**** *creator_sedaine *book_sedaine_defautssupposes *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_defautssupposes *dist2_sedaine_verse_comedy *id_DUMONT *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dumont Oui, ma fille, Dorval arrive ce soir même, Et dès ce soir, je prétends vous unir. Non ; je veux qu'il t'épouse, et l'amour peut venir Quand bon lui semblera. Une excellente affaire ! Non pas ; la retarder, c'est risquer son succès. Dorval est jeune et riche, il est fait pour te plaire, Et cet hymen, d'ailleurs, termine deux procès Qui, depuis quarante ans tant à moi qu'à mon père, Nous ont coûté, seulement en faux frais, Plus de cent mille francs avec leurs intérêts. À mes ordres en vain tu veux être rebelle ; Pour te persuader, voilà ce qu'on m'écrit. « Dorval est doux et sage, il a beaucoup d'esprit ; À ses moindres devoirs il fut toujours fidèle, Aux ordres de sa mère il fut toujours soumis ; Des jeunes gens il étAit le modèle, Et deviendra bientôt l'exemple des maris. » D'après cela, que peux-tu dire ? C'est sort bien raisonner, d'honneur ; mais c'est en vain. Je prétends que ce soir mon projet s'exécute. Tu diras, si tu veux, que je te persécute, Je n'en irai pas moins mon train ; J'ai soixante ans, deux procès, une fille, C'est beaucoup trop, en vérité. En unissant Dorval à ma famille, Je mets fin aux soucis dont j'étais agité. L'occasion est belle, et j'en ai profité. Vains discours ! Cet hymen est sortable. Hé bien ? Ma pauvre enfant, tu n'es pas raisonnable, Et ton aveuglement, d'honneur, me fait pitié. Va, va, le mariage est toujours agréable Quand la richesse est de moitié. Mais ceux que, sans fortune, un fol amour engage, Se repentent bientôt d'une sotte union. On voit alors l'amour plier bagage, Et l'ennui, pour jamais, habiter leur maison. Ce tableau de comparaison N'est pas mal fait, et doit te convaincre, j'espère. Moi, je n'exige rien ; mais tu dois m'obéir. Dorval, je le répète, aujourd'hui doit venir, Entends-tu bien. Tandis qu'avec sa mère, Mon procureur et mon notaire, Nous réglerons vos intérêts, Dorval tâchera de te plaire. Pour signer le contrat, nous reviendrons après, Et c'est ainsi, je crois, que doit finir l'affaire. Adieu, ma chére enfant. Vous daignez excuser Si quelque temps, ici, j'ai pu vous faire attendre. Mais ce n'est qu'à l'instant que l'on vient de m'apprendre.... Laissons cela, Madame, et parlons de mon gendre : Je crois sur son sujet que l'on m'a bien instruit. C'est un joli garçon ; il a l'air doux et sage. C'est de nos deux enfants la vertu favorite. Lise prétend aussi me contredire, moi, Quand je fais son éloge ; et pourtant, je vous jure Qu'à la flatter je ne pense jamais..., Je hais les compliments autant que les procès ; Et c'est toujours d'après nature, Que je trace tous mes portraits. J'entends ; laissons cela, Nous avons bien d'autres affaires. Ne retardons pas leur bonheur, Vous voyez leur impatience ; Tenez, nous les gênons, il faut aller d'avance Terminer nos procès avec mon Procureur. Mes enfants, un instant suffit pour se connaître : Dorval est jeune, aimable, et Lise a des attraits : L'un pour l'autre vous êtes faits, Et l'amour de vos cœurs va se rendre le maître. D'avance on ne doit pas se voir par trop longtemps ; Les amoureux n'ont qu'un langage ; Ils répètent, pendant dix ans, Ce qu'ils ont dit dès les premiers instants ; Et l'amour est usé le jour du mariage. Allons, Madame, allons, ne perdons point de temps : Me réconcilier avec une ennemie, Terminer deux procès, rendre heureux mes enfants, Et donner à ma fille, une mère, une amie. Ce jour est, à mon gré, le plus beau de ma vie. Je vous cherchais, Madame. Moi, j'ai besoin de vous ouvrir mon âme : Écoutez-moi, sans passion. Quand j'acceptai Dorval pour époux de ma fille, Je croyais de tous deux assurer le bonheur : Ce que je viens d'apprendre a détruit mon erreur ; Cet hymen porterait le trouble en ma famille ; On m'avait abusé par un portrait flatteur. Et vous me permettrez, s'il vous plaît.... Ce Dorval est un fou qu'on ne peut excuser, Et ma fille en conçoit de très justes alarmes. J'ai méprisé longtemps des prières, des larmes Que je croyais l'effet de la prévention ; Mais je me vois forcé de leur rendre justice. Non ; car la pauvre enfant n'avait pu se défendre D'éprouver, pour Dorval un sentiment fort tendre : Lorsqu'elle a refusé sa main, Je lisais dans ses yeux qu'il avait su lui plaire. Oh ! Je connais le cœur humain. Rien n'échappe d'ailleurs à l'œil d'un tendre père ; Lise aime votre fils ; son cœur, j'en suis certain, Souffre en secret ; mais son esprit, plus sain, Lui fait voir les dangers d'un pareil caractère. De Dorval, s'il vous plaît. Cette perfection, Madame, est assez mince. Je l'ai cru trop longtemps, mais je ne le crois plus. Madame ! Madame, d'être franc, je me suis fait la loi ; Je n'ai jamais su feindre, et n'en ai nulle envie. Dorval, sur cet article, est plus censé que vous ; Il est quinteux, brutal, querelleur et jaloux ; Mais de tous ces défauts il fait l'aveu sincère ; Et, pour ne l'en pas croire, il faut être sa mère. J'y consens. Grâce au Ciel ! Hé bien, Madame, hé bien, plaidons sur nouveaux J'aime mieux, avec vous, avoir trente procès, Que d'en avoir un seul au sein de ma famille : Toujours mes propres intérêts Seront sacrifiés au bonheur de ma fille : Mais pour mettre en défaut votre esprit chicaneur, Avant trois jours je veux marier Lise.... À mon Procureur : Il est partout des gens d'honneur. Marton. Allez dire à ma fille Que Dorval n'entrera jamais dans ma famille. Oh ! je ne vous crains pas, Madame, et je saurai... Permettez. Avant tout, il faut aller reprendre Chez notre Procureur l'abandon de nos droits : Monsieur Dorval, ici, voudra bien nous attendre. Allons ; serviteur, feu mon gendre. Que fait-il là ? Vous paraissez, ma fille, approuver ce langage, Ces sentiments. Eh bien ? Sans doute en notre absence ils sont devenus fous. Hé bien, Madame, Adieu notre courroux. Puisqu'ils sont raisonnables, Il faut bien, d'un moment, leur pardonner l'erreur. Eh ! que gagnerions-nous à paraître intraitables, Cela s'appellerait bouder contre son cœur. Votre fils a raison, la haine est un supplice. Allons, mes chers enfants, que l'hymen vous unisse : En vous aimant toujours, faites notre bonheur. De notre vieille haine oublions les excès : Four assurer la paix que le Ciel nous envoie, De tous les titres du procès Je prétends faire un feu de joie. Écoutez, mes enfants, pour un instant d'erreur, De mille maux cruels votre âme fut atteinte. Ne démentez donc plus la voix de votre cœur. Jamais le vrai plaisir n'est le prix de la feinte, Et la seule franchise a des droits au bonheur. **** *creator_sedaine *book_sedaine_defautssupposes *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_defautssupposes *dist2_sedaine_verse_comedy *id_LISE *date_1788 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lise Et, dès ce soir, vous voulez que je l'aime ? Si Lise vous est chère, Ah ! Daignez retarder.... Que ce portrait est beau, s'il est bien ressemblant ; Mais, par malheur, le peintre y prodigue souvent Des qualités que, d'avance, on admire ; Et cette illusion cause notre tourment Lorsque l'original est fait pour la détruire. Mon père... Sortable ! Peut-on calculer le bonheur ? Il est d'un prix inestimable. Ah ! ce n'est pas de l'or que demande le cœur. Puisque vous l'exigez, mon père.... Rien ne peut le fléchir. Aimable ! Ils ont tout dit, quand ils ont dit ce mot ; Un homme à vingt-cinq ans, lorsqu'il n'est pas un sot, De la société peut faire le délice, Et souvent de sa femme il n'est que le tyran : N'ai-je pas, sous les yeux, l'exemple de Clarice ? On l'unit à Saint-Phar ; sa fortune, son rang, Et l'esprit qu'il joignait aux grâces de son âge, Promettaient à Clarice un bonheur sans nuage. Jusqu'au jour de l'hymen il en parut épris, Bientôt elle devint l'objet de ses mépris. Elle se plaint, sa plainte est vaine ; Elle a perdu ses droits sur cette âme inhumaine. Tandis que des plaisirs Saint-Phar suit le torrent, Qu'on excuse ses torts en faveur de son rang, Sa femme de l'envie est encor la victime, La retraite ne peut la soustraire à ses coups. On l'accuse, tout bas, des torts de son époux, À ceux qu'on lui suppose, on ajoute le crime : Voilà ce que j'ai vu, j'en crains autant pour moi. Je dois être soumise aux ordres de mon père. Mais il ne veut que mon bonheur. C'est par bonté qu'il est sévère ; Et sans peine, Marton, je toucherai son cœur, Si je puis lui prouver que cet homme estimable De son épouse, un jour, peut faire le malheur. Dans ce projet tu pourras me servir ; Depuis qu'il est formé, mon âme est plus tranquille : Bannissons un chagrin qui devient inutile ; J'éprouverai Dorval ; allons il peut venir, Je connaîtrai son cœur, son caractère ; Mais je ne veux pas suivre une route ordinaire, Je ne veux pas cacher d'avance à mon époux Jusqu'au moindre défaut que je puis me connaître : Non, non, je veux les avoir tous ; Je suis vive, parfois, et je veux lui paraître Emportée à l'excès. La jalousie aussi peut entrer dans mon âme ; Elle pourra marcher avec la vanité. J'unis encor l'envie à la méchanceté, Je veux être à la fois médisante et coquette : Ce n'est point une nouveauté ; Le tableau terminé, mon épreuve est parfaite. Pardonnez-moi La franchise. Précisément voilà le tort qu'on a. À se tromper tous deux d'avance on s'étudie ; Mais de sa propre ruse une femme est punie ; Elle a cru d'un amant s'assurer mieux le cœur. Devenu son époux, le voile se déchire ; Il ne reconnaît plus cet objet enchanteur, Qui sur son âme entière avait jadis l'empire. Avec la fin de son délire, Il voit la fin de son bonheur. Son épouse n'a plus le don de le séduire. Par le mépris, par la froideur, Il se venge bientôt d'une fatale erreur ; Et lorsqu'elle s'en plaint, il a droit de lui dire : Quand je vous adressai mes vœux, De mille qualités vous paraissiez pourvue ; Pas un défaut ne s'offrit à ma vue. Montrez-vous encore à mes yeux Telle que vous étiez avant notre hyménée ; Vous ne serez jamais abandonnée, Et moi je serai plus heureux. Eh ! Veux-tu que je les devine ; Lorsque soi-même on s'examine, L'amour-propre a grand soin de ternir le miroir ; Mais il en éclaircit la glace, Pour montrer les défauts qu'un autre peut avoir. De cet autre aujourd'hui je veux prendre la place ; Dorval pardonnera peut-être à tant d'audace ; L'amant excuse tout, l'époux n'excuse rien. Sil peut se rebuter, après notre lien, Aux plus légers défauts il ne ferait pas grâce, Et je regarderai sa perte comme un bien. Quand Dorval paraîtra, tu viendras m'en instruire ; S'il te parle de moi, dis-en beaucoup de mal. Ah ! daignez ménager.... Quels discours ! Saurait-il mon projet ? Voudrait-il se venger ? Votre franchise, au moins, mérite qu'on la loue ; Elle excite la mienne, et vous verrez bientôt... Quel homme ! Monsieur !... Comme je suis trompée ! Aurais-je dû m'attendre ? Je veux à mon tour le punir. L'amour ! L'amour peut-il entrer dans votre cœur ? Tiendrait-il un pareil langage ? Ne me croyez pas dans l'erreur, Vous connaissez, Monsieur, mes défauts, mon humeur ; Et par un cruel persiflage, Vous vous on accusez pour m'en montrer l'horreur. Eh bien, terminez votre ouvrage, Achevez cet affreux portrait, Deux ou trois traits encor afin qu'il soit parfait : À vous les indiquer faut-il que je m'engage ? Il est saisi. La feinte à-présent vous sied bien. Cessez vous-même, je vous prie, Cessez, Monsieur, de m'outrager. Sans espoir de me corriger, Avec tous mes défauts vous voudrez bien me prendre : Sans doute on vous a dit ce que j'ose prétendre ; Je crois que mon époux doit se faire un devoir De prévenir ma moindre fantaisie. Je suis jeune, je suis jolie. Je dois donner des lois, et n'en point recevoir. Conservez-vous l'espoir de le rendre parfait ? Assez souvent l'amour a fait Ce que la raison n'a pu faire. Le dépit est l'effet de l'amour qu'on outrage. Vous seriez-vous flatté, Monsieur, D'avoir acquis quelque droit sur mon cœur. Je devais vous croire plus sage. Non, Monsieur, non ; c'est la vérité. Je n'y mets point d'humeur, je n'ai rien affecté : Oui, j'ai tous ces défauts, beaucoup d'autres encore, Et, malgré tout cela, je prétends qu'on m'adore. Il le désavouera, cet affreux caractère. Il est parti !.... Tant mieux, ma joie en est extrême. Oh ! Le monstre à ma main il peut bien renoncer. À tant de faussetés peut-il donc s'abaisser ? Il a tous les défauts, il en convient lui-même : Hé bien, avec quel art il sait les effacer ! Comme il saisit le ton de l'amour le plus tendre ! Si j'avais voulu l'écouter, Mon cœur n'aurait pu s'en défendre. Mais !.... Mais j'ai vu le piège, et j'ai su l'éviter. De quel effet cruel cette épreuve est suivie ? Je prétends à l'hymen renoncer pour la vie. Plus méchants que Dorval, et peut-être plus faux, D'autres avec plus d'art cacheraient leurs défauts. Ces nœuds fatals ne m'offrent que des peines : Mon sexe porte seul tout le poids de leurs chaînes. Je ne le reverrai de la vie. Je vais trouver mon père, embrasser ses genoux ; Il n'exigera pas que je me sacrifie, En faisant choix d'un tel époux. À tout l'effet que j'en devais attendre. À ma main ne doit jamais prétendre : Il a tous les défauts qu'un homme peut peut avoir. J'en suis enchantée, J'en suis ravie.... Oh ! oui, je suis.... au désespoir. Quoi ! mon père !... Souffrez que je vous remercie. Il le faut bien, Monsieur. Cette réflexion est assez inutile Cet espoir, à vos yeux, a paru peu fla teur, Et vous avez tout fait, Monsieur, pour le déttuire. Le succès est certain : de quoi vous plaignez vous ? Non, non, il n'en est pas besoin ; Épargnez-vous, Monsieur, un inutile soin. De vous justifier conservez-vous l'espoir ? Quels sont donc les desseins que vous pouvez avoir ? En vérité, Monsieur, je n'y puis rien comprendre. Lorsque tout paraissait d'accord pour nous unir, Vous avez tout tenté pour vous faire haïr ; Et quand tout est rompu, vous changez de langage : Vous n'excuserez pas cette inégalité. D'un nœud qui vous déplaît votre cœur se dégage ; Mais ce n'est point assez pour voire vanité : Vous voulez partir regretté. Voilà le vrai motif de ce nouvel hommage. Ah, de quel poids mon cœur est soulagé ! Je ne dois pas souffrir que votre âme s'abuse. Dieux ! Dorval, rendez-moi justice. C'est trop longtemps, Dorval, prolonger votre erreur, Mon âme au sentiment a besoin de se rendre : Ah ! vous aviez déjà mon cœur.... Vous venez, pour jamais d'obtenir mon estime ; Mais de bien des défauts je dois me corriger. Je n'aurai pas, Dorval, tant de peine à changer. Je suis bien loin d'être parfait ; Mais je ne suis pas vive, emportée et coquette, Autant que j'ai voulu le paraître à vos yeux. Mon triomphe est passé, Dorval, voici le vôtre ; C'est à vous maintenant à reprendre vos droits. Votre sexe toujours doit commander au n ? ?tre : Je me fais un devoir de souscrite à vos loix. Puisque vous l'exigez, nous régnerons tous deux ; Dorval, par la raison, Lise, par la tendresse. Mon père... Je les partage. Madame, Sans votre aveu, je croirais abuser... **** *creator_sedaine *book_sedaine_defautssupposes *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_defautssupposes *dist2_sedaine_verse_comedy *id_MADAMEDORVAL *date_1788 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamedorval Hé bien ? Puisqu'il est averti, Je crois que nous pouvons nous arrêter ici. Dans ce salon, sans doute, il va se rendre. Nous sommes loin, Monsieur, de vouloir abuser.... Mon Dieu ! Son seul défaut, c'est trop de modestie. Cette vertu, chez vous, dégénère en manie, Mon fils ; on ne doit point outrer la vérité ; Mais on doit convenir de son propre mérite. C'est comme moi, Monsieur. Frontin, sortez. Marton, allez, je vous supplie, Dire à Monsieur Dumont que je le prie De venir en ces lieux, que je veux lui parler, Que je l'attends ici. Je retiens ma colère Afin de pénétrer cet étonnant mystère. Dorval, de cet hymen veut retarder le jour ? Lui ! Lui ! Qui paraissait l'accepter avec joie ; D'un chagrin qu'il me cache, ah ! Son âme est la proie ; Mais vainement il use de détour. Ah ! vous voilà, Monsieur. J'ai besoin, avec vous, d'une explication. Quel langage ! Monsieur Dumont, me connaissez-vous bien ? Si, pour vous excuser, vous prenez ce moyen, Je le regarde, moi, comme un nouvel outrage. C'est vous qui prétendiez, Monsieur, m'en imposer ; Cette union était tout à votre avantage ; Mais Dorval, plus sensé, plus prudent et plus sage, A découvert qu'on voulait l'abuser, Et s'oppose à ce mariage. Ces pleurs sont l'effet du caprice, Et non celui de la raison. Eh ! De qui parlez-vous ? De mon fils ! Apprenez, Monsieur, qu'il est parfait. Il n'a pas son égal dans toute la province, Pour l'esprit, et pour les vertus. Monsieur ! Apprenez, je vous prie, À ménager Dorval, à me respecter, moi. Quel odieux portrait !... Redoutez mon courroux. Plus d'amitié, Monsieur, plus de paix entre nous. Je vous déclare ici la plus cruelle guerre. Le contrat n'est pas encore signé. Je pars ce soir même. Je vais plaider encor ! La joie en est extrême ! Dans trois jours, au plus tard, vous serez assigné En réparations, intérêts et dommages. Oh ! Je serai vengé, Monsieur, de tant d'outrages. À qui donc ? D'un pareil choix, Monsieur, je ne suis pas surprise, Il est digne de vous. Frontin ! Frontin. Allez dire à mon fils.... Que je veux sur le champ quitter cette maison. Allez. Vous me ferez raison, Monsieur, de cette injure. Je vous poursuivrai sans pitié. Avant de voir la fin de notre inimitié, On verra renverser l'ordre de la nature. Je prétends vous plaider jusqu'à mon dernier jour. Aux vôtres mes enfants ne seront point de grâce ; Ils les plaideront à leur tour Jusqu'au dernier de notre race ; Et par mon testament je les y contraindrai. Oui, mon fils, sur le champ. Daignez, Monsieur, ne pas me répartir. On vous insulte, on vous outrage ; Et nous pourrions rester en ces lieux davantage : Non, mon fils, au plutôt je prétends en sortir. Ici ?... j'y rentrerai pour la dernière fois. Allons, Monsieur. Partons, mon fils.... ô ciel ! Quel étrange discours ? Mon fils, y pensez-vous ? Hé bien ? Les enfants ! Les enfants ! Ma fille, embrassez-moi, puis-je vous refuser ? Dorval vous aime ; et nous n'avons qu'une âme. **** *creator_sedaine *book_sedaine_defautssupposes *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_defautssupposes *dist2_sedaine_verse_comedy *id_DORVAL *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dorval On n'est pas plus jolie. Par un premier coup-d'œil craignez d'être séduit, Monsieur ; si les dehors sont à mon avantage, Je ne prétends jamais en tirer vanité. Quand on en a, Madame. Voila l'heureux instant de vous ouvrir mon âme, Je le saisis avec empressement. Je ne vous tiendrai pas les discours d'un amant ; Je ne veux pas vous peindre une subite flamme, Vos yeux sont faits pour l'inspirer ; Je résiste avec peine au pouvoir de vos charmes ; Mais je crains de causer d'éternelles alarmes À celle que toujours je voudrais adorer. Je dois vous surprendre. Daignez quelques instants, daignez encor m'entendre, Des amants je devrais être le plus heureux : À la beauté vous unissez les grâces ; Je devrais m'empresser de vous offrir mes vœux, Vous jurer de fixer les plaisirs sur vos traces ; Mais peu d'accord avec mon cœur, Mon esprit, en ce jour, s'oppose à mon bonheur ; Je suis un homme étrange ; il faut que je l'avoue. Il m'en coûte de l'affliger. Un seul instant encor : après, je ne dis mot. Vous avez, m'a-t-on dit, beaucoup de patience ; Tant mieux, j'en ai fort peu, vous en aurez pour moi. N'attendez, de ma part, aucune complaisance, Ma volonté toujours fut mon unique loi. À ce défaut, joignez la défiance. Il faut s'expliquer net, ou j'interprète mal. Et jugez à quel point je suis original ? J'explique en ce moment jusqu'à votre silence ; Vous traitez cet aveu de pure extravagance ; Vous me regardez comme un sot. Il faut trancher le mot, J'en suis sûr. Pour la tête, elle n'est pas meilleure. Je m'emporte pour rien, je m'emporte a toute heure : Cela ne dure pas, j'ai le cœur assez bon ; Je reconnais mes torts, et demande pardon. Mais il faut souffrir la tempête. Vous jugez si ma femme a besoin de douceur ; Il faut qu'à m'excuser son âme toujours prête, De quelques bons moments fasse tout son bonheur. À ce prodige ai-je droit de prétendre ? Elle frémit. Daignez me pardonner un aveu nécessaire ; De mes défauts j'ai dû vous prévenir ; Mais la douceur de votre caractère Peut corriger le mien, peut le rendre parfait. Assez souvent l'amour a fait Ce que la raison n'a pu faire. Jamais étonnement ne fut égal au mien. Ah ! De grâce, cessez une plaisanterie.... Avec autant d'attraits, avoir ce caractère ? Ah ! De grâce, parlons sans dépit, sans humeur. C'est un jeu.... J'ignore par quel charme elle sait embellir Ce qui semble devoir forcer à la haïr. Point de faiblesse, il faut finir. La surprise un instant m'a forcé de me taire. Daignez me pardonner, si j'ai pu vous déplaire ; Faire votre bonheur était mon seul désir. Vous étiez le choix de ma mère, Et j'aimais à m'en applaudir. Je vous ai vu ; votre présence Semblait me confirmer cette douce espérance : J'admirais vos attraits, surtout votre douceur ; Je me disais, sans cesse, et du fond de mon âme : Elle aura le talent de me rendre meilleur : Ah ! Que ne peut sur nous la douceur d'une femme ! Le prestige est détruit, il n'y faut plus songer. En vous quittant j'emporte votre image ; Mais je sens que jamais je n'aurais le courage De souffrir des défauts qu'on ne peut corriger : J'userais de mes droits avec trop d'avantage, Et j'aime mieux vous fuir que de vous affliger. On m'apprend à l'instant que vous voulez partir. Daignez, je vous supplie.... Je vais, dès aujourd'hui, vous quitter pour jamais. Ah ! votre âme est tranquille Rien ne peut en troubler la paix. Que votre esprit encor n'en soit point offensé : Une franchise outrée à vos yeux fut mon crime : Le Ciel me punit bien d'un projet insensé ; Mais je prétends du moins obtenir votre estime, Si j'ai perdu l'espoir de toucher votre cœur. Vous devez m'accabler du plus juste courroux : Je l'ai bien mérité, mais je dois vous instruire. Avant de me juger, du moins daignez m'entendre. Ah ! je dois dissiper cette fatale erreur. Connaissez mieux Dorval et plaignez son malheur. J'ai redouté longtemps le joug du mariage ; Du sort de tant d'époux exact observateur, Je voyais chaque jour ceux que l'hymen engage, Courir à l'infortune, en cherchant le bonheur ; Et des nœuds qui, pour terme, ont celui de la vie, Formés par l'intérêt, et jamais par le cœur. Sur ces tableaux cruels mon âme appesantie, Redoutait un pareil malheur. Et c'est pour l'éviter que j'ai voulu paraître, Non pas tel que je suis, mais tel que je puis être ; Je me faisais d'abord un plaisir enchanteur D'effacer ce tableau par un plus agréable, D'obtenir d'une épouse et l'estime et le cœur, En faisant au tyran succéder l'homme aimable. Je ne m'attendais pas à rencontrer mon maître. L'amour, de cette feinte, est sans doute outragé ; Mais le cruel est bien vengé. L'aveu de vos défauts dans mon âme a fait naître Le dépit le plus vif et la plus vive ardeur. J'ai cru pouvoir la vaincre, et j'étais dans l'erreur. L'orgueil condamne en vain ce que l'amour excuse : Bientôt je me flattai que ce fatal aveu, Pour me punir du mien, pouvait n'être qu'un jeu. Ne me détrompez pas, mon âme s'y refuse : Hé, pourquoi de vos yeux démentir la douceur ? Malgré vous tous vos traits expriment la candeur. Hé bien, je m'abandonne au pouvoir de l'amour ; Mon cœur de vos défauts ne conçoit plus d'alarmes ; Ils sont tous effacés, je ne vois que vos charmes ; Et si mes soins peuvent un jour M'obtenir un tendre retour, Je serai trop payé d'un si doux sacrifice. Non, vous résisteriez en vain ; À mes yeux maintenant vous paraissez parfaite : Je supporterai tout, je n'exigerai rien. Si vous daignez m'accorder votre main, Vous me ferez chérir l'instant de ma défaite : Oubliez ce Dorval, qui vous fut odieux ; Voyez son repentir, pardonnez-lui sa feinte ; Ne craignez de sa part ni reproche, ni plainte : S'il peut vous obtenir, il sera trop heureux. Je le jure à vos pieds, cessez de vous défendre.... Dieux ! puis je croire à mon bonheur. Ah ! N'en parlons jamais ; je me ferais un crime... Mon cœur me le disait : ah ! je suis trop heureux. Moi ! Vous donner des lois ? Non, j'en fais la promesse ; Régnez toujours sur moi, vous comblerez mes vœux. Je n'y résiste plus, je cède à mon ivresse, Et je jure à vos pieds... Je jure un amour éternel Au cœur le plus parfait, à l'âme la plus pure Qui soient jamais sortis des mains de la nature. Au contraire, Monsieur, je suis devenu sage. Daignez nous écouter et calmer ce courroux. D'une feinte, tous deux, nous fûmes la victime, Et tous deux abusés par des dehors trompeurs, Nous voulions résister à la voix de nos cœurs. Pardonnez-nous, pardonnez-nous ce crime, De notre repentir, daignez avoir pitié. Il est si doux d'aimer : jugez-en par vous-même. Vous avez dû sentir une douleur extrême, En faisant succéder la haine à l'amitié. En nous réunissant, terminez votre peine, L'amitié pour jamais va remplacer la haine. Comment vous témoigner... **** *creator_sedaine *book_sedaine_defautssupposes *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_defautssupposes *dist2_sedaine_verse_comedy *id_MARTON *date_1788 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_marton Ah ! Le père cruel ! Voilà pour en mourir ; C'est une barbarie atroce, épouvantable. Nous forcer d'épouser un homme jeune, aimable... Un exemple me fait pas loi. D'ailleurs, le mariage est une loterie, Les bons billets nous viennent au hasard. On les obtient, sans peine, étant jeune et jolie ; On n'a que les mauvais quand on y met trop tard. Eh ! Comment lui prouver une chose incroyable ? Eh ! Mais, y pensez-vous ? Il dira que, déjà, vous vous croyez sa femme. Et cette épreuve est folle, en vérité. Ne pas se réserver même une qualité ? Laquelle ? C'est : encore un défaut quand on a tous ceux-là ? ; L'art de les bien cacher serait plus à ma guise. Moi, je crains les effets de cette humeur chagrine ; Pour vouloir l'adoucir, n'augmentez pas le mal ; À ne vous point flatter, si votre âme s'obstine, Avec vos seuls défauts montrez-vous à Dorval. Dois-je, d'un tel projet, ou m'affliger on rire ? Le moyen est original. Pour ne rien hasarder, il ne faut en rien dire. En connaisseur prudent, si l'effet est fatal, À haute voix on le déchire ; Mais s'il est heureux, on l'admire. Quel est cet homme-là ? Et de qui ? Ah, ma joie est extrême. Je vais savoir.... Approchez donc, Monsieur ; Vous lui servez... Depuis longtemps ? Et vous le connoissez ? Charmant ! écoute. Je veux quelques instants avec toi m'expliquer. Ni femme, ni maîtresse, à cela près.... Toi, mon époux ! Pas encor. Laissons cela : nous y reviendrons bien. Et parlons un instant de ton maître. Hé, nigaud, n'en dis pas de mal. C'est un homme si sage. Dis-tu vrai ? D'honneur. Quoi donc ? Ah, Dieux ! Il les a tous ? Ah ! Je perds courage. Mais qui nous écrit donc ?... Tous ces défauts.... Ah ! Pauvre Lise ! Non. Non. On le croit ; mais moi, moi, je connais son esprit ; Elle impose an bonhomme de père ; Il la croit un prodige aussi ; Mais c'est un vrai démon : voilà son caractère. Elle n'est pas heureuse ; on croit dans un mari Rencontrer un homme docile. Sans les chercher, on en eût trouvé mille ; Pour en être plus sûr, exprès on l'a choisi, Et l'on est à ce point trompé dans son attente. Il est affreux de s'abuser ainsi. Tu n'as donc plus rien à me dire ? S'il a quelque défaut, c'est d'être un peu flatté. Adieu, je me retire, Et je vais t'annoncer.... Je suis muette. Et toi ? Bon. Il est de bonne foi. Oh ! Voilà bien les mères ! L'orage pourra bien succéder au bon temps. Vous avez vu Dorval ; eh bien, qu'en dites-vous ? L'épreuve ?.... Et Dorval ? C'est beaucoup. Je n'en dis pas autant. Je suis déconcertée. Hé bien. Pourquoi ? Je le sais. Un mot. Tu m'aimes donc ? Des amants voilà le langage. Peux-tu m'aimer beaucoup ? Tu ne me connais pas. Je ne t'en tiens pas quitte ainsi, Tu n'as pas de valet qui puisse ici m'instruire De tes défauts. Il est un peu plus long. Je suis capricieuse. Fort curieuse. Je suis encore très envieuse. Coquette ! Je suis encore.... Je ne manquerai pas de te la rappeler. Je te l'accorde. Amour ! amour ! voilà bien de tes coups. **** *creator_sedaine *book_sedaine_defautssupposes *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_defautssupposes *dist2_sedaine_verse_comedy *id_FRONTIN *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_frontin Parbleu ! tous ces valets sont de grands fainéans. Est-ce ainsi qu'on reçoit les gens ? Faut-il qu'en ce logis je m'annonce moi-même. Je suis ambassadeur. De Dorval. D'ami. Sans doute. Au mieux. La situation devient embarrassante. Sur quel ton, s'il vous plaît, dois-je vous répliquer ? Êtes-vous femme, on fille, ou maîtresse, ou suivante ? Charmante ! Embrasse ton époux, et parlons sans façon. Sans doute. Hé, pourquoi non ? Mon maître épouse ta maîtresse ; Nous servirons tous deux dans la même maison ; Tu n'es pas mariée, et moi je suis garçon, Nous devons l'un pour l'autre avoir de la tendresse : Tu dis oui. Hé, laissons la finesse. Les si, les mais, les car, les pourquoi, les comment, N'entrent pour rien, chez nous, dans un engagement. Je te vois, tu me plais ; je te le dis sans feinte ; Tu partages ma flamme, hé bien, marions-nous. J'ai des rivaux ?.... Tant mieux : je ferai des jaloux. De l'amour, de la joie, et fi de la contrainte. Je l'espère. Nous y voilà. Je n'en dis jamais rien. Je suis valet d'honneur, et je veux toujours l'être. Je ne veux pas mentir. C'est un fou. C'est un original. Bon ! ce n'est rien. Il est brutal, Querelleur et quinteux, jaloux jusqu'à la rage. De votre sexe il fronde tous les goûts : Quant aux vices du sien, je crois qu'il les a tous. Tous. À cela près, c'est un garçon charmant. Je dois sur son sujet agir discrètement, Et je n'en dis pas davantage. C'est sa chère maman De son fils elle est folle, et le croit un prodige. Aucun ne la frappe, te dis-je, Et Dorval ne les doit qu'a son aveuglement. Mais j'espère Que bientôt le désir de plaire.... Lise a de la douceur. Non ? On le dit ? Il est en honneur fort joli, Et l'aventure est singulière. Et nous donc, pleins d'amour, nous arrivons de Nantes, Charmés de la beauté, moins que de la douceur De l'épouse qu'on nous destine. Et plus que nous encor cette femme est lutine : En vérité, c'est une horreur. Ton portrait est tracé d'après la vérité. C'est tout comme le mien. De la discrétion ! Je t'aime, il suffit. Bon ! Bon ! Pas trop. Mon maître était loin de s'attendre À pareille réception L'en préviendrai ma foi non. C'est un piége peut-être où l'on voudrait nous prendre ; Peut-être qu'en faveur de quelque amant secret, On veut nous dégoûter d'un hymen qui déplaît. Mon cher ami Frontin, ayez de la prudence, Connaissez une fois tout le prix du silence : Un adroit courtisan doit parler à propos : Dire tout ce qu'on sait, est le talent des sots. Chut ! Taisons-nous, on vient ; c'est Dorval et sa mère. On est allé vous annoncer au père, Si vous voulez entrer.... Je crois que je l'entends. Oui. Mais c'est bien dommage !... Voilà le père ! le voila ! Marton ! Marton ! Tout est perdu. Nos amants sont brouillés. Moi, j'enrage. Aujourd'hui les enfants aux pères font la loi. Tout semblait s'accorder pour ce beau mariage. J'allais aussi t'épouser moi. Tout est au diable. On terminait l'affaire. Le Procureur sortait, j'annonçais le Notaire. Dorval entre.... son air exprime l'embarras. Il fait un signe, il sort avec sa mère. Il lui dit quelques mots, je ne les entends pas ; Mais elle, sur le champ, répond avec colère : Non, mon fils, non jamais tu ne l'épouseras. J'en fus pétrifié. Sans toi, sans toi, friponne, Je me rirais de leur malheur ; Mais s'il faut que je t'abandonne, Je ne pourrai du sort supporter la rigueur. Jusqu'à la rage. Et tiens, si tu voulais répondre à mon ardeur, Je quitterais, pour toi, Dorval, et de bon cœur. On doit tout enflammer quand on a tes appas. N'y cherchons pas tant de finesse ; Tous ces raffinements, cette délicatesse, Ne nous conviennent point ; je tiens pour le présent. Lorsqu'au lieu d'en jouir, on veut en voir la suite, Pendant tout le calcul le bonheur prend la fuite. Pour moi, lorsque je puis être heureux un moment, Je ne vais pas chercher si j'ai raison de l'être. Je ne suis pas aussi sot que mon maître, Et de tous ces débats j'aurais peu de souci.... Bon ! Je vais te les dire. Je fais, parfois, le mal, parfois aussi, le bien. Le plus souvent je ne fais rien. Mon humeur est assez traitable, L'avis des autres est le mien. J'aime l'amour, j'aime la table. C'est tout : prends ce portrait, et donne-moi le tien. Moi, je suis complaisant. Passons. Tu ne peux trouver mieux. Je suis grand babillard. Hé bien, nous médirons et du tiers et du quart. C'est charmant ! Une femme coquette Est un trésor pour un époux. L'amour ne dort jamais quand l'âme est inquiète. Ses soins en sont plus vifs, et ses plaisirs plus doux. Et moi, je suis trop sage Pour en écouter davantage. Tant de perfections ont droit de m'étonner. Écoute : en un mot, comme en trente, J'ai des défauts, tu n'en es pas exempte : Hé bien, chacun de nous doit se les pardonner. Quand on veut recevoir, il faut savoir donner : C'est ma maxime, à moi, je la crois excellente. Le plutôt vaut le mieux. Ta main ? Mon bonheur est certain, et jamais la discorde Ne trouvera moyen de venir le troubler. Vous partirez sans moi, je vous le jure.