**** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_ROSANDRE *date_1670 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_rosandre Ah ! Mon très cher ami, je vous trouve à propos, Seriez-vous en humeur d'écouter quatre mots ? Encore que jamais je ne vous vis aussi, Je crois, vous faire honneur de vous traiter ainsi ; Pancrace est votre nom je pense ? J'étais prêt d'envoyer un de mes gens chez vous, Mais vous trouvant ici... La cause entre nous deux, n'est que fort peu de chose, Il faut tout maintenant que je vous la propose, Un laquais comme moi vous en eu fait savant. Je suis né gentilhomme, et d'un vieillard fort riche, J'héritai force bien, donc je ne fus pas chiche, Car aimant la débauche, et la femme, et le jeu Tout ce grand bien laissé, se dissipa dans peu. La femme commença de désenfler ma bourse, Et le vin, et le jeu m'ont laissé sans ressource, Et tous les trois, enfin, m'ont mis dans un état, Que je suis à présent presque aussi gueux qu'un rat. Il est vrai, que le sort combattant ma misère, M'a donné des vertus, capable de vous plaire ; Je suis mutin en diable, et me bat comme deux. Je joue incessamment, et je sais tous les jeux ; Et comme au temps passé le jeu beaucoup me coûte, Pour m'en récompenser maintenant je filoute. Toutes les nuits, en batteur de pavé, À tirer des manteaux on m'a souvent trouvé, Au reste, pour trinquer, je ne connais personne Qui dedans l'incamot plus galamment s'en donna. Il est fort peu de jour qu'on ne me trouve saoul, Et comme un bon drillot, j'avale ainsi qu'un trou. Alors, suivant le feu qui me monte en cervelle, Je me dis, de quelqu'un, ou je cherche querelle, Ou prenant du tabac, je fume à qui plus plus. Dès hier, on me dit que dans votre famille,. Vous aviez seulement, une fort belle fille, A l'âge que je crois, d'une vingtaine d'ans, À qui vous donneriez bien trente mille francs. Ce grand bien, m'a fait naître dans l'âme, Le désir a peu près, de la prendre pour femme ; Afin que son argent peut satisfaire aux frais, Qu'en débauché garçon incessamment je fais. Rien autre. Et sans cela, votre fille, ni vous, N'eussiez put rencontrer un si parfait époux. Aussi, pour seconder l'honneur qu'on vous veut faire J'ai déjà su pourvoir tout au plus nécessaire, J'envoyai mon laquais hier, de grand matin, Prier tous mes parents de venir au festin, Même, un tailleur et moi, fûmes dans des boutiques Pour lever des habits qui seront magnifiques. Ayant dit au marchant, pour avoir de l'argent, Qu'on s'en alla chez vous ; suis-je pas obligeant ? Au regard de ce qu'à vous m'amène. Comment ? Me refuser pour gendre, est-ce que je m'abuse ? Jamais tour agréable Pour se bien divertir, au mien ne fut semblable, Ce bon homme me croit un fameux débauché, Et Rosandre pourtant, est là dessous caché. Rosandre, à qui lui-même a promis Lisimène, Et qui pour l'épouser ici la lettre amène, Mais j'aperçois venir l'homme dont j'ai besoin Il faut à me servir, qu'il applique son soin. Et que l'embarrassant d'une attente frivole, Dans cette Comédie, y joue un plaisant rôle. Je suis de Bagolin l'ami très véritable. Pourrait-on point l'ami, quelque temps vous parler ? Mon très cher Bagolin, un petit mot de grâce. Une importante affaire ; Mets cette affaire à part, je te veux marier, Et te faire quitter ton pénible métier. Tu sais que dès longtemps je fus ton plus intime, Et c'est pour t'enrichir le sujet qui m'anime. Que ce soin important, n'alarme point ton âme. Cette illustre famille, où je veux t'allier, Ne permettra jamais, que tu sois savetier. La fille dont je parle a trente mille francs, Elle est belle, elle est riche, et n'a rien que vingt ans, Vois, si ce grand parti, te pourrait satisfaire ? Quoi dont dix mille écus, pour devenir l'époux ? De... Par fortune, dis-moi, sais-tu parler Latin ? Je dis Latin stupide, et non matin ? He ! Que dis tu ? Pancrace m'a fait voir, Qu'il voulait pour son gendre, un homme de savoir. Je prétends t'ériger pourtant en avocat, Et te donner du bien, ainsi que de la gloire, Pourvu que ce Latin, entre dans ta mémoire. Ca, dit donc, Ego sum. Avocatus. Oui. Que je suis avocat. Mais c'est toi qui sera le gendre de Pancrace, Et trente mille francs. Pancrace est ignorant, et ce seul mot bien dit, Te fait passer d'abord pour un homme d'esprit, Mais il te faut marcher sur un ton gravissime, Et devant lui, parler en homme doctissime, Citer avec en face, et Jason, et Cujas, Auteurs, que ce vieillard, je crois, ne connaît pas. Je vais trouver Pancrace, Reviens dans un moment, en cette même place, Nous y serons ensemble. Te mettre proprement, sous une robe noire. Courage, Bagolin, a ravi, jouera son personnage, Hola. Je viens vous retrouver. J'ai pour vous une estime, et haute, et fort sincère, Je vous trouve brave homme, et vous honore en père, Et père, quoi qu'en recherchant de m'allier à vous, L'on ait vu vos mépris, allez jusqu'au courroux, Je sais qu'avec raison, mon attente est trompée, Puisque vous n'êtes pas, pour un homme d'épée. Vous aimez la soutane, et je viens vous revoir Pour savoir si mon frère arrive d'hier au soir, Pourrait avoir l'honneur d'épouser votre fille ? Un homme en qui le savoir brille, Plus docte qu'Aristote, et qui dedans Paris A fait taire cent fois, les plus rares esprits Au restes fort bien fait galant de sa personne. D'une humeur enjouée, et qui semble bouffonne. Et plus que tout, c'est que deux mil écus De ses biens tous les ans, font les beaux revenus. En arrivant, il me fit presque entendre, Le désir qu'il avait de se voir votre gendre. Ayant su dans Paris quel homme vous étiez, Et par le bruit commun, ce que vous méritiez. Oui, Monsieur. Entre les gens d'esprit, le Docteur Barabon, Mais pour vous saluer vers vous y s'achemine. Et sa fille avec lui, cache l'établier. Que tu ne sois connu, et surtout prend bien garde À ce que tu diras. Laisse le regarder, et porte bien ton bois. Il faut en premier lieu, suivant la bienséance, Lui lever le chapeau, faire la révérence, Puis dire ton Latin. Ego sum. Advocatus. C'est la mode à présent entre les gens d'esprit. Veux-tu me faire ici recevoir un affront, Songe à ce que tu fais, Gar... Ne vous ai-je pas dit, qu'il raillait doctement. Il est vrai, qu'aussitôt que je le vis paraître , Sachant que vous vouliez un grand homme de lettres, Je dis qu'un avocat y parut aujourd'hui, Et que ce bel objet pouvait être pour lui. Ce n'est que raillerie, En vous parlant de lui, ne vous ai-je pas dit Qu'il montre à tous moments, le feu de son esprit. Deux mille pour le moins, sans le bien d'une tante, Qui.... Vous ne comprenez pas ou tendent ses paroles, Il n'eut jamais deux sols, mais bien force pistoles. C'est que mon frère est propre, et surtout en chaussure, Et craignant en ce lieu qu'on le trouva mal mis, Il a fait apporter sa forme de Paris. Que votre espoir s'y fonde , Il entend tout le bien, qu'il a dedans le monde. Oui, c'est que l'autre fois. En n'écrivant un mot avec tranche plume, Il se fit une plaie d'un assez grand volume, Dont le chirurgien, l'a su persuader, De porter cette peau, pour la consolider. Elle est assez facile, à ne vous rien celer, Et pour le voir duper on n'a rien qu'à parler, Cependant, Lisimène à Rosandre promise, Par lui même à mon père, augmente ma surprise, Quoi m'écrire à Paris, de venir promptement Joindre le nom d'époux, aux ardeurs, d'un amant, Et vous voir à mes yeux destiné pour un autre. Mais, depuis quatre jours qu'auprès de vos appas, On me voit de retour ? Mais puis-je m'assurer que Lisimène m'aime ? Jamais son changement n'entrât dans ma pensée, Mais allons achever la fourbe commencée, Et voir si l'avocat emportera le prix, Je vais trouver Pancrace. En Latin qu'es-ce que la Justice. Peut-on pas s'en aller ? Ce sera Bagolin qui fuyant... le voici. Oui, je trouve à mon sens l'invention jolie „ Elle serait plaisante en une comédie ; Mais encore une fois les voici de retour. Qui prétend à l'honneur, de se voir votre gendre ; La lettre fait foi, de ce que je vous dis : Je suis pour ce sujet arrivé de Paris, J'ai failli vous jouant, mais pour ravoir ma grâce. C'est le meilleur effet de ma bonne fortune. Bagolin, dix louis, seront pour ton étrenne. **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_PANCRACE *date_1670 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pancrace Cher ami, depuis quand Monsieur je vous supplie, Je ne vous vis jamais que je crois de ma vie. Oui Monsieur sous ce nom, l'on me connais en France. Je n'étais pas chez nous. Votre laquais, ou vous Monsieur passons avant. Fort bien. Finissez le récit, de toutes vos vertus. Il est vrai. Ce n'est donc que son bien qui vous fait entreprendre De l'avoir en vos mains, d'être à peu près mon gendre ? Est-ce tout ? Ce n'est pas encore tout, Monsieur, prenez la peine De rendre à vos marchands les draps, et les habits. Desquels vous prétendiez avoir de beaux habits. Et pour le prompt effet de ce beau mariage, Vous pouvez faire dire à votre parentage, Qu'à leur dépens chez eux, il peuvent bien manger, Mais, qu'il ne vienne point chez moi pour y gruger. J'ai juré, pour finir en jureur passé maître, De ne prendre jamais qu'un grand homme de lettres Docteur en médecine, ou bien docteur en droit, Il ne m'importe pas, pourvu que docte il soit. Et pour vous dont mon bien a su chatouiller l'âme Vous pouvez autre part vous pourvoir d'une femme. Pour mon beau fils nous sommes résolus, De n'en prendre jamais s'y remplis de vertus, Qui joue incessamment, qui pétune filoute Pour rattraper l'argent que le joueur lui coûte Et qui sous tous le jour renie en charretier À moins que quereller lui servent de métier. Je ne le pense pas puisque je vous refuse, Et si vous le disant, cela ne vous suffit, Je suis prêt de le mettre encore par écrit. Serviteur cher ami... He bien ! Monsieur ? Que voulez vous de moi ? Peut-on savoir pourquoi ? Quel est ce frère ? Tant mieux. Tant mieux encore. Ah ! Je serais ravi, qu'il entre en ma famille. Et je vais sans tarder en parler à ma fille. Lisimène ? Je veux dés aujourd'hui, vous donner une époux. Mais un époux illustre, et de qui la Doctrine Fait cacher Aristote, et fait endormir Pline. Fort riche ; n'est ce pas ? Et bien fait, C'est un homme en un mot, digne d'être en portrait. Voilà Monsieur son frère, et bientôt ce beau gendre. Rosandre est un badin, Qui s'amuse à dormir je crois par le chemin , Quand y devrait conclure une affaire importante ; En un mot, je prétends qu'en fille obéissante, Vous épousiez, Monsieur... Comment le nomme-t-on ? Que cet homme est savant, et qu'il a bonne mine. Il m'ôte mon chapeau, Monsieur est-ce qu'il rit ? Cette mode à mon sens, me semble ridicule ; Mais n'importe, écoutons son docte préambule. Non. Encore moins. Que Monsieur votre frère est un docteur allègre, Il parle comme un livre, et rit incessamment. Vous avez fait, Monsieur, tous vos degrés ? Et depuis quand Monsieur êtes vous avocat ? Fort bien. Et son humeur me paraît agréable. Se moque-t-il de nous ? Quoi la Saveterie ? L'occupe quelquefois ? Combien de mille écus possédez-vous de rente ! Or ça, Monsieur mon gendre, ou Monsieur l'Avocat, Pour votre mariage, il faut faire un contrat, Et sans que de vos biens autrement je m'informe, Faisons le si vous plaît, qui soit en bonne forme. Se moque-t-il de nous ; Une forme est-ce que par gageure... Mais il est à propos touchant ce mariage, De savoir si ma fille aura quelque avantage ? Vous savez que la dot... Qu'est-ce qu'un Saint-Crespin ? Nous l'entendons ainsi, ça vite Lisimène De déchausser le gant, il faut prendre la peine. Vous résistez en vain, Rosandre est un badot, ça monsieur votre main. Pour se donner la foi, c'est le premier article. Vite, touché, palette, allons mon future gendre. Les noces, si vous plaît ; se feront dès demain. Le plutôt vaut le mieux, en cas de mariage. Fort bien. Mais voulez-vous qu'avec vos laquais, J'envoie une charrette ou quelque portefaix ? Son humeur qui me charme, est sans doute agréable. Et je crois qu'à railler elle est incomparable, Attendant son retour, pour ne perdre le temps. Je vais de ce beau choix avertir mes parents, Ma fille entretenez cet aimable beau frère. Il le faut, quand on trouve un si grand avantage. Un avocat bien fait, richissime et savant. Autant que feu Nostradamus. Le voici, dites-moi qu'est-ce que son esprit. Je ne comprends rien là, du moins qui me remembre, Tandis, qu'ils finiront, je vais jusqu'à ma chambre. Bonjour, avez-vous achevé ? Venez-vous me donner quelques avis importants ? He bien quoi. Et de plus m'a-t-on dit un méchant savetier, Qui voulait m'attraper ; mais je le ferai pendre, Ne voulant ni le sorcier, ni savetier pour gendre. Ha pendard, je te tiens, ou du moins ton étui, Allons il faut dans peu venir à la Justice, Et dedans un bon feu, recevoir ton supplice. Tenez le bien tous deux, de crainte qu'il n'échappe Je m'en vais appeler le sergent du quartier, Hola. Nous avons un sorcier Qui faut mettre en prison, sans tarder davantage. Tenez bien. Monsieur, nous nous étions de son corps emparé, Mais comme il est sorcier y s'est évaporé. Et vous, et vos records, chacun aura sa peine, Votre argent est tout prêt, s'y peut-être arrêté, Mais sans perdre de temps courons de ce côté. Voilà notre avocat, notre illustre enchanteur, Vite, vite, Sergent saisissez l'imposteur. Saisissez le, Recors. L'Enchanteur est-il pris, et malgré son pouvoir... Il faut qu'à mon plaisir maintenant je le daube. Ah ! Sorcier mon ami, ta magie étant vaine, De m'avoir fait courir, tu payeras la peine, Il faut dans un cachot, le faire dégoiser. Bagolin ? Qui ma fille ? Rosandre mon enfant, ah ! Que je vous embrasse, Lisimène est à vous, puisque je l'ai promis, Je ne pouvais trouver un plus aimable fils. Je vous entends, voilà de la pécune, Pour vous le cher ami, vous serez du festin. Rentrons, et dès demain sans perdre plus de temps, Rendons par cette hymen, tous vos désirs contents. **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_LISIMENE *date_1670 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lisimene Papa, Papa que me désirez-vous ? Vous ne songez donc pas, que promis à Rosandre. Qui vient pour m'épouser... Peut-on le demander sans paraître incivil. Rosandre, mon papa... Papa, qu'est-ce la foi ? J'obéis à mon père, et la donne à Rosandre. Hé bien, que dites vous de l'humeur de mon père ? La faute, ou je me trompe, est entièrement vôtre, Vous vouliez le jouer, mais Rosandre avouée, Que souvent les plus fins en jouant sont joués. Il ne vous connaît pas. Et qui plus est encor, vous m'avez fait paraître, Que ce n'est pas par moi, qu'il vous devait connaître, Je n'ai rien dit, ainsi vous devez aujourd'hui, Vous plaindre de Rosandre, et point du tout de lui. Sans doute, et beaucoup plus qu'elle ne fait soi-même, Ne doutez donc de rien, et calmez ce couroux ? Croyez qu'absolument Lisimène est à vous. Et moi j'entre au logis. Quoi vous-même vous prenez cette peine. Un avocat bon Dieu, crocheteur. Pouvons nous visiter les hardes que voilà, Voir vos coffres ici ? Quelle guenille au Ciel ! Vous êtes lors bien mis, car l'équipage est beau. Il me semble, Que le linge et l'habit reviennent bien ensemble. Qu'est cela ? Cela se peut, et l'homme le plus sage... Ah ! Gardez-les pour vous, pour moi, je n'en veux point. Encore un coup je n'en veux point des vôtres. Mon père, et mon cousin aussi. Je m'ennuie beaucoup. Suivez-moi dont aussi, car je vous veux parler. Oui Rosandre, il est temps de faire voir Rosandre, C'est trop jouer mon père, et c'est trop l'entreprendre, L'honneur... mais quel grand bruit provient jusques ici ? La pièce est admirable, et pour n'en rire pas, Il faudrait aux plaisirs ne trouver nul appas. La prise est infaillible, Bagolin comme il faut, égaye ses esprits, Ce trait qui les surprend, m'a dans l'abord surpris. Non mon père, il est temps de vous désabuser, Ce homme est innocent, mais puisqu'il faut tout dire, Tout et qu'il s'est passé, ne s'est fait que pour rire. Mon père connaissez.... Rosandre. **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_BAGOLIN *date_1670 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_bagolin Quoi ? Maudit animal, tu ne siffleras pas ? Ou je me trompe fort, ou bien tu siffleras. Je pense que tu veux que je te donne au diable ? Tu ne veux pas siffler ? Je vais pour toi siffler. Mon bon Monsieur Rosandre, ha ! Que je vous embrasse Comment vous portez-vous, depuis que dans Paris, J'étais orfèvre en cuir devant votre logis ? Depuis quand en ce lieu ? Et comment va le père, Qui vous amène ici ? Qui moi me marier ? Vous vous moquez ma foi ; Je ne saurais gagner de quoi me nourrir moi, Et je pourrais prétendre, à nourrir une femme ? En disant Savetier, dites par révérence, C'est un métier d'honneur, et des plus grands de France. Oui trente mille francs, ferait bien mon affaire ; J'aurais de quoi goinfrer sans jamais travailler. Mais la fille me choque, à vous en bien parler, Comme je suis d'humeur, à n'avoir point famille, Qu'on me donne l'argent, et qu'on garde la fille. Et bien ! De parbleu Monsieur marions nous. Aussi bien m'a-t-on dit, pour garder ma boutique, Que j'avais grand besoin, d'un diable domestique. Mais comment en ceci, doit agir Bagolin ? Ho qu'oui, le matin, ou le soir, ne m'importe, Je jase comme une drôle, et de la bonne sorte. Tout doux, Quoi pour se marier il faut avoir des coups ? Je renonce au Latin, ainsi qu'au cocuage. Doucement, je dis du mariage, Mais pourquoi ce Latin ? Et pour homme d'esprit, vous voulez me commettre Moi, qui ne sut jamais, ce que c'est qu'une lettre ? Ah ! Prenez pour cela, quelqu'autre qu'un pied plat. Comment dit ce Latin ? Commençons par un bout. Après. Est-ce tout ? Mais en français cela que veux-t-il dire ? Vous me faites bien rire, Si vous êtes Docteur, allez vous marier, Vit-on jamais au monde Avocat Savetier ? Et bien, je prends la place, Et me résous enfin, pour les dix mille écus, Me dire trente fois, je suis, Avocatus. Mais après ses trois mots, si quelqu'un m'interroge. Vous répondrez, ou bien, je fais Jacques d'éloge. Ma foi ni toi non plus. Avant de s'en aller, Dites pour ce Latin, comme il faut s'habiller. Bon, j'ai su tout d'un coup me mettre en la mémoire, Certain habit que j'ai, du dernier carnaval. Qui pour me déguiser, ne servira pas mal, Adieu, je vais le mettre, et je reviens. Est-ce là, le beau-père, où je dois m'allier ? Le barbon me regarde. Dois-je parler d'abord ou Latin, ou François ? Il ne m'en souvient plus. Après ? Je m'en vais l'aborder, et de la bonne sorte, Je suis Advocatus, ou le diable m'en porte. Adbvocatus sunt. Non pas Advocatus des quinze à la douzaine, Puisque des plus savant, je suis le capitaine ; Mais des Advocatus, vénérable patron, Dont on ne voit jamais que dix au carteron. Connaissez vous Platon, ce grand homme de Genève ! Et Séneque ? S'ils étaient sur la terre Avant qu'il fut deux jours, au seul bruit de mon nom, On ne trouverait plus Sénèque, ni Caton, Car ils s'iraisent cacher dans le pot au vinaigre. Sans doute, Je saurai l'autre jour, notre montée toute, Sans un degré de manque, étant saoul de muscat. Depuis que ce jeune homme arrivant dans la ville, Pour avoir votre fille et vos dix mille écus. M'apprit à décliner, je suis Advocatus. Au reste sachant tout, la science m'accable, J'ai quatre onces du moins, de l'hébreu le plus fin. J'ai plein quatre chapeaux de Grec, et de Latin. Je sais presque par coeur l'Histoire véritable, Des quatres fils Aymons, et de Robert le diable. Quand le Ciel est couvert de son plus noir manteau, Je devine s'il pleut ; que nous aurons de l'eau Dedans le mois d'août, je sais fort bien comprendre, Qui fait beaucoup plus chaud, qu'en celui de décembre. Et sitôt que la grêle à gâté le raisin, Je dis assurément, nous aurons peu de vin. Pour les procès je pense, y savoir quelque chose. Et sitôt qu'un plaideur ayant perdu sa cause, Paraît comme enragé, je dis au même instant, Que son esprit troublé, n'est pas des plus contents. Et comme Savetier, nous avons connaissance, Que le bon cuir d'Auvergne, est le meilleur de France. Et quand il vous faudra rajuster vos souliers, Vous verrez si l'on voit de meilleurs savetiers. Qui, moi, deux mille écus, malpeste du fol, Jamais d'argent comptant je ne me vis deux sols. Celle-ci que je crois, sera bonne pour vous, Elle vient de Paris. Que vous êtes badin, Ma femme après ma mort aura mon Saint-Crespin. Mais aussi, je prétends que les dix mille écus, Viendront dans le gousset du sieur Advocatus. C'est une manicle, Pour tirer le ligneuil, de crainte que la poix, Ne s'attache à la main. Bon, me voila déjà marié d'une main. Je vais faire chez vous porter tout mon bagage. Vous vous moquez de moi, j'ai l'échine assez large Pour pouvoir supporter une plus lourde charge, Adieu, je reviendrai plutôt que l'on ne croit, Mon frère cependant faite l'amour pour moi. Quand un homme prend femme, et qu'il entre en ménage, On m'a dit qu'il y doit porter tout son bagage, Aussi je veux savoir en portant tout le mien, Si notre chère épouse a pour moi tout le sien ! Hola ho ? Je la prends aujourd'hui charmante Lisimène. Mais entrant dès demain, en ménage nouveau, Vous m'aiderez je pense à porter le fardeau. Ça prêtez moi la main, pour décharger ma caisse. He bien ! qu'est-ce ? Si l'on voit large dos à Monsieur votre époux, Il en est plus robuste, et c'est tamieux pour vous. Quand il faudra pour vous exercer son échine, L'avocat gagnera de quoi boire chopine. Oui da, mettez-vous là. C'est mon habit de noce. Voyez-vous le pourpoint, il revient bien aux chausses, Je le mets le dimanche avec ce grand chapeau. Voilà mon Saint-Crespin, et mon linge. Il est sale, il est vrai, mais vous devez savoir, Que tant plus je le porte, et plus il devient noir. D'un cocu le plumage Il est bon d'en avoir quand on entre en ménage. On s'en sert quelquefois pour manche de couteaux. Pourrai-je quelque jour être de ses oiseaux, Dites ? Je vous en fait présent, au nom de mariage. Et vous m'en fournirez quand j'en aurai besoin, Prenez. Et prenez celle-ci, vous en donnerai d'autres. Mais que vois-je... J'entre dans le logis, et je reviens ici. Que dit-il ? Je suis Advocatus visage decrevice, Cela dit et cetera. On y va. Mais toi-même réponds, Quid est ce Justitia. D'accord, car je soutiens ce que Monsieur soutient. Que vous raisonnez bien, que vous avez d'esprit. Des Lièvres ? Il est vrai, on en voit bien parfois, Et des lapins aussi. Tout le jour faudra-t-il que j'ai la bouche close ? Et quand diable Monsieur dirai-je quelque chose ? La langue me démange enfin, je n'en puis plus. Je veux parler te dis-je, ou nous aurons querelles. Il va dans un moment, pleuvoir des coups de poings. Quoi je ne dirai mot ? Voilà pour commencer. Ha, que la farce est drôle, Mettons nous dans la robe, et finissons le rôle. Quoi, pour être avocat, il faut être grillé, Ha, l'on verra bientôt l'avocat dépouillé, Je veux être pendu, en cas qu'on m'y rattrape. •Je n'ai jamais mieux fait, voyant cette séquelle, Que d'avoir sans rien dire enfilé la venelle , J'étais pris pour un sot, et sous mon habit noir , Dans une basse-fosse on me fut venu voir, Et l'on eut fait chanter, dans cette belle cage, À l'avocat bibus, un diable de ramage, Que l'Avocasserce, est un méchant métier, Il plus dangereux que d'être savetier. Reprenons donc sans bruit la manicle, et la forme, Et pour être avocat qu'on m'attende sous l'orme, J'en avais pour mon conte, et si je n'eus drillé, Le pauvre Bagolin allait être étrillé. He bien, quoi ! À vous, à votre bande, Je commande à mon tour, que sans plus retarder, Vous n'ayez en ce lieu rien à me commander. À moins que vous voulez que la savatterie, Sans aille faire un tour, sur votre friperie. Ah ! Vieux fol édenté tu veux donc qu'on m'arrête, Ce coup est pour ton conte. Gagnons au pied, et vite. Bonjour, bonjour. Bagolin, bien loin d'être sorcier, N'a jamais eu l'esprit que d'être Savetier. Et le pauvre avocat n'aura rien pour sa peine ? Fort bien. **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_LECOUSIN *date_1670 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lecousin C'est bien précipiter un pareil mariage. Il a mauvaise mine. Que d'un pareil discours la longueur m'assassine, J'entre dans le logis, et reviens ma cousine. Je le connais fort bien, son nom est Bagolin. Voilà notre galant, niché dans sa boutique, Songez en le prenant, qu'il entend l'art magique, Que pour être invisible il n'a qu'à le vouloir. Bon, bon, que dites-vous ? Une autre adresse presse, Sitôt... **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_LEDOCTEUR *date_1670 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ledocteur La plus belle apparence est trompeuse souvent Dit Sénèque, et souvent par une fausse amorce, On trouve un méchant bois, sous une belle écorce. Est-il fort docte ? Mortalibus doctrina honnore est omnibus. Oui, le profond, savoir est un rare avantage, Il nous honore, et rien n'est comparable au sage, Sitôt que j'aurai vu ce gendre prétendu, Qui peut porter le nom de rare individu, Un bon interrogat, nous apprendra peut-être, S'y dans le droit civil, il sera passé maître. On en peut pas juger n'ayant encore rien dit. Je vais l'interroger. C'est un dont ennoré sans doute à la Doctrine. Ami du Sieur Pancrace, et docteur dans les lois, Je prends part au bonheur qui suit un si beau choix. Mais comme les savants semblent avoir en bute D'égayer leurs esprits toujours dans la dispute, Souffrez qu'à ce brillant qui me met à qui a, Je puis se demander quid est Justicia ? Répondez Justicia est, Constans et perpetua Volontas, Jus suum Cuiqué tribuendi. C'est une volonté pour les biens importante, Qu'on voit perpétuel et qu'on nomme Constante, À rendre à tout chacun ce qui leur appartient. Le grand Justinien, cet empereur Illustre, Qui fit voir la Justice en son plus digne lustre, Surpris, de voir régner tant de docteurs divers, Qui tous traitaient des Lois à droit, et à travers, De tant d'écrits confus, faisant un noir mélange, Qui plongeait la Justice en un abîme étrange, Ramassant promptement de ces divers esprits, Les plus pures sentiments, et les plus beaux écrits, Il en forma les lois que notre siècle honore, Et qui jusqu'à présent porte son nom encore. Depuis que ce grand homme, eût fait ce que j'ai dit, On n'a vu dans l'instant s'installer dans le monde. Tant de livres de droit, que le siècle en abonde. Latin, Grec, et François. Or, parmi ses docteurs dont les sciences brillent, On met au premier rang Balde, Lesquiquoquille, Bertolle, Déclapier, Théophile, Jason, Ennacurse, Alciat, Hypolite, et Papon ? Tribonien, Merna, Fulgosse, Dorathée, Rocheflaven, Menard, Odofret, Abudée, Macrobe, Imbert, Fabert, Lolive, Carondars, Louet, Dinno, Marcil, et l'Illustre Cujas. Bref, de pareils savants une longue Illiade, Qui tous, pour s'élever dans le suprême grade, Et remplir de leur noms, leur fameux tribunaux, Enfoncent, et leurs têtes, et leurs nez doctoraux, Dans les digestes, lois, paragraphe, rubriques, Decretales, versets, chapitres au tantiques. Dans les Codes Flamiens, Codes Théodosiens, Codes Argemoniens, Grégoriens, Papiniens, Dans les titres Canon, Institution, Gloses, Et mille autres erreur, dedans le droit enclose, Qui vont embarrassant quand on veut l'embrasser, Des Cerveaux, qu'avec peine on peut débarrasser. De ses savants aux lois, que l'on nomme Docteurs, Les uns sont chicanants, chicanez, chicaneurs , Plaidants, et consultants, glosateurs, formulaire, Qui rapporteur d'arrêts, qui désessonaires, Les uns praticiens, d'autres instituteurs , Interprète du Droit, et qui solliciteurs. Un parfait avocat doit savoir tout cela, Et pour se rendre Illustre aller jusqu'au delà, N'ignorer ce que c'est, que ces fins dilatoires, Piramtoire même, et fins déclinatoires, Qu'est-ce que nullités, qu'est-ce qu'originaux, Promesses et contrats, achats, lettre royaux, publiques, Écritures publiques, épreuves, et requêtes, Copies, testaments, mariages, enquêtes, L«s Les contestations, révisions, arrêts , Représentations, productions, extraits , Qu'est-ce que conclusions au parquet, ordonnances, Les avis, aux conseils, sentences, Et requêtes au palais, opposants, prétendants, Saques, et piesse enfin, demandants, défendants, Parties jointes, et de plus tous ces noms innombrables Qu'au Palais tous les jours vont forgeant nos semblables. Je n'ai plus qu'à parler deux heures seulement, Et puis, vous me pouvez répondre congrument. Or donc justiniant, de nos illustres plumes, Dans Rome, ayant trouvé, deux cent mille volumes, Composé du depuis Justin, à Romulus. Pour laisser aux mortels, sa mémoire immortelle... Et que tout l'avenir profitas de ces soins. Ayant formé ces lois que je viens de vous dire Dès lors... Mais Domine vous voulez je crois rire ? Je dois être entendu, Car.... vous êtes un sot, insupremo gradu, Écoute, et saches que Cujas... à leschine, L'on va dans un instant voir battre la Doctrine. Ah ! Suivons mon courroux, C'est par trop en souffrir, il faut donner des coups, Ah ! J'ai le nez cassé, mais allons qu'on se venge, Un homme tel que moi, sais bien donner le change, Te voilà que je crois, assommé comme un chien, Tu n'as rien qu'a courir, chez le chirurgien, Afin que promptement il te mette une emplâtre. Et songe une autre fois alors qu'on veut se battre, C'est... Mais il ne remue, et même ne dit mot ? De se laisser mourir serait-il assez sot. Voyons et confirmons à mon âme alarmée ? Je pense que son corps est réduit en fumée ? D'un homme fort palpable, on ne trouve plus rien. Il n'en faut plus douter, c'est un magicien. Ne perdons point de temps, faisons venir Pancrace, Et lui montrons l'époux, qu'il veut mettre en sa race. Hola vite. Ah ! Que je suis heureux de vous avoir trouvé, Laissez-moi prendre haleine. Je viens vous raconter un cas exorbitant, L'avocat... N'avait rien que l'externe, Étant dans l'intérieur ignorant subalterne, Outre qu'il est sans doute un insigne sorcier. Sachez qu'en nous frottant, c'est homme diablotin, De me voir, le plus fort prévoyant sa disgrâce, N'a laissé dans mes mains, qu'une robe en sa place... Mais il est de retour, saisissons-nous de lui. N'ayez peur. Il est plus fin que nous, autre tour de grimoire. Ah ! La tête ! Souvent le lièvre est pris, quand il a bien couru, Visitons bien partout.... Nous tenons le renard, il est pris dans le gîte. Il s'est évanoui, comme il fait de la robe. Mais Chut ne dites mot, j'aperçois son secret. Et le pendard est pris si plus y si remet ; Il ne nous fera plus une troisième pièce, Nous n'avons dans ce lieu qu'a remettre la caisse, Et s'il y rentre, encore, il faudra l'investir, C'est un diable, s'il a le pouvoir d'en sortir. Mettez-vous à l'entour, Il vous a dit bonsoir, donnez lui le bonjour. .......................... Le Philosophe dit, que quand un bon dessein... **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_SERGENT *date_1670 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_sergent Voyons le personnage ; Ah galant ! Je te tiens, c'est de la part du Roi, Allons y faut marcher, vous moquez-vous de moi, Pourquoi mettre en prison cette jaquette noire ? Il faut courir après, mais si l'on vous l'amène... Sorcier en nos mains, n'a plus aucun pouvoir. C'est de la part du Roi... Que je vous commande. De venir en prison. Il nous est échappé, Courons après enfants, et qu'il soit attrapé. Vite, que l'on le prenne, Il m'a tant fait courir, que j'en suis hors d'haleine. Et deux fois qui se rend invisible ; Nous le tenions au dos quand il a disparu. Il est dans cette caisse, et vous le pouvez voir. Monsieur... **** *creator_rosimond *book_rosimond_avocatsavetier *style_verse *genre_comedy *dist1_rosimond_verse_comedy_avocatsavetier *dist2_rosimond_verse_comedy *id_RECORS *date_1670 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_recors Ah ! L'épaule ! Arrête, arrête. Qu'on le prenne au collet, il doit être en ces lieux, Il s'est évanoui tout d'un coup à nos yeux, C'est un franc enchanteur, j'y gagerais ma tête, Visitons bien partout, il faut... arrête, arrête. Au sorcier, au sorcier. L'avez vous ? Arrête, arrête. Au sorcier, au sorcier.