**** *creator_pain *book_pain_appartementalouer *style_verse *genre_comedy *dist1_pain_verse_comedy_appartementalouer *dist2_pain_verse_comedy *id_THEODORE *date_1799 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_theodore Composons notre écriteau, Pour mettre à la porte, Dans la vie, un écriteau Très souvent importe. Que de gens, sans écriteau, Frappent à la porte, Qui, lorsqu'on voit l'écriteau, Sont mis à la porte, Ô gué ! Sont mis à la porte. Un rien, parfois, des grandeurs Vous place à la porte. On met, dans les grands malheurs, La clef sous la porte. Moi, le diable, dieu merci! N'est plus à ma porte; Car Roselte m'ouvre ici Son cœur et sa porte, Ô gué ! Son cœur et sa porte. Dubois ? Fais l'écriteau. Sans doute. Eh ! Mais... comme tous les écriteaux. Chose rare, aujourd'hui !... Il serait bien à souhaiter que la mode de parler peu s'établit. Beaucoup de choses, peu de mots, Pour tous les bavards, quel martyre ! On n'entendrait plus tant de sots, Beaucoup parler pour ne rien dire : On raccourcirait maints journaux, On supprimerait bien des plumes : Nos faiseurs de romans nouveaux N'écriraient plus tant de volumes. Je le veux bien. Tiens : le voici. C'est une idée qui m'est venue tout-à-l'heure, et j'ai mis l'écriteau en couplet. Écoute : Au premier, maison fort jolie, Est un très bel appartement ; Papiers frais, glaces, boiserie ; Cinq pièces sont sur le devant ; Cave et caveau, grande écurie, Remise et superbe grenier : Louer le tout, ou bien partie : On peut s'adresser au portier. Ton écriture est-elle lisible ? Va vite... Ah ! Écoute : qu'on le fasse attacher promptement ; car tu sais qu'il peut me procurer la visite de ma chère Rosette et de son père. Nous les en dégoûterous. Quoi ? De qui ? Donne. « J'ai déterminé mon père à voir votre appartement ; mais Dumont, votre rival, ayant appris que mon père veut quitter sa maison, l'importune pour lui faire accepter la sienne. »J'espère l'en empêcher... Nous serons chez vous, demain, de bonne heure. Ce coquin de Dumont !... Mais Rosette me secondera. Elle est si bonne! si sensible! Rosette fuit la médisance; Ainsi, je ne médis jamais: Elle aime la reconnoissance, Et je rends bienfaits pour bienfaits. Heureux qui, placant sa tendresse Sur le plus estimable objet, Pour devenir moins imparfait, Prend les vertus de sa maîtresse. Eh bien, l'écriteau ? Eh ! Que fait le vent ? Rattache-le solidement... Mais on frappe ; va voir qui c'est. Si c'était ma bonne amie et son père !... Si mon amour plaisait à celui-ci !... Espoir délicieux !... J'entends Rosette... Oh ! Oui, c'est bien elle. C'est la première fois que j'ai l'honneur de vous recevoir chez moi, et je ne saurais trop rendre grâce au hasard qui vous y a amené. Voulez-vous me permettre de vous le montrer? Merci, charmante Rosette. Un mot... Il sait donc notre amour ? M'acceptera-t-il pour gendre ? Je dois craindre... Je l'ai fait de mémoire. J'ai, sur la toile vivante, Voulu peindre la candeur, Et cette grâce décente Qu'autorise la pudeur. J'allais, faute de modèle, Abandonner mon sujet ; Mais j'ai vu mademoiselle, Et j'ai fini le portrait. Veuillez ne rien voir, dans cette démarche, qui mérite votre colère. Cette maison m'appartient, et je m'estimerai trop heureux, si vous daignez l'habiter. Vous dédaignez donc celui-ci ? Ah ! J'espère qu'elle me sera favorable. Eh bien, Dubois, que dis-tu du papa Vincent ? De sa fille ? Et de mes affaires ? J'en rends grace à mon étoile. Tu peux avoir raison. Je vais sortir : si, pendant mon absence, qui ne sera pas longue, l'écriteau t'amène des originaux, amuse-t-en, mais ne termine pas avec eux. Mon cher Dubois, je suis enchanté ! Devinerais-tu d'où je viens? De chez Dumont, mon rival. Tu sais qu'il voulait, comme moi, donner son appartement au père Vincent pour épouser sa fille... Comme moi, il avait mis un écriteau. Non, en assez mauvaise prose. Il ne me connait pas, je monte : il me fait voir chaque pièce... Tout me convient, tout est délicieux. Mon homme me propose alors son prix, prix exhorbitant... Je le trouve raisonnable ; j'arrête l'appartement, je donne des arrhes, et me sauve, de peur d'y rencontrer Rosette et son père. Et la fille me devinera... Et me donner la main de Rosette... Non pas que je sache. Oh ! Bien volontiers. L'or, que d'une ardeur inquiète, On voit recherché parmi nous, Vaut-il un regard de Rosette, Et l'espoir d'être son époux ? Son époux !... Ce mot-là renferme Ce qui peut, seul, plaire à mon cœur ; Et je payerais plus d'un terme, Pour être au terme du bonheur. Dubois, laisse-moi seul un moment. Oui, tout autant. Vous en trouverez partout, et elles ne réfléchiront jamais un visage plus agréable. Je crois qu'on peut s'en passer très souvent. Pourquoi désirer un boudoir ? Bouder est chose si commune ! On boude devant son miroir ; On boude contre la fortune. Lise boude un mari grondeur ; On boude une femme légère, Et le public, le moins boudeur, Boude un auteur, s'il ne sait plaire. D'ailleurs, je l'avoue à regret ; il n'y en a pas. Quoi ! Sitôt ? Nous prendrions ensemble des arrangements : cependant je ne le quitterais pas tout-à-fait. Je me ressouviendrais sans cesse Du lieu que j'aurais habité; Qui, de sa nouvelle maîtresse, Chaque jour verrait la beauté; Et de regrets l'âme oppressée, Pour jouir d'un bonheur si doux, J'y rentrerais par la pensée, Et l'habiterais avec vous. J'en ai, cependant bien peu. Grâce, grâce pour lui. Jouez-vous la comédie ? Êtes-vous musicienne ? Si je ne craignais pas d'abuser de vos moments, je vous prierais de chanter avec moi un duo de la Cosa rara, que j'aime infiniment. Aimons, ma tendre amie. Vaut-il jour de folie? Cesse : Sa jeunesse ; Qui nous presse, L'ivresse. Sens mon cœur qui palpite ! Sous ma main il s'agite ! Au printemps de la... Près de sa douce... La volupté nous... D'une voix... Dans la pièce où vous jouez ce soir, il y a des ariettes sans doute ? Vous me devinez toujours. Je vous le promets. On ne peut chanter avec plus de goût. L'auteur serait sort heureux. Puisque vous jouez dans la pièce de ce soir, je ne manquerai pas d'aller vous entendre et de vous applaudir. Elle est fort aimable ; mais ce n'est pas là ma Rosette. Que je vous sais bon gré d'être revenu ! Vous étiez attendu avec la plus vive impatience : mais vous m'aviez donné votre parole. Mon stratagême a réussi. Je puis donc me flatter... Que vous m'accepterez pour gendre, et que vous daignerez habiter cet appartement, avec ceux que vous aurez rendus si heureux. Qui vient encore nous troubler ? Je suis bien fâché de vous refuser ; mais cet appartement... Cependant... Je n'ai plus rien à dire. Pourquoi ? C'est assez difficile. Vous avez une pénétration incroyable. Oui ; j'avoue qu'il est cher, et le prix... Mais si cet appartement était loué ? C'est cepeudant la vérité, et vous me ferez plaisir... Mais... Allons ; je me rends... Ainsi donnez-moi des arrhes. C'est un peu fort. Que de bonté ! Je m'efforcerai toujours de le justifier. Oui, les visites de nôces. Vos bienfaits passent votre dette, Et vous êtes quitte envers moi; Il reste à l'aimable Rosette.... **** *creator_pain *book_pain_appartementalouer *style_verse *genre_comedy *dist1_pain_verse_comedy_appartementalouer *dist2_pain_verse_comedy *id_ROSETTE *date_1799 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_rosette Paix, on pourrait nous entendre. Mon père est disposé en votre faveur. Il s'en doute. Quoi ! Théodore, vous avez fait mon portrait ? Est-ce, mon père, une injure Que de tracer mon portrait ? J'ignorais, je vous le jure, Que ce tableau-là fût fait. J'avouerai que cet hommage, Sans m'étonner, m'est flatteur ; Je savais que mon image Était peinte dans son cœur. Indulgence, mon père. Vous l'aurez désormais toute entière. On nous avait gagnés de vitesse. Mon père ! Que vous me rendez contente ! Mon père, si vous voulez j'abrégerai vos recherches. Dans quelque temps ? L'amour ne veut pas qu'on diffère L'instant qui doit nous rendre heureux. Si notre hymen vous plaît, mon père, Au plutôt, couronnez nos vœux. Oui, cette ardeur impatiente Est bien pardonnable à mon cœur : En amour une heure d'attente, Est un siècle pris au bonheur. On ne plaisante pas. Vous faites donc des perruques ? Nous avons, désirant vous plaire, Pris un appartement nouveau ; S'il vous plaît, le propriétaire N'ôtera pas son écriteau. Approuvez, avec complaisance, Le marché conclu dans ce lien ; Par un petit bruit d'indulgence, Donnez-nous le denier-à-dieu. **** *creator_pain *book_pain_appartementalouer *style_verse *genre_comedy *dist1_pain_verse_comedy_appartementalouer *dist2_pain_verse_comedy *id_VINCENT *date_1799 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_vincent Rien de plus honnête. C'est ma fille qui m'a engagé à venir voir votre appartement qui est, dit-on, à louer. En entrant, j'en ai vu une partie... Il est assez bien. Ah ! Ah ! Des tableaux ! Je ne lui connaissais pas ce talent-là. Ah ! En voici un qui me paraît sort agréable. Scène familière... Eh ! Il est fait avec chaleur. La jeune fille a l'air tendre... Comme ils ont l'air de s'entendre ! Point du tout. Il est vraiment de mon goût. Quel est celui-ci ? Que vois-je ? Le portrait de ma fille ! Et il est fort ressemblant. Saviez-vous, ma fille, que votre portrait fût ici? Je ne m'étonne plus que vous m'ayiez si fort pressé de venir voir cet appartement. Ma fille a des secrets pour moi ! Ma chère amie, je ne veux que te rendre heureuse ; mais je méritais ta confiance. Laissons cela. Venez, avec moi, voir d'autres appartemens. Non ; mais vous me permettrez le choix. J'ai promis à Dumont, d'aller voir sa maison... Si elle me convient moins que la vôtre, vous aurez la préférence... Je veux bien même vous promettre que, dans une heure, je viendrai... Nous viendrons vous donner répouse. Je ne vous défends pas l'espérance. Et je la tiens toujours. Je ne sais pas comme ce misérable Dumont, qui voulait épouser ma fille... Je sors de chez lui... Je suis d'une colère... A-t-on jamais vu une pareille conduite ? Il m'offre son appartement ; Mais voyez combien il m'abuse : Je l'ai loué dans le moment, Ose-t-il dire pour excuse. Monsieur Dumont, jamais mon courroux N'admettra vos propos frivoles. Ma Rosette n'est pas pour vous ; Pour elle je veux un époux Qui ne manque pas (bis) de paroles. (bis). Ainsi, il ne sera jamais mon gendre : c'est un parti pris. Que voulez-vous dire ? Nous verrons cela. Je réfléchirai... Je chercherai à savoir si vous êtes aimé de ma fille. Eh bien, tant mieux. Dans quelque temps... Sérieusement ? Amusons-nous en un moment. Perruquier. Pourriez-vous nous dire quelle est la vôtre ? En ce cas, on ne peut vous louer cet appartement. Oui, le denier-à-dieu. Il est jovial. La demande est un peu leste. J'en suis fâché ; mais je n'ai rien à vous prêter. Nous voici débarrassés de cet importun.... Dubois, pour ne plus craindre de fâcheux, tu vas détacher l'écriteau... C'est moi qui loue l'appartement. Mes enfants, nous y vivrons tous trois en famille... Théodore, je vous accepte pour gendre, et je crois que Rosette n'aura jamais à se repentir de son choix. À ton hymen tu te prépares, Moi, je loue un appartement ; Tous deux nous te devons des arrhes, Le marché sera plus constant : En passant l'acte nécessaire, En emménageant en ce lieu, Je t'offre l'amitié d'un père, Et mes biens pour denier-à-dieu. J'entends, et vais parler pour toi. Je ne saurais, en conscience, De Rosette lui tenir lieu : Donne-lui, ma fille, en avance, Un baiser pour denier-à-dieu. **** *creator_pain *book_pain_appartementalouer *style_verse *genre_comedy *dist1_pain_verse_comedy_appartementalouer *dist2_pain_verse_comedy *id_DUBOIS *date_1799 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dubois Que me voulez-vous ? D'appartement à louer ? Comment faut-il le faire ? Le style laconique ? Revenons à l'écriteau. Des vers ? Pourquoi pas ? Il y a si longtemps qu'on les fait en prose. Au portier... C'est tout ce qu'il faut pour un impromptu. Je vais faire copier cela en gros caractères, par Brouillon, l'écrivain du coin. Oui : ils cherchent un appartement ; mais s'il vient d'autres personnes ? À propos, j'ai oublié.... Une lettre pour vous. De la charmante Rosette. Où est-elle donc ?... Ah ! La voici. Elle est depuis hier dans ma poche. Je l'ai suspendu à la fenêtre de la rue ; mais le vent... Le vent le tourne à tout moment, Par devant derrière : Quoiqu'il soit en vers, cependant L'étoffe est légère : Puis, sur un air vous l'avez fait; L'air est vif, et peut, en effet, Sans respect, parterre Jeter le couplet. De ce matin. C'est mon maître qui les a faits. Il représente deux amants. Le jeune homme, satisfait. Ils s'entendent en effet. Jolie tête d'étude.... Brave homme. Charmante. Excellentes. Et moi, à l'appartement à louer. Cela m'arrive tous les jours. Soyez tranquille. Allons, mon ami Dubois, vous voilà le maître de la maison. Peste ! Vous êtes un homme de conséquence !... Allons, plus d'air de valet... La démarche élégante... Le port noble... La métamorphose d'un enrichi. Tàchons d'avoir de l'aisance Et le maintien du bon ton; Représentons d'importance Le maître de la maison. Tel, qui maintenant est maître, Quoiqu'il servît autrefois, Ne le sera pas, peut-être, Bien plus longtemps que Dubois. J'entends du bruit... On vient... Examinons. Serviteur. Comment, vos abonnés ? Musicien. Ah ! Vous êtes toujours d'accord. Non, la voix y serait étouffée. Pourquoi voulez-vous donc changer de local ? Il en est de même des modes. On vit employer, tour-à-tour, Les objets les plus rares ; On imagina, chaque jour, Mille modes bizarres. Comme l'on n'invente plus rien, Dans un cas si critique, On a pris le meilleur moyen ; On rajeunit l'antique. Et la révolution vous a désorganisé ? Et quel parti prîtes-vous ? Ils sont si rares ! C'était peut-être le plus sûr. Eh bien ? Cela n'est pas nouveau. Je vois que ce sera tout chant. Votre opéra ne dira pas grand chose ; cependant, à cause de l'originalité, il pourra avoir du succès. En voilà déja un d'éconduit, et notre appartement est encore à nous... Mon maître ne va pas tarder. Ah ! Justement le voici. Si vous me le disiez. En vers ? Et, quand ils iront chez Dumont, et qu'ils trouveront l'appartement loué, le père sera furieux... Et, de dépit, il viendra louer celui-ci. C'est fort bien : mais, puisque vous avez loué chez Dumont, vous irez y loger ? Au moins, vous lui paierez un terme ? Voici une visite. Voici le papa Vincent et sa fille. Faut-il aller chercher le notaire ? Le voici ; mais que voulez-vous ? Vous m'avez l'air d'un fin matois, et je suis sûr que vous connaissez bien votre monde. Vous ne risquez rien... Je gage qu'il n'a pas un sou. Me chargerez-vous encore de recevoir les visites ? **** *creator_pain *book_pain_appartementalouer *style_verse *genre_comedy *dist1_pain_verse_comedy_appartementalouer *dist2_pain_verse_comedy *id_SONORE *date_1799 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_sonore C'est ici l'appartement à louer, et vous êtes... Je voudrais, avant de voir l'appartement, savoir s'il y a une piece où je puisse recevoir mes abonnés. Je m'appelle Sonore. Vous l'avez deviné. J'ai composé une société d'artistes et d'amateurs, et nous donnons des concerts. Nous accompagnons les morceaux Que maints virtuoses nous chantent : Nous faisons quatuors fort beaux, Où quatre femmes nous enchantent. Plaire de nos soins est le fruit, Et, dans plus d'une symphonie, Quoiqu'on y fasse un peu de bruit, Il règne certaine harmonie. Presque toujours. Eh bien ! Trouverai-je ici un local favorable ? C'est dommage. La nouveauté, mon cher, la nouveauté ! On a tant travaillé pour plaire au public, que les moyens sont à-peu-près épuisés ; on est forcé de lui offrir toujours les mêmes choses, mais sous des formes nouvelles. Le public, chez l'homme du jour, Sait, un moment, se plaire. Puis, d'autres auront, à leur tour, Sa faveur passagère : Volage en ses moindres désirs, L'un par l'autre il remplace, Et croyant changer de plaisirs, Ne change que de place. C'est cela même. Tout se renouvelle, tout change, tout se détruit. Par exemple, j'étais premier organiste de la paroisse de Surenne. Tout-à-fait. Mon orgue fut détruite, et il ne m'en est resté que le soufflet. Quand je vis qu'il n'y avait plus rien à faire de ce côté, je choisis un autre instrument. Choisir parmi les instruments N'était pas chose aisée : On ne voulait plus de serpents ; La vielle était usée. Le haut-bois si doux Était aux époux ; Il restait l'épinette... Enfin, aux abois, Je fixai mon choix, Et pris la serinette. En peu de temps, je devins d'une jolie force d'amateur... Mais on encourage si peu les arts ! On se moqua de ma serinette. Je me jetai, à-corps-perdu, dans la carrière dramatique. Je voulus faire la musique d'un opéra... Je cherchai un poète, et fus longtemps à en trouver. On m'adressa enfin à Monsieur Barbaro, rue des Mauvaises Paroles, numéro cent-neuf. Il avait une vingtaine de poèmes tout faits, et j'en pris un au hasard. Je fis une musique délicieuse, étourdissante, et, après bien des peines, nous fûmes joués. Le poème fit la culbute, Je l'avais prédit à l'auteur, Mais le poète, dans sa chute, Entraîna le compositeur. Las, avec ces moyens frivoles, De faire un opéra commun, Pour ne plus craindre les paroles, Sans paroles j'en vais faire un. J'en conviens ; mais j'intéresserai par le charme de la pantomime, le jeu muet des acteurs, les gestes qui remplaceront les paroles : on y entendra des éclats de voix, des points d'orgue, des roulades... Et puis, que d'avantages m'offre mon procédé ! J'évite une froide harangue; J'évite des mots mal sonnants ; J'évite les fautes de langue, Rimes bâtardes, contresens. Rival, amant, père, oncle, nièce ; Tout, en chantant, s'arrangera. Nul ne parlera dans la pièce ; Mais de la pièce on parlera. Grand merci de la prophétie. Allons, puisque je ne trouve pas ici un local favorable, je m'en vas. Il me vient une idée : je vais faire construire une salle de concert par un entrepreneur de mes amis : je suis sûr que ça réussira, parce que la musique est nécessaire à l'homme ; partout l'on chante, et chanter est une occupation universelle. Un amant chante sa victoire ; Un auteur chante ses succès : Nos guerriers, aux champs de la gloire, Vont en chantant des airs français. On chante dans la parodie, Et nos travers, et nos défauts : Plus d'un personnage au cœur faux Sait chanter la palinodie.