**** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_LAGLOIRE *date_1686 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lagloire Tout doit céder dans l'Univers À l'Auguste Héros que j'aime, L'effort des ennemis, les glaces des hivers, Les Rochers, les Fleuves, les Mers , Rien n'arrête l'ardeur de sa valeur extrême. C'est vous, douce Sagesse... Je l'emportais sur vous tant qu'a duré la Guerre, Mais dans la paix vous l'emportez sur moi. Vous réglez en secret avec ce sage Roi. Le destin de toute la Terre. Que l'éclat de son nom s'étende au bout du Monde. Réunissons nos voix ; Que chacun nous réponde. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_LASAGESSE *date_1686 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lasagesse Tout doit céder dans l'Univers À l'Auguste Héros que j'aime, Il sait l'art de tenir tous les monstres aux fers, Il est Maître absolu de cent peuples divers, Et plus Maître encor de lui-même. Fière Gloire, c'est vous... la Victoire a suivi ce Héros en tous lieux; Mais pour montrer son amour pour la Gloire, Il se sert encore mieux De la Paix que de la Victoire. Au milieu du repos qu'il assure aux Humains, Il fait tomber sous ses puissantes mains Un Monstre qu'on a cru si longtemps invincible, On voit dans ses travaux combien il est sensible : Pour votre immortelle Beauté ; Il prévient vos désirs, il passe votre attente, L'ardeur dont il vous aime incessamment s'augmente, Et n'a jamais tant éclaté. Qu'un vain désir de préférence N'altère point l'intelligence Que ce Héros contre nous veut former : Disputons seulement à qui sait mieux l'aimer. Aimons notre Héros, que rien ne nous sépare : Il nous invite aux Jeux qu'on nous prépare : Nous y verrons Penaud, malgré la Volupté, Suivre un Conseil fidèle et sage ; Nous le verrons sortir du Palais enchanté, Où par l'Amour d'Armide il était arrêté, Et voler où la gloire appelle son courage, Le grand Roi qui partage entre nous ses désirs, Aime à nous voir même dans ses plaisirs. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_ARMIDE *date_1686 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_armide Dans un jour de Triomphe au milieu des plaisirs, Qui peut vous inspirer une sombre tristesse ? La Gloire, la Grandeur, la beauté, la Jeunesse, Tous les biens comblent vos désirs. Je ne triomphe pas du plus vaillant de tous. Renaud, pour qui ma haine a tant de violence, L'indomptable Renaud échappe à mon courroux. Tout le camp ennemi pour moi devient sensible. Et lui seul, toujours invincible, Fit gloire de me voir d'un oeil indifférent, Il est dans l'âge aimable où sans effort on aime... Non je ne puis manquer sans un effort extrême, La conquête d'un coeur si superbe et si grand. Les enfers ont prédit cent fois, Que contre ce guerrier nos armes seraient vaines, Et qu'il vaincra nos plus grands Rois : Ah ! Qu'il me serait doux de l'accabler de chaînes, Et d'arrêter le cours de ses exploits ! Que je hais ! Que son mépris m'outrage : Qu'il fera fier d'éviter l'esclavage Où je tiens tant d'autres héros ! Incessamment son importune image Malgré moi trouble mon repos. Un songe affreux m'inspire une fureur nouvelle, Contre ce funeste ennemi, J'ai cru le voir, j'en ai frémi, J'ai cru qui me frappait d'une atteinte mortelle. Je suis tombée aux pieds de ce cruel Vainqueur: Rien ne fléchissait sa rigueur ; Et par un charme inconcevable, Je me sentais contrainte à le trouver aimable Dans le fatal moment qu'il me perçait le coeur ; Vous troublez-vous d'une image légère Que le sommeil produit ? Le beau jour qui vous luit. Doit dissiper cette vaine chimère. Ainsi qu'il a détruit Les ombres de la nuit. La haine de l'Hymen m'étonne, Je crains les plus aimables noeuds. Ah qu'un coeur devient malheureux Quand la liberté l'abandonne ! Contre mes ennemis à mon gré je déchaîne Le noir Empire des enfers ; L'Amour met des Rois dans mes fers, Je fuis de mille amants maîtresse souveraine : Mais je fais mon plus grand bonheur D'être maîtresse de mon coeur. Si je dois m'engager un jour, Au moins devez vous croire Qu'il faudra que ce soit la Gloire Qui livre mon coeur à l'Amour. Pour devenir mon maître Ce n'est point assez d'être Roi. Ce sera la Valeur qui me fera connaître Celui qui mérite ma foi. Le Vainqueur de Renaud, si quelqu'un le peut-être. Sera digne de moi. Mais où sont mes captifs ? Ô Ciel ! C'est Renaud. Que l'Enfer aujourd'hui tarde à suivre nos lois ! Démons affreux, cachez-vous Sous une agréable image , Enchantez ce fier courage Par les charmes les plus doux. , Dans le piège fatal notre ennemi s'engage. Cette victime est mon partage ; Laissez-moi l'immoler, laissez-moi l'avantage De voir ce coeur superbe expirer de mes coups.- Enfin, il est en ma puissance, Ce fatal ennemi, ce superbe vainqueur, Le charme du sommeil le livre à ma vengeance. Je vais percer son invincible coeur. Par lui, tous mes captifs sont sortis d'esclavage, Qu'il éprouve toute ma rage... Quel trouble me saisit ? Qui me fait hésiter ? Qu'est-ce qu'en sa faveur la pitié me veut dire ? Frappons... Ciel ! Qui peut m'arrêter ; Achevons... je frémis ! Vengeons-nous... je soupire ; Est-ce ainsi que je dois me venger aujourd'hui ? Ma colère s'éteint quand j'approche de lui. Plus je le vois plus ma colère est vaine, Mon bras tremblant se refuse à ma haine, Ah ! Quelle cruauté de lui ravir le jour ! À ce jeune Héros tout cède sur la Terre. Qui croirait qu'il fut né seulement pour la guerre ? Il semble être fait pour l'Amour. Ne puis-je me venger à moins qu'il ne périsse ; Hé ne suffit-il pas que l'Amour le punisse ! Puisqu'il n'a pu trouver mes yeux assez charmants, Qu'il m'aime au moins par mes enchantements, Que s'il se peut, je le haïsse. Venez, secondez mes désirs, Démons, transformez-vous en d'aimables zéphyrs. Je cède à ce vainqueur, la pitié me surmonte ; Cachez ma faiblesse et ma honte Dans les plus reculés déserts. Volez, conduisez-nous au bout de l'Univers/ Ah ! Si la liberté me doit être ravie Est-ce à toi d'être mon vainqueur ! Trop funeste ennemi du bonheur de ma vie, Faut-il que malgré moi tu règnes dans mon coeur ? Le désir de ta mort fut ma plus chère envie , Comment as-tu changé ma colère en langueur ? En vain, de mille amants je me voyais suivie, Aucun n'a fléchi ma rigueur, Se peut-il que Renaud tienne Armide asservie ? Ah ! Si la liberté me doit être ravie, Est-ce à toi d'être mon vainqueur ? Trop funeste ennemi du bonheur de ma vie Faut-il que malgré moi tu règnes dans mon coeur ? L'Enfer n'a pas encore rempli mon espérance. Il faut qu'un nouveau charme assure ma vengeance. Hélas ! C'est mon coeur que je crains Votre amitié dans mon sort s'intéresse : Je vous ai fait conduire avec moi dans ces lieux. Au reste des Mortels je cache ma faiblesse, Je n'en veux rougir qu'à vos yeux. De mes plus doux regards Renaud sut se défendre, Je ne pus engager ce coeur fier à se rendre, Il m'échappa malgré mes soins. Sous le nom du Dépit l'Amour vint me surprendre Lorsque je m'en gardais le moins : Plus Renaud m'aimera, moins je serai tranquille ; J'ai résolu de le haïr : Je n'ai tenté jamais rien de si difficile : Je crains que pour forcer son coeur à m'obéir. Tout mon art ne soit inutile. Non, non, il ne m'est pas possible De passer de mon trouble en un état paisible, Mon coeur ne se peut plus calmer Renaud m'offense trop, il n'est que trop aimable. Il m'aime, quel amour ! Ma honte s'en augmente, Dois-je être aimée ainsi ? Puis-je en être contente ? C'est un vain triomphe, un faux bien. Hélas ! Que son amour est différent du mien ! J'ai recours aux Enfers pour allumer sa flamme C'est l'effort de mon art qui peut tout sur son âme, Ma faible beauté n'y peut rien. Par son propre mérite il suspend ma vengeance, Sans secours, sans effort, même sans qu'il y pense, Il enchaîne mon coeur d'un trop charmant lien. Hélas ! Que mon amour est différent du sien ; Qu'elle vengeance ai-je à prétendre Si je le veux aimer toujours ? Quoi, céder sans rien entreprendre ? Non, il faut appeler la Haine à mon secours. L'horreur de ces lieux solitaires Par mon art va se redoubler. Détournez vos regards de mes affreux mystères. Et surtout empêchez Renaud de me troubler. Venez, venez, Haine implacable, Sortez du gouffre épouvantable Où vous faites régner une éternelle horreur. Sauvez-moi de l'Amour, rien n'est si redoutable, Contre un ennemi trop aimable : Rendez-moi mon courroux, rallumez ma fureur. Venez, venez, Haine implacable, Sortez du gouffre épouvantable Où vous faites régner une éternelle horreur. Arrête, arrête, affreuse Haine, Laisse-moi sous les lois d'un si charmant vainqueur. Laisse-moi, je renonce à ton secours horrible, Non, non, n'achève pas ; non il n'est pas possible De m'ôter mon amour sans m'arracher le coeur. J'ai besoin des Enfers, je vais les consulter ; Mon art veut de la solitude : L'amour que j'ai pour vous cause l'inquiétude Dont mon coeur se sent agité. Voyez en quel lieux je vous laisse. Les plaisirs vous suivrons sans cesse, Un noir pressentiment me trouble et me tourmente, Il m'annonce un malheur que je veux prévenir ; Et plus notre bonheur m'enchante, Plus je crains de le voir finir. Vous m'apprenez à connaître l'Amour, L'Amour m'apprend à connaître la crainte, Vous brûliez pour la Gloire avant que de m'aimer, Vous la cherchiez partout d'une ardeur sans égale. La Gloire est une rivale Qui doit toujours m'alarmer. La sévère Raison et le devoir barbare ; Sur les Héros n'ont que trop de pouvoir. Que sous d'aimables lois mon âme est asservie ! Qu'il m'est doux d'enchaîner un si fameux vainqueur ! Non, rien ne peut changer mon âme. Témoins de notre amour extrême, Vous, qui suiviez mes lois dans ce séjour heureux Jusques à mon retour par d'agréables jeux : Occupez le Héros que j'aime. Renaud ; Ciel ; ô mortelle peine ; Vous partez ; Renaud ; vous partez ; Démons, suivez ses pas, volez, et l'arrêtez. Hélas ; tout me trahit, et ma puissance est vaine. Renaud ! Ciel ! Ô mortelle peine! Mes cris ne sont pas écoutés, Vous partez : Renaud, vous partez, Si je ne vous vois plus, croyez-vous que je vive ? Ai-je pu mériter un si cruel tourment ? Au moins comme ennemi, si ce n'est comme Amant, Emmenez Armide captive, J'irai dans les combats, j'irai m'offrir aux coups, Qui seront destinés pour vous : Renaud, pourvu que je vous suive Le sort plus affreux me paraîtra trop doux. Non, jamais de l'Amour tu n'as senti le charme ; Tu te plais à causer de funestes malheurs, Tu m'entends soupirer, tu vois couler mes pleurs, Sans me rendre un soupir , sans verser une larme. Par les noeuds les plus doux je te conjure en vain ; Tu suis un fier devoir, tu veux qu'il nous sépare. Non, non ; ton coeur n'a rien d'humain, Le coeur d'un tigre est moins barbare. Je mourrai si tu pars, tu n'en peut douter ; Ingrat, sans toi je ne puis vivre : Mais après mon trépas ne crois pas éviter Mon ombre obstinée à te suivre ; Tu la verras s'armer contre ton coeur sans foi : Tu la trouvera inflexible, Comme tu l'as été pour moi ; Et sa fureur, s'il est possible, Égalera l'amour dont j'ai brûlé pour toi... Ah la lumière m'est ravie ; Barbare ; es tu content ? Tu jouis en parlant, Du plaisir de m'ôter la vie. Le perfide Renaud me fuit ? Tout perfide qu'il est, mon lâche coeur le fuit. Il me laisse mourante, il veut que je périsse, À regret, je revois la clarté qui me luit : L'horreur de l'éternelle nuit Cède à l'horreur de mon supplice Le perfide Renaud me fuit ? Tout perfide qu'il est mon lâche coeur le suit, Quand le Barbare était en ma puissance, Que n'ai-je cru la Haine et la Vengeance ? Que n'ai-je suivi leurs transports ? Je m'échappe, il s'éloigne, il va quitter ces bords ; Il brave l'Enfer et ma rage, Il est déjà près du rivage, Je fais pour m'y traîner d'inutiles efforts.• Traître, attends... je le tiens... Je tiens son coeur perfide. Ah ! Je l'immole à ma fureur... Que dis-je, où suis-je : hélas ; Infortunée Armide ! Où t'emporte une aveugle erreur ? L'espoir de ma vengeance est le seul qui me reste. Fuyez, Plaisirs, fuyez, perdez tous vos attraits. Démons, détruisez ce Palais, Partons, et s'il se peut, que mon Amour funeste. Demeure enseveli dans ces lieux pour jamais. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_PHENICE *date_1686 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_phenice Si la guerre aujourd'hui fait craindre ses ravages, C'est aux bords du Jourdain qu'ils doivent s'arrêter, Nos tranquilles rivages N'ont rien à redouter. Vos yeux n'ont eu besoin que de leurs propres charmes, Pour affaiblir le Camp de Godefroy. Pourquoi voulez-vous songer À ce qui peut vous déplaire Il est plus sûr de se venger Par l'oubli que par la colère. Nos Ennemis affaiblis et troublés N'étendront plus le progrès de leurs armes ! Ah ! Quel bonheur ! Nos désirs sont comblés. Sans nous coûter ni de sang ni de larmes. L'ardent Amour qui la fuit en tous lieux S'attache aux coeurs qu'elle veut qu'il enflamme. Il est content de régner dans ses yeux, Et n'ose encor passer jusqu'à son âme. Que ne peut point votre art ? La force en est extrême. Quel prodige ! Quel changement ! Renaud qui fut si fier, vous aime ; On n'a jamais aimé si tendrement. Que votre art serait beau ! Qu'il serait admiré ! S'il savait garantir des troubles de la vie ! De disposer de son coeur à son gré ! C'est un secret digne d'envie, Mais de tous les secrets c'est les plus ignoré. Vous n'avez pu haïr ce héros invincible ! Lorsqu'il était le plus terrible De tous vos ennemis. Il vous aime, l'Amour l'enchaîne Garderiez-vous mieux votre haine Contre un amant si tendre et si soumis ? **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_SIDONIE *date_1686 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_sidonie Vous allumer une fatale flamme Que vous ne ressentez jamais ; L'amour n'ose troubler la paix Qui règne dans votre âme. Les Enfers, s'il le faut, prendront pour nous les armes ! Et vous savez leur imposer la loi. Ses plus vaillants guerriers contre vous sans défense Sont tombés en vôtre puissance. Qu'importe qu'un captif manque à votre vie noire, On n'en voit dans vos fers assez d'autres témoins ; Et pour un esclave de moins Un Triomphe si beau perdra peu de sa gloire. Nous n'avons point fait armer nos soldats, Sans leur secours Armide est triomphante ; Tout son pouvoir est dans ses doux appas, Rien n'est si beau, que sa beauté charmante. La belle Armide a su vaincre aisément De fiers Guerriers plus craints que le tonnerre, Et ses regards ont en moins d'un moment Donné des lois aux Vainqueurs de la terre. Montrez vous à ses yeux, soyez témoin vous-même. Du merveilleux effet de votre enchantement. Sur des bords séparez du séjour des humains, Qui peut arracher de vos mains Un ennemi qui vous adore ? Vous enchantez Renaud, que craignez vous encore ? La haine est affreuse et barbare ; L'Amour contraint les coeurs dont il s'empare À souffrir des maux rigoureux : Si votre sort est en votre puissance, Faites choix de l'indifférence, Elle assure un repos heureux. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_HIDRAOT *date_1686 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hidraot Armide, que le sang qui m'unit avec vous Me rend sensible aux soins que l'on prend pour vous plaire 1 Que votre triomphe m'est doux ! Que j'aime à voir briller le beau jour qui l'éclaire ! Je n'aurais plus de voeux à faire. Si vous choisissiez un époux. Je vois de près la mort qui me menace Et bientôt l'âge qui me glace Va m'accabler sous son pesant fardeau : C'est le dernier bien ou j'aspire, Que de voir votre hymen promettre à cet Empire, Des Rois formé d'un sang si beau ; Sans me plaindre du sort, je cesserai de vivre. Si ce doux espoir peut me suivre Dans l'affreuse nuit du tombeau. Pour vous, quand il vous plaît, tout l'Enfer est armé ! Vous êtes plus savante en mon art que moi-même : Des grands Rois à vos pieds mettent leur diadème ; Qu'il vous voit un moment, est pour jamais charmé. Pouvez-vous mieux goûter votre plaisir extrême Qu'avec un époux qui vous aime, Et qui soit digne d'être aimé. Bornez-vous vos désirs à la gloire cruelle Des maux que fait votre beauté ; Ne ferez-vous jamais votre félicité ? Du bonheur d'un amant fidèle. Armide est encor plus aimable Qu'elle n'est redoutable. Que son Triomphe est glorieux Ses charmes les plus forts sont ceux de ses beaux yeux, Elle n'a besoin d'emprunter l'Art terrible Qui sait quand il lui plaît faire armer les Enfers, Sa beauté trouve tout possible. Nos plus fiers Ennemis gémissent dans ses fers. Arrêtons-nous ici, c'est dans ce lieu fatal Que la fureur qui nous anime Ordonne à l'Empire infernal De conduire notre victime. Pour achever le charme il faut unit nos voix. Nos Soldats font cachés dans le prochain bocage, Il faut que sur Renaud ils viennent fondre tous. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_ARONTE *date_1686 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_aronte Ô Ciel ! Ô disgrâce cruelle ! Je conduisais vos Captifs avec soin ; J'ai tout tenté pour vous marquer mon zèle, Mon sang qui coule en est témoin. Un Guerrier indomptable Les a délivrés tous. De nos ennemis c'est le plus redoutable. Nos plus vaillants soldats sont tombés sous ses coups : Rien ne peut résister à sa valeur extrême... C'est lui-même. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_RENAUD *date_1686 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_renaud Allez, allez remplir ma place. Aux lieux d'où mon malheur me chasse, Le fier Renaud m'a contraint à punir, Sa téméraire audace : D'une indigne prison Godefroy me menace Et de son Camp m'oblige à me bannir, Je m'en éloigne avec contrainte, Heureux ! Si j'avais pu consacrer mes exploits À délivrer la Cité sainte Qui gémit sous des dures lois, Suivez les guerriers qu'un beau zèle Presse de signaler leur valeur et leur foi : Cherchez une gloire immortelle, Je veux dans mon exil n'envelopper que moi. Le repos me fait violence, La feule Gloire a pour moi des appas : Je prétend adresser mes pas Où la Justice et l'innocence Auront besoin du secours de mes bras. Plus j'observe ces lieux, et plus je les admire, Ce Pleuve coule lentement Et s'éloigne à regret d'un séjour si charmant. Les plus aimables fleurs, et le plus doux zéphyr Parfument l'air qu'on y respire. Non, je ne puis quitter des rivages si beaux, Un son harmonieux se mêle au bruit des eaux ; Les Oiseaux enchantés se taisent pour l'entendre. Des charmes du sommeil j'ai peine à me défendre. Ce gazon, cet ombrage frais, Tout m'invite au repos sous ce feuillage épais. Armide, vous m'allez quitter ! Armide vous m'allez quitter ? Puis-je rien voir que vos appas ! En est-il où vous n'êtes pas ? D'une vaine terreur pouvez-vous être atteinte, Vous qui faites trembler le ténébreux séjour ? Que j'étais insensé de croire Qu'un vain laurier donné par la Victoire : De tous les biens fut le plus précieux ? Tout l'éclat dont brille la Gloire, Vaut-il un regard de vos yeux ? Est-il un bien si charmant et si rare Que celui dont l'Amour veut combler mon espoir ? J'en suis plus amoureux plus la raison m'éclaire. Vous aimer, belle Armide, est mon premier devoir ; Je fais ma gloire de vous plaire Et tout mon bonheur de vous voir. Qu'il est doux de vous voir partager ma langueur ! Que mes fers sont dignes d'envie ! Non, je perdrai plutôt le jour. Que d'éteindre ma flamme. Non, je perdrai plutôt le jour, Allez, éloignez-vous de moi, Doux plaisirs, attendez, qu'Armide vous ramène. Sans la beauté qui me tient sous sa loi, Rien ne me plaît, tout augmente ma peine, Allez, éloignez-vous de moi, Doux plaisirs, attendez qu'Armide vous ramène. Que vois-je ? Quel éclat me vient frapper les yeux ? Ciel quelle honte de paraître Dans l'indigne état ou je suis ? •Vains ornements d'un indigne mollesse, Ne m'offrez plus vos frivoles attraits : Restez honteux de ma faiblesse, Allez quittez-moi pour jamais. Allons, hâtons-nous de partir. Armide, il est temps que j'évite Le péril trop charmant que je trouve à vous voir. La Gloire veut que je vous quitte, Elle ordonne à l'Amour de céder au devoir : Si vous souffrez, vous pouvez croire Que je m'éloigne à regret de vos yeux ; Vous régnerez toujours dans la mémoire, Vous serez après la Gloire Ce que j'aimerai le mieux. Trop malheureuse Armide, hélas ! Que ton destin est déplorable. Non, la Gloire n'ordonne pas Qu'un grand coeur soit impitoyable. Trop malheureuse Armide, hélas ! Que ton destin est déplorable ! **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_ARTEMIDORE *date_1686 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_artemidore Invincible Héros, c'est par votre courage Que j'échappe aux rigueurs d'un funeste esclavage ? Après ce généreux recours, Puis-je me dispenser de vous suivre toujours ? Sans vous que peut-on entreprendre ; Celui qui vous bannit ne pourra s'en défendre De souhaiter votre retour. S'il faut que je vous quitte ; au moins ne puis-je apprendre En quels lieux vous allez choisir votre séjour. Fuyez les lieux où règne Armide, Si vous cherchez à vivre heureux ; Pour le Coeur le plus intrépide Elle a des charmes dangereux, C'est une ennemie implacable, Évitez ses ressentiments ; Puisse le Ciel à mes voeux favorable Vous garantit de ses enchantements. Pat une heureuse indifférence Mon coeur s'est dérobé fans peine à sa puissance, Je la vis seulement d'un regard curieux. Est-il plus mal aisé d'éviter sa vengeance. Que d'échapper au pouvoir de ses yeux ? J'aime la liberté, rien ne m'a pu contraindre À m'engager jusqu'à ce jour. Quand on peut mépriser le charme de l'Amour. Quels enchantements peut-on craindre ? **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_LAHAINE *date_1686 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_lahaine Je réponds à tes voeux, ta voix s'est fait entendre Jusques dans le fond des Enfers. Pour toi, contre l'Amour, je vais tout entreprendre, Et quand on veut bien s'en défendre On peut se garantir de ses indignes fers. Sors, sors du sein d'Armide, Amour brise ta chaîne. N'implores-tu mon assistance Que pour mépriser ma puissance ? Suis l'amour, puisque tu le veux, Infortunée Armide, Suis l'Amour qui te guide Dans un abîme affreux. Sur ces bords écartés c'est en vain que tu caches Le Héros dont ton coeur s'est trop laissé toucher La Gloire à qui tu l'arraches, Doit bientôt te l'arracher, Malgré tes soins, au mépris de tes larmes Tu le verras échapper à tes charmes. Tu me rappelleras, peut-être , dés ce jour : Et ton attente sera vaine : Je vais te quitter sans retour, Je ne puis te punir d'une plus rude peine, Que de t'abandonner pour jamais à l'Amour. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_UBALDE *date_1686 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_ubalde Celui qui nous envoie a prévu ce danger. Et nous a montré l'art de nous en dégager. Ne craignons point Armide ni ses charmes Par ce secours plus puissant que nos armes Nous en serons aisément garantis. Laissez-nous un libre passage, Monstres, allez cacher votre inutile rage Dans l'abîme profond d'où vous êtes sortis. On voit d'ici le séjour enchanté D'Armide, et du Héros qu'elle aime. Dans ce Palais Renaud est arrêté Par un charme fatal dont la force est extrême C'est là, que ce vainqueur si fier, si redouté. Oubliant tout jusqu'à lui-même, Est réduit à languir avec indignité Dans une molle oisiveté. Allons, qui vous retient encore ? Allons, c'est trop nous arrêter. Non, ce n'est qu'un charme trompeur Dont il faut garder votre coeur. Fuyez, faites-vous violence. Est-ce là cette fermeté Dont vous êtes tant vanté ? Malgré la puissance infernale, Malgré vous-même, il faut vous détromper Ce sceptre d'or peut dissiper Une erreur si fatale. Ce que l'Amour a de charmant, N'est qu'une illusion qui ne laisse après elle Qu'une honte éternelle. Ce que l'Amour a de charmant, N'est qu'un funeste enchantement. Non, je n'ai point gardé mon coeur jusqu'à ce jour Près de l'objet que j'aime il m'était doux de vivre ; Mais quand la Gloire ordonne de la suivre Il faut laisser gémir l'Amour. Des charmes les plus forts la raison me dégage, Rien ne nous doit ici retenir davantage ; Profitons des conseils, que l'on nous a donnés. Est-ce vous, charmante Mélisse ? Est-ce vous, charmante Mélisse ? Que devient l'objet qui m'enflamme Mélisse disparaît soudain. Ciel faut-il qu'un fantôme vain. Cause tant de trouble à mon âme ? D'une nouvelle erreur, songeons à nous défendre. Évitons des trompeurs attraits ; Ne nous détournons plus du chemin qu'il faut prendre Pour arriver à ce palais. Il est seul, profitons d'un temps si précieux. Le Ciel veut vous faire connaître L'erreur dont vos sens sont séduits. Notre général vous rappelle : La Victoire vous garde une palme immortelle, Tout doit presser votre retour ; De cent divers climats chacun court à la guerre ; Renaud seul au bout de la Terre, Caché dans un charmant séjour, Veut-il suivre un honteux amour. **** *creator_quinault *book_quinault_armide *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_armide *dist2_quinault_verse_show *id_LECHEVALIERDANOIS *date_1686 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_lechevalierdanois Allons chercher Renaud ; le ciel nous favorise Dans notre pénible entreprise. Ce qui peut flatter nos désirs, Doit à son tour tenter de nous surprendre : C'est désormais du charme des plaisirs Que nous aurons à nous défendre, En vain, tout l'Enfer s'intéresse Dans l'Amour qui séduit un coeur si Glorieux Si sur ce bouclier Renaud tourne les yeux, Il rougira de sa faiblesse, Et nous l'engagerons à partir de ces lieux. Je vois la Beauté que j'adore, C'est elle, je n'en puis douter. Puis-je voir ici la Beauté Qui m'a soumis à son empire. Si loin des bords glacés, où vous prîtes naissance, Qui peut vous offrir à mes yeux ! L'Amour ne me le permet pas, Contre de si charmants appas Mon coeur est sans défense. Je tourne en vain mes yeux de toutes parts. Je ne vois plus cette beauté si chère : Elle échappe à mes regards Comme une vapeur légère. Je vois le danger où s'expose Un coeur qui se fuit dans un charme si puissant Que vous êtes heureux si vous êtes exempt Des faiblesses que l'Amour cause. Non, ce n'est qu'un charme trompeur Dont il faut garder votre coeur. Fuyez, faites vous violence. Est-ce là cette fermeté. Dont vous vous êtes tant vanté ; Sortez de votre erreur, la Raison vous appelle. Ah ! Que la Raison est cruelle, Si je suis abusé pourquoi m'en avertir ? Que mon erreur ma paraît belle ? Que je serais heureux de n'en jamais sortir ? J'aurai soin, malgré vous, de vous garantir. Ce que l'Amour a de charmant N'est qu'une illusion qui ne laisse après elle Qu'une honte éternelle. Ce que l'Amour a de charmant N'est qu'un funeste enchantement. Dérobez-vous aux pleurs d'Armide, C'est l'unique danger dont votre âme intrépide A besoin de se garantir. Dans ces lieux enchantés la Volupté préside, Vous n'en sauriez trop tôt sortir.