**** *creator_patrat *book_patrat_heureuseerreur *style_prose *genre_comedy *dist1_patrat_prose_comedy_heureuseerreur *dist2_patrat_prose_comedy *id_LISETTE *date_1783 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lisette Oh ! Pour le coup, ma réussite est certaine ; me voilà reçue chez la jeune Comtesse, et déjà dans ses bonnes grâces : elle a donné, tête baissée, dans les pièges que je lui ai tendus ; et au vif intérêt que ma maîtresse paraît prendre à ce badinage, je ne doute point que ma récompense ne soit proportionnée au plaisir que je vais lui faire. Moi ? Je ne connais personne dans ce village. Elle se trompe peut-être. C'est bien moi ; mais il faut qu'elle attende, Madame écrit, sa toilette n'est pas achevée, elle peut me sonner d'un moment à l'autre, il ne faut pas que je m'éloigne : et je n'ose faire entrer ici. Madame pourrait y trouver à redire. Mais, d'où lui vient donc cette haine ? Comment ? Ah ! Bon Dieu ! Y a-t-il longtemps que cela dure ? Dix-huit mois ! Et cette haine contre les hommes ne s'affaiblit point ? Voici donc notre dernière conversation. Faites entrer cette fille. Personne ne sait que je suis ici. Que peut me vouloir cette paysanne ? Quelle sottise de me tourmenter ! Est-ce que je ne vais pas le savoir ? C'est vous, Mad..... Tout est dit. Laissez-nous, s'il vous plaît. Hé, bon Dieu ! Mademoiselle, que venez vous faire ici dans cet équipage ? Le cabinet de la Comtesse est éloigné, et personne ne peut nous entendre. À merveille ! Je me suis présentée chez la Comtesse, qui cherchait en effet une femme de chambre, adroite, intelligente ; car le projet de la retraite n'ôte jamais, à une jolie femme, le goût de la parure. Hé bien ! Je n'ai pas eu de peine à réussir ; et dès le premier jour, un coup de peigne, donné avec élégance, une fleur placée avec grâce, il n'en a pas fallu davantage pour me mettre en faveur. Cela vous étonne ? Allez, Madame, le plaisir d'enflammer le coeur des hommes est moins vif, pour bien des belles, que celui d'humilier l'amour propre des femmes. Elle m'a demandé d'où je sortais. Je vous ai nommée. Alors, elle m'a fait plusieurs questions sur votre compte, auxquelles j'ai répondu comme nous en étions convenues. Elle a commencé par me dire : « Il est bien étonnant que nous ne nous soyons jamais vues, ayant des terres aussi voisines. Par quelle raison a-t-elle toujours refusé les invitations que je lui ai fait faire. » « Ma foi, Madame, vous ne recevez point d'hommes, et votre entêtement sur cet article, paraît, à mademoiselle Sophie, une extravagance insupportable. - Ah ! Ma pauvre enfant ! Sophie ne connaît pas les hommes comme moi ; ce sont tous "des monstres ! — Hé bien ! Mademoiselle est persuadée que cette aversion que vous avez pour l'espèce en général, n'est qu'un sentiment passager, et que lorsque vous aurez renoncé à cette chimère, il ne vous restera plus que le regret cruel d'en avoir trop prolongé la durée. — Elle se trompe, ma haine sera éternelle. — Éternelle ? Bon, s'il n'y avait point de Mademoiselle Sophie au monde. — Que veux-tu dire ? — Rien. — Parle. — Je n'ose. — D'où vient ? — C'est un secret qu'elle m'a confié. — Tu n'es plus à elle. — Il est vrai ; mais... — Quoi ? — Le secret vous regarde uniquement... — Moi ? — Vous-même. — Raison de plus pour m'en instruire. — En effet, je suis à vous, et mon zèle doit étouffer mes scrupules. — Dis donc, dis donc. » Vous voyez que peu à peu je la conduisais à désirer vivement de savoir ce que je mourais d'envie de lui apprendre. « Mademoiselle Sophie, ai-je ajouté avec un air de confidence, a le plus grand mépris pour son sexe ; elle regrette de ne pas être homme, elle soutient que toutes les femmes sont folles, extravagantes, présomptueuses, sans tenues dans leurs projets, sans solidité dans leurs résolutions ; et, pour vous prouver que vous êtes vous-même au nombre de ces femmelettes, qui se proposent tout et n'exécutent rien, elle a résolu de venir ici sous le nom de son frère. — Est-il possible ? — Et elle a même gagé, que si elle parvient à vous voir, elle se fera aimer de vous, et jouira ensuite du plaisir de vous faire rougir d'avoir eu l'orgueil téméraire de vous croire capable de tenir un serment. » « — Ah ! Lisette, m'a-t-elle dit, en m'embrassant, je reconnaîtrai le service que tu viens de me rendre ; je la recevrai et je la badinerai si bien, que les rieurs ne seront pas de son côté. » Oui, Madame. Oh ! Ça, je me suis bien acquittée de ma commission. Maintenant, si vous voulez que je continue à vous servir, mettez-moi donc au fait de vos projets ; car je n'y comprends encore rien. Ah ! Ça ! Il vous aime comme une maîtresse et vous respecte comme une mère, quoiqu'il ne soit votre cadet que d'une année. Mais, votre frère aimera-t-il à commandement ? Comment, à l'amour ? Mais, quand sous des habits d'hommes vous gagneriez le coeur de la Comtesse, votre frère n'en serait pas plus avancé, quoiqu'il vous ressemble infiniment, il n'est pas possible de s'y méprendre. Comment ? Et votre frère est instruit de la ruse ? Pourquoi ? Cela peut devenir très plaisant. Hé, si votre frère vient à me rencontrer ? Laissez-moi faire, me voilà bien instruite... et... Il y a longtemps, Monsieur. Monsieur,... c'est... Je vous demande pardon, Monsieur, c'est ma cousine. Monsieur... c'est que... dans les maisons.... on n'est pas content, quelquefois, que les domestiques soient si près de leur pays ; les visites des parents ennuient les maîtres... et... Monsieur, étant moi-même nouvellement reçue dans la maison, je n'aurais jamais eu la hardiesse de vous en faire la prière. Oui, Monsieur. Oui, Monsieur. Reposez-vous sur moi. Allons, ma cousine, remerciez Monsieur, et suivez-moi. Il est pris. Allons, encore une révérence, et partons. Hé bien ! Qu'en dites-vous ? Que veut Monsieur ? Est-ce pour cela que vous m'appelez ? Que n'allez-vous à son cabinet ? À la bonne heure. Quoi ? Il en tient. Ah ! Madame ! Elle est ici, je viens de la voir ! Ne craignez rien ; elle est charmante en homme ! Je me sauve ! Voici Mademoiselle Sophie qui revient avec le notaire. Moi, je cours chercher ma maîtresse. Il est temps qu'elle se découvre. Monsieur. Ah ! Ciel ! Soyez tranquille, je n'ai rien dit. Non, demandez plutôt à Madame. Elle-même. **** *creator_patrat *book_patrat_heureuseerreur *style_prose *genre_comedy *dist1_patrat_prose_comedy_heureuseerreur *dist2_patrat_prose_comedy *id_DUBOIS *date_1783 *sexe_masculin *age_veteran *statut_exterieur *fonction_autres *role_dubois Mademoiselle Lisette, il y a là une jeune paysanne qui vous demande. Vous-même. Elle n'est pas d'ici ; mais elle est bien jolie ! Non, elle a bien demandé mademoiselle Lisette, depuis deux jours au service de madame la Comtesse Delfort et qui servait avant mademoiselle Sophie, fille de feu Monsieur le Marquis Delval. Pourquoi ? Elle ? Ah ! Vous ne la connaissez pas. Elle est bonne... bonne par excellence ; et sans son aversion pour tous les hommes, ce serait une femme absolument parfaite. Ah ! Elle n'a pas tout-à-fait tort. J'étais domestique de feu son pauvre père, et j'ai vu tout cela ; à quatorze ans elle est devenue éperdument amoureuse d'un étourdi dont la fortune, ni le rang, n'étaient pas dignes d'elle ; le bon papa, qui l'aimait comme ses yeux, n'eut pas la force de résister à ses prières : le mariage se fit, et son époux la rendit si malheureuse que ce digne père en mourut de chagrin. Ce monstre d'ingratitude, ne lui survécut pas longtemps, et notre jeune maîtresse se trouvant libre, s'est retirée dans ce château, en promettant de n'y jamais recevoir aucun homme. Elle n'a vécu que deux ans avec son mari, et il y a plus de dix-huit mois qu'elle est veuve. Au contraire ; elle ne voit absolument que son frère ; nous n'osons pas même la servir à table, et si une de ses femmes nous parle deux fois. À la porte. Je vais vous l'amener, mademoiselle Lisette. La voilà, mademoiselle Lisette. Ah ! C'est votre cousine ? Elle est bien jolie, oui ! Je m'en vas. Mais il n'y en a pas une ici qui la vaille. **** *creator_patrat *book_patrat_heureuseerreur *style_prose *genre_comedy *dist1_patrat_prose_comedy_heureuseerreur *dist2_patrat_prose_comedy *id_ANDRE *date_1783 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_andre Dam ! Je ne trouve personne, moi ! Êtes-vous de la maison, vous ? Hé bien, allez annoncer que ma maîtresse est là. Non, non, c'est mon maître que je veux dire ; que je suis donc bête, moi ! Dam ! C'est Monsieur Delval ! Dam, oui. Vos gens ? Est-ce que vous êtes le maître, vous ? Dam ! Je ne savais pas cela, moi. C'est inutile. Il est là. Entrez, Monsieur, Monsieur. Ah ! C'est plaisant çà ! C'est que la Dame que je servais les aimait tant, tant, tant.... Ah ! C'est ben drôle toujours ! Dam ! Il faut donc être là comme une statue. Si du moins, Moniteur voulait me conduire dans votre appartement je préparerais votre toilette, çà m'amuserais. Ben volontiers, Monsieur. Déjà ça fera plaisir à Monsieur, car il aime la toilette comme une femme. Hé ben, c'est fini. Monsieur ben obligé ; vous êtes ben honnête ! Ah ! Bon ; c'est vous que je cherche. Vous demander quand nous partons. Dam ! C'est que je m'ennuie ici. Pardi, je le crois bien ! Il n'y a personne avec qui causer dans ce château ; si on veut parler à une femme de chambre, elle se sauve, sans répondre ; tenez, Madame, je ne peux pas me faire à ça, moi ; j'aime à jaser. Ah ! Mon Dieu, ce n'est pas ma faute, c'est sans y penser. Il est bon que vous sachiez que j'ai été six ans jockey d'une ben jolie dame ; il n'y a que huit jours que je l'ai quittée pour entrer au service de Monsieur, ça fait que je me blouse encore quelquefois. Aussi fais-je ; mais... Irai-je chercher des chevaux ? Tant-pis. Me vlà Madame. Dam ! C'est l'habitude. Hé pardi ! Il loge là, tout vis-à-vis la porte du châtiau.