**** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_BACCHUS *date_1675 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_bacchus Pour les plus fortunés, pour les plus malheureux, Dans l'empire amoureux, Le dieu du vin est nécessaire : S'il prend part aux plaisirs c'est pour les redoubler ; Il charme les chagrins des cours qu'on désespère : Bacchus a de quoi consoler De tous les maux qu'amour peut faire. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_VENUS *date_1675 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_venus Revenez, amours, revenez ; Pourquoi quitter ces lieux où l'on est sans alarmes ? La beauté perd ses plus doux charmes, Sitôt que vous l'abandonnez : Revenez, amours, revenez. Beaux lieux, où les plaisirs suivaient partout mes pas, Que sont devenus vos appas ? Qu'un si charmant séjour est triste et solitaire ! Hélas ! Hélas ! Les amours n'y sont pas, Sans les amours, rien ne peut plaire. Revenez, amours, revenez ; Quel chagrin si pressant vous a tous emmenés ? Est-il quelque danger dont Mars ne vous délivre ? Il chasse les fureurs de ces lieux fortunés, À la seule victoire il permet de le suivre. Revenez, amours, revenez. Inexorable Mars, pourquoi déchaînez-vous Contre un héros vainqueur tant d'ennemis jaloux ? Faut-il que l'univers avec fureur conspire Contre ce glorieux empire Dont le séjour nous est si doux ? Sans une aimable paix peut-on jamais attendre De beaux jours ni d'heureux moments ? La plainte la plus tendre, Les plus doux soupirs des amants, Sont le seul bruit qu'on doit entendre En des lieux si charmants. Vénus répand sur lui tout ce qui peut charmer. Tout doit l'aimer. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_CERES *date_1675 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ceres Trop heureux qui moissonne Dans les champs des amours ! Amants que rien ne vous étonne, L'espérance est un grand secours : Quand on vient à cueillir les fruits que l'amour donne, On est riche à jamais, et content pour toujours, Trop heureux qui moissonne Dans les champs des amours. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_MARS *date_1675 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mars Que rien ne trouble ici Vénus et les amours. Que sous d'aimables lois, dans ces douces retraites, On passe en repos d'heureux jours ; Que les hautbois, que les musettes L'emportent sur les trompettes, Et sur les tambours. Que rien ne trouble ici Vénus et les amours. Partez, allez, volez, redoutable Bellone. Laissez en paix ici les amours et les jeux ; Que Cérès, que Bacchus, s'avancent avec eux ; Éloignez ce qui les étonne. Portez aux ennemis de cet empire heureux Tout ce que la guerre a d'affreux : Vénus le veut, Mars vous l'ordonne. Partez, allez, volez, redoutable Bellone. Que dans ce beau séjour rien ne vous épouvante, Un nouveau Mars rendra la France triomphante. Le destin de la guerre en ses mains est remis. Et si j'augmente Le nombre de ses ennemis, C'est pour rendre sa gloire encor plus éclatante. Le dieu de la valeur doit toujours l'animer. Malheur, malheur à qui voudra contraindre Un si grand héros à s'armer. Tout doit le craindre. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_AEGLE *date_1675 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_aegle Quel que soit mon destin, il faut ici l'attendre, Minerve, c'est à vous que je viens recourir. Divinité qui devez prendre Le soin de nous défendre, Hâtez-vous de nous secourir. Ô ciel ! ô juste ciel ! Vous est-il doux d'entendre Ces cris pleins de fureur que je ne puis souffrir ? Dieux ! Aimez-vous à voir tant de sang se répandre ? Est-ce aux athéniens, est-ce au parti contraire, Que l'avantage est demeuré ? Dis-moi pour qui le sort s'est enfin déclaré. Ton silence me désespère. Au milieu des clameurs, au travers du carnage, Thésée a jusqu'ici conduit mes pas errants : Son généreux courage A fait ses premiers soins de m'ouvrir un passage Entre deux effroyables rangs De morts et de mourants. N'as-tu point admiré l'ardeur noble et guerrière Dont il court au péril et s'expose au trépas ? Ah qu'un jeune héros dans l'horreur des combats Couvert de sang, et de poussière, Aux yeux d'une princesse fière A de charmants appas ! Le ciel ne veut-il point mettre fin à nos peines ? Éclaircis-nous, Arcas, quel est le sort d'Athènes ? Thésée est-il avec le roi ? Ô dieux ! ... Mon secret est connu ; Je crains devant Arcas d'en faire trop entendre, Cléone, s'il se peut, obtiens qu'il aille apprendre Ce que Thésée est devenu. Entendrons-nous toujours ces horribles clameurs ? Avec moi ! Vous ! Seigneur ! Depuis que j'ai perdu mon père Vos soins ont prévenu mes voux dans votre cour. Je dois vous respecter, Seigneur, je vous révère... Mais votre foi, Seigneur, à Médée est promise ? Mais si malgré vos soins, Médée ambitieuse, Ne s'attache qu'au rang que vous me présentez ? Tout est prêt pour le sacrifice Chacun s'avance dans ces lieux, Rendons grâces aux dieux. Je le verrai victorieux. Après de mortelles alarmes Qu'un bienheureux retour est doux pour les amants ! L'amour s'accroît par les tourments, Les biens qu'il fait payer avec le plus de larmes N'en deviennent que plus charmants. Ne verrai-je point paraître Un si glorieux vainqueur ? Il négligera peut-être La conquête de mon cour. Non, son amour n'est point extrême : Faut-il qu'il trouve ailleurs tant de soins importants ? Il n'ignore pas que je l'aime, Il doit songer que je l'attends. Si tu connais, Arcas, le trouble qui me presse, Ne va point découvrir la peine où tu me vois. Je prétends ne rien faire Qui vous doive irriter. Je renonce à l'hymen du roi Si je lui plais, c'est malgré moi. Ce n'est point dans le rang suprême Qu'on trouve les plus doux appas, Et souvent un bonheur extrême Est plus sûr dans un rang plus bas. J'avais toujours bravé l'amour et sa puissance Avant que d'avoir vu ce glorieux vainqueur ; Mais la gloire et l'amour tous deux d'intelligence Ne sont que trop puissants pour vaincre un jeune cour. Que votre soin au mien réponde, J'espère que le roi deviendra votre époux : Régnez par son hymen dans une paix profonde, Laissez-moi ce héros, mon sort est assez doux ; Quand vous posséderiez tout l'empire du monde, Mon cour n'en serait point jaloux. Ma vie est au pouvoir du roi, Et je veux bien qu'elle en dépende : Mais c'est en vain qu'il demande Un cour qui n'est plus à moi. La mort, la seule mort rompra des nouds si doux. Nos deux cours sont unis par un amour fidèle. La chaîne qui nous lie est si forte et si belle. Non, j'aime mieux la mort qu'une lâche inconstance, Tout l'enfer à mes yeux n'aura rien de si noir ; Malgré Médée et sa vengeance, Mon amour fera son devoir. Quel affreux courroux ! Me laissez-vous, cruelle, Dans cette horreur mortelle ? Ah cruelle ! Où me laissez-vous ? Ah quel effroyable supplice ! Faites-moi promptement mourir. Cruelle, ne voulez-vous pas Faire cesser ma peine ? Au moins achevez, inhumaine, Achevez mon trépas. Hélas ! Laissez-moi mon amour, Prenez plutôt ma vie. Vous aurez beau me poursuivre, Vous aurez beau m'alarmer, Ce n'est qu'en cessant de vivre Que je puis cesser d'aimer. Est-ce un crime si punissable D'avoir un cour tendre et constant ? Quel spectacle vient me surprendre ? C'est Thésée endormi qu'on transporte en ces lieux. Faut-il voir contre moi tous les enfers armés ? Vous pouvez vouloir qu'il périsse ? Et vous dites que vous l'aimez ? Arrêtez, retenez leurs coups, J'épouserai le roi, je suivrai votre envie : Je cède ce héros, que son cour soit à vous, Rien ne m'est si cher que sa vie. C'est lui faire un cruel outrage, J'aimerais mieux ne le point voir. Dieux ! Quelle contrainte fatale ! Non, qu'il vive, il n'importe à quel prix : Je veux tout, je puis tout pour sauver ce que j'aime ; Mon amour vous promet de se trahir lui-même. Cessez d'aimer une volage ; Servez-vous de votre courage Pour chercher un plus heureux sort. Hélas ! Ce soupir échappé n'est que pour la grandeur. Non, non, sans m'attendrir je verrai vos douleurs. Ah ! Que vous me donnez de mortelles alarmes ? On vous a peut-être entendu Thésée, et vous êtes perdu. Que nous payerons cher l'excès de ma tendresse ? Il y va de vos jours, j'épouserai le roi. Vous, seigneur ! Le roi, le monde entier prendraient en vain les armes, Il n'est rien de si fort que Médée, et ses charmes, Nous sommes les objets de ses transports jaloux. S'ils n'en voulaient qu'à moi je les braverais tous, Mais ils m'ont su frapper par où je suis sensible. Je ne puis vous sauver sans cet hymen horrible. Pardonnez à l'amour qui ne m'a pas permis De tenir ce que j'ai promis. C'est par mon seul trépas qu'il faut nous désunir. Conservez ce héros, sauvez-le pour vous-même. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_CLEONE *date_1675 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_cleone Pardonnez à la peur qui me force à me taire. Mes yeux troublés d'effroi n'ont rien considéré : Thésée est le dieu tutélaire Qui me donne en ce temple un refuge assuré : Je ne sais rien de plus, et j'ai cru beaucoup faire De gagner en tremblant cet asile sacré. Thésée est aimable, il vous aime ; Tout cède à sa valeur extrême ; Vous pouvez sans rougir souffrir à votre tour Que jusqu'à votre cour il porte sa victoire. Il n'est rien de si beau que les nouds de l'amour Quand ils sont formés par la gloire. Laissons aller la princesse, Prier en paix la déesse. Arcas, je veux voir en ce jour Jusqu'où va pour moi ton amour. J'en doute encor, je le confesse. Tu m'as fait des serments cent fois Que tu suivrais toujours mes lois, Et qu'il te serait doux de mourir pour me plaire ; Mais la plupart des amants Sont sujets à faire Bien des faux serments. Cherche Thésée, et suis ses pas Jusqu'à sa victoire parfaite, Ou jusqu'à son trépas. Si tu veux que je t'aime, Arcas, Fais ce que je souhaite, Et ne réplique pas. L'ennemi jusqu'ici n'ose porter sa rage. Tout le monde est aux mains, veux-tu seul fuir les coups ? La valeur à mes yeux a des charmes bien doux, Et le moindre soupçon m'outrage : Je ne veux point avoir d'époux Qui soit jaloux, Ni d'amant qui soit sans courage. Je te l'ai déjà dit, et je te le répète, Si tu veux que je t'aime, Arcas Fais ce que je souhaite, Et ne réplique pas. Vous allez voir bientôt votre amant dans ces lieux. Thésée est triomphant, chacun le veut pour maître. On n'est pas inconstant pour aimer la victoire. Si le passage est beau de l'amour à la gloire, Rien n'est si doux que le retour De la gloire à l'amour. Si tu veux m'obliger oblige la princesse : Fais, s'il se peut par ton adresse Que le roi tourne ailleurs son choix. Que d'objets horribles ! Contre ce monstre qui m'alarme Viens me défendre Arcas. Où pourrait-il voir plus d'attraits ? **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_ARCAS *date_1675 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arcas Le combat dure encor, il est sanglant, affreux, Et le succès en est douteux. Le roi m'a commandé de prendre Le soin de l'avertir s'il fallait vous défendre, Et ce n'est que pour vous qu'il est touché d'effroi... Des plus fiers ennemis il écarte la foule, On reconnaît sa trace aux flots du sang qui coule : Une grêle de traits ne l'a point retenu. Peux-tu douter de ma tendresse ? Tu n'as qu'à commander, tu seras satisfaite. D'où vient qu'en sa faveur ton âme s'inquiète ? Pour un autre que moi Cléone s'intéresse ? Prétends-tu que je sois un amant qui me presse De me charger d'un soin à mon amour fatal ? C'est un plaisir charmant de servir sa maîtresse, Mais c'est un chagrin sans égal De servir son rival. L'ordre du roi m'engage À prendre soin de vous. Ce grand empressement me donne de l'ombrage. Faut-il qu'un étranger ait pour toi tant d'appas ? Hé bien, je suivrai ton envie, J'en veux faire toujours ma loi ; La peur de te déplaire est mon plus grand effroi : Je crains peu d'exposer ma vie, Je ne puis hasarder rien qui ne soit à toi. Seigneur, songez à vous. Thésée est si puissant qu'il peut vous alarmer, Ses glorieux exploits charment la populace, Au lieu d'un héritier qui manque à votre race, Pour votre successeur on le veut proclamer. Mon devoir près du roi m'appelle, Il faut que je suive ses pas. Nous sommes dans un temps de trouble et de combats. Mon devoir près du roi m'appelle, Il faut que je suive ses pas. Le roi m'ordonne de vous dire Qu'il vous fera bientôt régner : Rien ne trouble plus son empire... Vous tremblez ? Votre cour soupire ? Le roi tout vieux qu'il est n'est pas à dédaigner. Lorsque par le feu du bel âge Un jeune cour se sent pressé, Dans une ardente amour sans effort on l'engage : On triomphe bien davantage Quand on enflamme un cour que les ans ont glacé. Tu me donnes toujours d'assez fâcheux emplois. Quels monstres terribles ! Ne crains rien avant mon trépas. Ô ciel ! On me désarme ! Tu peux beaucoup ici, belle Dorine, hélas ! Ne l'abandonne pas. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je te trouve belle. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_MEDEE *date_1675 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_medee Doux repos, innocente paix, Heureux, heureux un cour qui ne vous perd jamais ! L'impitoyable amour m'a toujours poursuivie ; N'était-ce point assez des maux qu'il m'avait faits ! Pourquoi ce dieu cruel avec de nouveaux traits Vient-il encor troubler le reste de ma vie ? Doux repos, innocente paix, Heureux, heureux un cour qui ne vous perd jamais ! La gloire de Thésée à mes yeux paraît belle, On l'a vu triompher dés qu'il a combattu ; Le destin de Médée est d'être criminelle, Mais son cour était fait pour aimer la vertu. Un tendre engagement va plus loin qu'on ne pense ; On ne voit pas, lorsqu'il commence, Tout ce qu'il doit coûter un jour : Mon cour aurait encor sa première innocence S'il n'avait jamais eu d'amour. Mon frère et mes deux fils ont été les victimes De mon implacable fureur ; J'ai rempli l'univers d"horreur, Mais le cruel amour a fait seul tous mes crimes. Mais qui me répondra qu'il m'aime ? Peut-être que mon cour cherche un malheur nouveau. Mon dépit, tu le sais, dédaigne de se plaindre : Il est difficile à calmer, S'il venait à se rallumer, Il faudrait du sang pour l'éteindre. L'hymen n'a rien qui presse Ni pour moi, ni pour vous. Laissons-là votre fils, Seigneur, je vous entends La jeune AEglé vous paraît belle, Chaque jour, je m'en aperçois ; Si vous m'abandonnez pour elle, Thésée est seul digne de moi. Quand on suit une amour nouvelle, C'est une trahison cruelle De laisser dans l'engagement Un cour tendre et fidèle ; Mais rien n'est si charmant Qu'une inconstance mutuelle. Thésée où courez-vous ? Que prétendez-vous faire ? Le roi souffrira-t-il que vous donniez la loi ? Vous êtes de trop bonne foi ; Quand on a fait trembler un roi, Apprenez qu'on en doit tout craindre. Un peu d'amoureuse tendresse Sied bien aux plus fameux vainqueurs ; Si l'amour est une faiblesse, C'est la faiblesse des grands cours. Parlez, que rien ne vous alarme J'obligerai le roi de vous tout accorder. C'est AEglé ? Dites-vous, AEglé, qui vous engage ? Je crains pour votre amour un obstacle fatal. Vous avez le roi pour rival. Laissez-moi voir AEglé, laissez-moi voir le roi, Vous connaîtrez bientôt les soins que je vais prendre Allez, allez, m'attendre, Et fiez-vous à moi. Dépit mortel, transport jaloux, Je m'abandonne à vous. Et toi, meurs pour jamais, tendresse trop fatale ; Que le barbare amour, que j'avais cru si doux, Se change dans mon cour en furie infernale. Dépit mortel, transport jaloux, Je m'abandonne à vous. Inventons quelque peine affreuse, et sans égale : Préparons avec soin, nos plus funestes coups. Ah ! Si l'ingrat que j'aime échappe à mon courroux, Au moins, n'épargnons pas mon heureuse rivale. Dépit mortel, transport jaloux, Je m'abandonne à vous. Princesse savez-vous ce que peut ma colère Quand on l'oblige d'éclater ? Et n'est-ce rien que de trop plaire ? Vous aimez donc Thésée ? Ah ! N'en rougissez pas, Il n'est que trop digne qu'on l'aime. Je m'intéresse en votre amour ; Parlez, vous connaîtrez mon cour à votre tour. Mais enfin, si le roi commande, Vous êtes soumise à sa loi. Vous m'en avez trop dit, il est temps qu'entre nous La confidence soit égale. Il faut vous dégager d'une chaîne fatale. Je veux que dés demain le roi soit votre époux : Vous aimez un héros qui ne peut être à vous, Et Médée est votre rivale ; Prenez soin d'éviter mon funeste courroux. En dépit de l'amour je les veux diviser. J'aurai plus de plaisir si je la puis briser. Voyons si votre amour est tel qu'il veut paraître, Puisque vous le voulez vous allez me connaître : Je vais vous faire voir Ce que c'est que Médée et quel est son pouvoir. Qu'on ne me trouble point, qu'on leur ouvre un passage. C'est sur d'autres que vous que doit tomber ma rage, Fuyez de ce funeste lieu. Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle. Voyez le jour pour le troubler. Hâtez-vous d'obéir quand ma voix vous appelle, Que l'affreux désespoir, que la rage cruelle Prennent soin de vous assembler. Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle. Venez peuple infernal, venez, Avancez malheureux coupables, Soyez aujourd'hui déchaînés : Goûtez l'unique bien des cours infortunés, Ne soyons pas seuls misérables. Redoublez en ce jour le soin que vous prenez De mes vengeances redoutables. Ma rivale m'expose à des maux effroyables ; Qu'elle ait part aux tourments qui vous sont destinés : Tous les enfers impitoyables Auront peine à former des horreurs comparables Aux troubles qu'elle m'a donné : Goûtons l'unique bien des cours infortunés, Ne soyons pas seuls misérables. Satisfaites le roi, contentez mon envie, Si vous voulez sortir de cet affreux sejour. Ma rage en vous perdant ne peut être assouvie, C'est grâce, c'est pitié de vous ôter le jour. Achevez de savoir de quoi je suis capable ; La plus horrible mort n'a rien de comparable Au coup qui vous menace en ce fatal instant : Moi-même j'en frémis tant il est effroyable. Il n'est que trop aisé de percer un cour tendre : Toute ma rage enfin va paraître à vos yeux. Venez à mon secours implacables furies. Que le sang innocent recommence à couler ; Il faut encor nous signaler Par de nouvelles barbaries, Venez à mon secours implacables furies. Tremblez en apprenant quel est votre supplice. Votre amant va périr, c'est vous qui m'animez À m'en faire à vos yeux un affreux sacrifice. Il faut voir qui des deux l'aimera davantage, Plutôt que le céder, j'aime mieux que la mort En fasse entre nous le partage, Et l'amour n'en est que plus fort Quand il passe jusqu'à la rage. Dépêchez, achevez votre sanglant ouvrage. Mais aurez-vous bien le pouvoir De lui paraître ingrate, insensible, volage ? Non il faut lui montrer une âme déloyale Qui l'immole sans peine à la grandeur royale Tandis que je feindrai d'agir en sa faveur : Enfin je veux gagner son cour Par le secours de ma rivale. Pour le prix de ses jours attirez ses mépris, Ou je vais... Cessez donc de trembler : voyez en un moment Changer ces lieux affreux en un séjour charmant. Voyez ce que j'ai soin de faire Pour un trop malheureux amant. J'ai voulu vous aider à plaire. On va vous l'apporter. Si vous craignez le roi, Je serai vos plus fortes armes. Quoy ? Vous ne tournez pas les yeux Sur un amant si glorieux ? N'appreéhendez-vous point qu'on ose se venger ? Tant d'amour ne vous touche pas ? Ingrate, croyez-vous qu'un trône ait plus d'appas ? De quoi ne vient point à bout Un roi qui veut plaire ? La constance ne tient guère Contre un amant qui peut tout. Le roi doit redouter que mon dépit n'éclate : Pour regagner son cour, je vais encor le voir. Essayez, cependant, d'attendrir cette ingrate : Si tous nos soins unis ne peuvent l'émouvoir, Votre amour seul peut-être aura plus de pouvoir. Finissez vos regrets, c'est trop, c'est trop vous plaindre, Je viens d'entendre tout il n'est plus temps de feindre. Je vous aime, Thésée, et vous l'allez connaître, Le crime enfin commence à me paraître affreux, Je respecte de si beaux nouds, Ma rage a beau s'armer, vous en êtes le maître ; Votre vertu m'inspire un dépit généreux, Je rendrai ce que j'aime heureux Puisque mon amour ne peut l'être. Espérez tout de mon secours. Vous pouvez reprendre vos armes. Gardez vos tendres amours, Goûtez-en les charmes, Aimez sans alarmes, Aimez-vous toujours. Habitants fortunés de ces lieux si charmants ; Commencez les plaisirs de ces heureux amants. Ah faut-il me venger En perdant ce que j'aime ! Que fais-tu ma fureur, où vas-tu m'engager ? Punir ce cour ingrat c'est me punir moi-même, J'en mourrai de douleur, je tremble d'y songer, Ah faut-il me venger En perdant ce que j'aime ! Ma rivale triomphe, et me voit outrager : Quoi, laisser son amour sans peine, et sans danger ? Voir le spectacle affreux de son bonheur extrême ? Non, il faut me venger En perdant ce que j'aime. Dorine, c'en est fait, tout est prêt pour sa mort. J'ai caché mon dépit sous ma feinte douceur ; La vengeance ordinaire est trop peu pour mon cour, Je la veux horrible et barbare. Je m'éloignais tantôt exprès pour tout savoir. Du secret de Thésée il faut me prévaloir, Le roi l'ignore encor, et pour me satisfaire Contre un fils inconnu j'arme son propre père : J'immolai mes enfants, j'osai les égorger ; Je ne serai pas seule inhumaine, et perfide, Je ne puis me venger À moins d'un parricide. Ce vase par mes soins vient d'être empoisonné ; Vous n'aurez qu'à l'offrir... vous semblez étonné ? L'espoir de votre amour, la paix de vos états, Tout dépend d'immoler cette grande victime. Contre un rival heureux faut-il qu'on vous anime ? La vengeance a bien des appas, Est-ce trop la payer s'il vous en coûte un crime ? Vous avez un fils à Trézene, Il faudra toujours l'éloigner : Votre peuple pour lui n'aura que de la haine, Il adore Thésée, il veut le voir régner. Laisserez-vous un fils sans nom, et sans empire, Tandis qu'un étranger jouira de son sort, Et peut-être osera s'assurer par sa mort... Vous n'êtes pas encor délivrés de ma rage : Je n'ai point préparé la pompe de ces lieux Pour servir au bonheur d'un amour qui m'outrage ; Je veux que les enfers détruisent mon ouvrage, C'est ainsi qu'en partant je vous fais mes adieux. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_DORINE *date_1675 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_dorine Recommencez d'aimer, reprenez l'espérance ; Thésée est un héros charmant, Méprisez en l'aimant L'ingrat Jason qui vous offense. Il faut par le changement Punir l'inconstance, C'est une douce vengeance De faire un nouvel amant. Le dépit veut que l'on s'engage Sous de nouvelles lois, Quand on s'abuse au premier choix ; On n'est pas volage Pour ne changer qu'une fois. Espérez de former de plus aimables nouds. Une cruelle expérience Vous apprend que l'amour est un mal dangereux ; Mais l'ennuyeuse indifférence Ne rend pas un cour plus heureux. Aimez, aimez Thésée, aimez sa gloire extrême. Peut-il trouver un sort plus beau ? Que ne peut point Médée avec l'art de charmer ? Que puis-je ? Hélas ! Parlons sans feindre. Les enfers quand je veux sont contraints à s'armer, Mais on ne force point un cour à s'enflammer ; Mes charmes les plus forts ne sauraient l'y contraindre, Ah je n'en ai que trop pour forcer à me craindre, Et trop peu pour me faire aimer. Demeure, écoute un mot, Arcas. Autrefois tu m'étais fidèle, Tu jurais de m'aimer d'une ardeur éternelle. Cléone a des appas, On te voit souvent avec elle, N'est-ce point une amour nouvelle Qui fait ton embarras ? Tu rougis ? Tu ne réponds pas ? C'est donc là tout le prix d'une amour trop sincère. N'aimons jamais, ou n'aimons guère : Il est dangereux d'aimer tant, Ce n'est pas le plus sûr pour plaire. Bien souvent on croit faire Un amant heureux et content, Et l'on ne fait qu'un inconstant. Le peuple vient ici. Sa faveur est semblable Au transport des cours amoureux ; L'ardeur des plus grands feux N'est pas la plus durable. Il est bon d'être nécessaire ; C'est un charme puissant pour plaire Où peu de cours ont résisté : Un grand secours qu'on espère Est un grand trait de beauté. Je sais trop votre amour nouvelle. Pour se tirer de peine Chacun promet assez ; Mais la promesse est vaine Lorsque les périls sont passés. Non, je ne prétends point regagner désormais D'un si volage amant la trompeuse tendresse ; Non, non, je le promets ; Non, je ne l'aimerai jamais. Que Thésée est content de son bienheureux sort ! Quoi ce grand appareil est sa mort qu'on prépare ? Le roi le doit choisir ici pour successeur ; Votre soin pour lui se déclare. **** *creator_quinault *book_quinault_thesee *style_verse *genre_show *dist1_quinault_verse_show_thesee *dist2_quinault_verse_show *id_THESEE *date_1675 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_thesee C'est assez, amis, c'est assez, Allez, et que chacun en bon ordre se rende Aux endroits qu'au besoin il faudra qu'il défende : Allez, je suis content de vos soins empressés, Si vous voulez que je commande, Allez, allez, obéissez. Chercher le roi, le voir, et calmer sa colère. Il n'aura pas lieu de se plaindre, Si l'on a trop d'ardeur pour moi, C'est un feu que j'ai soin d'éteindre. Sans un charme puissant qui m'attache à sa cour J'irais chercher ailleurs une guerre nouvelle. La gloire m'enflamma dès que je vis le jour, Tout mon cour était fait pour elle ; Mais dans un jeune cour, la gloire la plus belle Fait aisément place à l'amour. C'est la belle AEglé qui me charme, Elle est l'unique prix que je veux demander. Je sais que la grandeur a pour vous des attraits, Régnez avec le roi, régnez tous deux en paix, AEglé, l'aimable AEglé, n'est qu'un trop beau partage. Si Médée est pour moi qui peut m'être contraire ? Malgré sa foi promise, AEglé pourrait lui plaire ? Où suis-je ? Et d'où me vient ce nouvel ornement ? Mon épée ! Ah rendez-la moi. Après tout ce que je vous dois... Est-ce vous ? Ma princesse, est-ce vous que je vois ? Mais où détournez-vous vos regards pleins de charmes ? Belle AEglé, dites-moi, quel crime ai-je pu faire ? Non, elle aura beau m'outrager, Elle me sera toujours chère. Vous m'aviez tant promis de n'être point légère ? AEglé ne m'aime plus, et n'a rien à me dire ? Qu'avez-vous fait des nouds que l'amour fit pour nous ? Quoi pour les briser tous. Un jour, un seul jour peut suffire ? J'aurais abandonné le plus puissant empire Pour garder des liens si doux. Je ne m'en servirai que pour chercher la mort. Si la belle AEglé m'est ravie Je ne prétends plus rien : Je perds l'unique bien Qui m'aurait fait aimer la vie. Ah ! Quel soupir échappe à votre cour ! Vos beaux yeux répandent des larmes ? Vous voulez me cacher vos pleurs ? Pourquoi m'en dérober les charmes ? On ne nous entend point, non, ma belle princesse, Si vous m'aimez toujours ne craignez rien pour moi. C'est trop appréhender que le roi ne s'irrite. Il faut vous dire tout, l'amour m'en sollicite ; Je suis fils du roi, Je n'ai montré d'abord que ma seule valeur, C'était à mon propre mérite Que je voulais devoir ma gloire et votre cour. Quoi, le roi sera votre époux ? Laissez armer plutôt tout l'enfer en courroux ; Le trépas est cent fois plus doux Qu'un secours si terrible ; Vivez pour moi, s'il est possible, Ou laissez-moi mourir pour vous. Vengez-vous sur moi seul de notre amour extrême. Sa vie est la faveur que je veux obtenir. Je jure sur ce fer qui m'a comblé de gloire, Que je vous servirai contre vos ennemis, Et que vous n'aurez point de sujet plus soumis... Ce fer eût dans mes mains trahi votre espérance En vous montrant un fils qui n'eut point combattu, Sans prendre aucun secours d'une illustre naissance Je voulais éprouver jusqu'où va la vertu. C'est assez d'éviter sa haine ; Soyons heureux, Seigneur : Notre parfait bonheur Suffira pour sa peine.