**** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_ARLEQUIN *date_1690 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arlequin Écoute, Claudine ; voici un gentilhomme qui vient loger chez moi avec sa soeur ; il faut que tu leur donnes deux chambres l'une contre l'autre. Claudine, tu ne me réponds point. N'entends-tu, Claudine ? Ce gentilhomme vient loger chez moi ; il lui faut deux chambres l'une auprès de l'autre. Entends-tu bien ? Que la peste te crève ! Claudine, me répondras-tu à la fin ? Ah ! Je te casserai, ma foi, la gueule, et je ferai bien passer tes pestes de vapeurs. Je te dis qu'il faut deux chambres l'une contre l'autre. M'entends-tu à cette heure ? Dis donc, parle. Quel diable de bruit fait-on ici ? On dirait que le diable emporte la maison. Il me semble, monsieur, que vous pressez de près ma servante. Croyez-vous donc que l'on soit obligé de vous tenir hôtellerie de filles ? Ma foi, c'est pour votre nez qu'on vous en garde ! Comment donc ! Monsieur, pour qui prenez-vous ma servante ? Je vous prie de croire que ce n'est pas un ustensile... Ouais ! Comment donc, coquine ! D'où vient que monsieur se plaint de vous ? Ne vous ai-je pas dit qu'une servante d'hôtellerie doit être douce et avenante aux étrangers ? Comment ! Elle ne l'est que trop ! Ce n'est pas d'aujourd'hui que je m'en doute. Voyez-vous la carogne, comme elle est brave ! Je ne l'avais prise que pour servir à la cuisine ; mais je vois bien que la friponne ne s'en tient pas là. Oui, je le veux. Une fille ne gagne pas tant d'argent à ne faire que des lits dans une hôtellerie. Comment donc ! Est-ce qu'il y a un peu de gravelure à son fait ? Claudine a raison, monsieur, cela ne se fait point : quand il y a une servante dans une hôtellerie, on ne doit se servir que d'elle ; et d'ailleurs Claudine est très habile in utroque, c'est-à-dire qu'elle fait aussi bien une chambre qu'un ragoût. Assurément, elle a tort. Je vous dirai cependant, monsieur, qu'on est ici fort exact à donner aux compagnies ce qu'elles demandent. Tout à l'heure encore, je n'ai pas voulu donner au coche un chat de garenne que le messager avait retenu. D'où vient donc, coquine, que vous faites de ces impertinences-là ? Pardi, monsieur, si vous êtes si fantasque, il n'y a pas moyen de vous contenter. Diable ! Monsieur, comme vous y allez ! Il ne faudrait encore qu'un homme comme vous pour mettre toute une rôtisserie à feu et à sang. Ah ! Parbleu, monsieur, prenez garde s'il vous plaît à ce que vous dites ; je ne m'entends point à ce tripotage-là, et l'on ne sert chez moi que des viandes neuves. Parlez, a-t-on jamais vu manger ici la même poularde deux fois ? C'est peut-être que vous n'aimez pas la viande bardée ; une autre fois on vous la fera larder. Oh ! Parbleu, monsieur, si vous aimez la viande coriace, nous vous en donnerons tout votre soûl. J'ai une oie qui me sert depuis trois mois à faire mes soupes ; vous en aurez la fleur. Il n'y a point encore eu de postillon assez hardi pour mettre la dent dessus. Allons, taisez-vous ; que je ne vous entende pas souffler ; rentrez là-dedans. Je vois bien que monsieur ne se connaît pas mieux en servantes qu'en poulardes : on vous mettra une aile de boeuf sur le gril. Viens çà, Pierrot ; je vais à une grande expédition ; je te laisse maître en ma place : prends bien garde à la maison, et surtout qu'il ne se passe rien autour de nos filles. Hé ! L'Espérance, Brise-Fer, Poudre-à-Canon, l'Effroi-des-Poulets ! Hé bien, mes enfants ! Que vous dit le coeur ? Y a-t-il longtemps que vous n'avez mangé de chair humaine ? Voilà, mordi ! Un bon garçon. Ce drôle-là a tué plus de poulets à lui seul que toute ma compagnie ensemble. Qui est cet homme-là ? Il me semble qu'il a assez l'encolure d'un dénicheur de filles. Qui êtes-vous, mon ami ? Ne vous appelez-vous pas Cinthio ? Comment, ventrebleu ! Ce que j'en ai affaire ! Si vous étiez Cinthio, ou que vous fussiez seulement cousin, petit-cousin, arrière-petit-cousin de Cinthio, par la ventrebleu ! Je veux que le diable m'emporte, vous verriez beau jeu. Assurément, je le suis. C'est un drôle qui va de fille en fille avec une promesse de mariage circulaire. Oh ! Parbleu, si je vous rencontre, mon petit ami, vous tiendrez la parole que vous avez donnée à ma soeur, ou vous aurez les étrivières de ma façon. Par la tête ! Par la mort ! Je voudrais le tenir pour cent pistoles. C'est vous ? C'est vous ? Ah ! Par ma foi, j'en suis bien aise. Vous ne voulez donc pas, monsieur, épouser ma soeur ? Non ? Oh ! Parbleu, nous verrons : vous la prendrez, quand je devrais vous la faire avaler dans une médecine. Laissez-moi faire seulement. Qu'on me suive cet homme-là, et qu'on me le garde à vue. Voilà, mordi ! Comme il faut sortir vigoureusement d'une affaire. Gouten tag, gouten tag. Sti ville, monsir, l'être à vous bien obligir. Ma foi, voilà un croustilleux corps. C'est une hôtellerie que vous cherchez, n'est-ce pas, monsieur ? Tenez, monsieur, en voilà une où vous serez parfaitement bien ; il y a de bon vin, et vous y trouverez aussi de jolies filles ; et voilà ce que vous demandez ; j'entends à demi-mot. Allez, monsieur, vous ne l'écorchez pas mal. Croyez-moi, monsieur, allez vous reposer dans cette hôtellerie-là : car un homme qui n'a qu'une jambe doit être une fois plus las qu'un autre. Il faut que je sache un peu qui est cet étranger qui va loger chez moi. Venez çà, monsieur ; ne peut-on pas savoir de quel pays vous êtes, et le sujet qui vous amène en cette ville ? Vous verrez que c'est un de ces sots qui se sont laissé prendre. Comment, diable, monsieur ! Hé ! Que venez-vous faire ici ? Apparemment que vous avez un bon passeport ? Oh ! Vous avez raison ; voilà de méchants diables que ces Français ! Il fallait crier au feu ; quelqu'un serait venu à votre secours. Si vous avez perdu votre jambe, ce n'est pas ma faute ; je vous assure, monsieur, que je ne l'ai point trouvée. Ma foi, monsieur, si vous voulez que je vous parle sincèrement, je ne crois pas qu'on vous rende votre jambe. Bon ! S'il fallait, à la cour, que l'on rendît à vos confrères les Hollandais tous les membres que les Français leur ont emportés cette année, il n'y aurait plus ni bras ni jambes en France. Je vous conseille, monsieur, d'aller servir aux Invalides. À ce que je vois, monsieur le Hollandais, vous avez été un peu démâté, hé, hé, lié... Das, dick... Mon petit ami, vous sentez votre vieux rossé. Je vous renverrai à Fleurus. Allons, dépêchons-nous vite ; tire ton écritoire, ferme la porte, chasse les chiens, prends une chaise, mouche ton nez, laisse de la marge, écris gros. J'aurai bientôt fait. Comment vous appelez-vous ? Dites-moi votre nom, surnom, qualité, patrie, rue, paroisse, logis, appartement. Avez-vous un père, une mère, des frères, des parents ? Que faites-vous à Paris ? Y a-t-il longtemps que vous y êtes ? Qui voyez-vous ? D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Écrivez donc, greffier. C'est punctum interrogationis. Quel diable d'ignorant ! Et vous, mon petit gentillâtre, vous ne voulez donc pas répondre ? Écrivez qu'il n'a rien dit. Vous croyez donc, mon ami, que j'ai le loisir d'entendre toutes vos sottises ? Savez-vous que j'ai encore aujourd'hui trois fripons à faire pendre sans vous ? Songe à ce que tu fais, animal ! Punctum admirationis. Connaissez-vous cette soi-disant fille-là ? Et vous, la belle aux yeux escarbillards, connaissez-vous ce pèlerin-ci ? Si toutes les filles d'aujourd'hui avoient autant de maris que de promesses de mariage, elles en auraient assez pour en changer par saison. Qu'on aille dire à la chaîne qu'elle ne parte pas encore ; j'ai ici de quoi l'augmenter. Mais cela est-il bien vrai ? Me voilà bien embarrassé ; j'ai depuis deux jours un rhumatisme sur l'oreille, qui fait que je ne vois goutte. Tenez, lisez. Lisez donc ; je vous cède mes droits de magistrature. En voilà assez. Que dites-vous à cela, monsieur le fripon ? Ah ! Mon petit compagnon, vous voulez faire le plaisant ! Nous allons voir si vous avez bon air à danser au bout d'une ficelle. Elle en court encore plus quand elle est avec quelqu'un. Tu me le payeras, coquin, de faire pleurer mon secrétaire. Que la corde soit bien grosse ; voilà un fripon qui a la vie dure. Non, non ; je prétends faire ma charge avec honneur... Je me servirai de cet argent-là pour vous faire une pompe funèbre. Ah ! Vous voilà donc bons amis ! Présentement que l'affaire est toisée, il est bon de vous dire que le commissaire et le clerc sont deux fripons qui ont pris cet habit-là pour vous faire marier ensemble. Monsieur, en faveur de cette noce-là il faut se divertir. Allons, qu'on fasse venir les violons, et qu'on appelle toute l'auberge. **** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_CINTHIO *date_1690 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cinthio Allons, ma soeur, entrez. Que voulez-vous ? Je n'ai rien à vous dire. Vous, Isabelle ? Je ne vous connais point. En vertu de quoi, monsieur, s'il vous plaît, prenez-vous des familiarités avec cette fille-là ? C'est votre plaisir ! Croyez-moi, mon petit visage botté, ne m'échauffez pas les oreilles ; car je pourrais prendre le mien à telle chose qui vous déplairait fort. Vous, de Flandre ? Cet homme-là ? Oh, oh ! Voilà un style de guerre tout nouveau. Voilà, je vous l'avoue, un plaisant récit de combat. Je vois bien, monsieur, que vous avez vu la bataille dans quelque étude de procureur. Voilà qui est le plus joli du monde. Mais je vous prie, monsieur le vivandier, et vous, mon petit clerc de procureur, de passer votre chemin, et de ne pas regarder derrière vous : m'en tendez-vous ? Hé bien ? Allez, mon petit ami, je ne daigne seulement pas vous répondre ; mais si vous jetez seulement les yeux sur cette fille-là, je vous ferai mourir sous le bâton. Je vous dis encore une fois que je ne vous connais point. Isabelle n'est pas capable d'un pareil emportement, ni de se jeter à la tête de tout venant, comme moi-même je vous ai vue faire. Vous vous moquez de moi. Oh, oh ! Voilà un hôte bien rébarbatif ; je vois bien que cet homme-ci ne parle d'ordinaire qu'à des chevaux. Monsieur, c'est un petit différend que j'avais avec Claudine ; je lui demandais quelque ustensile dont j'avais besoin. Sans tant de bruit, voyons, monsieur, ce que je vous dois. Quand vous voudrez tenir hôtellerie, faites provision de servantes qui considèrent les gens de qualité. Eh, monsieur ! Elle ne l'est que trop. Je conviens, monsieur, qu'elle sait parfaitement bien son métier de fille ; mais c'est une petite imprudente, qui sert au premier venu ce qu'elle ne devrait servir qu'à moi seul. N'ai-je pas lieu de me plaindre ? Hé ! Ne la croyez pas. Je me serais fort bien contenté de la poularde ; je ne suis pas si grand mangeur : mais je sais qu'on la présente à tout venant ; on l'a déjà servie sur vingt tables différentes, et je ne suis pas homme à m'accommoder du reste de toute la terre. Bardé, lardé, cela m'est indifférent : quand les choses sont bonnes, je les trouve telles ; je ne m'y laisse point attraper. Eh, monsieur ! Hé ! Qu'en avez-vous affaire ? Ne pourrait-on pas savoir, monsieur, en quoi ce Cinthio vous a tant offensé ? Car vous me paraissez bien échauffé. Cela est bien scélérat de tromper comme cela les filles. Touchez là, monsieur ; je veux vous faire gagner plus de cinquante louis aujourd'hui : donnez-m'en trente, je vous dirai où est Cinthio ; et, afin de ne pas vous tenir plus longtemps en suspens, c'est moi. Bon ! Sommes-nous dans un siècle à épouser ? Je me moque de vos menaces ; et pour vous faire voir que je ne vous crains, ni vous ni vos spadassins, je vais vous attendre dans cette hôtellerie-là. Comment voulez-vous, monsieur, que... Monsieur, je m'appelle Cinthio ; je loge chez Arlequin. Je dis, monsieur, que I'on ne traite point de la sorte un homme de ma qualité. J'avoue ma faute ; mais, monsieur le Commissaire, il faut pardonner à l'amour. Mais, monsieur le Commissaire, un peu de quartier ; je suis prêt à l'épouser. Hé ! De grâce, mademoiselle, que l'amour vous fasse oublier un crime que l'amour même a fait commettre ! **** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_ISABELLE *date_1690 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_isabelle Que vous plaît-il, monsieur ? Ciel ! Que vois-je ? Cinthio avec une autre que moi, qu'il fait passer pour sa soeur ! Le traître ! Il ne fait pas semblant de me connaître. J'ai tout quitté pour le chercher, et il ne daigne pas seulement me regarder. Est-ce là le prix de tant d'amour ? Ingrat ! Devais-je être traitée de cette manière ? Je vous demande pardon, monsieur ; ce sont des vapeurs dont je suis attaquée, et je ne sais ce que je dis. Tu m'abandonnes, scélérat ! Et tu n'oses arrêter sur moi tes regards. Oui, monsieur, je vous entends : vous pouvez vous en aller ; je vais accommoder tout cela. Cinthio ? Vous ne me dites rien ? Vous ne reconnaissez pas Isabelle ? Tu me méprises, perfide ! Mais je saurai me venger. Bonjour, messieurs : que vous plaît-il ? Messieurs, vous allez avoir tout ce qu'il vous faut : on ne manque de rien chez nous. Vous débotter ! Pardi, monsieur, cherchez vos débotteuses ; ce n'est pas là mon affaire. Non, monsieur, Dieu merci ; à moi n'appartient pas tant d'honneur : l'année n'est pas bonne pour les filles ; tous les garçons sont à la guerre. Bon ! Me voilà bien chanceuse avec votre argent ! Ce n'a jamais été ça qui m'a tentée : j'aime mieux un homme qui me plaît que tous les trésors du inonde ; et, si vous voulez que je vous parle franchement, j'aimerais mieux votre valet que vous. Vous, de l'armée ! Vous voilà plaisamment fagoté, avec votre habit noir ! C'était donc vous qui portiez les billets d'enterrement des Hollandais qu'on y a tués ? Oli ! Vous êtes un valeureux personnage ! Je crois qu'il ne faudrait encore qu'un Mathurin Croquignolet pour faire fuir tous les poulets de notre basse-cour. Je vous prie, monsieur, encore une fois, de vous tenir en repos ; je n'aime pas à être tarabustée. Si vous voulez entrer chez nous, voilà la porte ouverte ; sinon, je suis votre très humble servante. Hé bien, infidèle ! Me connais-tu présentement ? Suis-je Isabelle que tu as trahie, que tu as obligée de quitter sa patrie pour venir te reprocher ton inconstance, et se déguiser en servante ? Si je suis brave, ce n'est pas à vos dépens. Est-ce que vous voulez que j'aille toute nue ? Il faut se tirer d'affaire. Et qu'ai-je donc fait pour faire tant de bruit ? Ce beau monsieur-là est bien plaisant d'amener des filles dans notre hôtellerie pour le servir, et emporter tous nos profits ! Il dit que c'est sa soeur. Hé ! Oui, voilà encore une belle parenté ! Il ne passe point de monsieur dans l'hôtellerie dont je ne puisse bien être de même la soeur, si je voulais m'en donner la peine. Oh bien, monsieur, je ne veux point souffrir qu'une autre prenne ma place. Moi, servir à un autre ce que je vous ai promis ? Dites monsieur, que vous n'avez pas voulu vous contenter de ce que vous aviez choisi vous-même, et que l'appétit vous est venu en mangeant. Voyez, je vous prie, si ce n'est pas assez pour le repas d'un homme seul je lui présente une jeune poularde, tendre, grasse jusqu'au bout des ongles, comme moi ; monsieur n'est pas content ; il en veut encore une autre. Bon ! Ne voyez-vous pas bien que monsieur ne sait ce qu'il dit ? Jamais personne n'y avait touché ; c'était une volaille délicate que j'avais pris soin d'élever, et que je nourrissais à la brochette avec autant de plaisir que si c'eût été moi-même ; elle faisait envie de manger à tous ceux qui la voyaient, et cependant je ne la gardais qu'à monsieur. Allez, cela est bien vilain de reconnaître si mal les soins que l'on prend pour vous. Il faudrait, pour satisfaire le goût de monsieur, lui servir quelque vieille volaille racornie, quelque doyenne de basse-cour. Oh ! Ce serait là le moyen de gagner ses bonnes grâces. Voilà justement l'affaire de monsieur. Est-il possible, mademoiselle, que tant d'amour soit suivi de tant de perfidie ? Non, je ne croirai jamais que les hommes soient infidèles jusqu'à ce point-là. Le perfide ! Après m'avoir engagé son coeur par une promesse de mariage ! Il fut obligé de me quitter pour un duel, où il tua son ennemi : l'amour me fit voler sur ses pas ; je suis venue à Paris ; je me suis déguisée sous l'habit d'une servante ; et sous le nom de Claudine, je suis venue demeurer dans cette hôtellerie, où je l'ai revu avec plaisir, dans le temps que je devais l'oublier pour toujours ; mais, hélas ! Le moyen, quand on a le coeur sincère et qu'on n'est pas née scélérate ! D'où vient donc, mademoiselle, qu'avec toutes vos connaissances, vous vous êtes laissé attraper comme une novice ? Car il me paraît, dans votre histoire, que vous avez été un peu maltraitée. C'est-à-dire, mademoiselle, que vous ne prétendez pas en demeurer là, et que vous ne voulez pas être fille à une aventure. Quel bonheur, mademoiselle, de pouvoir changer si facilement ! Et que je serais contente si, pour me venger de mon infidèle, je le pouvais haïr autant qu'il le mérite ! Non, non ; je ne me croirais pas assez vengée de m'en rapporter à une autre. Si une femme l'aimait une fois, elle l'aimerait toujours ; et puis on n'est peut-être pas sujette au changement en France. Est-il possible ? Je ne l'aurais jamais cru. Hélas ! Quand un Français dit qu'il vous aime, il vous le dit d'une manière si tendre et si passionnée, qu'il semble que son amour doive durer pour le moins vingt ans après sa mort. Vous me surprenez. Cela peut être vrai pour l'ajustement et la manière de s'habiller ; mais pour le coeur, je ne les crois point si sujets au changement. Mais vraiment, je le crois bien ; un homme qui s'explique de la sorte est fort aimable. Le moyen de résister à ces gros soupirs-là ! J'avoue qu'il ne m'en faudrait pas beaucoup d'un pareil style pour me persuader. Je sens que j'ai le coeur français. Voyons. Mais vraiment, mademoiselle, si cela est comme vous voulez me le faire entendre, un Français pour une femme n'est pas une meilleure pratique qu'un Italien. Un coeur est pourtant un larcin dont les femmes aujourd'hui ne se font pas grand scrupule. Que veux-tu donc dire, avec tout ton galimatias ? Es-tu fou ? Me voilà vraiment dans de bonnes mains ! Vite, vite, au secours ! Voilà un homme qui se noie. Je te suis trop obligée ; je t'assure que je me garderai bien moi-même. Comment donc ? Est-ce que tu entretiens commerce avec des filles ? C'est très bien fait, Pierrot. Crois-moi, ne te joue point aux filles ; il n'y a rien à gagner. Hélas, monsieur ! Je ne le connais que trop ; c'est un ingrat qui m'a trompée avec une promesse de mariage. Tenez, monsieur, la voilà ; lisez. Je soussigné... Non, monsieur le Commissaire, il n'y a point de supplice assez cruel pour punir sa perfidie. À quoi le désespoir ne m'a-t-il pas réduite ? J'ai quitté mes parents pour le suivre ; je me suis exposée à mille hasards ; car vous savez les risques que court une fille toute seule. Je me suis mise servante dans l'auberge d'Arlequin, où j'ai caché mon nom sous celui de Claudine. Il est venu loger dans cette hôtellerie, pour son malheur et pour le mien ; car, enfin, il est bien rude de voir pendre ce que l'on a si tendrement aimé... Hi... Hi... Moi, traître ! T'épouser, après toutes tes infidélités ! Je renonce à ta tendresse ; je ne veux point d'un coeur aussi corrompu que le tien. Ingrat ! Je devrais vous haïr, et je sens que je ne le puis. **** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_COLOMBINE *date_1690 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_colombine Voilà une fille qui me semble bien surprise ! Ah, mon frère ! Ne vous emportez point ; je vous dirai... Mon pauvre Pierrot !... Je vous dirai, mon frère, que sitôt que vous fûtes parti, il vint un jeune cavalier, le plus civil du inonde, demander à loger dans notre hôtellerie : pour ne pas paraître moins civile que lui, je lui fis toutes les honnêtetés dont j'étais capable. Aussi pourquoi me laissez-vous seule ? Sitôt qu'il fut arrivé, il me pria, mais le plus honnêtement du monde, de lui donner une chambre. Pour lui faire plaisir, je le menai moi-même, par civilité, dans la belle chambre qui est de plain-pied à la cour. Par civilité. Mais il ne voulut point y demeurer, appréhendant qu'elle ne fût malsaine, à cause de l'humidité. Voyant qu'il faisait difficulté de rester dans cette chambre-là, et qu'il était si civil, je le conduisis dans une autre, qui donne sur la rue, au-dessus de l'écurie. Par civilité. Il me témoigna encore qu'il ne pourrait pas y coucher, à cause qu'étant fatigué et ayant besoin de repos, les chevaux pourraient interrompre son sommeil pendant la nuit. Je trouvai qu'il n'avait pas mauvaise raison ; car quand on repose, comme vous savez, on n'est pas bien aise d'être interrompu. Voyant donc qu'il avait besoin de repos, et qu'il continuait toujours avec les manières les plus civiles du monde, je me crus obligée de le mettre dans un lieu éloigné du bruit : vous savez que ma chambre est au bout du jardin ; je l'y menai, Assurément. Est-ce que tu ne l'aurais pas fait à ma place, dis, Pierrot ? Il trouva que ma chambre l'accommodait assez, et me fit entendre qu'il serait ravi d'y rester. Je lui dis aussitôt que, puisque cet endroit lui plaisait, j'y ferais mettre un lit pour lui à côté du mien. Comment l'entendez-vous donc ? Mais comme il est extrêmement honnête, il refusa l'offre que je lui faisais, de peur de m'incommoder, et dit qu'il ne souffrirait point que ma chambre fût embarrassée pour l'amour de lui, et qu'il coucherait plutôt dans l'écurie que de me causer la moindre incommodité. Son honnêteté me fendit le coeur : une fille n'est pas de bois ; et voyant que ma chambre lui plaisait si fort, je lui dis... Mais vous allez vous fâcher. Je lui dis... Me promettez-vous que vous ne vous mettrez pas en colère ? Je lui dis qu'il n'avait qu'à se coucher dans mon lit. Bon ! Je n'en fus pas la maîtresse : il ne voulut jamais permettre que je m'incommodasse pour l'amour de lui ; il dit qu'il serait au désespoir de m'avoir découchée, et... Il me dit qu'il y avait longtemps qu'il m'aimait, qu'il voulait être mon mari ; et il m'en donna sa promesse, que j'ai encore. Je ne vois pas qu'il y ait un grand mal de coucher avec son mari. Rien n'est plus vrai que ce que je vous dis. Ce gentilhomme, appelé Cinthio, qui vous aimait, qui vous jurait un amour éternel, m'en a dit tout autant ; et sans la connaissance que vous me donnez de son infidélité, je ne sais si dans la suite il ne m'aurait pas un peu écorné le coeur. Les hommes ! C'est bien la plus maudite engeance !... Je ne sais qu'un secret pour n'en être point trompée ; c'est de les tromper les premiers. Promesse de mariage ? Ah ! Je n'y croirai jamais. Trébuchet à dupes, trébuchet à dupes. Oh ! Il faut le devenir ; on ne fait rien en amour autrement ; et la vertu la plus nécessaire à une femme, dans le siècle où nous sommes, c'est un peu d'inconstance, assaisonnée quelquefois de perfidie. J'avoue que je n'en ai pas été quitte à meilleur marché que vous ; mais je ne savais pas ce que je sais, et avec le temps je me rendrai encore plus connaisseuse. J'ai quitté Rome, comme vous, pour suivre un amant infidèle appelé Octave. Cinthio est venu à la traverse pour prendre parti sous mes étendards ; et, si vous ne me l'aviez fait connaître pour un déserteur de profession, je ne sais si je ne l'aurais pas enrôlé. Dame ! En temps de guerre on prend ce que l'on trouve. Ne vous embarrassez point de votre vengeance ; remettez seulement vos intérêts entre les mains d'une coquette de ce pays-ci, dont il sera amoureux ; je vous promets qu'elle le fera aller bon train. Oh ! L'on n'a garde ! Vous ne savez donc pas que Paris est la boutique de la légèreté ? Il ne vient point d'étranger qui n'en emporte sa provision. Bon ! Je vous dis que c'est le magasin de toute l'inconstance qui se débite en Europe. Vingt ans après sa mort !... Eh ! Oui... Les femmes seraient trop heureuses si leur tendresse durait seulement vingt jours. La variété de leurs modes ne marque-t-elle pas l'inconstance de leur humeur ? Aujourd'hui ils portent des perruques qui leur pendent jusqu'aux genoux, demain ils en auront d'autres qui ne leur passeront pas les oreilles ; ils sont quelquefois habillés le plus simplement du monde, deux jours après il faut les chercher dans leurs dentelles et leurs rubans ; tantôt ils sont serrés dans leurs habits et empaquetés comme des momies, et quelquefois une pièce de drap ne suffit pas pour leur faire une manche d'été : enfin, tout est girouette dans un Français, depuis les pieds jusqu'à la tête. Oh ! Vous avez raison ; ce sont des miroirs de fidélité. Voulez-vous que je vous représente un Français qui veut surprendre la tendresse d'une jeune personne ? Premièrement, je vous avertis que la braise n'est pas plus chaude. Ah, ma chère enfant ! Ma princesse ! Que de beautés ! Que de charmes ! Les dieux ont-ils jamais rien fait d'aussi parfait que vous ? Non, mon amour ne peut aller plus loin, et je suis au désespoir de n'avoir que des termes ordinaires pour vous l'exprimer. Voulez-vous que j'expire à vos pieds ? Vous ne me dites rien. Il faut donc mourir, puisque votre cruauté l'ordonne ! Là-dessus, on pleure, on laisse échapper un gros soupir, on se donne de la tête contre un coin de la cheminée : il n'en faut pas davantage ; voilà une femme dans la nasse. Voilà qui est le plus joli du monde ; mais regardons le revers de la médaille. Je m'en vais vous faire voir un Français sur son retour de tendresse, c'est-à-dire huit jours après la déclaration. Ma foi, madame, je suis bien las de vos manières ; je ne viens pas chez vous que je n'aie quelque sujet de chagrin. Vous y venez si peu, monsieur, qu'au moins n'en avez-vous pas souvent. Parbleu, madame, on a ses affaires. Quand vous commenciez à m'aimer, vous n'en aviez point d'autres que votre amour. Est-ce là la tendresse que vous m'aviez jurée ? Mais, madame, cela ne peut pas toujours durer. Vous m'aviez tant fait de serments que votre passion serait éternelle ! Madame, je le croyais. Ingrat ! Infidèle ! Oh ! Madame, point d'injures : vous pouvez mettre écriteau à votre porte ; prendra le bail de votre coeur qui voudra ; adieu... Voilà mon Français parti. Encore pis. Croyez-moi, tenons-nous comme nous sommes. Pour moi, infidèle pour infidèle, j'aime autant Octave qu'un autre. Adieu, mademoiselle ; je vous promets que je n'entreprendrai rien sur le coeur de votre amant, et qu'à mon égard vous n'aurez point sujet de crier au voleur. **** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_PIERROT *date_1690 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pierrot Votre soeur ? Je n'en crois rien, monsieur, si je n'y touche. Mon pauvre Pierrot ! Votre frère a raison ; j'aime l'honneur, moi ; et je ne veux pas qu'une fille coure le guilledou. Voulez-vous parier, monsieur, que c'est l'amour qui l'a mise en campagne ? Les filles sont des vaisseaux qui ne vont d'ordinaire que de ce vent-là. Je vous l'ai toujours dit, monsieur ; il faut de la compagnie aux filles, quand ce ne serait qu'un manche à balai. Par civilité ? Par civilité ? Peut-être pas tant que vous pensez. Par civilité ? Sans doute, et j'enragerais qu'un autre fût plus civil que moi. Par civilité ? Oh ! Dans une écurie ! Le pauvre jeune homme ! Cela me fait pitié. Ouf ! Gare la civilité ! Par civilité ? Ma foi, monsieur, vous avez là une soeur bien élevée. Que voilà un garçon bien honnête ! Allez, monsieur, un bon mariage raccommodera tout cela. Ma foi, je n'en saurais revenir : voilà une fille bien civile. Donner jusqu'à la moitié de son lit à un garçon ; la pauvre enfant ! La pauvre enfant ! Oh ! Mordi, laissez-moi faire ; si elles me trompent, elles seront bien fines. C'est pourtant un maudit bétail à gouverner ; c'est du naturel des anguilles, cela frétille toujours. Il faut appeler Claudine, et lui faire une petite exaltation. Claudine ! Regarde-moi, Claudine... L'honneur est un joyau ; mais un joyau qui se gâte quand on le laisse exposé à l'air. Une fille est comme une bouteille d'eau de la reine d'Hongrie ; elle perd sa vertu si elle n'est bien bouchée : c'est ce qui fait qu'un grand philosophe dit qu'il faut qu'une femme demeure enfermée dans son logis. Il n'a pas parlé des filles ; car elles étaient fort clairsemées dans son temps, aussi bien que dans celui-ci. Comment, si je suis fou ! Vous ne savez donc pas que je suis présentement votre pédagogue ? Je suis à votre égard ce que la bride est à un cheval, un bâton à un aveugle, un gouvernail à un vaisseau : je suis la bride, et vous êtes le cheval ; je suis le bâton, vous êtes l'aveugle ; vous êtes le vaisseau, et moi le gouvernail : mais un gouvernail avec lequel j'empêcherai que vous n'alliez donner contre les rochers des garçons ; car ce monde est une mer, et les vents soufflent dans cette eau qui bouillonne... ce qui fait que la raison dans... cette mer... Que la raison, dis-je, la... Enfin, Arlequin m'a laissé dans la maison pour vous garder. Nenni pas, s'il vous plaît ; je ne me fie plus aux filles ; j'y ai été attrapé. Bon ! Quand on est fait d'une certaine manière, on en a à revendre de cette marchandise-là. Une petite carogne me pria de lui donner un baiser. Dame ! Moi, il ne faut pas me le dire deux fois : 0je ne fus ni fou ni étourdi ; je m'approchai ; elle me donna un grand soufflet : depuis ce temps-là, j'ai bien juré que je n'en baiserais plus. Si ce n'est quelque bon soufflet à la rencontre. Allons, point tant de raisonnements ; rentrez, et marchez devant moi. Perdez cela de vue, autant de gobé. Monsieur, faisons vite, s'il vous plaît ; j'ai un cours de ventre, comme vous savez, qui ne me permet pas d'être longtemps en place. Ah ! J'ai l'épaule cassée. Voilà un clerc estropié. Et cinq ou six demoiselles à faire déménager ? Je le connais ; c'est un fripon. Voilà qui est bien noir ! Moi, monsieur, vous savez bien que je n'ai jamais appris qu'à écrire. Lequel a déclaré ne savoir ni lire, ni écrire, attendu sa qualité de juge. Hé, hé... Il a raison ; il vaut encore mieux être marié que pendu. Pourvu qu'il paye grassement mes écritures, je vous conseille de lui pardonner ; il est assez puni d'avoir une femme. Cela est vrai. Ma foi, voilà une procédure qui m'a donné bien de la peine ! **** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_MONSIEURCROQUIGNOLET *date_1690 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurcroquignolet C'est que j'ai le coeur martial. Oh ! Je le crois. Cela est assez drôle, da ! À un jeune praticien comme moi d'avoir déjà vu une bataille contradictoire, et d'en être revenu sain et entier. Il y faisait pourtant chaud. Je n'y allais pas pour m'y faire tuer. Quelque niais !... Cela n'aurait pas été honnête à moi d'y mourir, et j'aurais enragé le reste de ma vie si j'étais mort là comme un sot. Oh ! Je n'ai garde de descendre chez mon père. On m'a mandé à l'armée que ma grande soeur Toinon avait la petite vérole, et je ne serais pas bien aise d'en être marqué. Allons, ma fille, viens me débotter. Est-ce que tu n'es pas aussi le valet d'écurie ? La friponne est, ma foi, jolie. Viens çà, ma fille ; es-tu mariée ? Je sens quelque chose... là, qui me chatouille... Hé !... Tu m'entends bien ? Voilà un vrai niquedouille. Si tu voulais un peu, pour me délasser de mes exploits guerriers... J'ai de l'argent, oui. Sais-tu bien, petite scélérate, que je viens de l'armée ? Comment, morbleu ! Si quelqu'un en doutait, je lui ferais bien voir ce que c'est que Mathurin Croquignolet, volontaire en pied, suivant l'armée. Cette friponne-là n'est pas prévenue de mon mérite... Je suis pourtant un drôle avec les filles... Je ne saurais la quitter. Le joli bouchon ! En vertu de quoi ?... En vertu que c'est mon plaisir. Monsieur, on ne traite pas comme cela un gentilhomme parisien, qui revient de Flandre. Eh ! Non, nous n'y étions pas, quand notre général fit signifier un avenir aux ennemis ! Ils ne comparurent pas le dernier juillet, à une heure de relevée, pour plaider sur le champ de bataille ! Eh ! Non, non, nous n'y étions pas ! La cause fut appelée, qui dura plus de huit heures ; mais en vertu de bonnes pièces de canon, dont nous étions porteurs, nous fîmes bien vite déguerpir l'ennemi. Il voulut deux ou trois fois revenir par appel ; mais il fut toujours débouté de son opposition, et condamné en tous les dépens, dommages et intérêts, et aux frais, morbleu ! Aux frais... Eh ! Y étions-nous ? Eh ! Non, non, c'est que je me moque ! Monsieur, prenez garde à ce que vous faites ; si Vous m'insultez... Vous aurez affaire à mon valet. Il s'en va pourtant... Hé ! Que dis-tu à cela ? Je ne lui ai pas mal rivé son clou. **** *creator_regnard *book_regnard_filleserrantes *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_filleserrantes *dist2_regnard_prose_comedy *id_PASQUARIEL *date_1690 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pasquariel Vous n'avez qu'à dire, mon capitaine ; je fais d'abord main basse. Holà ! Holà ! En voilà assez d'échinés. Il ne faut pas laisser refroidir cette ardeur-là : allons chercher Cinthio.