**** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_AMENOPHIS *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_amenophis Je te cherchais, Phanés. Oui, c'est dans ce grand jour Que tu dois me montrer ton zèle et ton amour. Tu sais que Pharaon m'a donné la naissance, Et qu'une injuste soeur ravit à mon enfance Le Sceptre qu'après elle et l'armée et Memphis Contre les droits du sang vont remettre à son fils. Il arrive. La paix vient d'être déclarée Et c'est par cette paix entre vingt Rois jurée, Que retenant Tharbis sous un joug inhumain D'indignes alliés disposent de sa main. Comblé de tous les voeux que sa victoire entraîne, La fortune entre nous peut-elle être incertaine ? Osarphis triomphant va l'emporter sur moi Et le Peuple à genoux en recevra la loi ; Par combien de faveurs l'une à l'autre enchaînées Le sort... Quoi lui-même aujourd'hui trouverait des obstacles ? Ô Ciel ! Un reste impur de ce sang odieux Menacerait encor et l'Empire et nos Dieux ? Cet arrêt si sanglant que donnèrent nos Pères, Loin d'en borner le cours accroîtrait nos misères ? Et ce fatal enfant à leurs coups échappé... Qu'entends-je ? Aron ? Lui cet enfant ? Oui, Phanés, ta querelle à la mienne est pareille. Un Hébreu d'Osarphis aura lui seul l'oreille, Tandis qu'ici prêtant ta voix aux immortels, On t'ose reléguer aux pieds de leurs Autels ? Ah ! Je n'en doute point. Eux-mêmes dans ton âme Ces Dieux versent pour moi le courroux qui l'enflamme ; Et par là garanti d'un pouvoir inhumain À cet auguste effort, je reconnais leur main. Je vois que ton devoir s'accorde avec ton zèle. Mais Jocabel paraît, je te laisse avec elle, Songe que tout dépend du succès de tes soins. Je respire, Phanés. Ton zèle et tes secours Sauront de mes malheurs interrompre le cours. Ah ! Sans prendre pour lois son rang ni son audace Va de l'Oracle au peuple annoncer la menace. Le peuple en son effroi ne connaît plus de frein : De l'injuste Osarphis peins-lui le coeur d'airain, Ose-lui donner même une âme Israélite. Et moi de mes amis j'assemblerai l'élite. Du moins je puis au nombre opposer la vertu. L'espoir dans un grand coeur ne peut être abattu, Et ces extrémités dont tu me peins l'image, Avec elles toujours portent leur avantage. Non, qu'en aveugle ici je cherche à m'exposer ; Mais on peut tout, Phanés, quand on peur tout oser. De l'orgueil d'Osarphis déjà la Cour se plaint. Autant qu'elle l'admire, autant elle le craint. Trop de gloire lui pèse, et lassant son hommage D'un pouvoir tyrannique offre à ses yeux l'image. Que sais-je ? Sous ce joug qu'elle porte à regret Peut-être mon malheur l'attendrit en secret. Tout doit favoriser le zèle qui le presse. Oserais-je penser Qu'entre le Trône et moi son coeur pût balancer ? Ah ! Madame, Quel que soit le traité qui vous offre en ces lieux, Je ne puis vous y voir sans rendre grâce aux Dieux. Mes pleurs, mon désespoir, mes regrets, mes alarmes Dans ce moment tout cède au pouvoir de vos charmes : J'en oppose l'aspect au destin irrité. Mais, hélas ! Jocabel a-t-elle mérité D'être de vos projets seule dépositaire ? Cet hymen que rompit la mort de votre Père, Ne vous a-t-il de moi laissé nul souvenir ? De mes propres malheurs venez-vous me punir ? L'excès de mon bonheur excita seul l'orage. Mes cruels ennemis en prirent trop d'ombrage : Au bruit de cet hymen on les vit éperdus, Ils craignirent vos droits dans les miens confondus ; Ah ! De quels déplaisirs j'ai senti les atteintes ! Ce Palais doit encor retentir de mes plaintes. Aux Autels de nos Dieux mes cris furent portés : J'implorai leur justice et l'honneur des traités ; J'osai semer le trouble et crus dans ma disgrâce Pouvoir de mes amis intéresser l'audace. Mais je fus jusques-là persécuté du sort, Qu'on ne me permit point d'aller chercher la mort, Ni de remettre un coeur dans les bras de la gloire Plein de mon désespoir et de votre mémoire. Ah ! Vos moindres désirs sont des ordres sacrés, Madame, et c'est assez qu'ils me soient déclarés. Ils m'ouvrent vers la gloire une route éclatante. Commandez, et je vais répondre à votre attente. Ou par un beau trépas terminant mes malheurs, Au prix de tout mon sang justifier vos pleurs. Mais, que dis-je, à travers tant d'injustes querelles, Au sang de Sésostris des coeurs encor fidèles, Sauront, n'en doutez point, seconder votre foi. Mes droits vous sont connus, et Phanés est pour moi. Ministre de nos Dieux, il approuve ma flamme. Vous vous rendez au Temple, il y sera, Madame, Et le peuple appelé doit l'y suivre à grands flots. Non, que Phanés se prête à d'injustes complots. Un plus noble motif le conduit et l'inspire. Il s'agit du salut des Dieux et de l'Empire, De ce grand jour enfin quels que soient les apprêts... Ah ! D'un zèle si beau je dois du moins l'exemple. Allons... Viens, suis-moi, profitons de ce trouble fatal. Dans ta vengeance un barbare pouvoir Me réservait encor la douleur de te voir. Ce trait, ce dernier trait le fruit de ta victoire, Manquait à mon supplice aussi bien qu'à ta gloire. Prêt à subir le coup par toi-même ordonné, Tu veux voir si je porte un visage étonné. Tu veux que dans l'éclat d'une poursuite ouverte Je puisse comparer ton triomphe et ma perte. Épargne-moi ta plainte, encor plus ta pitié. Laisse-moi sans tarder subir ma destinée. De toutes les horreurs qui l'ont environnée Celle-ci réunit tous les maux différents, Et le plus grand supplice est l'aspect des Tyrans. J'ignore si ma mort va t'assurer l'Empire ; Mais ce qui me console au moment que j'expire, Les Dieux n'ont point encor confirmé ton projet, Je mourrai ta victime et non pas ton sujet. Tharbis ? Dans ton courroux Barbare, tu crois donc mon supplice trop doux ? Et que foulant aux pieds et mes droits et ma gloire, Ma mort ne suffit pas pour souiller ta victoire ? Sans respecter ni sang, ni vertu, ni beauté, Veux-tu d'un sang plus cher nourrir ta cruauté ? Et que dans ce palais conduire en criminelle, Au mépris des Héros qui revivent en elle, La Princesse... Mais Dieux ! Elle vient. La voici. Qu'entends-je ? En de tels changements à peine tu respires Aménophis ! Ton coeur n'ose encor s'y fier, Toi-même de ton sort tu sembles t'effrayer. Mais devant vous, Seigneur, lorsque je trouve grâce. Quand on fait tout pour moi, que faut-il que je fasse ? J'accomplirai ce qu'Osarphis souhaite. J'en jure par les Dieux, dont je subis la loi, Par celui d'Israël. Si je manque à ma foi Que son courroux s'armant de châtiments funèbres Couvre après mille éclairs l'Égypte de ténèbres ; Que de cris effrayants retentissent ces murs ; Que jusqu'en ce Palais des reptiles impurs, Mille insectes brûlants nous déclarent la guerre : Que le Nil teint de sang n'arrose plus la terre... Quoi donc oubliez-vous le sang qui vous fit naître Ce que ce jour, ce Ciel, l'Égypte vous doit être ? Et qui peut balancer de si chers intérêts ? Vous savez quel péril nous menace, nous presse, Qu'un Enfant... Hé bien, quel est-il ? Vous, cet Hébreu ? Le Fils de Thermutis. Toi-même auparavant songe à la foi jurée, Et que des Rois surtout la parole est sacrée, Qu'à nos engagements le Ciel lui-même a part. Suis-moi. Viens. D'Osarphis assurons le départ, Sa vertu dans ces lieux nous laisse un grand exemple. Pour notre hymen, Madame Allez m'attendre au Temple, Allez, si toutefois tremblants de leur côté Les Dieux qui l'habitaient ne l'ont point déserté. **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_JOCABEL *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_jocabel D'un Dieu qui nous éprouve et ne fait rien en vain, Dites plutôt, Seigneur, qu'il respecte la main. De puis qu'à son berceau par la Reine attachée J'ai vu sur ses destins sa tendresse épanchée, Ce fils à son amour toujours si précieux Était entre ses mains comme un dépôt des Cieux Qui de la terre un jour par ses soins gouvernée Devait avec éclat régler la destinée. Le Ciel d'affreux périls prompt à le préserver, S'il prépara sa gloire est prêt à l'achever. Iséride, pour nous dans ce climat barbare, Tu crois donc que du Ciel la faveur se déclare : Qu'à ses exploits brillants, je puisse me flatter ? Qu'au Trône de l'Égypte, Osarphis va monter. Non, tu n'ignores point quel trait dans son bas âge D'un sort bien différent nous forma le présage. Le Roi dans des transports qu'il ne comprenait pas Admirait son enfance, il le prit dans mes bras, Le baigna de ses pleurs, et de sa main lui-même Sur son front faible encor posa le Diadème. Sans doute de mon fils, Dieu conduisait l'esprit. Tout à coup enflammé de honte et de dépit Et tournant ses regards vers le séjour céleste, On lui vit arracher cet ornement funeste, Le fouler à ses pieds, et dans l'âme du Roi Jeter subitement et le trouble et l'effroi. Mais toi-même tantôt n'as-tu pas dû comprendre Ce que Phanés ici m'a voulu faire entendre ? La nature et le sang prompts à se révolter M'apprennent qu'un orage est tout prêt d'éclater. De ce fils aujourd'hui toi seule as connaissance, C'est toi-même... Il n'est pas temps encor et sur sa destinée Iséride, le Ciel tient ma langue enchaînée. Aron sait seulement par des rapports confus Qu'Osarphis est Hébreu ; mais ne sait rien de plus ; Son père sur le reste attentif à se taire Ose lui révéler la moitié du mystère ; S'appuya dans sa foi des motifs les plus saints, Et Zaram de son Dieu crut servir les desseins. Hé bien Aron ? Memphis s'apprête à voir son Maître ? Et comment, ô mon Fils ? Avec tant de miracles Du Père d'Israël accorder les oracles ? Sur ce qu'il a prédit est-ce donc à Memphis Qu'il faut chercher la gloire annoncée à ses Fils, Et que de nos Tribus aux travaux condamnées, Se doivent accomplir les hautes destinées ? Memphis, quoi que nous offre un jour si solennel, N'est pour nous que le lieu d'un exil éternel. Aux progrès d'Osarphis, Ciel ! Puis-je reconnaître Ces augustes desseins pour qui tu l'as fait naître ? À ces honneurs promis, ouvrage de tes mains, Un triomphe profane ouvre-t-il les chemins ? Je sens à tant de gloire accroître mes alarmes ; J'arrose malgré moi ses lauriers de mes larmes ; Et quel que soit l'espoir dont vos voeux soient flattés, Je crains bien moins nos maux que ses prospérités. Encor tout déchiré d'un barbare spectacle, Mon coeur se calme peu sur ce fatal Oracle, Dont le bruit nous coûta tant de sang et de pleurs. Et se peut-il qu'aux yeux d'une odieuse Race, Un Dieu de ses décrets laisse voir quelque trace ? À des Prêtres impurs et par lui rejetés, Accorde-t-il le don des célestes clartés ? J'ai cru qu'avec l'espoir de leur saint héritage, Des enfants de Jacob c'était là le partage. À vos conseils, mon Fils, c'est à moi de me rendre. Mais du Peuple en ces lieux, quels cris se font entendre ? Juste Ciel ! Tout mon sang se trouble devant lui. Dans ce cruel devoir que j'ai versé de larmes ! Par vos vertus, Seigneur, j'ai conçu vos alarmes. Je sais en de tels coups tout ce que l'on ressent, Et ce qu'éprouve alors un coeur reconnaissant. Ah ! Seigneur, les grandeurs que le Ciel vous dispense, Vos triomphes, ses dons, voilà ma récompense. Et quel objet pour moi plus doux, plus glorieux Pourriez-vous en effet présenter à mes yeux ? S'il est quelque autre voeu qu'au Ciel mon âme adresse, Vivez, honorez-moi d'une égale tendresse ; Contente pour tout bien de rappeler le cours Des soins que m'a coûté le salut de vos jours, Laissez en liberté ma joie et mes alarmes, Et souffrez mes conseils, et quelquefois mes larmes. Aux voeux d'Aménophis depuis longtemps promise, Au joug d'un autre hymen croit-on la disposer ? Ah ! Craignez bien plutôt que ses prétentions Ne replongent l'Égypte en ses dissensions : Qu'appuyé de Phanés son aveugle imprudence N'écoute trop un sang né pour l'indépendance. Quel transport vous inspire ? Arrêtez. Calmez du moins, calmez des troubles si pressants. Aron dans nos malheurs n'est pas le plus à plaindre, Et ce n'est plus pour lui que nous avons à craindre, Il n'est plus au pouvoir de ses fiers ennemis, Seigneur, et dans nos mains il vient d'être remis. C'est à moi de rompre le silence. Cet Oracle terrible, et par vous rejeté, Cet Oracle s'accorde avec la vérité. Un Enfant d'Israël qui parmi nous respire, D'un déluge de maux doit couvrir cet Empire, Et doit avec son peuple en sortir triomphant. Phanés a dans Aron méconnu cet Enfant, Et vient d'en rejeter par là le sacrifice. Nos malheurs sont comblés, s'il faut qu'il s'éclaircisse ; S'il faut que ce secret trop prompt à s'échapper, Lui désigne le coeur où sa main doit frapper. Seigneur, il est trop vrai, quoi que l'on entreprenne L'intrigue des méchants ne se perce qu'à peine : Mais la vérité sainte étend partout ses droits, D'une bouche étrangère elle emprunte la voix, Du sein de l'erreur même annonce ses Oracles. Cependant, pour son nom, Dieu prodigue en miracles, Quelquefois nous livrant à nos propres besoins, De la prudence humaine exige tous les soins. Périsse de Phanés la sacrilège audace, Et toi qui vois le sang que l'Oracle menace, Ô Ciel ? Oublierais-tu que ton choix dans ses lieux En fit de tes décrets l'instrument glorieux ? Quoi, vous me demandez la cause de mes larmes, Lorsque ici tout vous livre à des périls certains ? Ah ! Seigneur, de ces jours source de tant de crainte, Le salut entre nous n'admet plus de contrainte. Dans les maux où je vois tout le peuple exposé, Il faut rompre le sceau sur mes lèvres posé. Il faut... sur quels secrets facile à me répandre... Oui, je vais obéir. Je vois qu'il en est temps. Le Ciel dans ce mystère intéressé lui-même... Des Enfants d'Israël, grand Dieu ! Dans sa disgrâce Si jamais ta faveur doit protéger la race, Le moment est venu. Prodigue ton appui ; Ce n'est plus Osarphis, c'est tout un peuple en lui. C'est ton peuple choisi dont le péril éclate. Que serait-ce grand Dieu ! Si cette Égypte ingrate Découvrait de quel sang tient le jour Osarphis ? Qu'il est ce même enfant qui fait frémir Memphis ? Que d'un voile pompeux couvrant son origine, C'est lui que tes décrets chargent de sa ruine, Et de qui le pouvoir par toi-même affermi, Cache dans un esclave un si fier ennemi ? Je l'attends. Sans témoins il doit ici se rendre. Sur ses destins secrets il brûle de m'entendre. De quel oeil verra-t-il dans sa plus noble ardeur, Du sang de tant de Rois s'éclipser la splendeur. Daigne mettre, grand Dieu ! Ta prudence en ma bouche, Et fais qu'en l'éclairant ta parole le touche ; Toi seul lui peux donner dans ses prospérités Le goût de la sagesse et de tes vérités. Il est temps que ta main d'un rayon de lumière À ses hautes vertus ouvre une autre carrière ; Que sauvé par tes soins de tant d'écueils divers, Il annonce ton nom, ta gloire à l'Univers ; Que confondant ces Dieux que l'erreur a fait naître, La nature en toi seul reconnaisse son Maître, Au Dieu seul de Jacob déclare son respect. Terre tremble à sa voix ! Met fuis à son aspect. Et toi Ciel ! Devant lui sous sa main souveraine Rentre dans le néant d'où tu ne sors qu'à peine. Mais mon Fils vient, prends garde, et que de nos discours, Iséride, on ne puisse interrompre le cours. Je l'ai promis, il faut vous satisfaire enfin. Le Ciel même l'ordonne, et parle par ma bouche. Ces murs ; Seigneur, ces murs dont l'aspect seul vous touche Cette auguste demeure... Ne vous ont point vu naître, et vous êtes Hébreu. Dans leur espoir, Seigneur, tous nos Hébreux troublés, Sous le poids des travaux gémissaient accablés. Depuis longtemps déchus de l'état de leurs Pères, L'Éternel en pitié regarda leurs misères, Quand tout à coup un Prêtre, un Ministre odieux Vint trouver Pharaon, lui fit parler ses Dieux. « D'une race étrangère un Enfant vient de naître, Que cet Empire un jour reconnaîtra pour Maître, À ses pieds il verra tous les peuples tremblants. » Il dit, de là quel trouble et quels Édits sanglants ? Touché de nos malheurs votre vertueux Père ; Ce n'est qu'en toi, dit-il, que tout un peuple espère, C e n'est que de toi seul qu'il attend son secours, Grand Dieu ! De tant d'horreurs daigne arrêter le cours. Dieu lui parut en songe ému de sa disgrâce. « Tes voeux seront comblés, ce sera de ta race Que naîtra cet Enfant à l'Égypte prédit. » De joie et de douleur il demeure interdit. Dieu confond les projets de la prudence humaine, À la foi la plus simple, heureux qui se ramène ! Chargé de mille voeux et de pleurs arrosé Sur le Nil au berceau vous fûtes exposé. Quelle ressource, ô Ciel ! Contre un dur esclavage ! Mais Thermutis alors parut sur le rivage. Les yeux de la Princesse erraient de toutes parts. Dieu, sur votre berceau détourna ses regards. Elle en poussa des cris, trembla pour votre vie. D'ordres pressants bientôt sa pitié fut suivie, Et parmi les périls que le Ciel écarta Presque à ses pieds, Seigneur, le flot vous apporta. Thermutis dans ses bras longtemps vous envisage, Et de vos grands destins crut lire le présage. Mes yeux jusques alors n'avaient pu vous quitter ; Moi-même à Thermutis j'osai me présenter, Et le Ciel de vos jours confirmant la défense, Voulut que dans mes bras on remit votre enfance. Jusques au bout, Seigneur, daignez m'entendre, Aménophis encor n'avait pas vu le jour. Thermutis déroba ce secret à la Cour ; Perdit alors un fils et vous mit à sa place, Pharaon crut en vous voir revivre sa race, Et bientôt secondant les voeux d'un peuple entier, De l'Égypte après elle il vous fit l'héritier. La victoire depuis devançant les vos années, De l'Empire en vos mains remit les destinées. Sans les troubles cruels dont l'État est rempli, Ce secret languirait dans l'ombre enseveli : Mais il faut écarter un orage funeste, J'ai dû parler, Seigneur, vous savez tout le reste. Moïse est votre nom, vous sortez de Lévi. Mais parmi nous le sang n'établit point nos Maîtres, Nous comptons les vertus et non pas les ancêtres. D'ailleurs notre esclavage en ce cruel séjour, Ne permet point... Ils ont vécu contents, ils voyaient votre gloire ; D'une mère éplorée, un Dieu soutint l'espoir. Elle voit la lumière. Le Ciel de ses desseins jusques-là fut jaloux ; Et ces mêmes parents, du jour qu'il vous fit naître, Dans un Fils tel que vous n'ont dû voir que leur Maître. Plus vous leur fûtes cher, plus ils étaient soumis. Non, Seigneur, aux honneurs par vous-même élevé, Votre père... Sur vous, sur vos desseins ses yeux s'ouvraient sans cesse. Ô respects superflus ! Votre père n'est plus. Lui-même à vos côtés subit le sort des armes. Aux dépends des siens vos jours furent sauvés, Son sang vous redonna la lumière... Osarphis paya cher sa dernière victoire. Tes yeux furent fermés par la main de ton fils, De tes soins paternels ce fut là le salaire, Cher Zaram ! Oui, lui-même. Ô mon fils ! De ce nom j'ose vous appeler : Ciel ! À des pleurs si chers quel bien peut s'égaler ? Aron ignore encor que vous êtes son frère : Et sur votre naissance il n'a nulles clartés ; Mais du sang d'Israël il sait que vous sortez. Enfin, mon fils, enfin, quoi que le Ciel ordonne, Memphis n'a plus pour vous ni sceptre ni couronne. Mais, celui devant qui tout doit s'humilier, À ses vertus aussi va vous associer. Et que sont devant lui tous ces Dieux de la terre, Ces puissances qu'enfante et l'audace et la guerre ? Vous-même apprenez-leur à respecter ses lois, À ne plus pour vertus nous donner leurs exploits. Qu'ils sachent dans quel soin leur gloire les engage, Et qu'il est des devoirs dont le trône est le gage. Quelque appui cependant qui nous puissent flatter, Quoi que pour vous le Ciel soit prêt d'exécuter, C'est loin de des climats, loin de cette contrée, Que Jacob a marqué cette Terre sacrée, Canaan, qu'il promit à sa postérité, Lorsque d'un saint transport en mourant excité, L'avenir devant lui se laissait voir sans voiles. Le sable de la même, le nombre des étoiles Doit à peine égaler celui de ses enfants. Quel peuple audacieux ! Que de Chefs triomphants ! Juda comblé de gloire est ceint du Diadème, Et va porter au loin sa puissance suprême. Ô race de Jacob ! Fidèle à tes Autels, De toi doit naître un Dieu, l'attente des mortels. Dans cet espoir, mon fils, entrez dans la carrière, Laissez sur tous vos pas des traces de lumière. C'est cette même ardeur dont on vous vit brûler, Qui désormais... Je vous laisse, Et quoi que le Conseil, mon fils, ait ordonné, Songez surtout, songez de qui vous êtes né. Et quel courroux encor peut régner dans son âme ? Pour le sauver, mon fils, du péril qui le presse, Au Dieu que nous servons suffisent les moments. Le jour annonce au jour de grands événements. D'Osarphis en ses mains ce Dieu tient l'âme altière ; Mais il faut vous ouvrir la mienne toute entière. Zaram vous a parlé de ces jours ténébreux, Où Dieu sembla jurer la perte des Hébreux ; Où de ces tristes flancs qui vous ont donné l'être, Vint un enfant proscrit, même avant que de naître. Ô mon fils ! Il respire, il voit encor le jour... Ah ! Si le Ciel, mon fils, veut conserver ses jours, Qu'est-il besoin qu'au loin sa sagesse l'exile ? La Cour d'un Tyran même en deviendrait l'asile. Memphis va l'offrir à vos yeux. N'en doutez point, mon fils, C'est lui, c'est cet enfant sauvé par Thermutis. Par moi de ses desseins il a su le mystère, Et tantôt... Mais on ouvre. Ô combien de raisons d'espérer et de croire ! Dieu lui-même à nos yeux vous couvre de sa gloire. Sa présence s'annonce à ces traits de splendeur, Et parmi nous, mon fils jette une sainte horreur. Ah ! C'est trop de soin que votre amour m'honore. Partez. Sauvez-vous seul, il n'est pas temps encore, Mon fils, que Jocabel s'écarte de ces lieux ; Et c'est assez pour moi que vos jours précieux À Dieu seul confiés, dans une autre contrée, Se trouvent à ‘abri de son aile sacrée. Laissez-moi des Hébreux partageant les destins, Être un garant pour eux de vos secours certains, Soutenir leur espoir parmi tant de misères, Esclaves dans l'Égypte, et toutefois nos frères. Toi ! Pardonne à mes larmes. Ô Ciel ! **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_THARBIS *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_tharbis C'est ici le Palais où je fus amenée, Où dans le doux espoir d'un auguste Hyménée, D'une pompeuse Cour j'attachais tous les yeux. Déjà l'Égypte entière en rendait grâce aux Dieux ; Mais chère Ismène, hélas ! La fortune contraire M'enleva tout à coup cet espoir et mon père ; Son trépas imprévu changea tous les traités, Et les troubles derniers en furent excités. Tu ne me parles point encor d'Aménophis. À l'offre de sa main crois-tu que destinée, On dispose de moi quand je me suis donnée ; Que bravant leur pouvoir tant de fois attesté, Je démente les Dieux qui me l'ont présenté ? Me voici dans Memphis : j'ignore encore Ismène Ce qu'y prétend de moi le Destin qui m'amène ; Mais du moins ne crois pas que mon coeur combattu Jusqu'à trahir ma gloire abaisse ma vertu. Quelques maux que souvent un noble orgueil s'apprête, On ne m'obtiendra point à titre de conquête. Je saurai m'affranchir d'un injuste pouvoir, Et ne connaître ici de loi que mon devoir. Ne crois pas toutefois qu'un aveugle caprice Aux exploits d'Osarphis fasse quelque injustice ; Que mes ressentiments règnent assez sur moi Pour ne lui rendre pas tout ce que je lui dois. Toi-même juge mieux du transport qui m'anime. La haine en moi pour lui n'ôte rien à l'estime. Cette même fierté, pour te dire encor plus, S'applaudit de sa gloire, et croît par ses vertus. J'y consens ; mais en vain tout fléchit devant elle, Ne crois pas qu'en ces lieux soumise à sa tutelle, J'aille lui déférer par delà mon devoir. De tels discours, Seigneur, ont droit de me surprendre. Par tout ce que je vois j'ai peine à les comprendre. Le sort qui sur vos jours jette un nouvel éclat, Ne me livre en ces lieux qu'en victime d'État. Du Fils de Thermutis je sais quelle est la gloire. Mais eût-il à son char enchaîné la victoire, Cette gloire pour moi n'est qu'un titre odieux S'il ne faut consulter ni Tharbis, ni les Dieux. Et c'est cette vertu qui dans les changements D'un coeur tel que le mien règle les mouvements ; Qui dans le triste état où le Destin me livre, Seule me prescrira les lois que je dois suivre. Si ma main tient sa place entre vos intérêts, C'est un don de ce coeur et non point de la paix : Je compte en rougissant tout ce qu'on en raconte, Et de mes sentiments s'il faut vous rendre compte, S'il faut me déclarer, je dépends de ma foi, Aucun respect forcé ne peut agir sur moi. Mon devoir m'est prescrit et ma gloire m'est chère, Toujours devant les yeux j'ai les conseils d'un père, Tous les droits de son sang qui m'étaient confiés, J'ai son ombre, ses Dieux : voilà mes alliés. Prince, rassurez-vous. Je n'ai point oublié Par quels serments mon coeur au vôtre était lié. Les Dieux dans mon malheur soutiennent mon courage, Et pour les conjurer d'achever leur ouvrage, De joindre nos destins par des noeuds immortels, Tharbis allait au Temple embrasser leur Autels. Je n'aurai point en vain imploré leur puissance ; Ils m'ont déjà rendu le prix de ma constance. Je vous revois, Seigneur, et moi-même je puis Exposer devant vous ma flamme et mes ennuis. L'un de l'autre écartés, combien dans mes alarmes Vos desseins, vos périls m'ont arraché de larmes ! Si c'est par les tourments que se maintient la foi, Nos devoirs sont remplis. Contre vous, contre moi J'ai vu par des succès qu'à peine on pourrait croire, S'élever l'injustice et même la victoire. J'au vu l'Éthiopie et ses Rois réunis, Esclaves en secret du Fils de Thermutis, Et toujours à son gré terminant leur querelle, N'en assurer pour moi qu'une paix plus cruelle : On m'en fait la victime ; un pouvoir souverain Comme de mes États dispose de ma main. Par mon Père, Seigneur, elle vous fut promise. D'un Héros tel que lui la gloire en moi transmise, Rendant d'un sang si cher les noeuds encor plus saints, Comme aux Arrêts des dieux m'attache à ses desseins : Que le succès en soit favorable ou funeste, Je les suivrai, Seigneur, et vous charge du reste. Écoutez-moi, Seigneur, vous agirez après. Vous suivrez les transports de cette illustre haine. Dans les murs de Memphis le destin me ramène, J'y suis, tous vos malheurs, l'état où je vous vois Sont les titres sacrés, les garants de ma foi. La piété, l'amour, mon devoir et ma gloire, Tout parle ici pour vous, et vous devez m'en croire. Mais de mon sort aussi, l'ascendant inhumain En vous donnant mon coeur suspend encor ma main. Il est vrai que Tharbis, quoi que la paix ordonne, Ne pouvant être à vous ne doit être à personne. Mais il vous faut régner, et le Trône est l'Autel Où je puis confirmer cet amour immortel, Autorisez la foi que je vous ai donnée, L'Amour seul peut lutter contre la Destinée. Et le Trône aux grands coeurs de si beaux feux épris, Doit en être l'objet, s'il n'en est pas le prix ? Aux yeux de l'Univers lui seul me justifie : Irais-je en ses projets troublant l'Éthiopie, Pour fruit de tant d'efforts, vil spectacle aux humains, Sans Sceptre et sans États me remettre en vos mains ? Cet Empire jaloux de sa première gloire, Des Héros de ma race aime encor la mémoire, Sur son Trône affermi par leurs bras redoutés, Me verrait avec joie assise à vos côtés. Osez tout pour fixer son bonheur et le nôtre : Allez, poursuivre l'un, je vous réponds de l'autre. Où ce coeur par ma main percé de mille coups, Prononcera bientôt entre Osarphis et vous. Moi, Seigneur, qu'au mépris des Autels que l'on brave, Je sorte de Memphis et vous suive en esclave ? Arrachée à regret du sein de mes États, C'est dans l'horreur d'un Camp et parmi des soldats Que l'on croit m'assurer un destin plus tranquille ? On me flattait d'un Sceptre où j'ai besoin d'asile. Je ne trouve à Memphis en dépit des traités, Que des Peuples mutins, et des droits contestés. On dépouille pour moi l'héritier légitime. Si l'on m'offre le Trône, on m'associe au crime ; Je n'ai pour y monter que les débris des lois Et les Dieux n'osent plus faire entendre leurs voix. D'un Empire à ce prix, je ne suis point avide. J'attendrai qu'en ces murs le destin se décide. Je puis me garantir contre tout autre effort Et ce n'est plus à vous d'ordonner de mon sort. Pour ma gloire, pour moi trop de soin vous anime, Et ce conseil prudent marque au moins peu d'estime. L'instruction offense ; un grand coeur doit savoir, Seigneur, jusqu'où s'étend la loi de son devoir. Il sait du moins, il sait sans qu'on l'en avertisse Que la gloire des Rois dépend de leur justice ; Qu'elle n'est pas toujours bornée à leurs exploits. C'est par moi qu'on commence à violer les lois. On a fait de Seba le prix de la victoire. Sur ma propre dépouille, on établit ma gloire. Sue les débris du mien un Trône m'est offert, Et je dois tenir tout de la main qui me perd. Dites que cette main plutôt où l'on aspire, À des droits plus sacrés en a remis l'Empire. Du moins s'il faut un choix à ma gloire assorti Quand il en sera temps, je prendrai mon parti. C'est toi que je cherche en ces lieux. Parle. As-tu dicté l'Arrêt qu'on vient de rendre, Par qui d'Aménophis le sang va se répandre ? À qui tu le dois, À moi-même, à ta mère, aux Dieux, à tous les Rois. Ah ! Sous quelques couleurs qu'aujourd'hui tu l'opprimes, C'est ton ambition qui lui prête des crimes. Dans tout ce qu'il a fait, que lui reproches-tu ? Que n'ait autorisé le sang ou la vertu. Il te faut ordonner encor d'autres supplices, Et tu peux me compter au rang de ses complices. Achève tes projets, loin de te retenir, J'ai tout fait, et c'est moi surtout qu'il faut punir. Tu n'as point oublié que pour notre hyménée, Dans ce même palais ma foi lui fut donnée ; Que ma gloire aujourd'hui m'attache à ses malheurs ; Que je lui dois mon sang, c'est trop peu de mes pleurs. Et les Dieux qui tantôt l'ont offert à ma vue, Ménageaient ce moment à mon âme éperdue. Je ne me préviens point de leur auguste appui ; Mais écoute un serment qu'il emporte avec lui : « Je n'accepterai point, quoi qu'ici l'on ordonne ; Ni le trône sans toi, ni ta main sans le trône Règne si tu le peux ; règle-toi là-dessus. S'il faut que tes efforts, que mes voeux soient déçus ; Je sauverai mon nom d'une indigne mémoire. La main qui t'est promise aura soin de ma gloire. Je mourrai toute à toi ; voilà de quels discours, Et l'amour et la Gloire autorisaient le cours. » J'ai mis seule en son coeur le transport qui l'anime, C'est à toi de juger si j'ai part à son crime. Oui, je sais que le peuple est tout plein de ta gloire, Mais pour le sang des Rois l'amour a ses degrés. L'héritier légitime a des titres sacrés ; Dans le coeur des sujets, c'est un dépôt suprême, Un ordre que des Dieux a gravé la main même. Juge donc si Memphis verra devant ses yeux Répandre de ce sang le reste précieux, Et de leur gloire antique encor accompagnées, Frémir de tant de Rois les Ombres indignées. Ah ! S'il est vrai qu'un Dieu répande ici l'effroi, On en doit imputer la colère qu'à toi. C'est par ses mains qu'il va renverser un Empire. Cet ennemi commun, c'est en toi qu'il respire. Pourquoi l'aller chercher au milieu d'Israël ? Que pourrait dans ces murs tenter de plus cruel, Cet Enfant, quel qu'il soit, d'une odieuse race, Ce redoutable Hébreu dont le Ciel vous menace, À l'Égypte alarmée annoncé tant de fois ? Mais prêt à te baigner dans le sang de tes Rois, Peut-être ton destin, quoi que ton parti fasse, Avant la fin du jour va prendre une autre face. De haine ou de faveur du Ciel a ses instants. Adieu. Je vais me joindre au peuple, et je t'attends. Quelle profane main me conduit et m'entraîne ? Te revois-je cher Prince ? Et quels sont mes malheurs, Si ta vue est pour moi le comble des douleurs ? Encor si dans l'état où le ciel nous rassemble, Il ne m'offrait à toi que pour mourir ensemble. Et toujours entre nous partageant ses rigueurs, Unissait nos tourments comme il a fait nos coeurs ? Que sans donner de borne au courroux qui l'enflamme, Le Tyran... Juste ciel ! Qu'il est beau dans le cours d'une gloire suprême, Quand on a tout soumis, de se vaincre soi-même ! De la pourpre des Rois un mortel revêtu En tire moins d'éclat que toi de ta vertu. À l'exemple des Dieux arbitre des Empires... Grands Dieux ! **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_AARON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_aaron Ses drapeaux ont paru, Madame ; le Grand-Prêtre Se dispose à venir recevoir ses serments, Et fera bientôt place à vos embrassements. Quoi, Madame, aujourd'hui votre foi s'intimide Dans ces mêmes sentiers où son zèle vous guide ; Et ne sentez-vous pas par quels enchaînements Dieu conduit à leur fin ces grands événements ? Les moyens qu'il emploie ont des faces diverses. Tout nous mène à son but, la gloire et les traverses. Hé, quoi ? De la promesse est-il quelque garant Plus sûr que le destin d'un jeune Conquérant D'un Hébreu notre espoir, notre unique défense ? L'Éternel à vos soins confia son enfance. Si depuis qu'en vos mains on remit ce trésor, Le Ciel n'a pas voulu lui révéler encor Le secret de sa gloire et de sa destinée, Peut-être touchons-nous à l'heureuse journée Où des desseins d'un Dieu va s'accomplir le cours. Vous savez à quel point frappé de nos discours, Osarphis, de ce Dieu se retraçant l'Histoire, En admire en secret la puissance et la gloire Sans en vouloir percer les augustes secrets, Laissez-lui le fardeau de ces grands intérêts. Contemplez quel triomphe est le prix de vos veilles, Madame, et jusqu'ici par combien de merveilles, Par quels degrés au Trône il conduisit Osarphis. De Thermutis, enfin l'Égypte le croit Fils, Et cette grande Reine au moment qu'elle expire L'affermit dans ses droits, seul l'appelle à l'Empire, Le confie à ses Dieux, les ombres de la mort Tiennent enseveli le secret de son sort. Je sais qu'enveloppé dans de cruels malheurs, Un Frère à peine ouvrant les yeux à la lumière, A péri sous l'effort d'une main meurtrière. Sans cet Oracle, hélas ! Cet enfant aujourd'hui Serait de sa famille et l'honneur et l'appui. Ne portons point si haut nos regards curieux. Des décrets du Seigneur l'ordre échappe à nos yeux. Dès que l'esprit humain ose en demander compte : Qu'un orgueil inquiet jusques-là nous surmonte, L'homme reçoit le prix de son effort altier, Et sorti du néant, y rentre tout entier. C'est Osarphis, bientôt dissipant votre ennui... Dans ce nouveau degré de gloire et de puissance Portez ailleurs, Seigneur, votre reconnaissance. Parmi tant de hasards et de périls pressants, Eh ! Qu'auraient fait pour vous nos secours impuissants ! Ce n'est point au combat vos troupes animées, Ni vos propres efforts, c'est le Dieu des Armées, Le Souverain des Rois, le seul être immortel, C'est le Dieu des Hébreux, celui de Jocabel, À qui doit Osarphis, sa gloire et sa défense : Vos conquêtes, Seigneur, annonçaient sa puissance, Par lui les Nations ont péri sous vos coups : Vous serviez ses desseins, il combattait pour vous. Ah ! Sur ce grand mystère, Si Jocabel et moi nous avons su nous taire, Si jusqu'à vous encor il ne s'est point transmis ; Sur nos lèvres, Seigneur, le doigt d'un Dieu fut mis ; Et cette vérité dont votre âme s'étonne Pour se faire écouter vous attendait au Trône. Et vous parlant du ton dont elle parle aux Rois, Va dans un si beau jour reprendre tous ses droits. Seigneur je vous entends ; Et connais à ces soins ce qui peut vous contraindre. Ce n'est point pour Tharbis que vous avez à craindre. Pour elle dans ces lieux tout conspire à la fois. Trop de prudence ici nous offense tous trois. Ce n'est que contre moi que s'élève l'envie. Voilà l'oracle seul qui demande ma vie. Immolez-la. Du moins, cette fatale erreur Va de vos ennemis détourner la fureur : Votre propre intérêt demande qu'on l'accorde. Par là dans sa naissance étouffant la discorde, Tout prétexte finit. Mon sang va cimenter La puissance et le Trône où vous allez monter. Quel que soit le danger, Seigneur, qui me regarde, Dieu me voit, c'est assez, laissez-moi sous sa garde. S'il faut mourir, ma mort importe à ses desseins. Aussi bien que vos jours ma vie est dans ses mains : Peut-être en la perdant je sauverai la vôtre. Peut-être nos destins sont liés l'un à l'autre Et dans l'ordre éternel de ses justes décrets La main du Tout-puissant forma des noeuds secrets. Dans tous ses mouvements j'adore sa sagesse. Incertain de mon sort, mais sûr de sa promesse, J'attendrai près de vous qu'il dispose de moi. Il ne veut bien souvent qu'éprouver notre foi. Cet Hébreu qui d'Aram jadis obtint la fille, Ce chef d'un Peuple issu de sa seule famille, Des Princes ses voisins avait réglé les droits, Il revenait chargé des dépouilles des Rois. Ses jours étaient nombreux et lui couvert de gloire Des bienfaits de son Dieu rappelait la mémoire, Quand tout à coup du Ciel il entendit ces cris : Lève-toi. Qu'attends-tu ? Viens immoler ton fils, Ce fils de ma faveur et l'objet et le gage. Sans trop examiner où cet ordre l'engage, Abraham dresse en hâte, un bûcher, un Autel ; Isac est à ses pieds ceint du bandeau mortel. La nature est muette ainsi que la victime ; Mais prompt à couronner la foi qui les anime, Dieu détourna le fer qu'arme un zèle cruel, Et dans un seul enfant sauva tout israël. Quoi, Madame, déjà tombe notre espérance ? Les ordres d'Osarphis nous cachent sa présence ; Et de ses volontés moins que vous éclairci, N'ayant pu lui parler, je viens l'attendre ici. Du sort d'Aménophis ce que je sais, Madame, C'est que de son supplice on dresse l'appareil ; Que parmi les horreurs d'un spectacle pareil, Dans son appartement on garde la Princesse. Je sais ce que devint ce fruit de votre amour. Quels climats reculés, quelle terre étrangère A gardé le dépôt d'une tête si chère ? Pourquoi d'un long exil ne pas finir le cours ? Je vous entends. Ciel ! Confirme un espoir si doux, si glorieux. Non, ce n'est point en vain que mon âme éperdue À cet espoir si cher tout à coup s'est rendue. Ce frère m'est connu. De quels transports divers mes sens sont combattus ? Seigneur, car dans l'état où je vous considère, Il ne m'est plus permis de vous nommer mon frère, Entre le Ciel et nous, arbitre glorieux... **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_PHANES *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_phanes Je sais que par son père en ces lieux amenée Au lit d'Aménophis, Tharbis fut destinée. Héritière d'un Sceptre et fille de nos Rois, Elle y portait pour dot et leur gloire et ses droits. Tout semblait vous promettre et l'un et l'autre Empire : Mais les temps sont changés, et si j'ose le dire, Les exploits d'Osarphis ont séduit les esprits Et du trône en effet vous disputent le prix. Ce grand jour doit fixer ses destinées. Ma voix même parmi des honneurs éclatants Doit le proclamer Roi : mais c'est où je l'attends. Rappelez-vous, Seigneur, cet avis des oracles Par qui de tant d'horreurs tout le peuple surpris Remplit Memphis de trouble et le Ciel de ses cris. Tremble, Égypte, un enfant va naître : De tes Rois l'ennemi fatal : Du vil sang d'un esclave, on te suscite un maître. Entre tes Dieux et toi l'effroi doit être égal ; Songe à le découvrir et crains de le connaître. N'en doutez point, Seigneur, cet espoir fut trompé Et l‘Égypte a perdu le fruit de ses vengeances. Je ne sais quel démon, quelles intelligences Au destin d'Israël ont prêté leur appui ; Mais quant à cet Hébreu qu'on nous cache aujourd'hui, En vain sur ses Tribus mon soupçon se promène, Toujours au même objet ma terreur me ramène. Du Superbe Osarphis l'ami, le compagnon Et de tous ses conseils l'âme... Autant que ce soupçon m'éclaire, Non, je ne le vois point comme un homme ordinaire : Je ne sais quel orgueil se mêle à sa vertu ; Les malheurs d'Israël ne l'ont point abattu. C'est dans ce jour aussi, qu'avec la voix publique Sur tant de droits sacrés il faut que je m'explique. C'est par là que j'arrête Osarphis aujourd'hui. Je vais mettre les Dieux entre le Trône et lui. Il faut, pour parvenir au dessein qui l'anime ; Qu'il me livre aujourd'hui cette grande victime. Qu'un sang pour lui si cher par mes mains répandu Ait arrosé l'Autel où je suis attendu. Allez, Seigneur, allez, bientôt je vous rejoins. L'enfance d'Osarphis par vos soins élevée À d'illustres destins paraissait réservée ; Mais sa valeur nous tient plus qu'elle n'a promis. L'Égypte devient libre et n'a plus d'ennemis. Ces monstres dont le Nil vit couvrir ses rivages. Domptés par son adresse, ont cessé leurs ravages. Si lui-même du sort subissant la rigueur Le trépas de la Reine a troublé son grand coeur, La Douleur d'une mort qui suivit sa victoire Se tait dans son triomphe et se perd dans sa gloire. Bientôt dans ce Palais, Madame, il va paraître. Le Peuple pour son Roi prêt à le reconnaître Va voir et son salut et sa gloire en ses mains ; Mais lui-même en doit compte au reste des humains. C'est à lui de remplir un espoir légitime : Pour affermir l'État s'il faut une victime, Quelque effort qu'il en coûte à son coeur combattu, L'Égypte, l'Univers l'attends de sa vertu. Honoré dans ces lieux du sacré Ministère, J'oserai lui donner un conseil salutaire. Il doit le suivre, et moi pour m'en acquitter mieux Je vais sur leurs Autels interroger les Dieux. Digne Fils de nos Rois La mort de Thermutis, et nos Lois souveraines De ses vastes États, te remettent les Rênes. Mais de la Royauté quand on ceint le Bandeau, Autant que sa splendeur connais-tu son fardeau ? Ne crois pas qu'abusés du pouvoir qu'elle donne, Tous les coeurs à l'envi volent autour du Trône, Ni que le Ciel au Sceptre attache un bien si doux, C'est souvent un présent que nous fait son courroux. À ce superbe joug mesure au moins tes forces. La Couronne n'a plus de puissantes amorces, Pour qui de mille soins justement combattu, Veut autant que ses droits consulter sa vertu. Je vais te revêtir de la grandeur suprême. Maître d'un Peuple entier, deviens-le de toi-même. Songe que l'équité doit régler mes conseils ; Qu'entre ton peuple et toi les devoirs sont pareils ; Que le Ciel vous a fait dépendre l'un de l'autre. Ta puissance te lie, et ton droit est le nôtre, Et cet ordre sacré d'une immuable loi, Ne peut agir sur nous, s'il ne règne sur toi. Il doit te rendre tel que l'Égypte l'espère. Tu n'en es point le Roi, si tu n'en es le père, Et pour en réunir les titres glorieux, Tiens à nous d'une main et de l'autre à nos Dieux. Voilà le Livre saint, c'est la Loi de l'Empire, Où de ces mêmes Dieux la Majesté respire, Où leur esprit repose et se plaît d'habiter, Jure-moi d'y souscrire et de l'exécuter. Selon l'usage au Temple il faut le proclamer. Mais pour le faire encor sous de plus saints auspices ; Pour rendre à tes projets les Dieux toujours propices, Daigne entendre nos cris ; un Hébreu dans ces murs, Enfant d'un Peuple vil, et d'esclaves obscurs, Y doit de sa valeur consacrer la mémoire, Et de sa Nation y relever la gloire, Humilier l'Égypte, et par de grands exploits Marcher impunément sur la tête des Rois : Avec lui de son Dieu, tel fut, dit-on, le pacte. Ordonne qu'on en fasse une recherche exacte, Que ses jours immolés dissipent notre effroi. Voilà ce que ton peuple exige encor de toi. Par ce sanglant tribut viens confirmer ta gloire, Et satisfaire aux Dieux auteurs de ta victoire. Toi-même contre toi quelle pitié t'inspire ? Parmi ce peuple enfin ton ennemi respire. À l'ombre de ce Trône en secret élevé, C'est peut-être en ton sein que tu l'as conservé. Des Dieux dans leurs décrets respecte la colère. Garde-toi de vouloir en percer le mystère. Songe, dans le pouvoir dont ils t'ont revêtu, Que le crime les sert autant que la vertu. Ah ! Je saurai du moins prévenir ta vengeance. Oui, Prince, tout dépend de notre intelligence ; Et sans doute Osarphis prêt à nous soupçonner, À quelque coup d'éclat peut se déterminer. Vous savez de quel oeil lui-même il envisage Cet avis de nos Dieux, ce terrible présage... Le succès ne dépend que de votre prudence... Vous connaissez la cour, combien sa dépendance... Le Ciel vous assura des voeux de la Princesse : Moi-même ici pour vous j'en reçus les serments : On sait quel noble orgueil entre ses sentiments, Quelles hautes vertus Tharbis eut en partage, Elle est chez Jocabel, sans tarder davantage, Seigneur, il faut le voir. N'en doutez point, fidèle à sa première flamme... Mais la voici, Seigneur, je vous laisse. Prince, venez, et rendez-vous au Temple. Venez, j'ai différé d'y proclamer le Roi ; Et du pied des Autels ému d'un saint effroi, Au Peuple qui du Temple inonde les portiques, J'ai rendu les secrets de nos fastes antiques ; Dit que prêt à subir le joug d'un Étranger, Le culte d'Osiris, l'Empire est en danger. Le Peuple que saisit un effroi légitime Aussitôt à grands cris demande la Victime, Dans ses voeux réunis il veut le sang d'Aron, Le nomme ; mais, Seigneur, l'Autel tremble à ce nom. Du fond du Sanctuaire il sort des cris funèbres. Le Ciel gronde, le jour se couvre de ténèbres. L'air s'allume d'éclairs. Du Nil en ce moment Les flots ont répondu un mugissement, Et livrant nos esprits à des terreurs plus grandes, Les Dieux épouvantés rejettent les offrandes. Pour implorer moi-même, et hâter vos secours, Des mystères sacrés j'ai suspendu le cours : Je ne sais ; mais mon âme en soupçons contrainte Doute de la Victime, et porte ailleurs sa crainte. Dans cette incertitude où d'un peuple inégal... Barbares, arrêtez. Respectez votre Reine. Ta vertu, je l'avoue, étonne mon courage. J'ignore de quel oeil il faut que j'envisage Ce concours éclatant d'événements divers. Un jour seul a changé l'ordre de l'Univers. Le Sceptre est un présent de ta main triomphante. Est-ce donc un projet qu'un Dieu lui-même enfante Et qui par toi conduit à des succès certains, Des siècles à venir prépare les destins ? Quel pouvoir inconnu, quelle main invisible Fait passer dans tes traits sa Majesté terrible ? N'en es-tu point l'organe ? Et franchissant ses lois La nature va-t-elle obéir à ta voix ? Mais d'où vient cependant qu'au milieu de ta gloire Parmi des voeux publics et des cris de victoire, Lorsque le Ciel en toi laisse voir à nos yeux Le modèle des Rois et le rival des Dieux, D'un Oracle toujours s'élève la menace, Et... Quel étrange mystère ! Qu'attendez-vous, Seigneur ? Venez dans ces moments De l'Armée en vos mains recevoir les serments. **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ISERIDE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_iseride Je sais qu'il vous doit sa naissance ; Que des flots en courroux Moïse préservé Sous le nom d'Osarphis alors fut élevé Et que de Pharaon la vertueuse fille Comme un enfant divin l'admit dans sa famille. Tout le favorisait, veuve de Thermestris, Au berceau même alors elle perdit un fils ; Et dans l'espoir secret d'adoucir sa disgrâce Osa substituer Osarphis à sa place. Plus éblouie encor de ses derniers exploits Memphis croit voir en lui le pur sang de ses Rois. Aron est de retour, vous l'avez vu, Madame, C'est à ce fils si cher qu'il faut ouvrir votre âme. Il peut seul en ces lieux dissiper votre effroi ; Mais surtout montrez-lui son frère dans son Roi. Ah ! S'il faut avec vous bannir toutes contraintes Quel temps choisissez-vous, Madame, pour vos plaintes ? Qu'est-ce qu'en vous déjà la foi n'a point osé ? Sur le Nil par vous-même un fils fut exposé... Asaph demande à vous parler. Du Conseil assemblé l'ordre, dit-il, le presse. **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ISMENE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_ismene Dans ce même Palais, ainsi donc la fortune Jette encore à vos pieds une foule importune ? Le Ciel vous y destine aux honneurs souverains ; Il vous unit au sort du plus grand des humains, Par vous cent Rois vaincus sortent de l'esclavage, D'une éternelle Paix vous devenez le gage, Lorsque de Thermutis en épousant le Fils... À l'hymen d'Osarphis par le sort réservée, Songez que sur ses pas dans Memphis arrivée, Le Héros doit bientôt vous conduire à l'Autel. Qu'attendez-vous ? Du moins passez chez Jocabel. **** *creator_nadal *book_nadal_osarphismoise *style_verse *genre_tragedy *dist1_nadal_verse_tragedy_osarphismoise *dist2_nadal_verse_tragedy *id_ASAPH *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_asaph Seigneur, le Grand-Prêtre s'avance, Devant lui d'Osiris marche l'auguste Loi. Tout un Peuple le suit et demande son Roi. C'en est fait, vous montez au trône de vos Pères. Seigneur, voici Phanés. Quel que soit le péril, Seigneur, qui le menace Aron semble ignorer encor ce qui se passe. Il vient plein d'un noble courroux. Mais s'il faut vous le dire, il ne craint que pour vous Et lorsque pour ses jours votre âme est alarmée... Seigneur, dans tous les coeurs jamais ardeur plus belle Ne parût s'élever contre un parti rebelle : Mais Ciel ! Dans quel terrible et subit embarras Lui-même... Aron s'est sauvé de nos bras, Dans les mains du Grand-Prêtre il vient de se remettre : Phanés de son trépas ose tout se promettre, Le peuple qui tantôt admirait sa vertu, Hâte le sacrifice. Ah ! Gardez d'exposer une tête sacrée. Quoi donc oubliez-vous quelle est cette contrée ? Peuple en effet ingrat et superstitieux ! Je ne sais dans ces murs quel Oracle des Dieux Suscitant de la terre une injuste puissance, De la Religion exerce la licence ; Mais tout est à craindre ; et surtout quand l'erreur Marque des mêmes traits le zèle et la fureur. Alors du châtiment qui semble légitime, L'exemple est dangereux encor plus que le crime ; L'ombre seule en excite un soudain changement, Et la moindre étincelle un vaste embrasement. Aménophis, Seigneur, brigue le rang suprême ; Tharbis de ses traités redemande le fruit : Du danger de l'État tout un peuple est instruit ; Et bientôt appuyé d'une injuste puissance Va sous l'ombre du zèle exercer la licence. Memphis, qui mieux que vous, Seigneur, peut en juger ? Dans le sang d'Israël brûle de se plonger ; Le traite d'ennemi du culte véritable, Du courroux de ses Dieux, le rend lui seul comptable. Le Soldat, dit-on, même en ces troubles pressants Ouvre l'oreille aux cris des femmes, des enfants. Chacun porte aux Autels un trouble légitime, Prêt à les arroser du sang de la victime. Un Prêtre qui du Prince épouse l'intérêt, Du Ciel en sa faveur va détourner l'arrêt ; Semble ne voir en vous dans l'effroi qui l'inspire Que le sang d'Abraham, l'ennemi de l'Empire ; Que l'espoir et l'appui d'un peuple détesté. Qu'attendez-vous ? Veillez à votre sûreté. Seigneur, de ce Prince coupable On vient de prononcer l'Arrêt irrévocable. Mais on en voit encor, qu'avec plus de fierté De ses aîeux en lui briller la Majesté. C'est à vous de prévoir tout ce que l'on hasarde, Et tout proscrit qu'il est, s'il... Redouble sa garde ; De sa mort dans Memphis que l'apprêt soit dressé, Et que dans ce palais à l'instant exhaussé Un trône où de vos Rois éclate l'opulence, À des peuples mutins annonce ma puissance. Va, ne diffère point, le temps est précieux. Mais, que vois-je ? Tout est prêt, le trône et l'échafaud. Le fer brille partout, et Memphis alarmée, Dans ses Places déjà voit les Chefs de l'Armée. Une nombreuse Garde occupe le Palais.