**** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_POLYMNIE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_polymnie Élevez vos concerts Au dessus du chant ordinaire ; Songez que vous avez à plaire Au plus grand ROI de l'Univers. Le grand titre de Roi n'est que sa moindre gloire, Il est encor plus grand par les travaux guerriers ; Et sa propre valeur a cueilli les lauriers Dont il est couronné des mains de la Victoire. Suivez la noble ardeur Qu'il vous inspire ; Tout ce qu'on voit dans son Empire Se doit sentir de sa grandeur. Il faut entre mes soeurs que mon soin se partage : Préparez tour à tour vos plus aimables jeux ; Pour vous accorder, je m'engage À vous seconder toutes deux. Terminez tous vos différents. Souffrez qu'en sa faveur aujourd'hui je commence, Je réserve pour vous mes travaux les plus grands. Faisons tout retentir du bruit de ses exploits. Préparons des fêtes nouvelles **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_MELPOMENE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_melpomene Joignez à mes chants magnifiques, La pompe de vos ornements. Votre secours m'est nécessaire, Je cherche à divertir le plus Auguste Roi Qui méritât jamais de tenir sous sa loi Tout ce que le Soleil éclaire. C'est moi dont la voix éclatante A droit de célébrer les exploits les plus grands, Les nobles récits que je chante Sont les plus dignes jeux des fameux conquérants. Vos premiers soins sont dûs à ce que j'entreprends. Chantons la gloire de ses armes. Formons des concerts pleins de charmes. Que nos chansons soient immortelles. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_EUTERPE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_euterpe Joignez à mes concerts rustiques, Vos agréments Les plus charmants. C'est un doux amusement Que d'aimables chansonnettes ; Les douceurs n'en sont pas faites Pour les bergers seulement. Les tendres chansonnettes Que l'on chante à l'ombre des bois Sur les Musettes, Ne sont pas quelques fois Des jeux indignes des grands Rois. Commencez de répondre à mon impatience. Chantons la douceur de ses lois. Faisons entendre nos hautbois. Que nos airs soient doux et touchants. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_TIRCIS *date_1682 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_tircis Vous chantez sous ces feuillages, Doux rossignols pleins d'amour, Et de nos tendres ramages, Vous réveillez tour à tour Les échos de ces boccages : Hélas ! Petits oiseaux, hélas ! Si vous aviez mes maux vous ne chanteriez pas. Toujours adorant Caliste, Et toujours infortuné. Et le moyen, hélas ! Eh le moyen, hélas ! Quand le mal est si fort ? Je ne guérirai qu'à ma mort. Ah, Bergers ! Rien ne me peut plus secourir; C'est trop, c'est trop souffrir. Quel martyre ! Il faut plutôt mourir Je le vois, la cruelle, Qui porte ici ses pas, Gardons d'être vu d'elle, L'ingrate, hélas! N'y viendrait pas. Vers ma belle ennemie Portons sans bruit nos pas, Et nous réveillons pas Sa rigueur endormie. Silence, petits oiseaux, Vents n'agitez nulle chose . Coulez doucement ruisseaux, C'est Caliste qui repose. Que vouslez-vous qu'on suive, hélas! Que ce qu'on aime. Mourir belle bergère, Mourir à vos genoux, Et finir ma misère, Puisqu'en vain à vos pieds, on me voit soupirer, Il y faut expirer. Ô ciel ! Bergers ! Caliste ! Ah je suis hors de moi ! Si l'on meurt de plaisir je dois perdre la vie. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_LICASTE *date_1682 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_licaste Hé quoi, toujours languissant, sombre et triste ? Dompte, dompte, Berger, l'ennui qui te possède. Ce mal trouvera son remède. Il n'est point de bergère Si froide et si sévère, Dont la pressante ardeur D'un coeur qui persévère, Ne vainque la froideur. Il est dans les affaires Des amoureux mystères, Certains petits moments Qui changent les plus fières, Et font d'heureux amants. Digne prix de ta foi ! C'est trop, c'est trop, bergers, hé pourquoi ces débats ? Souffrons qu'en un parti la Raison nous assemble : L'Amour a des douceurs ; Bacchus a des appas, Ce sont deux Déïtés qui sont fort bien ensemble; Ne les séparons pas. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_MENANDRE *date_1682 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_menandre Hé quoi, toujours aux pleurs abandonné ? Fais, Fais-toi quelque effort. Ô ! Sort digne d'envie ! **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_CALISTE *date_1682 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_caliste Je cherche le repos, le silence, et l'ombrage. Ton malheur doit me rendre sage : Tu n'as choisi qu'un inconstant. Laisse-moi dans la rêverie. Ah ! Que sous ce feuillage épais Il est doux de rêver en paix ! Ah ! Que sur notre coeur La sévère loi de l'honneur Prend un cruel empire ! Je ne fais voir que rigueurs pour Tircis, Et cependant sensible à ses cuisants soucis. De sa langueur en secret je soupire, Et voudrais bien soulager son martyre ; C'est à vous seuls que je le dis, Arbres, n'allez pas le redire. Puisque le Ciel a voulu nous former Avec un coeur qu'Amour peut enflammer, Quelle rigueur impitoyable Contre des traits si doux nous force à nous armer ? Et pourquoi sans être blâmable Ne peut-on pas aimer Ce que l'on trouve aimable ? Hélas ! Petits oiseaux, que vous êtes heureux De ne sentir nulle contrainte, Et de pouvoir suivre sans crainte Les doux emportements de vos coeurs amoureux ! Mais le sommeil sur ma paupière Verse de ses pavots l'agréable fraîcheur, Donnons-nous à lui toute entière, Nous n'ayons point de loi sévère Qui défende à nos sens d'en goûter la douceur. Ah ! Quelle peine extrême ! Suivre partout mes pas ? Berger, que voulez-vous ? Ah! Tircis, ôtez-vous, j'ai peur que dans de jour, La pitié dans mon coeur n'introduise l'amour. C'est trop, c'est trop de rigueur, J'ai mal traité votre ardeur Crucifiant votre personne, Vengez-vous de mon coeur, Tircis, je vous le donne. Le destin le veut ainsi, Prenez tous deux patience. Ici l'ombre des ormeaux Donne un teint frais aux herbettes, Et les bords de ces ruisseaux. Brillent de mille fleurettes Qui se mirent dans les eaux. Prenez bergers, vos musettes. Ajustez vos chalumeaux, Et mêlons nos chansonnettes Aux chants de petits oiseaux. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_CLIMENE *date_1682 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_climene Viens dans notre village : Voici le jour Qu'on doit célébrer la fête de L'Amour, Que cherches-tu dans ce boccage ? Tu devrais bien plutôt songer À t'engager. Eh Que peut faire Une bergère Sans un berger ? Si mon berger devient volage, Il m'est permis d'en faire autant. On goûte la douceur d'une amour éternelle, Quand on fait l'heureux choix d'un fidèle berger, Et quand on aime un infidèle, L'on a le plaisir de changer. Quoi ! L'amour de Tircis ne t'a point attendrie ? Lorsqu'on en veut parler, tu n'écoutes jamais ? Ne rêve plus où je m'en vais. Je n'entre point dans un mystère Que tu veux réserver : Mais un coeur sans affaire Ne donne point tant à rêver. Voici mon infidèle amant. Lorsqu'à toute autre personne Me préférait ton ardeur. J'aurais quitté la couronne Pour régner dessus ton coeur. Une autre a vengé ma flamme Des faiblesses de ta foi. Mirtil si digne d'envie, Me chérit plus que le jour, Et moi je perdrais la vie Pour lui montrer mon amour. Bien qu'avec pleine tendresse Mirtil me puisse chérir, Avec toi, je le confesse, Je voudrais vivre et mourir. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_DAMON *date_1682 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_damon Ma bergère a changé, je veux changer comme elle. Heureux qui peut aimer une beauté fidèle ! C'est pour servir Cloris que je quitte Climène, Et mon coeur sans aimer ne saurait vivre un jour , Qui s'engage une fois peut bien changer de chaine ; Mais, il est mal aisé d'échapper à l'Amour. Ma volage s'avance. Quand je plaisais à tes yeux J'étais content de ma vie, Et ne voyais Rois ni Dieux Dont le sort me fit envie. Une autre a guéri mon âme, Des feux que j'avais pour toi. Cloris qu'on vante si fort M'aime d'une ardeur fidèle, Si ses yeux voulaient ma mort, Je mourrais content pour elle. Mais si d'une douce ardeur Quelque renaissance trace Chassait Cloris de mon coeur Pour te remettre en sa place ? **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_FORESTAN *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_forestan Quoi ! Tu me fuis, Ingrate, et je te vois ici De ce berger à moi faire une préférence ? Je ne puis souffrir l'outrage Que Caliste fait à ma foi : Dans le fonds de mon coeur j'enrage Qu'elle aime un autre que moi. Deux enchanteurs m'ont fait entendre Qu'ils ont le secret de me rendre Tel qu'il faut être pour charmer ; Caliste aura beau se défendre, Je la contraindrai de m'aimer. Qu'un beau visage A d'avantage ! Tout lui rit, Tout lui fait la cour : Que l'on verra dans ce boccage De bergères mourir d'amour Et de bergers crever de rage ! Beau comme je dois être Il va me voir sans me connaitre. Qu'importe, qu'importe ! Qu'importe, qu'importe ! Qu'importe, qu'importe ! À qui crois-tu parler ? Il est bien doux de boire ; On peut en faire gloire. Quand on n'a pas de quoi charmer : Bacchus sait consoler un amant misérable ; Mais quand on est aimable, Il n'est rien si doux que d'aimer. Regarde, considère, admire. Ah qu'il est beau ! Ho, ho, ho, ho, ho, ho... Ah qu'il est beau. Qu'il est joli ! Hi, hi, hi, hi, hi, hi... Je suis digne de railleries ; On m'a fait une fourberie : Mais, si je la mets en oubli... Non, non, les imposteurs n'auront pas lieu de rire. Ah ! Je vais vous payer de m'avoir embelli. C'est un tour es Lutins errants dans ce boccage Dont il faut que je sois vengé. Tu ris quand je suis outragé ? Ne m'insulte point davantage ; Va rire ailleurs ; Je suis dans une rage Qui pourrait bien tourner sur les méchants railleurs. Au vin, au vin, au vin, au vin, Plus heureux qui peut n'aimer rien. **** *creator_quinault *book_quinault_fetesamourbacchus *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_fetesamourbacchus *dist2_quinault_verse_show *id_SILVANDRE *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_silvandre Quoi, mes soins n'ont rien pu sur ton indifférence, Et pour ce langoureux ton coeur s'est adouci ? Notre amour n'a pas toujours Tout le bonheur qu'il désire. Mais nous avons un secours, Et le bon vin nous fait rire Quand on rit de nos amours. Forestan, Forestan, es-tu là ? Ô ! Forestan ? Ah ! Te voilà. Pourquoi t'amuser de la sorte ? Hé quoi ! Ne veux-tu pas aller Où nous devons nous assembler ? Ton impatience est peu forte. Veux-tu souffrir en ce jour Que le faible dieu d'amour Sur le Dieu du vin l'emporte ? Allons ; c'est trop railler. Quel badinage ! Tu n'es pas sage ; La fête de Bacchus commencera bientôt. Allons, sans tarder davantage, Allons-y boire comme il faut. Que veux-tu dire ? D'où vient ce caprice nouveau ? Dis-moi donc je te prie De quelle folle rêverie Ton cerveau s'est rempli ? Consulte la Fontaine La plus prochaine, Mire-toi dans son eau. Ah qu'il est beau ! Ho, ho, ho, ho, ho, ho... Regarde, considère, admire. Qu'il est joli ! Hi, hi, hi, hi... Hé, hé, hé, hé, hé, hé... Hé, hé, hé, hé, hé, hé... Ami, me veux-tu croire, Ne songeons plus qu'à boire ; Fuyons l'amour, et le chagrin, Suivons Bacchus, courons au vin. Suis les lois de Bacchus, tu t'en trouveras bien. Viens avec nous goûter la vie ; Quitte une volage beauté, Comme elle t'a quitté: Profite de sa perfidie, Viens jouir de la liberté. Sous l'amoureux empire, On n'est point sans tourment ; Je te plains pauvre amant, Langui, gémi, soupire ; Nous allons rire, Arrêtez, arrêtez, c'est trop entreprendre, Un autre Dieu dont nous suivons les lois, S'oppose à cet honneur qu'à l'Amour osent rendre, Vos musettes et vos voix ; À des titres si beaux Bacchus seul peut prétendre, Et nous sommes ici pour défendre ses droits.