**** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_LISIDOR *date_1684 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lisidor « J'irai tantôt me promener aux Invalides ; ne manquez pas de vous y trouver : je m'y rendrai de bonne heure, pour avoir la joie d'être plus longtemps avec vous. Adieu; aimez-moi toujours autant que je vous aime. » J'espère que, lorsque nous serons ensemble, nous trouverons les moyens de prévenir les malheurs qui nous menacent, et je hasarderai toutes choses pour avoir le bonheur d'être son époux. Mais il me semble que j'aperçois quelqu'un venir ici : éloignons-nous un peu. Que je suis malheureux ! Fallait-il que ce maudit rival vînt en ce moment, pour traverser notre dessein ? Mais n'importe; il faut absolument, quoi qu'il arrive, que je parle à ma chère Dorothée. Que vois-je ? Julie en ces lieux ! Monsieur, ce n'est point en ce lieu que je dois expliquer les choses ; lorsque nous serons seuls, vous et moi, je vous en instruirai. Madame... **** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_DOROTHEE *date_1684 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_dorothee J'aperçois son oncle qui sort de sa maison : éloignons-nous. On dit que vous me demandez, mon oncle ? Moi, mon oncle ? Je ne sais si Morille aurait fait quelque imposture. Je ne sais, mon oncle, de qui vous me parlez, et l'on me prend sans doute pour une autre. Ah ! Mon oncle , je n'ai rien à répondre là-dessus. Non pas, mon oncle, s'il vous plaît : je vous dirai seulement que ce n'est point à moi à combattre vos sentiments, et que, quand il y aurait du mensonge, je dois être toujours dans le respect. Tout ce qu'il vous plaira, mon oncle. Hé bien, Morille, que dis-tu de tout ceci ? Quel remède, Morille ? Mais, Morille, tout est-il désespéré ? J'en suis fâché ; mais pour adoucir en quelque façon ton déplaisir, prends cette bague, et surtout ne m'abandonne point en l'état où je suis. Fais en sorte que je puisse lui parler. Je ne sais. Fais comme tu l'entendras. Morille ! Quel bruit ai-je entendu ? Quelles sont ces demoiselles ? Pourquoi sont-elles ici ? Que demandent-elles ? Mon oncle ? Et où est-il ? Que dis-tu ? Comment ? Ô ciel ! Que je suis malheureuse ! Que c'est un fourbe, un scélérat que je déteste. **** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_JULIE *date_1684 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_julie Tais-toi ; je ne veux pas que Lisidor sache que je suis en cette ville. Fais ce que je t'ordonne, et non davantage. Le traître ! Le perfide ! Crois que je suis fort contente de tes soins, et que tu le seras de moi. Rien n'est mieux imaginé, et le tour est adroit. Laisse-nous, Adrian, et va faire apporter mes hardes à l'hôtellerie : surtout, cache bien qui je suis. Hélas ! Ma chère Rosette, l'état de mon âme est bien plus en désordre que celui de mon corps. Faut-il que j'aime un homme si perfide ? Que ne puis-je changer comme lui ? Il est inconstant ; mais , Rosette, je l'aime. Et que ferais-tu ? Ah! Rosette, quand on aime fortement, il n'est guère en notre pouvoir de faire ce que tu dis. Tu es bien heureuse, Rosette, de savoir si facilement te défaire de ta passion. Pourtant, tu n'as pas entièrement oublié Morille ? Cependant, quand tu l'as aperçu, tu n'as pu t'empêcher de faire paraître beaucoup d'émotion, et cela s'est vu sur ton visage. Je serais ravie de le voir ; mais je serais fâchée qu'il m'eût vue. Je ne le sais pas bien encore, Rosette ; mais le temps m'inspirera les moyens nécessaires pour triompher de mon inconstant, et... Retirons-nous à l'écart, et tâchons de les observer. Ah, ciel ! Que viens-je de voir et d'entendre ? Le traître ! Le lâche ! Le scélérat ! Adrian, va-t'en au logis, et fais ce que je t'ai dit. Le fourbe ! Me trahir ainsi ! La violence est ici bien moins nécessaire que l'adresse. Cesse tes emportements, baisse ta coiffe, heurte, et demande le maître de la maison. Garde le silence, et me laisse agir. Non, je te le défends ; tu ruinerais, par là, le dessein que j'ai pris. Ne bouge; j'y vais moi-même : mais, surtout, ne parle point. Je cherche monsieur Hilaire, le maître de ce logis. Ah ! S'il est ainsi, monsieur, souffrez que j'implore votre justice. Contre un perfide, un traître, un scélérat que vous avez chez vous. C'est Morille, monsieur, votre cocher. Hélas ! Plutôt, que ne m'a-t-il point fait ? Il m'a abandonnée misérablement avec deux pauvres petits enfants. Oui, monsieur, pour mon malheur. Je voudrais seulement le voir, et que vous voulussiez prendre la peine de nous remettre bien ensemble. Volontiers. Oui, monsieur, puisque le ciel l'a voulu ainsi. Il est mon mari. Vous me flattez, monsieur. Que je vous serai redevable ! Que je vous suis obligée ! C'est une de mes parentes. Ma cousine, saluez monsieur. Qu'importe ? Cela m'est fort indifférent ; mais je suis bien aise de l'engager dans mes intérêts. N'en sois point jalouse; c'est pour mieux ménager les choses, et ne pas commettre d'abord mon infidèle. Il est vrai ; mais l'amour.... Ta violente humeur va toujours à l'extrémité : mais laisse-moi faire ; et, surtout, ne parle point que je ne te l'ordonne. On ouvre ; baissons nos coiffes. Ah ! Monsieur D'accord. Tout ce qu'il vous plaira, monsieur. Vous le voyez, monsieur. Cela n'est pas, infâme? Peux-tu, sans rougir, proférer ces paroles ? Oui, oui, je la suis ; et tes débauches t'ont à porté me quitter pour une autre, qui, sans doute, vaut moins que moi : le Mans, où je suis née, est témoin de ce que je dis. Quel avantage aurais-je, s'il n'était pas mon mari, de venir ici me dire sa femme ? Non, monsieur ; souffrez que je n'en fasse rien : il m'a refusée, en votre présence, et il est juste que je le refuse à mon tour, afin qu'il cherche à mériter cette faveur. J'obéis à vos ordres avec bien du plaisir. Je vous remercie de toute mon âme. Je ferai tout ce que vous voudrez. Rien ne presse, monsieur. Oh ! Monsieur... Monsieur, permettez-moi.... Je suis confuse de vos bontés. Je vous en ai les dernières obligations. Remercie donc monsieur de tant de grâces qu'il nous fait. Souffrez qu'elle reste encore un moment ici, après elle sortira. J'aurais tort d'en douter. Nous voici maintenant comme je l'ai souhaité. Or çà, monsieur le faquin, que me direz-vous ? Je veux par-là prévenir tes fourberies et m'expliquer avec toi sur les perfidies de ton maître. Ce n'est pas de monsieur Hilaire que je parle ; c'est du traître Lisidor, chien ! L'effronté menteur ! Il n'est donc pas amoureux de la nièce de monsieur Hilaire, et tu ne t'es pas mis cocher céans pour servir ses nouvelles amours ? Hem? Où est-il, Lisidor ? Non, non ; tu ne sortiras point. Ah, maraud ! Il faut que je t'étrangle. Hélas ! Monsieur, c'est ce méchant qui m'assassine ; et, sans ma parente, je crois qu'il m'aurait estropiée. Non, monsieur, je ne souffrirai point qu'il sorte ; il y va trop du vôtre. Il faut que vous sachiez sa trahison; je ne puis plus la celer. Il a fait cacher, depuis une demi-heure, un homme céans, qui, sans doute, y est encore; il est important que vous sachiez à quel sujet. Je vous dis la vérité ; nous l'avons vu. Croyez, monsieur, qu'il vous abuse : les bontés que vous m'avez témoignées, me forcent à prendre ici votre intérêt contre le sien. Si vous voulez que je vous en dise davantage, faites venir cet homme en ce lieu, et que, devant eux, vous soyez instruit de toutes choses. Empêchez, surtout, que cet homme ne sorte de chez vous, et pour cause. Crois-tu qu'il soit véritable ? Eh bien ! Je lui pardonne à ta considération. Taisons-nous. Non, tu ne sortiras point que je n'aie éclairci toutes les choses. Hé bien ? Madame... Que veux-tu dire ? Apprenez, monsieur, que, pour mon malheur, j'aime ce perfide ; que j'ai de lui une promesse de mariage, et qu'il cherche à me manquer de parole pour tâcher à surprendre votre nièce. Oui, monsieur, et la voilà. Non, monsieur; et ce Morille est le valet de mon infidèle. Monsieur, vous excuserez, s'il vous plaît, la liberté que j'ai prise, et vous pardonnerez à la tendresse d'une amante jalouse. On pardonne aisément aux personnes qu'on aime. Vous l'apprendrez une autre fois. Sortons, et ne donnons point sujet à monsieur Hilaire de se plaindre davantage. **** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_ROSETTE *date_1684 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_rosette Ah ! Madame, regardez ; il me semble que voilà Morille. Oui, c'est lui : il faudrait l'appeler. Peut-être que, si je parlais à Morille... Je vous avais bien dit, madame, que mon frère en savait bien long, et qu'il n'était pas un sot : c'est un compère... Il est vrai qu'il n'est pas riche, non plus que moi; mais il possède, en fonds d'esprit, plus de cinq cents écus de revenu : le jeu lui en fournit une bonne partie; et certains autres petits négoces, que les occasions présentent, lui répondent du reste. J'avoue que souvent il n'y a pas beaucoup de droiture dans tout ce trafic, mais on doit l'excuser; il a cela de commun avec de bien plus grands seigneurs que lui. J'aime à parler franchement et sans fard. Mais rends-moi raison sur Morille, cocher dans ce logis, lui qui n'a jamais mené de carrosse. Il est vrai : excuse; c'est que j'ai la mémoire courte. Que voulez-vous faire dans les rues, en l'équipage où vous êtes, madame ? Il est vrai que monsieur Lisidor ne fait pas trop bien son devoir; et, qu'après les obligations qu'il vous a, il n'en use guère en galant homme : mais c'est le procédé ordinaire de tous les infidèles. Ma foi, madame, vous devriez oublier cet inconstant. Il ne mérite pas que vous pensiez à lui. Considérez qu'au préjudice de la promesse de mariage qu'il vous a donnée, il cherche à vous manquer de foi. Chassez de votre mémoire ce volage, pour y laisser régner sa trahison. Il faut que ce soit un grand scélérat; car, quand je me souviens des termes passionnés dont il vous a tant de fois exprimé sa tendresse, je ne sais où j'en suis. Pour moi, je vous confesse qu'à tout ce qu'il disait, je donnais autant de croyance que vous , et même j'en sentais dans le coeur.... des mouvements.... qui s'épandaient partout, et qui inspiraient des désirs.... En vérité, madame, c'est un méchant homme. Vous riez; c'est quelque chose : mais, mort de ma vie ! Je m'en vengerais. J'en épouserais un autre à sa barbe. Merci de ma vie ! Je n'en ferais point à deux fois. Tu en aimes un autre? Adieu ; au diable. Il ne faut que le vouloir, et l'on en vient à bout. Mafique ! Je ne pense plus à lui. Je ne m'en défends pas. Vous savez que, quand on a eu de l'amitié et qu'on revoit la personne qu'on a aimée, il est difficile qu'on ne ressente, à sa vue, certains petits remuements... dans le coeur... qui... Ne seriez-vous pas bien aise de rencontrer monsieur Lisidor ? Mais, madame, quel est votre dessein ? Madame, il faut entrer là dedans , et frotter le maître et le valet comme tous les diables. Tout franc, si j'aimais comme vous aimez, j'aurais déjà mis le feu à la maison. Morguenne ! Il s'en souviendrait. Mais que prétendez-vous faire ? Quant à moi, j'enrage de battre. Ah ! Que je prendrais un grand plaisir à bourrer un infidèle, et à lui faire rentrer dans le ventre sa perfidie et son inconstance. Pourquoi cela, madame ? Mais, si Morille vient à paraître, je commencerai d'abord à lui donner sur les oreilles. Il faudra se contraindre. Je suis sa très humble servante. Ma foi, madame, je crois que ce monsieur Hilaire se sent remuer.... dans lui.... quelque chose pour vous. Il embrasse votre intérêt avec beaucoup de chaleur ; et cela signifie que vos yeux lui inspirent de certains sentiments qui... Enfin, vous m'entendez. Vous ne vous y prenez pas mal. Mais, s'il vous plaît, madame, à quoi bon dire que vous êtes la femme de Morille? Je n'y comprends rien. Voilà bien des réserves pour un amant qui vous trahit. Mais l'amour... mais l'amour... L'amour est un sot quand il excuse un infidèle : pour moi, je ne mourrai point satisfaite, que je n'aie assommé un inconstant. C'est assez ; vous serez obéie. C'est à ce coup que nous te tenons, pendard ! Oui, c'est Rosette, fourbe ! Mais réponds à madame. Impudent ! Un démenti mérite un soufflet. Nous savons tes ruses. Oh ! Tu n'y es pas encore ; je t'en dois bien d'autres. Mais réponds, réponds, et dis la vérité ; car, autant de fois que tu mentiras, autant de soufflets. Monsieur, d'un coup qu'il m'a donné, je pense avoir le cou rompu. Ah! Ah ! Je n'en puis plus. Rien n'est plus assuré, monsieur; et c'est ce que nous lui reprochions quand il nous a battues. À qui donc, chien de pendard? Tu fais le chien couchant, à présent. Madame, il s'explique à coeur ouvert. Penses-tu qu'on te croie, pour jurer ? Madame, ses pleurs me percent l'âme, et je vous demande sa grâce. Mort de ma vie ! N'y retourne pas ; autrement... C'est la pure vérité, monsieur; et moi je suis la servante de madame. Parle ; n'est-il pas véritable ? Tu en es quitte à bon marché. De tout mon coeur. **** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_ROLINE *date_1684 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_roline Que voulez-vous, monsieur? Elle est empêchée, monsieur. À battre le petit laquais. Faut-il que je vienne aussi, monsieur ? Que vous plaît-il, monsieur ? Non, monsieur. Elle est à sa chambre; venez, je vais vous conduire. **** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_MORILLE *date_1684 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_morille Ah ! Monsieur, je viens de vous chercher. Pour deux choses : l'une, pour vous faire savoir qu'hier je rencontrai, par hasard , un de mes amis arrivé du Mans, qui me fit des baise-mains de la chère Rosette, et qui m'assura que madame Julie est fort en peine de votre retardement à Paris. Elle sait qu'il y a déjà longtemps que vos affaires sont terminées, et que vous devriez être de retour. Oui ; mais, monsieur, madame Julie est une personne qui... Lisez ce billet, et souffrez que je vous quitte. Quelques gens pourraient sortir du logis serviteur. Monsieur ? Que vous plaît-il, monsieur ? Faut-il mettre les chevaux au carrosse ? Ils sont en bon état. Aussi je puis dire, sans vanité, que, dans tout Paris, il n'y a point de cocher qui prenne tant de soin de ses chevaux que moi. Je viens de les ramener de chez le maréchal. C'est qu'il y en avait un, monsieur, à qui un fer s'était cassé en revenant de l'abreuvoir, et qu'à l'autre, il y manquait cinq ou six clous... Je ne suis point de ces fripons-là, et vous ne me connaissez pas. Je sais que la plupart des cochers s'entendent avec le sellier, le maréchal et le charron pour attraper de quoi boire; mais je n'ai rien à craindre là-dessus. Je ne sais ce que c'est, monsieur. Non, monsieur. Moi, monsieur ? Vous voyez que je ne soutiens rien. Je vous la dis. Je vous dis que je ne sais ce que c'est. Je ne mens point. Vous l'avez donc vue tout seul ; car pour moi je n'ai rien vu. Que faire ici ? Monsieur, j'aime mieux me taire que de mal parler. Mais, en parlant, que faut-il que je dise ? Je ne sais rien. Il faut ici payer d'esprit. Est-ce que je prends garde aux choses que fait un maître ou une maîtresse ? Je ne pense qu'à mener mon carrosse, et à faire ce qu'on me commande. Monsieur, il ne faut jamais qu'un serviteur mette le nez dans les affaires de ceux dont il mange le pain, à moins qu'ils ne l'ordonnent. Ce n'est point aux valets à s'ingérer de pénétrer les actions des personnes qu'ils servent. Ce n'est point là mon humeur. Depuis deux mois que je vous sers, je ne crois pas que vous puissiez vous plaindre de ma langue. Nous savons la gouverner. Vous voulez sans doute m'éprouver mais vous ne m'y tenez pas. Je ne suis pas de ces gens qui s'abandonnent à parler de leurs maîtres à tort et à travers. Nous savons vivre, dieu merci. Il faut, dans le monde, tout voir, tout entendre, et se taire. C'est la maxime des grands hommes. Quoique je ne sois qu'un cocher, j'ai de la morale ; et je puis dire, sans vanité, que j'ai vu, lu et retenu, et que.... Tout doux, tout doux, monsieur; vous vous mettez en colère. Monsieur, sans vous emporter si fort, faites-moi, s'il vous plaît, la grâce de m'écouter. Faisons-nous justice : seriez-vous bien-aise, monsieur, que j'allasse découvrir à madame votre nièce l'intrigue secrète que vous avez avec certaine bourgeoise que je fais entrer, sans bruit., deux fois la semaine, par la porte de derrière, et que je conduis, par votre ordre, jusqu'au petit degré qui rend à votre garde-robe ? Plait-il ? Il est vrai ; mais c'est pour vous faire connaître qu'un domestique doit être discret, et qu'il ne faut jamais qu'il s'émancipe de raisonner sur les choses qui regardent ses supérieurs. Il ferait beau voir vraiment, qu'après m'avoir honoré de votre confiance, j'allasse imprudemment faire éclater cet agréable joli petit commerce, et que... Vous avez grand tort, monsieur ; vous voyez que je parle raison. La réponse est violente, et je ne m'en accommode nullement. Peste soit des amours de mon maître ! Je crains bien que la nièce... Je dis, monsieur, que je n'aime point une telle réponse, et que nous ne mangerons pas un minot de sel ensemble. Oh ! Prenez tout ce qu'il vous plaira. Je vais voir à mes chevaux, qui m'appellent. J'obéis ; mais, si vous me frappez davantage, je quitte tout à l'heure. Moi ? Je n'en fis jamais. Il y a une heure qu'on me querelle et qu'on me bat pour me forcer à dire ce que je ne sais point ; mais je suis incorruptible. Hé ! Qu'en pourrais-je dire, madame, sinon que je vois les amours de vous et de mon maître en fort mauvaise posture ? Ma foi, madame, je n'en sais point ; car quel personnage voulez-vous que je fasse à présent ? Vous avez voulu, de concert avec mon maître, que je vinsse ici me mettre cocher, moi qui n'avais en ma vie mené de carrosse. Je vous tiens fort heureuse que mon ignorance ne vous ait point fait casser le cou, ou quelque membre. Mais aujourd'hui, puis-je jouer un autre rôle sans que votre oncle s'en aperçoive ? Parbleu ! J'y vois beaucoup d'apparence, et c'est à vous a vous consulter là-dessus. Quant à moi, je suis d'avis de demander mon congé; car le métier de cocher, que je fais malgré moi pour servir vos amours, m'attirera sans doute quelque maligne influence. Tout franc, je crains la destinée de monsieur Phaéton, c'est-à-dire, que la foudre ne tombe sur mes épaules : il me souvient que votre oncle a déjà commencé, par un soufflet, à faire le Jupiter sur mon visage. Je crois qu'il est à propos d'aller trouver mon maître pour l'avertir de tout ce qui se passe. Mais en quel lieu, madame ? Ni moi ; à moins que vous ne me permettiez de l'introduire dans la maison. C'est assez, c'est assez. Cette bague peut, en quelque manière, amoindrir les chagrins qu'un soufflet inspire ; et... mais ne perdons point de temps ; allons au plus tôt chercher mon maître. Monsieur, demeurez autour d'ici, sans vous impatienter ; je vais prendre mon temps pour tâcher à vous faire entrer dans l'endroit où je couche, comme nous l'avons concerté. Monsieur, tout est favorable pour vous couler dans mon taudis. Venez vite; et après, quand je trouverai l'occasion, je ferai le reste. Point de mais ; suivez-moi. Que vous plaît-il, monsieur? Moi, monsieur ? Et que fais-je, monsieur ? Je tremble. J'ignore, monsieur, ce que vous voulez me dire. Tout est perdu. Je ferai tout ce qu'il vous plaira. Que mon maître n'est-il hors d'ici ! Tout est découvert. Monsieur !... Monsieur... Monsieur ! Je vous demande pardon. Ah, ciel ! Que vois-je ? Je ne sais où j'en suis. Vous vous moquez de moi, monsieur. Ma femme ! Moi ? Oui, monsieur, je l'ose, puisque cela n'est pas. Quoi ! Vous êtes ma femme ? Je n'y connais plus rien. Monsieur elle veut être ma femme ; j'en demeure d'accord. Puisque vous l'ordonnez, monsieur, c'est de tout mon coeur. Et moi pareillement. Monsieur, je suis votre serviteur. Parbleu ! Je n'y vois goutte. Je ne m'oppose à rien, monsieur. Je ne comprends point tout ceci. Je voudrais voir cela. Quant à moi, monsieur, je suis tout prêt à obéir. Cela est vrai. Je n'y manquerai pas. Ma foi, tout coup vaille ; voyons où la chose ira. Un autre le serait à moins. Que mon maître peste contre moi ! Monsieur, l'excès de mon silence vous explique... souverainement... ma reconnaissance. Quoi ! Rosette aussi ! Que veux-tu que je lui réponde ? Elle se dit ma femme ; elle a des enfants de moi ; tout le Mans le sait : je ne comprends point ce qu'elle veut par-là. Je ne suis point un fourbe. Mais monsieur Hilaire vous a-t-il causé quelque déplaisir ? Madame, il y a trois mois que je ne suis plus avec lui et que je ne l'ai vu. Cela n'est point vrai. Morbleu ! Je n'entends point raillerie. Qu'il soit où il voudra; ce n'est pas mon affaire. Madame, laissez-moi. Assommons ce trompeur. Ah, traître ! Ah, scélérat ! Tu passeras par nos mains. À l'aide ! Au meurtre ! Ah ! Ah ! On m'assomme ! Monsieur, elles ne disent pas vrai ; et je vais vous faire connaître... Monsieur.... Je ne sais pas.... Monsieur, je vous demande pardon : c'est un de mes amis, fort galant homme, qui, pour une action d'honneur, appréhende la justice, et qui, pour sa sûreté, m'a prié instamment de le cacher deux ou trois jours, dans le lieu où je couche, Excusez-moi, monsieur; je n'ai pas encore trouvé le temps de vous en parler. J'y vais avec vous, monsieur. Eh bien! Monsieur le fripon, voilà tantôt toutes vos tromperies à bout. Que veux-tu que j'y fasse ? Est-ce ma faute ? À la violente humeur de mon maître, qui m'a contraint à faire tout ce que j'ai fait. Mais, Rosette, ma chère Rosette, suis-je indigne du pardon que je demande ? Madame, je suis perdu, si vous n'avez pitié de moi. Rosette, ma chère Rosette, par l'amour que j'ai pour toi, porte madame à me pardonner, quoique, Dieu me damne, je ne sois point coupable. Oui, la peste m'étouffe, ou le diable m'emporte. Quoi ! Rosette,seras-tu une roche pour Morille ? N'auras-tu point compassion de ses larmes, et ne saurait-on te toucher par quelque endroit ? Rosette ! Rosette ! Ah ! Me voilà trop content ! Arrive tout ce qu'il pourra, maintenant : j'ai votre appui, c'est assez. Rosette, crois que je suis au désespoir de t'avoir déplu ; et que, quand il irait de la potence... On y va. C'est Dorothée. Je ne sais. Je ne sais. Je ne sais. Votre oncle. Il va venir tout à l'heure avec monsieur Lisidor. Je dis que tout est découvert. Les voici. Hé ! Rien... Monsieur. Me voilà payé de mes gages. Et toi, Rosette, n'en fais-tu pas de même ? Je vous suis ; car il ne fait pas bon ici pour moi. **** *creator_hauteroche *book_hauteroche_cochersuppose *style_prose *genre_comedy *dist1_hauteroche_prose_comedy_cochersuppose *dist2_hauteroche_prose_comedy *id_ADRIAN *date_1684 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_adrian Madame, voilà le logis de monsieur Hilaire, de la nièce duquel, comme je vous ai dit, monsieur Lisidor est passionnément amoureux. Vous m'avez envoyé, depuis un mois, ici, pour observer les actions de votre amant ; soyez persuadée que je n'y ai point perdu de temps, et que par mes lettres, je vous en ai rendu un fidèle compte. Madame, je suis votre serviteur. Mais que dites vous du billet que j'ai écrit à monsieur Eutrope, pour lui donner martel en tête, et traverser votre amant dans ses nouvelles amours ? Ma soeur aime à plaisanter. N'ai-je pas dit à madame que c'était sûrement une adresse pour faciliter leur entrevue ; et que, dans toutes les promenades, j'ai remarqué que monsieur Lisidor s'y rencontrait toujours ? Madame, soyez en repos. Ah ! Madame, je viens de rencontrer, chemin faisant, Morille et monsieur Lisidor, qui, sans doute, dressent leurs pas de ce côté; j'ai accouru pour vous en avertir. Eh bien! Madame, vous ne pouvez plus l'ignorer. Suffit, madame.