**** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_DANTON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_danton Ah ? Citoyens, contre nous tout conspire... Oui, tout : même Wimphen méconnaît notre empire. Ce traître refusant d'obéir à la loi, Veut marcher sur Paris, venger Brissot. Non. Notre commissaire Voulait exécuter cet ordre nécessaire. « Les plus fort, dit Wimphen, obéit quand il veut : Le soldat est instruit, et sait tout ce qu'il peut. » Déjà le Calvados, se disant république, Établit pour lui seul une force publique. Nos députés, proscrits aux sois départements, Inspirent la fureur de leurs ressentiments. Le parti Girondin se lève et nous menace : Il faut, ou l'écraser, ou céder notre place. Le temps presse. Hâtons-nous. Sur notre comité le Sénat se repose, Et décrète en tremblant les moyens qu'il propose. Mais le peuple se lasse : et peut-être aujourd'hui Serait-il dangereux de s'appuyer sur lui. Son plan réussira. Il est trop doux. Le sang... Oui. Sans être coupable, Notre intérêt commun le trouve condamnable. Il faut avec Custine exterminer Houchard. D'un perfide entretien qu'elle perde l'espoir. Craignez qu'on ne dérobe à votre vigilance, Des rendez-vous secrets. Un enfant de sept ans ?... Le fait n'est pas probable : Dans votre fausseté rendez-vous plus croyable. Il est vrai. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_ROBESPIERRE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_robespierre À Frédéric Mayence Vient de rendre ses clés, malgré notre défense. Sans brèche, sans assaut, les traîtres l'ont rendu. Valenciennes bientôt imite cet exemple. De Gaston, de Wimphen les conseils séducteurs Renversent dans Lyon la liberté naissante : Cette ville a parlé : sa voix est menaçante. Nous voyons échapper Marseille et Toulon, Et nos braves soldats sont chassés d'Avignon. Que vous dirai-je enfin ? Nos malheurs sont extrêmes. Nous sommes menacés ?... Que la torche funèbre, épouvantant la France, L'assure à notre empire. Hé bien ? S'il faut mourir, Dans l'abîme avec nous, sachons tout engloutir. Barrère, éclairez-nous. De cet espoir flatteur quels seraient vos garants ? Depuis deux ans, mon coeur méditait en secret Et n'osait exposer cet important projet. Mais quels sont vos moyens ? Citoyen, prenez garde Que le peuple inquiet en tous lieux nous regarde. Son oeil est attentif : et tous nos mouvements Deviennent le sujet de ses raisonnements. Allons aux Jacobins préconiser Barrère. C'en est trop, citoyen, faites votre devoir. Enlevez cet enfant : puisse le désespoir Sur ces coeurs orgueilleux exercer ses ravages ? Non, non, dans les tourments, Pour le salut du peuple, il est bon qu'elle expire. Et voilà la leçon Que, chaque jour, lui donne une femme traîtresse ?... Il pompe le venin de sa scélératesse. La rage est dans mon coeur... par ses vertus sublimes, Cette femme m'excite à commettre des crimes... Je croyais à son âme inspirer la terreur : Son regard animé n'exprimait que l'horreur... Elle m'a rejeté... comme un homme exécrable, Aux yeux de l'Univers à jamais détestable... Le sang est de Paris devenu l'élément, Un homme massacré fait son amusement... Cette ville, sans moi, contente en sa mollesse, N'aurait jamais cessé de chérir sa faiblesse. Mais, voulant me livrer au crime avec éclat, Je devais rechercher tout homme scélérat : Et, par le sang humain, former une alliance, Qui l'assujettirait aux lois de ma prudence... Mes plans ont réussi, par de constants efforts... Fuyez, éloignez-vous, fanatiques remords : Dans mes nombreux forfaits, trouvant ma jouissance, De les accroître encor je garde l'espérance. Oui... de membres brisés et de chair en lambeaux Nos zélés citoyens garniront les tombeaux. En crime ils changeront les cris de la nature : Et puniront de mort le plus léger murmure... Tout homme doit périr, si, constant dans sa foi, Il n'est pas, dans ses moeurs, aussi méchant que moi... À cette femme allons préparer des supplices Qui la couvre d'opprobre, et cherchons des complices. Santerre est mon appui : qu'il vienne, et qu'aujourd'hui Il exécute encor ce que j'attends de lui. Le peuple veut du sang. Le vertueux Sénat Des projets d'Antoinette attend le résultat. Garde-t-elle Capet ? Nous sommes trop instruits de ces ruses perfides, Pour ne pas prévenir vos plans liberticides. Conservant votre orgueil sous le poids de vos fers, Vous prétendez encor gouverner l'Univers : Et croyant que Capet deviendra roi de France, Vous voulez contre nous prémunir son enfance : Qui cherche le secret, cherche la trahison. Nous saurons préserver cet enfant du poison Qu'en secret, dans son coeur, votre fureur distille : Et le rendre à nos lois, plus constamment docile... Il faut de son esprit bannir cette fierté, Qui ne compatit pas avec la liberté : Remplacer promptement par des vertus civiques, D'un culte mensonger les vertus chimériques : Lui démontrer enfin qu'il n'est que notre égal : Et le faire rougir d'être d'un sang royal. Jusqu'où votre insolence Veut-elle, devant nous, étendre ses écarts ? Vos maîtres, d'Antoinette exigent des égards. Ô monstre abominable ? Elle traite en sujet Un homme comme moi ?...dans sa démarche altière, Je voyais une Reine ?... et je suis Robespierre ?... Citoyens, aujourd'hui faisons un grand effort : Pour ces nombreux forfaits c'est trop peu de la mort... Son innocence fuit devant nos impostures... Contre elle imaginons de nouvelles tortures. Le plus grand des tourments pour un honnête coeur, Doit flétrir Antoinette... et c'est le déshonneur... Devant les citoyens qui demandent sa vie, Qu'elle soit en ce jour couverte d'infamie. Précipitez sa mort. Nous avons prononcé qu'elle était criminelle. On ne l'accuse pas ?... elle est une rebelle... Elle a du sang français fait répandre des flots... Jusque dans les prisons elle ourdit des complots... Elle est l'infâme auteur de la guerre civile... Elle rend à nos lois la Vendée indocile... À lui trouver un crime employez tous vos soins : Soyez accusateur, nous serons les témoins. Citoyen, vous êtes son complice. Accusateur, témoin et juge de Louis, Le Sénat peut encore satisfaire Paris. Perfide ? Tu trahis : mais ta molle indulgence, Sans sauver Antoinette, expose à nos fureurs Les monstres qui voudraient être ses défenseurs. Retirez-vous, Simon, évitez sa présence. Elle n'a pas perdu les tons de la grandeur ?... C'est une Souveraine ?... avec quelle lenteur, Au bras d'Élisabeth s'attachant par mollesse, Elle marche vers nous, et feint de la faiblesse ? C'est trop peu, citoyen, d'accorder des lauriers, Et de placer Santerre au nombre des guerriers : Le peuple, qui connaît le prix de la victoire, Veut encore ajouter à l'éclat de ta gloire : Il t'appelle à Paris. Oui, le peuple t'appelle : une affaire importante Exige de ton bras la présence effrayante. Souviens-toi du grand jour, où le peuple étonné Par la mort de Louis vit son voeu couronné, Des applaudissements que recueillit Santerre, Quand d'un tyran féroce il délivra la terre : À ce brave, demain, les mêmes fonctions Assurent à jamais nos bénédictions. Ainsi que son époux, couverte d'infamie, La veuve de Capet demain perdra la vie. On tarit les sanglots par le moyen des armes. Qu'Antoinette en ces lieux compte quelques amis... Nos zélés Sénateurs sont tous ses ennemis. Du peuple cependant enflamme la vengeance : Qu'il demande son sang. Ma sage prévoyance Ne voit, qu'avec effroi, quelle facilité Donne aux agitateurs cette légèreté, Qui forme du Français le faible caractère : Chez lui tout sentiment est une être éphémère, Qui naît dans un moment et périt dans un jour. Sa haine s'évapore, en produisant l'amour... Pour l'exécution prend de justes mesures : Celles de la terreur sont toujours les plus sûres : Que de bouches à feu, l'attirail effrayant, Accompagne au supplice un monstre dévorant. Entre tous les soldats, choisis les plus barbares, Ceux qui du sang humain furent les moins avares. Conduis la, citoyen, jusque sur l'échafaud : Commande le silence : et même, s'il le faut, Si des cris s'élevaient, poignarde la victime. Va donc : dispose tout. Hâte-toi... Dans Paris des cris se font entendre... On l'amène... Peut-être a-t-on voulu surprendre... Peut-être en ce moment, nos soldats entourés Reculent lâchement devant les conjurés... Antoinette peut-être est-elle triomphante ?... Entends-tu les clameurs ? Ah ? Contre mon attente, Si cette horrible femme évite le trépas, Pour finir mon destin, je trouverai mon bras... Écoute... Oh ?... Non... J'entends les cris de la victoire Ils veulent, comme nous, étouffer sa mémoire. Profite du moment. Ne crains pas, citoyen, d'être trop scélérat. Vous devez préparer à l'infâme Antoinette Un cachot. Imposteur ?... On projette... Je vois ton embarras... Il serait inhumain ?... ce mot aristocrate Ne fut jamais connu d'un homme démocrate. Un vrai républicain, dans son atrocité, Ne commet de forfaits que par humanité. Il fait couler le sang : mais trop d'hommes en France Empêchent de donner au peuple l'abondance. Que la moitié périsse... et le reste est heureux : L'indigence est le sort d'un peuple trop nombreux. Pour le peuple français les tourments d'Antoinette Sont un soulagement au sein de la disette. Montre-moi ce cachot Tu devais m'avertir... des femmes détestées Ne peuvent demander un plus tranquille sort, Que d'habiter ces lieux en attendant la mort... Antoinette, voilà ton palais... Pourquoi ? Que tout demeure au même état. Chercher à l'embellir serait un attentat. Une botte de paille En tout temps a suffi pour coucher la canaille : Va la chercher. Son obstination Annonce un homme traître à la Convention... D'Antoinette il pourrait nous dérober la trace... Qu'un autre plus fidèle occupe cette place... Il sera dénoncé. Conserver du respect Pour un objet d'horreur, c'est devenir suspect. Barrère arrive seul ?... au fond d'une retraite, Le peuple en ce moment cache-t-il Antoinette ? Il l'aimait... je frémis... Barrère, est-il pour nous ?... Devons-nous craindre ? Hé ? Mais... Est-elle morte ? Ici, pour les guérir on trouve des odeurs. Et voilà justement Ce qu'il faut pour guérir l'évanouissement. Citoyen, surveillez la garde d'Antoinette : Ici tout est suspect : qu'une femme discrète Ait seule le pouvoir d'entrer dans le cachot : Visitez tous les mets... les habits... ou plutôt, Veillez en attendant que la Commune ordonne. Sans être autorisé, n'introduisez personne... Et nous, Barrere, allons disposer les témoins À forcer un arrêt diriger par nos soins. J'en sais un : l'abstinence. Qu'elle éprouve la faim, jusqu'à la défaillance : Alors, ses yeux éteints, ses membres chancelants, Ne nous offriront point des gestes menaçants... Je la vois, sur un char, dans Paris promenée... Le peuple en ses regards cherche sa destinée... Mais sa tête penchée, et son livide sein, Lui disent d'obéir : qu'elle ne peut plus rien. La honte et le remord sembleront la poursuivre... Le peuple bénira la main qui le délivre. Point d'habit sur son corps : chassons l'austérité Par le tableau frappant de cette nudité. Voilà l'ordre, geôlier. La rage est dans mon coeur ?... jusqu'au fond des entrailles, Je sens des traits poignants... Ah ? Lorsque dans Versailles, Par d'atroces conseils, j'engageais Orléans, À faire massacrer mère, époux et enfants : Mon âme était plus calme : et ma fureur tranquille, Machinait en secret contre cette famille. Trop lâche, il ne put être un illustre assassin. Mais conduit à Paris, par un heureux destin, Capet sentit encore tous le poids de ma haine... Je conservai l'espoir, en contemplant sa chaîne... Avec un front serein appelant le bourreau, Je réussis enfin à dresser l'échafaud... Louis, par mes travaux, a terminé sa vie... Sa femme existe encor : et malgré mon envie, Mes complots, mes clameurs, je tremble qu'à mes coups On ne l'arrache. Peut-être à ses genoux Le tribunal tremblant humblement se prosterne. Le silence du peuple, en ce jour, me consterne. À la mort de l'époux les applaudissements Purent déconcerter les faibles mécontents. Antoinette répond : mais sa persévérance D'une âme pur et noble annonce l'innocence. Elle parle : et déjà ses crimes ne sont plus : Les siècles à venir y verront des vertus... Le tribunal chancelle... il attend... il espère, Avant de prononcer, un secours de Santerre. Santerre est endormi, les soldats enivrés. Peut-être sommes-nous aux malveillants livrés. S'il ne condamne pas, j'atteste ma vengeance Que je fais égorger les trois quarts de la France. Rien n'est possible encor : Antoinette respire. Ah ? Mon âme est constante... Ô crime salutaire ?... À nos vastes projets il était nécessaire... Notre pouvoir est grand. N'avons-nous pas, ami, d'infaillibles poisons ? Elle est encore ?... parle : achève mon supplice. On attendrait en vain des marques de faiblesse. Elle est trop grande. Un coeur qui se croit innocent, Quand il est élevé, résiste constamment. Ne tardons pas, Barrère, allons : Tronson s'avance : Allons décider tout. Notre présence Suffit. Le tribunal instruit peut condamner, Et laisser avec elle un pédant converser. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_BARRERE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_barrere Sur nos têtes, l'orage... Autour de nous, la mort... dans nos coeurs, le courage. Exécrable forfait ?... L'infortuné Marat Succombe sous les coups d'un lâche assassinat. Non. Ils sont vertueux ... Brissot, les Girondistes, Disciples trop instruits par le club Jacobin, Ont formé dans le sexe un perfide assassin. Marat finit ses jours ?... Ah ? Tremblons pour les nôtres : Du crime, autant que lui, nous fûmes les apôtres. Pesez les différents décrets Que j'établis pour base à mes vastes projets : Ou plutôt, citoyens, l'infortune publique Présente un vaste champ à notre politique, Le Sénat abaissé, nous devenons plus grands. Du Sénat stupéfait l'aveugle déférence Qui reçoit nos décrets avec obéissance. Que notre marche, grande en son obscurité, L'assujettisse au plan de notre comité. Unissons nos efforts. Écoutez : (le secret, pour vous, est un devoir.) Sur cette horde infâme usurpons le pouvoir. Partageant, entre nous, la suprême puissance, Nous périrons ensemble, ou sauverons la France. Avez-vous oublié que le triumvirat Mit Rome dans les fers, ainsi que le Sénat ? Marius et Sylla furent ce que nous sommes : N'ont-ils pas répandu le plus pur sang des hommes ? Devenus tout-puissants par la proscription, Ils firent respecter leur domination : Et flattant avec art l'orgueil de l'indigence, Ils surent s'enrichir des biens de l'opulence. Du Français avili, qu'avez-vous donc à craindre ? Réduit à se cacher, osera-t-il se plaindre ? Il fut, dès le commencement, De notre cruauté le servile instrument. Des âmes, de carnage et de sang altérées, Par des remords tardifs ne sont point déchirées. Danton et Robespierre, allez aux Jacobins : Parlez, encouragez, assurez nos desseins : Demandez, pour Marat, une prompte vengeance. D'un deuil universel couvrez toute la France. Que la Vendée en feu, devenant un désert, Soit enfin le tombeau de quiconque la sert. Que Custine, à leurs yeux, paroisse comme un traître Qui se joint à Cobourg, pour nous donner un maître, Qui, sans aucun talent, conduisant les soldats, Les a fait égorger au milieu des combats. Soutenez que Condé, Valenciennes, Mayence, Par ses perfides soins, ont été sans défense, Qu'ami de Dumouriez, il a trahi l'État : Qu'il doit, pour le sauver, périr avec éclat. Le soldat effréné gardera le silence. Nul devoir du soldat envers le général, Quand il ne voit en lui, qu'un homme son égal... Le reste est mon affaire : et Marie-Antoinette, Périra sous l'effort de ma rage discrète. Si vous savez vous taire. Le ministre pensif précipite ses pas. Que vient-il nous apprendre ? Et sans doute placer sur le trône un tyran, Objet d'horreur pour moi, quoiqu'il soit un enfant ? Laissez, laissez couler ces impuissantes larmes. D'un enfant courroucé l'énergique soupir Exprime sans danger son stérile désir. Rassurez-vous : les pleurs annoncent la faiblesse. Le peuple gémissant déplore sa détresse : Mais il chérit toujours la douce liberté. Ils n'éclaireront pas cette race imbécile. Tout est prévu. Sachez que ces fiers orateurs Sont du club jacobin les plus grands zélateurs. Ils offrent un appât aux bons aristocrates, Qui viendront se livrer :... Nos rusés démocrates : Se baignant dans leur sang, par un dernier effort, Pourront de leur empire éterniser le sort. De leurs discours trompeurs souffrez donc la licence. Tout va bien, croyez-moi : tout, jusqu'à la démence Du peuple dépravé, seconde nos projets : Je vois dans mes égaux maintenant des sujets. Citoyen, supposons, que moitié de la France, Succombant sous nos coups, aux siècles à venir, Offre de nos forfaits le brillant souvenir : Que le cultivateur, en remuant la terre, Arrache de son sein les restes de son père : Que la veuve indigente appelle son époux, Victime qu'immola notre juste courroux : Que tous les monuments soient réduits en poussière : Que nous fassions enfin, un vaste cimetière... Mon âme s'agrandit... ce spectacle enchanteur Imprime ses attraits jusqu'au fond de mon coeur. Plus ces débris sont grands, plus grande est notre gloire C'est de la liberté la sublime victoire. Quelle est la volonté du club des Jacobins ? Pouvons-nous espérer. Ainsi dans tous les temps, par des discours atroces, Les peuples ont conçu des sentiments féroces. Profitons du moment : rendons-nous au Sénat : Que son décret ordonne un nouvel attentat. Fuyons un travail inutile. Nous savons qu'aux Français une crainte servile Commande avec empire : augmentons ses terreurs : Qu'il se jette en nos bras, par l'excès des malheurs. Ce peuple tend la main au tyran qui l'opprime, Et rejette bientôt le maître qui l'estime. Regardons comme suspect au salut de l'État, Prêtre, noble, marchand, financier, magistrat. La fille de Thérèse, au sein de l'infortune, Sans faiblesse, sans plainte, accepte le malheur, Et conserve toujours la noblesse en son coeur. La conquête De Valenciennes vent un exemple frappant. La mort d'un général. Tout homme est criminel : il suffit qu'on l'accuse : Le peuple malheureux exige qu'ou l'amuse : Custine doit périr. Ah ? Non, il demandait, au moment de sa gloire, La tête du tyran pour prix de sa victoire : Mais c'est offrir au peuple un séduisant appas, Qui, remplissant son coeur, cache notre embarras. Il n'est pas oublié : son rang viendra plus tard... Pour fixer de l'État la prompte délivrance, Nous pouvons requérir tous les hommes de France, Nous prendrons la récolte avec les laboureurs... Profiter du présent est la maxime du sage. L'homme est lâche aujourd'hui, se croyant immortel : Mais transformons la mort en sommeil éternel : À l'audace bientôt cédera sa faiblesse. Au reste, citoyen, votre délicatesse Est un sanglant outrage à notre comité, Qui doit se préserver de toute humanité... Le Sénat endormi reconnaît notre empire : Il accepte nos lois : et j'ose vous prédire, Que bientôt à nous seuls remettant le pouvoir, De s'entre-massacrer, il fera son devoir. En Souverains déjà nous poursuivons la guerre : Et sans prendre conseil nous lançons le tonnerre. Le départ imprévu de féroces agents A porté la terreur dans les départements. Tout obéit : au sang nous avons joints les flammes. Cependant au Sénat j'aperçois des infâmes : Ils gênent mes projets : ces hommes clairvoyants, Qui s'opposent à nous, seraient-ils innocents ? Enfin nous poursuivons la veuve de Capet. Mes travaux répondront à la grande espérance... Imbécile automate ? Étrange aveuglement ? Il se croit un grand homme ?... il est un instrument, Un fragile ressort à mon plan nécessaire, Que je saurai bientôt adroitement soustraire. Nous travaillons, amis, pour un triumvirat... Nous sommes trois, le reste est trop peu scélérats. Dans les crimes il faut annoncer du courage : Ne pas se reposer et consommer l'ouvrage... Nous seuls : par les forfaits, de forfaits altérés, Sommes les triumvirs, étant régénérés. C'est un monstre hideux ? La plus grande rigueur Réformera bientôt son intraitable humeur. N'envisagez en lui que le plus vil esclave : Que la mère en secret nous maudisse et nous brave... Bannissez de son coeur cette religion Que le Sénat déclare être une fiction. Ignorant pour toujours ses vertus chimériques Il voudra s'enrichir de nos vertus civiques. Que sa mère à ses yeux soit un objet d'horreur : Que tout autour de lui respire la terreur. Tourmentez, agitez cet esprit né fragile : Puisse-t-il, par vos soins, devenir imbécile ? Avançons... en ce lieu quelque nouveau projet Vous amène. Parlez, Sur cet objet Le peuple ne vent pas qu'on puisse vous entendre. Et qui peut vous le rendre ? Nous obéissons au peuple souverain : Il le défend. Demain... Cependant voulez-vous, par un moyen facile, Rendre à votre désir le peuple plus docile ? Vous approcher de lui ? Regagner dans un jour, Avec la liberté, son véritable amour ? Nous avons rejeté ce grand être au néant. Dieu n'est rien, ne peut rien : le peuple est tout-puissant, Voulez-vous le gagner ? Écrivez, citoyenne, À Cobourg de quitter les murs de Valenciennes. Le fléau de l'État. Qui vient, comme un torrent, égorger le Sénat. Ainsi vous désirez que lé fer et la flamme Fassent de cet empire un horrible désert ? Oui, quand toute la terre, Tremblante devant nous, et demandant nos lois, Pour avoir son pardon, massacrera les Rois. Retirons-nous : voyez combien elle est perfide ? Elle médite encor un plan liberticide. Le temps presse : courons arrêter ses projets : Qu'elle meurt : ou bientôt nous sommes ses sujets. Non, il est à nos genoux, Prosterné, suppliant : en excitant sa rage, Nous avons de son coeur extirpé le courage. Ces hommes criminels, instruits par nos leçons, Attendent leur salut de la mort des Bourbons... Antoinette descend... elle aperçoit la porte... Un chien hurle... Elle tombe... Non, non. Les nerfs, dit-on, lui causent des vapeurs. Ce palais enchanté demande une princesse ? Il est trop somptueux ?... Qu'elle odeur qui m'oppresse ?... Elle est cadavéreuse ? La voilà cette femme autrefois souveraine : Celle qu'on adorait, parce qu'elle était Reine, Qui, comptant ses aïeux, comptait autant de Rois : Celle qui se croyait protectrice des lois : Celle dont la grandeur, excitant notre rage, A toujours empêché d'ordonner le carnage : Celle qui refusa de quitter son époux, Et voulut à Varenne exciter son courroux. Qui malgré nos décrets se dit encor la mère De ces deux orphelins, dont le peuple est le père. Celle enfin qui jadis avait quelques vertus... Sa grande âme, en ce jour, est un crime de plus... Car, pour fixer des lois que dicte le caprice, Nous devons ordonner du juste le supplice. Non, non. Dans ce cachot jetez-là. Antoinette... Es-tu bien ?... Je lui parle, elle reste muette ?... Jugez ce que, sur elle, on peut par la douceur ? Elle m'entend... Je vois dans ses yeux la fureur : La pâleur de son teint, cette bouche béante, Ces membres agités, cette main menaçante, Tout dit qu'elle médite un perfide dessein... Et la France a nourri ce monstre dans son sein ?... Elle respire encor ?... qu'as-tu donc fait, Santerre. Tarderas-tu longtemps à délivrer la terre ?... Il ne vient pas... aucun, parmi nos généraux, Ne peut, autant que lui, faire agir les bourreaux. Laissez là, citoyen : son reste d'existence Doit trouver autour d'elle un ténébreux silence. Oui... elle a cette air grand et flatteur, Ce ton de majesté, cette aimable douceur, Que jadis nos respects honoraient sans mesure. Aujourd'hui nous voulons que, vile créature, Elle soit bafouée, et que le peuple enfin, Par son mépris railleur, aggrave son destin. Quels moyens employer ? Oh ? Oh ? Antoinette mourra : je t'en fais le serment. Tes desseins sur la France exigent cependant De sublimes efforts. À nos missionnaires, Ajoutons des soldats révolutionnaires. Livrons tout cet État à la destruction. Des Peuples et des Rois que l'exécration, Sur des débris sanglants, assure notre empire ? Il reste des Bourbons. Comment ? Je suis. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_LEROI *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leroi Ô ma tendre maman ? Je suis avec maman : son conseil est meilleur : Toujours à ses leçons elle m'a vu docile. Pour moi ne prenez pas une peine inutile : Retirez-vous : je veux vivre dans la prison, Souffrir avec maman. Ah ? Sauvez-moi, maman. Si je dois, maman, comme mon père, Mourir dans les tourments, ou périr de misère, Je veux, en bon chrétien, expirer comme lui. Ne tremblez point pour moi : le ciel est mon appui. Je porte dans mon coeur les avis de mon père, Et je suis enrichi des vertus de ma mère. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_LAREINE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lareine Approchez mes enfants : voyez dans votre mère Les restes languissants d'une affreuse misère. Sur un front sillonné, mes cuisantes douleurs Du sort le plus funeste impriment les horreurs. D'une triste existence épuisant l'amertume, Je nourris dans mon sein un feu qui me consume. Lui seul, mes bien-aimés, dans ce triste séjour Par vos embrassements, peut étouffer mes larmes : Mais il ajoute encor à mes justes alarmes... Le plus parfait des rois, par la main d'un bourreau, Au nom de ses sujets descendit au tombeau. Votre père n'est plus... je périrai de même, Puisque j'ai partagé l'éclat du diadème... De ce peuple effréné la constante fureur, Par mille cruautés, prolonge ma douleur : Mais, dans mon coeur brisé, la nature expirante Me montre de la mort l'image consolante. Enfants trop malheureux ?... Quel sera votre sort ?... Mon fils, d'un oeil serein envisageant la mort, Je puis, par mes conseils, éclairer ton enfance. Soumets-toi, sans murmure, à cette providence, Dont les sages décrets sont cachés aux mortels. Le Sénat du vrai Dieu renversa les autels : Crois-en lui mon cher fils, observe sa loi sainte : Supporte tes malheurs sans faiblesse et sans plainte. Si le sceptre en tes mains doit retourner un jour, Faits cueillir aux Français les fruits de ton amour : Qu'ils soient heureux. D'un roi la sublime vengeance Ne punit les forfaits que par la bienfaisance. Sans faiblesse, des lois exact observateur, Bannit de tes conseils le vil adulateur. Le sang des bons Français a coulé pour ton père : Il coule pour son fils, il coule pour ta mère : Combien, dans les combats, par un dernier effort, Voulant nous délivrer, ont rencontré la mort ? Ah ? Mon fils ?... souviens-toi, dans les jours de ta gloire, De consacrer leurs noms au temple de mémoire. De ton père immolé voilà le testament : Apprends sa volonté, médite-le souvent... Ô coeur de mon époux ? Coeur grand et magnanime ?... Il pardonne à son peuple ?... Immortelle victime, Puissé-je, comme toi, jusqu'au dernier moment, Conserver la vertu dans mon coeur innocent ?... Ma fille, dans ton âme imprime la sagesse : D'innombrables dangers menacent ta jeunesse. Descendante des rois, que cette dignité Te préserve à jamais de toute égalité. Ma fille, tu naquis auprès du diadème : À l'avilissement préfère la mort même. Vous répandrez des pleurs ? Ah ? Votre affliction ajoute à mes douleurs... Ma soeur est avec vous : qu'elle soit votre mère... Élisabeth ? Ô toi, le soutien de ton frère ? Toi qui, dans ta douleur, faisant un saint effort, Comme un bienfait du ciel, lui présentas la mort ? Viens : ah ? Viens dans mes bras, Antoinette t'appelle : Ah ? Viens la consoler, dans sa peine cruelle. Oui, mes enfants, allez. Trop funeste avenir ? Quel destin vous poursuit ?... innocentes victimes ?... Je vous vois malheureux, et vous êtes sans crimes... Que leurs coeurs, ô mon Dieu, dociles à ta foi, Marchent dans les sentiers de ta divine loi ?... Un Roi dans les cachots ?... un Roi dans son enfance, Objet infortuné des fureurs de la France ?... Mais celui qui craint Dieu n'est-il pas l'ennemi De ces hommes pervers que l'enfer a vomi ?... Oui : j'ai vu dans leurs yeux étinceler la rage : Leurs bras ensanglantés poursuivre le carnage : Mes gardes égorgés, expirants sous mes yeux, Et couvrant de leurs corps ma fuite de ces lieux : En triomphe à Paris j'ai vu porter leurs têtes : Le peuple avec fureur célébrer ces conquêtes : Et l'infâme Bailli, qui disait à son Roi : « Tu n'es que mon égal : le peuple est plus que toi...» Mille fois de la mort envisageant l'image, Je ne puis la trouver dans un long esclavage... Monstres, couverts de sang de mon auguste époux, Tremblez... d'un Dieu vengeur le trop juste courroux, Lassé de vos forfaits, aussi prompt que la foudre Réduira vos maisons et vos cités en poudre... Qu'ai-je dit ? Ah ? Pourquoi ma profonde douleur Exprime-t-elle un voeu démenti par mon coeur ? Dieu de miséricorde, oubliant ta justice, Sur le peuple Français, jette un regard propice : Qu'avec sincérité, revenant à ta loi, Il confesse son crime, et connaisse son Roi... Le passé, le présent, l'avenir, tout m'agite. Ma chère Élisabeth ?... Cette race est maudite... Dans le sang innocent elle a trempé sa main. Son arrêt est écrit dans celui de Caïn... L'éternel l'a proscrit... errante sur la terre, On la verra traîner l'opprobre et la misère. Du tableau déchirant d'un époux égorgé, Un coeur comme le mien n'est jamais soulagé. Au fond de son tombeau que ne puis-je descendre ? Que ne puis-je mêler ma cendre avec sa cendre ? Cher époux, ô mon roi ? Le calomniateur Te força de sonder les replis de mon coeur : Et connaissant, pour toi, sa véritable flamme, Tu la récompensas par le don de ton âme... Il m'aimait sans partage... ô bonheur ? quel transport, Quand je pourrai fixer l'appareil de ma mort ? Qu'elle tarde longtemps ? Contre un Sénat sans foi comment les préserver ? S'il connaissait d'un Dieu la majesté suprême, Aurait-il, orgueilleux, brisé le diadème, Massacré les pontifs, renversé les autels, Pour offrir son encens à d'infâmes mortels ? Dans Voltaire et Marat il adore le vice : Sa force fait la loi : sa rage la justice. N'espérons point, ma soeur... Le club anthropophage Finira par la mort mon horrible esclavage. Non, non. Qu'Élisabeth survive et soit leur mère : Tel est la volonté de ton auguste frère. Les fers ont éprouvé, mais n'ont pas abattu, Ton courage, ou plutôt ta céleste vertu. Tu peux leur inspirer des sentiments sublimes, Qui te font, avec calme, envisager les crimes : Tu peux, en apprenant à mon fils qu'il est roi, L'instruire à gouverner, à protéger la foi. Par tes douces leçons formant son caractère, Il saura supporter l'opprobre et la misère. Je remets à tes soins cet important devoir : Et moi, de mon esprit bannissant tout espoir, Je vais d'un Dieu vengeur implorer la clémence, De mon coeur agité, réparer l'innocence. Bientôt, à mon époux m'unissant pour jamais. Dans le sein du Très-haut je trouverai la paix. Cet homme, Élisabeth, n'est-il pas un ministre Qui vient nous annoncer quelque décret sinistre ? Votre Reine : Louis était mon digne époux. Réduite par la force au rang le plus abject, Antoinette d'Autriche exige le respect. Fixez-moi bien encor : jugez si ma présence Ne peut de vos discours arrêter l'insolence. Apprenant sans regret votre haute fortune, Le bonheur est au ciel : notre souffrance augmente Cette gloire éternelle, objet de notre attente. Frappez : voilà mon sein... Qu'ils seront doux pour moi ?... Oui... mon coeur les désire. Mon existence affreuse est un pesant fardeau : Et je n'aurai d'espoir qu'en voyant mon tombeau. Monstre infâme ? Ton front ne rougit pas ?... Ô vous, Qui d'un peuple acharné m'annoncez le courroux ? Dites-lui, que mon coeur méprise toute injure, Qui ne provoque pas les droits de la nature : Mais, en crimes, changer mes tendres sentiments ? En exécrable crime ?... Un enfant de sept ans ?... Quel attentat ? Ô mon cher fils ? Souviens-toi de ton père. Je succombe à mes maux... ce coup me désespère... Mon coeur anéanti ne pousse aucun soupir... Ma voix s'éteint... ma soeur, viens, viens me secourir. Ne portez pas sur moi votre main sanguinaire : Je trouve dans ma soeur le secours nécessaire. Ordonne-t-il ma mort ? Dois-je aller au supplice ? Mon fils ?... Mon fils ?... Ô ciel ? Ma soeur ? Quel coup funeste ? Mon fils, tu vas mourir ?... Ô jour que je déteste ?... Jour horrible pour moi ?... Pour la France ?... Ah, Seigneur ?... D'un enfant opprimé devient le protecteur. Mon fils ?... je veux le voir, le serrer dans mes bras ?... Et goûter avant lui les douceurs du trépas. Allons, Élisabeth, ma douleur est trop vive. Je dois perdre mon fis, ou prononcer sa mort ?... Quel abîme de maux ?... Quel effroyable sort ?... Quel droit peut étouffer la voix de la nature ? Au fond du coeur, déjà j'éprouve son murmure : Ses cris se font entendre : il est de mon époux Le fils, le successeur... Ah ? Mon soin le plus doux, Consacré tous les jours à former son enfance, D'un honnête homme en lui me donnait l'espérance. Non... Je n'approuve pas votre horrible dessein... Qu'on me laisse mon fils, ou qu'on perce mon sein. Ah ? Quelle horreur ? Que ferai-je ? Ô ma soeur ? Quelle menace atroce ? Le peuple est entraîné par un Sénat féroce ? Je consens... ô mon dieu ?... ce cruel sacrifice, Que la nature abhorre, se doit à la justice. Des hommes malheureux que je dois protéger ? Quoi, pour sauver mon fils, je ferais égorger, Non, non. Je le remets à cette providence, Qui saura des méchants déjouer la prudence... Ses innocentes mains, en essuyant mes pleurs, Par des soins caressants soulageaient mes douleurs... Je ne dois plus le voir ?... Ah ? Mon fils... Je frisonne... Aujourd'hui... Pour toujours... Ta mère t'abandonne... D'infâmes assassins t'arrachent à mon coeur : Et ne consultent pas ton âge et ma douleur ? Ah ? Sans doute, pour toi la mort est moins affreuse, Tu dois plus redouter la marche insidieuse De ces hommes méchants, qui t'éloignent de moi Pour corrompre ton coeur, et corrompre ta foi. Mon fils ? Je puis encor te serrer dans mes bras ?... Ces monstres t'instruiront : ne les écoute pas. À l'instant... Tout-à-l'heure... Qu'on l'emmène : et pour moi que personne ne meure. Je tremble... Soutiens-moi... permettez qu'en ces lieux, À mon fils, sans témoins, je fasse mes adieux. Quelle éducation pour le chef d'un royaume ? Ah ? Mon fils ?... il est vrai la gloire est un fantôme, Qui s'échappe au moment où l'on croit le saisir. Que celle du Très-haut devienne ton désir... Mais, placé sur le bord d'un affreux précipice, Ah ? Préserve ton coeur de la fange du vice... Préfère à la grandeur ton salut éternel... Ton âme est à ton Dieu... mon amour maternel, Par des tyrans cruels, est réduit au silence... Je ne puis exprimer... Mes maîtres ?... Mes bourreaux ?... Mon fils. Je demande mon fils. Vous. Hé bien, que je meure ? Je l'ai toujours cherché : mes peines inutiles ? Des ennemis secrets, des imposteurs habiles, À ses yeux ont noirci les élans de mon coeur, Qui, dans tous les moments, tendaient à son bonheur... Ah ? Sans ce jour encore, où la mort sur mes lèvres Doit imprimer déjà ses nuances funèbres : Où mon corps, affaissé sous le poids de mes maux, Pour être anéanti, n'attend plus les bourreaux :... Je désire... que Dieu, déployant sa puissance, Par un retour heureux, rétablisse la France. Cobourg est un guerrier... Le Français connaîtra la bonté de son âme. Cobourg est trop humain : et le Prince qu'il sert Ne cherche que la paix en poursuivant la guerre. Je puis la proposer. À quel prix, ô ma soeur, ils ont voulu me vendre Le retour de mon fils ?... Ah ? L'amour le plus tendre, À mon coeur accablé fait sentir son pouvoir : Mais doit-il balancer l'honneur et le devoir ? Arrêter de Cobourg la marche tutélaire, Quand il porte à l'empire un secours nécessaire ?... Au nom de mon époux, Frédéric, l'an passé, Évita l'ennemi qu'il aurait terrassé, Le Sénat promettait sa prompte délivrance : On le vit au contraire armer toute la France, Conduire aux Pays-Bas un essaim de brigands, Menacer tous les Rois, persécuter les grands, Proscrire les Français, dépouiller les églises, Cimenter par le sang ses vastes entreprises... Les émigrés livrés au fer des assassins, Ces braves défenseurs des droits des Souverains, Ces proclamations le signal du carnage, De l'inquisition, de l'opprobre du sage, La mort de mon époux, ces crimes, dont l'horreur A consterné la terre, exigent un vengeur, Ce couple, après avoir brisé le diadème, S'il n'est pas arrêté, va s'égorger lui-même. Je pardonne aux Français, et je chéris le bras Qui vient les délivrer... tu ne m'approuves pas, Ma soeur ? Console-toi : pour moi ce moment est bien doux. Mon courage renaît, ma soeur, en leur présence. Mon supplice est-il prêt ? Quand trouverai-je un port Contre les maux affreux qui précèdent ma mort ? Pourquoi ce discours outrageant ? L'ordre est assez cruel : on peut, en partageant Les pleurs de l'infortune, adoucir sa misère. Je n'en ai pas. Il est ouvert. Pour ces frivolités je n'ai que du mépris : À leur possession je n'attache aucun prix : Les voilà. Ah ? ne m'en privez pas : Que je puisse avec moi le porter au trépas ? De mon amour il est le dernier gage Le seul bien qu'à mon fils je laisse en héritage. Il retrace à mon coeur d'un époux malheureux L'affligeant souvenir Hé quoi ? vous m'annoncez Des actes violents ? Non... Je ne voudrais pas, par un nouveau scandale, Ajouter aux fureurs d'un Sénat cannibale Cher époux ?... Ô mon fils ?... Tout est fini, ma soeur... part='i'Je n'ai plus rien an monde. Ma fille ?... À quels dangers ? ... Élisabeth, j'espère Qu'à compter de ce jour tu deviendras sa mère. Ô dieu ?... Que la sagesse, Ton amour, de la foi les sublimes vertus. Soient le fruits des leçons qu'elle n'entendra plus... Ils mettront sous ses yeux le spectacle du crime... Si ces monstres voulaient qu'elle en fut la victime ?... Ô ma fille ? aujourd'hui, tremblante sur ton sort, Que ne puis-je avec moi te conduire à la mort ? Infâme Tout est égal ?... Oh ? Rien n'est si bas que ton âme... Reçois, Élisabeth, mes adieux pour jamais. Puissé-je dans mon coeur conserver cette paix Qui, me faisant, sans peine, envisager l'orage, De ma faible raison m'apprend à faire usage. Allons, n'excitons plus, Dans ce coeur accablé, des regrets superflus. Je reconnais ton amitié pour moi. Où suis-je... Encor vivante ?... Est-ce ici mon tombeau ? Dois je attendre, en ces lieux, un infâme bourreau ? Ou, sensible à mon sort, quelque main tutélaire Donne-t-elle à mes maux un secours nécessaire ? Dois-je trouver la vie au séjour de la mort ? Mais je suis expirante : et le dernier effort A jusques dans mes os épuisé la nature. Ma bouche ne prend plus aucune nourriture. Mon corps est desséché par des tourments affreux... Mon coeur flétri de pleurs n'arrose plus mes yeux... Ô toi, Dieu tout puissant, le soutien que j'implore, Sois le seul protecteur de celle qui t'adore ?... Ah ? Je sens approcher le moment du trépas, Prête à monter vers toi, ne m'abandonne pas. Je demande, ô mon Dieu, ton heureuse présence : Reçois-moi dans ton sein. Les cris de l'innocence, S'élevant jusqu'à toi, sont toujours écoutés : Que mes cris douloureux ne soient pas rejetés... Au faîte des grandeurs, mon âme fut docile Aux sublimes leçons de ton saint évangile, Elle attend aujourd'hui, dans son abaissement, Du bonheur qu'il promet l'heureux avènement. Oh ? Qu'il tarde longtemps, ce jour que je désire ?... Quand, à l'air empesté qu'en ce lieu je respire, Doit succéder enfin, au céleste séjour, Le parfum éternel du plus parfait amour ?... Mais je dois adorer ta sage providence... Ma bouche devant-elle est réduite au silence... Ô vous morts, dont les chairs exhalent dans ces lieux De fétides vapeurs, que vous êtes heureux ?... Hélas ?... ce noir cachot préparé pour les crimes, Aurait-il renfermé d'innocentes victimes ? Le silence, la nuit règnent autour de moi... Mais, avec Dieu, mon âme exempte d'effroi... Grand Dieu que pour mon bien, ta volonté soit faite ? Tu m'avais destiné cette sombre retraite, Où, seule avec mon coeur, je puis l'interroger, Le laver dans mes pleurs... ils viennent me juger... J'entends un bruit confus... La cohorte s'avance... Je les vois. Mortel, qui paraissez sensible, Consolez-vous : aux maux mon coeur est insensible. Votre Reine abaissée a trouvé dans sa foi, Un espoir assez grand pour être sans effroi. J'ai satisfait à Dieu par de longues souffrances : J'attends... il me promet de grandes récompenses. Je porte dans mon coeur cette céleste paix, Que toute leur fureur ne détruira jamais. Ah ? ne la tentez pas ?... leur fureur est terrible. Quittez vite, quittez ce funeste séjour : Par votre éloignement prouvez-moi votre amour... Dites à mes amis qu'Antoinette pardonne. Qu'ils ne la vengent pas. C'est ma religion. Quel est-il ? Je n'y parus jamais. Mon emprisonnement, le premier des désordres, Prouve mon impuissance. Hélas, ce souvenir augmente ma misère : Un fils cherche toujours les regards de sa mère. Ô mon fils ?... Est-il mort ? Je lui désire un bien... Celui de l'innocence... Le juste malheureux croit à la providence. Elle donne à son gré la bassesse ou l'honneur : Mais elle assure au ciel la solide grandeur. Ô mères ? Répondez : ce crime est-il possible ? Les yeux de la fureur, qui cherchent une victime, Dans l'innocence même aperçoivent un crime. De vils agitateurs Des Reines et des Rois s'établissent les juges ? Mon juge est Dieu... Près d'eux n'ayant pas de refuges. J'obéis à la force, en réclamant la loi. Je brave leurs fureurs... la justice est pour moi. Par ton injuste haine, Tu ne peux irriter ta légitime Reine. Ainsi que mon époux, je porte dans mon coeur, Le pardon généreux, monstre, de ta fureur... Apprends qu'à tes mépris mon âme inaccessible Gémit sur tes malheurs. La vengeance terrible, De l'Univers entier, qui va fondre sur toi, Est l'ordre de ce Dieu, dont tu proscrit la foi. Le sang de mon époux fume encore... il pardonne... Mais le bras tout-puissant qui soutient la couronne, Lassé de tes forfaits, va bientôt te frapper. Je péris sans remords, et toi, tu dois trembler. Âme compatissante, Par d'inutiles pleurs ne troublez point la paix, Que je veux dans mon coeur conserver à jamais. Mon âme, par la grâce, a conçu l'avantage De briser les liens d'un honteux esclavage... La terre n'est plus rien : et j'attends l'heureux jour, Où je dois habiter le céleste séjour. Parlez donc sans crainte. Laissez cet ouvrage pénible. Tant mieux ?... mais mon trépas serait-il incertain ?... Hé bien ? Pour son plaisir qu'il prenne encor ma tête. Et moi, je vois un piège en condescendance. Il veut, en retardant, fatiguer ma constance. Rien... Voulez-vous mon bonheur ? Faites, qu'avant la mort, je puisse voir ma soeur, Embrasser mes enfants, les bénir... je pardonne... Aux Français, au Sénat... Faites ce que j'ordonne... Je confesse, en mourant, cette religion, Source de mon espoir, ma consolation... À tous les bons Français recommandez mon âme : Le bonheur éternel est l'objet qui l'enflamme. Parlez au tribunal... Évitez son courroux... Je ne crains pas pour moi : mais je tremble pour vous. Dans ce dernier moment, où l'oeil de l'innocence Ne fixe, qu'en tremblant, l'éclat de ta présence : Où, le coeur desséché par mille souvenir, Craint encore le retour de criminels désirs : Viens, ô mon rédempteur ? Viens consoler mon âme : Viens la remplir du feu de ta divine flamme... Que tous mes sentiments soient concentrés en toi... Seigneur, ouvre ton sein, récompenses ma foi... Ah ? Mon coeur est brûlant ?... Antoinette, es-tu digne D'obtenir de ton Dieu cette faveur insigne ?... Ingrate ?... As-tu connu les devoirs de sa loi : Et n'as-tu pas franchi les bornes de la foi... Au ministre apostat donnant ta confiance ?... Auprès d'un criminel, tu cherchas l'innocence ?... Ai-je péché, grand Dieu ?... mais la nécessité Excuse devant toi cette témérité... Du salut éternel, mon unique espérance, Dans la confession je trouvais l'assurance... Tes ministres intacts, persécutés, errants... J'attendais sans espoirs leurs avis consolants... Du prêtre l'apostat gardant le caractère, J'ai, connaissant ma mort, droit à son ministère... Je sens naître, en mon âme, un sentiment plus doux. Quel sublime transport ?... la voix de mon époux Se fait entendre... "Au ciel, généreuse martyre, Tu vas trouver la paix, que ton esprit désire... Tes bourreaux par leur rage, assurent ton bonheur. Sains époux, aujourd'hui deviens mon protecteur : Je t'implore... Ô mon fils ? Ô ma soeur ? Ô ma fille ? Ô restes malheureux de toute la famille, Frères, qui gémissants dans un autre climat, Cherchez à réparer les malheurs de l'État ? Ô vous, Condé, Bourbon, dont le mâle courage Oppose des héros aux fureurs de la rage ? Noblesse infortunée ? Et vous zélés sujets, Dont le fer des bourreaux étouffe les regrets ?... Mon époux est au ciel... Dieu l'écoute... il demande... Faites, en l'implorant, ce que l'honneur commande. Venez : donnez l'espoir à votre jeune Roi, De rétablir enfin et l'empire et la foi... Je laisse à vos vertus le soin de son enfance... Vainquez et pardonnez : c'est la noble vengeance. Je les vois... approchez... Messieurs, ne tardez pas À m'annoncer le jour et l'heure du trépas. J'attendais : parlez : je suis prête à l'entendre. L'Univers répondra qu'ils ne peuvent confondre Une Reine de France avec des scélérats. De ces crimes prouvés quels sont les résultats ? Les uns sont des vertus : les autres improbables, Dans vos représentants, dénoncent les coupables... Le monde entier vous voit : ma mort est le signal, Qui doit à vos projets porter le coup fatal... Au milieu du Sénat régnera la discorde : Il parviendra bientôt au comble du désordre. Devenant, l'un pour l'autre, un horrible bourreau, Leurs corps inanimés rougiront l'échafaud... Cherchant à s'aveugler sur leurs crimes infâmes, Ils diront aux Français que leurs corps n'ont point d'âmes. La mienne est à ce Dieu que vous méconnaissez... Il m'attend... Le ciel s'ouvre... Hâtez-vous : finissez. Quel est-il ? Ingénieux effort d'une aveugle fureur ?... L'homme injuste peut bien ordonner le supplice : Mais, le déshonneur, il ne vient que du vice. Achevez. Ah ? Toute la nature Doit frémir ?... Un arrêt, qui détruit la pudeur ?... Des moeurs du citoyen tribunal corrupteur ? N'était-ce pas assez d'immoler ta victime ?... Hé quoi ?... pour assouvir la rage qui t'anime : Fouler aux pieds ?... grand Dieu ?... Le respect des païens... La pudeur n'est donc plus la vertu des chrétiens ? Que dis-je des chrétiens ?... non, non, l'enfer les guide ?... L'assassin de son Roi est aussi déicide... Cet horrible tourment ajoute à mon espoir : Dieu récompense au ciel. Me permet-on de voir Mes enfants et ma soeur ? Ah ? Ce sacrifice Est le seul douloureux. Entre tes mains, mon Dieu, je dépose mon âme. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_MADAMEROYALE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madameroyale Ah ? Maman ? Ah vivez ? Vous aurez notre amour Mon aimable maman, devons-nous l'avertir ? Ah ? je n'ai qu'un seul mot à vous dire. Que je voie maman pour la dernière fois ? Ma tante ? Hélas ?... Jamais... Jamais... jJ ne verrai ma mère ? Ne m'abandonnez pas. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_SIMON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_simon Hé ? Pourquoi souffrez-vous ces chauds embrassements Réservés, dans nos lois, à deux tendres amants ? Quelle horreur ? De son fils, une mère amoureuse ? La preuve en est acquise : elle est incestueuse. Cessez, cessez ce ton plaintif et lamentable : Les pleurs ne sauvent pas une femme coupable : J'emmène votre fils... le salut de l'État L'exige. Chargé par le Sénat d'un enfant indocile Qu'instruisit une mère à feindre trop habile, Je ne puis, citoyens, qu'avec précaution Et lentement, changer son éducation. Il annonce pour elle une folle tendresse : Il pousse des sanglots, il l'appelle sans cesse : En vain par ma douceur j'ai voulu le charmer : Mes discours enchanteurs ne peuvent le calmer... Que dois-je faire encore ? Vos conseils salutaires, Dans cet évènement, deviennent nécessaires. Antoinette gémit, et demande à le voir. Croyez à ma prudence. Pour l'accuser déjà mon plan est préparé : (Car je suis, comme vous, de son sang altéré.) Disant qu'avec son fils un crime abominable La rend à l'Univers à jamais exécrable : Mon récit appuyé sur ma conviction : Assure à mes désirs sa condamnation. Quand le peuple consent, nos lois en vérité, Pour condamner à mort, changent l'absurdité : L'auguste tribunal juge avec assurance : Quand d'un bon citoyen il voit la conscience... Pour être de l'État le sublime vengeur, Je puis témoigner faux, et n'être pas menteur. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_SANTERRE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_santerre J'ai battu les brigands : Ma troupe, sans effort, a culbuté les rangs. Ils étaient tous détruits, une terreur panique A rendu du soldat la main paralytique. Nous avons, en pliant, malgré les trahisons, Conserve le courage, et sauvé des canons. Mes plans étaient dressés : dans deux jours, cette race, Tombant à mes genoux, allait demander grâce... Mais le peuple m'appelle : à sa voix, un héros Quitte tout, et son corps ne prend aucun repos. Tout est-il bien prévu ? Citoyen, croyez-vous, Que je puisse sans crainte, et sans danger pour nous ?... Le peuple la voit grande : et je dois vous le dire, Avec ce calme froid que l'innocence inspire, Antoinette, bravant les décrets du Sénat, Sur son malheureux sort fait jaillir quelque éclat... Des yeux mouillés de pleurs me causent des alarmes. J'ai le coeur assez fort pour commettre un grand crime. Assurez vos amis De l'entier dévouement que Santerre a promis... Ah ? Qu'il est doux pour moi de conduire au supplice D'un tyran raccourci la femme et la complice ?... Je pourrai donc enfin promener mes regards Sur son sang répandu, sur ses membres épars ?... Je voudrais avec elle égorger cette fille... Ce monstre Élisabeth, et toute la famille. Abreuver de son sang, et régaler Paris, Des coeurs fumants encor des frères de Louis ? Je cours où le devoir M'appelle : dans l'instant je vous ferai savoir, Quels sentiments au peuple inspire la présence De l'infâme Antoinette : et si c'est l'indulgence, Alors n'écoutant plus qu'un noble désespoir, Je la poignarderai : voilà tout mon espoir... S'il ne peut la frapper, il sera pour Santerre : Un des deux, en ce jour, rentrera dans la terre : J'en jure par ce fer, par l'ombre de Marat. Par ordre du Sénat, livrez-nous cette infâme. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_LEGEOLIER *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_legeolier Tout est plein. Il reste un souterrain, Cloaque infect, humide : il serait inhumain... Il inspire l'horreur : C'est un tombeau. Voyez, supportez-vous l'odeur ? Vivra-t-elle au milieu de vapeurs empestées ? Mais personne Ne veut entrer. La fange... Je frissonne... Je suis perdu... Comment placer un lit ? Hélas ? Ah ? J'éprouvais un étrange embarras. Arrivant en ces lieux, elle vivait à peine. Nous l'avons jetée là, sans pouls et sans haleine. Je craignais que la mort, en creusant son tombeau, N'enlevât cette femme à la main du bourreau. Sa vie m'a paru de si grande importance, Qu'en ces lieux j'ai fixé mon utile présence. Il est juste, il est sage. Ah ! Comment la vengeance De quelques scélérats a-t-elle armé la France ? Comment, depuis quatre ans, sans autel et sans loi, Peut-elle ne pas voir qu'elle a besoin d'un Roi ?... Comment dans ses forfaits puis-je tremper moi-même, Et lutter si longtemps contre le diadème ? Comment tout le mépris que j'ai pour le Sénat Ne m'éloigne-t-il point du plus noir attentat ?... Il est trop tard... chargé d'une pesante chaîne, Je dois suivre en tremblant le torrent qui m'entraîne. Massacrons. À cet ordre cruel Ne dois-je rien changer ? Antoinette, l'autel Est préparé. Tu vas, ô sublime victime, Mourir dans les tourments, dans l'opprobre, et sans crime ? Et moi ?... Hélas ? Que suis-je ? Un servile instrument, Qui ne peut soulager le sort de l'innocent ?... Si le hasard, enfin se déclarant pour elle, Dissipait à ses yeux cette horde cruelle ?... Si, retournant encor à son premier état, Elle vengeait la France, en jugeant le Sénat ?... Que deviendrais-je ?... Ô toi, puissance que j'implore, Développe à mon coeur l'avenir que j'ignore. Destin, âme du monde, et maître de mon sort, Toi, qui files nos jours, et nous donne la mort ? Destin ?... Car si, d'un Dieu, je croyais l'existence, J'irais, avec mon corps, couvrir son innocence... Cependant je suis seul : le désir de la voir Me fait en ce moment, oublier le devoir. Mon âme à ses malheurs, malgré moi, s'intéresse... Je ne puis résister au désir qui me presse... Incomparable femme ? Elle ne gémit pas ?... Ses yeux fixent le ciel ?... Elle y porte ses bras ?... Ô sublime entretien ?... Elle nomme son ange, Son Dieu, sa foi, les saints ?... Mais si je la dérange... Si ses yeux languissants ont trouvé le sommeil... Troublerai-je sa paix par un affreux réveil ?... Antoinette. Mais votre délivrance est peut-être possible ? Votre grandeur m'étonne. Dans l'excès du malheur, sans consolation, Hé ? Qui donc vous soutient ? Antoinette, à mes yeux que je suis méprisable ? Que fais-tu misérable ? Tu me perds ? C'en est fait... il faut donc déposer Contre elle, malgré moi, pour pouvoir me sauver ?... Inutiles remords ?... je manque de courage... Par de nouveaux forfaits réveillons notre rage... De ces horribles lieux, imprudent, sauve-toi. Je vais les prévenir. **** *creator_saintaignan *book_saintaignan_martyremarieantoinette *style_verse *genre_tragedy *dist1_saintaignan_verse_tragedy_martyremarieantoinette *dist2_saintaignan_verse_tragedy *id_TRONSON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_tronson N'espérons point. La voix de l'innocence Est proscrite : et devient un crime en leur présence. Je parlais avec force : ils ne m'écoutaient pas. Mes courageux travaux produiront mon trépas. Oui... tous ces défenseurs supporteront la peine, D'avoir oser parler en faveur d'une Reine... Je serai donc couvert d'un cruel déshonneur ?... J'éclairai, sans succès, leur horrible fureur ?... Combien dans ses refus Antoinette était sage ?... Elle voulait, sans nous, s'exposer à leur rage. Vous vous perdez, dit-elle, et ne me sauvez pas. En renonçant à moi, tirez-vous d'embarras... Ô sublime Princesse ?... Ô femme généreuse ?... Jusques dans ses tourments, je la vois vertueuse... Elle va succomber ?... mon coeur, mon triste coeur, Le reste de mes jours séchera de douleur... Comment la délivrer ? Sans force, sans puissance ?... Antoinette périt ?... et périt dans la France ?... Ses tyrans, ses bourreaux, quels sont-ils ?... des Français ?... Ingrate nation ?... Exécrable à jamais ?... Ah ? Tu ne connais pas les vertus d'Antoinette. Viens la considérer : dans sa douleur muette, Apprends avec quel calme elle attend ses bourreaux. Contemple sa pâleur, ses habits en lambeaux... Son corps exténué, privé de nourriture, A, pour se reposer, un fond de pourriture ? L'entends-tu murmurer ? Non... elle pense à toi : Et voulant ton bonheur, elle désire un Roi Pour la dernière fois, geôlier, ouvre la porte. Sa présence m'accable... sa vertu me transporte ?... Malheureux ?... Ah ? Pourquoi, si proche de la mort, Pour la persécuter, aire un dernier effort ?... Laissez dans le cachot cette femme expirante... Elle approche... Ô ma Reine ? Il est encore possible De prolonger. L'honnête homme mourant, à ce peuple inhumain, Fournit depuis quatre ans, un brillant jour de fête. Le tribunal permet, avant de prononcer, Un nouvel examen, il cherche à vous sauver. Que lui dirai-je ?