**** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_RICHARD *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_richard Florestan ? Votre fortune est dans vos mains. Pour un perfide ! Pour un traître ! Mais, Florestan... Ah, grand Dieu, quel funeste coup du sort ! Couvert de lauriers cueillis dans la Palestine, au milieu de ma gloire, dans la vigueur de l'âge, être obscurément confiné, comme le dernier des hommes, dans le fond d'une prison ! Si l'univers entier m'oublie, S'il faut passer ici ma vie, Que sert ma gloire, ma valeur ? Douce image de mon amie, Viens calmer, consoler mon coeur, Un instant suspends ma douleur. Ô souvenir de ma puissance ! Crois-tu ranimer ma constance ? Non, tu redoubles mon malheur : Ô mort ! viens terminer ma peine ! Ô mort ! viens, viens briser ma chaîne ! L'espérance a fui de mon coeur. Une année ! Une année entière se passe, sans que je reçoive aucune consolation, et je ne prévois aucun terme au malheur qui m'accable ! Trône, grandeurs, souveraine puissance ! Vous ne pouvez donc rien contre une telle infortune ! Et Marguerite, Marguerite ! Quels sons ! Ô ciel ! Est-il possible qu'un air que j'ai fait pour elle ait passé jusqu'ici ? Écoutons. Quels accents... ! Quelle voix ! Un regard de ma belle Fait dans mon tendre coeur À la peine cruelle Succéder le bonheur. C'est Blondel !Ah ! Grands dieux. Si Marguerite était ici, Je m'écrierais plus de souci. Oh, ma chère comtesse ! Ô doux objet de toute ma tendresse ! À la tendresse Je dois ce moment heureux. C'est à ton coeur. Qu'en ce jour je dois mon bonheur. Délivré par ce que j'aime, De mes sujets oublié, C'est l'amour et l'amitié Qui font mon bonheur suprême. C'est l'amitié fidèle Qui finit mon malheur ; Et l'amour de ma belle Assure mon bonheur. C'est un roi, oui, c'est lui-même, Qui vous doit un si beau jour. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_MARGUERITE *date_1784 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_marguerite Oh, ciel, qu'entends-je... ! Bonhomme, qui peut vous avoir appris l'air que vous jouez si bien sur votre violon ? Il vous a dit la vérité. Oui, bonhomme. Ah ! Je le veux bien, pourvu que vous répétiez plusieurs fois l'air que vous venez de jouer. Je vous recommande ce bon vieillard. Ah, Richard ! Ô mon roi ! Ah, dieux ! C'est à Blondel, c'est à son coeur. Qu'en ce jour je dois ce bonheur. C'est l'amour et l'amitié Qui font son bonheur suprême. Non, l'éclat du diadème Ne vaut pas un si beau jour. Vous, commencez ma récompense ; Heureux amants, je vous unis. Souffrez que ce noeud mette un prix À notre reconnaissance. C'est l'amitié fidèle Qui finit mon malheur ; Qu'une amour éternelle Assure ton bonheur. Richard m'est rendu dans ce jour. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_BLONDEL *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_blondel Antonio, qu'est-ce que j'entends ? J'entends, je crois, chanter. Où suis-je ici, mon petit ami ? Je suis bien las. Ah ! Je te remercie. Hé bien, mon ami, va t'informer si on peut m'y donner à coucher pour cette nuit. Ah ! Je n'ai pas envie d'en sortir ; quand on ne voit pas, on est bien forcé de rester où on nous dit d'attendre ; ne manque pas de revenir. Quoi ? Dis, mon fils, dis : qu'est-ce que c'est ? Hé ! Pourquoi donc ? Ton petit-fils ! Tu as un petit-fils ? Hé, dis-moi, elle ne demeurerait pas dans ce château que tu dis, où il y a un soldat qui a une arbalète ? Mais, mon ami, demain, comment ferai-je pour me conduire ? Tu aimes donc bien à danser ? C'est vrai, mon fils, je suis bien à plaindre. Continue, je crois la voir. Va, mon fils, va toujours voir si je pourrai trouver où passer cette nuit. Oui, voilà des tours, voilà des fossés, des redoutes ; c'est bien là un château fort ; il est éloigné des frontières, dans un pays sauvage, au milieu des marais ; il n'est propre qu'à renfermer des prisonniers d'État ; on dit qu'on ne peut en approcher, nous verrons, on se méfiera moins d'un homme que l'on croira aveugle. Orphée, animé par l'amour, s'est ouvert les enfers ; les guichets de ces tours s'ouvriront peut-être aux accents de l'amitié. Ô Richard ! Ô mon roi ! L'univers t'abandonne ; Sur la terre il n'est que moi Qui s'intéresse à ta personne : Moi seul dans l'univers Voudrais briser tes fers, Et tout le reste t'abandonne. Et sa noble amie... Ah ! Son cœur Doit être navré de douleur. Ô Richard ! Ô mon roi ! L'univers t'abandonne, etc. Monarques, cherchez des amis Non sous les lauriers de la gloire, Mais sous les myrtes favoris Qu'offrent les filles de Mémoire. Un troubadour Est tout amour, Fidélité, constance, Et sans espoir de récompense. Ô Richard ! ô mon roi ! L'univers t'abandonne ; Et c'est Blondel, il n'est que moi Qui s'intéresse à ta personne. Mais j'entends du bruit, remettons-nous et reprenons notre rôle. Ah, si c'était ce gouverneur ! Ah ! Si c'était le gouverneur De ce château ! Dieux, quel bonheur ! Si je pouvais ! Ah, quel bonheur ! Mes bons amis, ne frappez pas, Point de débats : La paix, la paix, point de débats ! Ah, si c'était ce gouverneur ! Ah, quel bonheur ! Mes bons amis, Soyez unis : Ah, point de fiel ! La paix du ciel ; Point de débats, Ne frappez pas. Ah, si c'était ce gouverneur ! Ah, mon Dieu ! Oui, je sais lire. Ah, mon bon monsieur ! Je suis aveugle, ces méchants Sarrasins m'ont brûlé les yeux avec une lame d'acier flamboyante ; mais ne voyez-vous pas venir un petit garçon ? C'est celui qui me conduit ; il sait lire, et il vous lira tout ce que vous voudrez. Antonio, est-ce toi ? Tu as été bien longtemps. Tiens, lis la lettre de ce monsieur que voilà, et lis bien haut, et distinctement ; lis, lis, mon petit ami. Laissez, laissez ; continue. Ce prisonnier ! Qu'il ne peut quitter. Lis toujours. Ensuite ? Goddam ! Est-ce que vous êtes Anglais ? Vigoureuse nation ! Eh ! Comment est-il possible que, né un brave Anglais, vous soyez venu vous établir dans le fond de l'Allemagne, et dans un pays aussi sauvage qu'on m'a dit qu'il était ? Vous avez raison ; car moi je suis de l'Ile-de-France, et me voilà ici : et de quelle province d'Angleterre êtes-vous ? Vous êtes du pays de Galles ! Ah ! Si j'avais la jouissance de mes yeux, que j'aurais de plaisir à vous voir ! Et comment avez-vous quitté ce beau pays ? À la Palestine ! Et moi aussi. Avec votre roi ! Et moi de même. Il était peut-être bien vieux ? Ainsi voilà deux hommes tués pour un lapin. Enfin vous vous êtes enfui ? Je vous demande bien pardon de toutes mes questions. Et à la croisade, vous avez donc connu le brave roi Richard, ce héros, ce grand homme ? Et sans doute vous avez... ? C'est vous qui êtes la belle Laurette ? Votre père est irrité ; il sait ce que contient la lettre du chevalier FLorestan. Non, pas moi, je suis aveugle, mais c'est mon petit conducteur. Il l'aurait fait lire par un autre. Que sans le prisonnier qu'il garde... Et qu'est-ce que c'est que ce prisonnier ? Que sans le prisonnier qu'il garde, il viendrait se jeter à vos pieds. Mais que cette nuit... Vous l'aimez donc bien, belle Laurette ! En vérité, votre aveu est si naïf que je ne peux m'empêcher de vous donner un conseil. Hé bien, belle Laurette... Hélas ! Pour moi, pauvre aveugle, la beauté d'une femme est dans le charme, dans la douceur de sa voix. Je vous dirai donc que, lorsque ces chevaliers, ces gens de haute condition, s'adressent à une jeune personne, d'un état inférieur, moins touchés souvent de la beauté, de la noblesse de son âme que de celle de leur extraction... Ils ne se font quelquefois aucun scrupule de la tromper. Le sait-il ? C'est lui qui est le gouverneur de ce château ? Et tout en attendant cette confiance en votre père, vous le recevrez cette nuit : cette nuit ! Ce chevalier que vous aimez, vous lui parlerez cette nuit ! Écoutez-moi, ceci n'est qu'une chansonnette. Un bandeau couvre les yeux Du Dieu qui rend amoureux ; Cela nous apprend, sans doute, Que ce petit Dieu badin N'est jamais, jamais plus malin Que quand il n'y voit goutte. Très volontiers. Écoutez donc, belle Laurette, j'ai quelque chose à vous dire. Non. Pourrai-je passer cette nuit-ci seulement dans votre maison ? Allons, prenons patience... Antonio ? Va voir s'il n'y a pas d'autre retraite aux environs. Ciel ! Que vois-je ? C'est la Comtesse de Flandre ! C'est Marguerite ; c'est le tendre et malheureux objet de l'amour de l'infortuné Richard ! Ah ! J'accepte le présage ; sa rencontre ici ne peut être qu'un coup du ciel. Si le roi est ici, et si ces tours lui servent de prison... Ah, dieux ! Mais, peut-être me trompé-je ! Voyons si vraiment c'est elle. Si c'est Marguerite, son âme ne pourra se refuser aux douces impressions d'un air qu'en des temps bienheureux son amant a fait pour elle. Madame, je l'ai appris d'un brave écuyer qui venait de la Terre-Sainte, et qui, disait-il, l'avait entendu chanter au roi Richard. Mais, madame, vous qui avez la voix d'un ange, n'êtes-vous pas cette grande dame qui doit occuper la maison qu'on m'a dit être ici tout près ? Ayez pitié, je vous prie, d'un pauvre aveugle, et permettez-lui d'y passer cette nuit, dans le lieu où il n'incommodera pas. Ah, tant qu'il vous plaira ! Antonio ? Tiens, bois, mon fils, bois. En vous remerciant, mes amis : mais je veux payer mon écot. En vous disant une chanson, et vous ferez chorus. Que le sultan Saladin Rassemble dans son jardin Un troupeau de jouvencelles, Toutes jeunes, toutes belles, Pour s'amuser le matin, C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien ; Mais je pense comme Grégoire J'aime mieux boire. Qu'un seigneur, qu'un haut baron, Vende jusqu'à son donjon Pour aller à la croisade, Qu'il laisse sa camarade Dans la main des gens de bien, C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien ; Mais je pense comme Grégoire, J'aime mieux boire. Que le vaillant roi Richard Aille courir maint hasard Pour aller loin d'Angleterre Conquérir une autre terre Dans le pays d'un païen, C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien ; Mais je pense comme Grégoire, J'aime mieux boire. Petit garçon, arrêtons-nous ici : j'aime à respirer cet air frais et pur qui annonce et accompagne le lever de l'aurore. Où suis-je à présent ? C'est bien. Ah ! Je n'en ai pas d'envie. Tiens, mon fils, voilà de l'argent, va nous chercher quelque chose pour déjeuner. Le reste sera pour toi. Quand tu seras revenu, nous irons promener. Sans doute que les campagnes sont aussi belles que je les ai vues autrefois. Au défaut de mes yeux, je me plais à l'imaginer. Tu ne réponds pas. Ah ! Est-il parti ? S'il est ici, le calme du matin, le silence qui règne dans ces lieux laissera sans doute pénétrer ma voix jusqu'au fond de sa retraite. Eh ! S'il est ici, peut-il n'être pas frappé d'une romance qu'autrefois l'amour lui a inspirée ? Auteur, amoureux et malheureux : que de raisons pour s'en souvenir ! Une fièvre brûlante, Un jour me terrassait, Et de mon corps chassait Mon âme languissante : Ma dame approche de mon lit, Et loin de moi la mort s'enfuit. Dans une tour obscure Un roi puissant languit ; Son serviteur gémit De sa triste aventure. Sans doute quelque passant Que divertissait mon chant. Ah, messieurs ! Point de colère ! Ayez pitié de ma misère ; Les Sarrasins furieux De la lumière des cieux Ont privé mes pauvres yeux. Ah, messieurs ! Attendez donc, Je dois obtenir pardon ; Je veux parler à monseigneur, À monseigneur le gouverneur, Pour un avis important Qu'il doit savoir à l'instant. Pour un avis important Qu'il doit savoir à l'instant. Où est-il, monsieur le gouverneur ? De quel côté ? Où est-il ? J'ai un avis important à lui donner. Ah ! Monsieur ! C'est être déjà mort à moitié que d'avoir perdu la vue. Eh ! Comment un pauvre aveugle pourrait-il prétendre à vous tromper ? Êtes-vous seul ? Monsieur, c'est que la belle Laurette... C'est que la belle Laurette m'a lu la lettre que vous lui avez écrite, afin que vous vissiez que je suis envoyé par elle ; or, vous y dites que vous vous jetez à ses pieds, et vous lui demandez un rendez-vous pour cette nuit. Hé bien, monsieur ! Elle m'a dit de vous dire que vous pourriez venir à l'heure que vous voudriez. Il y a chez son père une dame de haut parage, qui, pour célébrer la joie d'une nouvelle intéressante, y donne toute la nuit à danser, à boire, manger et rire, et vous pourriez y venir sous quelque prétexte ; alors la belle Laurette trouvera toujours bien l'occasion de vous dire quelque petite chose. C'est pour être mené vers vous que j'ai fait tout ce bruit avec mon violon. Mais, Monsieur le Gouverneur ! Monsieur le Gouverneur ! Ah ! Vous voilà de ce côté-là. Pour qu'on ne soupçonne rien de ma mission, grondez-moi bien fort, et renvoyez-moi. Ah ! je n'ai pas fait de bruit ; Vos soldats ont fait ce bruit. Messieurs, croyez-moi, Ici si jamais Je revenais, Je me soumets À votre loi. Ah ! Croyez-moi, Ah ! Croyez-moi. Il faut, il faut, Il faut que je lui parle ; Mon cher Urbin, mon ami Charles, Il faut que je lui dise un mot. Tout au plus tôt, tout au plus tôt. Mon cher Urbin, mon ami Charles. À l'instant, ciel ! quoi, dans l'instant ! Voici de l'or. De l'or, afin que je lui parle. Ah ! que je lui parle à l'instant. Dans ce moment. Hé bien ! Soit ; ah, que je lui parle, Mon cher Urbin, mon ami Charles. Pourvu que je lui dise un mot, Je suis content, mais au plus tôt. Oui, madame : mais qu'il est difficile d'approcher des grands, même pour leur rendre service ! Je ne peux le dire qu'à vous. Oui, madame ; mais je ne le suis plus, et quelles grâces n'ai-je point à rendre au ciel, puisqu'il me fait jouir de la présence de Madame Marguerite, comtesse de Flandre et d'Artois. Oui, madame, et reconnaissez Blondel. Le roi, le roi, que je cherchais depuis un an, le roi, Madame, est à cent pas d'ici. Il est prisonnier dans ce château que vous voyez de vos fenêtres ; car, sans le voir, je lui ai parlé ce matin. Madame, qu'allez-vous dire ? Oui, chevaliers, oui, ce rempart Tient prisonnier le roi Richard. Oui, chevaliers, oui, ce rempart Tient prisonnier le roi Richard ; C'est là qu'est le roi d'Angleterre. Par moi qui, sous cet habit vil, M'en suis approché sans péril : Sa voix a pénétré mon âme ; Je la connais, oui, oui, Madame ; Oui, chevaliers, oui, ce rempart, Tient prisonnier le roi Richard. Point d'imprudence ; Travaillons à sa délivrance : Non, il faut agir prudemment. Travaillons à sa délivrance, Et ne parlons point de Blondel. Sires chevaliers, sire Williams, le temps est précieux ; voyons quels sont les moyens qui s'offrent à nous pour délivrer Richard ; sachons d'abord quel est l'homme qui le garde. Williams, quel homme est-ce que ce gouverneur ? Le connaissez-vous ? L'intérêt peut-il quelque chose sur lui ? Et la crainte ? Ni l'intérêt, ni la crainte ; c'est un homme bien rare : écoutez, chevaliers, et vous Williams, voici mon avis : le gouverneur va venir parler à votre fille. Oui : il sait que ce soir vous donnez un bal, une fête. Oui, vous, et faites tout préparer à l'instant pour recevoir ici les bonnes gens des noces qui s'amusent ici près, et que j'ai prévenus de votre part. De moi. Enfin il le sait, je vous le dirai ; mais ne perdons pas un instant, il viendra ici dans l'espoir que cette fête lui donnera les moyens de parler à la belle Laurette. Oui, il lui parlera ; mais qu'aussitôt il soit entouré des officiers de la princesse, qu'il soit sommé de rendre le roi ; s'il le refuse, alors la force... Ah, Sénéchal ! Vous me rendez la vie ; est-il quelqu'un de nous qui ne se sacrifie pour une si belle cause ! Williams, Richard est dans les fers, et vous êtes Anglais. Sénéchal, faites promptement avancer votre escorte, faites armer tous vos chevaliers, que Florestan soit arrêté, et dès que nos gens seront au pied des murailles, le signal de l'assaut. J'ai remarqué un endroit faible, où, à l'aide des travailleurs, j'espère faire brèche, et montrer à nos amis le chemin de la victoire : en attendant, Williams, faites tout préparer ici pour la danse. Si l'amitié la plus pure, si l'ardeur la plus vive peuvent inspirer un coeur tendre et sensible, que ne dois-je pas attendre des motifs qui m'enflamment. Le gouverneur, après la danse, Viendra se rendre dans ces lieux. Nous n'avons point de mystère : Je lui disais que mes yeux Revoyaient enfin les cieux. Si vous aviez vu son ivresse ? Son coeur sera toujours constant. Nous n'avons point de mystère, Je lui disais que mes yeux Revoyaient enfin les cieux ; Je voulais vous dire encore... Pour un sujet fidèle, Est-il plus grand bonheur, Quand il voit que son zèle Finit votre malheur ! C'est un roi délivré par l'amour. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_MATHURIN *date_1784 *sexe_masculin *age_veteran *statut_exterieur *fonction_autres *role_mathurin Comment, c'est demain Que ton vieux Mathurin Avec toi, ma femme, se remet en train ! **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_LAVIEILLEFEMME *date_1784 *sexe_masculin *age_veteran *statut_exterieur *fonction_autres *role_lavieillefemme Après cinquante ans, Il est encor temps De nous montrer gais, et d'être contents. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_LESENECHAL *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lesenechal Madame, tout sera bientôt prêt pour votre départ. Quoi donc, madame ? Vous, madame ! Oui, c'est l'infortune de Richard qui faisait toute sa peine. Oui, la force : armons-nous, forçons le château. Vingt ou trente hommes ! Et les soldats qui jusqu'ici ont servi d'escorte à Marguerite, et qui sont dans la forêt voisine en attendant notre retour ? Je vais les faire avancer ; et que ne peuvent la valeur, notre exemple, et le désir de délivrer le roi ? **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_FLORESTAN *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_florestan L'aurore va se lever ; profitez-en, Sire, pour votre santé : dans une heure on va vous renfermer. Sire ? Je le sais, sire, mais mon honneur... Pour un traître ! S'il l'était, sire, je ne le servirais pas. Non, non, je ne le servirais pas, si je croyais qu'il fût un perfide. Me voilà. Ici. Hé bien ! De quoi s'agit-il ? Mais ne cherche point à mentir, ni à m'amuser, car à l'instant tu perdrais la vie. Hé bien ! Parle. Oui. Retirez-vous, vous autres. Parle bas. Hé bien, mon ami ? Comment à l'heure que je voudrais ? C'est donc pour me parler que tu as chanté ? Il n'y a pas de mal : dis-lui que j'irai. Mais se servir d'un aveugle pour faire une commission ! Ah ! Elle est charmante. Va-t'en. Hé bien ? Tu as raison ; ce drôle a de l'esprit. Pour le peu que tu m'as dit Fallait-il faire ce bruit ! Ciel ! Qu'entends-je ? Vous ! Dieux, quelle trahison ! Dieux ! qu'est-ce que prétend Ce parti violent ? Non, jamais ses destins Ne seront dans vos mains. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_WILLIAMS *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_williams Je t'apprendrai à porter des lettres à ma fille. C'est de la part du gouverneur ? Ma fille écoute un séducteur ! Non, ma Laurette N'est point faite Pour amuser le gouverneur. Et toi, et toi, Si tu reviens, c'est fait de toi. Dis, dis à ce gouverneur Que ma Laurette N'est point faite Pour écouter un séducteur : Monsieur, monsieur le gouverneur Me fait en ce jour trop d'honneur. Eh ! Que me fait ce gouverneur ? Oui, sur ma foi, Prends garde à toi. Et toi, si jamais tu revois Ce séducteur, Tu sentiras Si dans mon bras Il est encor quelque vigueur. Rentrez dans la maison... Elle dit qu'elle ne l'a point vu, et qu'elle ne lui parle pas, et il lui écrit ; je voudrais bien connaître ce que dit cette lettre ; ils ont à présent une manière d'écrire qu'on ne peut déchiffrer. Si quelqu'un... ce vieillard n'est pas de ce pays-ci : bonhomme, savez-vous lire ? Hé bien, lisez-moi cela. Oui. Belle Laurette ! Voilà comme ils leur font tourner la tête. Ah, fille indigne ! Elle l'aime. Tant mieux. Fût-ce dans les fossés de ton château ! Ah, damnation ! Goddam ! Ah ! Oui, je le suis. Ah ! C'est trop long à vous raconter. Est-ce que nous dépendons de nous ? Il ne faut qu'une circonstance pour nous envoyer bien loin. Du pays de Galles. J'ai été à la croisade, à la Palestine. Avec notre roi Richard. Quand je suis revenu dans mon pays, n'ai-je pas trouvé mon père mort ! Ah ! Ce n'est pas de vieillesse : il avait été tué par un gentilhomme des environs, pour un lapin qu'il avait tiré sur ses terres. J'apprends cela en arrivant, je cours trouver ce gentilhomme, et j'ai vengé la mort de mon père par la sienne. Cela n'est que trop vrai. Oui, avec ma fille, et ma femme, qui est morte depuis ; et me voilà. La justice a mangé mon château et mon fief, et je n'ai plus rien là-bas, qu'une sentence de mort ; mais ici je ne les crains pas. Ah ! Il ne me déplaît pas de parler de tout cela. Oui, puisque j'ai servi sous lui. Mais j'ai affaire, et je crois que voilà cette voyageuse qui va arriver. Madame, que ne puis-je vous y retenir plus longtemps ! Que trop ! Non. Encore moins. Parler à ma fille ! Moi ! Des noces ! Un bal ! Il sait que je donnerais une fête ! Et de qui aurait-il pu savoir... ? De vous ! Eh ! Comment cela se peut-il ? Ah ! Qu'il lui parle. Forcer le château ! Et que peuvent vingt ou trente hommes, armés seulement de lances et d'épées, contre cent hommes de garnison placés dans un château fort ! Ou le délivrer, ou mourir ! Préparez tout ici, rangez cette table, enlevez les meubles qui peuvent embarrasser. Oui, ma fille, ma chère fille. Allons, aide-nous à préparer cette salle, nous allons danser. Mettez encore ici des lumières. Parlez, parlez sans mystère, Ce bon homme a su me plaire. Il te disait que ses yeux Revoient enfin la lumière. Il te disait que ses yeux... Je vous arrête. Moi. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_LAURETTE *date_1784 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_laurette Mon père, hélas ! Je ne vois pas Le gouverneur. Ah, bonhomme ! Je vous en prie, dites-moi ce que vous a dit mon père. Oui, monsieur. Oui, Florestan, c'est son nom. Est-ce qu'on a lu la lettre à mon père ? On aurait bien dû ne le pas faire. C'est vrai. Et que disait la lettre ? On ne dit pas ce qu'il est. Pauvre chevalier ! Cette nuit ? Ah, la nuit ! Je crains de lui parler la nuit, J'écoute trop tout ce qu'il dit. Il me dit : « Je vous aime, » et je sens malgré moi, Je sens mon coeur qui bat, et je ne sais pourquoi : Puis il prend ma main, il la presse Avec tant de tendresse, Que je ne sais plus où j'en suis ; Je veux le fuir, mais je ne puis. Ah ! Pourquoi lui parler la nuit ? etc. Ah, mon Dieu, oui, je l'aime bien ! Dites, dites. Je ne sais ici à qui me confier ; mais votre air, votre âge... Et puis vous ne pouvez me voir... Tout cela me donne la hardiesse de vous parler, et me fait, je crois, moins rougir. Mais, qui vous a dit que j'étais belle ? Hé bien ? Hé bien ? Mais ma noblesse est égale à la sienne. Sans doute. Quoique mon père ait peu d'aisance, nous avons toujours vécu noblement ; et si je ne craignais sa vivacité, vivacité qui heureusement l'a forcé de s'établir dans ce pays-ci, je lui aurais confié les intentions du chevalier. Oui. Ah ! Redites-moi, s'il vous plaît, Ce joli couplet ; Ah ! Je ne dois pas l'oublier, Je veux l'apprendre au chevalier. Ah ! Voici je ne sais combien de personnes qui arrivent ; des chevaux, des chariots. C'est sans doute cette dame qui descend ici : j'y cours. De lui ? Dites donc vite. Non, cela ne se peut pas. Mon père, à la prière d'un ancien ami, a cédé, pour cette nuit seulement, la maison tout entière à une grande dame, et, à moins qu'elle ne le permette, nous ne pouvons pas disposer du plus petit endroit ; mais demain... Adieu. Est-ce qu'on va danser ? Ma chère fille ! Ah, mon père n'est plus en colère ! On va danser ; ah ! Si le chevalier le savait, peut-être pourrait-il... Ah, quel bonheur ! Que sa présence Pour moi doit embellir ces lieux ! Nous n'avons point de mystère, Non, mon père, non, mon père Ce bon homme doit vous plaire. Est-il bien sûr de ma tendresse ? Me sera-t-il toujours constant ? Son ivresse ! Son coeur sera toujours constant ! Oui, mon père, oui, mon père, Nous n'avons pas de mystère ; Il me disait que ses yeux Revoyaient enfin les cieux. Je ne veux point qu'il ignore... Oui, mon père, oui, mon père, Nous n'avons pas de mystère ; Il me disait que ses yeux Revoyaient enfin les cieux. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_BEATRIX *date_1784 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_beatrix Finissez donc, Madame vous entend de son appartement. Madame. Ce bon homme à qui vous avez permis de passer la nuit dans ce logis, et qui n'est plus aveugle. Il demande l'honneur de vous être présenté. Je lui ai dit que madame était bien triste ; il m'a répondu : « Si je lui parle, je la rendrai bien gaie. » Entendez-vous sa voix, madame ? il l'a très belle. **** *creator_sedaine *book_sedaine_richard *style_verse *genre_comedy *dist1_sedaine_verse_comedy_richard *dist2_sedaine_verse_comedy *id_ANTONIO *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_antonio Ce n'est rien, c'est tout le hameau qui s'en retourne chez lui après l'ouvrage des champs ; le soleil est couché. Vous n'êtes pas loin d'un château où il y a des tours, des créneaux ; je vois tout en haut un soldat qui fait faction avec son arbalète. Tenez, asseyez-vous sur cette pierre ; c'est un banc... C'est un banc qui est vis-à-vis la porte d'une maison qui paraît être une ferme : c'est comme une maison de gentilhomme. Je vous retrouverai là ? Oh ! Non, car vous m'avez bien payé ; mais, père Blondel, j'ai quelque chose à vous dire. Ah ! C'est que... C'est que je suis bien fâché ; je ne pourrai pas vous conduire demain. C'est que je suis de noce ; mon grand-père et ma grand-mère se remarient, et mon petit-fils qui est leur frère... Oui, leur petit-fils, qui est mon frère, se marie, aussi le même jour de leur remariage, à une fille de ce canton. Non, non. Ah ! Je vous donnerai un de mes camarades, il est un peu volage ; mais je vous ferai venir à la noce, et vous y jouerez du violon : ah ! ne vous embarrassez pas. La danse n'est pas ce que j'aime, Mais c'est la fille à Nicolas ; Lorsque je la tiens par le bras, Alors mon plaisir est extrême, Je la presse contre moi-même ; Et puis nous nous parlons tout bas : Que je vous plains ! vous ne la verrez pas. Elle a quinze ans, moi j'en ai seize, Ah ! Si la mère Nicolas N'était pas toujours sur nos pas : Hé bien, quoique cela déplaise, Auprès d'elle je suis bien aise ; Et puis nous nous parlons tout bas : Que je vous plains ! vous ne la verrez pas. Vous la voyez ? Ah ! Vous êtes aveugle. Oui, c'est moi, père Blondel. Ah ! C'est que je l'ai trouvée, et je lui ai dit un petit mot. « Belle Laurette... » « Belle Laurette, mon coeur ne peut se contenir de la joie qu'il ressent par l'assurance que vous me donnez de m'aimer toujours. » « Si le prisonnier que je ne peux quitter... » « Si le prisonnier, que je ne peux quitter, me permettait de sortir pendant le jour, j'irais me jeter... » « J'irais me jeter à vos pieds ; mais si cette nuit... » Il y a des mots effacés. « Faites-moi dire par quelqu'un à quelle heure je pourrais vous parler. Votre tendre, fidèle amant, et constant chevalier, Florestan. » Oui, c'est moi : mais, est-ce que vous ne me l'aviez pas dit, de la lire ? Plaît-il ? Me voilà. Près du parapet de cette forteresse, où vous m'avez dit de vous mener. Ah ! Ne montez pas dessus ce parapet, vous tomberiez dans un grand fossé plein d'eau, et vous vous noieriez. Ah ! Vous me donnez trop. En vous remerciant. Ah ! Messieurs, pardon, pardon, Ayez pitié de sa misère ; Les Sarrasins furieux Ont privé ses pauvres yeux De la lumière des cieux. Ici si jamais Il revenait, Ah ! Ce serait Sans moi, sans moi. Ah ! Ce serait Sans moi, sans moi.