**** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_APOLLON *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_apollon Naissez divins esprits, naissez fameux héros ; Brillez par les beaux arts, brillez par la victoire ; Méritez d'être admis au temple de Mémoire : Nous réservons à votre gloire Un prix digne de vos travaux. Muses, filles du Ciel, que votre gloire est pure ! Que vos plaisirs sont doux ! Les plus beaux dons de la nature Sont moins brillants que ceux qu'on tient de vous. Sur ce paisible mont, loin du bruit et des armes, Des innocents plaisirs vous goûtez les douceurs. La fière ambition, l'amour ni ses faux charmes Ne troublent point vos cours. Que vois-je ? Ô ciel ! Dois-je le croire ! L'Amour dans le char de la Gloire ! Quoi ! Mes divins lauriers d'un enfant téméraire Ceindraient le front audacieux ? Ciel ! Quel objet charmant se retrace à mon âme ! Quelle soudaine flamme Il inspire à mes sens ! C'est ton pouvoir, Amour, que je ressens : Du moins à mes soupirs naissants Daigne rendre Daphné sensible. Quoi ! Toujours soupirer sans pouvoir la fléchir ? Cruel ! Que ma peine est terrible ! **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_LESMUSES *date_1744 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_lesmuses Non, non, l'amour ni ses faux charmes Ne troublent jamais nos cours. Fuyons un tyran perfide, Craignons à notre tour. Ah ! qu'il est doux, qu'il est charmant de plaire ! C'est l'art le plus nécessaire. Ah ! qu'il est doux, qu'il est flatteur De savoir parler au cour. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_LAMOUR *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lamour Tu méprises l'Amour, éprouve sa colère. Aux pieds d'une beauté sévère Va former d'inutiles voux. Qu'un exemple éclatant montre aux cours amoureux Que de moi seul dépend le don de plaire ; Que les talents, l'esprit, l'ardeur sincère, Ne sont point les amants heureux. Je te rendrais heureux ; je prétends te punir. C'est la vengeance de l'Amour. Ah ! qu'il est doux, qu'il est charmant de plaire ! C'est l'art le plus nécessaire. Ah ! qu'il est doux, qu'il est flatteur De savoir parler au cour. Accourez jeux et ris, doux séducteurs des belles ; Vous par qui tout cède à l'Amour, Confirmez mon triomphe, et parez ce séjour De myrtes et de fleurs nouvelles ; Grâces plus brillantes qu'elles, Venez embellir ma Cour. Quittez, Muses, quittez ce désert trop stérile, Venez de vos appas enchanter l'univers ; Après avoir orné mille climats divers, Que l'empire des lys soit notre heureux asile, Au milieu des beaux arts puissiez-vous y briller De votre plus vive lumière : Un règne glorieux vous y sera trouver Des amants dignes de vous plaire, Et des héros à célébrer. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_LAGLOIRE *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lagloire Quelle triste erreur vous séduit ! Voyez ce dieu charmant, soutien de mon empire, Par lui l'amant triomphe et le guerrier soupire ; Il forme les héros et sa voix les conduit. Il faut lui céder la victoire Quand on veut briller à ma Cour : Rien n'est plus chéri de la gloire Qu'un grand cour guidé par l'amour. Pourquoi cet effroi timide ? Apollon régnait parmi vous, Souffrez que l'Amour y préside Sous des auspices plus doux. Les vents, les affreux orages, Font par d'horribles ravages, La terreur des matelots : Amour, quand ta voix le guide, On voit l'Alcyon timide Braver la fureur des flots. Tes divines flammes Des plus faibles âmes Peuvent faire des héros. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_EGLE *date_1744 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_egle Doris, j'aime Hésita, et plus que l'on ne pense Je m'occupe de son bonheur : Mais c'est en éprouvant ses feux et sa constance Que j'ai dû m'assurer qu'il méritait mon cour. Je ne sais point, Doris, manquer de foi. Tu verras dès ce jour tout ce qu'Eglé peut faire. J'aperçois Hésiode. Je saurai dissiper la douleur qui le presse : Mais pour quelques instants cachons-nous à ses yeux. Commencez le bonheur de ce berger fidèle Songes ; en ce séjour Euterpe vous appelle Accourez à ma voix, parlez à mon amant, Par vos images séduisantes, Par vos illusions charmantes, Annoncez-lui le destin qui l'attend. Toi pour qui j'ai quitté mes soeurs et le Parnasse, Toi que le ciel a fait digne de mon amour, Tendre berger, d'une feinte disgrâce Ne crains point l'effet en ce jour. Reçois le don des vers. Qu'un nouveau feu t'anime. Des transports d'Apollon ressens l'effet sublime, Et par tes chants divins t'élevant jusqu'aux cieux Ose en les célébrant te rendre égal aux Dieux. Amour dont les ardeurs ont embrasé mon âme Daigne animer mes dons de ta divine flamme : Nous pouvons du génie exciter les efforts ; Mais les succès heureux sont dûs à tes transports. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_DORIS *date_1744 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_doris L'amour va vous offrir la plus charmante fête, Déjà pour disputer chaque berger s'apprête : Le don de votre main au vainqueur est promis. Qu'Hésiode est à plaindre ! Hélas ! Il vous adore. Mais les jeux d'Apollon sont des arts qu'il ignore, De ses tendres soupirs il va perdre le prix. À vos engagements pourrez-vous vous soustraire ? Comment avec vos feux accorder votre loi ? Eglé dans nos hameaux, inconnue, étrangère, Jouit sur tous les cours d'un pouvoir mérité ; Rien ne lui doit être impossible, Avec le secours invincible De l'esprit et de la beauté. Accablé de tristesse, Il plaint le malheur de ses feux. Dieux qui gouvernez la terre, Tout répond à votre voix. Dieux qui lancez le tonnerre, Tout obéit à vos lois. De votre gloire éclatante, De votre grandeur brillante Nos cours ne sont point jaloux. D'autres biens sont faits pour nous. Unis d'un amour sincère, Un berger, une bergère, Sont-il moins heureux que vous ? **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_HESIODE *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hesiode Eglé méprise ma tendresse, Séduite par les chants de mes heureux rivaux ; Son cour en est le prix, et seul dans ces hameaux J'ignore les secrets de l'art qu'elle couronne ; Eglé le fait et m'abandonne ! Je vais la perdre sans retour. À de frivoles chants se peut-il qu'elle donne Un prix qui n'était dû qu'au plus parfait amour ? Quelle douce harmonie ici se fait entendre... Elle invite au repos... Je ne puis m'en défendre... Mes yeux appesantis laissent tarir leurs pleurs... Dans le sein du sommeil je cède à ses douceurs. Où suis-je ? Quel réveil ? Quel nouveau feu m'inspire ? Quel nouveau jour me luit ? Tous mes sens sont surpris !... Mais quel prodige étonne mes esprits ? Dieux ! Quels sons éclatants partent de cette lyre ! D'un transport inconnu j'éprouve le délire ! Je forme sans effort des chants harmonieux ! Ô Lyre ! Ô cher présent des Dieux ! Déjà par ton secours je parle leur langage. Le plus puissant de tous excite mon courage, Je reconnais l'amour à des transports si beaux, Et je vais triompher de mes jaloux rivaux. Rien n'est impossible à l'amour. Je n'ai point fait de l'art une étude servile, Et ma voix indocile, Ne s'est jamais unie aux chalumeaux. Mais dans le succès que j'espère, J'attends tout du feu qui m'éclaire Et rien de mes faibles travaux. Beau feu qui consumez mon âme, Inspirez à mes chants votre divine ardeur : Portez dans mon esprit cette brillante flamme, Dont vous brûlez mon cour... Belle Eglé... Mais, ô ciel ! Quels charmes inconnus !... Vous êtes immortelle, et j'ai pu m'y méprendre ! Vos célestes appas n'ont-ils pas dû m'apprendre, Qu'il n'est permis qu'aux Dieux de soupirer pour vous ? Hélas ! À chaque instant sans pouvoir m'en défendre, Mon trop coupable cour accroît votre courroux. Quoi vous seriez ?.... Ô ciel est-il possible ? Muse, vos dons divins ont prévenu mes voux, Dois-je espérer encor que votre âme sensible Daigne aimer un berger et partager mes feux ? **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_EUTERPE *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_euterpe Ta crainte offense ma gloire. Tu mérites le prix qu'ont promis mes serments ; Je le dois à la victoire, Et le donne à tes sentiments. La vertu des mortels fait leur rang chez les Dieux. Une âme pure, un cour tendre et sincère, Sont les biens les plus précieux; Et quand on fait aimer le mieux, On est le plus digne de plaire. Calmez votre dépit jaloux, : Bergers rassemblez-vous : Venez former les plus riantes fêtes, Je me plais dans vos bois, je chéris vos Musettes, Reconnaissez Euterpe et célébrez ses feux. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_OVIDE *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ovide Cruel amour, funeste flamme ! Faut-il encor t'abandonner mon âme ? Cruel amour, funeste flamme, Le sort d'Ovide est-il d'aimer toujours ? Dans ces climats glacés au fond de la Scythie, Contre tes feux n'est-il point de secours ? J'y brille, hélas ! Pour la jeune Erithie : Pour moi, sans elle, il n'est plus de beaux jours, Cruel amour, funeste flamme ! Faut-il encor t'abandonner mon âme ? Achève du moins ton ouvrage, Soumets Erithie à son tour. Ici tout languit sans amour, Et de son cour encor elle ignore l'usage ; Ces fleurs dans mes jardins l'attirent chaque jour, Et je vais par des jeux... C'est elle, ô doux présage ! Je m'éloigne à regret : mais bientôt sur mes pas Tout va lui parler le langage Du Dieu charmant qu'elle ne connaît pas. De ses plus doux secrets, discret dépositaire, À vous seule en ces lieux je dois les révéler. C'est un aimable mystère Qui de ses biens charmants assaisonne le prix : Plus on les a sentis, Et mieux on les fait taire. Vous l'ignorez ? N'en accusez que vous, Déjà dans mes regards vous auriez dû le lire. Trouble charmant, que mon âme partage, Vous êtes le premier hommage Que l'aimable Érithie ait offert à l'Amour. L'Amour est ce Dieu favorable Que mon cour enflammé vous annonce en ce jour ; Profitons des bienfaits que sa main nous prépare : Unis par ses liens... Non, charmante Érithie, Les peuples même de Scythie Sont soumis au vainqueur dont nous suivons les lois : Il faut les attendrir, il faut unir nos voix. Est-il des cours que notre amour ne touche, S'il s'explique à la fois Par vos larmes et par ma bouche. Mais on approche... On vient... Amour, si pour ta gloire Dans un exil affreux il faut passer mes jours, De mon encens du moins conserve la mémoire, À mes tendres accents accorde ton secours. Ah ! Daignez m'écouter. De deux tendres amants différez le supplice : Ou, si vous achevez ce cruel sacrifice, Voyez les pleurs que vous m'allez coûter. Vous comblez mon bonheur, Peuple trop généreux. Quel prix de ce bienfait sera la récompense ? Puissiez-vous par mes soins, par ma reconnaissance Apprendre à devenir heureux, L'amour vous appelle Écoutez sa voix; Que tout soit fidèle À ses douces lois. Des biens dont l'usage Fait le vrai bonheur, Le plus doux partage Est un tendre cour. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_ERITHIE *date_1744 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_erithie C'en est donc fait ; et dans quelques moments Diane à ses autels recevra mes serments. Jardins chéris, riants bocages ; Hélas ! À mes jeux innocents Vous n'offrirez plus vos ombrages. Oiseaux, vos séduisants ramages Ne charmeront donc plus mes sens. Vain éclat, grandeur importune ! Heureux qui dans l'obscurité N'a point soumis à la fortune Son bonheur et sa liberté ! Mais, quels concerts se sont entendre ? Quel spectacle enchanteur ici vient me surprendre ? Quels doux concerts ! Quelle fête agréable ! Que je trouve charmant ce langage nouveau ! Quel est donc ce dieu favorable ? Hélas ! C'est un enfant ; mais quel enfant aimable ! Pourquoi cet arc et ce bandeau, Ce carquois, ces traits, ce flambeau ? Ces aimables leçons ont trop l'art de me plaire ; Mais quel est donc ce Dieu dont on veut me parler? J'ignore encor quels sont des biens si doux, Mais je brûle de m'en instruire. Vos regards !... Dans ses yeux quel poison séducteur ! Dieux ! Quel trouble confus s'élève dans mon cour ! L'Amour est donc ce Dieu si redoutable ? Hélas ! On nous sépare ! Du temple de Diane on me commet le soin ; Tout le peuple d'Ithome en veut être témoin, Et je dois dès ce jour... **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_ANACREON *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_anacreon LeS beautés de Samos aux pieds de la Déesse Par votre ordre aujourd'hui vont présenter leurs voux ; Mais, Seigneur, si j'en crois le soupçon qui me presse Sous ce zèle mystérieux Un soin plus doux vous intéresse. Je conçois le détour ; Parmi tant de beautés vous espérez connaître Celle dont les attraits ont fixé votre amour ; Mais cet amour enfin... Ce jour, il m'en souvient, je devins amoureux De la jeune Thémire. À de beaux yeux aisément mon cour cède : Il change de même aisément ; L'amour à l'amour y succède, Le goût seul du plaisir y règne constamment. Ce triomphe manque à ma gloire Et ce plaisir à mon bonheur. Junon, dans ce beau jour les plus tendres hommages Ne sont pas ceux qui te seront offert. Ô plaisir extrême ! Ah ! Qu'avec grâce elle porte ces fleurs ! C'est Thémire elle-même. Si ma flamme était volontaire Je l'immolerais à l'instant : Mais l'amour dans mon cour n'en est pas moins sincère Pour n'être pas toujours constant. La gloire et la grandeur au gré de votre envie, Vous assurent les plus beaux jours, Mais que ferais-je de la vie, Sans les plaisirs, sans les amours ? Vous calmerez cet injuste courroux, Il est trop peu digne de vous. Belle Thémire, enfin le Roi vous rend les armes, L'aveu de tous les cours autorise le mien : Si l'amour animait vos charmes, Il ne leur manquerait plus rien. Vous faites à ma flamme une cruelle offense ; Vous la faites surtout à ma sincérité. En amour même. Je dis la vérité, Et quand je n'aime plus, je ne dis plus que j'aime. Thémire jugez mieux de ma fidélité. Ah ! Qu'un amant a de folie D'aimer, de haïr tour-à-tour : Ce qu'il donne à la jalousie, Je le donne tout à l'amour. Si l'hiver dépare nos champs Est-ce à Flore de les défendre S'il est des maux pour les amants. Est-ce à l'amour qu'il faut s'en prendre ? Sans la neige et les orages, Sans les vents et leurs ravages, Les fleurs naîtraient en tous temps. Sans la froide indifférence, Sans la fière résistance, Tous les cours seraient contents. L'excès de mon ardeur est un plus digne hommage Que la fidélité des vulgaires amants ; Il vaut mieux aimer davantage, Et ne pas aimer si longtemps. Non, rien ne peut payer des transports si charmants. C'est en passant votre espérance Que je prétends vous tromper désormais. Vous attendrez mon inconstance, Et ne l'éprouverez jamais. Jeux, brillez sans cesse ; Sans vous la tendresse Languirait toujours. Au plus tendre hommage Un doux badinage Prête du secours. Quand pour plaire aux belles On voit autour d'elles Folâtrer l'Amour, Dans leur cour le traître Est bientôt le maître, Et rit a son tour. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_POLYCRATE *date_1744 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_polycrate On ne peut sur la tendresse Tromper les yeux d'Anacréon. Oui, le plus doux penchant m'entraîne. Mais j'ignore à la fois le séjour et le nom De l'objet qui m'enchaîne. Un instant le fit naître : Ce fut dans ces superbes jeux O% mes heureux succès célébrés par ta lyre... Eh ! Quoi ? Toujours de nouveaux feux ? Bientôt une douce victoire T'a sans doute asservi son cour ? Mais on vient... Que d'appas ! Ah ! Les cours les plus sages En voyant tant d'attraits doivent craindre des fers. Ô Bonheur ! Quels traits charmants ! Quels regards enchanteurs ! Ces fleurs ! Que dites-vous! C'est la beauté que j'aime. Ami trop cher : rival trop dangereux. Ah ! Que je crains tes redoutables feux ! De mon cour agité fais cesser le martyre ; Porte à d'autres appas tes volages désirs. Laisse-moi goûter les plaisirs De te chérir toujours et d'adorer Thémire. Eh ! Que te servira ta vaine résistance ? Ingrat, évite ma présence ! Transports jaloux, tourments que je déteste. A h! Faut-il me livrer à vos tristes fureurs ? Faut-il toujours qu'une rage funeste, Inspire avec l'amour la haine et ses horreurs ? Cruel amour ! Ta fatale puissance Désunit plus de cours, Qu'elle n'en met d'intelligence : Je vois Thémire. Ô transports enchanteurs ! Thémire, en vous voyant la résistance est vaine, Tout cède à vos attraits vainqueurs. Heureux l'amant dont les tendres ardeurs Vous feront partager la chaîne Que vous avez sur tous les cours ! C'est un tourment de n'aimer rien. C'est un tourment affreux d'aimer sans espérance Mais il est un suprême bien, C'est de s'aimer d'intelligence. Ah ! Connaissez du moins les biens qu'il vous apprête Vous devez à Junon le reste de ce jour. Demain une illustre conquête Vous est promise en ce séjour. Demeure Anacréon, je suspens mon courroux, Et veux bien un instant t'égaler à moi-même. Je n'abuserai point de mon pouvoir suprême ; Que Thémire décide et choisisse entre nous. Dites quels sont les nouds que votre âme préfère, N'hésitez point à les nommer : Je jure de confirmer Le choix que vous allez faire. Il suffit. Je cède en ce moment ; Allez, soyez unis ; je puis être sensible ; Mais je n'oublierai point ma gloire et mon serment. Commence d'accomplir un si charmant présage ; Rentre dans ma faveur, ne quitte point ma cour, Que l'amitié du moins me dédommage Des disgrâces de l'amour. Que tout célèbre cette fête ; L'heureux Anacréon voit combler ses désirs. Accourez, chantez sa conquête Comme il a chanté vos plaisirs. **** *creator_rousseau *book_rousseau_musesgalantes *style_verse *genre_ballet *dist1_rousseau_verse_ballet_musesgalantes *dist2_rousseau_verse_ballet *id_THEMIRE *date_1744 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_themire Je fuis les soupirs, les langueurs, Les soins, les tourments, les alarmes : Un plaisir qui coûte des pleurs Pour moi n'aura jamais de charmes. Non, je crains jusqu'aux nouds assortis par l'amour. Il me cachait son rang, je feignais à mon tour. Polycrate m'offre un hommage Qui comblerait l'ambition : Un sort plus doux me flatte davantage, Et mon cour en secret chérit Anacréon. Sur les fleurs d'une aile légère, On voit voltiger les zéphyrs. Comme eux d'une ardeur passagère Je voltige sur les plaisirs. D'une chaîne redoutable, Je veux préserver mon cour ; L'amour m'amuserait comme un enfant aimable ; Je le crains comme un fier vainqueur. Vous m'annoncez par cette indifférence Combien le choix vous paraîtrait égal. Qui voit sans peine un rival N'est pas loin de l'inconstance. Quand on sent une ardeur extrême, On a moins de tranquillité. Je crains ce qu'il en coûte à devenir trop tendre ; Non, l'amour dans les cours cause trop de tourments. Vous vous piquez d'être volage, Si je forme des nouds, je veux qu'ils soient constants. Non, rien ne peut fixer un amant si volage. Vous séduisez plutôt que de convaincre : Je vois l'erreur et je me laisse vaincre. Ah ! Trompez-moi longtemps par ces tendes discours ; L'illusion qui plaît devrait durer toujours. Je connais tout le prix du bonheur de vous plaire Si j'osais m'y livrer ; cependant en ce jour, Seigneur, vous pourriez croire Que je donne tout à la gloire, Je veux tout donner à l'amour. Pardonnez à mon cour un penchant invincible.