**** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_LAVERTU *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lavertu Ne vous abusez point par une vaine attente : On n'a pas aisément les prix que je présente ; Ils coûtent mille efforts ils font mille jaloux. L'inconstante Fortune à ma nuire est constante ; Lorsque l'on suit mes pas on s'expose à mes coups. On trouve en son fatal courroux Une hydre toujours renaissante. Fuyons de la grandeur la pompe embarrassante ; La retraite a des biens dont la douceur enchante Et qui sont réservés pour nous. Jouissons du bonheur d'une vie innocente ; C'est le bien le plus grand de tous. Qui nous fait voir ici tant de magnificence.. ? C'est la Fortune qui s'avance. Me cherchez-vous quand je vous fuis. Fortune, je sais trop que vous m'êtes contraire. Non, ce n'est pas un soin qui vous soit ordinaire D'embellir les lieux où je suis. Ah ! je le reconnais sans peine ; C'est le héros qui calme l'Univers. Mes biens brillent moins que les vôtres. Vous trouverez tant de coeurs qui n'adorent que vous ! Vous les enchantez presque tous. Son grand coeur s'est mieux fait connaître, Il a fait sur lui-même un effort généreux : Il veut rendre le monde heureux. Il préfère au bonheur d'en devenir le maître, La gloire de montrer qu'il mérite de l'âtre. Que jusque dans les jeux tout nous parle de lui. Les Dieux, qui méditaient leur plus parfait ouvrage, Autrefois dans Persée en tracèrent l'image : J'obtiendrai qu'Apollon le ranime aujourd'hui. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_PHRONIME *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_phronime La Vertu veut choisir ce lieu pour sa retraite : C'est un heureux séjour ; tout y plaît à mes yeux. Sans la Vertu, sans son secours, On n'a point de bien véritable. Elle est toujours aimable ; Il faut l'aimer toujours. On n'est point heureux sans vous. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_MEGATHYME *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_megathyme La Vertu fait trouver dans les plus tristes lieux Une félicité secr7te Elle éternise la mémoire D'un héros qui la suit. La gloire où la Vertu conduit Est la parfaite gloire. Avec vous rien n'épouvante. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_LAFORTUNE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lafortune Effaçons du passé la mémoire importune ; J'ai toujours contre vous vainement combattu : Un auguste héros ordonne à la Fortune D'être en paix avec la Vertu. Lui seul pour vous pouvait vaincre ma haine ; Il vous révère, et je le sers. Je l'aime constamment, moi qui suis si légère. Partout suivant ses voeux avec ardeur je cours. Vous paraissez toujours sévère, Et vous êtes toujours Ses plus chères amours. Vous régnez sur un coeur qui vaut seul tous les autres. Ah ! S'il m'eût voulu suivre, il eût tout surmonté. Tout tremblait, tout cédait à l'ardeur qui l'anime. C'est vous, Vertu trop magnanime ; C'est vous qui l'avez arrêté. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_PERSEE *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_persee Belle princesse, enfin vous souffrez ma présence. Vous voulez me faire savoir Que je ne dois ce bien qu'à votre obéissance. N'importe, rien ne peut ébranler ma constance. J'ai su jusqu'à ce jour vous aimer sans espoir. Je vais avec plaisir prendre notre défense, Quand j'aurais pour récompense Que la seule douceur que je sens à vous voir. Je serai malheureux, désespéré, jaloux ; Mais je mourrai content si vous vivez heureuse. De mes regards vos beaux yeux sont blessés ; Vous souffrez à me voir, mon amour vous outrage. Je vais chercher Méduse, et je vous aime assez Pour ne vous pas contraindre à souffrir davantage. Qu'entends-je ? Ô cieux : belle princesse ! Que vois-je ? vous versez des pleurs ! Vous pourriez être sa victime. Le fils de Jupiter, lorsque l'amour l'anime, Doit aller au delà de tout l'effort humain. J'ignorais votre amour, et j'aillais vous défendre ; Puis-je à vous secourir être moins animé, Quand je sais que je suis aimé ? L'amour m'appelle. Vous me verrez comblé d'une gloire immortelle. Un peuple infortuné m'engage à le défendre ; C'est à la gloire que je cours. Si je meurs, mon trépas sera digne d'envie ; Je laisse le soin de mes jours Au dieu qui m'a donné la vie. Je suivrai les conseils que vous m'avez donnés. Un prix qui me doit charmer M'est offert par la Victoire : Quel péril peut m'alarmer ? L'amour et la gloire S'unissent pour m'animer. Le monde est délivré d'un monstre si terrible ; Le ciel s'est servi de mon bras. Armons-nous ; punissons plus l'audace des rebelles. Si les dieux m'ont prêté des ailes, Ce n'est pas pour fuir le danger. Ne craignez rien ; fermez les yeux, Je vais punir leur injustice. Voyez leur funeste supplice. La tête de Méduse a fait leur châtiment... Cessons de redouter la fortune cruelle ; Le ciel nous promet d'heureux jours ; Vénus vient à notre secours ; Elle amène l'Amour et l'Hymen avec elle. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_CEPHEE *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cephee Je crains que Junon ne refuse D'apaiser sa haine pour nous ; Je crains, malgré vos voeux, Que l'affreuse Méduse Ne revienne servir son funeste courroux. L'Ethiopie en vain à mes lois est soumise ; Quelle espérance m'est permise, Si le ciel contre nous veut toujours être armé ? Que me sert toute ma puissance ? Contre ce monstre affreux Mon peuple est sans défense : Qui le voit est soudain en rocher transformé ; Et si Junon, que votre orgueil offense, N'arrête sa vengeance, Je serai bientôt roi d'un peuple inanimé. Je vais, avec Persée, implorer l'assistance Du dieu dont il tient la naissance ; Il est fils du plus grand des Dieux. Apaisez de Junon, la colère fatale, Ce serait pour elle en ces lieux Un objet odieux Qu'un fils de sa rivale. Les Dieux punissent la fierté, Ils n'est point de grandeur que le ciel irrité N'abaisse quand il veut, et ne réduisent en poudre, Mais un prompt repentir Peut arrêter la foudre Toute prête à partir. Au fils de Jupiter on peut céder sans honte. Votre incrédulité n'aura donc plus d'excuse, Mon frère ; sa valeur va vous ouvrir les yeux. Reconnaissez le fils du plus puissant des dieux : Il offre de couper le tête de Méduse. Ma fille est le prix qu'il demande. L'espoir dans nos coeurs doit renaître... Dieux, que Junon engage à servir son courroux, Dieux irrités, apaisez-vous ! La vengeance du ciel n'a que trop au paraître. Le fils de Jupiter veut combattre pour nous : Ô ciel ! favorisez le fils de votre maître. Andromède ! Andromède ! Ah ! quel effroyable supplice ! Dieux, ô dieux ! quelle cruauté ! Andromède ! Andromède ! Honorons à jamais le glorieux héros Qui nous donne un heureux repos. Sa valeur, à son gré, fait voler la victoire : Tour-à-tour la terre et les flots Sont le théâtre de sa gloire. Honorons à jamais, etc. Le soin de vous défendre en ces lieux me rappelle. Craignez tout d'un peuple rebelle ; Quel sang n'ose-t-il point verser ? Un trait, que sur Persée on a voulu lancer, A frappé votre soeur d'une atteinte mortelle. Junon, implacable pour nous, Anime les mutins de son fatal courroux. Leur rage croît, leur nombre augmente : Persée en vain toujours combat avec chaleur. Que servent les efforts qu'il tente ? Le nombre tôt ou tard accable la valeur. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_CASSIOPE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_cassiope Heureuse épouse, heureuse mère, Trop vaine d'un sort glorieux, Je n'ai pu m'empêcher d'exciter la colère De l'épouse du Dieu de la Terre et des Cieux ! J'ai comparé ma gloire à sa gloire immortelle. La déesse punit ma fierté Criminelle ; Mais j'espère fléchir son courroux rigoureux ; J'ordonne les célèbres Jeux Qu'à l'honneur de Junon en ces lieux on prépare Mon orgueil offensa cette divinité ; Il faut que mon respect répare Le crime de ma vanité. Par un cruel châtiment Les Dieux vous font voir leur haine ; On les irrite aisément, On les apaise avec peine. Aimé et destiné pour épouser ma fille, Vous savez mes desseins pour vous, Ma soeur ; par votre hymen, il m'aurait été doux D'unir Persée à ma famille ; Mais je le veux en vain, l'Amour n'y consent pas : Aux yeux de ce héros, ma fille a trop d'appas. Sachez bien la faiblesse où votre coeur s'engage. De chagrin et de colère, Votre coeur est déchiré ; Vous perdez l'espoir de plaire ; Peut-on trop se défaire D'un amour désespéré. Appelez le dépit ; que votre amour lui cède ; Sortez par son secours, d'un tourment si fatal. Pour prendre soin des Jeux, il faut que je vous quitte. Par mes conseils votre douleur s'irrite. Ô Junon ! Puissante déesse Qu'on ne peut assez révérer ! J'assemble en votre nom cette aimable jeunesse, Que le flambeau d'Hymen doit bientôt éclairer. Chacun va montrer son adresse Pour disputer les prix que j'ai fait préparer, Ne gardez pas pour nous une haine implacable ; Si l'orgueil me rendit coupable, Je reconnais mon crime et veux le réparer. Voyez d'un regard favorable Les jeux qu'en votre honneur nous allons célébrer. Faut-il que contre nous tout le ciel s'intéresse ? Dieux ! ne puis-je espérer de vous fléchir jamais ? Elle peut revenir, elle peut nous surprendre. Junon s'obstine à se venger ; Contre elle aucun des dieux n'a soin de nous défendre ; Mon seul espoir est d'engager Jupiter à nous protéger. Le ciel punit mon crime ; il est inexorable. J'ai besoin de secours dans un mortel effroi. Ah ! Quelle vengeance inhumaine ! Ma fille ! Que les dieux sont cruels ! Qu'ils sont ingénieux À faire ressentir leur haine ! Ma fille ! Que par pitié j'obtienne une mort légitime. Cruels ! n'attachez pas ma fille à ce rocher, C'est moi qu'il y faut attacher ! Ah ! Quelle vengeance inhumaine ! Ma fille ! Que les dieux sont cruels ! qu'ils sont ingénieux À faire ressentir leur haine ! Ma fille ! **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_MEROPE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_merope Puissions nous désarmer le ciel qui nous menace. Le fils de Jupiter l'adore ; Croyez-vous que je sois encore à m'en apercevoir ? J'y prends trop d'intérêt pour ne le pas savoir. Je goûtais une paix heureuse Avant que ce héros parût dans cette Cour ; Par une espérance trompeuse, Allait-il me livrer au pouvoir de l'Amour ? Mon vainqueur encore aujourd'hui Ignore de mon coeur le funeste esclavage : Je mourrai de honte et de rage Si l'ingrat connaissait l'amour que j'ai pour lui. Le triste secours qu'un remède Plus cruel encore que le mal ! Ah ! Je garderai bien mon coeur, Si je puis le reprendre. Venez, juste dépit, venez, c'est trop attendre ; Brisez des fers pleins de rigueur, Hâtez-vous de me rendre De mon premier repos la charmante douceur, Ah ! je garderai bien mon coeur, Si je puis le reprendre, Hélas ! Mon coeur soupire, et ce soupir trop tendre Va, malgré mon dépit, rappeler ma langueur ! L'amour est toujours mon vainqueur, Et je veux en vain m'en défendre, Ah ! J'ai trop engagé mon coeur ; Je ne puis le reprendre... Andromède vient voir les Jeux, Phinée avec elle s'avance ; L'espoir de leur hymen flatte encore mes voeux Et c'est ma dernière espérance. Vous êtes tous deux aimables, Et vous vous aimez tous deux ; Quels différents sont capables De rompre de si beaux noeuds ? Que ne souffriront point les amants misérables Si l'Amour a des maux pour les amants heureux ? Il craint autant qu'il aime ; Vous devez l'excuser. L'amour extrême Sert d'excuse lui-même Aux craintes qu'il a su causer. Persée a ramené le roi dans ce palais. Il est aimé de ce qu'il aime ; Vous avec approuvé ses voeux : Briserez-vous des noeuds Que vous avez formés vous-même ? Que le désespoir est affreux Pour un amour extrême, Qui s'était flatté d'être heureux ! Hélas ! Il va périr ! Dois-je en trembler ? Pourquoi Pour l'amant d'Andromède ai-je pris tant d'effroi ? Faut-il que mon dépit s'oublie ? Quel intérêt ai-je à sa vie ? Il vivrait pour une autre, il est perdu pour moi... Cependant quand je songe à son péril extrême, Quand je le vois chercher un horrible trépas, Sans songer qu'il ne m'aime pas, Je sens seulement que je l'aime. Andromède semble interdite ; Elle vient rêver en ces lieux : Ah ! je reconnais dans ses yeux Le même trouble qui m'agite. Ah ! Vous aimez Persée ; il cause vos alarmes ; N'en désavouez point vos larmes : Vos tendres sentiments se sont trop exprimés. Vous l'aimez. Vous l'aimez. Il est vrai, le dépit veut en vain m'animer ; Je sens que la pitié désarme ma colère. Persée est un ingrat qui ne me peut aimer ; Il n'a pas laissé de me plaire. Il vous a trop aimée, hélas ! Comment ne l'aimeriez-vous pas ? Unissons nos regrets, le même amour nous lie. Qu'importe à qui de nous Persée offre ses voeux ! Nous allons perdre toutes deux ; Son péril nous réconcilie. Je veux m'épargner le supplice D'être témoin de vos adieux. Allons en secret soupirer : Non, je ne puis plus me montrer, Triste comme je suis, interdite et confuse. Que l'amour a pour moi de chagrins et d'alarmes. Que Persée à mon coeur coûte de déplaisirs ! Son départ, ses dangers m'ont fait verser des larmes, Et son heureux retour m'arrache des soupirs. Persée est revenu, mais c'est pour Andromède. Pour m'offrir à ses yeux l'ardeur qui me possède M'a fait empresser vainement : Il n'a rien vu que ce qu'il aime ; Il n'a pas daigné même S'apercevoir de mon empressement, Et tous les soins de mon amour extrême N'ont pas été payés d'un regard seulement. Verrez-vous sans douleur Andromède en danger ? Ô mort ! Venez finir mon destin déplorable. Ma rivale jouit d'un sort trop favorable, Et je souffrirais trop, si je ne mourais pas. Son bonheur m'a rendu le jour insupportable ; La nuit affreuse du trépas Me paraît moins épouvantable. Ô mort ! Venez finir mon destin déplorable. Hélas ! Funeste mort, hélas ! Pour les coeurs fortunés vous êtes effroyable ; Mais vos horreurs ont des appas Pour un coeur que l'amour a rendu misérable. Ô mort ! Venez finir mon destin déplorable. Du secours de Junon que faut-il qu'on espère ? Persée a triomphé deux fois de son courroux. Persée, il n'est plus temps de garder le silence : J'avais cru vouloir votre mort ; Mais mon coeur avec vous est trop d'intelligence, Et, prêtre à me venger, je ressens un transport Cent fois plus pressant et plus fort Que le transport de la vengeance. Votre rival approche, il en veut à vos jours : Mille ennemis vous environnent. Évitez leur fureur, servez-vous du secours Que les dieux propices vous donnent. Volez ne trouverez plus d'autres chemins ouverts. Sauvez-vous ; profitez de mes avis fidèles : C'est à fuir seulement que vous devez songer. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_ANDROMEDE *date_1682 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_andromede Cessez de craindre. Je veux vous aimer, je le dois. Cessez de craindre. Sans raison son chagrin éclate. Condamnez un amant jaloux. Le devoir sur mon coeur vous donne un juste empire. Vous ne devez pas craindre un changement fatal. Un amant assuré d'un bonheur qu'il désire, Peut-il être jaloux d'un malheureux rival ? Quel plaisir prenez-vous à vous troubler vous-même, Et de quoi votre amour peut-il être alarmé ? Je fuis votre rival avec un soin extrême : Est-on accoutumé de fuir ce que l'on aime ? Tout vous fait peur, tout vous irrite ; Vous m'apprenez à craindre un héros glorieux, Je ne veux point voir son mérite ; Votre importun soupçon veut-il m'ouvrir les yeux ? Juste Ciel ! Le ciel n'est que trop en colère, Et vous bravez un Dieu qui peut vous accabler. C'est pour vous que je dois trembler. Ne me faites point d'injustice : Je veux vous aimer, je le dois. Cessez de craindre. Mon devoir est pour vous, mon devoir peut suffire À vous faire un tranquille espoir. Les jeux vont commencer, plaçons nous pour les voir. Infortunés, qu'un monstre affreux A changés en rochers par ses regards terribles, Vous ne ressentez plus vos destins rigoureux, Et vos coeurs endurcis sont pour jamais paisibles. Hélas ! les coeurs sensibles Sont mille fois plus malheureux. Il ne m'aime que trop, et tout me sollicite De l'aimer à mon tour ; C'est du plus grand des dieux qu'il a reçu le jour. Dans nos périls mortels l'amour le précipite : Le moyen de tenir contre tant de mérite, Et contre tant d'amour ? Vous l'aimez. L'espoir de son hymen avait charmé votre âme, Et je sais les projet que vous aviez formés : Je vois que le dépit n'éteint pas votre flamme ; Persée est en péril, et vous vous alarmez. Vous l'aimez. L'amour qu'il a pour moi l'engage À chercher à se perdre avec empressement : Ne me reprochez point ce funeste avantage ; Je le paierai bien chèrement. Il faut que mon amour se cache et de trahisse... Ô ciel ! Il va parti ! Il me chercher en ces lieux. Seigneur, on me l'ordonne, et je suis mon devoir. Non, ne vous flattez pas ; je peux ne vous rien taire : Vous m'aimez vainement ; Phinée a su ma plaire ; Il est choisi pour être mon époux ; Nos deux coeurs sont unis ; quel prix espérez-vous D'une entreprise dangereuse ? Quand nous seriez dangereuse ? Quand vous seriez vainqueur, votre âme est généreuse, Et vous ne voudrez pas rompre des noeuds si doux. Ô dieux ! Quoi ! pour jamais vous me quittez ! Persée, arrêtez, arrêtez. Ah ! par l'excès de mes douleurs Connaissez, s'il se peut, l'excès de ma tendresse. Voyez à quoi j'avais recours Pour vous ôter l'ardeur qui vous fait entreprendre Un combat funeste à vos jours. Hélas ! que l'ai-je pu me rendre Indigne de votre secours ? Que n'êtes-vous magnanime ? Méduse d'un regard porte un trépas certain. Tout l'effort des mortels contre elle serait vain. Par les frayeurs d'un amour tendre Ne serez-vous point désarmé ? Quoi ! vous partez ? Vous méprisez mes pleurs ! Mes cris sont superflus ! Hélas ! nous ne vous verrons plus ! Ô cieux ! Ô cieux ! Je ne vois point Persée, et je flattais ma peine Du triste espoir de mourir à ses yeux. Dieux ! Qui me destinez une mort si cruelle Hélas ! Pourquoi flattiez-vous De l'espoir d'un destin si doux ? Vous dont je tiens la vie Et vous peuple fidèle, Jouissez parmi vous d'une paix éternelle, Je vais fléchir les dieux irrités contre vous. Et si ma mère est criminelle, C'est moi qui dois calmer le céleste courroux ! Par le sang que j'ai reçu d'elle, Heureuse de périr pour le salut de tous. Un souvenir charmant qu'en mourant je rappelle. Les appas, les douceurs d'une amour maternelle Sont de mon triste sort les plus terribles coups. Le fils de Jupiter eut été mon époux ! Ah ! Que ma vie eut été belle ! Dieux ! Qui me destinez une mort si cruelle Hélas ! Pourquoi me flattiez-vous De l'espoir d'un destin si doux ? Tremblez ! Superbe Reine. Tremblez ! Mortels audacieux ! Que votre orgueil apprenne Combien votre grandeur est vaine : Tremblez mortels audacieux ! Redoutez le courroux de Dieux Ô cieux ! Ô cieux ! A s'exposer pour moi c'est en vain qu'il s'obstine. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_PHINEE *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_phinee Cessez de feindre. Vous ne m'aimez pas, je le vois. Cessez de feindre. Perdrai-je sans chagrin mon espoir le plus doux ? Condamnez une ingrate. Persée a su lui plaire, et d'une vaine excuse Elle veut éblouir mon amour outragé. Elle m'aimait... Non, je m'abuse, Non, puisqu'elle a si tôt changé, Jamais son coeur pour moi ne fut bien engagé. Non, je ne puis souffrir qu'il partage une chaîne Dont le poids me parait charmant. Quand vous l'accableriez du plus cruel tourment, Je serais jaloux de sa peine. Mais il ne fait point voir le dépit éclatant. S'il est si malheureux, sa constance m'étonne : L'amour que l'espoir abandonne, Est moins tranquille et moins constant. Vous suivez à regret la gloire et le devoir, En fuyant un amant à vos yeux trop aimable ; Vous l'avez trouvé redoutable, Puisque vous craignez de le voir. Ah ! Si vous le flattiez de la moindre espérance, Le Dieu qu'il vous fait croire auteur de sa naissance ; Dût-il faire éclater son foudroyant courroux, Ne le sauverait pas de mon transport jaloux. Vous tremblez ! Persée a su vous plaire, Si son péril peut vous troubler. Ne vous servez point d'artifice. Vous ne m'aimez pas, je le vois. Cessez de feindre. Ne ferez-vous jamais parler que le devoir ? L'amour n'a-t-il rien à me dire ? J'ai conduit ici la princesse. Méduse se retire, elle nous laisse en paix. Je vous entends ; je sais quelle est votre espérance. Persée a beau vanter sa divine naissance, Après votre promesse, après la choix du roi, Andromède doit être à moi. Ah ! si le ciel est équitable, Vous trouverait-il moins coupable Si vous m'aviez manqué de foi ? Seigneur, vous m'avez destiné À l'hymen fortuné De l'aimable Andromède. A l'amour de Persée on veut que je la cède ; M'ôterez-vous un bien que vous m'avez donné ? Et croyez-vous aussi la fable qu'il raconte ? Croyez-vous qu'un dieu souverain, Qui sur tout l'univers préside, Se laisse par l'amour changer en or liquide Pour entrer en secret dans une tour d'airain ? Par ce prodige imaginaire, Persée est révéré du crédule vulgaire : Il se dit fils du dieu dont le ciel suit la loi ; Mais je ne prétends pas l'en croire sur sa foi. Le succès n'est pas sûr, souffrez que je l'attends : Souffrez que cependant mon amour se défendre D'abandonner un bien si précieux ; Persée encor n'est pas victorieux. Persée est de retour, chacun court l'honorer ; Et le bonheur public va me désespérer ! Non, non, il n'est plus temps qu'un vain espoir m'abuse. Nous ressentons mêmes douleurs, Fuyons une foule importune : D'une plainte commune Déplorons nos communs malheurs. Que le ciel pour Persée est prodigue en miracles ! Qui n'eût pas cru qu'un monstre furieux M'aurait débarrassé d'un rival odieux. Cependant, malgré mille obstacles, Mon rival est victorieux. Il s'est fait des routes nouvelles : Il a volé pour hâter son retour ; Et Mercure et l'Amour Ont pris soin à l'envi de lui prêter des ailes. Le peuple croit lui tout devoir : On entend de son nom retentir ce rivage, Le roi s'est empressé d'honorer son courage, Chacun jusqu'en ces lieux l'est venu recevoir. Qu'Andromède a paru contente de la voir ! Quel triomphe pour lui ! quel charmant avantage ! Et pour moi quelle rage, Et quel horrible désespoir ! Les dieux ont soin de nous venger : Le plaisir que je sens avec peine se cache. Est-ce à moi que la mort l'arrache ? C'est à Persée à s'affliger. L'amour meurt dans mon coeur, la rage lui succède ; J'aime mieux voir un monstre affreux Dévorer l'ingrate Andromède, Les appas, les douceurs d'une amour mutuelle, Sont de mon sort fatal les plus terribles coups ; Le fils de Jupiter eût été mon époux ; Ah ! Que ma vie eût été belle ! Dieux ! Qui me destinez une mort si cruelle, etc. Ce n'est point à des pleurs qu'il faut avoir recours. Junon veut qu'aujourd'hui je me venge avec elle. Iris, de son vouloir l'interprète fidèle, Vient, par son ordre exprès, de m'offrir son secours. Que ne pourra point sa colère Unie à mon transport jaloux ? Heureux qui peut goûter une douce vengeance ! C'est l'unique espérance Des malheureux amants. Pour servir ma fureur on s'arme en diligence. Mon rival n'aura pas mon bien pour récompense ; S'il triomphe de moi, c'est pour peu de moments. C'est en vain qu'Andromède a trahi ma constance ; L'Amour est avec eux en vain d'intelligence ; Je briserai ses noeuds charmants. L'Hymen me livrera l'ingrate qui m'offense ; Elle a vu ma douleur avec indifférence : Je veux être sensible à ses gémissements ; Et, si je ne puis voir son coeur en ma puissance, Je jouirai de ses tourments. Heureux qui peut goûter une douce vengeance, etc. ! Il faut nous éloigner du peuple qui s'avance ; Ce superbe appareil, ces riches ornements, Tout ici de ma rage accroît la violence : Allons hâter l'éclat de nos ressentiments. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_CORITE *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_corite Méduse revient dans ces lieux ! **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_PROTENOR *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_protenor Garde-nous de la voir, la Mort est dans ses yeux. Tous ensembles, en fuyant. Fuyons ce monstre terrible ; Sauvons-nous s'il est possible : Sauvons-nous, hâtons nos pas ; Fuyons un affreux trépas. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_MERCURE *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mercure Persée, où courez-vous ? qu'allez-vous entreprendre ? Ce dieux juste et puissant favorise vos voeux, Et c'est par ma voix qu'il s'explique : Il reconnaît son sang à l'effort généreux Que vous allez tenter, d'une ardeur héroïque, Pour secourir des malheureux ; Mais ce n'est point en téméraire Qu'il faut dans le péril précipiter vos pas. L'assistance des dieux vous sera nécessaire : Ils veulent vous l'offrir, ne le négligez pas. Je viens d'apprendre à toute la nature Que Jupiter s'intéresse à vos jours : La jalouse Junon vainement en murmure, Et tout, jusqu'aux enfers, vous promet du secours. Votre conduite à mes soins est commise. L'impatience éclate dans vos yeux ; La gloire qui vous est promise Ne peut plus souffrir de remise. Suivez-moi ; partons de ces lieux. C'est toujours mon plus cher désir De voir tout l'univers dans une paix profonde. Ne vous lassez-vous point du barbare plaisir De troubler le repos du monde ! Il est vrai qu'un fatal courroux A trop éclaté contre vous ; Vous n'avez eu que trop de charmes. Sans Pallas, sans ses rigueurs, Vous n'auriez troublé les coeurs Que par de douces alarmes. Je ne puis, dans votre malheur, Vous offrir qu'un sommeil paisible. Ô tranquille sommeil, que vous êtes charmant ! Que vous faites sentir un doux enchantement Dans la plus triste solitude ! Votre divin pouvoir calme l'inquiétude Vous savez adoucir le plus cruel tourment. Ô tranquille sommeil, que vous êtes charmant ! Jouissez du repos dans ce lieux solitaire. Il faut céder, il faut vous rendre Au charme qui va vous surprendre. Persée, approchez-vous ; Méduse est endormie. Avancez sans bruit ; surprenez Une si terrible ennemie. Si vous osez la voir, c'est fait de votre vie. Je vous laisse au milieu d'un péril redoutable ; Je ne puis plus rien pour vos jours ; Cherchez votre dernier secours Dans un courage inébranlable. Persée allez, volez où l'amour vous appelle... Gorgones, désormais vous serez sans pouvoir : Ce lieu n'est pas pour vous un séjour assez noir, Venez dans la nuit éternelle. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_MEDUSE *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_meduse J'ai perdu la beauté qui me rendit si vaine : Je n'ai plus ces cheveux si beaux Dont autrefois le dieu des eaux Sentit lier son coeur d'une si douce chaîne. Pallas, la barbare Pallas, Fut jalouse de mes appas, Et me rendit affreuse autant que j'étais belle ; Mais l'excès étonnant de la difformité Dont me punit sa cruauté, Fera connaître, en dépit d'elle, Quel fut l'excès de ma beauté. Je ne puis trop montrer sa vengeance cruelle ; Ma tête est fière encor d'avoir pour ornement Des serpents dont le sifflement Excite une frayeur mortelle. Je porte l'épouvante et la mort en tous lieux ; Tout se change en rocher à mon aspect horrible : Les traits que Jupiter lance du haut des cieux N'ont rien de si terrible Qu'un regard de mes yeux. Les plus grands dieux du ciel, de la terre et de l'onde, Du soin de se venger se reposent sur moi : Si je perds la douceur d'être l'amour du monde, J'ai le plaisir nouveau d'en devenir l'effroi. Mon terrible secours vous est-il nécessaire ? De superbes mortels osent-ils vous déplaire ? Faut-il vous en venger ? Faut-il armer contre eux Le funeste courroux de mes serpents affreux ? Où faut-il que ma fureur vole ? Vous n'avez qu'à nommer l'empire malheureux Que vous voulez que je désole. Puis-je causer jamais des malheurs assez grands Au gré de la fureur qui de mon coeur s'empare ? C'est des dieux que j'apprends À devenir barbare. Que sert-il de m'entretenir D'un bien trop tôt passé, qui ne peut revenir ? Je n'en ressens que trop la perte irréparable ! Ah ! quand on se trouve effroyable, Que c'est un cruel souvenir De songer que l'on fut aimable ! Avec une vive douleur Le repos est incompatible. **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_IDAS *date_1682 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_idas L'implacable Junon cause notre infortune ; Elle arme contre nous l'empire de Neptune ; Un monstre en doit sortir, qui viendra dévorer L'innocente Andromède ; Et Thétis et ses soeurs viennent de déclarer Qu'il n'est plus permis d'espérer De voir finir nos maux sans ce cruel remède. Les Tritons ont saisi la princesse à nos yeux ; Et le pouvoir des dieux Nous a rendus tous immobiles. C'est sur ces bords qu'au monstre on la doit exposer. Pour son secours Persée en vain veut tout oser ; Ses efforts seront inutiles : Il faut céder aux dieux ; il faut céder au sort Dont Andromède est poursuivie. Croyait-on voir fini une si belle vie Par une si terrible mort ? **** *creator_quinault *book_quinault_persee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_persee *dist2_quinault_verse_show *id_VENUS *date_1682 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_venus Mortels, vivez en paix ; vos malheurs sont finis. Jupiter vous protège en faveur de son fils ; À ce dieu si puissant tous les dieux veulent plaire, Et Junon même enfin apaise sa colère. Cassiope, Céphée, et vous, heureux époux, Prenez place au ciel avec nous. Les souverains destins ordonnent Que des feux éclatants toujours vous environnent.