**** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_HERODE *date_1725 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_herode Ciel ! Je respire enfin. Mais que vois-je ? Alexandre ? Dois-je vous embrasser ? Mon fils, et deviez-vous si peu vous empresser, Pour me rendre un devoir qu'exige ma tendresse ? De ma présence allez vous-même l'avertir, Et l'embrassant pour moi, dites à l'inhumaine, Que pour elle en ces lieux l'amour seul me ramène. Dites-lui que je mets au bonheur de la voir Ma plus chère espérance, et mon premier devoir ; Que je viens à ses pieds par un retour bien juste Déposer les honneurs que j'ai reçus d'Auguste Et qu'il semblait lui-même en secret combattu Refuser à ma cause, et rendre à ma vertu. Je n'ai point oublié ni mon rang, ni ma gloire. Rome de ma fierté gardera la mémoire. En parlant aux Romains, à ce Peuple de Rois, Pour excuse à César j'ai donné mes exploits. Mais dans l'impatience où mon amour me livre, Je ne vous retiens plus, et vais bientôt vous suivre. Alcime, prenez soin d'assembler le Conseil, Et vous Tharès, qu'au Temple un pompeux appareil En l'honneur de César annonce un sacrifice. Je lui dois des Autels. À ce pieux office Appelez de ma part les Pontifes Sacrés. Ne perdez point de temps. Soësme demeurez. Viens-je éprouver ici ta faveur ou ta haine, Ô Ciel ! Approche. Avant que d'entrer chez la Reine, Soësme, j'ai voulu te parler un instant. Il doit te souvenir de quel ordre en partant, J'ai su charger pour moi ton amitié sincère, Cet ordre à mon repos devenait nécessaire, Le Ciel n'a pas voulu qu'il fût exécuté, Il a servi mes voeux. Mais je me suis flatté Qu'un mystère éternel cacherait à la Reine Es dangereux excès où mon amour m'entraîne. Je crois qu'à tes devoirs rien ne peut te soustraire. Loin de te soupçonner, je rends grâce au contraire À tes yeux surveillants, à tes soins assidus, Sans qui mes sens peut-être à toute heure éperdus N'auraient pu soutenir les rigueurs d'une absence... Soësme, tu dis vrai. Je ne suis point injuste. Mais pendant le séjour que j'ai fait chez Auguste, Que faisait Mariamne ? Et de quels soins divers... Et ce sont là ces pleurs dont l'ingrate m'opprime, Dont toujours mon amour lui devrait faire un crime. Le souvenir des siens bien plus cruels que moi L'accompagne en tous lieux, et la remplit d'effroi, Et toujours sur mon coeur rachetant ses alarmes, Jusqu'au lit d'un époux elle porte ses larmes ; Consume en vains regrets tous ses jours les plus beaux, Sans cesse son esprit erre autour des tombeaux, Se repaît de leur cendre. Est-ce donc là qu'éclate Cette austère vertu dont se pare l'ingrate ? Au rang de ses devoirs met-elle ses mépris, Et de mes feux ardents est-ce là tout le prix ? Oui, je sens croître encor le beau feu qui m'enflamme. J'en croirai tes conseils, cher Soësme, et mon âme Va sur ton amitié fonder tout son bonheur. Entrons. Mais quelqu'un vient. Ciel, qui la viens d'orner d'une grâce nouvelle Inspire-lui pour moi ce que je sens pour elle ! Divine Mariamne, est-ce vous que je vois ? Craignez-vous ma présence ? Ô Ciel ! Le puis-je croire ? Ah ! Que vous me percez de mortelles douleurs ! Mais la plainte sied mal, lorsque après tant d'alarmes, À mes désirs brûlants le Ciel rend tous vos charmes, Madame, et rien ne peut troubler dans ce moment La douceur que je goûte en cet embrassement. Peut-être à mon Fils seul je dois votre présence. Je vous sais gré pourtant de cette complaisance. Hé quoi ! Votre courroux ne peut-il se fléchir ? Quand la gloire m'élève au-dessus de l'envie, Quel chagrin domestique empoisonne ma vie ? Te dois-je quelque grâce, ô Ciel ! pour tes bienfaits ; Si mes plus chers désirs ne sont point satisfaits ? Ou reprends des faveurs dont l'éclat m'importune, Ou réunis pour moi l'amour et la fortune. L'un me manquant, je suis de tous les deux trahi. Que servent tant d'honneurs, si j'en suis plus haï ? Si dans le cours pompeux d'une gloire si grande L'ingrate Mariamne en rejette l'offrande ; Si sa rigueur toujours cherche à me déchirer, Et si dans ses bras même il me faut soupirer ? Songez-vous quel lien nous unit l'un et l'autre ? Vous troublez mon repos, même aux dépens du vôtre, Et lorsque tout s'empresse au-devant de mes pas, Mes yeux vous cherchent seule et ne vous trouvent pas. Le retour d'un époux... Et moi, vous me livrez aux plus cruels tourments. Israël m'est témoin et l'Éternel lui-même... Vous voyez jusqu'où va l'aigreur de votre Mère. Mais je puis la calmer, ou du moins je l'espère, Si mon amour pour vous se trouve au mien pareil. Alcime par mon ordre assemble le Conseil. Pour la première fois venez y prendre place. J'y dois délibérer sur de grands intérêts, Et vos yeux vont s'ouvrir à d'augustes secrets, Dont la seule importance est un frein pour se taire. L'art de régner, mon Fils, est un profond mystère, Et c'est même un secret pour le seul Potentat. Le Peuple, à dire vrai, connaît mal son état, Confond les droits souvent avec les injustices, À la place des Lois ils mettent leurs caprices, De volages désirs toujours sont combattus, Et sur leurs passions jugent de nos vertus. De là ces grands revers et ces chutes sinistres. Il faut aussi, mon Fils, connaître ses Ministres. Souvent dans un faux jour ils offrent les objets, Et pour nos volontés nous donnent leurs projets. De leur ambition, de leur haine peut-être, Esclaves d'autant plus que nous croyons moins l'être. Ils ont des intérêts des nôtres différents, Ils font le crime, et nous, nous sommes les tyrans. Mais, mon Fils, mon esprit que la douleur partage, Remet à d'autres temps à s'ouvrir davantage. Sur les divers partis, sur les sages soupçons... Allez voir votre Mère. Ah ! Bien plutôt, Madame, Dites qu'un ennemi couvert et soupçonneux D'une sainte amitié cherche à rompre les noeuds ; Que contre Mariamne une cruelle envie M'ôte avec son amour le repos de ma vie. Ah ! Gardez-vous vous-même ici de m'offenser, De tous ses sentiments vous devez mieux penser. Loin de la soupçonner d'aucune injuste haine, J'impute à sa vertu cet orgueil qui l'entraîne. Je le sais bien, ma soeur, elle est trop indiscrète ; Mais de mon coeur aussi la justice secrète Lui souffrant ces discours un peu hors de saison, Dans ses emportements trouve qu'elle a raison. De quels moyens cruels n'ai-je point fait usage ? Vous-même dans ses maux contemplez votre ouvrage. Je n'ai que trop servi votre zèle indiscret, Et sous ce nom peut-être un intérêt secret, Souffrez que mon amour embrasse sa défense, Je sais que son orgueil quelquefois vous offense ; Mais le vôtre est injuste, et son illustre sang Exige qu'avec vous elle garde son rang. Rien n'est ici, Madame, à redouter pour nous, Trop heureux ! Si je puis apaiser son courroux ! Si je la crains, ce n'est que parce que je l'aime, Déjà loin de ses yeux mon supplice est extrême. Un seul de leurs regards prompt à tout embraser Peut exciter e moi le trouble, ou l'apaiser. Oui, je dois tout permettre à mon juste courroux Pour la dernière fois, cruelle, à tes genoux Sans doute tu m'as vu. Jusqu'où son insolence A poussé ses mépris, même sa violence ! Et sur quel fondement son injuste querelle ? J'arrive dans ces lieux, qu'ai-je entrepris contre elle ? S'il faut même qu'elle ait ignoré mon retour, La fortune a trahi les soins de mon amour. Son désespoir s'aigrit par mes prospérités. Ma gloire l'inquiète, et même l'importune ; Elle me souhaitait toute une autre fortune ; Et qui pouvait prévoir l'accueil que j'en reçois ? Elle ne connaît plus son Époux et son Roi. Vous savez que tantôt plein d'ardeur et de zèle, Je n'ai quitté ces lieux que pour passer chez elle. J'espérais que le temps calmerait ses esprits ; Qu'elle s'attendrirait aux larmes de son fils ; J'ai cru que par Soësme à me voir préparée, Elle rappellerait sa raison égarée, Qu'elle-même peut-être aurait honte de voir, Qu'elle avait sans respect oublié son devoir : J'entre chez elle au moins dans cette confiance Mon coeur, je l'avouerai, s'est troublé par avance. J'en prends un noir augure, et dès que je la vois Sa froideur m'interdit, et me coupe la voix, Et lorsque dans mon coeur l'amour encor l'excuse Jusques à mes regards l'ingrate se refuse. Je veux m'en plaindre. Ah ! Dieu dans quel emportement Son injuste courroux s'exhale en ce moment ! Au Ciel avec ses cris elle adresse ses larmes. Ses femmes à l'envi combattent ses alarmes Et moi j'emploie en vain pour calmer ses douleurs, Les plaintes, les respects, les prières, les pleurs. Vus le dirai-je encor ? Cette Épouse cruelle Jamais à mes regards ne se montra si belle : Mes serments ont en vain conjuré sa rigueur, Ses yeux étincelants à travers sa langueur, Et sa colère enfin d'égarements suivie, M'ont fait pâlir pour elle, et craindre pour sa vie. Peu s'en faut qu'à ses yeux terminant mes douleurs, Mon bras n'ait fait couler mon sang avec ses pleurs. Ce n'est pas tout, Madame, La pitié jusques là s'emparait de mon âme ; Je n'imputais qu'à moi ce transport furieux : Mais bientôt un torrent de mots injurieux A mis dans ses discours le comble à la licence. Elle m'a reproché mon pays, ma naissance. Je suis, si je l'en crois, un traître, un assassin, Et même un parricide, et que vous dire enfin ? À de funèbres cris ses menaces mêlées Appelant au secours des Ombres désolées, Il n'est, dit-elle, hymen, vertu, loi, ni devoir Qui puisse à l'avenir la forcer de me voir. Irrité, furieux, je me suis craint moi-même, Et suis sorti, ma soeur, dans ce désordre extrême. Et quel des miens, Madame, ose-t-on soupçonner, Qui ? Lui ! Gardez-vous de chercher à me persuader. Ciel ! Où me conduirait cette affreuse pensée, Ce soupçon si contraire à sa gloire passée ? Sans doute elle l'a pu fatiguer de ses pleurs, Et l'ingrate plongée en d'injustes douleurs, Va publiant partout les malheurs de sa race. De sa haine en tous lieux je retrouve la trace. Je punirais bientôt ce courroux indiscret, Si moi-même arrêté par un motif secret... Je crains. Auguste. D'une foule de maux à peine respirant, Et quand de ma clémence il s'est rendu garant, Irais-je dégoûtant du sang de la cruelle Mendier à ses pieds une grâce nouvelle, Montrer toujours Hérode à ses regards surpris, D'un hommage forcé redemandant le prix ? J'approuve vos conseils, ma soeur, je dois les suivre. Il faut que de ses cris enfin je me délivre. La cruelle, à ce point où je la vois venir, Si je ne la préviens saura me prévenir. J'ignore ses desseins ; mais plus je l'étudie, Plus son courroux paraît cacher sa perfidie. De trop d'aveuglement mon amour est confus. Contre Auguste en effet engageons ce refus, Et que lui-même au lieu de prendre sa défense, Me demande raison d'un orgueil qui l'offense. Disposez tout vous-même, allez, ma Soeur, allez. Mon aspect va lui seul assurer mes projets. Quoi qu'un zèle indiscret ose encor entreprendre, Rendons tous les honneurs que j'ai promis de rendre. Suis-moi. Viens, et sachons de quel oeil aujourd'hui Israël va me voir entre César et lui. Ainsi donc tout est prêt pour ce grand sacrifice. Du Pontife sacré je prends sur moi l'office ; Son refus m'offensait ; mais ses augustes droits Ne peuvent être mieux que dans les mains des Rois. À l'honneur de César rendons un juste hommage, Et si du Dieu vivant les Héros sont l'image, De la Divinité rapprocher leurs vertus, Ce n'est que révérer les dons qu'ils en ont eus. Le Ciel... Mais quoi ! Tout prêt à ceindre la Tiare Je ne sais quel esprit de mon âme s'empare. Que cet effroi secret et ce saisissement Comme un augure heureux consacre ce moment, Rende plus vive encor la splendeur immortelle. Mariamne vient-elle ? Sur son retardement ne puis-je être éclairci ? Hé bien ! Que vois-je ? Ô Ciel ! Quoi donc ? Cesse de te répandre en des discours si vains. Ô crime auquel le Ciel vengeur des parricides Semblait prêter son voile et des secours perfides ! À qui dois-je imputer ce funeste dessein ? Devrais-je à tant d'horreurs reconnaître la Reine ? Est-ce donc Mariamne et mon coeur combattu ; Pourra-t-elle accorder son crime et sa vertu ? Je vous en crois, Madame, et vous faisais injure. Voilà d'où l'Imprudente en son ressentiment Me menaçait tantôt d'un soudain châtiment, Et toi-même introduit par son ordre chez elle, Tout me prouve, Tharès, et son crime, et ton zèle. À quel affreux complot elle a pu recourir ? La perfide mourra, qui peut la secourir ? Allons, tout m'autorise, il faut qu'un grand exemple D'un pareil attentat venge l'honneur du Temple. Toi redouble ma garde, attendant son arrêt. Le crime est avéré, le Conseil est tout prêt : J'y devais de l'État régler les destinées, À cent revers toujours elles sont enchaînées, Qu'il serve à la juger ; mais ne balançons pas, Dût tomber sur moi son sang et son trépas. J'ai tout appris, cruelle, et le Ciel que j'atteste... De ton projet funeste. J'ai vu dans son rapport Tharès même en pâlir. La coupe qu'à l'Autel sa main devait remplir D'un poison que la tienne... Eh quoi ! D'un Fils encor la sacrilège main... Il secondait ta rage. Perfide, est-ce donc là prouver ton innocence ? De quels traits à mes yeux l'orgueilleuse m'accable ? Est-elle donc mon Juge, et suis-je le coupable ? Quel destin est le mien ? Eh qui n'a pas appris Le succès d'un voyage à bon droit entrepris ? Ces insignes faveurs du maître de la terre. M'inspiraient le dessein d'une nouvelle guerre, Et c'était le sujet sur quoi sans différer Votre Roi maintenant allait délibérer. Mais loin de subjuguer et l'Arabe, et le Parthe ; De ce noble projet aujourd'hui tout m'écarte. Contre moi la discorde allumant son tison Au sein de ma famille arme jusqu'au poison. Si tu v eux me prouver que tu n'es point coupable, Et que de tant d'horreurs mon fils n'est point capable, Contraint donc la nature, et laisse agir la loi. Voilà ta Mère enfin, viens l'entendre avec moi. Défends-la si tu peux, l'effort est légitime. Mais la trouvant coupable, ose punir le crime. Hé bien si cet espoir luit encor dans ton coeur, Viens. Suis-moi, que crains-tu du Conseil qui s'assemble ? Traître ! Je reconnais ton crime à ton audace. Tu n'en n'est pas encor, perfide, où tu prétends, Et bientôt contre toi mon ordre... Téméraire ! Je mets la Reine sous ta garde, Quelque soupçon qu'on m'ait donné contre ta foi, Soësme, j'ose encor m'en reposer sur toi. Perfide, arrête. Les mutins sont calmés. Mais tremble pour ta tête, Et crois que du Conseil les avis réunis, Ainsi que de la Mère ordonneront du Fils. Un égal châtiment juste autant que funeste, Du sang Asmonéen va perdre ce qui reste. Ciel ! Qu'entends-je ? Quels transports tout à coup s'élèvent dans mon coeur ! Ô Ciel ! Des pleurs si chers y rallument la flamme. Embrassez-moi, mon Fils, et laissez-nous. Madame, Au point de me venger expire mon courroux ; Mais aussi reprenez des sentiments plus doux. C'est en votre faveur que je vous en conjure. Contre toi la rigueur est un pesant fardeau. Sur mes yeux la Justice avait mis son bandeau, L'amour l'a déchiré. J'ai vu que tant de charmes Objet de mon espoir le seraient de mes larmes. De ton cruel projet le juste châtiment Loin de me soulager eut aigri mon tourment. J'aurais pleuré ta mort comme ta perfidie. Si par l'impunité ta vengeance enhardie Te porte une autre fois à quelque trahison, Use de tes rigueurs, et non pas du poison. Il suffit avec moi que ta haine s'exprime. Garde-toi de souiller ta beauté par le crime, Et sur mon coeur pour toi si longtemps combattu, Autant que tes attraits, fais régner ta vertu. En des jours plus sereins ta vie est assurée, Tu sais combien toujours elle me fut sacrée ; Et quoi que désormais il en puisse arriver, Je mourrais mille fois pour te la conserver, À tes moindres désirs la mienne est asservie. Ciel ! Que prétend encor ta défiance injuste ? Explique-toi. Auguste... Où tend ici ce reproche indiscret ? Ah ! J'entends. Un ingrat a trahi mon secret. Mes malheurs sont comblés. Que sans perdre de temps on immole Soësme... Tout est examiné. Je sais quel intérêt, quel espoir l'a surpris. Il n'eût point exposé ses jours, sa renommée, La faveur de son Roi, s'il ne t'eût point aimée ; S'il n'eût cru que sensible à ses indignes feux, Ta lâcheté bientôt... Ton infidélité redouble ton orgueil, Mais déjà l'un et l'autre ont creusé ton cercueil. Et je veux qu'à ton crime on égale ta peine. Dans son appartement, Gardes, qu'on la ramène. Qu'allais-je faire ! Ô Ciel ! Sensible à ses alarmes Je lui pardonnais tout, je cédais à ses larmes, Lorsque dans le transport d'un courroux indiscret Moi-même j'ai surpris son funeste secret : Soësme... Quel excès d'une honte éternelle ? Mariamne l'aimait, l'ingrat brûlait pour elle. Sur son perfide coeur le mien est éclairé. Prétends-tu de leur crime attaquer l'évidence ? Ô Ciel ! Un juste arrêt traîne-t-il après soi Ces secrets mouvements qui me glacent d'effroi ? Cher Alcime, va cours, prends soin de le surprendre. Qu'on appelle Tharès, je veux encore l'entendre. Dans mes cruels soupçons ne puis-je être éclairci ? Et s'il faut qu'en effet... Il entre, le voici. Si Mariamne meurt, c'est sur ton témoignage. Ton rapport est-il vrai ? Je vois sur ton visage Le trouble, la pâleur compagne du remords. Prépare-toi donc aux plus cruels supplices, Et viens dans les tourments déclarer tes complices. Tu te flattes, je sens qu'injuste ou légitime Ton supplice me va soulager. Le sang de l'innocence élevé contre toi, La vérité sacrée. Poursuis. Il s'égare. Parle... La Reine est innocente ? Ô projet trop funeste ! Monstre qu'épargne à tort la colère céleste, Crains... Malheureux tu te rends Justice. Ah traître à la vertu quand tu fais tant d'outrage, Est-ce à toi de mourir avec ce grand courage ? Qu'on l'ôte de mes yeux, et toi, perfide soeur Tu ne jouiras pas de ton crime. Où ta douleur, mon Fils, va-t-elle s'égarer ? La Reine vit encor. Mariamne n'est plus ? Satisfais, tu le dois, le courroux qui t'enflamme, Et méconnais ton Père aux fureurs de son âme. Frappe, tranche une vie à ta douleur offerte... J'ai fait mourir ta Mère... Venge-la sur moi seul. Au comble parvenus Mes forfaits... Tu n'en dois qu'à moi seul imputer tout le crime. Quel fatal ascendant m'en imposa la loi ? Que dis-je ? C'est un crime entre le Ciel et moi, Il en est le complice et pourtant il m'opprime J'entends gronder la foudre, il veut une victime... Et moi-même frappé par d'invisibles coups Je sens... ose achever, et remplis ton courroux C'est de toi que j'attends un si juste salaire. Esclave de tes Rois, trop soigneux de leur plaire, Peuple, qui m'as livré toi-même ces États, Ta lâche complaisance a fait mes attentats. Mais, que dis-je ? Un pouvoir de qui dépend le nôtre Dans ses décrets cachés nous punit l'un par l'autre ; Le Sceptre de Juda remis entre mes mains Annonce ta ruine au reste des humains, Te présage sans fin de sanglantes disgrâces, Et l'opprobre passant à tes dernières races, Ce Trône mis en poudre, et le Temple détruit... Au plus grand des forfaits je ne dois point survivre, Mariamne n'est plus, c'est à moi de la suivre. Crois-tu me consoler dans ma douleur amère, Quand tu m'offres la voix et les traits de ta Mère ? Non, rien ne peut calmer mon trouble et mon effroi, Elle me suit partout, je l'entends, je la vois, Mon coeur est déchiré de ses clameurs funèbres, Elle fuit, et se perd dans l'horreur des ténèbres. Chère Ombre ! Arrête, attends, je te remets mon sort. Regarde un malheureux qui cherche ici la mort, Qui d'un horrible jour fuit la clarté funeste, Je viens de te l'ôter, sans toi je la déteste, Souffre, que de mon sang rachetant mes forfaits, J'expie auprès de toi les maux que je t'ai faits. **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_MARIAMNE *date_1725 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mariamne Madame, il est trop vrai, votre crainte était juste, Un bruit sourd se répand jusqu'au Trône d'Auguste. Hérode en va subir l'inflexible rigueur. Il attend son destin de l'arrêt du vainqueur. Le ciel de vos malheurs veut terminer le nombre. Le fier ami d'Antoine en va rejoindre l'Ombre. De ses plus affidés le visage interdit, Leur trouble, leur silence, en un mot tout vous dit... Que dis-tu là toi-même ? Arrête et considère Que tout cruel qu'il est, se gloire encor m'est chère. De toute ma famille il usurpa les droits. Il s'assit fièrement au Trône de ses Rois, Et je sais ce qu'il est, et combien je suis née Au-dessus de son rang et de son hyménée. Mais tu n'ignores point combien a de pouvoir Sur celles de mon Sang le sévère devoir ; Que leur gloire attachée à la plus haute estime D'un noeud mal assorti fait un droit légitime, Asservit tous nos voeux à l'honneur d'un Époux, Phoedime, la vertu n'a qu'un degré pour nous. Mais pourquoi s'alarmer d'une crainte importune ? Et que ne peuvent point Hérode et sa fortune ? Tu sais comme accusé de forfaits éclatants, Mon Aïeul le cita qu'il n'avait pas vingt ans. Il parut, mais en Juge, et non point en coupable : D'un Conseil jusqu'alors auguste et redoutable Toute la Majesté devant lui s'avilit, Et sur le Trône assis Hircan même en pâlit. Crois-tu que de sa foi la victime lui-même Hérode... Mais enfin je ne vois point Soësme. Ne m'avais-tu pas dit qu'il se rendrait ici, Qu'il voulait me parler ? Madame le voici. Phoedime laisse-nous. Qu'avez-vous à m'apprendre, Soësme ? Achevez. Et du Roi sur ce bruit réglant la destinée Jusques là de son sort Soësme est incertain ; Lui qui partageant seul le pouvoir souverain, Dans l'absence d'Hérode, à ses ordres fidèle Nous tient mon fils et moi soumis à sa tutelle ! J'ignore si parmi de confuses alarmes, C'est faiblesse ou vertu qui m'arrache des larmes. Je tremble du péril qui menace ses jours, Mais mon ressentiment n'a point fini son cours. Je m'afflige en secret quand ma haine est ouverte : Détestant ses rigueurs je redoute sa perte, Je devrais la poursuivre, et rappelant mes droits Faire de mes malheurs la querelle des Rois ; Dans ma vengeance même intéresser Auguste. Mais je la crains autant qu'elle me parut juste. Ô d'une âme accablée imprudent entretien ! Je me plains qu'aujourd'hui le Ciel me sert trop bien. Sors plutôt de mon coeur, impérieux scrupule. Qu'en l'éternelle nuit mon frère Aristobule, Qu'Hircan jusques à moi, que tant d'autres proscrits Du fond de leurs tombeaux élèvent mille cris ; Qu'ils rallument ma haine, aussi bien le perfide Ne mettrait point de borne au courroux qui le guide. Où tendent ces discours ? Dans quel transport votre zèle s'égare ? Soësme ? Expliquez-vous. Et qu'est-ce qu'a produit ce discours sur votre âme ? Que lui promîtes-vous ? Jusques ici comment avez-vous pu vous taire ? Mon fils vient. S'il se peut, renfermons dans mon âme Le trouble dont je suis agitée. Calmez, mon fils, calmez un transport que j'approuve Moi-même encor du Roi j'ignore le destin : On n'a fait de sa mort qu'un rapport incertain. Que sais-je ? Plus heureux il respire peut-être, Mais Auguste est vainqueur, respectez un tel maître. Peut-être un jour mon Fils vous en aurez besoin, Ne poussez point ici vos murmures plus loin. Et qui sait si l'effort d'une main sanguinaire... Mon fils, votre aspect me rappelle mon frère. La nature se joue en de vivants portraits. Il était votre image, ou vous avez ses traits. Les grâces, la douceur des vaillants Maccabées Brillaient encor en lui du Ciel même tombées. Que sa tête charmante, et sa noble pudeur De sa Tiare encor relevaient la splendeur ! Quand sur ses pas en foule accouru dans le Temple, Avec avidité le peuple le contemple, Et qu'il admire en lui le reste de ses Rois. Ce fur pour la première, et la dernière fois Hélas ! De ma maison j'ai vu tomber la gloire. Ce jour, ce cruel jour frappe encor ma mémoire, Où plongé dans les eaux par de perfides mains, A péri devant moi le plus cher des humains. L'horreur sur son visage est tout à coup empreinte ; Et de ses yeux ouverts la lumière est éteinte, Il n'offre plus qu'un corps meurtri, défiguré. Le Temple en fut ému, le voile déchiré, Le Ciel gronda, le jour se couvrit de nuages, Et le Jourdain sanglant inonda ses rivages. Mon Fils, vous devez mieux juger de ma tendresse. Ne me condamnez point. Vous saurez tôt ou tard Ce qui cause mon trouble et d'où ma douleur part. Mais sachons quel avis Phoedime nous apporte. Madame, j'ai laissé Salome à votre porte, Pour vous en informer je devance ses pas, Tu peux la prévenir, je ne la verrai pas. Tu ne connais que trop l'accueil qu'elle mérite, Tu sais jusqu'à quel point sa présence m'irrite. Voudrais-tu dans mon trouble, avec un nouveau soin, De ses perfides pleurs me rendre le témoin ? Phoedime, jusques là je ne puis me contraindre. Allons, mon Fils rentrons. Ah ! Que j'ai lieu de craindre D'un mépris trop marqué les retours éclatants ! La Reine s'est soustraite à nos yeux. Madame, c'est assez. Hélas ! Tous mes malheurs Ne sont connus, mon Fils, que du Dieu que j'implore ; Mais Phoedime à mes yeux ne s'offre point encore. Ciel ! Quels sujets d'effroi pour mon coeur agité ? Une Cour disparue, un Palais déserté, Le Peuple qu'en ces murs un nouveau trouble excite, Et qui de tous côtés vole, et se précipite ; Les airs qui de ses cris retentissent partout ; Solyme en mouvement de l'un à l'autre bout, La nouvelle, mon fils, n'est que trop affermie, Votre père est proscrit. Enfin notre ennemie Exécute un projet dès longtemps médité, Le Sceptre de Juda vous est peut-être ôté. Le Sang d'Antipater... Madame, votre sort va prendre une autre face. Déjà j'ai vu Tharès, et bientôt dans ces lieux Hérode va paraître encor plus glorieux. Ciel ! De ses grands desseins le cours toujours prospère... Hérode vit encor ? Non loin de nos remparts il a, dit-on, paru, Au-devant de ses pas tout un peuple a couru. Soësme m'a chargé d'en informer la Reine. Tout part ; et chacun suit l'exemple qui l'entraîne, De divers sentiments se laisse pénétrer. Il en est temps : venez vous-même vous montrer. Ah ! Loin de ce Palais sans plus t'en rendre compte, Que ne puis-je, Phoedime, aller cacher ma honte ! Ne peux-tu pas toi-même assez te rappeler Ce qui doit de ses yeux pour jamais m'exiler ? Et sans te découvrir jusques où va sa rage, Toi-même tu peux voir par quel nouvel outrage Il cherche à m'immoler au mépris de sa Cour. Il me laisse ignorer sa vie et son retour. À l'ombre de mon Trône encor plus méprisée, Je vais de tout un Peuple essuyer la risée. Hé bien, va le trouver, Phoedime, en ce moment, Et dis-lui qu'il m'attende en mon appartement. Je connais votre Père, et sur son injustice, Ai-je besoin, mon fils, qu'un autre m'éclaircisse ? De tous mes droits ainsi perfide ravisseur, Il m'abandonne en proie à l'orgueil de sa soeur. Mais puisque ma vertu devient mon seul asile... Gardez-vous de confondre, et ma cause et la vôtre. Je sais quel noeud sacré nous unit l'un et l'autre. Mais songez bien qu'un Père est aussi votre Roi, Et laissez l'Éternel, Juge entre Hérode et moi. Sa gloire autant que lui, mon fils, vous intéresse ; Au-devant de ses pas montrez votre allégresse. Allez, et ménageant de puissants intérêts, Dans les embrassements oubliez mes regrets. Quelle affreuse contrainte ? Et que veut-on de moi ? Jouissez à loisir, Seigneur, de votre gloire, Des dépouilles d'Antoine, et laissez-moi mes pleurs. Que parlez-vous de plainte ? Et sur quoi fondez-vous Seigneur, ce dernier trait d'un injuste courroux ? Est-ce que sous vos lois comme une autre rangée, À toute heure, en tous lieux, de témoins assiégée, De vos ordres pressants j'ai voulu m'affranchir ? Je vois avec surprise Dans quel reproche ici votre coeur s'autorise. Quelques avis du moins devaient me préparer À ce retour soudain qu'on me laisse ignorer ? Je dois en soupçonner d'indignes artifices. Dans le Temple pour vous fumaient des sacrifices Lorsque de votre mort le bruit s'est répandu. La Cour était en crainte et le Peuple éperdu. De ce faux bruit sans doute on ménageait l'usage, C'était pour observer mon pas et mon visage, On voulait abuser de ma crédulité ; On me donnait la mort avec tranquillité, Et déjà... Mais, Seigneur, souffrez que je vous laisse. Je ne sais tout à coup quelle douleur me presse. Daignez me pardonner ces tristes mouvements. Gardez-vous d'attester sa puissance suprême, Ces augustes serments ne vous sont plus permis, Quand par vous à César des Autels sont promis. Pour lui d'un nouveau Temple allez tracer l'enceinte, De profanations souillez la Cité Sainte, Faites à tant d'horreurs remonter le Jourdain ; Mais craignez d'éprouver un châtiment soudain. Que vois-je ? Où suis-je ? Ô Ciel ! Quelles mains sacrilèges De l'Autel du vrai Dieu souillent les privilèges ? L'abomination règne aux lieux les plus saints. De quoi me parles-tu ? Ô fureur qui m'opprime ! Ton Fils est innocent. Il hait les attentats, quoique sorti de toi. Ces flancs qui l'ont porté sont garants de sa foi, Ainsi que tant de Rois auteurs de sa naissance. De quoi que ta fureur ose se défier, Il ne me convient point de me justifier, Surtout lorsqu'en esclave en ces lieux amenée, Ce n'est que de toi seul que je suis soupçonnée. Un perfide rapport n'a point dû t'entraîner, Et bien moins qu'à Tharès je dois te pardonner. Esclaves des Tyrans, quoi que vous puissiez faire, N'attendez point de nous ni plainte, ni colère. Quand vous suivez des Rois les ordres rigoureux, Vous vous chargez du crime, et la honte est pour eux. Si pourtant sans descendre à de bas artifices Tu n'es que le jouet de tes propres caprices, Si la surprise a part à ton inimitié, Roi cruel, je te dois encor quelque pitié. Dis plutôt que ta main protège l'imposture. Vous vous perdez, mon Fils ! Ô comble de disgrâce ! Ainsi ce nouvel ordre est remis à Soësme ? Obéissez au Roi ; c'est là votre devoir, Soësme, et ne chargeant que moi de ma défense, Abandonnez un soin dont ma vertu s'offense. De ses maux Mariamne envisageant le cours De sa seule innocence attend tous ses secours. Mais tournez vos efforts du côté d'Alexandre, Et s'il se peut du moins... Ah ! Que viens-tu m'apprendre ? Parle, que fait mon Fils ? Je ne crains que pour lui. Tout un Peuple en fureur le prend sous son appui, Reste de tant de Rois qu'en lui chacun contemple. Hé que prétendent-ils ? Ils le mènent au Temple. Et sans doute, Madame, aux pieds de l'Éternel Vont se lier entre eux d'un serment solennel Pour sauver de l'orage une tête si chère, Venger l'honneur du Temple, et les pleurs d'une Mère ; Et ces grands intérêts entre leurs mains remis Vont rejeter l'effroi parmi vos ennemis. Hé bien j'y vais montrer la fille de vos Rois, L'héritière du Sceptre. Instruite de mes droits Dans quelque extrémité que le sort m'est réduite, Je sais que je ne dois compte de ma conduite Qu'au grand Dieu d'Israël, qui prêt à me venger Seul du haut de son Trône a droit de me juger. Je tiens de lui le mien, non de la tyrannie. Mais parmi des soupçons indignes de ma vie, Je dois à ma famille, à tout l'État, à moi, Le soin d'en garantir et ma gloire, et ma foi. À quelle épreuve encor prétend-t-on me réduire ? À prolonger mes maux, quelle haine obstinée Suspend encor la mort où l'on m'a condamnée ? Pardonne-moi, Grand Dieu ! Seul Juge souverain, Si j‘ai vu mon Arrêt avec un oeil serein ; Si je porte au tombeau l'orgueil de ma naissance ; Tu sais que j'y descends avec mon innocence ; Que mes jours ont coulé dans les pleurs, les regrets. Je ne veux point percer tes augustes secrets ; Mais le sang de Juda que l'injustice opprime Va descendre du Trône, et faire place au crime. Non, je vous le défends. Profitez seulement, mon Fils, de ma disgrâce, Songez à prévenir le coup qui vous menace. Il en est déjà temps, le Roi trop inhumain S'est aux plus grands excès aplani le chemin. Vous avez en ces lieux un fière ennemie. Tous mes malheurs, mon Fils, les crimes de sa vie Lui font de votre perte une nécessité, Et par elle à son gré l'orage est excité. Que dis-je ? Ici mon âme à soi-même rendue, Porte dans l'avenir plus sûrement sa vue. Tous nos derniers moments sont des moments sacrés. Je vois auprès des miens meurtris et massacrés, Et ma place, et la vôtre, osez la reconnaître. S'il faut que le malheur du sang qui vous fit naître Vous coûte les horreurs qu'il entraîne après soi, Vivez digne de lui, mais mourez comme moi. Ah ! Craignez pour vous-même un dangereux effort. Si l'on peut vous sauver, ce n'est que par ma mort. Mon sang seul peut du Roi calmer la violence. Dans les bras de la mort, Ciel ! Faut-il encor craindre ? Fuyez, mon Fils. Jouissez en effet d'un si noble courroux, Et perdez tous les noms, et de père et d'époux : Je vois que dépouillant une pitié secrète, Aussi bien que l'amour la nature est muette. Barbare... Auprès de toi ton Fils est sans appui. Te voilà maintenant, entre ta femme et lui, Ose les regarder, ils vont perdre la vie. Tu pâlis. Que crains-tu ? Contente ton envie. Hâte-toi. Mais apprends, que malgré ton courroux Tu n'es en sûreté peut-être qu'entre nous. Arme-toi d'un coeur inexorable, Ta main en me perdant me devient secourable. Plus ta rigueur s'accroît, et plus je la bénis Quand tu tranches mes jours tous mes maux sont finis. Je recueille le fruit de tes lâches adresses, Et ta haine me sert bien mieux que tes tendresses. La mort va séparer ce que le Ciel unit. Lui-même, il me fait grâce, et c'est toi qu'il punit. C'est dans tes derniers coups son bras que je révère. Si pourtant je me plains de ton arrêt sévère, Si j'emporte un regret des maux que tu me fis, Tu dois le pardonner, c'est l'intérêt d'un fils, Malheureux rejeton d'une union fatale ! Tu meurs, une marâtre et superbe rivale Doit avec ma dépouille enlever tous ces droits Que t'acquiert à toi seul le sang de tant de Rois. Toi, Ciel ! Pardonne-moi de si justes alarmes, Et daigne à la nature accorder quelques larmes, Faibles soulagements d'une injuste rigueur. Quel garant du retour que ta bouche me jure ? Toi, cruel ! Tu mourrais pour assurer ma vie ? Non, non, je te connais, et quoique sans retour Ta haine est moins à craindre encor que ton amour. Perfide ! Quand tu craignais qu'Auguste... Dans quelle erreur extrême... De quel courroux épris... Que dis-tu, malheureux ? Ah qu'aisément un coeur dont la gloire est bannie, Du crime sur autrui jette l'ignominie ? De ton aspect du moins la mort va m'affranchir. Adieu. Garde-toi bien de te laisser fléchir. **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ALEXANDRE *date_1725 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_alexandre Ah ! Madame, Permettez que mon coeur percé de mille traits Vienne dans votre sein répandre ses regrets. Mon Père n'est donc plus ? La fortune ennemie En retranchant ses jours les couvre d'infamie ? Ainsi le sang des Rois ne se respecte plus. D'Auguste tant vanté sont-ce là les vertus ? Jusques là souille-t-il la gloire de ses armes ? J'entrevois vos conseils, et je sens que vos larmes Réchauffent dans mon coeur ces fiers ressentiments Qu'une vengeance illustre irrite à tous moments ; Qu'enfin tout doit céder aux douleurs que j'éprouve. Ciel ! Ciel ! Où votre douleur va-t-elle s'égarer ? Quel souvenir encor vient de vous déchirer ? Oubliez les malheurs de votre auguste Race. Songez aux maux présents, et qu'une autre disgrâce Assaillit votre coeur déjà trop abattu, Et plus cruelle encor s'offre à votre vertu. Mon âme à ce transport ne s'est point attendue. Hé quoi ! Vous ne pouvez détourner votre vue Des objets éloignés qui viennent vous frapper, Quand l'intérêt d'un Fils doit seul vous occuper ? Ciel ! À qui dans mes maux faut-il que je m'adresse ? Ah ! Du moins attendez qu'un avis plus fidèle, De la mort de mon père assure la nouvelle, Madame, et jusques là suspendez vos douleurs. Que l'intérêt d'un fils... Ah ! Quoi qu'il ose attendre, Le fils de Mariamne a seul droit d'y prétendre. D'un autre hymen mon père avait subi la loi. Mon frère est fils d'Hérode, et je suis fils du Roi. Je vais aux yeux des Juifs, dans ce malheur funeste, Des grands Asmonéens présenter ce qui reste ; Ou mon sang, s'il le faut dignement répandu Leur prouvera bientôt que j'en suis descendu, Et que loin de souiller la gloire de leur race... Le Ciel me rend mon Père ? Ah ! Ses ordres sans doute ont été mal suivis. De son retour, Salome interceptant l'avis, La cruelle a joui de votre inquiétude. Interrogez Tharès dans cette incertitude. Je ne puis vous entendre avec un coeur tranquille Madame, c'en est fait, ou daignez vous calmer, Ou pour votre querelle enfin je vais m'armer. C'est trop vous voir plongée en des ennuis si sombres, Vos cris de vos aïeux ont évoqué les Ombres, Et leur plainte mêlée à votre désespoir Par votre bouche ici m'annonce mon devoir. Ô vertu que j'admire ! Ainsi donc la nature Ne permet à mon coeur ni plainte ni murmure ? Ses plus chers intérêts opposés tour à tour, À mes ressentiments ne laissent aucun jour ? J'entends du bruit. On vient. Partons. C'est trop attendre. Souffrez, Seigneur, souffrez... Ah ! Seigneur, est-ce à moi que ce discours s'adresse ? Permettez-moi plutôt de me plaindre à mon tour. À peine en ce moment j'apprends votre retour ? Que n'avez-vous pu voir dans nos justes alarmes, Le trouble de la Reine, et le cours de mes larmes ? Ce Palais de nos cris doit encor retentir... Seigneur, je sens le prix d'une pareille grâce, Et quand vous voudrez bien vous-même m'enseigner Ce grand art que le Ciel vous donna pour régner, Jeune encor au Conseil, et sans expérience J'espère m'y montrer digne de ma naissance. Vos exemples, Seigneur, abrègent les leçons. Je vous cherchais, Madame. Tout va changer de face, et calmant son courroux, Le Ciel semble répondre à mes voeux les plus doux. Hérode est affligé des chagrins de ma mère, Il brûle d'apaiser une injuste colère. La Reine, si j'en crois ses tendres mouvements, Est prête à m'immoler tous ses ressentiments, Et me montrant un coeur sensible à mes alarmes M'a tenu dans ses bras tout baigné de ses larmes. Madame ; ce discours qui me flatte et me touche À tous vos ennemis devrait fermer la bouche ; Vous seule dans ces lieux, si j'en crois leur rapport, Aigrissez les esprits et troublez leur accord, J'en vois de tristes fruits ; le motif, je l'ignore, Je puis l'apprendre. Enfin le Ciel permet encore Que deux coeurs désunis puissent se rapprocher. Si d'un Frère et d'un Roi le repos vous est cher, Soutenez cette paix par vos conseils, Madame : Mais si quelque chagrin trouble encore sa grande âme ; Si la discorde encor souffle ici son poison, Je ne dois qu'à vous seule en demander raison. Je vous entends, Madame, et vois par quelle adresse Vous pourriez loin de moi détourner sa tendresse, Et malgré ses bontés exciter ses soupçons. De votre inimitié j'ignore les raisons. Et puisqu'il faut enfin s'en expliquer, Madame, Son invincible preuve est au fond de mon âme. Le Ciel sur nos destins nous éclaire à regret ; Mais sa main dans nos coeurs verse un instinct secret, Qui par les mouvements que sa révolte inspire Désigne l'ennemi qui contre nous conspire. Mon coeur ne fut jamais tranquille à votre aspect. Jusques à vos bienfaits tout me devient suspect. D'un pareil ascendant corrigez le caprice. Respectez Mariamne, et faites-vous justice ; Mais qu'elle n'en soit pas convaincue à demi, Ou ne voyez en moi qu'un mortel ennemi. À la Reine, Seigneur, épargnez cet outrage. Oui, c'est trop outrager l'amour et la nature. Reconnaissez, Seigneur, vos plus grands ennemis Au soin de vous armer contre une épouse, un fils. Moi ! Que j'entre au Conseil pour la première fois Pour l'y voir exposée au caprice des lois ? Pour voir ainsi souiller d'une tache éternelle La Majesté des Rois qui revivent en elle ? ⁎ Quels droits, quels intérêts prétend-on discuter ? ⁎ Quel arrêt rendre ici, sur qui l'exécuter ? De la Reine aujourd'hui quel serait le refuge ? C'est vous qui l'accusez, et je serais son Juge ? De quels soupçons croit-on que je sois combattu ? Le sang qui coule en moi répond de sa vertu, Le Ciel n'est pas plus pur. Quoi que souffle la rage, La vérité bientôt percera le nuage, Et dans tous les espoirs portant un trait vainqueur... J'irai pour la défendre, et le venger ensemble ; Pour punir l'imposture, et sans crainte à vos yeux J'irai faire parler le sang de ses aïeux. La foi dans tous les coeurs ne peut être attiédie, Ou si je n'y trouvais que crainte, et perfidie, Malheur alors à qui m'osera contester Des droits que vous devez vous-même respecter. Je vois tous les ressorts d'une odieuse intrigue, La vengeance, l'orgueil, l'intérêt, tout se ligue, Et ce projet tramé par de perfides mains À d'autres attentats ouvre encor des chemins. Mais je n'écoute plus qu'un transport légitime. Vos Juges deviendront eux-mêmes la victime, Madame, leur Conseil n'est qu'un complot affreux ; S'ils condamnent leur Reine, ils prononcent contre eux. Je l'attends. En vain de votre mort on dresse les apprêts. Pour défendre vos jours nos amis sont tout prêts, Venez ; espérez tout de leur vaillante escorte. Le Peuple du Palais vient d'assiéger la porte, Et de vos ennemis jusqu'ici triomphants Je saurai réprimer... Ah ! Puisque jusques là mon sort vous intéresse, Madame, suivez-moi, le temps, le péril presse. Moi, fuir ! Je bénis son courroux. Je ne puis vous venger ; mais je meurs avec vous. Apprenons toutefois comment... Ah ! Seigneur Reprenez tout mon sang, je vous l'offre sans peine. Ajoutez mon supplice à celui de la Reine. Elle vient d'expirer. Non, Seigneur, et la vie Dans ce même Palais lui vient d'être ravie Tandis qu'à l'échafaud qu'on venait d'élever Tout un Peuple éperdu l'attend pour la sauver. Ah ! Je sais trop sur qui doit tomber mon courroux, Et quelque noeud sacré qui l'unisse avec vous... Il faut venger sa perte. De sa mort les auteurs sont connus, Vous entendez leurs noms dans les pleurs de Solyme. Vivez, et que bientôt la gloire qui vous fuit... Elle vous laisse un Fils, que percent vos douleurs. Permettez que sa main puisse essuyer vos pleurs. **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_SALOME *date_1725 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_salome Je t'entends. Je sais de ses chagrins la cause déplorable, Et prendrai pour la voir un moment favorable. Mais qu'elle sache au moins que dans mes déplaisirs, Je venais joindre ici mes pleurs à ses soupirs, Et dans le bruit public d'un changement funeste, De mes faibles secours offrir tout ce qui reste. De tes cruels mépris Avec usure encor je te garde le prix, Reine trop orgueilleuse, et tu vas me connaître. As-tu cru qu'à l'outrage insensible peut-être, Esclave comme un autre, et timide à mon tour, De ta vaine faveur j'attendais le retour ? Que je la briguerais ? Avec quelle insolence Tu m'as fait mille fois rougir de ma naissance ? Si la splendeur du sang n'est point donnée à tous, La gloire pour le moins ne dépend que de nous, Elle éleva mon frère au Trône de Judée. Élise, il est temps, sors toi-même d'erreur. Au gré de mes désirs aujourd'hui tout conspire. Hérode vit encor. Mais c'est peu qu'il respire, Les soupçons devant lui d'abord sont disparus, Sa gloire est confirmée et ses honneurs accrus. Que te dirai-je encor ? Soit prudence, ou caprice ; Le Roi doit à César offrir un sacrifice. C'est ce qu'en arrivant lui-même il s'est promis De tout ce grand pouvoir entre ses mais remis. Arrête. C'est sur quoi je médite un projet, Dont je ne t'ose encor confier l'importance. Tharès qui me l'écrit n'en dit pas davantage. De tous mes confidents connais le plus fidèle, Il attend que ma main couronne un jour son zèle, C'est ce qu'adroitement je lui laisse espérer, Non que la sienne enfin pût me déshonorer, Sa naissance est illustre ; il est fils de Tadée, Qui sous le vieux Hircan gouverna la Judée. Enfin hier en secret j'en reçus un exprès, Il m'apprend son départ, et qu'Hérode de près Sur ses pas... C'est moi qui de sa mort ai semé la nouvelle. De mes desseins secrets mes amis informés Pour tout autre ont tenu les passages fermés. Ainsi de tous les bruits me rendant la Maîtresse, Je n'en répands aucun qu'autant qu'il m'intéresse. J'ai voulu m'appuyant par de feintes douleurs Frapper tous les esprits et sonder tous les coeurs, Et dans tous mes projets toujours plus affermie, À l'aide de ses soins, perdre mon ennemie. Je rends à son orgueil tous les maux qu'il m'a faits. Toi ! D'un rapport menteur admire les effets, Vois au bruit d'une mort à peine divulguée Les divers mouvements d'une Cour intriguée, D'un Peuple factieux les différents partis Et de tant d'intérêts les noeuds mal assortis. De ce trouble commun je vois ce qui peut naître. Que de moyens ouverts à qui les sait connaître ? J'en ai besoin, Élise, on peut l'imaginer, Quand sous le nom d'autrui nous voulons gouverner. Maudite ambition ! Gloire trop importune ! Vils esclaves des Rois, et de notre fortune, Et victime à la fin d'un État en courroux, Le repos n'est point fait ni pour eux ni pour nous. Mais on vient. C'est Tharès. C'est mal choisir le lieu, Tharès, et le moment, Toutefois parlez-moi. Le jour qui nous éclaire À ses peuples surpris va-t-il rendre mon Frère ? Racontez-moi, Tharès, cette illustre aventure Mais quoique seuls, songez que ces murs aujourd'hui... Mon âme à ce récit demeure encor troublée. Tel se montre un grand coeur que le revers éprouve. La Reine va sur lui reprendre son pouvoir Sans doute. Vous savez entre nous quels projets concertés, Tharès, et quels serments par la gloire dictés, Doivent unir nos coeurs, nos intérêts... C'est assez, mais surtout ôtons-nous de ces lieux. Hé quoi déjà votre âme, Seigneur, d'un nouveau trouble... Ah ! Reconnaissez mieux cet ennemi, Seigneur, Et ne le cherchez point ailleurs qu'en votre coeur. Souffrez ma liberté, c'est de votre faiblesse Que naît l'excès d'orgueil qui la perd, et nous blesse Cessez de vous trahir. D'un soin trop dangereux Vous cherchez à nourrir un amour malheureux : Pour vaincre ses dédains, et la fléchir peut-être, Dans un Époux haï, faites-lui voir un maître. Avec tant de vertu, dans leur injuste cours, Seigneur, j'ignore l'art d'accorder ses discours. Elle devrait du moins plus humble en ses misères Supprimer tous les noms d'Assassin de ses Pères, De lâche Usurpateur, de Tyran odieux Qui n'a connu qu'Antoine, et César pour ses Dieux. Je le vois bien, Seigneur, quoi qu'elle ose entreprendre, Il est temps de me taire, et c'est à moi d'apprendre À souffrir ses mépris désormais trop certains ; Mais il faut espérer, grâces à vos destins, Que ses cris soutenus des droits de sa naissance Sur un Peuple volage auront peu de puissance Avant que le Conseil soit prêt à s'assembler, J'ai cru devoir Soësme, in moment vous parler. Vous savez combien je vous estime, De quels secours partout appuyant votre espoir... Je m'en plaindrais à tort. Et lorsque Auguste et Rome S'empressent pour Hérode et d'une égale ardeur Viennent sur tant d'États d'élever sa grandeur ; Que tant d'honneur se joint à son pouvoir suprême, Sans doute que le Roi vous retrouve le même, Et que dans votre sein du même zèle épris Sa main de sa faveur va recueillir le prix ? Oui, Soësme, sur vous tous les yeux sont ouverts. Le Roi, vous confia la garde de la Reine, Son retour en ces lieux n'a-t-il rien qui vous gêne ? J'ignore en ses secrets jusqu'à quel point admis, Quels ordres importants vous ont été remis. Mais pour elle vos soins et votre complaisance N'ont que trop augmenté l'orgueil de sa naissance. Tout un Peuple déjà semblait se diviser. Dans l'absence d'Hérode elle a pu tout oser. Elle l'a cru perdu. La Cour trop mal instruite... Ce zèle doit trouver son prix. Le Ciel est juste, Il vient de prononcer par la bouche d'Auguste. Vous le savez... Enfin j'ignore quels projets Du Conseil assemblé vont être les objets. Mais le Roi devenu plus sombre, et plus farouche Recèle dans son coeur un chagrin qui le touche. J'ignore quel rapport vient de le prévenir. Trop ardent à juger et plus prompt à punir, On sait à quels transports souvent il s'abandonne. Profitez de l'avis que Salome vous donne. On ouvre. C'est Tharès que j'avais demandé. Il suffit, j'entrevois l'intérêt qui l'entraîne, Et c'est à moi... Je viens d'en être instruite, et sais votre audience : Je rends grâce à vos soins par qui sont écartés Les soupçons que sur moi Mariamne a jetés. Il est bon qu'en effet la Reine puisse croire Qu'Hérode chez Auguste enivré de sa gloire, Ait même négligé de la faire avertir De sa grâce, et du temps qu'il a voulu partir. De ce même entretien j'attends bientôt le fruit, Et le Ciel chez la Reine exprès vous a conduit. Servez-les seulement, je me charge du reste. Quelque ardeur que pour elle Hérode ait dans le sein, C'est même sa beauté qui sert notre dessein. Je l'ai vu quelquefois pénétré de ses charmes Me venir con fier ses secrètes alarmes, Et dans le triste cours de ses transports jaloux À ses attraits, Tharès, mesurez son courroux. L'Amour seul est l'auteur du tourment qui l'accable ; Mais vous d'un grand effort vous sentez-vous capable ? Au Trône de plus loin Hérode est parvenu. C'est vous en dire assez, le reste il le faut taire. De mon dessein bientôt vous saurez le mystère. Dans ce même palais déjà sont ordonnés, De sublimes honneurs à César décernés... Hé bien Élise ? J'ai peine à croire entre eux autant d'intelligence. Sa fierté jusques là n'a pu se démentir, Et sa haine s'accroît loin de se ralentir. Le dépit et l'effroi contre lui tout s'assemble : Mais pour en bien juger il faut les voir ensemble, Mariamne sait mal composer son maintien : Son coeur à découvert dans tout son entretien, Et toujours dépendant d'une vertu farouche Ne suit que son chagrin ou l'orgueil qui la touche. J'attends ici le Roi, s'il faut que par sa flamme Mes projets traversés... D'un pareil changement mon coeur n'est point surpris. Les vertus de la Reine ont retrouvé leur prix. Le Roi, quoi qu'il soupçonne, est sûr de sa tendresse. Et vous qui me venez marquer votre allégresse, En vous montrant par là digne d'elle et de lui De leur réunion vous devenez l'appui. Prince, j'ignore encor d'où ce transport peut naître, Et Salome à ces traits doit peu se reconnaître ; Mais vous-même apprenez à mieux juger du Roi, Ce ne serait qu'à lui de répondre pour moi. Je vois dans cette plainte à moi seule adressée, Plus que la mienne encor sa gloire intéressée. Croit-on qu'à ses conseils j'ose m'associer ? Mais je l'offenserais à me justifier. Quel fruit espères-tu d'une telle menace ? Du sang Asmonéen je trouve en toi l'audace, Crains-en tous les malheurs. Mais voyons cependant Sur quoi se peut fonder cet éclat imprudent ; Quel fruit cette entrevue enfin a pu produire. Le Roi vient. Quel transport semble ici le conduire ? Dans quel état, Seigneur, est-ce que je vous vois ? Je ne reconnais plus vos traits, ni votre voix. Hé quoi de son espoir la Cour préoccupée, Sur Mariamne ainsi se trouverait trompée ! Et du Peuple en tous lieux reçus avidement Les bruits de votre accord seraient sans fondement ? La Reine de vos feux vous gardait ce salaire ? Mais, Seigneur, quel motif excite sa colère ? De quels nouveaux chagrins ses esprits irrités... Ciel ! Que me dites-vous ? Voilà, Seigneur, l'effet d'un amour généreux Que l'excès de vos soins a rendu malheureux. La Reine à vos bontés est trop accoutumée, Et vous hait d'autant plus qu'elle se croit aimée. Ah ! Puisse-t-elle au moins dans ses emportements Arrêter sa vengeance à ses fiers traitements ! Le dirai-je, Seigneur ? Ou je suis mal instruite, Ou dans sa haine encor maintenue et conduite De conseils dangereux on l'ose empoisonner. Je sais jusqu'où je vais vous étonner vous-même, Et ne puis sans regret vous nommer... Soësme. Mon zèle pour vous ne peut rien vous farder. Ah ! Pour vous retenir quelle cause assez juste Pourrait, Seigneur... Que craignez-vous ? Daignez donc écouter des conseils salutaires. Du nouveau sacrifice achevez les mystères. Associez la Reine à vos augustes soins, Et forcez ses regards d'en être les témoins. Trop sûr que de sa part une injuste querelle En offensant César, saura l'armer contre elle. De l'honneur d'Israël, alors son coeur jaloux Va par de là vos voeux servir votre courroux. Donnez moins de croyance à ce secret reproche, Tharès un vain remords lui-même se détruit ; La vertu n'est souvent qu'un nom qui nous séduit. Lui sacrifiez-vous l'espoir qui nous anime ? L'éclat des grands projets en dérobe le crime. Songez-vous quels serments engagent votre foi ? Quels puissants intérêts vous attachent à moi ? Que même en reculant votre chute est certaine ? Oui, je vous soutiendrai dans un pareil effort ; Et présente en effet pendant votre rapport, Du projet jusqu'au bout conduisant le mystère, Je saurai prudemment et parler, et me taire. Allez voir Mariamne, et surprenez sa foi, Qu'elle se rende ici. Tel est l'ordre du Roi. Ce n'est point nous flatter d'une espérance vaine, Hérode par mes soins instruit, qu'avec la Reine Vous avez eu tantôt un secret entretien, De tout notre projet ne doit soupçonner rien. Mais moi-même à mon tout quel mouvement me presse ? D'où vient... Ah ! Sans vouloir l'imputer à faiblesse : Un grand coeur que conduit le crime ou la vertu Au point d'exécuter est toujours combattu. Qu'attendons-nous, Seigneur ? Tharès seul vous en peut informer. Le voici. Parlez ; de quels remords ? Celle qui l'a tramé se découvre sans peine. Hé ! Quel serait, Seigneur, le fruit de l'imposture ? Qu'y venez-vous chercher ? Et quels sont vos desseins ? Votre fils règnera sans le secours du crime. Au Trône paternel un plus noble chemin... Seigneur cet éclat vous regarde. Vous l'entendez. **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_SOESME *date_1725 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_soesme Un bruit fâcheux commence à se répandre. Autour de ce Palais le peuple est consterné, Et l'on dit... Qu'Hérode est condamné ; Que la haine d'Auguste à le perdre obstinée... Eh ! Que puis-je savoir ? Ses amis arrêtés, De fidèles avis sans doute interceptés ; Ce pays tout remplis de partis, de cabales, Tristes avant-coureurs des discordes fatales, Par qui des Souverains les droits mal assurés... Mais qu'est-ce que je vois, madame ? Vous pleurez. Vous dites vrai, Madame, et quel que soit son sort, Vos malheurs ne sont point terminés par sa mort. Quelle foule de maux la jalousie entraîne ! L'amour est quelquefois plus cruel que la haine, Et je n'en puis douter... Peut-être en faudrait-il interrompre le cours. Je devrais vous cacher ces mouvements, Madame, Que ma gloire indignée élève dans mon âme. Moi, que foulant aux pieds vertus, grâces, beauté Je puisse jusques là servir sa cruauté ? Ah ! Qu'éloigné d'entrer dans ce projet barbare, Mon coeur... Cet aveu sans doute est peu discret. Mais, Madame, apprenez un terrible secret, Dans toute sa fureur reconnaissez Hérode. Avant que de partir pour Rhode, Et tout sanglant encore au sortir du combat, Je remets dans tes mains les rênes de l'État, Me dit-il ; je fais plus. À ta garde, Soësme, Je laisse un bien pour moi plus cher que l'État même. C'est la Reine, ce sont tous ses divins appas. Sers mes jaloux transports par delà mon trépas. Si le destin permet qu'Auguste me condamne ; S'il ordonne ma mort, des jours de Mariamne, Cher Soësme, aussitôt tranche le cours fatal, Sauve à mon Ombre encor la honte d'un Rival : Mon âme sans horreur ne conçoit point l'idée Que dans les bras d'un autre elle en soit possédée. J'exige de ta foi cet effort éclatant. Je pars sûr de ton zèle, et je mourrai content. Je promis tout, Madame. À cet ordre cruel tout semblait m‘asservir, Et je ne l'acceptai que pour mieux vous servir. Je cacherais encor ce funeste mystère, Mais si le Roi n'est plus, Madame, j'ai jugé Que d'un ordre pareil un autre était chargé, Et j'ai besoin de vous contre cette entreprise. Le Ciel soutient l'ardeur dont mon âme est éprise. Heureux ! Si dans ce jour vous observant de près, De tout autre complot j'écarte les apprêtes. Sans doute un droit sacré dégage ma promesse. Mais Alexandre vient, Madame, je vous laisse. Ne blâmez point mon zèle, et daignez recevoir Pour garants de ma foi vos pleurs et mon devoir. Puis-je entendre, Seigneur, avec tranquillité Un discours... Doutez-vous de ma fidélité ? Je sais ce qu'aux dépens souvent de l'innocence Peut soupçonner un coeur trop plein de son amour ; Quels mouvements divers l'agitent tour à tour ; Que souvent le jouet de sa fureur extrême, On n'a dans ses soupçons de rival que soi-même. Mais que dis-je ? Seigneur, un Héros tel que vous Se livre rarement à ses transports jaloux. Seigneur sans cesse aux pleurs j'ai vu ses yeux ouverts. Vous le savez, Seigneur, sur tout ce qui vous touche, La vérité toujours a parlé par ma bouche. Du fruit de vos travaux, il est temps de jouir. L'éclat de votre règne a su tout éblouir ; Mais le soin d'être heureux est une autre science. Il faudrait moins d'amour et plus de confiance. Que ne peut point l'estime ? Et c'est n'en point marquer, Que de croire toujours qu'on puisse nous manquer. L'honneur est orgueilleux dans le coeur d'une femme. Surtout, Seigneur, surtout daignez fermer votre âme À ces traits qui souvent avec art détachés Servent nos intérêts sous d'autres noms cachés. Bannissez vos soupçons : si vous devez m'en croire, La vertu de la Reine égale votre gloire, Égale sa beauté qui paraît à nos yeux, Comme aux vôtres, Seigneur, le chef d'oeuvre des Cieux. C'est la Reine, Seigneur. Du secret entretien que Salome désire Quel serait le motif ? Et qu'a-t-elle à me dire ? J'attends sa confidence, et prévois ses discours, En vain un art perfide en va régler le cours. Mais quels pressentiments étonnent ma constance, Et de quel attentat révélant l'importance, Séduit dans mon espoir, trompé dans mon dessein, Ai-je mis à la Reine un poignard dans le sein ? Oui. Malgré la faveur et d'Auguste et de Rome, Il est des intérêts, trop cruelle Salome, Que je ne puis trahir, ni te sacrifier. Ah ! Que dis-je ! À ces murs gardons de confier Le beau feu qui m'anime, et qu'un respect suprême Semble n'oser encor confier à moi-même, Et dont mon coeur s'était dérobé la moitié Sous le voile apparent d'une illustre pitié. Belle Reine, ma foi toujours plus affermie... Mais on entre, voici sa cruelle ennemie. Madame, attendez tout d'un zèle légitime. Que puis-je... Trop heureux, si toujours fidèle à mon devoir Je n'ai point écarté les bontés de Salome ! Je dois vous l'avouer, ce discours m'embarrasse, Madame, il me surprend, et d'où partent, de grâce, Ce doute injurieux, et ces soupçons couverts ? Je ne rends qu'au Roi seul compte de ma conduite, Madame, et sans sortir d'un devoir rigoureux, Je ne sais point trahir d'illustres malheureux. Hérode avec son fils m'a confié la Reine, Et j'ai cru la devoir traiter en souveraine ; Et dans tous ses désirs en respecter la Loi. En user autrement, c'était manquer au Roi. Sans prendre aucun ombrage, ou de folles alarmes, De tous ses mouvements je n'ai vu que ses larmes. J'ai calmé ses douleurs autant que je l'ai pu, Puisse bientôt le cours en être interrompu ! Le Roi revient tout plein d'ardeur et de tendresse. Puissent pour leur bonheur les voeux qu'au Ciel j'adresse Avoir le plein succès qu'il en faut souhaiter, Et qu'au prix de mes jours je voudrais acheter ! Déjà sur son parti Soësme a décidé. Qui connaît ses devoirs, les suit sans violence. L'honneur, les sentiments emportent la balance. Et pour des coeurs bien nés, Madame, il est des droits Que porte la vertu jusqu'au Trône des Rois. Et je l'accepte aussi pour vous rendre à vous-même. Seul je vous ai perdue, et mon zèle indiscret N'a pu vous dérober un dangereux secret. Source de tous vos maux, j'arme votre colère. Il fallait vous servir, mais je devais me taire. Vous voyez quels périls vont vous environner Hérode prévenu pourrait me soupçonner ; Profitons des moments qu'à ma garde il vous laisse, Pour dérober vos jours au malheur qui vous presse. J'ose encor concevoir cet espoir glorieux. Mais sans perdre un instant il faut quitter ces lieux ; Finir en vous sauvant le cours de tant d'alarmes, Et sous un Ciel plus doux confier tant de charmes. Le Parthe du Tyran est l'ennemi couvert, Il vous offre un asile à vos aïeux ouvert. Je puis de ce Palais ménager la sortie. De ce premier péril une fois garantie, À votre sûreté partout je puis pourvoir. **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_THARES *date_1725 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_thares Dans mon impatience, J'ose jusqu'en ces lieux chercher votre présence, J'avais couru, madame, à votre appartement. Si du départ du Roi je compte les instants, Dans une heure au plus tard vos voeux seront contents. Bientôt dans ses transports l'amour et la nature... Hérode a vu César et tout l'Empire en lui : Aux pieds du Trône où tout disparaît à sa vue, Des Peuples et des Rois la foule est confondue. La gloire l'environne, et jette au loin l'effroi. Jusqu'au bout, lui dit-il, César écoute-moi. J'aimais Antoine et j'eus une douleur profonde De voir qu'il prétendait à l'Empire du monde Sans pouvoir le servir que de mes seuls trésors. L'Arabe ouvrait la guerre, et m'occupait alors. Que n'ai-je, ajouta-t-il, aux dépends de ma vie Vu d'un si digne ami la gloire mieux servie ? Et dans tous ses projets si noblement conçus Pu lui rendre les biens que j'en avais reçus ? Ah ! Lorsque d'Actium la fatale journée Eut d'Antoine éperdu trahi la destinée, Il ne put m'accuser de m'être démenti, Ni qu'ayant lâchement délaissé son parti, À quelque espoir ailleurs mon âme fut ouverte : S'il eût cru mes conseils il prévenait sa perte. Je te dirai bien plus, mon zèle en son transport De Cléopâtre osa lui proposer la mort ; Et que, quoiqu'il l'aimât jusqu'à l'idolâtrie Il fit ce sacrifice à Rome, à sa Patrie ; S'emparât de son Trône, et que sûr de ma foi Il se mit en état de te donner la loi. Un murmure s'élève en toute l'assemblée César surtout frappé de ces traits hasardeux Attira les regards partagés entre eux deux, Soit colère ou surprise, il garda le silence. Ou sa vertu plutôt emporta la balance. Le Roi dans son maintien loin d'être embarrassé Si sans égard, dit-il, à ce qui s'est passé, Si t'imposant toi-même un oubli magnanime, Un ami tel que moi mérite quelque estime, Ose en faire l'épreuve, et si nous convenons, Il ne faut que changer les objets et les noms. Je n'ai qu'à mettre Auguste, et sa gloire à la place ; Et la même amitié conduira mon audace. Par ma reconnaissance augure de ma foi, César, cette offre est digne et de Rome et de toi. Dans ces hauts sentiments Auguste se retrouve, Et parmi le transport d'une noble pitié D'Hérode dans ses bras accepta l'amitié. Voilà comment ce Prince heureux, et sans bassesse A calmé de César la fureur vengeresse. Mais Madame, songez à l'aller recevoir. Époux jaloux, Amant toujours fidèle, Son coeur impatient n'est occupé que d'elle. Madame, Avec le même espoir, même zèle m'enflamme. Fidèle à seconder vos desseins glorieux... Je viens de parler à la Reine Et mandé par son ordre avec empressement, Phoedime m'a conduit à son appartement. Devant la Reine en pleurs tout gardait le silence. Je vois comment instruite, au gré de son envie, Salome est en ces lieux fidèlement servie. Enfin j'ai cru devoir lui faire un rapport juste Des titres, des honneurs accordés chez Auguste, Du bruit même qu'y fait sa beauté, sa vertu ; Mais dans ses déplaisirs son coeur trop combattu M'a laissé voir des yeux toujours mouillés de larmes ; Et même sa douleur, en relevait les charmes. Vous connaissez du Roi les amoureux transports, Peut-être un regard seul va tromper nos efforts, Peut-être nos projets par un retour funeste... Et quel courage ici ne serait excité Par l'hymen glorieux dont vous m'avez flatté ? Quand pour prix de mes soins votre main m'est offerte, Madame, en périssant je bénirai ma perte ; Et dans le noble espoir dont je suis prévenu... Son Fils vient, avec lui je vous laisse en ces lieux, Ma présence sans doute y blesserait ses yeux. Votre prudence est grande, et dans cette entreprise Oui, Madame, je vois que tout vous favorise. L'honneur de présider à ces libations Semble fonder encor mes accusations ; Puisqu'en un tel dessein, la Reine en apparence N'eût pu charger que moi de cette préférence. Mais sur le point d'agir, malgré moi retenu, Je sens un mouvement qui m'était inconnu. Le crime m'épouvante en se montrant si proche. C'est en trompant le Roi qu'il faut perdre la Reine. Du feu de son amour ses yeux toujours remplis De mon coeur déguisé vont percer les replis. Quelle âme à ses regards ne serait point ouverte ? Son redoutable aspect peut achever ma perte. Mais à vous obéir me voilà résolu. De vos ordres sur moi l'Empire est absolu, Et sûr de votre main je sers votre vengeance ; Mais aidez-moi du moins, et que votre présence... À vos genoux j'apporte ici ma tête. Punissez-moi, Seigneur, que rien ne vous arrête. Ne craignez point de moi de criminels efforts. Mais d'attenter sur vous dès qu'on me croit capable Ce soupçon seul suffit, je suis assez coupable. Vous savez quelle Fête et quels honneurs divins, On allait célébrer pour un tribut trop juste ; Que dans le cours pompeux d'un sacrifice auguste Israël par votre ordre aux pieds de ces Autels Devait rendre à César des respects immortels. Par une trahison de plus loin préparée On voulait que chargé de la Coupe sacrée, Et par là déguisant un horrible attentat, Ce fut ma propre main qui vous la présentât De sucs empoisonnés par moi-même remplie. Vase céleste et pur, mais tout ensemble impie, Dont vos lèvres à peine auraient touché le bord Qu'un trait seul vous jetait dans les bras de la mort. Son projet devait bien expirer dans son sein. Seigneur, me voilà prêt à souffrir mille morts, Si... Contre un si grand courroux j'ose me rassurer, Et de votre équité je dois tout espérer. D'un tel crime Moi l'auteur... Quels témoins déposent contre moi ? Oui, du Ciel équitable Le bras vengeur... Votre cri redoutable... Salome... À qui j'avais promis... A conduit le crime, et moi je l'ai commis. Qui t'osas trahir doit mourir sans effroi. Imite-moi. **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ALCIME *date_1725 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_alcime Par votre ordre, seigneur, les Prêtres appelés Refusent hautement leurs sacrés ministères ; Traitent tous vos apprêts d'offrandes adultères, Honteux de voir malgré ses exploits immortels Les Aigles de César ombrager nos Autels. Tout révère à genoux votre auguste puissance. Mais des Ministres Saints craignez la violence, Un orgueil dangereux saisit les plus abjects. J'exécute à regret ce que l'on me commande ; Le Roi veut vous entendre et le Conseil vous mande. Madame, c'est ici que je dois vous conduire, J'en ai reçu moi-même un ordre exprès du Roi. J'obéis. Tout le reste est un secret pour moi. Déjà dans les tourments Soësme est expiré, Mais lui-même du Ciel attestant la puissance De la Reine à grands cris déplorait l'innocence, Parlait de ses vertus avec un saint respect Et la voix de son sang vous rend Tharès suspect. Faites agir encor cette haute prudence Qui du coeur des mortels perçant l'obscurité, Sous mille affreux replis trouva la vérité, De tant de noirs complots sut découvrir la trame. Mais le temps est pressant, seigneur, et si votre âme... **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ACHAS *date_1725 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_achas Ah ! Prince, sauvez-vous, le roi par sa présence A dissipé les flots des Peules mutinés, Et déjà contre vous ses ordres sont donnés, Il s'avance en ces lieu, et prêt à tout enfreindre... **** *creator_nadal *book_nadal_mariamne *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_mariamne *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ELISE *date_1725 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_elise Que dites-vous, Madame ? Et quelle est votre idée ? Quel temps votre courroux prend-il pour éclater ? Dans quels périls vous-même allez-vous vous jeter ? Si le Roi ne vit plus, que devient votre haine ? Et pouvez-vous douter qu'Alexandre, la Reine, Ne trouvent bientôt grâce auprès de l'Empereur ? Et de quel oeil, ô Ciel ! Le peuple, Mariamne, Vous-même verriez-vous cette fête profane, Et d'un Roi de Juda quel peut-être l'objet ? Madame, ce succès passe votre espérance. Puissent vos ennemis bientôt être écartés ! Et parmi ces honneurs, et ces prospérités, Dit-on pourquoi César avec tant d'avantage.... Tharès ! Et depuis quand servant vos intérêts, Madame, est-il admis jusques dans vos secrets ? Et d'où vient qu'un bruit si peu fidèle... Hérode est entré chez la Reine, Il était attendu. Je n'ai percé qu'à peine Ces flots de Courtisans à ses pas attachés, De joie et d'allégresse ils paraissent touchés. De Soësme, dit-on, cette paix est l'ouvrage, Lui seul a de la Reine attendri le courage. D'autres, jugeant de tout avec précaution, N'imputent qu'à César cette réunion ; Disent que sa pitié s'intéressant pour elle D'une Reine opprimée embrasse la querelle, Et que ce sentiment qui n'a rien de suspect Sur le sang de Juda tient Hérode en respect. Contre elle suspendez du moins votre vengeance.