**** *creator_pain-riou *book_pain-riou_chouans *style_verse *genre_trait historique *dist1_pain-riou_verse_trait historique_chouans *dist2_pain-riou_verse_trait historique *id_LACITOYENNEFLOCH *date_1795 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lacitoyennefloch Peut-il être un destin plus doux Entre mon fils et mon époux ? Celui qui me donna la vie Sourit à sa fille attendrie ; Bon père !... Il vient... il vient céans Se réunir à ces enfants. Enfin, mon père, nous vous possédons ; nous ne vous ferons plus de reproches ; vous venez terminer votre carrière au milieu de vos enfants. Il était temps que vous vinssiez. Vous n'aviez pas encore vu ce petit marmot que vous bercez de si bon cœur. Aussi ai-je ouï dire que la Convention veut conserver le souvenir de cet intrépide équipage. Un nouveau Vengeur ira bientôt sur les mers venger celui-là. Tu sais, mon ami, que nous avons envoyé cinquante livres pour la construction de ce vaisseau... Mais vous, mon père , qui avez servi si longtemps, avez-vous vu de telles actions ? Voyons racontez-nous quelques traits de courage. Mais choisissez parmi les plus beaux ; car, après ce qu'il vient de lire, nous avons le droit d'être difficiles. J'aime ce trait sans l'admirer. Quel bon Français n'en ferait autant en pareille occasion ? Je ne suis qu'une femme ; mais certes j'aurais crié comme d'Assas : c'est l'ennemi ! Je l'aurais fait certainement. Juge de ce que je ferais pour sauver la patrie. Tais-toi, imbécile : ta frayeur aura peut-être grossi les objets. Ah ! Mon enfant. Tigres, n'approchez pas : craignez la fureur d'une mère. Ah ! Qui que vous soyez, ayez pitié de mes larmes. Je suis fille, épouse et mère ; ah ! Jugez de ma douleur. Parlez que faut-il faire ? Je promets tout... tout. Ouelle affreuse situation !... Pauvre petit !... Mon père ! Mon époux !... Les abandonner !...Non, jamais... Ah ! Dans ces horribles moments , Mon fils, tu redoubles ma peine. Qu'au moins cette troupe inhumaine Épargne les jours innocents. Cruels, vous immolez mon père, Et vous m'arrachez mou époux ?... N'est-ce donc pas assez pour vous ? Laissez cet enfant à sa mère. Ils ne périront pas ; je vais remplir l'ordre cruel : je vais... Arrête, malheureuse... Entends une voix secrète qui te dit... « Iras-tu livrer ton, pays À cette horde sanguinaire ? Tu servirons ses ennemis !... Ces vils brigands par toi conduits Viendraient ravager cette terre !... Sois républicaine ou péris. Il faut à la patrie Immoler les objets qui font aimer la vie. » Seule ! Si quelqu'un m'aidait ! Un ami... Un voisin... Corniquet !... Oui...Où est-il.?.... Ah ! Oui ; viens, viens. Aimes-tu ta patrie ? Te sens-tu un peu plus de courage que tout à l'heure. Il s'agit de sauver ton pays... Cours avertir la commune de Malestroit. Moi, j'irai prévenir les braves volontaires qui sont cantonnés à deux lieues d'ici ; je marcherai à leur tête ; je la guiderai, et nous viendrons ensemble exterminer ces ennemis de la république. Vole sur mes pas. C'est un parti pris. Tu ne mérites pas d'être associé à la gloire de cette action. Seule, je suffirai à tout : ô ma patrie , prête-moi de la force et des ailes. Arrêtez, malheureux. Des liens !... Dieu ! Mon fils !... Qu'est devenu mon fils ? Ah ! Si les barbares... Réponds : où est mon fils ?... Pauvre petit !... Tu as faim ! Tout à l'heure... Tout à l'heure, mon fils... Que dites-vous, mon père ? De l'admiration pour une action simple qui était un devoir pour moi ! J'ai mis du zèle et de la promptitude à prévenir nos braves amis... Ils ont fait le reste. Oui, c'est à eux, à ces jeunes guerriers, à ces sauveurs de la République que nous devons aussi notre salut. Que peut-on aimer ici bas ?... C'est son fils, son époux, son père, Je le sens.... mais n'étais-je pas Citoyenne avant d'être more ? Quand le devoir parle à son tour, Je sacrifie À la patrie Mon fils, mon père et mon amour. **** *creator_pain-riou *book_pain-riou_chouans *style_verse *genre_trait historique *dist1_pain-riou_verse_trait historique_chouans *dist2_pain-riou_verse_trait historique *id_LECITOYENFLOCH *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lecitoyenfloch Quels républicains ! Quels héros ! Ils savent braver tous les maux ; De ces fiers ennemis des rois Lisons ( bis ) les immortels exploits. Républicain ... Eh ! Qui ne le serait pas, qui ne se féliciterait pas de l'être, en apprenant les succès inouïs de nos frères d'armes, en lisant leurs faits héroïques ?... Je tiens un recueil de leurs belles actions... Je ne le lis jamais sans attendrissement. Tenez, je prends au hasard : ah !... Écoutez...C'est une belle réponse d'un capitaine de volontaires grièvement blessé et transporté à l'hospice. « Mes amis, ne me plaignez pas, Disait le brave Bellerie , Si le canon m'enlève un bras, Il m'en reste un pour la patrie, Je suis, ( connaissez mieux mon cœur ) Alors qu'un laurier me couronne, Plus grand sur ce lit de douleur Qu'un tyran assis sur son trône. » Eh bien ! N'est-ce pas là un brave homme ? Je crois que nos marins vont s'efforcer de les égaler. Voici le trait du Vengeur. Ce vaisseau des mains des Français, Voyant s'échapper la victoire, Pour ne point se rendre aux Anglais, Vont s'anéantir avec gloire. De l'onde les gouffres ouverts Lui semblent un asile unique ; Il s'enfonce... et du sein des mers S'élève encore un cri civique. D'accord, ma femme, tu aurais parlé ; cela n'est pas douteux. Mais s'il eût fallu te taire pour sauver le régiment ? Eh bien ! Nous les attendrons de pied ferme : ils ne peuvent, après tout, que nous ôter la vie. C'est là que s'arrête ta fureur des méchants. Des armes ? J'en avAis peu..; mais je les ai données à nos braves défenseurs. Dieux ! Voici les Chouans. Ah ! Mon père ! Nous n'en reconnaissons plus. Scélérats, assouvissez donc votre rage. Vous ne trouverez ici que des vertus. Et-vous, mon père, qui veniez habiter notre maison : au même instant des scélérats viennent s'en emparer. La patrie ne m'en devient que plus chère. Celui-là l'aime véritablement qui supporte tous les maux pour elle. Périssons, mon père, et que la République triomphe ! Et ma femme... malheureuse... Tu vas guider les satellites des tyrans ; tu vas racheter notre vie par une trahison. Scélérats , oserez-vous enchaîner jusqu'à notre pensée ? Mon père, de quel poids je suis soulagée. Je craignais, je l'avoue, la faiblesse de son sexe ; je craignais jusqu'à son attachement pour nous. Mais d'après les discours de ce brigand, d'après ces signes d'une fureur concentrée, sans doute mon épouse à sauvé les habitants de Malestroit ; et loin de servir les rebelles, elle a causé leur défaite. Ah ! Cette idée me console, et ôte à la mort, que j'attends avec calme, tout ce qu'elle pouvait avait de hideux et de poignant. Ah ! Mon père, peut-on craindre la mort, Lorsqu'on s'immole à la patrie ? Tout bon Français enviera notre sort, Et la gloire est une autre vie. Sur mon tombeau les pères attendris , Les yeux baignés de douces larmes, Diront un jour, en embrassant leurs fils : Combien le devoir a de charmes ! Mon père , sauvons-le ; épargnons un crime à ces brigands... Bientôt nous ne serons plus... Qu'il vive lui !... Qu'il vive pour sa mère !...Qu'il vive pour la consoler !... Éloigné du sein qui le nourrit, il commence à sentir le besoin... Ô mon fils ! Tes petits bras caressants ne s'étendront plus vers ton père... Lorsque tu seras en âge de marcher seul vers ma tombe, donne une larme à ma cendre chéri, et cours essuyer les pleurs de ta mère... Mais comment le soustraire à nos assassins ?... Si Corniquet ne s'était pas éloigné... Mais sa maison n'est pas loin ; il pourrait venir à travers le verger. Il ne nous entend pas... Si nous avions quelque signe qu'il pût apercevoir. Il nous regarde... Corniquet, Corniquet ! Mon ami, viens nous aider : au nom de Dieu, cache cet enfant ; porte-le dans le bois ; où tu voudras... Sauve-le. Ne crains rien. En voici une. Mon père, tout doucement : Agissons avec prudence. Ah ! Que Dieu soit ton recours ; Pauvre enfant, qu'il sauve tes jours. Veille sur lui, mon ami, aies-en bien soin ; c'est le dernier service que tu nous rendras. Non... Cette mort est trop belle ; nous voulons la voir venir. Ô ma bien-aimée ! Tu sauves ton pays, et tu nous rends la vie. Calme-toi... Tu vas le revoir. Corniquet... Mais le voici. Mes amis, mes libérateurs ! Il ne faut pas que nous nous quittions sans trinquer ensemble : allons nous reposer dans la chambre voisine, et buvons à la république et à la Convention. Eh ! Que pouvait sur moi le sort ? J'avais les vertus de ma femme : Tandis qu'on apprêtait ma mort , Une voix, au fond ce mon âme, Me disait : il faut qu'en ce jour Tu sacrifies À la patrie Ton bien, ta vie et ton amour. **** *creator_pain-riou *book_pain-riou_chouans *style_verse *genre_trait historique *dist1_pain-riou_verse_trait historique_chouans *dist2_pain-riou_verse_trait historique *id_LEPERERENAUD *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lepererenaud Je vois le terme de mes maux, Je retrouve ici le repos. Depuis si longtemps je les aime ; J'ai besoin d'être aimé de même. Mon cœur me dit qu'il faut mourir Aux lieux où l'on sait me chérir. Que veux-tu, ma fille ? Je sentais d'avance tout le charme de cette réunion, je la désirais. Mais j'étais retenu à Malestroit, où je demeurais depuis quelques années, par la force de l'habitude. J'y avais de vieux camarade ; nous trinquions souvent ensemble, et le verre à la main nous recommencions nos anciennes campagnes. Non : mais je l'ai reconnu d'abord ; c'est le portrait vivant de notre ami Floch ; il sera, j'ose l'espérer, aussi bon républicain que son père. Cela ne m'étonne pas de la part de nos volontaires. Oui, j'ai servi long-temps ; mais malheureusement c'est pour un tyran que mon sang a coulé. Ces beaux traits étaient rares alors : on se battait bien néanmoins ; car le Français n'a jamais manqué de courage... Pardi ! Dans mon régiment, (vous savez que je servais dans Auvergne, infanterie,) il s'est fait une belle action... Je veux vous la raconter... Quel dommage qu'un si brave militaire ne fût pas républicain ! Ma foi d'Assas, le fameux d'Assas ! Attendez ; je crois qu'il dort... Écoutez, vous autres. Dans un bois placé , Attendant notre avant-garde, L'ennemi rusé Avec soin s'était caché. Le Français léger Brave en riant la camarde ? Et va s'engager Dans le plus affreux danger. D'Assas aussitôt s'écrie : « Amis, calmez cette ardeur ; Unissez pour la patrie La prudence à la valeur. À travers cette bruyère, Moi seul je vais tour oser ; Pour ses enfants un bon père Ne craint pas de s'exposer. » Dans la forêt il s'avance... Cent grenadiers ennemis Se jettent sur lui... Silence ! « Si tu parles, tu péris. » Ô d'Assas ! Que vas-tu faire Pour sauver ton régiment ? Il crie : « À moi, Auvergne ! C'est l'ennemi ! » On le frappe... Il tombe à terre, Et nous l'y trouvons mourant. Nous ôter la vie !... Il faut la leur disputer : je veux pour ma part échiner quelques-uns... Des armes ! Il cherche. Quoi ! Pas seulement un manche à balai ! Nous sommes républicains. Mon ami, souffrons-nous assez ? Je venais partager vos plaisirs ; il est bien juste que je partage vos peines... Faut-il ainsi supporter l'insolence de ces brigands ? Je ne peux m'imaginer que ma fille ait commis cette lâcheté... Elle tient de son père ; elle aime sa patrie plus que sa famille. Hé bien ! Mon ami, mon coeur me le disait : ma fille n'a point déshonoré son père, son époux ; elle n'a pas trahi son pays... Elle est encore digne de nous. Si ton père, dans les champs de la mort, Pour un roi prodigua sa vie , En ce moment qu'il doit bénir son sort Il va mourir pour sa patrie. Sur mon tombeau les vieillards attendris Diront, versant de douces larmes : Quand on a su vivre pour son pays, Dans la mort on trouve des charmes. Il dort encore, être malheureux ! À peine entré dans le monde, tu vas en sortir ; ou si tu échappes à la férocité de nos ennemis, si tu ne revois le jour, tu ne reverras pas celui qui te l'a donné. Je ne vois rien... Attends... Oui, le voilà. Corniquet ! Corniquet ! Attends... Les brigands n'ont pas aperçu ces couleurs chéries... Elles vont nous êtes utiles. Il vient. Le voilà tout près. Mais la fenêtre est trop haute ; une corde ! Vite. Tiens la corde fortement. Bon, il est là-bas, je pense. Dieu conservera ses jours ; De l'innocent c'est le recours. Des républicains savent mourir debout. Ma fille, ornement de ta patrie, honneur de ma vieillesse, je fus toujours heureux d'être ton père ; j'en suis fier en ce moment. C'est bien penser, mon ami. Viens, ma fille, et sois sûre que je note parlerai plus du héros de l'ancien régime. D'Asssas , le fameux d'Assas est surpassé. Mes amis , toujours la vertu. Obtient sa juste récompense. Si ton bonheur fut suspendu? Pour ton cœur quelle jouissance . Car le ciel te rend en ce jour, Fille chérie, Une patrie, Ton fils, ton père et ton amour.