**** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_dom-jean-de-carcame *date_1642 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_domjeandecarcame Hé bien, es-tu content puissant Maistre des Dieux, Conessant le sujet qui m'amene en ces lieux ? Ay-je enfin satisfait à ta juste colere ? Et puis-je desormais esperer de te plaire ? Je le confesse Amour, j'ay bravé ton pouvoir, Tes effets jusqu'icy n'avoient pû m'émouvoir, J'ay devant tes sujets ta gloire⁎ méprisée, J'ay fait de ton carquois un objet de risée, J'ay renversé ton trône, abatu tes autels, Je t'ay mesme tiré du rang des immortels, Et ne t'avois placé que dans la fantaisie⁎ De ceux qui sont ateints d'un peu de frenesie⁎ : Mais puisque je pechois par une aveugle erreur, Tu devois moderer l'excés de ta fureur, Et pour rendre pareil le châtiment au crime, N'ajoûter point la honte à ce joug qui m'oprime. S'il me faloit servir ces illustres beautés, Où la naissance est jointe aux rares qualités, Bien loin d'en murmurer je benirois mes chaines, Et ferois mon bon-heur des tourmens et des génes, Car enfin il est vray qu'il n'est rien de plus doux Que de se voir l'objet de leurs aimables coups, Que nôtre ame est heureuse alors qu'elle en soupire ! Et que cet esclavage est plus beau qu'un empire ! Mais qu'une Egiptienne ait rangé sous sa loy Ce cœur ambitieux, ce cœur digne d'un Roy, O mortelle infamie ! ô honte irréparable ! Par là tu prouves mieux ton pouvoir redoutable Que si tu deplyois tes plus puissans ressors, Et tu parois plus fort par ces febles effors, Il est, il est d'un Dieu, de prendre d'une offence Par un moyen si bas, une haute vengeance. Si bas, ha crime encor plus noir que le premier ! Peux-tu m'avoir ouy, Ciel, sans me foudroyer ? Profane qu'ay-je dit ? pardonne moy bel Ange, Tu ne brilles pas moins pour estre dans la fange, La terre a ses tresors, la nuit a son Soleil, L'éclat du diamant est par tout sans pareil, La rose est toujours rose au milieu des espines, Enfin, tout sert de lustre à tes beautés divines. Precieux instrument des nobles passions, Brillant fourier d'amour de toutes nations, Favorable enchanteur⁎ dont la force des charmes Peut des plus chastes mains faire tomber des armes, Ame de l'Univers qui fais tout, qui peux tout, Par qui de toute chose on peut venir à bout, Metal incorruptible, et qui peux tout corrompre, Puisqu'il n'est rien si fort que tu ne puisse rompre, Qu'un Dieu mesme implora ton pouvoir souverain, Et n'entra que par toy dedans la tour d'airain, Tu peux bien faire moins, seconde⁎ ma licence, Et fay moy triompher d'une jeune innocence. La voicy, Dieux ! je tremble à son divin aspect, Et je sens ce desir qui se change en respect. Amour soutien ta cause. Ha que cet Astre brille ! O favorable augure ! Viens-tu de quelque espoir consoler ma langueur, Et moderer le feu que tu meis dans mon cœur ? Répons en ma faveur une bonne parole. Ha ! ne me flate plus de cette erreur comune, De toy seulle depend l'une et l'autre fortune⁎, Et mon sort si tu veux, soit doux, soit inhumain, Se lira dans tes yeux beaucoup mieux qu'en ma main. Ne reconois-tu pas ce Dom Jean de Carcame ? C'en est le corps au moins qui vient joindre son ame, Son ame que tu pris... Où ta rare beauté mit en sa place un Dieu, A Seville en un mot, ha ! c'est trop méconétre L'Amour que dans ton sein tes beaux yeux firent naitre, Là tu ravis mon cœur que je t'allois offrir, Et commenças dés lors à me faire souffrir, Garde le bien ce cœur, ce larcin m'est aimable, Je gaigne en cette perte un bien inestimable, Et si tous mes tresors te pouvoient contenter, En voicy quelques-uns que je viens t'apporter. Recoy les avecque l'asseurance De posseder le reste. Si tu veux approuver ma constante amitié⁎. Ouy, si quelque faveur⁎ répond à mon envie, Sans mener plus long-temps cette honteuse vie, Je vous mets toutes deux au faiste du bon-heur, Et je vous fay passer de l'opprobre à l'honneur. Ha ! banny ce penser, Le garder un moment, c'est beaucoup m'offenser : Mets là ta belle main, et sois toute asseurée D'une foy, d'une amour d'eternelle durée. Amour dans le besoin⁎ sçait faire des miracles. Douter de ma constance⁎, ha ! mon cœur conoy mieux Le pouvoir de ma flame, et celuy de tes yeux. Propose si tu veux à mon ame asseurée Les perils encourus pour la Toison dorée, Rien ne peut étonner⁎ mon amour courageux, Tout m'est doux, tout m'est beau, tout m'est avantageux⁎: Bref le Ciel m'est témoin qu'avec ma Precieuse Toute condition me sera glorieuse, Et je triompheray de toutes ses rigueurs, Pourveu qu'un chaste hymen⁎ unisse un jour nos cœurs. Vivray-je en esperance ? Je conclus avec eux, ayant sceu vôtre route, De voyager en France, et m'en suis separé Sous ce pretexte faux qui me tient assuré, La guerre en fut un autre à m'exenter de suite. Ouy. Il la faut achever, ne perdons point de temps, Pour ma réception préparés tous vos gens, Tandis que je feray transporter dans vos tantes. Tout mon équipage, en serés vous contente ? En m'atendant garde toujours cecy. C'est assés, à Dieu, je t'obéis. A peine mon vaisseau s'éloigne du rivage, Qu'un Neptune jaloux veut exciter l'orage, A peine dans la lice ay-je fait quelques pas, Qu'un fantôme importun me dit, ne poursui pas, Et lâche que je suis presque dans la bonace, Je cede au moindre effort du vent qui me menace, Et mon cœur infidelle apres un juste choix, Veut ce semble obeïr à cette injuste voix. Quel demon d'interest en mes routes divines Seme confusément la fange et les espines, Et pour me détourner d'un but si souhaité, Oppose l'infamie et la difficulté ? Forçons, forçons, mon cœur, ce rempart inutile, Rien n'est aux vrais Amans honteux ni difficile. Insolens ennemis de mon affection, Rang, honeur, qualité, naissance, ambition, Adieu, retirés-vous, sortés de ma pensée, De vos lâches conseils mon ame est offensée, En vain vous combatés ce vainqueur que je sers, Qui me donte à ma gloire, et m'honore en ses fers. Quel noble sentiment, partisan de ma flame, Me fait voir glorieux⁎ ce que je crûs infame⁎ ? Et quels nouveaux rayons ont si-tost dissipé Les vapeurs dont mon cœur étoit envelopé. Je sens qu'il est plus calme, et mon ame éclairée Dans ce beau champ d'Amour marche plus assurée. Le Ciel rit à mes vœux, l'air me semble plus dous. C'est l'effet du Soleil qui s'approche de nous. Mais veut-on m'honorer d'une faveur⁎ si grande ? Hé ! mon ame à quoy tant de soupçons ? J'ay remis en tes mains et mon sort et ma vie, Tu peux en disposer au gré de ton envie. Le dessein que j'ay fait de vivre sous tes lois, Doit m'élever plus haut que le trône des Rois, Juge si ma fortune en si beau lieu placée, Me peut faire dédire⁎ et changer de pensée. Le glorieux motif ! L'honorable milice ! ô Dieux qu'elle a de charmes ! Le royal passe-temps ! quel divertissement⁎ ! Et que jusques icy le métier est charmant ! Qu'on prepare mon ame à d'agreables choses. Qui ne seroit ravi de ces commodités ? Ouy certes, et le trône a beaucoup moins d'apas. Je te suis donc suspect ? Quoy dans beaucoup d'amour crains-tu peu de respect⁎ ? Non, non, engage encor mes flames amoureuses A des conditions qui soient plus rigoureuses, Mon cœur est une cire où tu ne peux imprimer Ces chastes sentimens qui te font estimer, Mais sçache que pour toy ce mesme cœur de cire Changera de nature apres ce doux martire, Et que pour mieux garder ton vouloir souverain Il deviendra plus dur que le fer ou l'airain. Ouy, ta seule presence entretiendra ma joye, Je seray trop content pourveu que je te voye, Et si l'Amour m'excite à quelque autre plaisir, Un baiser tout au plus bornera mon desir, Puis-je pas esperer ce remede à ma flame ? N'en doute plus mon ame. Et vous mon Capitaine, il me faut octroyer Un mois d'aprentissage a ce noble métier. Souffrés⁎ que dans ce temps je n'en fasse pas un, Ces quatre cens ducas⁎ départis au comun Supleront au defaut de cette main oisive, Prenés-les pour ma part du bien dont je vous prive, 635 Apres qu'on laisse faire à mes secrets effors, Mon adresse d'abord s'ataque aux coffres fors. Je le conserveray tout le temps de ma vie, Andrés, ha ! que ce nom me semble glorieux⁎, Puisqu'il m'est imposé pour servir ces beaux yeux ! Enfin j'ay le bon-heur où mon amour aspire, Mon sort est dans tes mains, je vis sous ton empire, Me voyla ton sujet, et j'ay receu tes lois, C'est trop pour égaler la fortune des Rois. Ce n'est point le pouvoir que ce titre leur donne Qui m'atache avec joye auprez de ta personne, Ce n'est point un espoir de leurs vaines grandeurs Qui contente mes sens et nourrit mes ardeurs⁎, Ce n'est point ce hazard⁎ contre qui l'on declame, Qui fait voir dans tes fers et mon corps et mon ame, C'est ce charme adorable, invisible et puissant Que forment tes atrais, et ton cœur inocent, C'est cet esprit divin dont ce beau corps s'anime, Qui s'est acquis par tout une si haute estime, C'est ce je ne sçay quoy qui brille dans tes yeux Capable d'enchanter et les Rois et les Dieux. Ainsi puisque l'Amour et ta seule puissance Me rangent aujourd'huy sous ton obéissance, Espere que ces noms et d'esclave et d'amant Ne me feront traiter que favorablement, Me le jure tu pas par la celeste flame Que ces deux Astres bruns lancent jusqu'en mon ame ? Par la reflexion de ce feu glorieux Que l'une et l'autre joue emprunte de tes yeux, Par ce vivant coral qui fait tant de miracles, Et qui rend tous les jours mille divins oracles. Me le jure tu pas par ce berceau d'Amour, Où, comme dans tes yeux, ce Dieu fait son sejour ? Par ces monts animés dont le beau privilege Peut enflamer les cœurs à l'aspect de leur nege, Et par ce noble tout, ouvrage precieux Que formerent l'Amour, la Nature et les Dieux : Mais à te voir si triste en mon bon-heur insigne⁎, Il semble que déjà tu m'en juges indigne. Que ton affliction console bien mon ame ! Que ton regret me plaist ! que ta frédeur m'enflame ! Il est donc vray, mon cœur, que ta sainte amitié⁎ Fait déjà le devoir d'une chaste moitié : Mais ne plains point mon sort digne qu'un Dieu l'envie, Et juge mieux de l'heur⁎ qui va suivre ma vie, Treuvay-je pas en toy sans forcer mes desirs Ma gloire⁎, mon repos, mes biens et mes plaisirs ? Tes yeux ne sont-ils pas des Soleils ? et ces Astres N'écarteront-ils par loin de moy les desastres ? N'ont-ils pas pour rayons mille feux petillans ? Et pour étre un peu noirs en sont-ils moins brillans ? Non, non, d'une façon qui n'est point coûtumiere Cette noirceur éclate et me rend la lumiere, Contre l'ordre du monde elle fait un beau jour, Et r'alume par tout le flambeau de l'Amour, Mais pardonneras-tu ma première licence ? D'où te vient ce papier ? que son destin est doux ! Nullement. Je le croy. Ouy certes. La faveur est extreme. Mon cœur ne crains plus rien. Il faut bien que je rie De l'agreable effet de cette tromperie, Ce sont des Vers. Je chante dans les fers mieux qu'un Egiptien, Vous me réjouissés en me donnant la géne⁎: Mais pourquoy joignés-vous le repos à ma chaine ? Suis-je si malheureux de n'étre propre à rien ? L'esclave trop oisif souffre un double tourment, Servés-vous du pouvoir que mon destin vous donne D'un employ prez de vous honorés ma personne, Et ne rejetés pas les vœux d'un pauvre amant. Voylà pour un captif parler bien librement, Mais il ne devoit pas finir si pauvrement, L'Amour est de ce mal la mortelle ennemie, Et pour un pauvre Amant je serois endormie. Mais qui t'en feroit voir sur un autre sujet ? Dissimulons. D'un jeune Gentilhomme Mon plus intime amy, qui t'aime. Son nom ne se dit pas. Pour cause, les voicy, c'est un recit pour toy, Au balet que... A ce penser il faut que je soupire, Là, mes superbes⁎ sens furent humiliés, Et ta grace à danser foula mon cœur aux piés. Tu devois à peu pres nous parler de la sorte. Il est juste, tiens donc, tu peux en rire aussi. Que t'en semble ? Je le puis assurer sans faire le flateur. Sçais-tu qui ce peut estre ? Elle s'en doute, Amour seconde⁎ son dessein. Fin du second Acte. O Dieux quelle misere ! Amy, prens patience. Non, il est tantost jour. O discours salutaire en cette extremité. Quoy déjà de retour ? Tu dois, s'il est ainsi, faire quelques effors, Pour soulager mon ame aussi bien que son corps. Tu pourois sans courir hâter mon alegeance. Sa mine et son discours me font conestre assés Que vos soins quelque jour seront recompensés. Qu'elle est intéressée ! Comment ? à ce discours je ne puis rien comprendre. Qu'est-ce donc mon soucy ? Ouy, parle, que veux-tu ? Assis entre les Dieux, et parmi l'ambroisie, Qui pouroit à present troubler ma fantaisie⁎ ? Parle-tu du blessé ? Le connois-tu d'ailleurs ? est-ce quelqu'un qui t'aime ? Point du tout. Quoy, celuy dont tantost nous avons leu des Stances ? Ha ! certes j'ay pitié de ce pauvre garçon. Enfin c'est ta conqueste, Pourquoy traiter si mal un si fidelle Amant ? Tu l'as porté peut-estre à ce déguisement. Est-ce franchise ou feinte ? Moy, jaloux, nullement. C'est estre bien cruelle. Si je pouvois un jour t'en causer en effet, Je serois bien vangé du mal que m'as fait. Un baiser tout au moins m'en fera la raison, Peut-on cueillir ce fruit en plus belle saison ? Ouy, mal-gré mon amour mon respect continuë, Mais c'est une faveur⁎ permise à mon desir. La nuit, et sans témoins elle seroit meilleure. Loin de ces beaux charmeurs qui corrompent les sens, Donnons un libre cours à nos desirs pressans, Amour, foy, complaisance, incomparable idée, Dont par enchantement mon ame est possedée, Retirés-vous comme eux, et me laissés icy Examiner à part l'objet de mon soucy, Vôtre ligue est trop forte, et cette conference Demande une severe et juste indifference, Mon cœur à vôtre aspect n'agit point librement, Bref vous estes suspects à nôtre jugement. Ce rival odieux plus conforme à sa guise, Connoist, void, parle, escrit, vient de nuit, se déguise, Et je ne croirois pas qu'un favorable aveu Au mépris de ma flame entretienne son feu ; Ha, que ta trahison visiblement éclate ! Inconstante beauté, lâche cœur, ame ingrate, Dont l'adresse perfide a caché sous des fleurs Le dangereux aspic qui cause mes douleurs. Ne suis-je descendu du plus haut rang de gloire⁎ Dans ce honteux estat qui ternit ma memoire ? Ne t'avois-je promis d'élever ton bon-heur Au faiste des plaisirs, des biens et de l'honneur ? Enfin n'ay-je engagé mes plus belles années A suivre avecque toy d'infames destinées, Que pour voir preferer à mon chaste dessein Celuy d'un suborneur qui regne dans ton sein ? Acheve d'eriger ton indigne trophée, Sur le reste mourant de ma flame estouffée, Comble-le de faveurs⁎ en me comblant d'ennuis⁎, Tout m'est indifferent en l'estat où je suis, Ton lâche mouvement vient d'arrester ma course, Et je vay remonter à mon illustre source. Mais pouray-je accomplir le projet que je fais ? Non, j'aime trop mes fers pour en sortir jamais : Impuissans ennemis du Dieu qui me maitrise, Sçavés-vous quelle chaine arreste ma franchise⁎ ? Sçavés-vous le pouvoir de ces noirs assassins , Qui me percent le cœur, et rompent vos desseins ? Si les trais⁎ et les feux vous marquent leur puissance, Que ne me rangés-vous sous leur obeissance, Et si de ces brillans vous ignorés le prix, Pourquoy me conseiller un injuste mépris ? Devés-vous pas avoir beaucoup de retenuë A dire vôtre avis d'une chose inconnuë ? Conseillers indiscrets, ou laissés-moy perir, Ou par d'autres moyens venés me secourir. Quoy donc je fay regner mon amour dereglée ? Quelle ombre, ou quel grand jour à mon ame aveuglée ? On s'offre à me tirer d'une infame prison, Et ce zele obligeant⁎ me paroist trahison, A quel point m'a reduit ma fiere destinée ? Dans cet aveuglement mon ame est obstinée, A me faire du mal je suis ingenieux, Et qui me veut aider me semble injurieux, De qui doy-je esperer un effet secourable, Puisque ma volonté ne m'est pas favorable ? Mais pour mieux profiter de ce raisonnement, Tirons de ce rival un éclaircissement, Arrachons son aveu par force ou par adresse, Et perdons puis apres le traitre et la traitresse. Camarade, dors-tu ? Hé bien, que dit le cœur ? comment vont tes morsures ? Je plains ton infortune⁎, et j'en suis bien marry. Dans trois jours au plus tard tu seras tout guery. Mais qui te presse ainsi ? quelle affaire importante Te fait marcher de nuit, et devers⁎ cette tante ? Parle. Je le tiens, ce discours l'a surpris. Répons-moy, que crains-tu ? r'appelle tes esprits, Tu peux m'entretenir avec toute assurance. Voyés qu'il equivoque, et qu'il feint bien le traitre. Plus je t'entens parler, plus je te croy conestre, Ta mine et cet estat ont trop peu de rapport, Et ce rustique habit cache un plus noble sort, Confesse. Ma pensée est trop vraye, Et me fait découvrir une nouvelle playe, Mon ame a succombé sous de plus doux effors, N'est-elle pas blessée encor plus que ton corps ? Certes, s'il est ainsi que je me l'imagine, Tu merite le bien que l'Amour te destine. Nous avons entre nous une jeune beauté, Dont l'éclat a de l'air de la Divinité, Un cœur aura receu son adorable Image, Et par son ordre exprez tu viens luy rendre hommage. Ce rare effet de ta discretion Te rend plus digne encor de son affection. Comme il prend son parti, mais allons jusqu'au bout, Il faut apres cela qu'il me declare tout. A quoy bon, découvert te cacher davantage ? Pour estre Egiptien ne croy pas que mon cœur Ignore le pouvoir de ce noble vainqueur, Je sçay bien que l'Amour porte à d'estranges choses, Et je pourois parler de ses Metamorfoses. Ne me cele donc plus ton dessein ni tes feux, La belle Egiptienne est digne de tes vœux, Bien loin de la blâmer j'estime ton adresse, Et je te veux servir auprez de ta maitresse. Apres avoir langui, enfin ce mot me tuë. Il guerit et je meurs, mais la rage m'anime, De ton rare merite elle fait grand' estime. Quoy tu t'en plains, ha ! n'en fais plus le fin⁎, Acheve d'exposer ton bien-heureux destin, Nous sommes, tu le sçais, les plus secrets du monde. As-tu de ses faveurs⁎ ? ta gloire⁎ est sans seconde, Montre-les moy, de grace, et ne me cache rien, Fay moy ton confident, je te feray le mien, Sous d'autres vestemens j'ay fait des avantures, Dignes de raconter à nos races⁎ futures, Et sans aller plus loin que ce mesme sejour, Je t'en pourois conter une du dernier jour, Qui vaut bien à mon gré la peine de l'entendre. Tu me fermes la bouche en me fermant ton coeur, Et tu me crois sans doute indiscret ou moqueur, Voy-tu ? ne couvre plus une flame apparente, Et sçache que la fille est ma proche parente, Que je vous puis servir tous deux en vos amours, Vous faisant preferer des nuits aux plus beaux jours. Ha ! ce dernier discours me redonne la vie, Mais redoublons l'épreuve, et sçachons son envie. Dy ce que tu voudras pour cacher ton dessein, Je voy ce que tous deux vous avés dans le sein, Et dedans vôtre amour mon zele s'interesse, Mais enfin la veux-tu pour femme ou pour maitresse ? Si tu la veux pour femme, hé bien dans peu de temps J'y feray consentir tous ses autres parens, Sinon il ne faut point tant de ceremonies, De semblables vertus parmi nous sont banies, Pourveu que nous voyons quelque somme d'argent. En as-tu ? C'est pour la suborner. Donc sans plus de paroles Laisse-moy faire. Si ce n'est que cela repose en assurance, Je m'en vay de ce pas y resoudre nos gens. Marche droit hardiment⁎, ou mon ame abusée Sçaura bien se vanger de ta flame rusée, Qui cherche ma maitresse il cherche le trespas⁎, Je t'irois immoler⁎, à ses yeux, dans ses bras, Et si son lâche cœur trempoit dedans ton crime, J'abatrois d'un seul coup l'autel et la victime. Fin du troisieme Acte. Mais tu ne me dis rien de ce pauvre blessé, Est-ce ainsi qu'un Amant doit estre delaissé ? Est-ce ainsi que l'amour doit ceder à la crainte ? Ouy, je l'ay visité, J'ay plus de soin⁎ que toy, j'ay plus de charité. J'ay flaté la douleur dont son ame est saisie, Et mesme j'ay promis de l'en faire guerir. Je crains qu'il ne se trouble, Sa playe est toute en feu, la fiévre luy redouble, Enfin il est fort mal, tu devois bien aussi Faire en sorte qu'il vint plus surement icy, Et c'étoit bien assés du feu qui le devore. Il ne le dira point qu'à sa seule maitresse, Et je me suis chargé pour son allegement⁎, D'obtenir l'entretien d'une heure seulement, Ne luy refuse pas un bien si desirable, Et prepare à ses vœux un acueil favorable. Ha ! le fâcheux objet⁎. Une fille importune. Voy mon dernier refus. Je voy bien ce que c'est, tu veux rire à ton tour, Mais ne croy pas au moins... De quel nouveau mal-heur⁎ mes jours sont-ils suivis ? Madame, vous m'offrés un honneur qui m'étonne⁎. J'ay veu de vôtre part l'une et l'autre personne, Toutes deux m'ont parlé de vôtre indigne choix, Toutes deux m'ont ravy l'usage de la voix, Et maintenant encor je ne sçay que répondre, Trop d'éclat m'éblouit, trop d'heur⁎ me vient confondre, Et ces rares faveurs⁎ me font imaginer Qu'à quelque autre qu'à moy vous croyés les donner : Sortés de vôtre erreur, voyés ce que vous faites, Regardés qui je suis, et songés qui vous estes, Si vos yeux ont un voile, ou si vous sommeillés, Arrachés-le, Madame, ou bien vous éveillés. Nôtre pouvoir est vain pour les charmes de l'ame, Et ce sont les démons qu'en ce point on reclame. Descendre jusqu'à moy, m'élever jusqu'à vous, D'un pauvre Egiptien en faire vôtre époux, Ravi d'une si haute et si rare merveille, Quoy que prez d'un soleil je doute si je veille, Et je ne comprens pas par quel heureux destin J'ai pû faire un si noble, et si riche butin. A quelles dures lois est mon ame asservie, Que je ne puisse pas contenter vôtre envie, Que je ne puisse pas jouir de ce bon-heur Qui contient le plaisir, la richesse et l'honneur ? Ha ! c'est bien maintenant que l'ingratte Fortune⁎ Me fait sentir les trais⁎ de sa haine importune, Me venant d'une main un tresor presenter, Que l'autre au mesme instant me defend d'accepter. La rigueur de nos loix, qui veut que parmi nous Nous prénions une femme et la fille un époux, Lors par qui mon mal-heur⁎ a sa rage assouvie, Et qu'il faut observer sur peine de la vie. Vous ne me sauvés pas de l'infidelité. J'espere voir bien-tost cette heureuse journée. Trop puissant est l'objet⁎ qui me sceut engager, Sa vertu me plaist mieux qu'une race⁎ ancienne. De la seule vertu je puis tout esperer. Je me tiens à l'espoir, qui m'en donne assurance. Quoy qui puisse arriver j'en beniray l'autheur. J'aime dans mon destin le nœud qui les assemble. Je ne vous puis donner un cœur que je n'ay plus. Amour, que ton pouvoir tyranise nos ames, Et que de ton flambeau sortent d'étranges flames ! Que dans ce changement une fille est à craindre. Que cette affaire, helas, est fatale à ma foy ! Dieu ! quelle est ta malice, ha ! sois moins soupçonneuse. Pardon, tu vois mon ame encor toute agitée Du menaçant couroux d'une amante irritée. Je suis compris aussi dans ce mortel orage, Mais le Ciel m'est témoin si j'ay peur que pour toy, Quoy que cette enragée ait vomy contre moy, Quelques fers qu'à present me forge sa malice, Je ne me plaindrois point d'un si proche supplice⁎, Si ce mesme démon pour crestre mes douleurs, Ne vouloit t'exposer à de mesmes mal-heurs⁎ ; Je crains que sa menace enfin ne s'effectuë, Et c'est ce qui me trouble, et c'est qui me tuë, Fuyons, si tu m'en crois, de ce lieu mal-heureux. Tréve, tréve, mon cœur à cette raillerie, L'orage dessus nous est tout prest à crever, Et nous sommes perdus si l'on nous peut treuver. Helas ! nôtre mal-heur le rend trop veritable. Un sanglant desespoir, Mais fuyons j'oy du bruit. Ha ! mon cœur, c'est bien moy... Sur nos chastes desseins mon amour se repose. L'effrontée ! Moy ! Celle qui m'a prié m'ose-t'elle accuser ? Craint-elle point la honte où je puis l'exposer ? Justes Dieux souffrés-vous cette lâche imposture ? Ouy, qu'on l'aille querir, Si tout ne m'appartient je consens à périr. Qui croiroit tant de ruses avecque tant de charmes ? Quel titre ! Que voy-je ? Dieux que je suis confus ! Tout cela ne se fait que par enchantement. C'est de luy seulement que j'attens ma defense. Ouy, je succombe aux trais⁎ de ta noire malice. Ecoutés pour le moins. Ha monstre que j'abhorre ! Tu m'empesches en vain. Un soufflet, effronté ! Ton sang me vangera de ta temerité. C'en est fait, il est mort. Je n'enduray jamais de semblables affrons. C'est le dernier souhait qui parte de mon cœur, Et je mouray content pourveu que je l'obtienne. Sa vertu meritoit un destin plus heureux, Et je devois avoir un sort moins rigoureux. Ces reproches honteux commencent mon suplice⁎. Dites, sans offenser sa generosité, Complice d'innocence et de fidelité. Quoy donc je suis trahy de son affection ? Si j'ay la liberté, permetés que j'en use. Ce n'est pas que mon sort dans l'honneur de ce chois Ne fut trop glorieux⁎ de vivre sous ses lois, Mais j'ay déja donné mon ame à cette belle, Et j'aime mieux mourir mal-heureux qu'infidelle. O Ciel ! ha lâcheté qui n'a point de pareille ! Quoy tu peux consentir... O Dieux ! Quoy donc je voy finir la rigueur de mon sort ? Je treuve mon salut dans les bras de la mort, Et dans le desespoir la source de ma joye, Que le Ciel me cherit ! que de biens il m'envoye ! Ha si-tost que je veis cette rare beauté, Je leus bien sur son front en sa haute qualité, Je leus bien dans ses yeux son illustre naissance, Toutes ses actions en donnoient connessance, Et sans examiner ces témoins superflus, Sa pudique vertu le prouvoit encor plus. Mais de ces belles fleurs qui flatent mon estime, Peut-estre voulés-vous couronner la victime. Mon Soleil. Ma lumière. Que mon cœur est content ! Enfin je suis a toy doux charme de mes sens. Et vous, pour vous payer ma gloire⁎ et votre soin⁎, Puissiés vous jusqu'au bout en estre le témoin. Mais en faveur du bien que je prétens vous faire, Ayés soin du blessé dont vous sçavés l'affaire. Le mal me presse un peu, hâtés ce doux remede. Que je suis redevable à vos rares bontés ! Que de joye à la fois ! que de felicités ! Madame, Amour, Monsieur, mon pere, ma Maitresse, A qui premier de vous faut-il que je m'adresse ? **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_precieuse *date_1642 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_precieuse Enfin, personne icy ne sçauroit nous entendre, Quel est donc le bon-heur que vous voulez m'apprendre ? Je meurs de le sçavoir, contentez mon désir, Qui le déclare tost fait doublement plaisir. Mais ces ravissemens⁎ sont pour moy superflus, Et mon impatience en augmente encor plus. Tout cela jusqu'icy ne m'éclaircit de rien, Et je treuve une peine où j'atendois un bien. Hé ne me tenés plus davantage en langueur, Ou comblés d'un refus vôtre injuste rigueur. Vous retranchés ce bien que vous croyés étendre, Et qui veut l'augmenter, il nous en doit surprendre. N'est-ce point quelque nouvel amant ? S'il ne tient qu'à cela, j'aime mieux vous baiser, Je ne sçay rien apres qu'on me dût refuser. De l'honneur qu'on m'y fit je garde encor l'idée. En effet, ce jour-là j'eus quelques avantages⁎. Je vous entens venir, le fils du Gouverneur N'est-ce pas ? Ha Dieu qu'il est aimable ! Qu'il est respectueux, galand, civil, affable ! Par son merite seul il m'est considerable. Enfin quoy qu'il en soit, qu'a-t-il fait ce Seigneur ? Ha ma tante ! vrayment c'est étre trop cruelle De faire ainsi languir ma curiosité, De grace poursuivés ce discours arrété, Il nous a... Que dit-elle, bon Dieu ? quel transport⁎ me possede ? Il est en cette ville, et se souvient de moy ? Depuis quand, je vous prie, avez-vous fait ce songe ? Achevés, Et ne me celés rien de ce que vous sçavés. O Ciel ! est-il possible ? Il est vray que souvent il me baisoit la main, Et mesmes au raport que m'en fait ma mémoire, Les discours qu'il me tint furent tous à ma gloire⁎, M'accusant d'un grand vol qu'avoit fait ma beauté. Et de sa liberté : Mais quoy qu'il me jurast dans sa cajolerie⁎, Je crus que ce n'étoit que par galanterie. Taisons-nous, j'apercoy quelqu'un qui vient icy. Le moyen qu'il fut sage, Il est jeune, il est Poëte, et de plus amoureux, De ces trois qualitez naist un mal dangereux. Ayés en ma faveur un peu de complaisance. Franchement, voulés-vous m'obliger d'une grace ? Tréve d'Amour icy, ne parlons que de Vers. Vous sçavez à quel point j'aime la Poësie, Donnez preuve par là de vôtre courtésie, Quelque aimable travail de ce noble métier Qui charge son autheur de gloire et de laurier, Nous peut mieux divertir, et causer moins de blâme, Que tous ces vains discours et de trais⁎ et de flame. Allés, cela vaut fait. Ouy, j'ay leu cet ouvrage, C'est sur nôtre rencontre. Chaque rime en est riche, et dans les plus nouveaux, Les termes, à mon gré, ne semblent point si beaux, Le tour du Vers est noble, agréable et facile, Enfin vous triomphés dans la douceur du stile. C'est assés me confondre, Donnés-moy pour le moins le temps de vous répondre, Ou plustost , excusés ma curiosité, Vous mesme répondés, mais avec verité. Ce que je veux aprendre au moins n'est pas sans cause, Et le sçavoir au vray m'importe en quelque chose ; Dites-moy donc sans feinte, étes-vous Poëte ? Peu de gens, dites-vous, en meritent le nom, Et vous en craignés tout, mesme jusqu'au renom : Cette condition n'est donc pas honorable. Pourquoy le nom de Poëte est-il donc odieux ? Ouy, mais cette beauté si noble et si cherie Est pauvre à ce qu'on dit. Ouy da⁎, c'est la raison qu'icy je vous l'expose, C'est que vous croyant Poëte à vôtre procedé, Et par cette raison pas trop acommodé, Voulant lire vos Vers, je crus étre charmée De voir une pistole⁎ avec eux enfermée, Je la tâtay cent fois, et j'en doutais encor, Mais l'ayant fait sonner, je veis qu'elle étoit d'or, Lors, quoy que toute seule à ce nouveau spectacle, Un Poëte, m'écriay-je, a de l'argent, Miracle ! Souffrés⁎ ma liberté, Puisque vous n'avés rien de cette qualité. O Dieu ! ce papier brûle, il est tout plein de flames, Et doit vivre long-temps, car il a plusieurs ames, La pistole en est une, et puis celle des Vers, Où l'on en void tousjours plus que dans l'Univers. Or sus, mon Cavalier, de ces biens qui sont vôtres, Reprenés l'ame d'or, je retiendray les autres, Voylà celle d'hier que je vous rens aussi, C'est elle-mesme au moins, et puisqu'il est ainsi, Contractons entre nous une amitié qui dure, Mais changés cette infame et lâche procedure, Venés me visiter quelque fois, j'y consens, Comme faiseur de Vers, et non pas de presens. C'est fait. Nous bravons sans cela les beautés les plus rares. Ce n'est rien. Non rien. Dieu, qu'un petit sujet vous donne un grand soucy ! Hé bien, c'est une papier qui vient de choir icy. Etes-vous satisfaite ? Le voylà. Ouy. Qui ? O Dieux ! Je ne le voyois pas, mais feignons pour le mieux. La Croix mon Cavalier. Nous vous dirons apres vôtre bonne avanture. Voyons dans vôtre main, qui ce discours cajole⁎. Vous étes né sous les planettes D'Amour et de Valeur, de Venus et de Mars, Vôtre honneur court quelques hazars⁎ Dans l'entreprise que vous faites. En quel temps ? En quel lieu ? Vous n'étes pas le seul de qui l'ame abusée A jugé mon honneur une conqueste aisée, Plusieurs l'ont ataqué, tous ont été confus De souffrir⁎ comme vous la honte du refus. Consolés-vous Monsieur, vous avés des semblables, C'est le soulagement de tous les miserables. Le métier que je fays, et mes gayes humeurs, Qui sont de faux miroirs pour exposer mes mœurs, Inspirent, je le croy, cette injuste licence, Mais quand de ma vertu j'ai donné conessance, On se repent aussi des discours qu'on m'a fais, Voyant que l'apparence est contraire aux effets. Je vay, je viens, je cours, je ris et je folâtre, Toujours avec l'honneur dont je suis idolâtre, Et bien loin d'imiter vos Dames des Cités, Qui couvrent de frédeur leurs impudicités, J'ay les yeux tout de flame, et le cœur tout de glace, Et j'ose les braver dans mon honéte audace, Je ne perdis jamais à ce pudique jeu, Et c'est ainsi que l'or s'affine dans le feu. Si j'ay parlé de Croix, n'ayés pas la pensée Qu'un si lâche trafic me rende interessée, Non, non, l'argent n'est point l'objet de mes souhais, Et chacun sçait fort bien que je n'en pris jamais. Gardés donc vos tresors, et croyés je vous prie, Que ce que j'en ay dit c'est par galanterie, N'esperés pas par là ces innocens plaisirs, Qui sont dûs seulement aux innocens desirs, Si je vens mon honeur, ce seul tresor que j'aime, Ce ne sera jamais qu'au prix de l'honneur mesme. Plusieurs difficultés s'opposent à ce point, Vous ne vaincrés jamais de si puissans obstacles. Sçachés que parmi nous La fille et son amant qui s'offre pour époux Eprouvent leurs humeurs⁎ le cours de deux années, Avant que de pouvoir joindre leurs destinées. A ces conditions engager vôtre foy, Subir à mon sujet la rigueur de la loy, Abaisser vôtre rang à cette infame vie, Avoués que déjà vous en perdés l'envie. Apres cette assurance, Si ma tante y consent... Hé bien, ouy, je me rends, Mais de quelle façon abuser vos parens ? Nous serions tous perdus s'ils en avoient un doute. Quoy, vous étes tout seul ? La rare conduite ! Quoy ? Enfin vous m'offencés de me traiter ainsi. Non pas. Je vous l'ay déjà dit, ce procedé me choque, De grace... Voyez vous ? je haï trop cette humeur mercenaire. Sçachés que la Vertu brave ces procedures, Au reste, allons hâter nos desseins resolus. Hé bien mon Gentilhome, Avés-vous medité dessus votre dessein ? Et sentés-vous encor mesme ardeur⁎ dans le sein ? Etes-vous resolu d'entrer en nôtre bande ? Vous étes-vous tâté de toutes les façons ? Car enfin... Venés donc suivés-moy, vous serés enrôlé. Voicy le Cavalier dont on vous a parlé. Arrétés-la de grace, et ne poursuivés point, Il est tombé d'acord avec moy sur ce point. Que s'il veut renoncer aux lois que j'ay prescrites, Je prefere l'honneur à ces rares merites, Nul de vous n'a pouvoir dessus ma volonté, N'en disposés donc pas avec autorité, Ce droit nous appartient avec plus de justice, Je l'ay fait esperer à deux ans de service, Mais quoy que le serment semble nous obliger, Il nous est libre encor de nous en dégager, Consultés-vous, Monsieur, touchant cette promesse, Recueillés vôtre cœur du someil qui le presse, Arrachés le bandeau qui vous couvre les yeux, Soyés plus raisonable, enfin choisissés mieux, Vôtre équipage est là, vous pouvés le reprendre. Ouy, si sage d'ailleurs... Me doy-je réjouir de vous avoir réduit A quiter un beau jour pour une afreuse nuit, A quiter des rayons pour un nuage sombre, La gloire⁎ pour la honte, et le Soleil pour l'ombre, Les plaisirs pour la peine, et les biens pour les maux, Un repos assuré pour de rudes travaux⁎, Une Princesse enfin pour une Egiptienne ? Non, Seigneur, croyés-moy, quelque honneur qui m'en vienne, Je vous estime trop pour ne m'afliger pas Du tort que je vous fais par mes febles apas⁎. Ouy, puisque vous avés une entière puissance. Si c'est une douceur que de faire un jaloux, Ce poulet en ce lieu vous donne de l'ombrage, Avoüés. L'Auteur vaut bien l'ouvrage. Tout de bon ? Cependant, Je veux de son rival faire mon confident, Tenés, apres cela doutés que je vous aime, Car je ne l'ay point leu. J'en espere pourtant un aimable entretien, Il est un peu remis. Lisés haut, vous riés. Hé bien, c'est le parler des Dieux, Le stile en est plus doux, et persuade mieux. Hé bien qu'en dites-vous ? ce n'est pas un novice, Voyés qu'adrétement il m'offre son service. Ainsi que de ses Vers vous rirés de l'objet. De qui ? Et qui se nomme ? C'est luy-mesme. Et pourquoy ? J'entens ce que vous voulés dire, Voyons. Epargnés ces discours où l'amour vous emporte. Vous avés leu les miens, que je lise ceux-ci. Si je vous semble Egiptienne, Je n'en ay que l'habit, l'adresse et les cheveux, Et quoy que d'un Cesar leur Reine ait eu les vœux, Sa beauté toutefois fut moindre que la mienne. J'attire à moy tous les humains, Curieux de me voir ainsi que de m'entendre, Et pas un ne se peut defendre Des coups où mes beaux yeux font l'office des mains. Je donne aux ames la torture, Je ne prens que des cœurs, mes larcins sont hardis, Et je fais mieux que je ne dis, La bonne ou mauvaise avanture. Mes compagnes et moy d'une adresse subtile Nous volons en tous lieux, Mais de tout nôtre bien je leur quite l'utile, Et ne profite point que du delicieux. Comme on void nos larcins estre fort différens, Nos restitutions ont des effets contraires, La leur oblige⁎ fort, et moy lorsque je rens, Je cause des douleurs ameres, Et l'on me fait mille prieres De retenir tousjours ce que je prens. L'ouvrage est sans doute admirable, Heureuse si le sens en étoit véritable. Si vous craignés encor qu'on découvre l'autheur, Suivés-moy seulement. Je le vay deguiser, il se fait trop conestre, Mais il faut qu'avec moy vous y mettiés la main. Arrestés un moment. Ma tante dépechons, il faut le secourir. Il est trop assuré, C'est nôtre Poëte, ô Dieux ! quelle est son entreprise, De nuit, et déguisé, je crains quelque surprise. La charité m'oblige⁎ à courir de la sorte. Si vous n'avés besoin que de ma diligence... Ma tante allés devant, nous vous suivons de prez. Les Lauriers d'Apollon sont changez en Cyprez. Le plaisant accident⁎ que je vous vais apprendre ! Mais me promettés-vous ? De n'estre point jalous. Ce mal nous vient souvent d'un soupçon plus leger. Qui pensés-vous que soit ce malheureux berger ? Je parle de luy-mesme. N'exciteray-je point une mauvaise humeur ? Sçachez donc que c'est nôtre rimeur. Celuy-là mesme, autheur de ces extravagances⁎. Le sort le persecute en plus d'une façon, Ce n'estoit pas assés qu'il eut mal à la teste, Il falloit que ses piés... Ne voyla pas déja des effets de ma crainte. Vous estes donc jaloux. L'estrange vision⁎ De me croire complice en cette occasion⁎ ! Hé bien, pour avoir paix, et me montrer fidelle, Je ne le verray point. Je vous ay fait déja deux fois mon confident, J'attens de vous le mesme en pareil accident⁎, Ne me procurés point le mal dont je vous prive, Et chassons le martel aussi-tost qu'il arrive. Ha ! ma sainte amitié⁎ defend cette vangeance, Adieu, separons-nous en bonne intelligence⁎. Est-ce là ce respect et cette retenuë ? Nous en disputerons le jour plus à loisir. Je n'ay pas entendu que ce fut à toute heure. Que vous estes adroit à couvrir une feinte ! Vous l'avés veu sans doute. S'il est vray qu'on appelle ainsi la jalousie. Apres avoir eu soin⁎ de vous bien enquerir, Mais se porte-t'il mieux ? Quoy ? sur cet accident⁎ vous me raillés encore, Apprenés-moy plustost quel etrange dessein Sous ce rustique habit il cache dans le sein, Ce secret n'aura pas échapé vôtre adresse. Hé quel mal-heur⁎ si prompt Vous met la flame aux yeux et la rougeur au front ? Ha ! c'est une Maistresse. Hé bien, faut-il rougir d'une bonne fortune⁎ ? Voyla ce que produit vôtre sombre beauté, Et le fard que je donne à cette qualité, Mais sa peine m'oblige à vous laisser ensemble. Prié par ce regard si doux et si charmant D'une heure d'entretien pour son allegement⁎, Ne luy refusés pas un bien si desirable, Et faites à ses vœux un acueil favorable. Adieu, jusqu'au retour. Je ne suis point du tout sçavante en l'avenir. Celuy que vous voyés suivant ma conjecture⁎, Vous dira mieux que moy vôtre bonne avanture. Bon augure, il est seul, mais las ! en peu de temps On peut beaucoup resoudre. Est-ce luy que j'entens ? Quoy soûpirer tout seul ? cette belle Maitresse Vous a quitté trop tost, c'est le mal qui vous presse. Que vous estes confus ! vous deviés bien aussi Luy donner rendés-vous en autre lieu qu'icy, Et c'est un peu manquer d'adresse et de prudence, Contés-moy vos transpors, Dieux le triste silence ! Vous ne me dites mot, mais quelle est mon erreur ? Peut-on garder la voix ayant perdu le cœur ? Il est vray que l'Amour est un étrange Dieu, Il nous prend, il nous laisse, en tout temps, en tout lieu. Non, non, ne craignés rien, j'aurois tort de m'en plaindre. Vous y puis-je servir ? voyés, employés-moy. Il le faut avouër, je suis bien mal-heureuse, Je souffre⁎ tout, je m'offre, et le veux consoler, Et pour tant de bontés il me vient quereller. Est-ce à moy qu'elle en veut ? j'implore, beau vainqueur, Le pouvoir que l'Amour vous donne sur son cœur, Sauvés-moy du danger que prepare sa rage. Fort bien, pour mieux nier vos larcins amoureux. Peut-on couvrir sa faute avec plus d'industrie⁎ ? Je ne puis croire encor ce projet detestable. Dieux ! que m'apprenés-vous ? Que je crains son pouvoir ! Courons donc du depart prier le Capitaine, Faut-il qu'à mon sujet vous ayés tant de peine ? O Ciel ! contre ces traits⁎ daigne armer nôtre sein, Ou bien fais avorter ce damnable dessein. A quelle extremité vous ay-je ici reduit ? Ainsi rien ne s'oppose à vos soins diligens⁎. Ha ! l'infame. Que ta fidelité me va coûter de larmes ! C'est l'aspic sous les fleurs. Mais quel sort ! Juste Ciel fay voir son innocence. Ha Dieu, quelle impudence ! Bourreaux, vous lâcherés cette illustre victime, Et je luy vay conter, lâche, ta trahison. Ha ! Monseigneur, justice, Delivrés mon époux, sauvés un innocent, Sa vertu vous en prie, et le Ciel y consent, S'il meurt, je doy mourir, c'est à tort qu'on l'accuse, Le vol qu'on luy suppose est l'effet d'une ruse, C'est un mauvais office⁎, et qui part d'un démon Dont il vous apprendra la malice et le nom, Faites-luy seulement la faveur de l'entendre, Escoutés ses raisons qui le sçauront defendre, Et ne vous hâtés pas de juger ce procez, Dont le Ciel par vos soins me promet bon succez. Il est vray que son bras l'a vangé d'un affront Qui fait rougir ensemble et sa jouë et son front, Il est homme d'honneur, et dans son innocence Endurer un soufflet excedoit sa puissance : Mais, Monsieur, nous mettons nos biens à l'abandon, Pour obtenir plustost un si juste pardon, Et si, pour accorder sa grace à nostre envie, Ils ne suffisent pas, j'offre encore ma vie, Qu'on me mette en sa place, et qu'il soit delivré, Il ne sçauroit mourir tandis que je vivray, Il vit dedans mon cœur beaucoup mieux qu'en luy-mesme, Et je suis cause enfin de ce mal-heur⁎ extréme. Mais oyés ses raisons. Hé ! Monsieur, depéchés. Justes Dieux qui sçavés le crime et l'innocence ! N'ordonnés point la peine à qui souffre⁎ l'offense. Si ma priere est vaine, Madame assurés-vous que je cours au trespas⁎, Puisque de mon époux je veux suivre les pas. Sa vertu me contente ainsi que sa naissance, Que puissiés vous, Madame, en avoir connessance, Je cesserois de craindre, et vous de m'affliger, Voulant porter icy mon esprit à changer. Ha ! ne luy donnés point cette honteuse tache, Il est bien éloigné d'un sentiment⁎ si lâche, Puisque quelque tresor qu'on lui vint presenter, Je doute avec raison qu'il voulut l'accepter. Il est riche et content, il est sage et fidelle, C'est d'un homme de bien le plus parfait modelle, Et s'il avait l'honneur d'estre connu de vous, Vous vous étonneriés⁎ qu'il se fit mon époux. Il a le cœur d'un Roy sous cet habit infame. Aussi l'est-il, Madame, en merite, en noblesse, Et ce cœur genereux⁎ n'eut jamais de second. Il est ce qu'il vous plaist, mais il est honneste homme, Et vous me croirés mieux s'il faut que je le nomme. Qu'ay-je ouy, juste Ciel ! ha ! mon ame abatuë Cede au cruel effort de ce mot qui me tuë : Si j'ay l'honneur encor de plaire à ces beaux yeux Qui sceurent enchanter un Ministre des Dieux, Si vous daignés comme eux defendre l'innocence, Si vostre cœur connoist l'Amour et sa puissance, Si vous avés aimé son joug aimable et doux, Si vous aimés encor vostre fidelle époux, Madame, par vos soins, vos bontés et vos charmes, Par ces divines mains que j'arrose de larmes, Par vostre cher époux, par mes fébles apas⁎, Que vous me témoignés ne vous déplaire pas, Par vostre fille prise en un âge si tendre, Que peut-estre le Ciel se prepare à vous rendre, Par cette ressemblance et ce juste rapport, D'âge, d'aspect, de mœurs, et possible de sort, Enfin au nom d'Hymen⁎ je demande une grace, Que la Justice mesme ordonne qu'on nous fasse, Ne laissés point au vice opprimer la vertu, Mon genereux⁎ Andres l'a trop bien combatu, Sauvés-le du danger où l'a mis l'imposture, Mon destin est meslé dans sa triste avanture⁎, E s'il succombe aux trais⁎ d'une injuste rigueur, Les mesmes trais⁎ aussi me perceront le cœur. Quel espoir vient chasser ma tristesse ? Felicité supréme ! Madame, je cheris un bon-heur⁎ si parfait, D'autant plus que je voy qu'il vous plaist en effet. Madame. Ouy, Madame, et son pere en est le Gouverneur. Madame, un doux excez de joye et de plaisirs Arreste bien ma voix, et non pas mes desirs. Le pardon pour cette bonne mere, Qui tremble et qui fremit au seul nom de mon pere. Faites qu'il s'y contente, appaisés son couroux. Dans quelque étrange sort qu'elle m'ait engagee, D'un vray soin maternel je luy suis obligee, Joint qu'ayant declaré ce rapt sans l'y forcer, On doit songer plustost à la recompenser. Ce n'est pas tout, Madame, Il faut tirer des fers la moitié de mon ame, Helas ! songeant aux maux qu'il endure pour moy, Je succombe, je meurs. Ha Monsieur, que d'honneur succede à ma disgrace ! Hé ! Monsieur, par ce nom Ou de pere ou de fille accordés ce pardon, Voyla qui la causa, mais loin d'estre punie, Je la doy caresser puisqu'elle l'a finie. La pure vérité. Je n'ay d'amour pour luy dans un si grand bon-heur⁎ Que ce qu'en doit avoir une fille d'honneur, Une fille portée à la reconnessance Des devoirs d'un amant de si haute naissance, Qui méprisant son rang a tout quitté pour moy, S'est fait Egiptien, et m'a donné sa foy. En quel état odieux. Que j'ay peur de sa crainte, ha s'il pouvoit m'entendre ! Dieu ! qu'est-ce j'entens ? Ha Dieu que j'apprehende ! Ouy, cet Hymen⁎ me plaist, et je vous le conseille. Quoy vous me refusés ? ha ! j'ai droit de reproche. Mon espoir. Ma vie. Que mon ame est ravie ! Enfin je suis à vous sans attendre deux ans. Je vous en prie aussi. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_la-vieille *date_1642 *sexe_feminin *age_veteran *statut_maitre *fonction_mere *role_lavieille Ha l'heureux accident⁎ ! l'admirable avanture⁎, Si j'en doy croire au moins certaine conjecture. O Ciel ! quelle fortune⁎ à la nostre est pareille ? Et que ne promet point cette rare merveille ? Ne hâtons point celuy que le sort nous envoye, Ménageons ses faveurs ainsi que nostre joye. Encor, sur ce sujet quel est ton sentiment⁎ ? Songe un peu. Déja dans ce penser un démon te l'inspire, Mais il faut qu'on m'embrasse avant que de le dire. Flateuse, c'en est fait, je cede à tes caresses, Aprens donc en trois mots l'effet de tes adresses. Le dernier mois passé, tu sçais bien que nos Gens Voulûrent dans Seville aréter quelque temps, Que la permission leur en fut accordée. Là, le jour du balet (jour des plus fortunés) Où tu menois danser des Mores enchainés... Tes larcins glorieux en sont des témoignages. Ne te souvient-il pas de ce jeune Seigneur ? Justement. Toutes ces qualités ne font ni bien, ni mal, Di qu'il est genereux⁎, di qu'il est liberal⁎, C'est la vertu des Rois, et qui fait l'honeste homme, De toute autre vertu l'effet est moins qu'un somme, A peine est-il formé qu'il meurt le plus souvent, Ce n'est qu'ombre et fumée, un apas decevant⁎ : La liberalité⁎ produit tout au contraire Un effet à la fois solide et necessaire, Tel que sont ces ducas⁎ dont il me fit present, Joint que l'aspect aussi n'en est pas deplaisant. Et moy par ses dons seuls je le treuve adorable. Sçache, le croirais-tu ? qu'il nous a fait l'honeur... Remettons à tantost cette bonne nouvelle. Ce matin, m'ayant veuë à Tolede. Il nous a fait l'honeur de s'enquerir de toy. Dans quelque étonnement⁎ que ce discours te plonge, Croy qu'il est veritable, et de plus... Que c'est à ton sujet qu'il a fait ce voyage, Ainsi que dans les mains, je li dans le visage. Ouy, puisqu'il est certain. De son cœur, de son ame. Par là, mon doute encore en est mieux éclaircy. C'est nôtre Poëte, ô Dieu, l'étrange personnage ! Ouy, c'est la pauvreté, fuyons de sa presence. Puisque cet entretien te plaist et te contente, Je m'en vay cependant faire un tour dans la tante, Mais si de son amour il t'ose encor parler, Tranche luy moy tout court, ou me viens appeler. Précieuse. R'entre sans contester, J'entens venir quelqu'un qui pouroit t'arréter, Nos gens vont à la ville, il faut que tu te pares. Qu'est-ce donc ? Rien ! Il faut bien que ce soit quelque chose. C'est luy-mesme. Vien, suy moy ma fille, Il le faut aborder. Ce Seigneur. Mon bon Seigneur sur tout, mettés la Croix dedans, Celles d'or marquent mieux les heureux accidens⁎. Bon cela. Agreable esperance. Ma fille qu'en dis-tu ? pour moy j'en ay pitié. Voylà bien raisoner. Ma foy c'est tout de bon, il ne se moque point. Ouy, ouy, mon bon Seigneur. O merveilleux dessein ! Moy je consens à tout. Faites. Donnés j'en auray soin. Elle se moque. Mes leçons et mes soins⁎ sont donc ainsi trahis. Folle tu ne sçais pas ce qui t'est necessaire, Refuser de l'argent, ô Dieux ! te moque-tu ? Conoy-tu son pouvoir ? en sçais-tu la vertu ? Somes-nous en danger ? l'argent nous en delivre, Dans les bras de la mort souvent l'argent fait vivre, Nous principalement, dont le sort quelque fois Est prest de succomber sous la rigueur des lois : Ces rayons exposés éblouïssent la veuë, Dissipent du malheur l'épouventable nuë, Eclairent à signer nôtre élargissement⁎, Et nous font retirer des prisons prontement, Apprens qu'une clef d'or ouvre toutes serrures. Passe pour cette fois, mais n'y retourne plus. Fin du premier Acte. Le voylà. Je ne pourois jamais me resoudre à le rendre, Accordés-vous plustost. Enfin tout est à nous, homme, argent et bagage, Mais allons de plus prez visiter l'équipage. Mon fils, où courés-vous ? C'est la cause du bruit qui vous faisoit courir. Hé bien, qu'est-ce qui fait le sujet de tes plaintes ? Si je te puis guerir que me donneras-tu ? L'or est un prompt remede, et de grande vertu, Le baume le meilleur coule de cette source, Et pour fermer la playe il fait ouvrir la bource. Enfans, portés-le donc en la plus proche tante, Ma fille va querir de mon divin Nepante Je gueris avec luy toute sorte de maux, Mais il faut sur les tiens murmurer quelques mots, Pour arrester le sang qui coule en abondance. Ne l'as-tu point tantost assés considéré ? Cours, es-tu revenuë ? Entrés-là, c'en est fait, son sang est arresté. Viste, ma fille apporte. Te voylà bien, à Dieu, repose en seureté, Tandis que j'en vay faire autant de mon côté, Si pour ta guerison trop long-temps je someille, Aprens qu'au son de l'or nôtre soin se réveille. J'entens bien dés demain recevoir mon salaire, Fut-il mon propre enfant, fut-il mon propre frere, S'il m'avoit fait attendre apres luy plus long-temps, L'un de l'autre tous deux nous serions mécontens, Point d'argent, point d'unguent, dessus cette pensée Allons nous retirer. On dit bien vray, l'épine est proche de la rose. Ha bon Dieu ! qu'est cecy ? Nous n'aurions point ces maux si l'on l'eut caressée. Dans l'ennuy⁎ que je sens Quelle nouvelle peur vient troubler tous mes sens ? Madame, c'est ma Niece. Je croy qu'elle a quinze ans, C'est tout ce que j'en sçay. Ha ! discours déplaisans. Dieu ! Qu'est-ce que j'entens ? Voyla son mesme nom. O Ciel ! pour quelque temps cache encor ce secret. Parlons ; pour seconder⁎ une si juste envie, C'est l'unique moyen pour luy sauver la vie. Puis-je esperer, Madame, un pardon ? D'un important larcin que j'ay fait. Helas ! ouy, c'est à vous. Donnés moy, s'il vous plaist, un moment d'audience, Et je vous feray voir ce que je vous ay pris. Si l'heureux accident⁎ que je vay découvrir Ne sçauroit empescher qu'on me fasse mourir, Et si vostre bonté vainement je reclame, Au moins auparavant, lisés cela Madame, Consultés vostre cœur, et voyés bien aussi Si vous reconnestrés le colier que voicy. Demandés-le à vos yeux, Si vous ne l'apprenés de vostre fille mesme, La voyla, parlés-luy. Faites-moy donc l'honneur de m'écouter encore. Je pris cette beauté, que tout le monde adore, A l'âge de trois ans, devers⁎ cette saison, A Madrid, en plein jour, et dans vôtre maison, J'appris secretement qu'on la nommoit Constance, Et fis écrire un mot de chaque circonstance, Afin que quelque jour tout cela pût servir A luy rendre les biens que j'osois luy ravir, Et sauver l'un de nous d'une mort violente, Comme l'occasion aujourd'huy s'en presente. Depuis elle a vescu mieux que nous ne faisons, En combatant nos mœurs avec mille raisons, Dont les moindres prouvoient par leur force divine La gloire⁎ et la vertu de sa noble origine. Madame, il est aussi d'une illustre naissance. Et son nom seul en donne connessance. L'esprit de vôtre fille avec sa chasteté, D'un pouvoir glorieux secondant⁎ sa beauté, Ont fait naitre en plusieurs une amour sans pareille Pour cette incomparable et celeste merveille, Mais Dom Jean de Carcame est le seul entre tous Que j'ay treuvé plus propre à faire son époux, Et d'hier seulement il est en cette ville. Ma bonne Dame, helas ! je n'espere qu'en vous. O Dieux ! je suis perdue. Ainsi chacun aura ce qu'il a desiré. Le Ciel vueille allonger vos nobles destinees, Une fois pour le moins autant que j'ay d'annees. Je vous obeiray. Dés qu'il pourra marcher je vous l'amene icy. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_le-poete *date_1642 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lepoete C'est elle, je la voy. Doux charme de mon cœur, miracle de nos jours, Jeune source d'apas⁎, de graces, et d'Amours, Vôtre divine main m'enchaina dans Séville, La mesme a resserré mes fers en cette ville, Et ce rencontre heureux fait voir que le destin A vos yeux mes vainqueurs veut rendre leur butin. Je vous veux obeir, que faut-il que je fasse ? A quoy m'obligés-vous, honneur de l'Univers ? Doy-je pas de nouveau vous rendre mes homages ? Doy-je pas de mon feu retracer les images ? Et bravant les effors d'un respect rigoureux, Doy-je pas derechef⁎ m'avouër Amoureux ? Ce discours vous déplaist, et je suis temeraire, Mais qui se sent brûler ne sçauroit pas se taire, Et les trais⁎ de vos yeux, malgré vôtre rigueur, M'ouvrent tout à la fois et la bouche et le cœur. Parlons-en, je le veux, m'avés vous fait l'honneur De lire ce Sonnet où j'ai peint mon bon-heur ? Ajoutés mon servage. Enfin vous vous moqués de ce que j'ay produit, Mais dans le triste état où vous m'avés réduit, Sous le fais de mes maux, mon ame gemissante Abat ainsi ma Muse, et la rend languissante, Et c'est bien rarement que l'on void des enfans, Quand leur pere se meurt, pompeux et triomphans. Mais si de quelque espoir vous consolés ma peine, Si vos rudes frédeurs ne glacent plus ma veine, Vous en verrés couler mille torrens de Vers, Qui de vôtre beau nom rempliront l'Univers, Et qui prenans dans l'air une route conuë, Vous remettront au Ciel, d'où vous étes venuë ; Beaux yeux qui m'inspirés ce glorieux dessein, Lancés pour son effet vôtre feu dans mon sein, Soyez mon Apollon... Non : Il est trop peu de gens qui méritent ce nom, Avec ardeur⁎ pourtant j'aime la Poësie, Et j'en puis sans secours, passer ma fantaisie. Si j'ay besoin d'une Ode, ou de quelque Sonnet, Une heure en fait l'office au lit, au cabinet, Mais pour faire des Vers je ne suis pas Poëte, Dieu me garde de l'étre, ou que je le souhaite. A ne faire autre chose elle est peu favorable. Ce n'est pas que l'effet n'en soit bien glorieux. C'est sans doute un venin de ces ames vulgaires Qui n'ont aucune part à nos sacrés mysteres, D'un tas de jeunes gens qui n'ont pas merité De sentir ce rayon de la divinité, De ces petits esprits qui se donnent la géne⁎ Pour treuver dans leur teste un mot qui rime à chaine, Qui n'ont sceu penetrer dans ces saintes forests, Où le Dieu du sçavoir découvre ses secrets, Et que les doctes Soeurs ont jugé trop indignes D'honorer comme nous de leurs faveurs⁎ insignes⁎, Ignorans, babillars⁎, censeurs, ambitieux, Enragés de nous voir si bien avec les Dieux : Ouy, ce sont ces messieurs, qui d'une humeur profane Approuvent dans leur cœur ce que leur voix condane : Car enfin ce bel Art, l'amour des beaux esprits, Dont les honestes gens se sentent tous épris, Cette chaste beauté qu'on nomme Poësie, Ne vient point, comme on croit, de nôtre frenesie⁎, Elle est fille du Ciel, son aimable entretien Fait reverer par tout quiconque en use bien. Les Rois avec plaisir goûtent sa compagnie, Sa douceur est charmante, et sa grace infinie, C'est le Trône animé des plus nobles vertus, Le beau champ où l'on void les vices abatus, Le guide qui conduit les Heros à la gloire, La triomphante voix qui chante leur victoire, Le marbre où sont gravés leurs noms dignes des Cieux, Le temple de l'honneur, le langage des Dieux, La Reine des destins, la source de la vie, Le tresor des beaux fais, et le fleau de l'envie : Voylà de ce Soleil quelques simples crayons, Vous traceray-je encor quelqu'un de ses rayons ? C'est une piece rare, où cent beautés paressent, Qu'il ne faut exposer qu'à ceux qui s'y conessent, Non pas à la façon de quelques importuns, Qui, les offrant à tous, rendent ces biens communs. C'est une raillerie, Au contraire elle est riche, au moins void-on contens Tous ceux qui dans son sein prenent leurs passe-temps : Rare condition, belle Philosophie, Dont l'usage est puissant, puisqu'il nous deïfie, Mais rendés-moy le bien que je vous ay prété, En excusant aussi ma curiosité, De la vôtre apres tout, peut-on sçavoir la cause ? Que je le sois ou non. Prenés ces autres Vers qui partent de ma veine Et de ce que je suis ne soyés plus en peine, Suffit que si j'étois d'un monde possesseur, Je vous l'offrirois tout, aussi bien que mon cœur. Hé bien vous le voulés ? il faut donc les reprendre, Trop heureux de cett'offre, où je n'osois pretendre : Mais ayant eu l'honeur de passer par vos mains, Il ne doit plus servir au trafic des humains Ce tresor que j'égalle à ceux des Republiques, Et je vay l'enchâsser ainsi que des Reliques. Au secours, je suis mort, ha ! quelle destinée M'a fait treuver ces chiens dans leur rage obstinée ? O Dieux ! je n'en puis plus. Je me meurs. Ma fortune⁎ inhumaine, Mais sans plus discourir, de grace assistés-moy. Moy-mesme. Ouy, tenés, ce ducat⁎ vous servira de gages⁎. Amis, qui vous arreste ? Je n'épargneray rien pour mon soulagement. Les dens de vos mâtins sur mes jambes empraintes. Helas ! si dans le temps qu'ils me faisoient ce mal, Il ne fut par bon-heur passé quelque animal, Dessus qui maintenant ils repaissent leur rage, Ils n'auroient pas encore arresté leur outrage. Hâtés ma guerison de tout vôtre pouvoir, Je vous contenteray par dessus vôtre espoir. Mon mal va jusqu'au cœur. Soleil dont la lumiere est si douce à mes yeux, Tarderas-tu long-temps de parétre en ces lieux ? Sa divine presence Peut des maux que je sens charmer la violence. Les langueurs que je sens Commençoient d'assoupir mes esprits et mes sens. Comme il plaist au destin qui m'a fait ces blessures. Helas ! Hé de quoy ? de douleurs, de peine, de souffrance, C'est là tout l'entretien que vous pourriés avoir, Déplaisant à donner, et triste à recevoir... Plût au Ciel. Rien moins. Perdés encore un coup cette injuste pensée, Dont sa chaste pudeur pouroit estre offensée. Je ne puis avouer un si faux avantage⁎. Ton zele enfin me charme, et ta civilité Me force à contenter ta curiosité, Mon cœur s'ouvre de joye au nom de cette belle, J'ay l'heur⁎ de la connestre, et d'estre connu d'elle, Et puisque tu peux lire en ce cœur malheureux, Je ne te niray plus que j'en suis amoureux. Elle a rendu la force à mon ame abatuë, Et l'appareil plus doux à mon mal furieux, Fut le charme innocent qui vint de ses beaux yeux. Si peu. Que je seray ravy si tu veux me l'apprendre ! Je ne refuse pas cette offre avantageuse⁎, Mais mieux que son parent je connoy Precieuse, On ne peut faire bréche à sa chaste vertu, Par discours, par presens, en vain j'ay combatu, Rien ne peut ébranler cette vivante roche, Mille trais⁎ enflamés en défendent l'approche, Et lorsqu'on la permet, c'est pour mieux faire voir Que sans intelligence⁎ on ne la peut avoir. Cher ami, ce discours est par trop obligeant⁎. J'ay sur moy quelques six vingts pistoles⁎. Hélas ! pers ce soin odieux, Puisqu'un autre dessein m'a conduit en ces lieux, Ce n'est pas qu'en effet je n'aime Precieuse, Et que ma passion ne me soit glorieuse : Mais de mon seul destin l'implacable couroux Me fait venir chercher un azile entre vous. Apprens en peu de mots le sujet qui m'ameine, Qui m'a fait déguiser, et qui cause ma peine. La mort d'un Cavalier couché sur le pavé, Dedans une querelle où je m'estois treuvé, Me fit quiter Séville, et venir à Tolede Pour treuver dans ma fuite un assuré remede. Mes parens cependant qui sçavent où je suis, Avertis du danger où mes jours sont réduis, M'ont fait donner avis cette mesme soirée, Que j'eusse à me pourvoir de retraite assurée, Tout ce que j'ay pû faire en ce pressant soucy, Est de changer d'habit, et de venir icy, Contre les trais⁎ du sort implorer assistance. Va, je reconnestray tant de soins obligeans⁎. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_le-capitaine *date_1642 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lecapitaine Il faut entretenir le feu qui le consome. C'est assés. Bon, la façon m'en plaist, sa taille, et tous ses gestes, Sont d'un adroit voleur les preuves manifestes, J'atens de luy beaucoup en ce qu'il entreprend, Et sa mine promet quelque chose de grand. Tu sois le bien venu, cher soldat de Mercure, Aprens de ce nom seul quelle est ton avanture⁎. Le Ciel de ses faveurs fut ainsi liberal⁎, Donnant à nôtre armée un Dieu pour General, Rien n'échape à nos mains avec ses artifices, Et nous hazardons⁎ tout sous ses divins auspices, Cet avertissement doit déjà t'animer. Pour te faire estimer Dans la profession que tu veux entreprendre, Observe bien nos lois, que je te vais apprendre. Eloigne en premier lieu ce fantôme d'honneur, Si tu veux réussir avec quelque bon-heur⁎, C'est un fâcheux demon jaloux de nôtre adresse, Qui rafine sur tout, et de tout s'interesse, Dont les tristes conseils, et les severes lois, Chargent de fers dorés les sujets et les Rois, Et nous portant au bien le moins digne d'envie, Retranchent les trois parts des plaisirs de la vie, Loin donc cet ennemi de nos contentemens, Loin la honte du blâme, et la peur des tourmens, Apres ces bons avis tu peux prendre les armes. Nous cherchons les combas dont la bourse est le prix, Où la gloire⁎ consiste à n'étre point surpris, Où la subtilité l'emporte sur la force. Là, l'espoir du butin nous est bien quelque amorce⁎, Le gain donne un plaisir, mais il s'en faut beaucoup Qu'il égale celuy d'avoir fait un beau coup, Eprouve cette joye, et quoy que tu hazardes⁎, Songe qu'il faut duper qui se tient sur ses gardes, Endormir de discours ceux que nous réveillons, Et parétre en repos lors que nous travaillons, Comme il faut plus d'esprit, nôtre ame est plus ravie Quand un heureux⁎ effet succede à son envie. Etre prompt, avisé, hardi, subtil, adroit, Tirer sans qu'on le sente une bague du doit, Dénouër un colier, fouïller dans une poche, Prendre quoy que ce soit à qui que l'on approche, Afiner le plus fin⁎, et le moins empéché, Escamoter par tout, dans le Temple, au marché, Relever ce qui tombe, et serrer ce qui traine, Tout nous duit, tout nous plaist, tout est bon, quoy qu'on prene, Des gans, une chemise, un mouchoir, un chapeau, Une poule, un coc-d'Inde, un mouton, une peau, Tandis qu'un frere chasse, entretenir le maitre, Luy déguiser son bien jusqu'à le méconetre, Faire la guerre à l'oeil, que rien ne soit perdu, Bref, ne livrer jamais ce que l'on a vendu, C'est à quoy nôtre esprit applique son étude⁎, Secondé⁎ de nos mains et de leur prontitude. Ne te rebute pas de nos plaisans mysteres Pour l'ordre du carcan, le fouët ou les galeres, Pour quelque trait de corde, ou ces petits afrons Dont on punit icy les plus fameux larrons : Que pas un de ces maux n'ébranle ta constance⁎, Et si ton mauvais sort te fait surprendre en France, Comme un present du Roy, reçoy la fleur de Lys, Par ces marques d'honneur nous somes ennoblis, Un bon soldat s'anime en voyant ses blessures, Et sans rien avouër nous souffrons les tortures, Au pouvoir du Prevost un de nous est-il mis, Il subit châtiment, non pour ce qu'il a pris, Mais pour étre si sot de s'étre laissé prendre. Qui ne sçait son métier doit tâcher de l'apprendre, Cela le subtilise⁎ en autre occasion, Et le rend bien plus prompt à l'execution. Passons de quelque épine en des plaines de roses. Nous possedons sans peur mille tresors divers, Et nous somes Seigneurs de ce grand Univers, Nous chassons dans les bois et dessus les montagnes, Nous jouissons des biens des plus riches campagnes, La terre à nos desirs offre tout avec chois, Les forests au besoin⁎ nous presentent du bois, Les fontaines de l'eau, les côteaux de l'ombrage, Les rochers un abri quand il fait quelque orage, Les vignes des raisins, les étangs des poissons, Les arbres et les champs des fruis et des moissons, Enfin avecque nous, pour peu que tu t'exposes, Sans qu'il te couste rien espere toutes choses. Jamais nous ne logeons dans l'enclos des Cités, Les dehors sont plus beaux, plus surs, et plus utiles, C'est là que nous plantons nos pavillons mobiles, Et nous en delogeons au moins quand il nous plaist, Là, nôtre emmeublement se trouve tousjours prest, Les gazons sont nos lits, et la belle prairie A nos palais volans sert de tapisserie, Nous y voyons aussi quantité de tableaux, Jamais dedans la Flandre il n'en fut de si beaux, L'art ne sçauroit atteindre à ces vivans ouvrages, Et Nature elle-méme a fait ces païsages. Ce cuir impenetrable aux rigueurs des saisons Nous fait braver le Ciel dans ces febles maisons, Les tonerres grondans sont pour nous des musiques, Les vens impetueux des zephirs⁎ pacifiques, Les éclairs des flambeaux, la pluye un bain charmant, Et les neges enfin un rafraichissement : Ainsi toujours contens nous passons nôtre vie Exemps d'ambition, de soucis, et d'envie, Ce beau dereglement ne te charme-t'il pas ? Au reste, tu peux prendre en l'ardeur⁎ qui t'enflame Cette jeune beauté pour maitresse ou pour femme. C'est trop de la moitié pour étre passé maitre, Apres deux ou trois vols assure-toy de l'etre. Ta generosité n'eut jamais son égale, Ouy, ces riches effets de ta main liberale⁎, Font resoudre la troupe à quoy que tu voudras, Dispose de nos cœurs ainsi que de nos bras. Il reste maintenant à prendre un nom de guerre Qui te fasse inconu courir toute la terre, Herite de celuy du plus fameux voleur Qui jamais parmi nous signala sa valeur, Il se nomoit Andrés, plaist-il à ton envie ? Donc que chacun de nous montre son allegresse, D'un si cher camarade exaltons la noblesse, Meslons un doux concert à nos remercimens, Et faisons mille vœux pour ses contentemens. Voyla qui vaut l'argent, cet objet⁎ qui t'engage Du fard Egiptien t'enseignera l'usage, Surtout change d'habit pour nôtre seureté, Et pour aller par tout avecque liberté, Nous en avons tousjours quelques-un dans nos tantes Pour ceux qui sont receus au métier que tu tentes : Tandis, pour eviter tout accident⁎ fatal, Je vay rendre l'honneur qu'on doit au Senechal, Nôtre bande a besoin du pouvoir qu'il possede, Déjà depuis deux jours nous rodons dans Tolede Sans la permission qu'il nous faut obtenir, Adieu, demeurés seuls pour vous entretenir. Puissant Dieu des matois, et des subtilités, Mercure inspire luy tes bonnes qualités, Afin qu'aux yeux de tous il vole en assurance, Et trompe des Argus l'exacte vigilance. Suivés-moy Compagnons, tous en ordre rangés, Ces ducas⁎ au retour vous seront partagés. Ouy, je treuve à propos d'éviter sa fureur, La femme en se vengeant va jusques à l'horreur, La flame méprisée allume d'autres flames, Dans leurs caresses mesme il faut craindre les femmes, C'et pourquoy que chacun se prepare au depart, Afin de déloger quand il sera plus tard, Nous pouvons cette nuit choisir une retraite, Et les bois en sont une assurée et secrete. Ne faisons point de bruit, Et ne poursuivés point cette plainte inutille, Je m'en vay cependant faire un tour dans la ville, Afin d'en ramener quelques-uns de nos gens. Vous peut-elle preuver son accusation ? Grace, grace, Monsieur, il n'est point criminel. Enfans, reconnessés la grace qu'on vous fait, Payés d'une Cascade un si rare bien-fait, Faites le noble Andres témoin de vôtre adresse, Et dancés en faveur de sa belle Maitresse. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_egyptiens *date_1642 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_egyptiens Vive le noble Andrés, vive la Precieuse D'une vie à leur gré la plus delicieuse, Qu'Hymen⁎ joigne bien-tost ce beau couple d'Amans, Et que rien ne s'oppose à leurs embrassemens⁎. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_egyptien *date_1642 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_egyptien Sans doute nos mâtins font quelque bon repas, Ils cessent d'aboyer, suy moy, doublons le pas. J'entens quelqu'un se plaindre. Approche ta lumiere, et garde de l'éteindre. Ma foy c'est un berger prest à laisser sa peau, Tu verras que nos chiens sont apres le troupeau. Es-tu mort ? Hé ! qui diable t'ameine En ces lieux, et de nuit ? Apres, qui nous payra ? As-tu de quoy ? Je ne fais rien pour rien, songe à quoy tu t'engages. Prens courage à present, va, croy moy, ce n'est rien, Quant tu seras guery tu te porteras bien. Un ducat⁎ d'un berger ! Ca, donne-moy tes piés, toy prens-le par la teste, Une vieille entre nous par un magique sort, En touchant de l'argent feroit revivre un mort, Nous allons de ce pas te porter dans sa tante, Pour en estre content, rens-la devant⁎ contente. La voyla, je l'entens, approchés bonne mere, Voicy de la pratique. Si nous eussions préveu tant de contentement, Nous eussions augmenté ce divertissement⁎. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_ferdinand *date_1642 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ferdinand Madame, il est certain qu'un foudre rougissant Devroit exterminer cet hydre renaissant, Encor que tels voleurs, quoy qu'il nous puissent prendre, Par un droit ancien soient quites pour le rendre : Mais le meurtre jamais ne se doit pardonner, Et l'homicide ouy je le vay condamner. Ne renouvellés point nos sensibles douleurs, Et laissons faire au Ciel, dont la toute-puissance Des secrets plus cachés sçait donner connessance. Comment ? au criminel elle estoit destinée. En effet, j'y remarque un air tout glorieux, Laissés faire à mes soins, je la pourvoiray mieux. Il la faut escouter. Ma fille, laisse là l'interest d'un perfide, Le vol peut estre faux, et non pas l'homicide. Cesse de t'affliger, Ouy, tes vœux sont receus, je vay l'interroger, Demeure cependant pour divertir⁎ Madame. Cette affaire contient des mysteres cachés, Il s'en faut éclaircir. O Dieux ! qu'ay-je entendu ? Le verray-je ? Inutilles témoins d'une fille si chere, Cedés à son aspect aux atteintes du pere, Ouy, je te reconnois espoir de mes vieux jours, Gage si precieux de mes chastes amours, Accours dedans mes bras, vien ça que je t'embrasse. O du Ciel et du sort l'incomparable effet ! Apres tant de faveurs je mouray satisfait. Mais qui t'a découvert cet étrange mystere ? Ne sçaurois-je punir l'autheur de ta misere ? Madame, révés-vous ? A nôtre fille encor destiner un époux Un traitre Egiptien, un voleur, un infame. Dieux ! que m'apprenés-vous ? Courés viste quelqu'un dans la prochaine, Et que sans luy rien dire icy l'on me l'ameine, S'il est vray, le pardon vous est tout assuré. Dom François de Carcame ! ô Ciel ! quels avantages⁎, Ce noble compagnon d'armes et de voyages, Mon Pylade avec qui j'ay si long-temps vescu, Mon second⁎, avec qui j'ay tant de fois vaincu, Ha comble de plaisir qui n'est point ordinaire ! Ouy par l'aspect du fils je me remets le pere, Il est ainsi posé, grave, modeste et doux. Si tu l'aimes, ma fille, ouy tu peux le pretendre. O miracle d'Amour, ô vertu sans pareille ! Que personne à present ne montre un front joyeux, D'un si parfait bon-heur ma voix le veut surprendre. Approche scelerat. Ouy, je veux aujourd'huy rendre tes vœux contens, Devant que de souffrir⁎ la mort la plus infame, A l'Hymen⁎ pretendu dispose icy ton ame, M'as-tu pas demandé cette insigne⁎ faveur ? C'est aussi le desir de cette Egiptienne. Toy meurtrier, toy voleur. Toy le plus renommé de cette infame bande Que ma juste fureur dût toute exterminer, Pour vanger tant de maux, et pour les terminer. De tes vols pour le moins cette fille est complice. Ce larron d'Andres mort, si Dom Jean de Carcame Succede à son bon-heur, et la reçoit pour femme. Elle n'a pû se taire en cette occasion, Mais pour vous témoigner combien je vous honore, Outre la liberté, prenés ma fille encore, Je voy chacun content de cet offre. Si son cœur y consent vous ne le serés point, Et nous nous promettons son aveu sur ce point. Ne vous en fâchez pas, Ma fille est aussi belle, et n'a pas moins d'apas⁎. Madame, montrés-luy. N'en doutés point, et n'apprehendés plus, Vous serés à loisir éclaircy là dessus, Ouy, c'est ma fille unique, et cette Egiptienne Empesche vôtre perte en reparant la mienne. Au reste assurés-vous d'un aveu⁎ que j'espere, Estant comme je suis amy de vôtre pere, Joint que l'extraction⁎, les biens, la qualité, Font voir de nos deux maisons dedans l'égalité. Dieux ! qui nous vient troubler en ce jour solemnel ? Ne craignés plus pour luy, je sçay toute l'affaire, Hipolite en a fait un aveu volontaire. C'estoit mon ordre aussi, Puisque dans ce païs ils n'ont point fait de crime, Qu'ils ayent la liberté dont ils font tant d'estime. Allés, vivés contens, rendés grace à ma fille, Dont vous avés privé si long-temps ma famille, Publiés ce bon-heur⁎ et nos ravissements⁎, Annoncés la vertu de ces nobles Amans, Et que par vôtre choix voix l'Univers s'entretienne Du destin qu'épreuva la belle egiptienne. FIN. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_isabelle *date_1642 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_isabelle Vous voyés bien, Monsieur, par cet évenement, Qu'hier je combatois vos bontés justement, Et qu'avecque raison mon ame estoit génée⁎ De la permission que vous aviés donnée : Ces démons que le Ciel eut déjà foudroyés, Si comme un de ses fleaux il n'estoient envoyés, Ont-ils pû s'abstenir de leur crime ordinaire ? Mais pour ce rare effort comment pouroient-ils faire ? Ils semblent destinés à ce mestier honteux, Ils naissent de larrons, sont nourris avec eux, Et du premier moment qu'ils se peuvent connestre, S'efforcent d'imiter ceux dont ils tienent l'estre, Tant ce charme odieux est puissant sur leurs cœurs, Il faut donc l'arracher par d'extrémes rigueurs, Et qu'un arrest de flame en ce jour extérmine Ces noirs autheurs de maux, de fraude et de rapine⁎. N'en demeurés pas là, que de rudes suplices⁎ Soient aussi preparés pour ses lâches complices ; Une seule entre tous m'excite à la pitié, Et par un tendre instinct gagne mon amitié⁎, Ce charme de nos cœurs, ce jeune astre qui brille, Me fait ressouvenir de nôtre chere fille, A ce triste penser, coulés, coulés mes pleurs. Helas ! depuis douze ans qu'un destin mal-heureux Nous ravit à Madrid ce gage de nos feux, Au travers des ennuis⁎ dont je suis possedee, Cet objet⁎ que je plains m'en retrace l'idee. Cela luy doit valoir quelque meilleur parti, Son sort avec ce traitre estoit mal assorti, Pour un plus noble époux elle semble estre nee. En m'apprenant son crime on me l'a dit ainsi, Mais dessus ce propos je croy que la voicy, Considérés, Monsieur, sa grace non commune, Et ce front dont l'éclat repugne à sa fortune⁎. La vertu sollicite aujourd'huy pour le vice. Je chasseray le dueil qui regne dans son ame. Ne crains point, Precieuse, approche, baise moy, Si l'on luy fait faveur, c'est pour l'amour de toy. Tay toy, seche tes pleurs, banny cette tristesse, Tu briseras d'icy la chaine qui le presse, Et tu sçais emporter d'un effort ravisseur Ce que ta voix demande avec tant de douceur. Quel charme as-tu sur toy dont la force secrete T'obtient si promptement ce que ton cœur souhaite ? Par quel aimable sort te fais-tu tant aimer ? Ha ! ce sont tes beaux yeux qui nous sçavent charmer, Ta beauté, ton esprit, ta grace et ton adresse Elevent jusqu'au Ciel ton indigne bassesse, Bonne mere, approchés. Je voy bien qu'en son mal vostre ame s'interesse, Cette fille est à vous. Quel âge a-t'elle bien ? Helas ! c'est à peu prez l'âge qu'auroit ma fille, Elle seroit ainsi belle, aimable et gentille, Et rien ne semble mieux à ce gage d'Amour, Qu'on nous ravit si jeune à Madrid en plein jour. Ha, ma chere Constance ! Montre moy ta presence, Fay nous voir ta personne, et non pas ton portrait. Mais quel nouveau soucy semble acrestre ta peine ? Parle un peu, répons-moy. Ha ! c'est trop affecter sa ville destinée, Espere, Precieuse, un plus noble Hymenée⁎, Ouy, nous voulons donner en cette occasion Un plus illustre objet⁎ à ton affection. Mais encor quelle chaine et si belle et si forte Dedans ses interests t'engage de la sorte ? A-t'il quelque merite, et d'autre qualité Que celle de voler avec subtilité ? Quoy, tu veux que son corps enferme une belle ame ? Quoy, tu veux faire croire, estant Egiptien, Qu'il est homme d'honneur, qu'il est homme de bien ? Il se voit à ce conte unique en son espece. Quoy, tu veux annoblir un traitre, un vagabond ? Mais il est criminel, et quel que soit son sort, La Justice aujourd'huy doit conclure à sa mort. Quoy qu'il ait fait pour toy, par là tu le surpasses, Heureux dans son mal-heur⁎ d'avoir tes bonnes graces⁎, Hé bien, pour t'obliger⁎ ; je parleray pour luy, Modere cependant l'excez de ton ennuy⁎. Et de quoy ? Est-ce à moy ? La bonne conscience ! Un si nouveau remors estonne⁎ mes espris, Et déja sur ce point certain desir me presse, Parlés donc, O funeste present que le sort me renvoye, Quelle confusion de douleur et de joye ! Hé bien qu'est devenu cet enfant precieux ? Est-il vivant ou mort ? Quoy, c'est là ma Constance ? hé dites-moy comment, Ne laissés point de doute en mon ravissement⁎. Est-il vray ? n'est-ce point un fantôme moqueur ? Mais pourquoy dementir et mes yeux et mon cœur ? Ha ! je n'en doute plus, vien mon sang, vien ma vie Redoubler le plaisir dont mon ame est ravie. Apres douze ans d'ennuis⁎ et de peine soufferte⁎, Je recouvre en ce jour une si chere perte, Je te revoy, ma fille, ha quel contentement ! O favorable⁎ jour, ô bien-heureux moment ! Ouy, tout confirme icy ces faveurs desirees, J'en voy dessus ton bras des marques assurees, Mon œil de ce colier reconnoist la façon, Le sang acheve enfin de lever tout soupçon, Hola, viste quelqu'un. Ma fille Egiptienne, Allés dire à Monsieur qu'il quitte tout, qu'il vienne, Ma Constance. Unique et cher tresor, Approche, baise-moy, que je t'embrasse encor. Mais parmy ces transpors, quelle estrange disgrace D'un reproche honteux diffame nôtre race ? Deviés-vous l'accorder, sçachant sa qualité, Avec un de vos gens, quelle inegalité ? O Dieux ! Ce nom nous est connu, n'est-il pas de Seville ? Ha l'aimable avanture⁎, ha l'insigne⁎ bon-heur⁎ ! Sois beny juste Ciel d'un destin si prospere, Que ce rare accident⁎ va réjouir ton père ! Que veux-tu ? Allés, ne craignés rien. Enfin, console toy, Attens cette faveur des bontés de ton pere, C'est luy qui te rendra ce noble époux, espere : Ce que tu m'as appris de son extraction⁎ Le rend un digne objet⁎ de ton affection, Mais le voicy. Monsieur, benissés l'avanture⁎ Qui prepare une histoire à la race⁎ future, Qui nous rend nôtre fille. Qui nous rend ce tresor que nous avons perdu. Ouy Monsieur, approche ma Constance, Non, non, ne témoignés aucune resistance, Mon esprit sur ce doute est trop bien éclaircy, La marque de son bras, le colier que voicy, Et ce que dit encor cette carte roulee De l'endroit et du temps qu'elle nous fut volee, Vous doivent bien, Monsieur, assurer du bon-heur⁎ Qui nous la rend si belle, et même avec l'honneur. Il est juste, Monsieur. Mais fils du Chevalier Dom François de Carcame, Qui s'est mis dans leur troupe épris de sa beauté. Ne desirés-vous pas en faire son époux ? Ne desirés-vous pas en faire vôtre gendre ? Il nous faut achever cette rare merveille, Le voicy qu'on amene. En effet, Nous ne pouvons pretendre un gendre plus parfait, Et je ne pense pas que Monsieur le refuse. Vien ma Constance, approche. Non, non, un faux apas⁎ n'abuse point vos yeux, Au nom de l'Hymenée⁎ embrassés-vous tous deux. Un Courier dés demain partira de Tolede. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_hipolite *date_1642 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_hipolite Le voyla, mais je tremble. Feignons de l'arrester, quoy qui nous en avienne, Où va si promptement la belle Egiptienne ? Peut-on pour un moment icy l'entretenir ? Hélas ! elle a raison, éprouvons son avis. Non, non, ma passion ne m'a point aveuglée, C'est toy seul qui la rens et juste et déreglée, Tu contrains à t'aimer quiconque ose te voir, Et c'est le moindre effet de ton charmant pouvoir. Mon ame te sentit dès que mes yeux te veirent, Ta douceur m'enchanta, tes graces me ravirent, Je treuvay de l'éclat dans ce teint bazané, Et d'une obscure tige un noble Amour est né, Amour qui te remet les biens que je possede, En quoy sçache que nul ne m'égalle à Tolede, Amour qui t'offre encore un tresor plus exquis, Triomphe beau vainqueur après avoir conquis : De ce mesme regard qui me meit toute en flame, Lance un rayon d'espoir qui contente mon ame, Modere ton tourment, et romps enfin le sort Qui l'agite, la trouble, et me donne la mort. Autre démon que toy ne l'y sceut attacher, Autre démon que toy ne l'en peut arracher, Laisse, laisse cruel une importune feinte Qui donne à mon amour une mortelle atteinte. De Roy ne devient point un tyran de mon cœur, Ni de maitre adorable un insolent vainqueur, Que l'amitié⁎ succede à la feinte banie, N'ajoûte point la honte à ma peine infinie, Ne méle point l'orgueil aux belles qualités Que je vois au travers de ces obscurités. Quoy, manquay-je d'apas⁎ ? quoy, manquay-je de charmes Qui puissent t'obliger à me rendre les armes ? Ma personne, mes biens, et ma condition, Ne peuvent-ils forcer ton inclination ? Ne peux-tu preferer à cette vie infame L'avantageux⁎ bon-heur⁎ de m'avoir pour ta femme ? Quitte, quitte la honte où le sort t'engagea, Sors de cette misere où le sort te plongea, Seconde⁎ mes desirs en faveur de toy-mesme, Respons au nom d'Hymen⁎ à mon amour extréme, Par là, de mes tresors tu deviens possesseur, Tu vivras avec gloire⁎, en paix, dans la douceur, Et goûtant des plaisirs tous purs et sans limites, Braveras la Fortune⁎ ingratte à tes mérites. Dans ce consentement que ta grace m'octroye, Qui s'oppose à ton bien ? qui s'oppose à ma joye ? Je te sauve de tout par mon authorité. Es-tu déjà soûmis au joug de l'Hymenée⁎ ? L'avantage⁎ en ce cas te permet de changer. Mais cet objet⁎ enfin n'est qu'une Egiptienne. Quiconque a l'une et l'autre, elle est à preferer. Prens la possession, et quitte l'esperance. Le mal-heur⁎ trop souvent suit cet esprit flateur. La misere et l'orgueil ne sont pas bien ensemble. Quoy ? mon atente est vaine, et je souffre un refus. Quoy d'un Egiptien je me voy refusée ! Quoy d'un fier vagabond je me voy méprisée ! Ma faveur le poursuit, il suit d'autres apas, Je luy parle d'Hymen⁎, il ne l'accepte pas, Honte, dépit, affront, ressentiment, vengeance, Laissés-vous triompher cette superbe⁎ engeance ? Souffrés⁎-vous que ce traitre avec impunité Profane ma vertu, ma gloire⁎ et ma beauté ? Au secours ma fureur, viste forgeons un foudre, Qui reduise à mes yeux ces deux amans en poudre, Faisons pour le haster des effors merveilleux, Et lançons-le d'abord sur ce roc orgueilleux, Roc qui brave le Ciel qui s'atache à la terre ; Et semble défier les éclats du tonnerre, Bien-tost, bien-tost, ingrat, il va tomber sur toy, Tu sçauras ce que c'est de se moquer de moy, Tu sçauras ce que c'est de mépriser ma flame, Et de me preferer je ne sçay quelle infame, Tu ne tiens pas encor cet objet de tes vœux, Tu periras au port, et peut-estre tous deux, Je te vays de ce pas faire charger de chaines, Je te vays exposer aux plus cruelles génes⁎, Et tu confesseras dans l'horreur de tes fers, Qu'il vaudroit mieux vivant tomber dans les enfers, Qu'au pouvoir irrité d'une amante enragée D'un indigne mépris dont je seray vangée. Je bénis ce rencontre à mes yeux favorable, J'allois vous supplier de m'estre secourable. Ces infames autheurs de mille fourberies Me sont venus voler toutes mes pierreries, Et je n'ay point d'espoir de recouvrer ce bien, Que par vôtre assistance, et par vôtre moyen. Un certain entre tous d'assés bonne façon, De tout le voisinage attire le soupçon, On l'a veu qui rodoit fort prez de nôtre porte, Et les plus assurés l'ont dépeint de la sorte, Châtain clair, un peu gréle, et le plus haut de tous, Qui semble le plus propre à de semblables coups, Et dont la mine dit qu'il en a bien fait d'autres : Faites-le moy d'abord saisir par un des vôtres, Apres, nous fouillerons et sa valise et luy. Je te tiens arrogant, et ta perte arrestée Va vanger mon amour lachement rejetée, Ma fourbe par mes mains conduite adrétement, Prépare à ton orgueil un juste châtiment, Et ces joyaux tirés du fond de ta valise Feront selon mes vœux réussir l'entreprise. Ouy, voyla mon voleur. Toy-mesme en personne, Toy que l'on m'a dépeint, et que chacun soupçonne. Non, non, tout maintenant je veux qu'on me les rende, Ou l'on va t'enchainer avec toute la bande, Voyés qu'il est rusé : Sans faire plus de bruit Je les auray, dit-il, et devant qu'il soit nuit. Son bagage fouillé prouve ma conjecture⁎, Commandés qu'on l'apporte. Ne fiés, s'il vous plaist, la recherche qu'à moy. Apporte icy, mets là, vous verrés si j'ay tort D'accuser ce voleur. Ne voyla pas déjà mes bracelets, ma chaine ? Pour découvrir le reste il ne faut point de géne⁎. Ton larcin. Tu dois bien l'estre aussi, si jamais tu le fus, Bon, je tiens mon colier, il faut que tout revienne, Oseras-tu nier que ce bien m'appartienne ? Il me revient encore un certain diamant, Cherchons bien. Courage, le voicy, nous tenons tout. Enfin Confesse qu'avec moy tu n'es pas le plus fin⁎. Il m'injurie encor. Que peut-il alleguer, faut-il d'autres témoins ? Commandés qu'il se taise. Il faut le dépescher. Amis, vangés la mort de vôtre camarade, Immolés⁎-luy ce traitre, et toute sa brigade, Encor sera-ce peu pour contenter son sang. Je sçauray reconnestre un si loüable office. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_le-prevost *date_1642 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_leprevost En quoy ? me voyla prest, et je me sens ravir Du glorieux bon-heur de vous pouvoir servir. Il faut pour cet effet prendre le Capitaine, Nôtre exacte recherche autrement seroit vaine. Ces assés, ces voleurs rendront tout aujourd'huy. Ne perdons point de temps, l'affaire est d'importance, Allons, c'est icy prez, et s'ils font resistance, Sans attendre ma voix, main basse, tués tout, Du meurtre general mon pouvoir vous absout. Demeurés. Le premier qui fait le moindre effort. Je le tuë, il est mort. Il faut restituer à cette jeune Dame Ses joyaux qu'on a pris. On ne connoist que trop l'autheur de l'action. La veue en fera foy. Elle vous appartient estant interessée. Viste, qu'on le saisisse, Et qu'on le mette aux fers. Empeschés. Quoy perfide, A ton larcin encor ajoûter l'homicide ! C'est ce que nous ferons. Allons, et que pas un ne sorte de son rang, L'arrest du Senéchal fera punir son crime. Vous autres, vous aurés mon logis pour prison. Je seray toujours prest à vous rendre service. Fin du quatriéme Acte. C'est elle qui m'a dit que j'amenasse icy Ces gens que vous voyés. **** *creator_sallebray *book_sallebray_belleegyptienne *style_verse *genre_show *dist1_sallebray_verse_show_belleegyptienne *dist2_sallebray_verse_show *id_archer *date_1642 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_archer Tu discoures encore.