**** *creator_poinsinet *book_poinsinet_philosophesdebois *style_verse *genre_comedy *dist1_poinsinet_verse_comedy_philosophesdebois *dist2_poinsinet_verse_comedy *id_POLICHINELLE *date_1760 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_polichinelle Vous voyez un nouvel intru. C'est un bien beau secret ; n'est-il pas vrai, Patron ? Contez nous un peu ça ; je suis bon compagnon ; Là ; rendez-moi la chose claire. J'ai vu plus fins que moi qui ne l'entendait guère. Non. Mais je voudrais l'être ; et c'est là ma marotte. Ou du bois dont on les fagotte. Je suis de ce côté semblable à bien des gens, Je ne vaux rien sans un compère. Parbleu, Monsieur Fagot, Que vous êtes un bon apôtre ! Me bailler de l'esprit, à moi pauvre animal ? Je vous reconnais ; vous êtes libéral, Quand vous n'engagez rien du vôtre. Vous n'aurez pas grand changement à faire. J'ai de bonnes raisons pour ne agir ainsi ; Croyez que j'entends la rubrique. Vous savez qu'un marchand qui cherche son profit Doit achalander ses étoffes ; Partant ; moi qui connais le ton qui réussit, Au lieu de la Pratique autrefois en crédit, Je prends celle des philosophes ; Car elle fait bien plus de bruit. Aucun de vos Écrits si sublime qu'il soit, Ne m'endormira, je vous le jure ; Car je ne sais pas lire. N'importe ; il n'est rien qui m'émeuve. J'ai le tympan de l'oreille assez dur ; Là-dessus je suis à l'épreuve. Le malheur n'est pas grand ; Je me vengerai par des Quand. Sans doute nous pouvons employer tour à tour Des car, des si, des mais, des quoi, des pour. Mais on m'a dit qu'il faut avoir Pour entrer dans la troupe un grand fonds de savoir. Eh ! Que faut-il donc, je vous prie. Quoi ? Sérieusement ? En ce cas je prends sur moi l'affaire, Je vous suis l'un et l'autre, et vais me mettre au fait. Voyez le beau reproche. Eh! Que m'importe moi ! J'ai mes plaisirs ; cherchez les vôtres. Le Sage ne vit que pour soi, Et ne doit point songer aux autres. Le sage ne prend nul souci; Le repos est son apanage. Fi donc ! Les préjugés, Madame, où vous voilà, Ne sont que pour les gens de la plus mince sorte. Depuis que je suis philosophe. La voilà donc philosophesse ! J'en ressens un plaisir réel : Car si Gigogne sait agir avec sagesse ; Elle consultera l'intérêt personnel. Je verrai chez nous abonder la richesse. Allons, je veux de mon côté Tirer un parti favorable De ma nouvelle qualité, Et mettre à ma boutique une enseigne honorable. Tout beau. Qui frappe ainsi là-bas : Hélas ! Hé ! Doucement. Quels gens êtes-vous ? C'est moi, Messieurs, que voulez-vous ? Messieurs, point de courroux. Que veulent dire je vous prie Ces compliments ? Quoi donc ? Êtes-vous fous ? Écoutez, mes amis, je ne suis pas trop doux, Et si vous me mettez sur votre friperie... Je veux les assommer, et me faire justice. Mais, cette femme là n'est pas dans son vrai sens. Je n'approuve point cette mode. Peste : Elle parle comme un livre. Compère, je crois qu'elle est ivre. Qu'est ceci ? Compère, est-ce une fille ? Qu'est-ce donc ? Cette femme a toujours aimé les pluriels ; C'était bien assez d'un, pourquoi m'en donner quatre ? Hé bien ! Achève. Il faut lui rendre grâce encore de sa largesse ; La coquine est féconde en tout, même en raisons. Allons servons-nous donc de ces petits fripons ; Mais foin de la philosophie, Foin de celui qui l'injurie, Foin de tout écrivain qui crie, Et qui dans ses écrits, décrie Celui qui contre lui s'écrie. Parlez-moi de mon cher ami, De mon féal et bon compère. Je ne veux vivre qu'avec lui ; Car d'un bon compère l'appui À tout le monde est nécessaire ; C'est ce que je prouve aujourd'hui Par des couplets à ma manière ; Car comme un autre j'en sais faire, Écoutez-nous bien, les voici. **** *creator_poinsinet *book_poinsinet_philosophesdebois *style_verse *genre_comedy *dist1_poinsinet_verse_comedy_philosophesdebois *dist2_poinsinet_verse_comedy *id_GILLE *date_1760 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gille Non, Impertinent ! Et voilà pour t"apprendre. Me dire une injure. Un philosophe, moi ? J'aimerai mieux mille fois m'aller pendre : Je suis Gille ; et non pas philosophe. D'accord. Je veux t'apprendre Le beau tour que m'ont fait ceux que l'on nomme ainsi. Moi qui suis volontiers sans trouble et sans souci, J'envoyai bonnement ma femme à leur école. Ça lui formait l'esprit ; oh ! Rien n'était plus drôle. Elle y profita tant qu'enfin, le croiras-tu, Qu'enfin, deux mois après la masque m'a battu. Que veux-tu donc de pis ? Je leur ferai bien voir de quel bois je me chauffe. T'auraient-ils dont aussi conseillé ? Tout ceci pour ton dos ne me dit rien de bon : J'entrevois aisément la fin de l'aventure, Ton maître t'a rossé de bonne façon. Mais oui, d'un frais battu tu portes t'encolure... Vois quelle est cette enseigne ; elle est celle que je crois, D'un philosophe. Va, cours vite, frappe à la porte, Frappe vite, te dis-je, et surtout fais en sorte Que l'ennemi ne nous échappe pas. Nous demandons un sage. Nous déclarons la guerre à la Philosophie. **** *creator_poinsinet *book_poinsinet_philosophesdebois *style_verse *genre_comedy *dist1_poinsinet_verse_comedy_philosophesdebois *dist2_poinsinet_verse_comedy *id_ARLEQUIN *date_1760 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arlequin Il faut que je sois un grand chien. Où sont-ils ces Docteurs tout remplis d'importance ; Dont j'ai consulté la science, Et qui m'ont conseillé si bien. Ce sont eux cependant : c'est la belle morale, De tous ces conseillers de balle, Qui m'attire aujourd'hui ce désastre affligeant. Je voudrais bien tenir quelqu'un de leur caballe : Le premier qui paraît, je l'assome à l'instant. Un inconnu vers moi s'avance ; Sachons s'il n'en est point : écoute, mon garcon N'es-tu pas philosophe ? Ma foi C'est bien dit ; touche là. Quoi ? N'est-ce que cela ? C'est bagatelle pure, Et j'appréhendais ; je te jure, Quelque accident pour toi bien plus fâcheux. Je ne sais ; mais j'augure Que Gille des maris n'est pas leplus chanceux. Ta femme est femme et de plus philosophe. Oui, c'est un tour très mal plaisant, Que sur la secte il faut poursuivre. J'approuve ton sentiment, Il faut leur enseigner à vivre. Oui vraiment ; Je portais à mon maître un fromage excellent ; Très propre à réjouir l'odorat et la vue, Son parfum s'étendait aux deux bouts de la rue ; Et j'y trouvais surtout De quoi satisfaire mon goût. Ah ! J'ignorais qu'il dut me coûter tant de larmes ; Avec avidité je parcourrais ses charmes ; Lorsque tournant les yeux sur un écrit, Qui par malheur servait d'enveloppe au fromage, J'y lus les Maximes d'un Sage Qui flattèrent mon appétit. Ce passage enseignait qu'il n'est valet ni maître ; Que les soins pour autrui sont des soins importuns ; Que l'intérêt peut tout ; que l'amour de son être À tout mortel doit se faire connaître ; Qu'enfin tous les biens sont communs ; Ou tout du moins le devraient être Séduit par un faux argument,J Je n'envisageai plus que mon propre avantage, J'écoutai, je suivis un conseil imprudent Et bref, j'avalai le fromage. Il m'en reste une courbature Qui prouve que Gille a raison. Oui par ma foi. Ô le plaisant visage ! Nous voulons t'étrangler.