le diable emporte la chienne de noce et la bastarde de la cousine ! Nous voilà donc hors de condition. Ma foi, mon ami, il nous a aussi mis à la porte. Cela n'a point de cours au marché. Mais les lui as-tu demandés, tes gages ? Il n'est pas dans son tort. Il faut aller les lui demander. Mais un seul de nous doit porter la parole. Ah bien ! As-tu reçu quelque chose ? As-tu de l'argent ? Mais tu nous as dit que tu avais reçu... Tu as tort ! Il fallait user de politesse. Laisse-moi faire. J'y vais, moi, et j'espère que je ne reviendrai pas les mains vides. Toc, toc, toc. Monsieur, c'est votre petit serviteur. Monsieur, c'est que je sais vivre. Sans-Quartier ne sait pas éplucher ses paroles. Pour moi, Monsieur, je me flatte que vous voudrez bien me faire l'honneur de me faire la grâce d'écouter mes raisons. Monsieur, Aristote dit que quand on quitte le maréchal on paye les vieux fers. Cela y est pourtant. Or, est-il, Monsieur ; prenez par comparaison que Sans-Quartier, Gilles et moi, nous sommes les maréchaux, et vous le cheval... Vous voyez bien la conséquence de mon raisonnement, et il faut que vous nous payiez. Non, cet homme-là n'aime pas les comparaisons. Il y avait, pourtant, bien de l'esprit dans ce que je lui disais. Je n'y comprends rien. Sans-Quartier l'a abordé d'un ton brusque ; il l'a rossé; moi, d'un air doucereux, et avec toute la politesse possible. Il m'a battu. Comment donc faut-il s'y prendre ? Cela est juste. Tu as raison. J'imagine une chose toute simple. Il faut ici guetter Jacqueline. La première fois qu'elle sortira de la maison, je l'aborderai, et pendant que je l'amuserai, vous irez semer des pois sur l'escalier de Monsieur de Parlaventrebleu. Quand elle sera rentrée dans sa cuisine, nous heurterons fortement à la porte. Elle n'ouvrira pas. Le maître, impatient, voudra descendre pour voir qui heurte. Il tombera du haut en bas de l'escalier et se rompra le col. Fort bien ! Et nous serons tous trois dans le bateau ? Et vous savez l'un et l'autre nager, apparemment ? Vous voyez bien, mon ami, que vous raisonnez comme un cheval, et que nous nous noyerons tous, de compagnie. Notre maître ne sera pas assez imbécile pour se laisser ainsi attraper. Oui-dà ! Je viens d'en imaginer un contre lequel la justice ne saurait mordre sur nous, et je vous garantis mon homme mort, pourvu que nous trouvions quelqu'un qui ait l'haleine assez forte pour cela. Le souffle ! Le vent ! Eh bien ! Mon ami, nous nous cacherons, Sans-Quartier et moi, aux deux côtés de la porte du maître. Sitôt qu'il sortira nous l'arrêterons, nous lui mettrons la culotte bas... Toi, Gilles, tu lui souffleras au derrière jusqu'à ce que l'âme lui sorte par la bouche. La justice ne viendra pas fourrer son nez là. Nous ne sommes pas capables de faire entendre raison à cet homme-là. Il faudrait trouver quelqu'un qui pût en venir à bout. C'est bien imaginé ; mais as-tu de l'argent pour donner à ce docteur ? Ni moi. Nous voilà bien embarrassés. Il faut que l'un de nous se déguise en docteur. Le maître ne voit pas trop clair, il ne nous reconnaîtra pas. Non. Il faudrait avoir une figure qui en imposât. Cela n'y fait rien. Avec une robe, tout ce qu'il faut pour te déguiser et quatre mots de mauvais latin tu feras ton personnage à merveille. Et puis, nous te soufflerons ! Le compère Retourné, Monsieur fripier, notre voisin, nous prêtera bien une robe. J'en vois une pendue à sa boutique. Il n'y a rien à appréhender. On ne bat pas impunément un docteur. Il est très énergique. Or çà ! Es-tu bien sûr de ton rôle, en te soufflant ? Ne t'embarrasse de rien. Ah ! Monsieur, ne vous fâchez pas, s'il vous plaît, et écoutez-moi. Nous avons connu que nous n'étions que des bêtes et que nous n'avions pas assez d'esprit pour entrer en conversation avec vous au sujet de nos gages, et, pour cet effet, nous nous sommes proposé de vous mettre un docteur en tête. Je vais donc le faire entrer, Monsieur. Avancez, Monsieur le docteur. C'est à Monsieur à qui il faut porter la parole. Eh ! Ne vois-tu pas bien qu'il s'agit apparemment du cochon de lait qu'on lui a envoyé il y a trois jours. Tu t'effrayes de rien. Qu'on le jette dans l'eau bouillante ; c'est pour le peler. Habille-toi ! Allons ! Un peu de courage ! Le voici : Ego sum doctor. Peste soit du butor ! Il a dit quinte, quatorze et le point. Sans doute, il avait commencé une partie de piquet. Allons ! remets ta robe. Peste soit du butor ! Le piquet, animal ! Le piquet ! Quatorze de valets. Très sûrement. Tu l'as vu jouer cent fois à ce jeu-là. Il nomme ses couleurs et la carte qu'il jette. Tu vois bien qu'il jouait au piquet. Non, mon ami ; mais tu sais que les chaudrons, et surtout la principale marmite de la maison, sont en mauvais état. De Bourges, Monsieur. Mais, Monsieur, enfin ! Nos gages ?