**** *creator_regnard *book_regnard_serenade *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_serenade *dist2_regnard_prose_comedy *id_MONSIEURGRIFON *date_1694 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurgrifon Je vous donnai, il y a huit jours, un sac de mille francs à faire valoir, dont j'ai votre billet, Monsieur Mathieu. Nous sommes convenus à trois mille huit cents livres ; ce sont encore deux cents louis qu'il faut vous donner pour le collier, Monsieur Mathieu. Passez tantôt chez moi, ou envoyez-y quelqu'un de votre part, avec un billet de votre main ; cela suffira : c'est de l'argent comptant, Monsieur Mathieu. Ah ! Vous voilà, mon fils. Que faites-vous là ? Y a-t-il long-temps que vous y êtes ? Qui est cet homme-là ? Quoi ! C'est... Mauvaise connaissance qu'un musicien de l'opéra ! Ils mènent les gens au cabaret, et il faut toujours payer pour eux. Oh çà ! Mon fils, j'ai une nouvelle à vous apprendre ; la présence du musicien ne gâtera rien, et peut-être pourra-t-il nous être utile. Moi-même, en propre personne. Voilà un joli garçon. Ne t'en mets point en peine ; ce sont mes affaires. Oh ! Je suis sûr qu'il en sera content. C'est une fille à qui il ne manque rien. Ce que je voudrais de vous maintenant, monsieur de l'opéra, ce serait que vous m'aidassiez à donner une petite sérénade à ma maîtresse. Tout de bon ? Je voudrais une sérénade à bon marché. Et fi donc ! Voilà pour donner une sérénade à tout un royaume. Vous nommez là de quoi faire un régiment de musique. Attendez. On doit m'amener ma maîtresse ; je suis bien aise que vous la voyiez, et que vous m'en disiez votre sentiment l'un et l'autre. Ne vous avais-je pas bien dit qu'on devait l'amener ? Voilà la mère et la fille-de-chambre. Voilà une fille bien née, n'est-il pas vrai ? Comme elle m'aime déjà ! Cela n'est pas croyable. Qu'est-ce que cela signifie ? Oui, mignonne, c'est moi qui aurai l'honneur de... Monsieur mon fils, par quelle aventure est-il mention de vous dans tout ceci ? Comment, une aventure fort naturelle ? Qu'est-ce à dire ? Cela ne sera pas ! Que dites-vous à cela, monsieur le musicien ? Pendard ! Quoi donc extravagante ? Comment donc ? À ton père, malheureux ! Mais quelle comédie, jouons-nous donc ici ? Je vous demande pardon pour mon fils, madame. S'il le voudra bien ? Je l'y mettrai bien sans cela. Elle s'en va, madame. De mort subite ! Voilà à quoi vous m'exposez, monsieur le coquin. Laisse-moi faire, je veux l'épouser à ta barbe ; je m'en vais dépenser tout mon bien pour m'en faire aimer ; je lui donnerai des présents, des bijoux, des maisons, des contrats, des cadeaux, des festins, des sérénades ; des sérénades, monsieur le musicien ; et je lui ferai des enfants pour te faire enrager. Bon. Voilà ma maison, et voilà celle de ma maîtresse. Tu dis donc, Marine, que tu viens de la part de Léonor. Elle revient à elle, j'en suis bien aise. Voilà un fort sot compliment. Je n'ai que faire de ces excuses-là. Vous êtes une impertinente, ma mie ; et je ne sais... Je ne veux point savoir ses sentiments, tant qu'elle en aura d'aussi ridicules. Voilà une insolente qui, à mon nez, me vient chanter pouille. Malgré tout ce qu'elle me dit, je ne veux point me fâcher ; elle peut me rendre service. Tu me parais d'agréable humeur. C'est ce qui me semble. Je veux être de tes amis ; et, si le mariage se fait, ne te mets pas en peine. Dis-moi un peu, en confidence, quelle sorte de caractère est-ce que Léonor, et que faudrait-il que je fisse pour lui plaire ? Ce n'est pas là ce que je te demande. De quelle humeur est-elle ? Quel est-il ? voilà une humeur bien douce vraiment ! Et avec cela n'a-t-elle point quelque passion dominante ? Tu crois donc qu'elle pourra m'aimer ? Cela est vrai, au moins. Ah ! Mon enfant, tu peux l'assurer de ma part que, si jamais elle est ma femme, je ne la contraindrai jamais en la moindre bagatelle. Cette fille-là a quelque chose de bon dans ses manières. Ah ! Ah ! Voilà une plaisante figure d'homme ! Que lui voulez-vous à Monsieur Grifon ? C'est moi qui suis Monsieur Grifon. Et où est le billet ? Oui, voilà l'écriture de Monsieur Mathieu ; mais je ne vous connais pas pour être à lui. Je vous suis obligé. Ces amis-là sont quelquefois plus utiles que d'autres. Voilà un garçon bien ingénu ; c'est dommage qu'il lui manque un oeil. Quel original ! Oui, oui, je vais vous apporter de l'argent, vous n'avez qu'à attendre. Il y a deux cents louis neufs dans cette bourse, voyons si je ne me suis point trompé. Il n'importe, monsieur ; pour plus grande sûreté... Vous êtes le maître. Serviteur. Monsieur Mathieu ne laisse point moisir l'argent entre les mains de ceux qui lui doivent. Je lui devais, me voilà quitte. Je ne sais ce que cela signifie ; mais je n'ai point bonne opinion de mon mariage. Moi, qui n'ai jamais rien aimé, je m'avise de devenir amoureux à mon âge. Ô amour, amour ! La nuit devient obscure, et le musicien devrait être ici. J'entends quelqu'un qui chante : serait-ce lui ? Qui va là ? Est-ce vous, monsieur le musicien ? Passez votre chemin, mon ami. Oui Quel maraud est-ce ci ? Ne serait-ce point quelque émissaire de mon coquin de fils, qui viendrait ici pour troubler la fête ? Je veux m'en éclaircir. Où loges-tu ? Que cherches-tu dans ce quartier ? Je ne me trompais pas, c'est un fripon. À qui penses-tu parler ? C'est moi qui suis Monsieur Grifon. Ce pendard-là me fera perdre patience. Tu as oublié la leçon qu'on t'a faite. Combien te donne-t-on pour jouer le personnage que tu fais ? Il y paraît. Que je te donne de l'argent ? Voilà justement l'enclouure. Tu viens un peu trop tard pour m'attraper, mon pauvre ami : si tu as le billet de Monsieur Mathieu, je t'en donnerai. Cherche bien. Trouve-le donc. Tu en as beaucoup, toi. Il n'est pas si ivre qu'il paraît. Monsieur mon fils choisit mal ses gens. Il est plus malaisé de m'attraper qu'on ne s'imagine. Quelque nuit qu'il fasse, je connais les fourbes d'une lieue. Que voulez-vous faire de ces flambeaux ? Monsieur le musicien, voilà de vilaines paroles. Miséricorde ! Des pistolets, monsieur le musicien ! Ils prennent mon chapeau, monsieur le musicien. Ils me déshabillent, monsieur le musicien. Ils fouillent dans mes poches, monsieur le musicien, et prennent ma bourse. Ils me prennent un collier de quatre cents pistoles, monsieur le musicien. Ah ! La maudite sérénade ! Ah ! Valère, je suis mort : on vient de me voler un collier de quatre cents pistoles. Miséricorde ! Léonor ! Marine ! Mon collier ? Ah ! Je te promets que, si je le retrouve, je consens à tout. Ah ! Mon cher collier ! Comment donc ? Double pendard ! Ah ! Je suis assassiné ! Quelle maudite journée ! Non je ne veux jamais entendre parler, ni de fils, ni de maîtresse, ni d'amour, ni de mariage, et je vous donne à tous les diables. **** *creator_regnard *book_regnard_serenade *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_serenade *dist2_regnard_prose_comedy *id_VALERE *date_1694 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_valere Eh bien ! Scapin, apprends-moi des nouvelles de Léonor. L'as-tu vue ? Que t'a dit Marine ? Marine ne t'a rien dit, elle qui parle tant ? Et Marine ne t'a point dit la cause de son refroidissement ? Quoi ! Tu n'as pu pénétrer ? ... Que je suis malheureux ! Elle m'a seulement donné une petite lettre qui vous expliquera peut-être mieux la chose. Eh ! Donne donc, maraud, donne donc. " Si vous m'aimez autant que je vous aime, nous sommes les plus malheureuses personnes du monde. Ma mère prétend me marier à un homme que je ne connais point. Détournez le malheur qui nous menace ; et soyez certain que je choisirai plutôt la mort que d'être jamais à d'autre qu'à vous. "Scapin ! Que dis-tu de cette lettre-là ? Et je me laisserai enlever Léonor ! Non, non, Scapin ; à quelque prix que ce soit, il faut empêcher... Que tu fais mal à propos le mauvais plaisant ! Il faut... Vient-il lui demander ce que je lui dois ? Paix ! Tais-toi. Je ne fais que d'arriver. C'est, mon père... Un musicien de l'opéra. Tais-toi. Vous marier ! Vous, mon père ! Ce que j'en ai dit, mon père, n'est que par l'intérêt que je prends à votre santé. Oui, mon père. Allons-nous-en ; je me meurs d'inquiétude. Que vois-je, Scapin ? C'est Léonor. Scapin, elle obéit à sa mère, je suis perdu. Par une aventure fort naturelle, mon père. Quoi ! À l'âge que vous avez, mon père, vous voudriez vous marier à une fille comme mademoiselle ? Je crois que vous rêvez. Sérieusement parlant, mon père, vous n'êtes point d'âge encore à radoter. Non pas, madame, s'il vous plaît. Avec votre permission, mon père, cela ne sera pas, je vous assure. Que dirait-on dans le monde, si, en ma présence, je vous laissais faire une action aussi extravagante que celle-là ? Quand il serait mon père cent fois plus qu'il ne l'est encore, je ne souffrirai point que l'amour lui fasse tourner la cervelle jusqu'à ce point-là. Non, Scapin, il n'y a point d'extrémité où je ne me porte pour empêcher ce mariage-là. Ah ! Mon pauvre Scapin, cherche, imagine, invente des moyens pour en trouver ; engage tout, vends tout, donne tout. Quoi ! Tu ne peux trouver ?... Mais quoi ! ... À quoi bon ?... Il faut vouloir tout ce qu'il veut, j'ai besoin de lui. Ah ! Charmante Léonor, que vous devez me paraître adorable avec de pareils sentiments ! Que me veut cet ivrogne-là ? Qui êtes-vous, mon ami ? C'est toi, Scapin ? Qui t'aurait reconnu ? Et tu as trouvé le moyen de tirer deux cents pistoles de mon père ? Tout-à-l'heure ? Et où veux-tu que je les cherche à présent ? Ah ! Mon père, comme vous voilà ! Et d'où venez-vous ? Ne vous alarmez point, mon père ; je vous amène vos voleurs. Si vous voulez consentir que j'épouse Léonor, je vous montrerai votre collier. Je n'irai pas loin. Ah ! Tout beau, s'il vous plaît, mon père : je vous ai dit que je vous le ferais voir, mais je ne vous ai pas dit que je vous le rendrais. Quand une fille se marie, elle a besoin d'un collier. En voilà un tout trouvé. Je vous prie, mademoiselle, de l'accepter pour l'amour de moi. **** *creator_regnard *book_regnard_serenade *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_serenade *dist2_regnard_prose_comedy *id_MADAMEARGANTE *date_1694 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madameargante Allons, ma fille, approchez, et saluez le mari que je vous ai destiné. Qu'avez-vous donc, mademoiselle ? Est-ce que monsieur ne vous plaît pas ? Je suis ravie, ma fille, de vous voir des sentiments raisonnables, et j'ai toujours bien jugé que vous ne voudriez pas me désobéir. Comment donc Valère ? À qui en avez-vous ? Que voulez-vous dire avec votre Valère ? Qu'a de commun Valère avec votre mariage ? C'est à Monsieur Grifon, que voilà, que je vous marie. Je voudrais bien, pour voir, que vous ne le trouvassiez pas bon ! Il a raison. Ouais ! Et où sommes-nous donc ? Allons, petite ridicule, qu'on donne tout-à-l'heure la main à monsieur. Cela n'est rien ; j'ai bien des excuses à vous faire pour ma fille, monsieur. Et moi, je vous réponds de cette petite impertinente-là ; elle vous épousera, ou je la mettrai dans un lieu d'où elle ne sortira de long-temps. Ne vous mettez pas en peine ; je saurai la réduire ; elle sera votre femme aujourd'hui, ou vous mourrez de mort subite. **** *creator_regnard *book_regnard_serenade *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_serenade *dist2_regnard_prose_comedy *id_SCAPIN *date_1694 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_scapin Bonjour, ma charmante. Comment se porte ta maîtresse ? Il y a toujours quelque chose à refaire aux filles. il se porterait assez bien, s'il avait un peu plus d'argent. Monsieur Grifon son père est bien riche, mais il est bien ladre. Tel que tu me vois, je sers mon maître sans gages, et incognito. Oui : Monsieur Grifon ne sait pas que son fils a l'honneur d'être à moi ; il ne me connaît pas même. Je loge en ville, et je vis d'emprunt. Assez. Cela n'empêche pas que je ne nourrisse quelquefois mon maître quand il est mal avec son père. Hé ! Dis-moi un peu... Comme tu fais, Marine ! Regarde-moi un peu. Vous plairait-il seulement, ô beauté léoparde ! Me dire le contenu de cette lettre ? Tu me romps si souvent la tête de ton babil, quand je te prie de ne dire mot. Le beau naturel ! Je te prie donc de te taire, Marine : c'est le moyen de te faire parler. Et tant qu'il te plaira. Dis si tu peux, mon enfant ; cela est difficile. Mais voyez cet animal, qui veut m'empêcher de parler ! Je n'ai garde. Fort bien. Qu'elle est agréable ! Tu ne devrais pas parler souvent. Jamais tant que tu auras parlé. Moi ? Point du tout ; je ne veux rien savoir. Oh ! Tu auras menti, et il ne sera pas dit que tu me feras entendre malgré moi. Je ne veux rien savoir ; laisse-moi en repos ; garde tes nouvelles pour un autre. Le diable puisse t'étrangler. Adieu. Par ma foi, c'est une charmante chose qu'une femme ! Quelle docilité d'esprit ! Quelle complaisance ! Voilà une des plus raisonnables que je connaisse. Mais je m'amuse ici, et je dois aller promptement porter cette lettre à mon maître ; car il est diablement amoureux. Qui dit amoureux, dit impatient ; et qui dit impatient, suppose un homme qui a plus tôt donné un coup de pied au cul que le bonjour. Mais le voilà. Marine ? Rien du tout. C'est une fille dont on ne saurait tirer une parole. C'est justement ce qui fait qu'elle ne dit rien ; mais tout ce que j'ai pu comprendre de la volubilité de son discours, c'est qu'il faut renoncer à Léonor ; et le pis que j'y trouve, c'est que nous n'avons pas un sou pour nous en consoler. Quoi ? Que dis-tu ? Parle, explique-toi. Renoncer à Léonor ? Oui, monsieur. Non, monsieur. Oh ! Monsieur, Marine est une fille impénétrable. Monsieur ? Je dis, monsieur, que ce n'est pas là une lettre-de-change. Monsieur, le ciel m'a donné des talents merveilleux pour faire des mariages ; et je puis dire, sans vanité, qu'il n'y a guère de jour qu'il ne m'en passe quelqu'un par les mains. J'en ai même ébauché plus de mille en ma vie qui n'ont jamais été achevés ; mais j'aime trop la propagation de l'espèce, pour avoir le courage d'en rompre aucun. Paix ! Voici votre père. Le vilain usurier qui nous vendit si cher l'argent l'année passée est avec lui. Il serait mal adressé. écoutons. Le bonhomme négocie avec les usuriers aussi bien que nous ; mais ce n'est pas de la même manière. Cela nous accommoderait bien. Un collier de trois mille huit cents livres ! Le friand morceau ! De quoi diantre vous avisez-vous de me faire musicien ? J'aimerais mieux être toute autre chose. Votre imagination m'a fait musicien par hasard ; vous verrez qu'il faudra que je le devienne par nécessité. Je vais me marier. Je ne m'attendais pas à celui-là. Que dit Monsieur Le musicien ? Je ne puis que vous louer, monsieur, de former une entreprise si hardie. Vous avez eu le bonheur d'enterrer une première femme, vous hasardez d'en prendre une seconde ; le péril ne vous rebute point : cela est fier, cela est grand, cela est héroïque ; et, pour ma part, je n'ai garde de manquer d'applaudir à une résolution aussi généreuse que la vôtre. Oui, monsieur, que monsieur votre père vous donne seulement une belle-mère bien faite, belle, jeune, et laissez-le faire ; vous serez ravi qu'il se soit remarié, sur ma parole. Une sérénade, dites-vous ? Vous ne pouvez mieux vous adresser qu'à moi. Musique italienne, française ; je suis un homme à deux mains. Demandez à monsieur votre fils. Je suis le premier homme du monde pour les sérénades : il m'en doit encore deux ou trois. Ce n'est pas pour me vanter, mais en cas de chanteurs, symphonistes, violistes, téorbistes, clavecinistes, opéra, opérateurs, opératrices, madelonistes, catinistes, margotistes, si difficiles qu'elles soient, j'ai tout cela dans ma manche. Je ménagerai votre bourse ; ne vous mettez pas en peine. Il ne nous faudra que trente-six violons, vingt hautbois, douze basses, six trompettes, vingt-quatre tambours, cinq orgues, et un flageolet. Pour les voix, nous prendrons seulement douze basses, huit concordants, six basses-tailles, autant de quintes, quatre hautes-contre, huit faussets, et douze dessus, moitié entiers et moitié hongres. Il ne faut pas moins de voix pour accompagner tous les instruments. Laissez-nous faire. Je veux qu'il y ait dans cette musique-là une espèce de petit charivari qui conviendra merveilleusement bien au sujet. Nous allons, monsieur votre fils et moi, donner maintenant les ordres pour... Prenez-la belle et jeune, au moins, surtout d'humeur complaisante ; tous vos amis vous conseilleront la même chose. Autre incident. Il y a ici du quiproquo , sur ma parole. Nous approchons du dénouement. Il n'est point question de la nature là-dedans ; c'est la raison et l'intérêt qui font aujourd'hui les mariages. Monsieur est le père, madame est la mère ; la raison est de leur côté, la nature est une sotte, et vous aussi, ma mie. Vous avez là un grand garçon bien mal morigéné, monsieur. À votre propre père ! Monsieur, avec trois ou quatre cents pistoles ne pourrions-nous point le mettre à la raison ? Oh ! Pour celui-là, on vous en défie. Doucement, monsieur ; nous abaisserons ses fumées d'amour. Il ne la tient pas encore. J'ai pris le soin d'une sérénade ; il vient de négocier un certain collier : laissez-moi faire. Mais le diable est que nous n'avons point d'argent. Hé ! Que diable engager ? Que vendre ? Pour tout meuble et immeuble, vous n'avez que votre habit et le mien ; encore le tailleur n'est-il pas payé. Depuis que je travaille pour vous, les ressorts de mon esprit emprunteur sont diablement usés... Laissez-moi un peu rêver tout seul. J'ai ma sérénade en tête ; si je pouvais avoir seulement de quoi payer les musiciens dont je me veux servir... J'ai besoin de me recueillir, vous dis-je ; laissez-moi en repos, et allez fortifier Léonor dans le dessein de ne point épouser votre père. Ce n'est pas une petite affaire, pour un valet d'honneur, d'avoir à soutenir les intérêts d'un maître qui n'a point d'argent. On s'accoquine à servir ces gredins-là, je ne sais pourquoi ; ils ne paient point de gages, ils querellent, ils rossent quelquefois ; on a plus d'esprit qu'eux, on les fait vivre, il faut avoir la peine d'inventer mille fourberies, dont ils ne sont tout au plus que de moitié ; et avec tout cela nous sommes les valets, et ils sont les maîtres. Cela n'est pas juste. Je prétends, à l'avenir, travailler pour mon compte ; ceci fini, je veux devenir maître à mon tour. Mais, que vois-je ? Le beau Champagne en ce pays-ci ! Pourquoi donc ? Et que fais-tu à présent ? Je t'ai vu autrefois le plus adroit grison, et, soit dit entre nous, le plus hardi coquin qu'il y eût en France. Toi, dans la réforme ? La retraite est méritoire. Voilà un motif fort charitable ! Deux mille huit cents livres ! Serions-nous assez heureux !... Cela serait admirable. Tu es associé avec Monsieur Mathieu ? Voilà une bonne condition ! Et, dis-moi, es-tu toujours aussi ivrogne qu'avant ta lettre de cachet ? Tu vas donc recevoir deux mille huit cents livres ? Chez Monsieur Grifon ? Pour le surplus d'un collier que Monsieur Mathieu lui a vendu ? Et tu as un billet de Monsieur Mathieu, pour marque que tu ne viens pas à faux ? Je suis l'associé du fils de Monsieur Grifon, moi. Nous ne sommes associés que pour emprunter, nous autres. Le connais-tu, Monsieur Grifon ? Te connaît-il ? Tant mieux. Monsieur Grifon n'est pas au logis ; et, en attendant qu'il vienne, nous pouvons aller renouveler connaissance au cabaret. Morbleu ! J'enrage. Voilà un homme à qui j'ai affaire, mais ce ne sera que pour un moment. Va-t'en m'attendre ici près, aux barreaux verts, et faire tirer bouteille. Voilà un fripon que je friponnerai, sur ma parole, si je puis seulement attraper le billet. Ah ! Monsieur, je vous cherchais pour vous dire que dans peu votre sérénade sera en état. Tant mieux ; cela est fort commode pour mon dessein. Ne pourriez-vous point, monsieur, me faire le plaisir et l'honneur de m'enseigner le logis de Monsieur Grifon ? Avoir l'avantage de lui rendre un petit billet que Monsieur Mathieu m'a fait l'honneur de me donner, afin que ledit Sieur Grifon me fasse la grace de me compter deux mille huit cents livres, restant à payer pour un collier que ledit Sieur Grifon a acheté dudit Sieur Mathieu. Le voilà, monsieur ; je ne viens qu'à bonnes enseignes. Vous aurez, s'il vous plaît, la bonté de m'expédier. C'est une gloire que je ne mérite pas, monsieur : je suis seulement son compère, Isaac-Jérôme-Boisme Rousselet, maître marchand fripier ordinaire privilégié suivant la Cour : si l'on peut vous y rendre quelque service, vous n'avez qu'à disposer de votre petit serviteur. J'ai des amis en ce pays-là : mon frère est apprenti partisan chez le commis du secrétaire de l'intendant d'un homme d'affaires, et mon oncle est le sous-portier de l'hôtel des fermes. Il est vrai, monsieur. J'ai autrefois, par leur moyen, tiré mon parrain des galères, et je sauvai l'année passée une amende honorable à Monsieur sMathieu ; c'est ce qui fait qu'il a beaucoup de confiance en moi. J'abuse de votre loisir, monsieur, mais ce n'est pas ma faute ; avec deux mille huit cents livres, vous serez débarrassé de mes importunités, et je prendrai congé de vous quand il vous plaira. Par ma foi, voilà qui ne va pas mal. Mais voici mon maître avec sa maîtresse : il ne me reconnaîtra pas. Monsieur, je vous donne le bonjour. Y a-t-il longtemps que vous êtes en cette ville ? Vos affaires vont-elles bien ? Comment gouvernez-vous la joie avec cette aimable enfant ? Je suis un honnête garçon, qui connais vos besoins, et qui viens vous offrir deux cents pistoles que me va donner monsieur votre père. Vous voyez, monsieur, ce qu'on fait pour vous. Il va me les livrer. J'ai encore un collier à escamoter ; mais j'aurais besoin tout-à-l'heure de quelques gens de main. Toi ? Mais serais-tu fille à travailler de nuit ? Bon, bon ; il ne me faut pas de plus vaillants champions pour mon dessein. Mais j'entends Monsieur Grifon. Allez m'attendre au prochain détour ; je vous dirai dans un moment ce qu'il faudra faire. Vous êtes trop exact, et vous savez trop bien compter. Je ne regarderai point après vous, monsieur ; le compère Mathieu me l'a défendu. Voilà de quoi payer la sérénade. Allons, monsieur, de la joie. Vive l'amour et la musique. Je vous amène ici tout un opéra. Pour nous éclairer, monsieur : ma musique est une musique de conséquence ; il faut voir clair à ce qu'on fait. Allons, messieurs de la symphonie. Peut-être que l'italien ne vous plaît pas ? Il faut vous servir à la française. Amis, tenez-vous tous prêts ; la bête est dans nos filets. Lorsqu'un vieux fou s'échappe d'être amoureux sur ses vieux ans, il faut qu'il mette la nappe, et qu'on boive à ses dépens. Pardonnez-moi, monsieur ; ce sont des paroles nouvelles qui furent faites à la noce de Vénus et de Vulcain. Mais allons au fait. Paix, paix, ne faisons point de bruit ; nous ne sommes pas les plus forts. Et paix, paix, ils prennent le mien, et je ne dis mot. Hé ! Comme vous criez ! Faut-il faire tant de bruit pour un méchant justaucorps ? Ils fouillent aussi dans les miennes, mais il n'y a rien ; ils seront bien attrapés. Bon, bon, ils ne tueront personne. Nous venons de donner une sérénade. Ah ! Coquine, tu iras aux galères. Vous voulez bien, monsieur, que je vous fasse aussi mes petites excuses, et que je vous dise que le borgne à qui vous avez tantôt donné deux cents louis, c'était moi ; que je ne suis qu'une façon de musicien. J'offre ici mon savoir-faire à tous ceux qui n'ont point d'argent ; je crois que le nombre en est grand, et je n'aurai pas peu d'affaire. Malgré toute ma ressource, gardez-vous d'un sexe enchanteur : non content de prendre le coeur, il en veut encore à la bourse. **** *creator_regnard *book_regnard_serenade *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_serenade *dist2_regnard_prose_comedy *id_MARINE *date_1694 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_marine Je vous dis encore une fois que madame n'est pas au logis, et qu'il faut que vous reveniez, si vous voulez lui parler. Je voudrais, Monsieur Mathieu, que vous fussiez étranglé par votre gorge, avec votre diantre de collier. C'est donc vous qui vous êtes mêlé de cette affaire ? Ne devriez-vous pas songer que les mariages légitimes ne sont point de votre compétence ? Un courtier d'usure, comme vous, ne doit s'intriguer que d'affaires de contrebande, et laisser les honnêtes filles en repos. Oui, mais ceux qui font des mariages ne s'embarrassent guère du succès ; et quand ils ont reçu leur pot-de-vin, et que le poisson est dans la nasse, sauve qui peut.Vous connaissez du moins l'homme qu'on lui destine, puisque vous lui avez vendu un collier ? Ce n'est pas là ce que je demande. Quel homme est-ce ? Que la peste te crève ! Oui, pour des ladres comme vous, qui ne connaissent d'autre bonheur que celui d'amasser du bien, et de faire travailler leur argent à gros et très gros intérêt : mais pour une jeune personne comme Léonor, qui cherche à passer ses jours dans le plaisir, vous trouverez bon, s'il vous plaît, vous et madame sa mère, qu'elle préfère l'agréable à l'utile ; et que moi, de mon côté, je fasse tout mon possible pour rompre un mariage aussi biscornu que celui-là. Un peu grassement ! Eh ! Mort de ma vie, n'êtes-vous pas déjà assez gras ? Allez, vous devriez mourir de honte d'avoir une face qui a pour le moins deux aunes de tour. Qu'il aille au diable, avec sa sérénade ! Je vais songer à lui donner l'aubade, moi. Et moi, je m'y ennuie toujours. Je prie le ciel qu'il te conduise, et que tu te puisses casser le cou. Il n'y aurait pas grand mal quand tous ces maquignons de mariages-là seraient au fond de la rivière avec une bonne pierre au cou. Que je plains le pauvre Valère ! Il ne sait pas son malheur. J'ai une lettre à lui rendre de la part de sa maîtresse. Voici son valet à propos. Bonjour, mon adorable. Mal. Et ton maître ? Je n'ai jamais connu un gentilhomme plus gueux que celui-là. Nous nous en apercevons. Comment, incognito ? Tu fais souvent mauvaise chère. Voilà un beau ménage ! Je n'ai rien à te dire. Tiens, rends cette lettre-là à ton maître. Eh bien ! Que me veux-tu ? Je n'ai pas le temps. J'aime à faire le contraire de ce qu'on souhaite. Je parlerai, s'il me plaît. Et me tairai, si je veux. Voilà encore un plaisant visage, pour fermer la bouche à une femme ! Ni toi, ni ton père, ni ta mère, ni toute ta peste de génération, ne me ferait pas rabattre une syllabe. Quand on parle bien, on ne parle jamais trop. Va, va, quand je serai morte, je me tairai assez. Tu voudrais donc savoir le contenu de la lettre ? Oh ! Tu sauras pourtant, malgré que tu en aies, que ma maîtresse se marie aujourd'hui avec un homme qu'elle n'a jamais vu ; que sa mère a terminé l'affaire ; qu'elle prie Valère... que la peste te crève ! Adieu. Il y a de l'erreur de calcul. Oui, monsieur ; mademoiselle est fille, monsieur est garçon ; elle est aimable, il est joli homme ; ils ont fait connaissance, ils s'aiment, ils sont dans le goût de s'épouser : y a-t-il rien là que de fort naturel ? À votre père ! Voilà des enfants bien obstinés. Mais aussi pourquoi vous exposer à vous marier, sans savoir si monsieur votre fils le voudra bien ? Je vous dis, monsieur, que vous aurez plus de peine que vous ne pensez à réduire cet esprit-là. Oui, monsieur, pour vous faire des excuses de ce qui s'est passé à votre entrevue. Elle est au désespoir de n'avoir pu se contraindre devant madame sa mère : mais elle dit qu'elle vous hait trop pour se faire la moindre violence. Elle sait trop bien vivre pour manquer à la civilité. Elle m'a aussi chargée de vous prier de ne point presser madame sa mère sur votre mariage, et de lui donner du temps pour s'accoutumer à une figure aussi extraordinaire que la vôtre. Je vous demande pardon, monsieur ; je vous respecte trop pour vous rien dire de mon chef qui vous déplaise. Ce sont les sentiments de ma maîtresse que je vous explique le plus clairement et le plus succinctement qu'il m'est possible. Il ne tiendra pas à moi qu'elle ne change ; et, quelque aversion qu'elle ait pour vous, elle ne laissera pas de vous épouser si elle m'en veut croire. Vous n'avez que votre âge, votre air et votre visage contre vous : dans le fond, je gagerais que vous avez les meilleures manières du monde. C'est votre physionomie lugubre qui l'a d'abord effarouchée : elle en reviendra peut-être, et vous aimera à la folie ; que sait-on ? Vous ne seriez pas le premier magot qui aurait épousé une jolie fille. Je suis assez franche, comme vous voyez. Vous n'avez qu'à mourir, monsieur ; c'est le plus grand plaisir que vous lui puissiez faire. Ah ! De l'humeur du monde la plus douce. Je ne lui connais qu'un petit défaut. C'est, monsieur, que, quand elle s'est mis quelque chose en tête, et qu'on s'avise de la contredire, elle crie, elle peste, elle jure, elle bat, elle mord, elle égratigne, elle estropie même en cas de besoin ; mais, dans le fond, c'est une bonne enfant. Non, monsieur, rien ne la domine. Elle a du goût pour toutes les belles manières ; elle vend, pour jouer, tout ce qu'elle a ; elle met ses nippes en gage pour aller à l'opéra et à la comédie ; elle court le bal sept fois la semaine seulement ; elle fesse son vin de Champagne à merveille, et sur la fin du repas elle devient fort tendre. Oui, monsieur, sur la fin d'un repas ; et je vais lui faire entendre que, pour un mari, vous valez cent fois mieux qu'un autre. Assurément. Dans ce siècle-ci, quand un mari laisse faire à sa femme tout ce qu'elle veut, c'est un homme adorable ; on ne peut pas lui demander autre chose. Commencez donc par ne point trop presser les affaires. Je vais lui proposer vos conventions ; et comme il n'y a rien dans ces articles-là qui répugne à la coutume, je ne doute point qu'elle ne les accepte. Par ma foi, voilà un méchant borgne. Monsieur, je suis à votre service. Pour la main, je l'ai aussi bonne que la langue. Pourquoi non ? C'est dans ce temps-là que je triomphe. J'ai deux ou trois filles de mes amies qui ne m'abandonneront pas dans le besoin. Oui, monsieur, c'est nous qui avons fait le coup. Tant mieux : voilà peut-être la première chose qu'il ait donnée de sa vie. **** *creator_regnard *book_regnard_serenade *style_prose *genre_comedy *dist1_regnard_prose_comedy_serenade *dist2_regnard_prose_comedy *id_CHAMPAGNE *date_1694 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_champagne Hé ! C'est toi, mon pauvre Scapin ! Il y a six mois que je suis revenu, mais je ne me montre que depuis quinze jours. Par une espèce de scrupule. Une lettre de cachet du Châtelet m'avait défendu de paraître à la ville, elle me prescrivait un temps pour voyager ; mes voyages sont finis, je reparais sur nouveaux frais. J'ai quitté tout cela, mon ami. La justice aujourd'hui a l'esprit si mal tourné ; il n'y a plus rien à faire dans le commerce : elle prend toujours les choses du mauvais côté. J'ai renoncé aux vanités du monde ; et je me suis jeté dans la réforme. Oui, mon enfant. Il faut faire une fin. Je me suis retiré, je prête sur gages. Ma foi, il n'y a plus que ce métier-là pour faire quelque chose ; il n'y a rien de tel, quand on a de l'argent, que d'en aider des particuliers dans leurs nécessités pressantes. Je me suis associé d'un fort honnête homme, qui est, je pense, lui associé d'un autre fort honnête homme chez qui il m'envoie prendre deux mille huit cents livres. Avec Monsieur Mathieu : mais je suis un peu subalterne, à la vérité. Nous demeurons ensemble ; il me loge fort haut, me meuble modestement, m'habille chaudement pour l'été, fraîchement pour l'hiver, me nourrit sobrement, ne me donne point de gages ; mais ce que je prends c'est pour moi. Je bois beaucoup de vin, mais je ne l'aime pas. Deux mille huit cents livres. C'est le nom de notre associé. Qui te l'a dit ? Je l'ai ouï dire ainsi. Cela est comme tu le dis. Voilà le billet. Hé ! D'où diantre sais-tu tout cela ? Quoi ! Tu te mêles aussi ? ... Non. Je ne crois pas. De tout mon coeur : je ne refuse point des parties d'honneur. Lera, lera, lera. Par la sembleu, je suis bien nourri. Ce Monsieur Scapin fait bien les choses, oui. Oui, à peu près, c'est un ivrogne. Que je passe mon chemin ? Oui, qui le pourrait. Maraud ! Voilà quelqu'un qui me connaît. Je suis plus pesant que de coutume, et je ne sais si mes jambes pourront porter au logis tout le vin que j'ai bu. Holà, l'ami, qui parlez tout seul, suis-je loin de chez moi, par parenthèse ? Hé ! Palsembleu, si je le savais, je ne le demanderais pas. Je ne sais, je ne m'en souviens pas. Je suis pourtant venu pour quelque chose. Ah !... Monsieur Grifon, le connaissez-vous ? Justement, un fripon, un vilain, un fesse-mathieu. Le diable emporte si je l'aurais deviné. Or donc, pour revenir à nos moutons, Monsieur Mathieu, cet autre vilain, ce ladre... Patience, oui, c'est bien dit, allons doucement. Ce Monsieur Mathieu donc, comme de vilain à vilain il n'y a que la main, il est arrivé que, par la concomitance d'un collier..., enfin je ne me souviens pas bien de tout cela. Comme Monsieur Mathieu est un vilain, je ne gagne pas grand'chose ; mais je suis sobre. Venons à l'explication. Vous êtes Monsieur Grifon, je suis Monsieur Champagne : donnez-moi de l'argent au plus vite, car j'ai hâte. Oui, parbleu, de l'argent ; je ne perds point le jugement, j'ai beau boire. Il me faut huit cent deux mille et quelques livres : j'ai le billet de Monsieur Mathieu ; vous allez voir, car je n'y vois goutte. Cela est fort judicieux et fort raisonnable ; j'aime les gens d'esprit. Je ne le trouve point, ce diable de billet. Je ne trouve rien, la peste m'étouffe. Je l'avais pourtant avant que d'aller au cabaret. Oh ! Vous en demandez trop. Quand on a bu, on ne peut pas retrouver sa maison, vous voulez que je retrouve un billet : il n'y a pas de raison à cela. Écoutez, ne nous brouillons point. J'étais de sang froid quand je l'ai perdu, je le retrouverai quand je serai de sang froid, cela est infaillible. Jusqu'au revoir.