**** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_SERISAY *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_serisay Qu'avez-vous, Monseigneur ? Je vous vois tout ému. Mais, quelle est cette injure, et d'où vient tant de mal ? Modérez, Colletet, modérez ce courroux. Offenser un prélat à qui l'on doit hommage, C'est d'un homme insensé faire le personnage. Nous sommes tous contents ; la discorde est finie, Et la paix régnera dans notre compagnie : Au reste, l'heure approche ou se doit terminer La réforme des mots que nous allons donner, Et par qui nous aurons la gloire sans seconde, D'établir le français en tous les lieux du monde. Donc, pour peu de temps, allons quelqu'autre part. Vous attendiez ici cette heure fortunée Où la réforme enfin doit être terminée. Nous saurons mépriser de sots et vains murmures. Et de sa haine encore quel est le fondement ? Monsieur le Chancellier calmera son courroux. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on voit cette injustice. Eh ! Pour l'amour de moi, finissez la querelle : Soyons, soyons unis d'une amitié fidèle. Encore, Monsieur Silhon, de quoi vous plaignez-vous ? Je vois venir à nous la Sibylle Gournai ! Quel supplice, bon Dieu, m'avez-vous ordonné ! Baissez-vous, Boisrobert, et ramassez sa dent. Allez-vous-en ailleurs faire votre harangue. "Tout ainsi" que l'esprit est vague et "contournable". De même le discours doit être variable. Les termes ont le sort qu'on voit au genre humain ; Un mot vit aujourd'hui, qui périra demain. L'usage parmi nous est fort "ambulatoire". Porchères semble avoir dessein de nous parler. Vous nous voyez pensifs, mornes et taciturnes, De perdre l'intendant, de nos "Plaisirs nocturnes" ; Et vous ferez savoir, au muet orateur "Des affaires d'État", le fond de notre cour. Nous regrettons beaucoup un si grand personnage, Et ne suivrons pas moins notre important ouvrage. Nous sommes satisfaits de vos stances bacchiques, Et vous êtes reçus Buveurs Académiques. Mais de peur de vieillir à réformer les mots, Nous allons travailler. Laissez-nous en repos ; La chose qui se traite est assez d'importance. Enfin, ils sont sortis. Sans tarder davantage, Réformons les défauts que l'on trouve dans le langage, Et d'un style trop vieux, faisons-en un nouveau. Vous, parlez le premier, docte et sage Godeau. Vous êtes trop modeste ; et votre dignité... On ne saurait avoir aucune jalousie. Parlez discrètement ; Vous, Monsieur de Godeau. C'est assez disputé. Messieurs, asseyez-vous : Que quelqu'un succède à l'Évêque de Grasse ; Parlez, vous, Chapelain, sans user de préface. En matière d'État, vous savez que les rois N'ôtent pas tout d'un coup les anciennes lois ; De même dans les mots, ce n'est pas être sage, Que d'ôter pleinement ce qu'approuve l'usage. Que dira Colletet ? Grâce à Dieu, Compagnons, la divine assemblée A si bien travaillé, que la langue est réglée. Nous avons retouché ces durs et rudes mots, Qui semblaient introduits par les barbares Goths ; Et s'il n'en reste aucun en faveur de l'usage, Il sera désormais un méchant personnage. OR, qui fit l'important, déchu de tous honneurs, Ne pourra plus servir qu'à de vieux raisonneurs. COMBIEN QUE, POUR CE QUE, sont un son incommode, Et D'AUTANT et PARFOIS ne sont plus à la mode. IL CONSTE, IL NOUS APPERT, sont termes de barreau ; Mais le plaideur français aime un air plus nouveau. IL APPERT était bon pour Cujas et Barthole ; IL CONSTE ira trouver la Parlement de Dôle, Où, malgré sa vieillesse, il se rendra commun ; Par les graves discours de l'Orateur Le Brun. Du pieux Chapelain la bonté paternelle Peut garder son tombeau pour sa propre PUCELLE. Aux stériles esprits, dans leur fade entretien, On permet À RAVIR, lequel n'exprime rien. JADIS est conservé par respect pour Malherbe. Dans l'Ode il a marché, JADIS, grave et superbe ; Et de là s'abaissant aux saveurs de Scarron, Il a pris l'air burlesque et le comique ton ; Mais il demeure exclu du discours ordinaire : Vieux JADIS, c'est pour tout ce que l'on peut faire. Il faudra modérer cet indiscret POURQUOI, Et révérer le CAR, pour l'intérêt du Roi. En toutes nations la coutume est bien forte ; On dire cependant que l'on POUSSE LA PORTE. Nous souffrons NÉANMOINS; et craignons le Palais, Nous laissons NONOBSTANT en repos pour jamais. Qu'en milieu des cités, la vaine COTTERIE Au prodigue CADEAU soit toujours assortie : Et que dans le repos, ainsi que dans l'amour, Ils demeurent bourgeois éloignés de la Cour. Auteurs, mes Compagnons, qui réglez le langage, Avons-nous assez fait ? En faut-il davantage ? **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_DESMARETS *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_desmarets Je ne vois point ici Saint-Amant ni Faret : Que sont-ils devenus ? Ils sont au cabaret ! Messieurs, quelle impudence ! Vous voyez parmi nous un CHANCELIER DE FRANCE, Qui vient de son logis en ce méchant quartier, Sachant bien le respect que l'on doit à son métier ; Et ces vieux débauchés, au mépris de la gloire, Lorsque nous travaillons, font leur plaisir de boire ! Silhon s'oppose enfin. Aujourd'hui prose et vers sont une même chose. Que deviendrait sans CAR l'autorité du Roi ? Je vous connais Gombaud ; vous êtes hérétique, Et partisan secret de toute République. Du CAR viennent des lois : sans CAR, pour d'Ordonnance ; Et ce ne serait plus que désordre et licence. Un faiseur de romans, père de POLEXANDRE, À corriger les fous n'a pas droit de prétendre. Puisque CAR est sauvé laissons le reste en paix, Et faisons une loi qui demeure à jamais. « Les Auteurs assemblés pour régler le langage, Ont enfin décidé dans leur aréopage : Voici les mots soufferts, voici les mots cassés... » Monsieur de Serisay, c'est à vous : prononcez. À ce divin arrêt, des arrêts le plus beau, Je m'en vais tout à l'heure apposer le grand sceau. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_GODEAU *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_godeau Et quoi ! Chers nourrissons des filles de Mémoire, Qui sur les temps futurs obtiendrez la victoire ; Beau mignons de Pallas, vrais favoris des Dieux ; Vous n'êtes pas encore arrivés en ces lieux ! Seriez-vous bien si tard assis encore à table ? Non, les plus grands festins n'ont pour vous rien d'aimable... Mais voici Colletet qui hâte un peu le pas ; Je l'ai toujours connu sobre dans ses repas. Bonjour, cher Colletet. Nous sommes tous égaux, étant fils d'Apollon. Levez-vous Colletet. Rien de saurait changer le commerce entre nous : Je suis évêque ailleurs, ici Godeau pour vous. Attendant nos Messieurs, que nous faudra-t-il faire ? Parlons comme autrefois, avecque liberté. Vous savez, Colletet, à quel point je vous aime. Oh bien, seul avec vous ainsi que je me vois, Je vais prendre le temps de vous parler de moi. Avez-vous vu mes vers ? Manquai-je en quelque endroit à garder la césure ? Y peut-on remarquer une seule hiature ? Suis-je par scrupuleux à choisir les mots ? Ne fais-je pas parler chacun fort à propos ? Le decorum latin, en français bienséance, N'est si bien observé nulle part, que je pense. Colletet, je me loue, il le faut avouer ; Mais c'est fort justement que je me puis louer. On se flatte souvent : mais, si je ne m'abuse, S'attaquer à Godeau, c'est se prendre à la Muse : Et le plus envieux se verrait transporté, S'il lisait une fois mon "Benedicite" Ô l'excellent ouvrage ! Chef d'oeuvre précieux ! Que ne peut-on désirer après un tel effort ? Colletet, mon ami, vous ne fait pas mal. Colletet, vos discours sont obscurs et couverts. Colletet parle mieux qu'un homme de boutique. Parlez bas, Colletet, quand vous parlez ainsi. Vous voulez me contrainte à louer votre ouvrage ? Il le méritait bien. Mais vous en parlez mal, vous êtes en colère. Colletet, je vous trouve un gentil violon. Vous, enfant d'Apollon ? Vous n'êtes qu'une bête. Colletet m'insulter ! Qui l'aurait jamais cru ? Ma colère se passe ; et je veux, sans murmure, En prélat patient endurer cette injure. Hé bien, cher Colletet, je ferai davantage ; Vous serez reconnu pour un grand personnage. Soyons, je vous conjure, amis de bonne foi, Et vous saurez écrire et parler mieux au moi. Qu'en tous lieux on exalte, qu'en tous lieux on chante De notre Colletet "La Cane barbotante" ; Ces beaux vers que le temps ne saurait effacer, Et qu'un grand Cardinal voulut récompenser : C'est là que Colletet si vivement explique Du canard amoureux la Vénus aquatique, Qu'au sens de Richelieu le Roi ne pourrait pas De tout l'or du royaume en payer les appas. Qui croirait, Monseigneur, que ces enchanteresses, Que les neuf belles soeurs, nos divines maîtresses, Vinssent ici flatter nos esprits et nos sens, Si vous n'aviez aimé leurs charmes innocents ? Ils sont au cabaret. Je vois entre Faret suivi de Saint-Amant. C'est m'obliger beaucoup ; et cette déférence Serait dûe à quelqu'autre avec plus d'apparence. Je reçois cet honneur sans l'avoir mérité ; Je le dois purement à votre courtoisie. Je dirai donc, Messieurs, qu'il est très important. D'ôter de notre Langue OR, POURCE QUE, D'AUTANT ; C'est là mon sentiment. Vous me voyez attendre Que quelqu'Émulateur s'apprête à les défendre. Je dis premièrement, Que ces mots sont usés, qu'ils tombent de vieillesse ; Et d'ailleurs il s'y trouve une grande rudesse. Le premier sent l'école et tient trop du pédant ; Et tous ont trop vécu. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_GOMBAUD *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gombaud Qu'à dire des chansons qui vantent la liqueur Dont le poète Bacchus réjouit votre cour. Je dis que la coutume assez souvent trop forte, Fait dire improprement que l'on "ferme la porte". L'usage tous les jours autorise des mots, Dont on se sert pourtant assez mal à propos. Pour avoir moins froid à la fin décembre, On va "pousser la porte", et l'on "ferme sa chambre". Beau titre que le CAR, au suprême pouvoir, Pour prescrire aux sujets la règle et le devoir ! Je suis fort bon sujet, et le serai toujours ; Prêt de mourir pour CAR, après un tel discours. Je demande pardon, si trop mal à propos, J'ai parlé contre un mot qui maintient le repos. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_GOMBERVILLE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gomberville Que ferons-nous, Messieurs, de CAR et de POURQUOI ? Le Roi sera toujours ce que le Roi doit être, Et ce n'est pas un mot qui le rend notre maître. L'effort de votre esprit en chose imaginaire, Vous rendra, Desmarets, un grand visionnaire. Le POÈTE, le VAILLANT, le RICHE, l'AMOUREUX, Feront de leur auteur un aussi grand fou qu'eux. Et le POURQUOI, Messieurs ? **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_CHAPELAIN *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_chapelain Tandis que je suis seul, il faut que je compose Quelqu'ouvrage excellent, soit en vers, soit en prose. La prose est trop facile, et son bas naturel N'a rien qui puisse rendre un auteur immortel ; Mais d'un sens figuré la noble allégorie Des sublimes esprits sera toujours chérie. Par son divin pouvoir, nos esprits triomphants Passent de siècle en siècle et bravent tous les ans. Je quitte donc la prose et la simple nature Pour composer des vers où règne la figure. "Qui vit jamais rien de si beau," (Il me faudra choisir la rime "flambeau") "Que les beaux yeux de la Comtesse ?" (Je voudrais bien aussi mettre en rime déesse.) " Qui vit jamais rien de si beau Que les beaux yeux de la Comtesse ? Je ne crois pas qu'une déesse Nous éclairât d'un tel flambeau. Aussi, peut-on trouver une âme Qui ne sente la vive flamme Qu'allume cet oeil radieux ?" Radieux me plaît fort : un ciel plein de lumière, Et qui fait sur nos cours l'impression première, D'où se forment enfin les tendresse d'amour. Radieux ! J'en veux faire un terme de la Cour. " Sa clarté qu'on voit sans seconde; Éclairant peu à peu le monde, Luira même un jour pour les Dieux." Je ne suis pas assez maître de mon génie ; J'ai fait sans y penser, une cacophonie : Qui me soupçonnerait d'avoir mis "peu à peu" ? Ce désordre me vient pour avoir trop de feu. "Qui ne vit jamais rien de si beau Que les beaux yeux de la Comtesse ? Je ne crois point qu'une déesse Nous éclairât d'un tel flambeau. Ainsi peut-on trouver une âme, Qui ne sente la vive flamme Qu'allume cet oil radieux ? Sa clarté qu'on voit sans seconde S'épand déjà sur tout le monde, Et luira bientôt pour les dieux." Voilà ce qui s'appelle écrire avec justesse ! Et ce qui m'en plaît plus, tout est fait sans rudesse ; Car tout ouvrage fort a de la dureté, Si par un art soigneux, il n'est pas ajusté. "Chacun admire en ce visage La lumière de deux soleils : Si la nature eut été sage, Le ciel aurait dit deux pareils." Que voilà de beaux vers ! L'auguste poésie ! Phoebus éclaire encore un peu ma fantaisie : "Divin père du jour, qui maintiens l'univers, Donne-moi cette ardeur qui fait faire des vers ; Ranime mes esprits, et dans mon sang rappelle La féconde chaleur qui forma LA PUCELLE. Par l'épithète alors je me rendis fameux : Alors le mont Olympe a son pied sablonneux ; Alors, hideux, terrible, affreux, épouvantable, Firent de mes écrits un effet admirable. Divin père du jour, qui maintiens l'univers, Redonne-moi l'ardeur qui fit faire ces vers." "Le teint qui paraît sur sa face Est plus uni que n'est la glace, Plus clair que le ciel cristallin : Où trouver un pinceau qui touche Les charmes de sa nouvelle bouche, Et l'honneur du nez aquilin ?" Cette comparaison me semble assez bien prise : Il n'est plus uni qu'un cristal de Venise ; Et les cieux qui ne sont formés d'aucun métal, Pourraient, à mon avis, être faits de cristal. "Aquilin" ne vient pas fort souvent en usage, Mais il convient au nez du plus parfait visage ; Tous les peintres fameux veulent qu'un nez soit tel : Oublier "Aquilin" est un péché mortel. "Chacun admire ce visage La lumière de deux soleils : Si la nature eut été sage Le Ciel en aurait deux pareils. Le teint qui me parait sur sa face Est plus uni que n'est la glace, Plus clair que le ciel cristallin : Où trouver un pinceau qui touche Les charmes de sa nouvelle bouche Et l'honneur du nez aquilin ?" Ainsi peignaient les Grecs des beautés achevées, De l'injure des ans par leurs écrits sauvés. Je n'ai fait que vingt vers, mais tous vers raisonnés, Magnifiques pompeux, justes et bien tournés. Par un secret de l'art d'une grande déesse, J'oppose les appas à ceux de ma comtesse ; Et des charmes divins dans opposition, Je fais vois la confusion. Quand à l'autre couplet, j'y reprends la nature, Qui des corps azurés a formé la structure, De n'avoir su placer à ce haut firmament Qu'un soleil seulement. La comtesse en a deux; c'est au ciel une honte Qu'un visage ici bas en soleils le surmonte. J'achève heureusement : il me fallait finir ; Aussi bien nos auteurs commencent à venir. Depuis plus de huit ans nous attendons ce jour Où doit être réglé tout langage de Cour. Mais que les ignorants vont nous dire d'injures ! C'est Silhon irrité contre l'Académie, Et prêt à la traiter de mortelle ennemie. Nous réformons un nom propre au raisonnement, Il laissera sans « OR » tous discours politiques ; Et n'écrira jamais des affaires publiques. Silhon est violent, s'il parle contre nous... Vous voyez les choses futures, Malgré les nuits les plus obscures Qui couvrent le bien de l'État, Vous voyez tout ce qu'il faut faire, Au rebours du sens populaire, Pour maintenir le potentat. Et, si je ne me trompe, ils ont bu largement. Il ne vous reste plus qu'à parler de la guerre, Qui, dans les cabarets, se fait à coups de verre. Il est bien échauffé : qu'on lui tâte le pouls. IL CONSTE, IL NOUS APPERT, sont termes de barreau, Que leur antiquité doit porter au tombeau. Horace les fait naître, et puis les fait mourir ; Sans quelque métaphore, on ne peut discourir. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_SAINTAMANT *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_saintamant Faret, qui ne rirait de notre Académie ? A-t-on vu de nos jours une telle infamie ? Passer huit à dix ans à reformer six mots ! Pardieu, mon cher Faret, nous sommes de grands sots ! Oui, mais je n'aime que monsieur de Godeau, Excepté ce qu'il fait, ne trouve rien de beau ; Qu'un fat de chapelain aille en chaque ruelle, D'un ridicule ton réciter sa PUCELLE ; Ou, que dur et contraint en ses vers amoureux, Il fasse un sot portrait de l'objet des ses voeux ; Que son esprit stérile et sa veine forcée Produisent de grands mots qui n'ont sens ni pensée. Je voudrais que Gombaud, L'Estoile et Colletet, En prose comme en vers eussent un peu mieux fait ; Que des "Amis rivaux" BoisRobert ayant honte, Revint à son talent de faire bien un conte. Enfin... Il faut se retirer, et lui quitter la place : Nous reviendrons tantôt. Allons, mon cher Faret, Trouver, proche d'ici, quelque bn cabaret. Pour tout emploi chez vous, Seigneurs Académiques, Nous serons vos buveurs et vos poètes bacchiques. Prenez soin de notre langage, Auteurs polis et curieux, Et nous laisser le doux usage D'un vin frais et délicieux. Que d'Apollon la docte troupe Vieillisse à réformer les mots ; Celle de Bacchus, dans la coupe, Ira cherche sa joie et trouver le repos. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_HABERT *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_habert Condamner NÉANMOINS ! D'où vient cette pensée ? Colletet, avez-vous la cervelle blessée ? NÉANMOINS ! Qui remplit et coule doucement ; Qui met dans le discours un certain ornement... Pour casser NONOBSTANT, c'est un méchant office, Que nous nous rendrions dans les cours de Justice. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_COLOMBY *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_colomby Malherbe ne vit plus, Bertaut n'est plus au monde ; D'ignorance et d'erreur toute le terre abonde. Vous savez que j'avais auprès du Potentat La charge d'Orateur des affaires d'État. Or, n'étant point payé de mes appointements. Je fais faire leçon aux gens de nos provinces Du peu de gain qu'on fait au service des Princes. Aux auteurs assemblés prenez le soin de dire Que, las de mes emplois, enfin je me retire. Vous direz de ma part, sans aucune autre forme, Qu'au lieu de réformer les mots, je me reforme. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_FARET *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_faret Tant sots qu'il vous plaira : mais les premiers de France Sont les admirateurs de notre suffisance. Quoi ! Trouvez-vous mauvais que de pauvres auteurs Devant les ignorants s'érigent en docteurs ? S'ils peuvent se donner du crédit, de l'estime, L'erreur des abusés n'est pas pour eux un crime. Après tout, où trouver de ces rares savants, Dont le nom immortel percera tous les ans ? Si pour l'Académie il faut tant de science, Vous et moi pourrions bien ailleurs prendre séance. Vous avez tort de mépriser Godeau ; Il a l'esprit fertile, et le tour assez beau : Tout le défaut qu'il a, soit en vers, soit en prose, C'est qu'en trop de façons il dit la même chose. L'Estoile fait des vers avec le Cardinal : Colletet est bon homme, et n'écrit pas trop mal ; Bois-Robert est plaisant autant qu'on saurait l'être ; Il s'est assez bien mis dans l'esprit de son maître ; À tous ses madrigaux il donne un joli tour, Et feraient des leçons aux Grecs de leur amour. Baudoin fait des vers au-dessous des images, Mais "Davila" traduit est un de ses ouvrages. Gombault, pour un châtré, ne manque pas de feu... J'entends quelqu'un qui monte ; arrêtons nous un peu : Je commence à le voir ; c'est l'Évêque de Grasse. Nous perdons le respect, mais, ô grand chancelier ! Vous aurez la bonté de vouloir l'oublier. Si l'esprit de la suffisance, Si l'avantage de raison Ne paraissent pas dans l'enfance, Et demeurent comme en prison, C'est qu'on suce le lait d'une pauvre nourrice : Et dieu qui conduit tout sagement à sa fin, De nos divins talents réserve l'exercice Pour le temps précieux que nous buvons du vin. Nous nous tairons. Si nous vous offensons, Monsieur le Chancelier, Vous aurez la bonté de vouloir l'oublier. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_BAUDOIN *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_baudoin Pour mes traductions c'est un mot nécessaire ; Et si l'on s'en sert mal, je n'y saurais que faire. Sans lui, comment rimer si bien à PARADIS ? **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_BOISROBERT *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_boisrobert Nous allons bientôt voir un de nos mécontents Résolu de se plaindre et de nous et du temps. Faut-il un Chancellier pour calmer sa colère ? Godeau m'a répondu d'entreprendre l'affaire : Il doit attaquer « OR », qui Silhon aime tant, Aussi bien que « PARFOIS », « POUR CE QUE » et « D'AUTANT ». Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on a vu du caprice. J'aime les ignorants d'avoir tant de bonheur. Un mot qu'on veut changer lui donne le courroux. On pourrait s'en passer bien mieux que finance. À soixante dix ans, elle est encore pucelle. C'est une grosse dent qui vous était tombée Et qu'un autre que moi vous avait dérobée. Vous fûtes ennemie en tout temps du langage. Je l'avoue aisément ; et votre expérience, Nymphe des premiers ans, vaut mieux que la science. Ce sont là raisons que le démon vous dicte. Comment, vieille Gournai ; vous aimez la "vindicte" ? Qui vous fait "détracter" ? Qui vous met en "courroux" ? Superbes filles de Mémoire, Venez accroître mon ardeur ; Je vais travailler à la gloire D'une incomparable grandeur... Que le style élevé me paraît incommode ! Je n'ai pas le talent qu'il faut pour faire une ode. Messieurs, je veux ôter un terme de coquette : C'est le mot d' "à ravir". **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_LESTOILE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lestoile Il est bon en fleurette. Cet et cent faux galants en leur fade entretien, De ce mot d'À RAVIR se servent assez bien : Et principalement dans les amours de ville, À RAVIR se rendra chaque jour plus utile. Je ne saurais souffrir le vieux AUPARAVANT, Qui se trouve cent fois à la place d'AVANT. Peut-être voudrez-vous garder encore JADIS ? PARADIS est un mot ignoré du Parnasse, Et les "Cieux", dans nos vers, auront meilleure grâce. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_SILHON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_silhon À dire vrai, Messieurs, c'est une chose étrange ; On a beau mériter honneur, gloire, louange, Affermir tant qu'on peut l'autorité des lois, Faire service à Dieu, travailler pour les rois, Prescrire le devoir et du peuple et des princes, Instruire un potentat à régler ses provinces, Il faut avoir l'affront de vous des esprits doux Gagner chez nos auteurs plus de crédits que nous. Les siècles, Boisrobert, sont assez différents ; On blâmait autrefois les hommes ignorants ; La science aujourd'hui donne fort peu d'estime. En savoir plus que vous, n'est pas un petit crime. Vous n'avez pas manque d'acquérir cet honneur. C'est un mot, il est vrai, mais de grande importance. Il est pourtant utile et le sera toujours. On trouve bien sa place en de graves discours. En affaire, au barreau, dans la théologie, « OR » est fort positif et de grande énergie. Elle mérite bien que vous fassiez cas d'elle. Montagne en perdit une, âgé de soixante ans. Inepte sentiment ! Absurde vision ! Ces mots mènent enfin à la conclusion : L'un sert à résumer, comme à la conséquence ; Les autres, à prouver des choses d'importance. Qu'ils soient bannis des vers et conservés en prose. J'estime en Chapelain la bonté de nature, Qui veut donner aux mots même la sépulture. Les mots peuvent mourir, mais jamais métaphore N'avait dressé TOMBEAU pour de tels mots encore. **** *creator_saintevremond *book_saintevremond_comediedesacademiciens *style_verse *genre_comedy *dist1_saintevremond_verse_comedy_comediedesacademiciens *dist2_saintevremond_verse_comedy *id_COLLETET *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_colletet Grand Évêque de Grasse, Dites-moi, s'il vous plaît, comme il faut que je fasse. Ne dois-je pas baiser votre sacré talon ? Votre magnificence Me permet, Monseigneur, une telle licence. Très révérend Seigneur, je vais donc vous complaire. Je suis prêt à obéir à votre volonté. Seigneur, votre amitié m'est un honneur extrême. Vos vers ! Je les adore. Je les ai lus cent fois, et je les lis encore ; Tout en est excellent, tout est beau, tout est net, Exact et régulier, châtié tout-à-fait. Vous êtes de ceux-là qui peuvent dans la vie Mépriser tous les traits de la plus noire envie : Vous n'aviez pars besoin de votre dignité, Pour vous mettre à couvert de la malignité. Ô la pièce admirable ! Merveille incomparable. Qui n'en sera content, aura, ma foi, grand tort. Mais, sans parler de moi trop à son avantage, Suis-je pas, Monseigneur, assez grand personnage ? Moi, je prétends traiter tout le monde d'égal, En matière d'écrits : le bien est autre choses ; De richesse et de rang la fortune dispose. Que pourriez-vous encore reprendre dans mes vers ? Il est certain que j'ai le style magnifique. Ah ! Le respect m'échappe. Et mieux que vous ainsi. C'est vous, Monsieur Godeau, qui me faites outrage. J'ai tant loué le vôtre ! Je le trouve fort plat, pour ne vous celer rien. Si j'en ai dit du bien, c'était pour vous complaire. Nous sommes tous égaux, état fils d'Apollon. Et vous, Monsieur Godeau, vous me rompez la tête. Traiter un vieil auteur avec cette infamie, C'est affronter en moi toute l'Académie. "Colletet, mon ami, vous ne faites pas mal ; Vous parlez un peu mieux qu'un homme de boutique," Et mieux que vous, Godeau ; car, enfin, je m'explique Et notre Directeur le saura comme vous. Je sais bien respecter Godeau comme prélat ; Mais Godeau comme auteur, je le trouve fort plat. Moi, je veux recevoir la satisfaction Du tort qu'a pu souffrir ma réputation. Ô, d'un humble prélat patience parfaite ! Il parle d'endurer l'injure qu'il a faite. Pardonner à des gens que l'on a maltraités, Ce sont du bon Godeau les générosités. Ordonnez, Monseigneur, ce qu'il faut que je fasse ; J'ai plus failli que vous, et je demande grâce. Que partout on exalte et partout soit chanté De ce divin prélat le benedicite. Ô l'ouvrage excellent : Ô pièce admirable ! Chef d'oeuvre précieux ! Merveille incomparable ! Que partout on exalte, et partout soit chanté De ce divin prélat le BENEDICITE. Monsieur le Chancelier ne doit venir que tard. Le plus grand de mes soins Est d'ôter NONOBSTANT, et casser NÉANMOINS.