**** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MADEMOISELLESILVIA *date_1736 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoisellesilvia Aux Dames ! Il y a dans cette politesse plus d'orgueil que de civilité. Vous voulez faire entendre que les meilleurs compliments sont réservés pour la fin. Et vous pourriez vous tromper. Peut-on vous demander qui a composé le vôtre ? Oh ! Je gage que c'est votre mari. Il est de lui, il est de lui ; puisqu'il le trouve bon. Monsieur ... Eh ! Monsieur, finissez ce mauvais compliment. Les grands vers Sont pervers, De petits Bien bâtis En ces lieux Valent mieux Qu'un sabbat Dont l'éclat Étourdit, Et ne dit Dans le fond Rien de bon. Oh pour moi Sur ma foi Je prétends Et j'entends Dire en bref De mon chef Quatre mots À propos Au Public, C'est le hic. Son bon goût Juste en tout, N'aime point Sur ce point Qu'un Acteur Grand conteur Fasse voir Son savoir ; Mais il veut, S'il se peut, Des discours Bons et courts. Il fait bien. Est-il rien D'ennuyeux Comme ceux Qui voudraient Et croiraient Par leurs dits Érudits Aveugler Ou régler Le Censeur Connaisseur. Son arrêt Toujours prêt Met le prix Aux écrits, Vous pouvez Et savez Enhardir Applaudir Les talents Excellents. Bien aussi Dieu merci Savez-vous Contre tous Vous servir À ravir De vos droits ; Dont cent fois Les auteurs, Les acteurs, Se sont vus Confondus. Poursuivez Proscrivez Les grimauds Idiots, Les Hurons Histrions, Par le bruit Que produit Le sifflet, C'est bien fait, Mais chez nous Prêtez-vous Comme gens. Indulgents, Qui témoins De nos soins Pardonnez Et venez Seulement Bonnement Réjouir Ébaudir Un petit Votre esprit. Si du grand Cependant Vous trouvez Percevez Quelque trait À souhait Tout nouveau Qui soit beau. Que pour lors Nos efforts Reconnus Bien reçus Soient payés Appuyés Du bonheur De l'honneur De vous voir Chaque soir Applaudir Et remplir À grand bruit Ce réduit. Dans nos Jeux Trop heureux Nous serons: Et verrons Nos souhaits Satisfaits. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MADEMOISELLERICCOBONI *date_1736 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoisellericcoboni Qui me l'a composé ? Moi-même. Vous me croyez donc bien bornée. Je ne serais pas capable de produire une pareille bagatelle. Quel bruit soudain se fait entendre ? D'où naît ce tumulte enchanteur ? Quel plaisir vient de se répandre Dans les regards du spectateur ? J'y vois ces marques d'allégresse, Cette vive et flatteuse ivresse Dont l'heureux acteur s'enhardit. Content d'un zèle qui le flatte, Le public généreux éclate ; Il nous approuve, il applaudit. De cette aimable récompense Naissent nos soins et nos travaux, Un succès produit l'espérance D'obtenir des succès nouveaux. Le Nautonier dans la tempête, Aux vents qui menacent sa tête, Jure de ne plus se risquer ; Mais si les faveurs de Neptune Ont fait prospérer sa fortune, Il ose encor se rembarquer. Que ta destinée est flatteuse ! Toi dont les talents séducteurs T'offrent dans ta carrière heureuse, Le plaisir d'enchaîner les coeurs. Charmé de se laisser séduire, Tout s'attendrit, s'égaye, admire, Suivant ce que ton art prescrit; Et la multitude étonnée, Sans cesse où tu veux entraînée, Semble n'avoir qu'un même esprit. Que vois-je ? Arrête téméraire, Ton bonheur t'aveugle et te perd Quoi donc la sûreté de plaire Te nuit plus qu'elle ne te sert? Tout rempli d'un orgueil extrême Tu t'abandonnes, à toi-même Tu ne veux plus rien écouter. Gardes-toi de te méconnaître; Plus on est chéri de son maître, Plus sa haine est à redouter. De cette vaine confiance Gardons-nous de nous enivrer. Qui marche avec trop d'assurance, Est sur le point de s'égarer. Quand le Public nous encourage, C'est à lui qu'il faut rendre hommage Des traits où nous réussissons. Soit qu'il punisse ou qu'il pardonne, Jusqu'aux éloges qu'il nous donne, Tout doit nous servir de leçons. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MADEMOISELLEFLAMINIA *date_1736 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoiselleflaminia Quand la jeunesse aimable Montre quelques talents ; Aux spectateurs galants Tout paraît admirable. De ces premiers attraits, Quand l'éclat se retire, Quoique nous puissions dire L'on trouve tout mauvais. Qu'un auteur lise à table Quelque nouvel écrit, On s'intéresse, on rit, Tout paraît admirable. Qu'au théâtre à grands frais On vous le représente ; Il n'a plus rien qui tente : L'on trouve tout mauvais. Qu'on vous soit favorable, Tout paraît admirable. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MADEMOISELLEBELMONT *date_1736 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoisellebelmont Dans l'objet adorable Qui touche notre coeur, Taille, esprit, grâce humeur, Tout paraît admirable. L'hymen suit-il de près L'amour qui l'en conjure; Humeur, esprit, figure, L'on trouve tout mauvais. D'une pièce agréable Chaque trait est loué ; Chacun a bien joué , Tout paraît admirable; Mais au lieu d'un succès, A-t-on mauvaise chance, Acteurs, musique, danse, L'on trouve tout mauvais. Ne dites donc jamais, L'on trouve tout mauvais. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MADEMOISELLECATINE *date_1736 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoisellecatine À Votre justice Nous avons recours Contre le caprice, De qui la malice Nous fait tous les jours Mille mauvais tours. Jadis les suivantes Dans les nouveautés Étaient triomphantes; Tirades brillantes, Couplets bien dictés Gaiement débités, Des grâces riantes Tiraient leurs beautés. Aujourd'hui Thalie Change nos destins. L'aimable folie, Si chère aux humains, Semble être avilie. La mélancolie Suit les écrivains; Et l'auteur oublie, Qu'aux traits, les plus fins, Il faut qu'on allie Les charmes badins. Enfin les soubrettes, Partout aux abois Quittent leurs emplois; Et les plus parfaites Ont depuis six mois, Par un nouveau choix, Joué les coquettes. Intéressez-vous À notre disgrâce, Et parlez pour nous Aux gens du Parnasse. Qu'on nous rende enfin. Notre caractère. Qu'un valet malin Amuse le père: Que malgré la mère Soubrette légère Conduise à sa fin Un tendre mystère. Mais n'espérons plus D'être protégées; Les moeurs sont changées, Nos soins superflus. L'amant sans notre aide Se fait écouter ; La fille lui cède Sans nous consulter. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MADEMOISELLEFABIO *date_1736 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoisellefabio L'Italienne a bien plus de mérite, Elle danse en chantant. Non, non, la légèreté, La vivacité, Doivent avoir la préférence. Viva, viva l'allegria Questa sola è dolce al cor. Gia che il canto è una pazzia. Che da noi cacci il rigor D'una mesta fantasia. Viva, etc. Unissons, rassemblons vos accords et les nôtres. J'égayerai vos chants. Unissons, etc. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MONSIEURROMAGNESI *date_1736 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurromagnesi Au fait, Messieurs, commençons. Messieurs, les compliments en beautés si fertiles, Pour avoir trop produit, sont devenus stériles : Depuis que l'on en fait, leurs traits sont épuisés, Et ne nous offrent plus que des moyens usés. En vain, pour en vouloir déguiser la figure, On a des compliments renversé la structure; L'un aujourd'hui les tourne en dissertations, L'autre, en vers mal construits, y met des fictions : Qu'aux français une pièce ait quelque réussite, C'est dans le compliment qu'on vante son mérite, C'est-là qu'elle reçoit l'encens le plus flatteur, Et tout le compliment n'est fait que pour l'auteur. Pour nous, qui n'avons point de ressources pareilles, Dont le genre tout simple offre moins de merveilles, Nous ne pouvons, hélas! Quand il faut vous parler, Que vous remercier de ne nous pas siffler : En effet, nous avons, dans notre insuffisance, Éprouvé mille fois toute votre indulgence ; Mais nous dirons aussi que, pour la mériter, Il n'est point de périls que nous n'osions tenter. Nous avons critiqué des auteurs respectables, Nous avons contrefait des acteurs admirables ; Nous avons même osé donner du sérieux ; (Ce n'est pas, il est vrai, ce qu'on a fait de mieux ;) Mais faut-il s'étonner qu'une troupe comique Ait essuyé l'affront d'échouer au tragique, Quand des héros en place, au cothurne aguerris, Dans plusieurs nouveautés ont ennuyé Paris. Vous allez voir, Messieurs, qu'il est très difficile D'amuser à la fois et la Cour et la ville. Premièrement il faut .... Premièrement... **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MONSIEURRICCOBONI *date_1736 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurriccoboni Doucement, s'il vous plaît, Messieurs ; chacun de nous à la dernière assemblée a brigué l'honneur de complimenter le public. Les dames ont prétendu que leurs droits étaient pour le moins aussi bien fondés que les nôtres ; et pour faire cesser le tumulte, la troupe a délibéré que chacun ferait le sien à part. Commençons donc de cette manière, et cédons le pas aux dames. Moi ! Point du tout. Bagatelle ! Je le soutiens très joli. L'homme en tous ses travaux montre la folle envie De surmonter le temps qu'il ne peut retenir Et pense reculer les bornes de sa vie, En méritant l'honneur d'un brillant souvenir. Il croit à chaque instant voir sa peine suivie Du chimérique bien qu'il espère obtenir, Et semble dans l'orgueil, dont son âme est ravie, Négliger le présent pour chercher l'avenir. Faut-il que d'un tel prix le désir nous anime ? Pour remplir dignement un coeur ambitieux, Un triomphe pareil est-il assez sublime ? Non ! Pour jouir d'un sort dont on soit envieux, De nos contemporains cherchons plutôt l'estime ; Quand on plaît à son siècle, on est trop glorieux. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MONSIEURDESHAYES *date_1736 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdeshayes Mais on ne nous entendra pas. Ma foi, j'aurais cru que ces Messieurs les faisaient eux-mêmes. Pour un acteur, c'est un fardeau pesant De se montrer au public à présent. Depuis le temps qu'au théâtre il préside, Il est trop sûr dans tout ce qu'il décide ; Et le bon goût s'accroît chemin faisant. Bien est-il vrai qu'au séjour amusant On donne asile à plus d'un exposant Qu'on ne peut prendre à sa mine stupide Pour un acteur. On me dira que le mal est cuisant Autant pour vous, que pour le déplaisant; Mais si faut-il que la clémence guide Tout spectateur de nouveautés avide, Et qu'il ne soit aux pièces malfaisant Pour un acteur. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MONSIEURTHOMASSIN *date_1736 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurthomassin Voilà déjà notre révérence faite ; allons, mes amis, il ne s'agit plus que de parler. Cela produit un effet charmant ; continuons de parler tous à la fois. Tant mieux mon enfant, aussi bien n'avons-nous pas de trop bonnes choses à dire ? Pour moi, j'ai fait faire le mien par l'auteur qui les fait tous les ans à la Comédie Française. C'est donc à moi présentement De vous faire mon compliment. Mais je suis piqué d'une chose; D'où vient que chacun se dispose, Aux Français comme dans ces lieux, À vous haranguer de son mieux ? Et que l'Opéra se délivre De cet important savoir-vivre Dont nous lui donnons des leçons ? Ces Messieurs-là sont sans façons; Chacun tremblent qu'ils ne s'enrhument, Aux compliments ils s'accoutument, En reçoivent et n'en sont pas. Or le plus grand des embarras Est d'avoir des pièces nouvelles. Quoique les vieilles soient fort belles, Le Public ne vient point les voir. À propos je voudrais savoir, Quand vous criez, « ouvrez les loges » , Si nous vous devons des éloges. Vous me direz, nous avons chaud ; Mais les autres ont froid là-haut, Cela fait une différence. Vivons toujours dans l'espérance ; On nous promet pour cet été Plus d'une bonne nouveauté. Le Public en demande et crie, Qu'en les attendant il s'ennuie; Mais quand il les voit, c'est bien pis. Pour réveiller les assoupis, On dit qu'il faut de la musique, Qu'elle est anti-soporifique. Moi, je dis qu'on se trompe fort, Parce que le concert m'endort. Cependant pour peu qu'elle plaise, Comme notre troupe est fort aise De ne jamais se refuser À ce qui peut vous amuser. Voici notre chanteur qui tremble, Et n'a pas grand tort, ce me semble : Qui va, le moins mal qu'il pourra, Prendre le ton de l'Opéra. **** *creator_riccoboniromagnesi *book_riccoboniromagnesi_compliments *style_verse *genre_piece *dist1_riccoboniromagnesi_verse_piece_compliments *dist2_riccoboniromagnesi_verse_piece *id_MONSIEUREVRARD *date_1736 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurevrard En Musique française aujourd'hui je m'acquitte Des respects que vous doit le nouveau débutant. Mais dans les compliments il faut de la décence. Sous ces noms bien souvent le bizarre est caché; Songez qu'on vous l'a reproché. Il faut que l'harmonie Douce, agréable, tendre, unie, Trouve le chemin du coeur. Elle doit conserver jusques dans la fureur Les grâces de la mélodie ; On peut inspirer la terreur Sans entrer en frénésie. Il faut, etc. J'adoucirai les vôtres. Dans toute société Le compliment est d'usage ; Mais l'exacte vérité N'est point de son apanage. L'ami plein d'empressement, Vous fait offre de service : Faut-il que son zèle agisse, Ce n'était qu'un compliment. Fillettes dussiez-vous De ces conteurs de fleurettes Qui viennent à vos genoux Vanter leurs ardeurs parfaites. Ils s'expriment tendrement, Semblent frappés de vos charmes, Ils emploient jusqu'aux larmes ; Et ce n'est, qu'un compliment. Vous que les biens, les honneurs Guident aux brillantes places ; Qui croyez gagner les coeurs, Quand vous accordez des grâces: Lorsque chacun hautement Vous prodigue la louange, Craignez de prendre le change, C'est peut-être un compliment.