**** *creator_lantier *book_lantier_impatient *style_verse *genre_comedy *dist1_lantier_verse_comedy_impatient *dist2_lantier_verse_comedy *id_DAMON *date_1778 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_damon Ces marauds-là ne finissent jamais ! Abrégeons. Achève. Mon chocolat. Il est tard : et Julie ou doucement sommeille, Ou devant son miroir s'occupe gravement, Moi seul dans cet hôtel je veille : Lafleur, Lafleur. Il dort aussi. Viendras-tu ? Si tu ne viens... Maraud. Insolent. Nous allons voir, sur ma parole. Je vous l'ai dit cent fois, je ne veux point attendre. Eh ! vous n'êtes qu'un fat ! Il est brûlant ; je ne saurais le prendre. Encore ; apprenez à servir. Quelle heure est-il ? Vous pensez comme un sot : il doit être midi. Quelle montre, morbleu, qui retarde toujours ! Demandez chez Julie Si je peux y monter. Quel discours ! Que l'on t'annonce de ma part. Tant pis. Comment, logé chez elle, Je n'aurai pas le droit de lui parler ? Mon plan est arrêté. Ce soir, oui, ce soir même, Si vous m'aimez autant que je vous aime, Il faut, Madame, enchaîner votre coeur Des noeuds d'hymen et du bonheur. Chaque jour semble un siècle à mon âme sensible ; Et trop longtemps j'ai différé. Visible ou non, je la verrai. On ne saurait la voir, et le jour va finir. Elle m'ordonne de l'attendre. De l'attendre ! Ah ! C'est trop souffrir. Y peut-on rien comprendre ? Si vous dites un mot.... Elle est à sa toilette, et là, dans son ivresse, Oubliant l'univers et le temps qui nous presse, Elle sourit à sa beauté. Pauvres amants ! Avec quelle facilité Ce sexe vous abuse ! Il s'abuse lui-même : Et dupe de son propre coeur, Il croit aimer l'amant, ce n'est que soi qu'il aime. Mais enfin, dès ce jour, j'assure mon bonheur. As-tu vu mon futur beau-père ? Parle donc. De belle humeur, j'espère ? Son procès le tourmente déjà. Mais, pour moi crois-tu qu'il s'humanise ? Quoi ? Parle donc. Le traître se taira. Moi, je le veux, réponds. Oui, oui. Parle, ou je vais.... Il ne sait ce qu'il dit. À la fin, je respire. Je brûlais de vous voir, et loin de vos attraits Je m'abandonne à la tristesse. Pour vous que nul souci ne presse, Vous coulez vos beaux jours dans le sein de la paix. Un amour plus ardent. Ah ! Votre coeur, calme dans sa tendresse, Avec art chaque jour prolonge mon tourment. Cela serait charmant. Vous seriez toute à moi : ce ciel qui m'environne Me semblerait plus pur ; je vous verrais toujours : Vous m'aimeriez alors, me le diriez peut-être ; Et chaque jour que je verrais renaître ; Me paraîtrait le plus beau de mes jours. Si je vous aime, hélas ! Mon âme trop sensible Reconnut son vainqueur en voyant vos attraits. Séduit d'abord par un charme invincible, Je ne vis plus que vous, je brûlais, j'adorais ; Je répétais le doux nom de Julie, Et cherchais dans vos yeux mon bonheur et ma vie. Trop malheureux depuis ce jour, Votre absence, l'espoir, le doute, tout m'agite : Dans la nuit, le sommeil m'évite ; Ou, trente fois, éveillé par l'amour, Je me lève pour voir l'aurore D'un jour qui ne paraît jamais. Vainement le sommeil ferme mes yeux encore, Je ne rêve qu'à vos attraits. Voilà mon coeur, et voilà comme on aime. Ah ! Permettez-moi de parler Pourquoi briser mon âme ? Pourquoi, si vous m'aimez, reculer sans pitié Le terme de mes voeux, le bonheur de ma flamme ? Eh ! Quoi ? Et dans un siècle je verrai L'hymen couronner ma constance. Je veux me corriger, m'attacher votre coeur, Et mériter de vous un regard d'indulgence. Mais un terme si court borne notre existence, Et je suis dévoré d'une si vive ardeur. Fixer l'instant de mon bonheur. Terminer. Ce soir. Son père !... Avoir toujours un père à m'opposer !... Oui, oui, je me modère. Mais cependant on ne peut m'abuser. N'êtes-vous pas veuve ? Depuis plus d'une année ? Par conséquent libre de m'épouser ? Eh bien ! Adieu, Madame. Je cours.. Chercher une âme plus sensible. Rien ne peut l'excuser. Oui, je reste ; et pour vous épouser. Nous verrons. Je veux.... Pardon : je suis si malheureux : je demande à vos pieds le bonheur de ma vie. Oui, ma chère Julie. Aujourd'hui ? Moi ? Quel bonheur ! Quoi je pourrais... Oui, oui, soyez tranquille. N'en doutez pas ; Et je vais remuer et la Cour et la Ville ; Visiter juges, avocats. Adieu, Madame. Je vais chez mes amis, chez le Comte d'Ermonde, Chez le Marquis d'Alban ; je verrai tout le monde. De presser, de hâter.... Mais à-peu-près. Oh ! je plairai, Madame, et comptez là-dessus. Je sais ce que je dois au père de Julie. Écartez tout souci. Reposez-vous sur ma prudence. Enfin je sens renaître l'espérance : Son père va venir ; il me tarde déjà Qu'il m'ait en quatre mots expliqué tout cela. Alors, au gré de mon impatience, Je sors, je vais dans tout Paris, Je fais agir tous mes amis ; J'assure son succès ; et ce soir, ce soir même, Mon beau père enchanté m'accorde ce que j'aime. Bon le voici. Monsieur, serai-je assez heureux, Pour vous rendre un léger service Dans ce procès fastidieux Qu'osent vous intenter la fraude et l'avarice ? Ah ! J'en suis enchanté. Et je n'épargnerai ni mes pas ni ma peine. Ils sont amis d'enfance, il pourra vous servir, Et d'avance je goûte un sensible plaisir. On peut sur les détails passer rapidement. Un long récit, je pense, Peut vous fatiguer. Tant pis, morbleu ! Souffrez... Soit, asseyons-nous Depuis cent ans. Laissons les portraits. Fort bien. Ma foi.. Un petit homme. De trois pieds, je le crois. Quoi, vous le supportiez ? Ah ! Monsieur quel courage ! Mais revenons, je vous conjure, A ce procès qui vous amène ici. Et moi, Monsieur, j'en ai ma part aussi. J'écoute. Il veut qu'on aille au fait ; j'aime assez sa méthode. Mais brisons là-dessus. En homme raisonnable ? Cette femme est damnable ! Tout serait arrangé ; quelle félicité ! Nous n'en parlerions plus. Oui, vraiment. Il est trop vrai, ce sont des âmes... Mais discutons avec tranquillité Sans perdre notre temps à médire des femmes. Oui, déterré par l'esprit infernal. Rien. Continuez toujours. Personne, hélas ne vient à mon secours ! Fort bien. Mais pourquoi voulez-vous Qu'un Procureur soit honnête homme ? Quant au procès ? Sont embrouillés ? Eh ! Faites-le couper pour terminer l'affaire. Pour vous servir j'imagine un moyen. Je vous présenterai chez mon oncle aujourd'hui ? Vous le verrez, lui parlerez vous-même ; Et j'aurai le bonheur d'obliger un ami, Un véritable ami que j'honore, que j'aime. Oh, tant qu'il vous plaira. Qu'il faut de patience ! Au diable et plaideurs et procès ! J'avais mille et mille projets. Mon Notaire, je crois, connaît cette Comtesse : J'y veux aller. Je bénirai les cieux, Si de Borchamp prévenant tous les voeux, J'arrangeais un procès fâcheux pour sa vieillesse. Que le temps aujourd'hui se traîne lentement ! Lafleur. Demandez ? Borchamp.... Non, rien. Dites-lui que j'espère.... Vous lui direz que je l'attend : Et revenez soudain. Cet avis nécessaire Hâtera de ses pas la lenteur ordinaire. Il faut se résigner : personne ne paraît. Lafleur lui-même y passe la journée ! Flamand. Sachez donc ce qu'il fait. Lafleur. L'original ! Allez savoir quelle aventure Le retient si long-temps. L'animal ! Là, là, là, là. Je pense Que, pour me tourmenter, valets, maîtresse, ami, Tout est ici d'intelligence. Mon éternel beau-père, ou bien s'est endormi, Ou l'âge éteignant sa mémoire, Il oublie à coup sûr que je l'attends ici. Mais Flamand, mais Lafleur ; on ne pourra le croire : Je sers d'exemple à la postérité. Lisons. Ciel ! Et Borchamp ! Où s'est-il arrêté ? Oh, pour finir, enfin, je vais chez mon Notaire. Eh bien, qu'a dit Julie ? Bientôt ? Mais quand ? Ce soir, demain, dans la semaine ? Ce qu'il faut pour écrire. Oui, pour plaire à Borchamp, Lui rendre le repos qu'il regrette sans cesse, Je vais au Président écrire en sa faveur, Et j'y mettrai de la chaleur. Mon oncle comprendra combien il m'intéresse. Quelle maudite plume ! Pour tracer chaque mot, il faut près d'un quart-d'heure, Cette encre est détestable ! Une bougie. Eh bien ? Ah, quels valets ! Pour être bien servi, c'est-là le vrai système. Je me flatte, Monsieur Borchamp, Qu'un pareil procédé pourra vous satisfaire. Ah, vous voilà ! Je viens de chez vous. On ne vous rencontre jamais. Vous avez tort. Lafleur... Vous daignez le permettre, À mon oncle soudain qu'on porte cette lettre. Ma voila délivré d'un pénible fardeau ! Ce procès finira ; cet espoir me console. Je voulais vous parler de Madame d'Érole : On vous dit très-liés. Vous savez son procès ? Eh bien, qu'en pensez-vous ? Peut-on le voir ? Voyons-le donc. Mais tout le monde doit : c'est l'usage à présent. Lisez donc promptement. Que cherchez-vous encor ? Lisez toujours, vous chercherez après. De grâce, daignez lire Sans épeler. J'en suis bien aise. Après ? Oui, singulièrement. Apprenez donc qu'elle projette De vendre cette terre. Eh bien, moi, je l'achète. Oui, moi. Par cet expédient, J'abandonne les bois, et Borchamp est tranquille. Non, rien. Allez, volez, courez toute la ville, Et terminez sans nuls délais. Eh ! je renonce de bon coeur À l'argent, au procès, à tous les biens du monde : M'entendez-vous ? Gardez-vous bien de trop courir. Encore un mot. Cachez à mon futur beau-père Le nom de l'acquéreur. J'exige le secret ; J'ai mes raisons. Oui, qui veut obliger doit taire le bienfait. Il s'imaginerait que je suis en démence, Ou que mon zèle prétendu N'est qu'un moyen adroit, un piège convenu, Pour m'assurer son alliance. Ah, c'est vous ! Quel bonheur ! Je volais sur vos pas. Mille pardons, j'ai tort ; mais ne me grondez pas. Oui, je suis un peu vif. Beaucoup, d'accord. Puisque j'ai le malheur d'offenser ce que j'aime. J'ai longtemps attendu : perdant toute espérance.... Pas mal. Mes voeux, mon existence... Par un culte.... Non, non. Ah ! croyez.... Je me tais. L'amour adoucit tout, le bonheur rend aimable. Ne craignez rien. Ah ! si je suis aimé, Si jamais j'entrevois l'aurore Du jour qui doit éclairer mon bonheur, Vous me verrez soumis, plus amoureux encore, Obéir à vos lois, réprimer mon humeur, Et chercher tous vos goûts au fond de votre coeur. Vous verrez si, quand je promets.... Fais-toi peindre toi-même, et laissez-moi tranquille. Ordonnez : trop heureux !.... Bonjour, Monsieur Dorlis, Allons, asseyons-nous, et peignez à votre aise. Apportez une chaise ; Je suis très mal assis. Il me tourne à son gré. Il est déjà bien tard. C'est que.... Souffrez, Madame.... Lorsque vous serez là, je verrai mieux Monsieur. S'il lisait dans mon coeur, Il me peindrait avec des traits de flamme. Et le front ? Ah ! Vous avez fini. Bon ! Vous êtes charmant. Où donc en êtes-vous ? Si je lisais mon bonheur dans les vôtres, Les miens respireraient le feu du sentiment. Quoi ! Constamment ? Quand comptez-vous finir ? Près d'un objet aimable, Tout s'embellit des couleurs du plaisir. Que peignez-vous ? Hâtez-vous seulement : il n'est pas nécessaire De me faire si beau. On me fait trop d'honneur. J'aimerais mieux, pour mon bonheur, Que la main de l'Amour m'eût gravé dans votre âme. Permettez-moi, Madame.... Je veux voir ce qu'il fait. M'y voilà ; calmez-vous. Que peignez-vous ? Encor les yeux ! Eh mais, Combien m'en faites-vous ? Vous les ferez sans moi. De grâce. Mais, Madame, un moment, mettez-vous à ma place. Ah ! Voyons promptement. Ah ! Je suis trop heureux : mon cher oncle est charmant. Allez prier Monsieur Borchamp De paraître un moment de la part de Julie. Vous allez le savoir. Ah ! Quel bonheur ! Mon oncle a rempli mon espoir. Il peut compter sur ma reconnaissance. C'est moi, Monsieur. Rassuré par votre indulgence.... Ah ! Daignez m'écouter ! Mes torts involontaires.... Vous êtes irrité : j'entrevois mon malheur. Votre bonté se lasse. Mais n'imputez rien à mon coeur. Votre intérêt m'anime : écoutez-moi de grâce. Le Président, mon oncle, à qui j'avais écrit, Me répond qu'il a vu Monsieur de Lauvamaine ; Qu'on peut tout espérer, qu'il n'est rien qu'il n'obtienne D'un vieux ami qui le chérit. Mais jusqu'au bout je n'ai pas lu la lettre ; Daignez vous-même la finir. Vous concevez, par-là, ce qu'on peut se promettre Du zèle de mon oncle. Oui, lisez ; vous verrez si je sais être utile. Des procès. Mais, Monsieur, père de Julie, Qui réunit l'esprit aux attraits les plus doux. Quelque démon, sans doute, a supprimé les mots. Vous voyez ma surprise : échauffé par mon zèle, Avec vivacité j'ai tracé ce billet. Je cours tout réparer. Il ne se fera point ? Quelle cruauté ! Vous que j'aimais.... Monsieur... Julie !... Ah, quel malheur ! Monsieur, j'ai tort si j'ai pu vous déplaire. Mais enfin, ouvrez-moi votre coeur ; Je vous chéris, je vous révère, Et vous êtes si bon. Toujours. Ah, vous voilà ? Ne me trahissez pas. Eh ! qu'importe pourquoi Daignez vous occuper du bonheur de ma vie. Eh bien, Monsieur,... c'est moi. La terre me convient, et j'ai conclu l'affaire. Non, Monsieur, appuyé d'un si faible service, Je ne réclame point un prix aussi flatteur : Non, consultez avec plus de justice Et vos bontés et son bonheur. Oui, Monsieur, animé du désir de lui plaire, J'irai, je volerai au devant de ses voeux. Oui, Monsieur. Ah, Julie ! ah, Monsieur, les plus vifs sentiments.... Signons-nous le contrat ? On souffre dans l'attente. Qu'attendez-vous ? Quand pourra-t-on, morbleu ! S'épouser sans notaire ? **** *creator_lantier *book_lantier_impatient *style_verse *genre_comedy *dist1_lantier_verse_comedy_impatient *dist2_lantier_verse_comedy *id_JULIE *date_1778 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_julie Mais, d'où vient cette humeur ? Qu'avez-vous qui vous blesse ? Voulez-vous exiger ?... Vous connaissez mon coeur ; vous avez lu souvent... Oui, j'aurais dû, sans consulter personne, Vous épouser dès le premier instant. Que je vous ai connu. Si vous m'aimez, si vos discours.... Mais en tout vous êtes extrême. Je ne puis vous dissimuler.... Très volontiers. Je vous l'ai dit. Cultivez l'amitié, Les bontés de mon père ; obtenez son suffrage : Alors peut-être je m'engage... Le temps dépend de vous ; soyez plus modéré : Réprimez cette impatience... Eh ! De grâce, que puis-je faire ? Quand ? Sans l'aveu de mon père ? Et vous vous modérez ? Oui. Non. Car je jure ici, telle est ma destinée, De renoncer aux plus tendres amours, D'abjurer à jamais les noeuds de l'hyménée, Si je n'obtiens l'aveu de l'auteur de mes jours. Où courez-vous ? Allez, Monsieur : non, il n'est pas possible Que jamais la raison.... Quoi sitôt ? Malgré moi ? Votre folie Me fait pitié. Soyez plus raisonnable. Et mon père bientôt pourra combler vos voeux. Non. Son procès le tourmente ; Et lui parler d'hymen dans ces moments, c'est le contrarier, c'est mal prendre son temps : Mais vous pouvez, dit-il, et cet espoir m'enchante, Lui rendre un bon office, et hâter son succès. J'ai répondu de vous... Et du zèle... Où portez-vous vos pas ? Et que leur direz-vous ? Connaissez-vous le fond de cette affaire ? Voyez, interrogez mon père ; Il vous en instruira ; mais daignez l'écouter. Songez, songez surtout à plaire. Dans ses discours il est parfois diffus ; Mais il faut respecter son âge et sa manie. Il vient, je crois. Je vous laisse avec lui. Rappelez-vous..... J'y compte. Mais.... Vous l'offensez par ce soupçon. Lafleur. Lafleur. Je crois encore me tromper. Que fait ton maître ? Par quel motif ? Qu'entends-je ! À quel propos ! Il n'a pas son carrosse ? Il suffit : sors. Ce grand feu qui l'agite.... Qu'on ne peut l'excuser, et tel est son destin.... Peut-être, avec le temps, plus calme et réfléchi.... Mais il est votre ami ? Il paraît irrité de ses écarts fréquents. Hélas, quel fâcheux caractère ! De défauts, de vertus, quel contraste étonnant ! Agité sans motifs, toujours plus imprudent ; Et cependant jaloux de plaire, Il blesse les égards, repousse l'amitié : L'amour même, l'amour, dont il chérit la chaîne, Sur lequel son bonheur paraît être appuyé, A gémi bien souvent de ce feu qui l'entraîne. Mais comme il sait aimer ! Quelle fidélité ! Jamais son coeur, simple dans sa tendresse, N'a d'un mot captieux voilé la vérité. Quel amant ! Hélas ! que dois-je faire ? Oui, je sens ma faiblesse : La raison lutte en vain contre le sentiment. Qu'il m'attende. Allons trouver mon père, Et tâchons, si je puis d'appaiser sa colere. Vous devenez tous les jours plus aimable. Oui, l'on doit supporter votre humeur agréable. Un peu ! Quelle preuve d'amour, lorsque mon père même Vient, Monsieur, d'essuyer encor !... Longtemps ! Mais, daignez m'écouter : Vous m'aimez, dites-vous ! Je le crois. Mais comment osez-vous vous flatter De mériter qu'un jour les noeuds de l'hyménée.... Allez-vous m'interrompre ? Oserai-je moi-même, abjurant la raison, Et de l'amour victime infortunée, M'exposer.... Encore ! Vous dont l'humeur, dont les voeux inquiets... Oui, je le sais. L'amour d'un voile favorable Sait couvrir ses défauts : souple avant le succès, Il ne semble agité que du désir de plaire ; Mais, tôt ou tard, il cesse. Alors le caractère, S'irritât d'autant plus qu'il fut plus comprimé.... Un tel effort me paraît difficile. Un moment. Ce n'est pas mon avis, Voyons si j'ai sur vous cet empire suprême : Faites entrer. Ce portrait est promis Depuis longtemps : enfin, plus maître de vous-même, Aujourd'hui, prouvez-moi que vous m'êtes soumis. L'épreuve est un peu rude. La bouche sera bien. Il s'avance. Y songez-vous ? Malgré votre contrainte ? Ce moment est fâcheux. Mais vous voulez, j'espère, Un portrait qui ressemble ? Cela serait plus court. Un moment. Vous êtes, en effet, Si calme ! Sachez donc vous contraindre. Y songez-vous ? Monsieur jamais ne finira. Quoi ! Pour avoir votre portrait ? Voilà Qui me paraît nouveau. Quelle bizarrerie ! Mais de quoi s'agit-il ? Mais sachez ce qu'il veut. Vous voyez que du moins il sait rendre service. De ses écarts son coeur n'est point complice ; Il voulait obliger. Vous l'entendez ; c'est lui, mon père. Je réponds de son coeur, du zèle qui le presse : Sensible à l'amitié, plein de respect pour vous, Il fera, croyez-moi, son bonheur le plus doux De mériter votre tendresse, De consoler vos jours, d'aider votre vieillesse. **** *creator_lantier *book_lantier_impatient *style_verse *genre_comedy *dist1_lantier_verse_comedy_impatient *dist2_lantier_verse_comedy *id_DORLIS *date_1778 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dorlis Je suis à vous. Approchez ; plus avant... Eh ! Non ; vous reculez. Inclinez... doucement, Fort bien ; gardez cette attitude. Il faut que je m'attache, et c'est-là le grand art, A bien saisir chaque nuance, L'expression, la ressemblance, Et le jeu de vos traits. Quoi ! vous vous déplacez ! Oui, j'achève à présent. Cet homme est différent des autres. Nous commençons à peine. J'en suis aux yeux. Prenez un regard doux. Oui, songez à Madame ; Mais attachez les yeux sur moi. Le teint s'anime, l'oeil s'enflamme Auprès de la beauté. Je peins vos yeux. Je crois que vous serez au mieux. Eh ! Monsieur, Je ne pourrai jamais vous peindre. Quel homme ! Mon pinceau, ma verve s'échauffait. Les yeux. Un ou deux, à-peu-près. Sortons d'ici. Cet homme est atteint de folie. **** *creator_lantier *book_lantier_impatient *style_verse *genre_comedy *dist1_lantier_verse_comedy_impatient *dist2_lantier_verse_comedy *id_LAFLEUR *date_1778 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lafleur Il vient de m'échapper, je ne sais où le prendre ; On ne peut l'habiller. Ah ! quel homme étonnant ! Le tonnerre est moins prompt, un volcan, moins bouillant ; Mais taisons-nous, je crois l'entendre. Votre épée. Votre mouchoir. Auprès de vous on n'a ni paix ni trêve : Il faudrait quatre bras... J'y vais. Monsieur, monsieur. Dans l'instant. Je vole. Ah ! Patience ! Grand merci. Je faisais votre chocolat. Il faut donc tout briser. Hier il était froid : on ne peut vous comprendre. Avec un peu de patience Il aurait pu se refroidir. Mais, neuf heures, je pense, Le soleil aura tort. Pour en être éclairci, Regardez votre montre. Eh bien ! Lorsque j'avance... Mais vous pouvez hâter son cours : Mettez-la sur midi. À présent ? Mais elle dort, je le parie. Hier, elle se coucha tard. Osez-vous bien d'une veuve si belle Troubler le doux sommeil ? C'est bien le moins ; et je cours l'éveiller. Elle n'est pas encore visible. Trop heureux qui pourra le gagner de vitesse ! Chacun a ses défauts : tel est le coeur humain. Moi, n'ai-je pas les miens ? D'abord, j'aime le vin : C'est qu'il est bon. Le jeu m'occupe, m'intéresse ; Mais tout homme d'esprit doit fuir L'oisiveté. De plus, je ne hais pas les femmes : Mais c'est un beau défaut, celui des grandes âmes. Une autre fois, sans doute.... Une Belle, vraiment, n'est pas toujours d'humeur.... Je me tairai, Monsieur. Oui, Monsieur. Non, Monsieur. Oui, Monsieur. Eh !... Mais... Monsieur, excusez ma franchise, On ne peut, à la fois, et se taire et parler. Pour ne vous rien celer, Monsieur Borchamp.... Mais, puis-je être sincère ? Monsieur Borchamp... je crains.... Vous n'avez pas le talent de lui plaire. Le ciel vous refusa, parmi tant de bienfaits, Cet air tranquille et doux qui flatte, nous attire.... Ma foi, je m'en doutais. Mais j'aperçois Julie. J'accours. Monsieur Borchamp. Quoi donc, il est parti ! Ma foi, que dira le beau-père ? Mais je le vois qui court, courons vite après lui. Il vient de s'échapper. Il des brouillards dans la tête : Ennemi juré du repos, Il va, dit-il chez son notaire. Comme rien n'était prêt, maudissant les marauds, C'était moi, le cocher, d'assez brusque manière Il s'est sauvé. Ah ! vraiment ; au contraire, Il chasse et cocher et chevaux, Et dit qu'à pied, tout seul, il ira bien plus vite. MON Maître, accablé de tristesse, Demande un entretien du ton le plus touchant. Il est vif, mais son coeur est si bon ! Mon Maître ? Qu'il vous attende ! Oh, j'en doute vraiment : On fixerait plutôt le feu, le vent, Le coeur d'une coquette.... Elle va revenir. Probablement. Que sais-je ? L'avenir est chose peu certaine. Le calme enfin succède à ce grand mouvement : Je vois briller sur son visage. Les traits heureux de l'enjouement. Mais la scène varie, il s'élève un nuage. Elle a tort. Si mes soins. Supprimez quelque lettre : un mot de plus, de moins, Qu'importe. En effet, que je meure S'il ne trouve les mots trop longs de la moitié. Il est contrarié. Il est toujours le même. Et le repos n'est pas son élément. Par ses vivacités il m'amuse souvent. Toujours courant, toujours extrême, Il se fâche, il me gronde, et cependant je l'aime. Ah ! ah ! Je l'ai perdu ! Comment ? Où donc est-il ? À merveille ! J'entends. Oui, Monsieur, aisément. Monsieur, voilà votre Notaire. Voici le Peintre ; il vient finir votre portrait. Moi, Monsieur ! Il doit donner le Peintre au diable. Il y paraît. **** *creator_lantier *book_lantier_impatient *style_verse *genre_comedy *dist1_lantier_verse_comedy_impatient *dist2_lantier_verse_comedy *id_FLAMAND *date_1778 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_flamand Monsieur ? Et qui ? Je vous assure Qu'il était là tantôt. Où, Monsieur ? J'y vais, j'y vais. De votre oncle le Président, J'apporte la réponse. **** *creator_lantier *book_lantier_impatient *style_verse *genre_comedy *dist1_lantier_verse_comedy_impatient *dist2_lantier_verse_comedy *id_LENOTAIRE *date_1778 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lenotaire Peut-on voir votre Maître ? Je le sais. J'étais sorti pour une affaire. Je l'ai vue au berceau, Et l'on s'attache à ceux qu'on a vu naître. Oui, je dois le connaître. Tantôt, à ce sujet, La Comtesse vient de m'écrire : J'ai même encore son billet. Oui, je vais vous le lire. Un moment, s'il vous plaît. Notre Comtesse a contracté des dettes. Ah ! Le voici. Je cherche mes lunettes. Vous êtes un peu prompt. M'y voilà.... Je désire.... Oui, quelque jour... de mes projets... À l'avenir.... J'y suis. À l'égard du procès, Dont vous.... ah, ma lunette ! Elle sera brisée. Vous êtes obligeant. Sa tête est mal organisée. Enfin, pour abréger ; car c'est probablement Le moyen de vous plaire.... Qui, vous ? D'accord. Observez cependant.... Quel feu ! Mais de sang froid combinons vos projets ; Et sachez qu'en perdant ces bois où tout abonde, Cette terre, Monsieur, déchoit de sa valeur. Oui, très distinctement. Mais, aussi-tôt l'affaire terminée, Faites-moi l'amitié de prévenir Borchamp Que sa cause est enfin gagnée, Qu'il peut dormir tranquillement. Volez, mon cher ami, daignez me satisfaire. Quoi vous restez pétrifie ! Mais en effet, je suis extasié. Il faut cependant vous complaire, Et je me hâte d'obéir. Comptez sur mon silence. Je vous apporte une heureuse nouvelle. La Comtesse, en ce jour, a changé de projets, Vous cède tous les bois, et renonce au procès. Voilà l'écrit signé. Au prix qu'elle a voulu Elle vient de vendre sa terre ; Et l'acquéreur, plus débonnaire, Renonce à tout droit prétendu. Souffrez que je me taise. Vous le voyez ; si la tête est bouillante, Au moins le coeur est excellent ; Et vous devez, au gré de notre attente, Récompenser les soins d'un si fidèle amant. Il faudrait qu'il fût fait. J'attends.... La question est plaisante ! Pour dresser un contrat, Monsieur, il faut du temps.