**** *creator_regnard *book_regnard_vendanges *style_verse *genre_comedy *dist1_regnard_verse_comedy_vendanges *dist2_regnard_verse_comedy *id_BABET *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_babet Ah ! Griffonet, demeure ; Je veux t'entretenir. Eh bien ? Ce n'est qu'avec chagrin que je le vois ici ; Ma mère peut rentrer, mon père peut descendre ; Et cette salle enfin est commode à surprendre : Je suis dans des frayeurs qu'on ne peut concevoir. Mais si ce rendez-vous, Toinon, est découvert... Mais le moindre soupçon peut rompre nos mesures. Je crains... Prends donc garde, Toinon, que personne... N'imputez point ce trouble à mon peu de tendresse, Léandre ; et n'accusez que ma seule faiblesse. C'est mon père, Toinon. Je crains. **** *creator_regnard *book_regnard_vendanges *style_verse *genre_comedy *dist1_regnard_verse_comedy_vendanges *dist2_regnard_verse_comedy *id_TOINON *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_toinon Qu'as-tu fait de son père ? Çà, maître Griffonet, De notre enlèvement tu sais tout le projet : Mon estime pour toi sera-t-elle trompée ? Ne veux-tu point quitter la robe pour l'épée ? Aimes-tu mieux, dis-moi, toujours être un pied-plat, Un apprenti sergent, petit clerc d'avocat, Que de te voir monsieur par les soins de Léandre ? Le moins, en le servant, que tu puisses prétendre, C'est d'être subalterne en quelque régiment, Où tu feras bientôt fortune, assurément. Réponds donc. N'es-tu pas sûre de ma réponse ? Au métier que je fais de bon cœur je renonce. N'aurai-je pas bon air à cheval, Toinon, dis, Avec un grand plumet ? Tiens, je crois que j'y suis. Pour moi, j'aime la guerre, et je hais les affaires. Au Palais à présent on n'en amasse guères : Monsieur jamais n'y plaide, y fût-il tout le jour ; Il en a fait serment, que je pense, à la cour. Je ne l'ai point encore ouï que dans une cause ; Aussi ne parle-t-il à chacun d'autre chose : Il est de la conter tellement altéré, Qu'on le fuit en tous lieux comme un pestiféré ; Dès qu'il ouvre la bouche, on déserte sur l'heure. Oh ! Monsieur Griffonet est un brave, madame, Un garçon hasardeux. Mais, qui trouble votre âme ? Léandre va venir ; quel est votre souci ? Eh quoi ! Mort de ma vie ! Est-ce un crime d'avoir Un tendre engagement avec un honnête homme ? Si celles qui en ont allaient le dire à Rome, La France deviendrait un pays bien désert. Il faut bien vous attendre à d'autres aventures. Mais, pour les prendre, il faut se voir, et convenir De vos faits, et savoir à quoi vous en tenir. Dans le chagrin que cette peur me donne, Je ne sais qui me tient que je vous abandonne. Comment ! Trembler toujours ! Avoir incessamment Des inégalités... Mais voici votre amant. Ho ! Finissons, de grâce : Dans un long entretien votre esprit s'embarrasse ; Il n'est point maintenant question de cela. Halte là, Vous dis-je ; et bannissons tous les discours frivoles : Il faut des actions, et non pas des paroles. Que tous vos gens... La chaise ? Au moins, qu'elle soit prête Lorsque nos paysans commenceront la fête : C'est un bal villageois, dont la confusion Sera très favorable à notre évasion ; Et chacune de nous, en nymphe déguisée, Trouvera vers le bois la fuite plus aisée, Pendant que Griffonet... Mais on vient nous troubler. On vous demande là. Ce sont gens bien pressés. Le voilà tout trouvé, sans procès ni chicane. Qu'a cela de commun, monsieur, avec votre âne ? Et qu'est-il besoin là de cane ni d'oison ? Deux paysans qui vont crever, je pense ; Voulez-vous bien, monsieur, leur donner audience ? Ils viennent, que je crois, de faire un mauvais coup Ou bien, par la campagne, ils ont vu quelque loup ; Car ils haltent tous deux comme des chiens de chasse. Les voici ; je vais leur faire place. Votre bidet, monsieur, est tout bridé là-bas. **** *creator_regnard *book_regnard_vendanges *style_verse *genre_comedy *dist1_regnard_verse_comedy_vendanges *dist2_regnard_verse_comedy *id_LEANDRE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leandre Madame, Tout semble conspirer au succès de ma flamme ; Et votre tante, enfin, de l'aveu d'un époux, En cette occasion se déclare pour nous : Nous trouverons chez elle une sûre retraite. Mais vous me paraissez incertaine, inquiète : Après m'avoir donné votre consentement, Avez-vous pu si tôt changer de sentiment ? Vous rassurez par là mon esprit alarmé, Madame ; et ce soupçon heureusement calmé Fait place aux doux transports... Que mon bonheur est doux ! Ah, madame ! Ils sont à deux cents pas d'ici. Dans une heure elle doit être aussi Au coin du petit bois. Laissez-moi lui parler. Ne craignez rien, je prends sur moi l'affaire ; J'ai tout prévu... Le bruit de votre grand savoir Me fait venir, monsieur, de Paris pour vous voir, Et vous communiquer un fait de conséquence. Ce fait est important, mais il n'est pas nouveau. Vous toussez fort. Écoutez-moi, je n'ai que deux mots à vous dire. Il s'agit en ceci d'un amoureux mystère. Je crois, monsieur, que vous êtes humain... Que vous êtes charmé de rendre un bon office, Monsieur, un mien ami, de qui les intérêts M'ont toujours été chers et me touchent de près, Est fortement épris d'une fille très belle, Qui répond à ses feux d'une ardeur mutuelle ; Un père rigoureux veut forcer leurs désirs : (Ces pères sont toujours ennemis des plaisirs.) En cette extrémité, n'est-il point d'artifice Pour les mettre à couvert des rigueurs de justice Contre l'enlèvement qu'ils sont près de tenter ? L'ami pour qui je viens ici vous consulter M'a prié, ne voulant rien faire à la légère, De prendre par écrit votre avis sur l'affaire. Je conviens avec vous de ma témérité, Et mon début vous a justement irrité ; Mais, malgré mon audace, et trop grande et trop haute, S'il est quelque moyen de réparer ma faute, J'oserai... Vous prier instamment... Fort bien. Un fâcheux, d'une humeur peu traitable, Qui n'a point d'autre but que son propre intérêt. Oui, voilà ce que c'est. Oui, tout cela se fait de concert avec elle : C'est ainsi qu'on m'a dit la chose. Enfin, Vous approuvez la chose ? On l'espère. Ayez donc la bonté de signer votre avis. Vos conseils seront en tout suivis. Monsieur, je me retire. Certes ! La cause est rare. Voilà pour mettre à bout toute ma patience. J'abuse trop longtemps Des moments destinés à vos soins importants. Vous me désobligez de vouloir me conduire. Demeurez. De grâce, laissez-moi. **** *creator_regnard *book_regnard_vendanges *style_verse *genre_comedy *dist1_regnard_verse_comedy_vendanges *dist2_regnard_verse_comedy *id_GRIFFONET *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_griffonet Et madame Babet, dé Léandre amoureuse, Dresse un plan pour ne pas devenir procureuse. On a beau la garder et l'observer de près, Il suffit que Toinon soit dans ses intérêts, Monsieur le procureur ne tient rien. Monsieur, bonne nouvelle ! Un homme assassiné ! **** *creator_regnard *book_regnard_vendanges *style_verse *genre_comedy *dist1_regnard_verse_comedy_vendanges *dist2_regnard_verse_comedy *id_GUILLOT *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_guillot Monsieur... j'ons couru... jusqu'ici Pour... Je sis essoufflé... Maquieu... conte la chore, Et défrinche... tout c'en que j'ons vu. Monsieu... je n'en pis plus. Pour vous le faire court, j'ons vu tuer un homme. Celi qu'en a tué, c'est le genre à Maquieu. J'ons morguenne arrêté l'assassin tout sur l'heure ; Pis, l'ayant enfarmé dans la grange à Gariau, J'ons couru... vous voyez, j'ons le corps tout en yau. J'en avons à revenre. C'est... Un garçon de village. Ma si... Oui, mais... Eh ! Pour le maître, passe ; Mais les cochons, monsieu, morgué faites-leu grâce. Morgué ! Son clerc itou sait bian les proucédures. Ce sont deux fins matois que ces compères-là. Y me semble de même. Oui, morgué, c'est l'entenre. Ma si, tandis qu'il est dans son himeur de penre, À noutre collecteur je faisions... tu m'entends. Le compère a, morguoi, des cochons. Mais, monsieu, si toujou je commencions par là, Pour ne point parde temps ? Je verbaliserions après tout à notre aise. Monsieu, ne vous déplaise, Je pourrions là-dessus raisonner un moment. **** *creator_regnard *book_regnard_vendanges *style_verse *genre_comedy *dist1_regnard_verse_comedy_vendanges *dist2_regnard_verse_comedy *id_MATHIEU *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mathieu Dis tai-même, s'tu veux... je sis tout hors de moi. C'est que tout maintenant, Comme j'allions nous deux... aux champs en dandenant... Ah, monsieu ! Oui, monsieu. Monsieu, tout chaudement si vous vouliez le penre. Morgué, monsieu, partons. Peut-être qu'on lairra sauver le criminel. La chose presse. Eh ! Je ne pensions pas qu'il en fût plus coupable. Je vous la demandons. Noutre bailli, tout franc, entend les récritures. Voilà, par ma figuette, un bon juge, stilà. N'est-il pas vrai, Guillot ? Y n'y cherche point tant de chose ni de frême. Aux autres, pour avoir un méchant jugement, Y leu faut, palsangué, plus de recoulement, Et plus de con... fron... tra... tanquia, plus de grimoire ! An n'en serait chevir, et c'est la mer à boire : Ma ly, sans barguigner, y va d'abour au fait ; Drès qu'on a des cochons, le procès est tout fait : C'est juger comme il faut. C'est très bian avisé ; vengeons-nous tout d'un temps. La pensée En est bonne : oui, ma foi, baillons-li la poussée. C'est bian dit. Mais, monsieu, Comme tout vilain cas fut toujours regniable, S'il soutiant aux témoins... Qu'il n'est point coupable, Qu'on l'a pris pour un autre... S'il les récuse, enfin ? J'avons du temps pour tout.