**** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_LARENOMMEE *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_larenommee C'est lui dont les Dieux ont fait choix Pour combler le bonheur de l'Empire François, En vain pour le troubler, tout s'unit, tout conspire, C'est en vain que l'Envie a ligué tant de rois. Heureux l'Empire Qui suit ses lois ! Il faut que partout on l'admire Parlons de ses vertus racontons ses exploits, A peine y pourrons nous suffire Avec toutes nos voix; Il faut le dire cent-et-cent fois Heureux l'empire qui suit ses lois. Hâtez-vous, Plaisirs, hâtez-vous De montrer vos charmes les plus doux. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_NEPTUNE *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_neptune Mon empire a servi de théâtre à la guerre, Publiez des exploits nouveaux C'est le même vainqueur Si fameux sur la terre Qui triomphe encor sur les eaux. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_DEUXTRITONS *date_1677 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_deuxtritons C'est le Dieu des eaux qui va paraître Rangeons nous près de notre Maître Enchaînons les vents les plus terribles Que le bruit des flots cède à nos chants. Régnez Zéphirs paisibles, Ramenez le doux printemps. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_APOLLON *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_apollon Ne parlons pas toujours de la guerre cruelle, Parlons des plaisirs et des jeux. Les Muses et les Arts Vont signaler leur zèle, Je vais favoriser leurs voeux Nous préparons une fête nouvelle Pour le Héros qui les appelle Dans cet asile heureux **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_MELPOMENE *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_melpomene Dans une auguste Cour. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_THALIE *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_thalie La Paix, la douce Paix N'ose encore descendre du céleste séjour. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_HIERAX *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hierax Cessons d'aimer une infidèle, Évitons la honte cruelle De servir, d'adorer qui ne nous aime plus. Achevons de briser les noeuds qu'elle a rompus. Dégageons nous, sortons d'un si funeste empire. Hélas ! Malgré moi je soupire ! Ah ! Mon coeur quelle lâcheté ! Quel charme te retient dans un honteux martyre ? Tu n'as pas craint des fers qui nous ont tant coûté As-tu peur de ta liberté ? Revenez, revenez Liberté charmante Vous n'êtes que trop diligente Lorsqu'il faut dans un coeur faire place à l'Amour; Mais que vous êtes lente Lorsqu'un juste dépit presse votre retour. Depuis qu'une nymphe inconstante A trahi mon amour et m'a manqué de foy Ces lieux jadis si beaux n'ont plus rien qui m'enchante; Ce que j'aime a changé, tout est changé pour moi. Si l'ingrate m'aimait, je serais son époux. Cette nymphe légère De jour en jour diffère Un hymen qu'autrefois elle avait cru si doux. L'inconstante n'a plus l'empressement extrême De cet amour naissant qui répondait au mien. Son changement paraît en dépit d'elle même Je ne le connais que trop bien, Sa bouche quelquefois dit encor qu'elle m'aime; Mais son coeur ni ses yeux ne m'en disent plus rien. Je ne les crus que trop, hélas ! Ces serments qui trompent mon coeur tendre et crédule; Ce fut dans ces vallons où par mille détours, Inachus prends plaisir à prolonger son cours; Ce fut sur son charment rivage, Que sa fille volage Me promit de m'aimer toujours. Le Zéphir fut témoin, l'onde fut attentive Quand la nymphe jura de ne changer jamais, Mais le Zéphir léger et l'onde fugitive Ont enfin emporté les serments qu'elle a faits. Je la vois, l'infidèle. Cruelle, en voulez vous douter ? En vain votre inconstance éclate, En vain elle m'anime à briser tous les noeuds Je vous aime toujours ingrate, Plus que vous ne voulez Et plus que je ne veux Je crains un funeste présage, Un aigle dévorant Vient de fondre à mes yeux, Sur un oiseau qui dans ces lieux M'entretenait d'un doux ramage Différez votre hymen, Suivons l'avis des Cieux. Notre hymen me déplaît qu'à votre coeur volage: Répondez moi de vous, je vous répond des Dieux. Vous juriez autrefois Que cette onde rebelle Se ferait vers sa source une route nouvelle Plutôt qu'on ne verrait votre coeur dégagé; Voyez couler ces flots dans cette vaste plaine C'est le même penchant qui toujours les entraîne. Leurs cours ne change point et vous avez changé Je veux ce qui vous plaît, cruelle que vous êtes, Vous n'abusez que trop d'un amour malheureux ! Quelle froideur extrême ! Inconstante, est-ce ainsi qu'on doit dire qu'on aime. Le mal de mes rivaux N'égale point ma peine, La douce illusion d'une espérance vaine Ne les fait point tomber du faite du bonheur Aucun d'eux comme moi n'a perdu votre coeur; Je ne suis point accoutumé Quel tourment de cesser de plaire Lorsqu'on a fait l'essai du plaisir d'être aimé. Je ne le sens que trop Votre coeur se détache Et je ne sais qui me l'arrache Je cherche en vain l'heureux amant Qui me dérobe un bien charmant Où j'ai cru devoir seul prétendre Je sentirais moins mon tourment Si je trouvais à qui m'en prendre Vous fuyez mes regards, Vous ne me dites rien; Il faut vous délivrer d'un fâcheux entretiens; Ma présence vous blesse et c'est trop vous contraindre. La perfide craint ma présence Elle me fuit en vain et j'irai la chercher. Laissez moi lui reprocher Sa cruelle inconstance Quoi ! Junon me devient contraire ? L'amitié fraternelle a si peur de pouvoir ? Quel est l'heureux amant qui s'en est fait aimer ? Nommez le moi. Ô Dieux ! Dieux tout puissants ! ah ! vous étiez jaloux De la félicité que vous m'avez ravie, Dieux tout puissants ! ah ! vous étiez jaloux De me voir plus heureux que vous. Vous n'avez pu souffrir le bonheur de la vie Et je voyais vos grandeurs sans envie. J'aimais, j'étais aimé. Mon sort était trop doux. Argus avec cent yeux sommeille; Mais croyez vous endormir un amant jaloux ? Demeurez ! J'ai tout perdu j'attends le trépas sans effroi. Un coup de foudre est une grâce Pour un malheureux comme moi. Éveillez vous, Argus, éveillez-vous, vous vous laissez surprendre. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_PIRANTE *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pirante C'est trop entretenir Ces tristes rêveries; Venez, tournez vos pas sur ces rives fleuries Regardez ces flots argentés, Qui dans ces vallons écartés, Font briller l'émail des prairies Interrompez vos soupirs Tout doit être ici; Ce beau séjour est l'asile Du repos et des plaisirs. La fille d'Inachus hautement vous préfère A mille autres amants de votre sort jaloux; Vous avez l'aveu de son père En faveur d'Argus votre frère, La puissante Junon se déclare pour vous. Se peut-il qu'elle dissimule ! Après de serments, ne la croyez-vous pas ? Éclaircissez vous avec elle. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_IO *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_io M'aimez vous ? puis-je m'en flatter ? Laissez moi revenir de mes frayeurs secrètes; J'attends de votre amour cet effort généreux. Non, je vous aime encor ! C'est à tort que vous m'accusez, Vous avez vu toujours vos rivaux méprisés Jaloux sombre et chagrin, Partout où je vous vois, Vous ne cessez de vous plaindre Je voudrais vous aimer Autant que je le dois, Et vous me forcez à vous craindre. Je veux bien te parler enfin sans artifice Ce prince infortuné s'alarme avec justice. Le maître souverain de la terre et des cieux Entreprend de plaire à mes yeux. Du coeur de Jupiter l'amour m'offre l'empire. Mercure est venu me le dire Je le vois chaque jour descendre dans ces lieux. Mon coeur autant qu'il peut Fait toujours résistance. Et pour attaquer ma constance, Il ne fallait pas moins que le plus grand des Dieux. Lorsqu'on me presse de me rendre Aux attraits d'un amour nouveau, Plus le charme est puissant Et plus il serait beau De pouvoir m'en défendre. Quoi ! tu veux me quitter ? Doù vient ce soin pressant ? Où suis-je ? D'où vient ce nuage ? Les ondes de mon père et son charmant rivage Ont disparu tout à coup à mes yeux ! Où puis-je trouver un passage ? La jalouse reine des Cieux Me fait elle si tôt acheter l'avantage De plaire au plus puissant des Dieux ? Que vois-je ? Quel éclat se répand dans ces lieux. Que sert-il qu'ici-bas votre amour me choisisse ? L'honneur me vient trop tard, j'ai formé d'autres noeuds Il fallait que ce bien pour combler tous nos voeux, Ne me coûtât point d'injustice, Et ne fit point de malheureux La gloire doit forcer mon coeur à se défendre. Si vous sortez du Ciel pour chercher les douceurs D'une amour tendre, Vous pouvez aisément attaquer d'autres coeurs Qui feront gloire de se rendre. Mon coeur en votre présence Fait trop peu de résistance Contentez-vous, hélas ! D'étonner ma constance, Et n'en triomphez pas. Je crains tout, je me crains moi-même. C'est mon dernier espoir. Écoutez mon devoir. Non, vous ne laissez pas mon coeur en mon pouvoir Je n'ai que trop de peine à ne le pas vouloir. Laissez-moi... Je devais moins attendre; Que ne fuyais-je hélas ! Avant que de vous voir. Le devoir veut que je vous quitte, Et je sens que vous m'arrêtez Est-ce là le bonheur que Junon m'a promis. Argus apprenez-moi quel crime j'ai commis. Je suis perdue, ô ciel ! si Junon est jalouse. Aux rigueurs de Junon Jupiter m'abandonne. Non, non Jupiter ne m'aime pas. Vous me quittez ? Quel secours puis-je attendre ! Ô Dieux ! Ô Dieux ! Où me réduisez vous ? Laisse-moi, cruelle Furie, Cruelle, laisse moi respirer un moment Ah ! Barbare, plus je te prie, Et plus tu prends plaisir d'augmenter mon tourment. Laisse moi, cruelle Furie Cruelle laisse moi respirer un moment Quel horrible séjour ! Quel froid insupportable ! Tes serpents animés par ta rage implacable. Ne sont-ils pas d'assez cruels bourreaux ? Pour punir un coeur misérable, Viens-tu chercher si loin des supplices nouveaux ? Ah ! Quelle peine D'éprouver tant de maux, sans trouver le trépas Ah ! quelle vengeance inhumaine ! Ah ! Quelle peine ! Quel déluge de feux vient sur moi se répandre. Ô ciel ! Junon serait moins inhumaine. Tu me fais trop souffrir, tu sers trop bien sa haine. Hélas ! Quelle rigueur extrême C'est en vain que Jupiter m'aime La haine de Junon jouit de mon tourment Que vous haïssez fortement, Grand Dieux ! Qu'il s'en faut bien que vous aimiez de même ! Ne pourrai-je cesse de vivre ? Cherchons le trépas dans les flots. C'est contre moi qu'il faut tourner Votre rigueur la plus funeste, D'une vie odieuse arrachez moi le reste Hâtez vous de la terminer. Favorisez mes voeux, Déesses souveraines Qui réglez du Destin immuables lois, Finissez mes jours et mes peines, Ne me condamnez pas à mourir mille fois. Tranchez mon triste sort d'un coup qui me délivre Des tourments que Junon me contraint à souffrir; Chacun vous fait des voeux pour vivre Et je vous en fais pour mourir. Est ce si grand crime d'aimer Ce que tout l'Univers adore ? Hélas ! comment fléchir une haine implacable ! Terminez mes tourments, puissant maître du monde, Sans vous, sans votre amour hélas ! Je ne souffrirais pas. Réduite au désespoir, mourante, vagabonde, J'ai porté mon supplice en mille affreux climats ; Une horrible Furie attachée à mes pas, M'a suivie au travers du vaste sein de l'onde; Voyez de quels maux ici bas, Votre épouse punit mes malheureux appas Délivrez moi de ma douleur profonde, Ouvrez-moi par pitié, les portes du trépas. Terminez mes tourments puissant maître du monde. Sans vous, sans votre amour, hélas ! Je ne souffrirais pas. C'est Jupiter qui m'aime ! Eh ! Qui le pourrait croire ? Je ne suis plus dans sa mémoire, Il n'entend point mes cris, Il ne voit point mes pleurs Après m'avoir livré aux plus cruels malheurs, Il est tranquille au comble de la gloire Il m'abandonne au milieu des douleurs. À la fin je succombe heureuse si je meurs. Ah ! mon supplice augmente encore ! Tout le feu des Enfers me brûle et me dévore; Mourrai-je tant de fois, sans voir finir mon sort ? N'importe en ma faveur soyez toujours sensible. Aimez moi, s'il vous est possible Assez pour la forcer à me donner la mort. Ah ! Laissez moi mourir. Vous l'aimez d'un amour trop tendre Non elle ne peut trop souffrir. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_MERCURE *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mercure Le Dieu puissant qui lance le tonnerre Et qui des cieux tient le sceptre en ses mains A résolu de venir sur la terre Chasser les maux qui troublent les humains. Que la terre avec soin à cet honneur réponde Échos retentissez dans ces lieux pleins d'appas, Annoncez qu'aujourd'hui pour le bonheur du monde, Jupiter descends ici-bas. C'est ainsi que Mercure Pour abuser les Dieux jaloux Doit parler hautement à toute la nature. Mais il doit s'expliquer Autrement avec vous; C'est pour vous voir, C'est pour vous plaire, Que Jupiter descend du céleste séjour. Et les biens qu'ici bas sa présence va faire Ne seront dûs qu'à son amour. Ce serait en aimant une contrainte étrange Qu'un coeur pour mieux choisir n'osât se dégager. Quand c'est pour Jupiter qu'on change Il n'est pas honteux de changer. Que tout l'univers se pare De ce qu'il a de plus rare Que tout brille dans ces lieux. Que la terre partage L'éclat et la gloire des cieux. Que tout rende hommage Au plus grand des dieux. Iris est ici-bas et Junon elle-même Pourrait vous suivre dans ces lieux. Sa vengeance serait funeste, Si votre amour était surpris. Arrêtez, belle Iris, différez un moment D'accomplir en ces lieux ce que Junon désire. Mais, si je vous disais que je veux vous choisir Pour attacher mon coeur d'une éternelle chaîne ? Refusez vous d'unir votre coeur et le mien. Si je fais ma première affaire De vous voir et de vous plaire. Un coeur fidèle A pour moi de charmants appas: Vous avez mille attraits, Vous n'êtes que trop belle: Mais je crains que vous n'ayez pas. Un coeur fidèle. Que la feinte entre nous finisse Le seul bien des mortels lui fait quitter les cieux; Mais quel soupçons nouveau Junon peut elle prendre ? Ne suivrait elle pas Jupiter en ces lieux. Un nuage entrouvert la découvre à mes yeux ; Iris parle ainsi sans mystère ! C'est ainsi que je puis me fier à ta foi. Servez, Nymphe, servez avec un soin fidèle, La puissante reine des Cieux. Suivez dans ces aimables lieux La jeunesse immortelle Tout plaît et tout rit avec elle. De la Nymphe Syrinx l'on chérit la mémoire, Il en regrette encor la perte chaque jour; Pour célébrer une fête à sa gloire Ce Dieu lui même assemble ici sa cour Il veut que du malheur de son fidèle amour. Un spectacle touchant représente l'histoire Il donne dans le piège, achevez sans remise Achevez de surprendre Argus et tous ses yeux. Si vous tentez une grande entreprise, Mercure vous conduit, l'amour vous favorise Et vous servez le plus puissant des Dieux. Il suffit Argus dort, tous ses yeux sont fermés, Allons, que rien ne nous retarde Délivrons la nymphe qu'il garde. Reconnaissez Mercure et fuyez avec nous; Éloignez-vous d'Argus, avant qu'il se réveille. Malheureux ! d'où te vient cette audace ? Commencez d'éprouver la colère des Dieux. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_JUPITER *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jupiter Les armes que je tiens protègent l'innocence. L'effort n'en est fâcheux qu'à l'orgueil des titans. Vous qui suivez les lois, Vivez sous ma puissance, Toujours heureux, toujours contents. Jupiter vient sur la terre. Pour la combler de bienfaits, Il est armé du tonnerre Mais c'est pour donner la paix. Vous voyez Jupiter; Que rien ne vous étonne. C'est pour tromper Junon et ses regards jaloux Qu'un nuage vous environne; Belle nymphe, rassurez-vous Je vous aime et pour vous le dire, Je sors avec plaisir de mon suprême empire. La foudre est dans mes mains, Les Dieux me font la cour, Je tiens tout l'Univers sous mon obéissance; Mais si je prétends en ce jour Engager votre coeur à m'aimer à son tour, Je fonde moins mon espérance Sur la grandeur de ma puissance Que sur l'excès de mon amour. C'est une assez grande gloire Pour votre premier vainqueur, D'être encore dans votre mémoire Et de me disputer si longtemps votre coeur. Il n'est rien dans les Cieux il n'est rien ici-bas De si charment que vos appas; Rien ne peut me toucher d'une flamme si forte; Belle Nymphe vous l'emportez Sur les autres beautés, Autant que Jupiter l'emporte Sur les autres Divinités ! Verrez-vous tant d'amour avec indifférence ? Quel trouble vous saisit ? Où tournez vous vos pas ? Et pourquoi craignez vous Jupiter qui vous aime ? Quoi ! voulez vous me fuir Écoutez mon amour. Vous avez un coeur libre et qui peut de défendre Quoi ! vous ne voulez pas m'entendre Quoi si tôt. L'amour pour moi me sollicite Et je vois que vous me quittez Pour la nymphe que j'aime Je crains ses transports furieux. Va, prends soin d'arrêter Iris, Mon amour prendra soin du reste. Dans les jardins d'Hébé vous deviez en ce jour D'une nouvelle nymphe Augmenter votre cour; Quel dessein si pressant dans ces lieux vous amène. Souhaitez, je promets que vos voeux seront satisfaits. J'approuve vos désirs ; Que rien n'y soit contraire; Mercure ayez soin de lui plaire, Et portez à son gré, mes ordres en tous lieux; Que tout suive les lois de la reine des cieux. Parlez, et qu'hautement votre choix se déclare. La fille d'Inachus. Vous ne sauriez combler d'une gloire trop grande La nymphe que vous choisissez; Junon commande Allez, allez, Mercure obéissez. Il ne m'est pas permis de finir votre peine Et ma puissance souveraine Doit suivre du Destin l'irrévocable loi : C'est tout ce que je puis par un amour extrême Que de quitter le Ciel et ma gloire suprême Pour prendre part aux maux que vous souffrez pour moi. Ma tendresse pour vous rend Junon inflexible Elle voit mon amour il lui paraît trop fort; Son courroux se redouble et devient invincible. C'est trop vous exposer à son jaloux transport, J'irrite en vous aimant sa vengeance terrible. Venez, venez Déesse impitoyable Venez, voyez, reconnaissez Cette Nymphe mourante autrefois trop aimable. C'est assez la punir, c'est vous venger assez; L'éclat de sa beauté ne la rend plus coupable, Par la cruelle horreur du tourment qui l'accable, Son crime et ses appas sont ensemble effacés. Sans jalousie et sans alarmes Voyez ses yeux noyés de larmes Que l'ombre de la mort commence de couvrir. Une juste pitié peut elle vous aigrir ? Votre courroux fatal ne doit-il pas s'éteindre ? Je sais que c'est de vous que son sort doit dépendre. Ce n'est qu'à vos bontés qu'elle doit recourir. Il n'est rien que de moi vous ne deviez attendre, Si je puis obliger votre haine à se rendre. Quoi ! Le coeur de Junon quelque grand qu'il puisse être Ne saurait triompher d'une injuste fureur Hé bien ! il faut que je commence À me vaincre en ce jour. Noires Ondes du Styx, c'est par vous que je jure. Fleuve affreux écoutez le serment que je fais. Si cette Nymphe, enfin, reprend tous ses attraits, Si Junon fait cesser les tourments qu'elle endure, Je jure que ses yeux ne troubleront jamais De nos coeurs réunis la bienheureuse paix. Noires Ondes du Styx, c'est par vous que je jure. Fleuve affreux écoutez le serment que je fais. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_IRIS *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_iris Vous m'arrêtez vainement Et vous n'aurez rien à me dire. Je vous écouterais peut-être avec plaisir, Mais je vous croirais avec peine. Jupiter et Junon nous occupent sans cesse Nos soins sont assez grands sans que l'amour nous blesse, Nous n'avons pas tous deux de loisir d'aimer bien. Je ferai mon premier devoir De vous plaire et de vous voir. Pourquoi craignez-vous tant Que mon coeur se dégage Je vous permets d'être inconstant, Sitôt que je serai volage. Parlons sans mystère en ce jour; Quel soin presse ici-bas Jupiter de descendre. Dans les jardins d'Hébé Junon vient de descendre. Ne me reprochez pas que je suis peu sincère, Vous ne l'êtes pas plus que moi. J'ai cherché vainement la fille d'Inachus. Elle honore son maître et brille sous ses pas. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_JUNON *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_junon Ah ! Je n'ai pas besoin d'en savoir davantage, Non, Isis, ne la cherchons plus. Jupiter dans ces lieux m'a donné de l'ombrage, J'ai traversé les airs, j'ai percé le nuage Qu'il opposait à mes regards ; Mais en vain j'ai tourné les yeux de toutes parts, Ce Dieu par son pouvoir suprême M'a caché la nymphe qu'il aime, Et ne m'a laissé voir que des troupeaux épars ! Non, non, je ne suis pas une incrédule épouse Qu'un puisse tromper aisément; Voyons qui feindra mieux de Jupiter amant Ou de Junon jalouse. Il est maître des Cieux, la terre suit sa loi; Sous sa toute puissance, il faut que tout fléchisse; Mais puisqu'il ne prétend s'armer que d'artifice Tout Jupiter qu'il est, il est moins fort que moi. Dans ces lieux écartés, vois que la terre est belle. L'amour cet amour infidèle, Qui du plus haut des cieux l'appelle, Fait que tout lui rit ici-bas. Près d'une maîtresse nouvelle Dans le fond des déserts, on trouve des appas. Et le ciel même ne plaît pas Avec une épouse immortelle. Je ne vous suivrai pas plus loin. Je viens de votre amour Attendre un nouveau soin : Ne vous étonnez pas qu'on vous quitte avec peine, Et que de Jupiter on ait toujours besoin. Vous m'aimez, et j'en suis certaine. J'ai fait choix d'une nymphe et déjà la Déesse De l'aimable Jeunesse Se prépare à la recevoir; Mais je n'ose, sans vous, disposer de personne. Si j'ai quelque pouvoir, Je n'en prétends avoir Qu'autant que votre amour m'en donne Ce don de votre main me sera précieux. La nymphe qui me plaît ne vous déplaira pas, Vous ne verrez pas ici-bas De mérite plus grand ni beauté plus rare; Les honneurs que je lui prépare Ne lui sont que trop dûs, Enfin, Junon choisit la fille d'Inachus. Déclarez pour elle. Peut-on voir à ma suite une nymphe plus belle, Plus capable d'orner ma cour, Et de marquer pour moi, Le soin de votre amour; Vous me l'avez promise et je vous le demande. Junon commande Allez, allez, Mercure obéissez. Revois le jour, Argus que ta figure change. Et vous Nymphe apprenez comment Junon se venge. Sors, barbare Erinnis, sors du fond des Enfers ; Viens, prends de servir ma vengeance fatale Et d'en montrer l'horreur en cent climats divers Épouvante tout l'univers Par les tourments de ma rivale Viens la punir au gré de mon courroux; Redoutable ta rage infernale Et fais s'il se peut qu'elle égale La fureur de mon coeur jaloux. Ils n'ont encor que trop de charmes Puisqu'ils savent attendrir. Ah ! vous la plaignez trop, elle n'est pas à plaindre Non elle ne peut trop souffrir. Prenez soin de la secourir. De la terre et du Ciel Jupiter est le maître Et Jupiter n'est pas le maître de son coeur ? Vous m'apprendrez à me vaincre à mon tour. Nymphe, je veux finir votre peine éternelle Que la Furie emporte aux Enfers avec elle Le trouble et les horreurs dont vos sens sont saisis ! Après un rigoureux supplice Goûtez les biens parfaits que les Dieux ont choisis : Et sous le nouveau nom d'Isis Jouissez d'un bonheur qui jamais ne finisse. **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_HEBE *date_1677 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_hebe Les plaisirs les plus doux Sont faits pour la jeunesse. Venez, venez jeux charmants, venez tous; Cardez vous bien d'amener avec vous La sévère Sagesse. Fuyez, fuyez, sombre tristesse Noirs chagrins, fuyez loin de nous Vous êtes destinés pour l'affreuse vieillesse Les plaisirs les plus doux Sont faits pour la jeunesse. Que c'est un plaisir charmant D'être jeune et belle ! Triomphez à tout moment D'une conquête nouvelle. Que c'est un plaisir charmant D'être jeune et belle ! **** *creator_quinault *book_quinault_isis *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_isis *dist2_quinault_verse_show *id_ARGUS *date_1677 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_argus Dans ce solitaire séjour Vous êtes sous ma garde, Junon vous y laisse: Mes yeux veilleront tour à tour Et vous observeront sans cesse. Vous êtes aimable Vos yeux devaient moins charmer. Vous êtes coupable De faire trop aimer Ne me déguisez rien, de quoi m'accuse-t-elle Quelle offenses à ses yeux me rend si criminelle ? Ne pourrai-je apaiser son funeste courroux. C'est une offense cruelle De paraître belle À ses yeux jaloux L'amour de Jupiter a trop paru pour vous On ne plaît guère à l'épouse Lorsqu'on plaît trop à l'époux. Vous n'en serez pas mieux d'être ingrate et volage Vous quittez un fidèle amant, Pour recevoir un plus brillant hommage Mais c'est un avantage Que vous payerez chèrement. J'ai l'ordre d'enfermer vos dangereux appas La Déesse se défend que vous voyez personne Non ! Non, non, on ne la doit point voir L'ordre est exprès pour tous, perdez un vain espoir. Non, je ne connais plus ni d'ami, ni de frère, Je ne connais que mon devoir Laissez la nymphe en paix, Ce n'est plus vous qu'elle aime. Tremblez à l'entendre nommer. C'est un Dieu tout puissant, c'est Jupiter lui-même. Dégagez vous d'un amour si fatal Sans balancer il faut vous y résoudre C'est un redoutable rival Qu'un amant qui lance la foudre. Heureux qui peut briser Qui peut briser sa chaîne Finissez une plainte vaine Méritez l'infidélité; Un coeur ingrat vaut-il la peine D'être tant regretté. Liberté, liberté. C'est un plaisir pour nous; poursuivez j'y consens Je ne m'oppose point à ces jeux innocents.